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Les Eaux Sombres

Chapitre 1

Le don de soi

SM / Fétichisme
Il me fixait, là, à la lisière des clapotis paisibles de la piscine. Sa tête posée contre le rebord du bassin, et moi du côté opposé, intriguée. Après un bref instant, je repris ma nage et m’avançais donc indubitablement vers lui - tout en essayant de ne pas y penser. J’arrivais à sa hauteur et sortais la tête de l’eau pour reprendre mon souffle avant d’entamer une nouvelle longueur. Cet infime laps de temps me suffit pour entendre le « bonjour » qu’il me lança. Je me retournais alors, lui rendant son salut. Je l’avais déjà aperçu ici plusieurs fois, et j’avais eu l’occasion de remarquer son physique agréable, mais c’était la première fois qu’il me saluait. Je continuais alors ma brasse pendant une vingtaine de minutes sans lui prêter plus d’attention, puis sortais du bassin, me dirigeais vers le banc où j’avais déposé ma serviette et commençais à sécher ma longue crinière blonde.
Alors que je m’occupais de mes jambes, j’entendis des pas s’approcher et relevais la tête. Il se tenait devant moi, de tout son long - il était très grand, sans être longiligne, avec un corps de nageur aux épaules larges et ses pectoraux joliment dessinés. Il devait être dans la trentaine. Ses cheveux corbeaux mi-longs soulignaient des yeux tout aussi sombres, braqués sur moi avec une intensité presque effrayante, engendrant des milliers de frissons que mon ventre ne pouvait pas contrôler. Mes joues étaient rouges et j’eus le réflexe de baisser les yeux. Me sentant immédiatement stupide de réagir ainsi, j’eus la confirmation de mes pensées quand je perçus son rire discret et relevais les yeux pour apercevoir son charmant rictus.
— Tout va bien ?
Sa voix, grave et puissante, m’asséna une deuxième vague frissonnante qui commençait sérieusement à me perturber.
— Oui, c’est juste que vous m’avez surprise, je réponds en tentant de ne rien laisser paraître. — Ça fait longtemps que vous venez ici ? — Non, je dis. En fait, la piscine Saint Lorent a fermé pour rénovation il y a un mois, du coup, je suis obligée de venir ici. — Ouais, je suis du quartier et ça fait longtemps que je viens ici. Mais depuis la fermeture de Saint Lorent, je viens aux heures creuses, parce que le soir dès dix-sept heures, cet endroit devient un enfer. — Moi aussi, j’avoue que c’est beaucoup mieux quand il n’y a pratiquement personne. — Vous avez un emploi du temps qui le permet ? — En effet, je suis illustratrice en freelance donc je m’organise plus ou moins comme je veux. Et vous ? — Créative, ça, c’est bien, me dit-il. Je travaille aussi à mon compte.
Il se figea un instant, semblait hésiter, puis s’assit près de moi, ce mystérieux sourire gravé sur son visage.
— Est-ce qu’on peut se tutoyer ? demanda-t-il.— Bien sûr, je répondais, quelque peu troublée. — Je peux te dire quelque chose ? — Ça dépend quoi, dis-je en lui rendant son sourire. — Pour être honnête, marmonna-t-il, je t’ai déjà aperçue ici ces dernières semaines. Je ne veux pas du tout te faire peur, mais sache que je t’observe avec intérêt.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Il planta son regard dans le mien avec insistance et il reprit :
— Et désolé si je te parais un peu brutal, mais après mûres réflexions au cours de ces derniers jours, j’en suis arrivé à la conclusion que j’ai vraiment très envie de te faire jouir avec ma langue.
J’en restais bouche bée. Paralysée, l’idée potentielle de céder à la panique et de partir en courant tout en lui hurlant qu’il n’était qu’un sale sauvage ne me paraissait pas démesurée. D’un autre côté... Le ton était provocateur, la formulation était, certes, brutale et inattendue, mais ces mots incisifs m’avaient été plantés dans le corps et déclenchèrent une agréable fièvre qui s’étendait de ma nuque jusqu’au bas-ventre.
— Si tu es partante, je te retrouve aux vestiaires, reprit-il.
Puis il se leva et prit la direction des douches sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit. Je restais là un instant, dubitative et anxieuse. Est-ce que je pouvais permettre à un inconnu de me lécher les parties intimes dans les vestiaires d’une piscine publique ? Non, probablement pas. J’avais donc pris la raisonnable décision de rejeter sa proposition et me dirigeais à mon tour vers les douches.

Cependant, sous le jet chaud de la douche, je me laissais malgré moi imaginer la situation. La vague d’excitation reprit dans mon estomac, et fermant les yeux, je m’abandonnais à de libidineuses pensées. Je sortais après un long moment, mon esprit agréablement rongé par les images que cet homme avait provoquées. Et il était là, déjà tout habillé, adossé au mur du couloir qui menait aux casiers et cabines des vestiaires. Ses yeux, toujours aussi saisissants, posés sur moi. S’abandonner à un inconnu au regard de feu et à la langue sans détour devint soudain acceptable, voire même un besoin impérieux. Cependant, je m’approchais pour tenter de lui annoncer que je refusais ses avances, comme une adulte responsable et sensée.
L’effronté se mit à caresser timidement mon poignet de l’une de ses mains aux dimensions considérables, son visage s’approchait dangereusement du mien, attisant un peu plus l’incendie dans mon corps. Je ne résistais pas longtemps. Je l’attirais sur ma bouche, il répondit à mon assaut avec une fureur que l’on sentait presque maîtrisée, comme s’il se retenait de déchirer mon maillot pour en finir avec moi dans ce couloir devant d’éventuels passants. Je sentais son érection contre moi, son souffle saccadé sur mon cou, et je pouvais distinguer les veines sinueuses de ses bras palpiter sous l’effet du désir. Il avait posé ses mains sur mes fesses rebondies qu’il malaxait avec violence.
— Suis-moi, parvint-il à articuler entre deux baisers.
Il m’a emmenée vers une de ces grandes cabines qui sont généralement utilisées par les familles, à cause de leurs espaces plus importants et leurs grandes tables intégrées pour poser les sacs et affaires quand on se change.
A peine enfermés, il me plaquait contre la table avec véhémence et nous reprenions nos caresses. Il m’embrassait dans le cou, détachant délicatement les bretelles de mon haut pour dévoiler ma poitrine, et s’empressa de descendre pour mordiller la pointe de mes seins. J’agrippais ses cheveux alors qu’il descendait encore et toujours plus bas. J’avais envie de gémir, d’exprimer le plaisir indicible que j’ai éprouvé lorsqu’il plaqua sa bouche humide sur mes lèvres à travers mon bas de maillot. Il voulait me rendre dingue, ce sale sauvage.
Il me faisait languir, attisant mon feu au travers de ce bout de tissu, dernier rempart entre sa langue et mon intimité. Il se redressa soudain. Portant la main près la grosse bosse qui se dessinait sous son pantalon, il commençait à déboucler sa ceinture. Je me figeais instantanément.
— Je ne vais pas te pénétrer, ne t’en fais pas, déclara-t-il comme s’il lisait dans mes pensées. Je ne compte pas sortir ma bite de mon pantalon.
Il me montrait la ceinture qu’il tenait à présent dans sa main.
— Ça, c’est pour t’attacher.
Il se rapprocha de mon visage pour m’embrasser.
— Pardon ? je dis vivement en le repoussant, de nouveau interloquée par le cran insolent que cet homme semblait posséder. — Je ne veux pas te faire de mal. Je veux que tu t’abandonnes à moi. J’aime dominer, avoua-t-il, mais je ne le ferais jamais sans être sûr que tu y prennes autant de plaisir que moi.
Je prenais un instant pour examiner la requête d’un homme qui semblait déjà à moitié fou.
— Hum... Très bien, je finis par répondre. Mais si jamais tu fais quoi que ce soit de bizarre, je te préviens que je n’hésiterais pas à hurler à m’en décoller les poumons, l’alertais-je. — Je comprends. Tourne-toi que je puisse te lier les bras.

Je m’exécutais fébrilement, à peine rassurée par la tournure que prenaient les événements. Il s’agitait dans mon dos, je pouvais sentir la lanière de cuir barricader mes deux avant-bras qu’il avait placés au creux de mon dos. Le tintement léger provoqué par la boucle de cette ceinture qu’il refermait pour que je n’aie plus aucun contrôle sur la situation. Il prit le temps d’admirer la scène, mains sur les hanches. Moi, cambrée contre son membre, à sa merci.
— Tu me plais beaucoup, murmura-t-il en faisant tomber mon bas de maillot au sol.
Sa respiration s’était intensifiée. Il saisit mes liens pour me retourner rapidement, m’allonger sur la table et écarter mes jambes, me toisant de toute sa grandeur. Il fit glisser deux doigts le long de ma cuisse, et, feignant de s’arrêter sur ma vulve, il continuait finalement pour remonter jusqu’à ma bouche où ils les enfonçaient doucement. J’entrepris de les sucer, les humidifier, les noyer dans ma salive tandis qu’il m’observait attentivement. Quand il eut jugé qu’ils étaient assez mouillés, il les retira pour les placer à l’entrée de mon vagin qu’il pénétrait sans plus attendre. Je laissais échapper un soupir malgré moi. Lentement, il sortait et entrait complètement ses doigts. Tout mon corps frémissait de plaisir, tremblant sous l’effet de ses manœuvres perverses.
— Tu aimes ça ? me demanda-t-il, haletant.— Ou... oui, je parvins à bégayer.
Après un moment, il se pencha sur moi pour commencer à me lécher, ses doigts profondément enfoncés et immobiles. Je me laissais aller à quelques gémissements, tellement j’en oubliais tout le reste. Il me rappela vite à l’ordre en plaçant sa main disponible sur ma bouche. Ses doigts rebougèrent, cette fois plus rapidement. Je sentais tout mon être bouillir dans cette cabine, incapable de bouger, et, fatalement, obligée de jouir. Je ne tardais pas à craquer une première fois, des spasmes violents me parcourant le corps. Il ne s’arrêta pas pour autant, et continua de me baiser avec sa bouche jusqu’à ce qu’un deuxième, puis un troisième orgasme me conduise au bord de la folie.

Il retira enfin ses doigts et se redressa, frottant la dure bosse de son jean contre mon vagin. Il respirait fort, trop fort pour peut être se maîtriser, je pensais alors. Mais au prix de ce qui semblait être un effort monstrueux, il parvint à se calmer. Il se détachait de moi, nous reprenions chacun notre souffle. Il entreprit d’enlever la ceinture. Je réalisais alors ce qu’on venait de faire, embarrassée, avec mes joues rouges qui me trahissaient à nouveau.
— Tu n’as pas à avoir honte avec moi. C’est moi le pervers, tu sais.— C’est très rassurant, je lui répondais, fébrile.
Il se mit à rire.
— Je viens de me rendre compte que je ne t’ai même pas demandé ton prénom, reprit-il. — Oh, je m’appelle Marli, et toi ? — Moi c’est Serdan.
Il prit mon visage entre ses mains pour déposer un léger baiser sur ma bouche et plongea son terrible regard sans le mien.
— Bien, Marli, dit-il en me prenant la main pour la poser sur sa braguette. La prochaine fois, ce sera à toi de me lécher.
Et il sortit de la cabine sans me laisser le temps de lui répondre, ce qui semblait décidément être une habitude chez cet irrésistible tordu.
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