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Les Chevaliers du Zodiaque : les vices du Sanctuaire

Chapitre 20

Divers
Chapitre 20 : Le calice de Sélemnos


— Merci de me recevoir, Doc.— Alors dis-moi, qu’est-ce qui t’amène ?— À vrai dire, c’est délicat. Tu saurais déjouer une malédiction ?— Je suis Doc du Caducée d’Asclépios, gardien éternel du Platane, vainqueur de la grande épidémie du syndrome priapique spontané et pourfendeur des mycoses génitales d’Aphrodite ; tu me prends pour qui ? Bien sûr que je suis capable de soigner une simple malédiction... enfin, tout dépend de laquelle. Et si tu me disais de quoi il s’agit au juste et comment tu as attrapé cette merde ?
Je lui raconte donc mes mésaventures vécues au Sanctuaire d’Athéna, et notamment celle avec Hypolita du Sagittaire, de la malédiction qu’elle m’a jetée, puis de toutes les souffrances que j’endure depuis que je suis tombé amoureux de Marie. Doc m’écoute sans m’interrompre mais en retenant un sourire moqueur.
— Ha-ha, rit-il suite à mon exposé. Je n’aurais jamais cru cela possible un jour, de te voir amoureux !— Arrête, Doc, ce n’est pas drôle ! Je vis un vrai calvaire depuis que cette merde m’est arrivée. Dis-moi que tu peux faire quelque chose contre une malédiction de ce niveau.— Sans te mentir, c’est une affaire délicate mais pas impossible à traiter. Seulement, ça demande quelques préparatifs.— Enfin une bonne nouvelle. Quel genre de préparatifs ?— Tu connais la légende de Sélemnos ?— Hein ? Qui ça ?— Tu manques vraiment de culture, Francis ; tu devrais ouvrir des livres, un jour. — T’es dur : j’en ouvre quelquefois !— Autre que des magazines de lingerie féminine ?— Euh... réfléchis-je.— Laisse tomber, je connais déjà la réponse. Sélemnos était un berger d’Achaïe éperdument amoureux d’une nymphe du nom d’Argyra qui finit par le délaisser lorsque celui-ci vieillit. Fou de chagrin, il mourut. Aphrodite le changea en rivière qui avait le pouvoir de faire oublier son amour à quiconque s’y baignait.— Et donc tu penses que je n’aurais qu’à m’y baigner pour être débarrassé de ça ?— Tu le fais exprès ou quoi ? Bien sûr que non, ce n’est qu’une légende ; ce serait juste ridicule. Mais il te faudrait trouver le calice de Sélemnos et me le rapporter ; j’y verserai une savante potion de ma composition et ton mal s’envolera.— Ah oui ? Comment ça marche, au juste ?— Des trucs cosmiques, tu n’peux pas comprendre.

Hé-hé, je savais bien que Doc me serait plus utile que l’autre idiot du Sanctuaire. J’ai bien fait de revenir ici. Dans peu de temps, je serai enfin débarrassé de ces ridicules sentiments que j’éprouve pour le chevalier de la Vierge. Le temps des malheurs est révolu.
— Et où je le trouve, ce calice ?— Cela, je n’en ai absolument aucune idée. Je ne vais quand même pas faire tout le boulot. Tu veux le calice ? Tu le trouves toi-même.— Euh, OK. Merci quand même.— En sortant, peux-tu dire à ma secrétaire que c’est l’heure de sa fessée ?— L’heure de la fessée ?— Oui, c’est une incapable ; elle n’arrête pas de faire des bourdes. C’est la seule solution que j’ai trouvée pour lui apprendre le métier.— Et c’est efficace ?— Pas vraiment, mais au moins ça défoule bien, sourit-il.
Je salue mon ancien collègue et sors de son cabinet. Je recroise donc sa jolie et plantureuse secrétaire blonde dans la salle d’attente et lui transmets le message de son patron. Elle ne retient pas un radieux sourire.
— Ça fait longtemps que ça dure ? la questionné-je par curiosité. — Oh, quelques semaines ; des semaines merveilleuses, à vrai dire. J’peux vous confier un secret ? Depuis que ça a commencé, j’avoue avoir fait exprès quelques boulettes juste pour me faire corriger. — Hum, je crois que Doc a de la chance de vous avoir comme secrétaire...— Merci, sourit-elle à pleines dents. Avant de partir, vous voulez pas me mettre une petite claque par hasard ? Depuis que je vous ai vu tout à l’heure, j’ai eu envie de sentir votre main ferme me claquer le cul.— Euh... OK.
Comment résister à une si coquine secrétaire ? Elle remonte sa courte jupe blanche, découvrant une paire de fesses nues bien dodues. Elle se penche sur son bureau et tend sa croupe dans ma direction en signe d’invitation. Je m’approche, lui caresse le cul puis lui assène une bonne petite claque qui la fait tressauter.
— Allons, n’ayez pas peur, vous pouvez y aller plus franchement.
J’obtempère aux désirs de la dame en lui tapant les fesses plus violemment. Ses réactions ne se font pas attendre puisque son abricot se couvre d’une doucereuse rosée tandis que ses fesses rougissent. Moi-même, la situation me met très en appétit mais la voix impatiente de Doc s’élève de l’autre côté du mur pour rappeler sa secrétaire à l’ordre. Cette courte séance se termine ainsi prématurément.
— Oh, il a l’air très en colère : ça risque de chauffer !
Elle me lance un clin d’œil complice et disparaît à travers la porte du cabinet de Doc, me laissant avec des images plein la tête. Prêt à quitter définitivement le bâtiment, un « Pst… » attire mon attention. Je cherche partout l’origine du bruit quand soudain un homme en armure sort de sous le bureau de la secrétaire. Je reconnais les couleurs sombres de l’armure de la Lune Cachée.
— Hidden ? Que faisais-tu sous le bureau ?— Je suis un espion, je te rappelle ; j’espionnais. — Tu espionnais quoi ? Les cuisses de la secrétaire ?— Chut ! fait-il, mystérieux. Viens, suis-moi, nous ne pouvons pas parler ici.
Je ne me préoccupe pas : il a toujours eu un côté parano qui lui donne des attitudes étranges. Nous sortons donc à l’air libre où le soleil brille intensément. Le gardien de la Lune se jette dans l’ombre d’un bosquet. Bien qu’ayant grandi en Polynésie, il a toujours eu horreur du soleil et préfère la protection de l’obscurité. Je m’approche de sa position.
— Tu cherches le calice de Sélemnos, n’est-ce pas ? me murmure-t-il. Non ! Ne me regarde pas, fais comme si je n’étais pas là !— Oui, c’est bien ça. Tu sais comment le trouver ?— Bien sûr ; tu me prends pour qui ?
Ah, excellente nouvelle ! Ce type est peut-être un peu bizarre mais est au courant de tout. Il m’a toujours très impressionné.
— Mais avant de te dire où la trouver, reprend-il, j’aimerais que tu me dises ce que tu fais avec une armure d’or.— Hein ? Bah, c’est ma nouvelle armure depuis que j’ai rejoint le Sanctuaire.— T’es sérieux ? Alors comme ça tu nous as abandonnés ; ça fait longtemps ?— Plusieurs mois.— Pourquoi jamais personne ne me dit jamais rien à moi ? se plaint-il.
Purée, encore un qui ne s’était pas aperçu de mon absence ; à croire que je ne leur manque pas du tout.
— Et sinon, pour le calice ?— Ah oui ! Tiens, voici une carte qui t’indiquera sa position. Ce n’est pas très loin d’ici.— Merci, Hidden, tu me sauves la vie.— Par contre, méfie-toi du troll.— Un troll ? Tu entends quoi par « troll » ?— « Pour de ton amour t’affranchir, un troll tu dois te farcir. » récite-t-il.— Putain, Hidden, tu fais chier de toujours parler en énigmes ! Ça veut dire quoi au juste ?— « Pour de ton amour t’affranchir, un troll tu dois te farcir. » répète-t-il.— Bon, OK, laisse tomber, je verrai sur place... comme d’hab.
Un troll ? Je me demande ce qu’il entend par « troll ». Bon, ne cherchons pas à comprendre.
— Et sinon, puisque je t’ai sous la main, tu sais quoi des chevaliers noirs ?— Ben, ils portent des armures noires équivalentes à celles du Sanctuaire.— C’est tout ? Tu ne sais pas pour qui ils bossent, ni leur objectif ? Jamais entendu parler de Sartienpa du Phénix noir ou d’une femme qui se ferait passer pour la réincarnation d’Athéna ?— Cela ne me dit rien du tout. — OK, merci quand même. Si tu pouvais essayer de te renseigner pour moi, ça m’arrangerait beaucoup.
Bon, je dois avouer que Hidden me déçoit beaucoup, lui qui d’habitude sait tout sur tout. Si nous quittons le Jardin sans la moindre info, j’en connais une qui n’hésitera pas à me reprocher le temps perdu. En parlant de Marie, il est temps d’aller la rejoindre chez Pat le Vilain. Ce matin, elle ne s’était pas encore remise de sa cuite d’hier ; j’ai mis bien deux heures à nettoyer sa gerbe sur mon armure : avec tous les interstices entre les pièces, ça a été une horreur. Et un résidu d’odeur empuantit encore l’armure.
À mon retour au manoir de l’homme pas sage, je trouve ma collègue en meilleure forme que quand je l’ai quittée. Elle me regarde, un grand sourire au bord des lèvres. Est-ce mon arrivée qui la met dans une telle joie ? Non, mon vieux, tu rêves sûrement ! En effet, la musique en fond sonore me donne raison ; j’ai bien entendu ce brouhaha en arrivant, mais je n’ai pas fait tout de suite le lien. Ce n’est que quand je vois Marie danser que je comprends la véritable raison de sa joie. Elle me montre du bout du doigt une grosse radio posée sur une petite table ronde.
— Écoute, me dit-elle, c’est la nouvelle chanson de DJ Réac, celle qu’il a composée pour moi.
Rien qu’à ce nom, un goût amer m’envahit la gorge. Je tends l’oreille tout le même quand surgit un flot de paroles débitées par une voix cassée :
"C’est la deca-dance dance danceC’est la deca-dance dance danceIt’s la déca-danse danse danseEv’rywhere y’a des trans trans trans"
Purée, ce con s’est une nouvelle fois surpassé dans sa connerie ; il a même ajouté une pincée de transphobie. Et Marie qu’est à fond sur ce qui semble être le refrain... Je hais ce type, sa musique et ses paroles de merde !
"La déca-danse te met en transe alors tu danse sans somnolenceLa déca-danse te met en transe alors tu danse en permanence"
 — C’est ma chanson... s’extasie une nouvelle fois Marie entre deux énièmes couplets identiques. Ce mec est un génie ! Il a fait super vite pour la composer !
En même temps, quand on reprend la même rythmique que dans tous ses morceaux, qu’on ne met pas plus de deux accords et que les paroles ont pris trois minutes pour être écrites, c’est normal que l’on compose vite ; mais je peine encore à comprendre en quoi il est considéré comme un génie. Un génie de l’enfumage, oui, mais un génie de la musique... Agacé, je coupe la radio, et avant que Marie n’ait eu le temps de rouspéter je lui annonce que j’ai de nouvelles infos. C’est le moment d’aller récupérer le calice pour être enfin débarrassé de mes sentiments envers elle. Pour la motiver, je lui fais croire que l’objet a un rapport avec notre mission ; il serait un artefact que les chevaliers noirs cherchent à récupérer.
Nous nous mettons donc rapidement en route. D’après la carte que m’a confiée Hidden, l’aller-retour peut être fait en une journée. J’ai tellement hâte d’en avoir fini avec cette histoire et de retrouver ma liberté ! Avoir une nouvelle piste semble aussi avoir motivé grandement ma sublime collègue. Un sentiment de culpabilité me titille : je lui ai donné de faux espoirs, tout ça pour des intérêts personnels. Mais merde, ce n’est que pour retrouver la raison, ne plus en avoir rien à carrer d’elle ! Si j’étais soigné de mon mal, je me foutrais royalement qu’elle soit encore en train de chantonner la putain de chanson de l’autre débile. La question de savoir ce qu’elle trouve à ce connard ne me hanterait pas.
— Et sinon, c’était quoi cette histoire de troll dont tu m’a parlé tout à l’heure ?— Bah, j’en sais rien. Hidden a mentionné un troll. Tu sais, le genre gros, laid, stupide et baveux. Le type de créature que tu évites de croiser habituellement.— Mais bien sûr ! Comme si ça existait, ces bestioles ! On n’est pas dans un conte pour enfants : ici, c’est le monde réel. T’es idiot de croire à ces âneries.— Ouais, bah, c’est du Hidden tout craché : il parle souvent par énigmes. Cela peut vouloir dire tout et son contraire.
Nous arrivons à destination environ une heure plus tard. L’entrée de la grotte où est caché le calice de Sélemnos est juste devant nos yeux. Pas de troll en vue, mais un puissant cosmos vient de faire son apparition. De lourds pas résonnent à l’intérieur. Marie se tient sur ses gardes. Pourrait-il s’agir d’un vrai troll ? Ni Marie ni moi ne sommes plus persuadés de l’inexistence de la bête. Une imposante silhouette se dessine dans l’ombre ; finalement, ce n’est qu’un simple chevalier qui apparaît.
— Salut les ploucs ! Je suis Oshmonek du Troll.— Ah, c’était donc ça le troll, comprends-je, soudain rassuré.— Pousse-toi de notre chemin si tu tiens à la vie ! grogne ma belle collègue. Nous venons chercher le calice de Sélemnos.— Tu baises ? demande-t-il, pas perturbé du tout par les menaces.— Quoi ? s’emporte-t-elle. Pour qui me prends-tu, crétin ?— Une belle grosse cochonne. Je suis sûr que tu raffoles de la queue.
Aïe, c’est du suicide de parler ainsi à la Vierge ! Le pauvre va prendre cher... Ces quelques mots ont mis Marie dans une rage folle. Son cosmos brûle à un niveau que j’ai rarement aperçu dans toute ma carrière. Son regard est noir de rage. Pour sûr, elle ne va faire preuve d’aucune pitié. Voilà déjà une immense vague d’énergie qui s’abat dans un fracas assourdissant sur l’ennemi, mais l’attaque ne semble pas avoir porté ses fruits : bien que n’ayant pas bougé pour l’éviter, le troll s’en sort indemne avec un sourire sur les lèvres.
— Ha-ha, c’est tout ? Et tu te prétends la femme la plus proche de Dieu ? Laisse-moi rire !
Marie n’a pas dit son dernier mot et retourne à l’assaut en enchaînant plusieurs coups puissants. Elle touche sa cible qui les reçoit sans broncher. Quelque chose ne va pas. Comment se fait-il qu’il résiste si bien aux attaques de ma collègue ? Quel est son secret ? Et puis cette drôle d’armure... on dirait qu’elle est originaire du Jardin d’Aphrodite. Oui, je suis persuadé que c’est un gardien d’Aphrodite, pas un gardien éternel, mais sûrement un gardien forestier. La déesse a dû le placer là depuis pas mal de temps pour protéger le calice. Putain, Hidden, tu aurais pu me préciser que le troll faisait partie de la maison. Je ne vais quand même pas m’en prendre à un gardien d’Aphrodite !
— Et toi, le trouduc, t’en n’as pas marre de n’servir à rien comme à ton habitude ? me nargue Oshmonek. Tu vas laisser encore une fois une femme faire tout le boulot ?
Dois-je vraiment le combattre ? Même si j’ignorais son existence, il reste un de mes anciens collègues.
— Quoi, tu es encore en train de te plaindre que tu es amoureux ? « Oh mon Dieu, je suis maudit... Ouin, ouin... » m’imite-t-il. Ha-ha, comme tu es pathétique !
Ancien collègue ou pas, il commence à me chauffer. Tant pis pour lui, il va mordre la poussière. Si Hidden avait voulu que je le laisse en vie, il n’avait qu’à le préciser. Je charge en poussant un cri de guerre. Une de mes déflagrations atomiques le fait valdinguer sur un rocher qui explose sous la violence de l’impact. L’homme se relève cependant sans aucune égratignure. Impossible !
— Ha-ha, t’es vraiment qu’une merde ! Pas étonnant que tu ne manques pas aux gardiens éternels. Ils sont bien mieux sans t...
Marie ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase qu’une nouvelle vague d’énergie s’abat sur lui. Son Malleus Maleficarum a une nouvelle fois frappé se cible avec une puissance démentielle. Ce coup-ci, l’homme est à terre et semble sonné.
— Je suis Marie de la Vierge, la femme la plus proche de Dieu, fait-elle, fière de l’avoir enfin atteint. Tu vas regretter de m’avoir traitée de catin. Je tire ma force de ma vertu et de ma chasteté : nul ne peut m’atteindre tant que notre Créateur est de mon côté. Rends-toi, pervers décadent, et je me montrerai miséricordieuse, sinon tu connaîtras mon courroux divin et les flammes de l’enfer !
En un éclair, Oshmonek du Troll est sur elle et la frappe violemment dans le ventre. Le coup est puissant, bien trop puissant pour son niveau. Merde, comment ce gardien forestier arrive à tenir tête à deux chevaliers d’or ?
— MDR, je n’ai pas écouté ! se moque Oshmonek. Je m’en fous que tu croies encore au Père Noël. Retourne à l’asile psychiatrique et laisse les sains d’esprits en dehors de tes histoires d’ami imaginaire.
Marie se relève, le regard encore plus noir. Visiblement, elle a été surprise d’être atteinte, mais c’est surtout son orgueil qui a été blessé. Son cosmos se déchaîne davantage.
— HÉRÉTIQUE ! hurle-t-elle. INQUISITIO !!!
Oshmonek tombe à genoux et se tord de douleur. On dirait que, cette fois, l’attaque a vraiment atteint son but. Le voilà paralysé.
— Crétin ! me gueule Marie. C’est le moment de l’achever. T’attends quoi ? Vas-y !— Ouais, rajoute Oshmonek, obéis à la demoiselle comme son bon petit chienchien. — TA GUEULE ! vociféré-je. EXPLOSION CATACLYSMIQUE !
Voilà ma plus puissante attaque pour le faire définitivement taire. Toute la puissance de ma frappe concentrée dans un orbe au creux de ma paume l’atteint en pleine poitrine. Ma déflagration atomique a beau être puissante, elle a le désavantage de disperser sa puissance sur une trop grande zone, réduisant ainsi son impact. Ce problème est corrigé avec l’explosion cataclysmique : le troll est projeté dans un brasier infernal au fond de la grotte qui s’écroule sous la violence de l’impact. Cette fois je suis sûr qu’il a eu son compte. Personne ne s’en est jamais relevé.
Mais contre toute attente, une explosion retentit, projetant des débris de la grotte dans toutes les directions. Au centre du cratère, Oshmonek se tient debout sans aucune égratignure. Mais merde, ce type est increvable ! C’est impossible qu’il soit encore indemne, à moins qu’il puisse se régénérer.
— Ha-ha-ha, c’est tout ce que vous savez faire ? Vos attaques ne font que me chatouiller. Vous êtes vraiment minables, les ploucs !
Je repars à l’assaut et échange plusieurs coups avec mon adversaire. Purée, même la puissance de ses poings me sidère ; on dirait que plus le temps passe, plus son pouvoir se renforce. Merde, je vais te buter, sale enculé de ta mère, j’te l’jure !.
— Ha-ha-ha, continue-t-il avec son agaçant rire, MASSUE DU TROLL !
Je me prends l’attaque en pleine gueule. La douleur gronde dans mon crâne. C’est comme si je venais de me prendre un rocher en pleine tronche. Sans que je n’aie pu suivre les enchaînements, me voilà à terre. À moitié inconscient, je tourne néanmoins le regard vers celle qui anime mon cœur. Je la trouve assise en tailleur, les yeux fermés, concentrant son cosmos. Putain, est-ce le moment de méditer ?
— Je crois que je viens de comprendre la spécialité de notre adversaire, explique-t-elle. Il se nourrit de notre colère. Plus nous déchaînons notre rage contre lui, plus il gagne en puissance.— Ha-ha, ricane Oshmonek, alors comme ça tu n’es pas totalement blonde ! Cela n’empêche, une catin comme toi ne me battra jamais.— Traite-moi de catin si tu veux, tu ne m’atteindras plus. Je sais ce que je vaux, je sais que je suis pure.— Et pourtant c’est bien toi qui avais les cuisses trempées après un rêve bien décadent cette nuit ! s’exclame-t-il.
Le visage de Marie devient écarlate en un instant.
— ENFOIRÉ, JE VAIS TE BUTER !!! hurle-t-elle.
La Vierge déchaîne sans succès des attaques contre notre adversaire. Oshmonek absorbe tous les assauts en riant aux éclats. Son cosmos explose soudain et atteint un niveau proche de celui de ma belle. Il prépare une terrible attaque.
— RAGE DU TROLL ! hurle-t-il.
Ses poings, entourés par une énergie d’un violet sombre, s’écrasent à toute vitesse contre Marie qui ne parvient pas à les éviter. En un fragment de seconde elle vient de se prendre plus d’une centaine de coups d’une grande puissance. Elle beugle de douleur et moi d’inquiétude. Je retrouve la force de me tenir sur mes jambes. Marie est à terre mais semble encore en vie.
— Comment tu vas ? lui crié-je. — J’ai connu mieux, parvient-elle à me répondre. Désolée, Francis, tu vas devoir finir le combat tout seul.— Allons, tu exagères... Je suis sûr que tu as encore des forces en réserve.— Je ne dis pas le contraire, mais je ne ferais que le renforcer. Je viens de prouver être incapable de maîtriser ma colère. — Ah, parce que tu crois que ce blaireau va en être capable ? s’esclaffe l’autre con. — C’est ce que nous allons voir, le défié-je.
La phase finale de ce combat débute. Nous nous tenons l’un en face de l’autre, prêts à charger. Je jauge mon adversaire et j’essaye d’élaborer une stratégie. Ne pas utiliser sa colère pour combattre ? Plus facile à dire qu’à faire. J’ignore totalement comment je vais réaliser cet exploit.
— Pourquoi te donnes-tu la peine d’entreprendre un combat perdu d’avance ? me questionne mon ennemi. Tu joues les chevaliers servants, mais tu sais très bien qu’elle te traitera toujours comme de la merde. Elle n’a aucune considération pour toi. Tu ne vaux rien à ses yeux.
Merde, qu’il la ferme ! Il sait exactement où appuyer pour faire mal. Depuis le début de notre aventure, j’ai cherché par tous les moyens sa considération, et tout ce que j’ai trouvé, ce n’est que du mépris. Chaque fois que j’ai cru faire un pas en avant avec elle, je me suis toujours pris un retour de bâton. Et ça fait mal ! Un mal de chien. Bien malgré moi, je sens cette douleur insupportable se répandre dans mes veines et se transformer en rage.  Mon cosmos se déchaîne violemment, prêt à exploser.
— Non, retrouve ton calme, me hurle Marie. Ne nourris pas le troll !— Regarde-la, encore à te gueuler des ordres : t’en as pas marre d’être à sa botte ? En fait, tu devrais plutôt m’aider à l’achever, lui fermer sa grande gueule une bonne fois pour toutes, à cette salope castratrice.
Le cosmos du troll danse autour de moi et mon esprit se brouille. La colère s’empare complètement de mon être sans que je ne parvienne à la repousser. Je tourne un regard haineux vers Marie. Après tout, Oshmonek n’a peut-être pas tort ; tuer Marie est aussi une solution pour me débarrasser de mes sentiments. Je sens qu’Oshmonek a une emprise sur moi mais je n’en ai cure. Je n’ai plus qu’un objectif en tête : détruire la Vierge. Je m’avance vers elle avec un cosmos menaçant.
— C’est vrai ! clame-t-elle. C’est vrai que je n’avais aucune considération pour toi, mais cela a changé. Au début, je ne voulais pas du tout te connaître et je te méprisais sans te connaître, mais tu m’as fait changer d’avis sur toi...— Laisse tomber, pouffiasse : son esprit est sous mon contrôle. Sa rage est trop intense.— Tu m’as prouvé que tu pouvais te montrer malin, que tu étais plus diplomate que moi. Tu m’as appris à mieux contrôler ma colère, même si j’ai encore d’énormes progrès à faire. C’est pour ça que je sais que toi, contrairement à moi, tu es capable de vaincre Oshmonek. J’ai confiance en toi.
Confiance ? Marie me fait confiance ? Que... qu’est-ce que je m’apprêtais à faire ? Mon Dieu, j’étais prêt à tenter de la tuer ! Mes membres tremblent et je retrouve peu à peu la raison.
— À vrai dire, continue Marie en voyant que cela marche, j’ai toujours eu peur que quelqu’un me détourne de Dieu ; c’est pourquoi je ne laisse pas les gens m’approcher, mais toi, tu as su devenir mon ami, mon premier et seul ami. Oui, Francis, tu m’importes vraiment.— Allez, trouduc, me hèle le troll, ferme-lui son sale clapet.
Je me retourne vers mon véritable ennemi, prêt à en découdre pour de bon. Ma colère s’est envolée grâce aux mots de Marie. Mon cosmos brille d’une pureté sereine. Ce coup-ci, Oshmonek ne semble pas très rassuré. En un éclair je suis sur lui et lui enfonce mon poing dans sa petite tronche de fouine. Il hurle de douleur. Mes coups s’enchaînent à une vitesse ahurissante sans qu’il ait le temps de réagir. Ses cris accompagnent les craquements de ses os. Ne voulant pas faire durer plus longtemps ce combat, je lance une Déflagration Atomique. L’explosion est violente mais ne désintègre pas mon ennemi, juste son armure. L’homme s’écroule à terre, incapable de bouger. J’accours vers Marie et l’aide à se relever. Elle ne semble pas si blessée que ça ; elle s’en remettra rapidement.
— Je savais que tu parviendrais à le vaincre, me sourit-elle.— Non, nous l’avons vaincu à deux.— Oui, ça doit être vrai. Je crois que nous faisons une bonne équipe.
Plus qu’à retrouver le calice de Sélemnos dans les décombres. Il ne nous faut que quelques minutes pour mettre la main dessus. Le voilà à portée, l’objet qui est censé me délivrer de ma malédiction. Depuis le temps que je cherche à retrouver ma vie d’avant, c’est étrange de tenir enfin le remède dans les mains. Je le broie.
— Pourquoi l’as-tu détruit ? s’étonne Marie. N’étions-nous pas censés le rapporter au Jardin d’Aphrodite ?— Les chevaliers noirs voulaient mettre la main dessus, mens-je. Ils ne le pourront plus.
Et voilà, je ne peux plus faire marche arrière maintenant : malédiction ou pas, j’ai fait le choix d’accepter cet amour. Il m’a prouvé que cela pouvait aussi être source d’une grande puissance puisque c’est en lui que j’ai puisé ma force pour vaincre le troll. Friedrich, mon apprenti, l’avait déjà découvert lors de son entraînement ; maintenant c’est à moi, son maître, de l’apprendre.
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