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Les enfants du Bon Dieu

Chapitre 2

Les hésitations

SM / Fétichisme
 Courte nuit que celle passée chez ce couple. Mais au petit matin alors que Rémy ronfle et que Jade est affalée sur lui, je me faufile discrètement dans la rue sans lumière. C’est une véritable fuite sans espoir de retour. Je n’ai aucune envie de renouveler ce moment de faiblesse. Que ces deux personnages, aussi sympathiques soient-ils restent des inconnus m’arrange plutôt. Je ne me sens pas moins honteuse d’avoir trahi ainsi le seul homme que j’aime. Et je rumine durant des jours ce qui est arrivé dans cette maison.
Je sais bien que personne ne m’a forcé à faire quoi que ce soit et que ce n’est qu’à moi que je dois m’en prendre. La faiblesse à ce niveau en devient bêtise. Chez moi, je revis ces évènements durant des soirées. Et ma voix doit trembler alors que Michel comme d’habitude m’appelle en milieu de semaine. Sent-il que quelque chose cloche ? Le ton, les intonations de mes phrases, comment ne peuvent-ils pas lui mettre la puce à l’oreille ? Mais s’il s’est rendu compte de mon trouble, au moins est-il suffisamment gentleman pour ne rien laisser paraitre.
Puis le temps annihile tout et les souvenirs trop vivaces s’estompent dans les brumes de mes sommeils. Aussi lorsque mon mari me propose une sortie « restaurant », suis-je déjà moins coupable dans mon esprit. J’accepte tout de même pour lui faire plaisir. Et c’est avec un large sourire que je vois débarquer devant ce qui est devenu « chez moi », Michel. Hormis quelques rides aux coins des yeux et sans doute un peu de grisaille supplémentaire aux tempes, il n’a en rien changé.
Nous discutons d’un tas de choses sans jamais aborder les sujets sensibles. Il est content de me revoir et je crois que sa visite me fait plaisir. Malgré tout, ses multiples tentatives pour me prendre la main lors de notre diner se soldent toutes par un retrait rapide de ma patte. Là encore, pas un mot de reproche, simplement une immense déception qui se lit dans ses prunelles bleues. C’est moi la première qui vais à la pêche aux nouvelles.
— Et… le bébé de ta sœur ? Il devrait bientôt être là, non ?— Normalement, c’est prévu pour la fin de ce mois… ça fait longtemps que tu es partie, tu sais…— Je sais, et crois bien que j’en suis désolée Michel. Mais… — Bien entendu je comprends… je peux te poser une question plutôt indiscrète ?— Ah ? Je t’écoute…— Est-ce que tu as quelqu’un d’autre dans ta vie ? Un autre amour je veux dire…— Tu veux dire un amant ? C’est délicat à dire. Je ne t’ai jamais à proprement parlé trompé… — …
Il soupire comme si le fait de m’entendre lui répondre cela le libérait d’un grand poids.
— Parfois j’ai cru que tu… — Allons ne te fais pas plus de mal que je ne t’en ai fait. Je ne suis pas partie pour un autre… ou alors un autre pas encore né… Mon cœur s’est déchiré devant ce ventre de Marie tendu par cette nouvelle vie. Je ne suis pas la femme qu’il te fallait. Incapable de te donner le plus beau des cadeaux… ce bébé qui nous a si longtemps fait rêver et que nous n’aurons jamais.— Et tu crois vraiment que ça va me faire moins t’aimer ? Comment peux-tu un seul instant imaginer que je te tiens rigueur de ne pas pouvoir avoir d’enfant ? J’ai aimé, j’aime encore et j’aimerai toujours la femme que tu es. Pour moi, je vis notre séparation comme une déchirure et une véritable punition. Je n’ai rien fait qui justifie que tu me plaques de la sorte. Mais en y songeant bien, je peux tout de même me mettre à ta place et imaginer combien c’est douloureux de voir le ventre de ma sœur rempli par une graine. — … c’est à moi que j’en veux et à personne d’autre. Ne plus penser, ne plus entendre les rires de bonheur, alors que je ne serai jamais une femme à part entière…— Parce que tu penses encore que le fait de faire un gamin fait des filles des femmes à part entière ? Là c’est une erreur d’appréciation. Mais n’envenimons pas la situation… peut-être qu’un jour… tu reviendras vers moi.— Personne ne peut préjuger de l’avenir Michel. Et ta question peut facilement t’être retournée. Toi… tu n’as jamais eu de maitresse ? Tu es resté abstinent depuis ces longs mois ?
— Il n’y a qu’une femme que je peux aimer et tu la connais… Sans toi plus rien n’a vraiment d’importance, la vie ne vaut pas le détour.
Nous bavardons encore quelques minutes puis courtoisement, il me raccompagne. Je vois bien qu’il suffirait de peu de chose, d’un signe de ma part pour que nous passions la nuit ensemble. Mais je ne lui propose pas de monter boire ce fameux café qu’il attend, j’en suis certaine. L’abime sous mes pas est à nouveau béant. Pourtant, juste avant qu’il redémarre sa voiture, je lui fais signe…
Il baisse sa vitre.
— Tu me préviendras ? — … ? Pardon ?— Pour le bébé… tu me le diras lorsqu’il sera là ? Marie n’est pas responsable de ce qui nous arrive, c’est uniquement moi et… je tiens à lui envoyer une carte… pour les féliciter, elle et son Jean. Je n’aimerais pas apprendre cette naissance par les journaux. Tu vois ?— Oui ! Bien sûr que je t’avertirai. Claude… je t’aime toujours et ne peux me passer véritablement de toi !
Cette dernière phrase à peine achevée, il file. Longtemps encore après que les feux arrière de sa voiture aient disparu, je reste à ma fenêtre à scruter la nuit. Il fait froid au fond de moi. L’impression que mon cœur se décroche encore de sa cage me rend morose une bonne partie de ce qui reste de ma soirée. Finalement ce sont les draps qui engloutissent mon spleen grandissant. Un sommeil lourd prend le pas sur ma détresse morale. Que c’est compliqué la vie !
— oooOOooo —

Rien ne différencie ce matin-là des tous ceux qui l’ont précédé. Le soleil est pâle, une pellicule de givre recouvre la campagne et souille mon parebrise. En le délivrant de la glace qui masque tout pour le rendre opérationnel, mon téléphone portable dans mon sac grelotte lui également, sans que j’y prenne garde. Ce n’est qu’en fin de matinée que je découvre le message de Michel.
— XXXxxXXX —

Bonjour ma Claude !La petite Alix est apparue dans son nouveau monde ce matin à cinq heuresMarie est fatiguée, mais elles vont bien toutes les deux…Je t’embrasse mon amour.Michel qui t’aime.
— XXXxxXXX —

Dès que mes yeux se sont posés sur ces quelques mots je me sens vide d’un coup. Marie a donc une petite fille ! La news m’assomme plus que je ne le voudrais. Et c’est les jambes en coton, que je m’assieds sur un banc public au centre du parc où je me promène. Je n’en reviens pas. On a beau s’attendre à ce genre d’évènement, le choc est pour mon cerveau en dérangement presque violent. Je serre contre moi mon sac à main et ne vois plus vraiment ce qui m’entoure tant mes larmes brouillent ma vue.
— Madame, madame ? Ça ne va pas ? Vous voulez que j’appelle les pompiers ?
Le bruit qui me parvient arrive du fond de l’univers, traversant l’air avec difficulté. Je le laisse pénétrer enfin mon esprit pour comprendre que c’est bien à moi que cette voix s’adresse.
— Hein… Oh non ! Ça va aller.— Ben on ne le dirait pas ! Vous avez des ennuis ? — Non ! Non, je vous assure. Ce serait même tout l’inverse.— Ben vous avez une étrange manière de sauter de joie.— … ? C’est une longue histoire. Et…— Vous voulez faire quelques pas en ma compagnie ? Je ne suis plus qu’un vieillard, mais je peux toujours admirer la beauté des choses… et des femmes, vous savez. À mon sens vous avez besoin d’un petit remontant pour cacher votre… bonheur.
Le bonhomme raconte cela sur un ton humoristique. Et bizarrement il me rassure. Je le regarde alors plus attentivement. Sans savoir non plus pourquoi, je me lève et nous marchons côte à côte. Il ne dit plus un mot et c’est moi qui éprouve le besoin de me justifier.
— Ma belle-sœur vient d’accoucher. Cette nouvelle me bouleverse.— …— Je sais que c’est difficile à croire, mais…— On dirait que ça vous fait mal, l’arrivée de ce bébé… un garçon ou une fille au fait ?— Oui… une fille. Alix d’après mon mari.— Donc vous avez aussi un mari ! Qu’est-ce que vous faites dans ce parc par un temps aussi frisquet ? Assise sur un banc alors que tout est encore gelé, ce n’est pas très… sain !— Je digérais la nouvelle. Mais c’est compliqué.— Vous avez du temps ? J’aime bien écouter la musique de votre voix et peut-être que ça vous libèrerait de parler. De toute évidence cette naissance n’a rien d’heureux pour vous. Ce n’est pourtant pas vous qu’elle concerne. Mais si vous voulez vous confesser, un bon café serait sans doute la bonne formule. J’habite juste là et chez moi, il y a du feu…— Et du café donc, je présume !— Oui… je m’appelle Maxime et suis veuf depuis une dizaine d’années. Le temps emporte tout et ma jeunesse a elle aussi, passée l’arme à gauche, entrainée par la mort de mon épouse Yvonne. Mais fort heureusement, il me reste mes yeux pour admirer…— Vous n’êtes pas si vieux.— Trop pour être jeune et pas assez pour pleurer sur les années perdues. Et puis… je me contente de vivre l’instant présent… de secourir parfois les âmes en peine. Je sais en reconnaitre une lorsque je la croise.— Vous pensez que je fais partie de celles-ci ? Comment pouvez-vous croire cela ?— Je suis certain que vous êtes torturée par un secret. Inavouable peut-être ? Mais là, c’est à vous de me le dire.— Non ! Rien de tout ceci. Mon mari et moi sommes simplement séparés depuis quelques mois. L’accouchement de Marie est un retour en arrière, un flash-back sur ma vie passée.— Marie… ?— Oui c’est le prénom de la sœur de mon mari…— Et le vôtre ? Parce que vous ne me l’avez toujours pas avoué…— Le mien… de prénom vous voulez dire ? Claude… oui Claude ! Assez commun n’est-ce pas ?— J’avoue avoir un faible pour les prénoms mixtes et le vôtre vous colle à la peau… comme un gant. Il vous convient bien, à mon sens. Mais me voici devant chez moi… alors si vous n’avez pas peur de monter chez un vieux fou, vous êtes mon invité.— … pourquoi pas ? Un bon café pourrait me remonter le moral. Bien que je n’ai guère envie de déballer ma vie à un inconnu…— Un inconnu ? Mais il ne tient qu’à vous de ne pas le rester. Et puis les risques sont bien minimes, au vu de mon grand âge.
C’est donc ainsi que j’atterris chez ce Maxime le jour de la naissance d’Alix. Ce premier contact dure plus de deux heures, temps durant lequel je lui raconte brièvement mon histoire. Lui sans me couper la parole se montre attentif à toutes mes explications. Nous prenons plusieurs fois du café et jamais dans son comportement rien d’anormal. Quand il parle, les inflexions de sa voix ont de drôles d’effets sur moi. Au fur et à mesure, que je me raconte, tout chez moi se détend. Il est gentil, presque paternel envers moi.
Enfin je me décide à prendre congé et d’un mouvement de la main, il me retient. Puis…
— Attendez Claude ! Je vais moi aussi faire un geste pour cette nouvelle venue au monde. Tenez… vous êtes une femme et saurez mieux que moi ce qui convient à un bébé.— Mais…
Maxime vient de fouiller dans un tiroir et il en ressort un billet. Il me tend l’argent en rajoutant :
— Achetez-lui ce qui vous plaira… les cadeaux sont toujours affaire de femme. Mon Yvonne savait s’occuper de cela mieux que personne. Aurais-je le plaisir de vous revoir ? En tout cas, j’ai eu un infini bonheur à vous écouter me raconter un peu de vous. Je souhaiterais que nous nous revoyions… si vous êtes d’accord bien entendu. Et cette fois… ce sera à mon tour de vous raconter mes secrets !— Eh bien ! Vous en avez donc tant à raconter ?— Et à vous montrer peut-être aussi ! Mais je ne voudrais pas vous mettre en retard… je suppose que vous filez à la maternité.— Pas avant d’avoir dépensé votre argent…— Reviendrez-vous me rendre visite ?— Je… franchement ? Je ne saurais vous répondre. Je n’en sais rien moi-même.— Faites un effort ! Je suis vieux et un peu flatté de voir encore chez moi une femme jeune et belle.— … bon, je vous promets de revenir. — Et moi, de vous dévoiler mes petits travers. Et puis un soir pour diner en ma compagnie, c’est possible ?— Pourquoi pas ? Mes soirées sont aussi longues et pénibles de solitude… oui pourquoi pas ?— Demain ? Comme ça vous me direz pour Alix…
J’acquiesce sans prendre garde que cette promesse m’engage non seulement à revenir chez Maxime, mais également à aller voir Marie à la maternité. Et ce n’est qu’en déambulant dans les rues que je perçois au fond de moi ce malaise latent. Oui. Il me faut respecter ma parole et c’est ainsi que je coure les magasins pour y acheter de la layette. Avec l’argent du vieux bonhomme, un bel ensemble et un doudou devraient ravir Marie, à défaut du bébé.
— oooOOooo —

Ça pue l’hôpital et le lait. Curieuse réflexion que je me fais en franchissant la porte de la chambre de la sœur de Michel. Elle est seule, endormie, toute menue sur sa couche blanche. Les maternités comme les autres services hospitaliers sont toujours aussi sinistres. À quelques pas du lit où elle dort, un berceau dans lequel j’aperçois une minuscule forme. Alix ! Deux mains toutes pareilles aux miennes, mais si petites… et puis une frimousse qui me fait penser de suite… à son oncle. Un air de famille dirait ma belle-mère.
Je ne fais aucun bruit et prends place sur un siège à côté de cette blonde avec qui je garde encore des attaches. C’est le bébé qui inexplicablement se met à pleurer qui ramène Marie à la réalité. Sans me capter, elle se soulève sur le flanc opposé à l’endroit où je me trouve. Elle soulève lentement sa fillette et le spectacle qu’elle m’offre est saisissant. Elle relève sa chemise de nuit, sortant un sein imposant. Puis elle appuie la bouche de la petite sur le téton qui en déborde largement.
Le bruit de succion remplit la chambre. Mais c’est doux comme une caresse, et j’en frissonne autant que ça me fait mal. Je renifle pour ne pas pleurer. Là, la tête blonde de Marie se dirige vers le son que j’ai laissé échapper par mégarde.
— Oh Claude ! Tu es là ? Si tu savais comme je suis heureuse de te revoir.
Ses yeux brillent soudain…
— Tu vois comme elle est belle… ta nièce ! Mon Dieu Michel sera content. Il est si malheureux depuis… ton départ. Je n’ai pas compris, personne du reste ne l’a compris. Il te rendait malheureuse ?— … ça fait mal ?— Hein ? Oui de le voir si triste, bien entendu que nous en souffrons.— Non ! Je parlais de donner la tétée… est-ce que c’est douloureux ?— Ben non ! Il faut simplement s’habituer… et puis c’est normal pour nous les femmes… c’est la nature quoi. Tu le sauras bien un jour si…— Non ! Je ne le saurai jamais. Michel et moi n’aurons jamais d’enfants… je ne peux pas en faire… et c’est douloureux pour tous les deux. Mais je n’ai rien contre toi. Je voulais simplement ne plus souffrir de te voir avec un petit bidon bien rempli.— … Mais… pourquoi ne me l’as-tu jamais dit ? Je crois que je pouvais comprendre… c’est humain, il me semble.— Marie… tu ne peux pas imaginer comme je t’ai détestée, et comme je t’envie là, en ce moment. Tiens ! c’est pour la petite…— Dit… tu ne vas pas divorcer de Michel ? Vous allez vous remettre ensemble ? Je crois que c’est son vœu le plus cher, il t’attend toujours. Et l’adoption, c’est également une solution.— Ce ne serait pas pareil… on ne donne pas le sein à un fils ou une fille adopté… c’est ce simple geste qui crée les liens indéfectibles entre une maman et son enfant.— Ma pauvre… comme je te plains— Et voilà ! La pitié, je ne veux pas inspirer ce genre de sentiments à ceux qui me sont chers. C’est pour cela que nous n’en avons jamais parlé à quiconque. — … tu es fâchée après moi ? Et c’est Michel qui trinque ? Mon pauvre frère est tellement amoureux de toi… il n’en vit plus.— Bon parlons d’autres sujets… tiens voici quelques cadeaux pour ta fille.— Merci. Mais je crois que le plus beau que tu puisses lui faire c’est de rendre heureux son oncle.— …
Nous échangeons encore quelques banalités avant que je retourne chez moi. Toute la soirée je me torture la cervelle en réécoutant les mots de Marie. Ils tournent en boucle dans ma boite crânienne, incapable d’en sortir. Et les images de ce sein nourricier… deviennent supplice. Et la journée suivante s’annonce longue et fastidieuse. Je n’en oublie pas pour autant mon rendez-vous chez Maxime. C’est sans vraiment d’entrain que je m’y rends le moment venu.
Ce qui me surprend dès mon arrivée, c’est une odeur de cuisine agréable. Je ne saurais déterminer ce qu’il a mijoté, mais le fait est que ça sent très bon.
— Alors notre petite protégée va bien ? La maman aussi !— Oui ! C’est une jolie petite fille… sans trop de cheveux, mais elle ressemble terriblement à mon mari.— Et vous chère amie ? Comment va votre moral ? Je suppose qu’après avoir revu Marie, c’est bien cela Marie ? Vous avez pu faire le point !— Je ne suis pas plus avancée. Mais au moins ai-je pu lui dire que je n’aurais jamais d’enfant… et elle en a été surprise.— Je vois ! — Je ne sais pas ce que vous avez cuisiné, mais j’avoue que les bonnes odeurs chatouillent mes narines. Vous êtes un bon cuisinier ?— Depuis que je suis seul… c’était s’y coller ou manger des casse-croutes tous les jours et j’ai la gueule fine !
Il rit de son bon mot. Je ne sais pas trop sur quel pied danser. Il vient à mon secours une fois encore.
— Mais mettez-vous à l’aise. Donnez-moi votre veste. Je la dépose dans la penderie de l’entrée. Nous commençons par un petit apéritif ?— Vous n’allez pas me saouler tout de même ? — Bof ! Si vous vous sentez trop enivrée à la fin de notre… réunion, vous pourrez toujours dormir ici.— … ? C’est votre but ? Me garder la nuit chez vous ?— Mais non… enfin qui sait ce qui peut se passer en une soirée ?
Il a dit calmement ces mots en me fixant. La malice au coin des yeux et je me sens toute drôle d’un coup. Ce type a le don de me remuer sans que je comprenne pourquoi. Il n’insiste pas et nous sert deux verres d’un alcool sucré.
— Du vin de groseilles de ma production. Ça rend les femmes amoureuses et les hommes endurants. Allez ! Buvons à la santé de ce petit bout de chou qui visite désormais notre belle terre.— À votre santé Maxime.— Et à votre beauté ma très chère amie.
Je trempe mes lèvres dans le breuvage doucereux et je sens l’alcool qui en descendant dans mon estomac me chauffe le corps tout entier.
— Eh ! Ça semble plutôt costaud votre apéro !— Mais non ! Il est à votre image, doux, chaud et coloré. Il va vous détendre. Parce que vous me semblez bien crispée. — Oui ? Vous ne m’aviez pas dit que vous me raconteriez quelques secrets ? J’ai bonne mémoire, vous savez !— Je vois cela. Mais pour les entendre encore vous faut-il prendre un peu plus de ce nectar… — Ah ? Vous voulez faire des effets de manche ? Comme mon mari d’avocat ?— Heureux d’apprendre qu’il l’est. Un bien beau métier et il me semble que ce soir vous en parlez plus librement. Mais non pas d’effets spéciaux, je veux juste m’assurer que vous êtes prête à savoir et surtout à écouter.— … ! Ma foi, si vous le dites ! J’attendrai donc votre bon vouloir.— Voilà, c’est exactement cela. Mon bon vouloir. En toute chose, j’aime que l’autre sache ce que je veux et fasse comme je le désire.— Vous voulez dire que vous aimez mettre les gens dans l’embarras ?— Pas du tout ma chère amie. Mais buvez… ensuite je vous expliquerai… et pour peu que vous soyez réceptive…— Oui ? Ne me laissez pas dans l’expectative ! Je veux savoir. S’il vous plait !— Bon et bien, vous l’aurez voulu, nous sommes bien d’accord ? Venez, suivez-moi je vais vous montrer ! Mon chez-moi le plus intime.
Il me prend par la main et me guide dans une sorte de couloir sombre. Au bout de celui-là, une porte en chêne dont la clé pend à un clou. Il s’arrête avant de s’en saisir.
— Vous êtes certaine que vous voulez aller plus loin ?— … pourquoi ? C’est si terrible ce que vous cachez là ?— C’est que c’est juste pour des yeux avertis.— Alors, ouvrez… qu’on en finisse une bonne fois pour toutes, de tous vos mystères…— D’accord si vous me promettez d’essayer de les comprendre.— … ? Je ne peux rien vous promettre sans avoir vu…— Alors sans doute vaut-il mieux renoncer et retourner prendre notre diner. Je ne voudrais pas vous voir fuir.— La peur n’évite jamais aucun danger, et puis… vous me semblez être un gentleman… alors comme vous le dites vous-même si bien, vous êtes âgé…— Oui ! Mais pour cela nul besoin de force ou de jeunesse… et ça pourrait heurter votre sensibilité.— … ne faites pas l’enfant, ouvrez donc cette porte.— Lorsque vous aurez promis… que vous adhérez, ne serait-ce qu’un peu à mes folies…— Bon ! Allez je vais être moins couarde, moins froussarde. J’accepte de voir et de vous donner satisfaction.
Pourquoi ai-je avancé ces quelques mots de cette manière ? Sans plus aucune hésitation, il s’empare donc du sésame qui déverrouille le pêne et je me retrouve soudain dans un univers dont je ne soupçonnais pas l’existence quelques secondes auparavant. La chambre est grande. Au milieu de celle-ci, une sorte d’autel recouvert d’un tissu rouge. Puis un meuble contre l’un des murs sans fenêtre. Et sur une autre face de ce cube, une croix, ou plus exactement un X de bois fixé directement dans la cloison. Je réalise soudain dans quel univers je viens de mettre les pattes.
Des chaines pendent des deux sommets des branches de la lettre majuscule accrochée à la paroi. Mes yeux se rivent ensuite sur le bas de ce X et des entraves s’y trouvent également. De tous les côtés, j’entraperçois des instruments dont l’utilisation me semble d’un coup évidente. Une salle ou des tortures peuvent être pratiquées, sans crainte des cris des suppliciés. La chambre est insonorisée et les sons y sont très feutrés.
— Alors ? Vous imaginez tout ce que l’on peut faire dans cette chambre ?— … euh oui ! Bien sûr.— Vous regrettez votre promesse ?— Un peu ! Je pense que de toute façon vous n’allez pas contre l’avis des… usagers de ce lieu. — Évidemment ! C’est toujours en plein accord que les jeux sont permis. Et ils commencent longtemps en amont de cette salle.— Comment cela ? Je ne comprends pas !— Disons alors que la mise en condition peut se réaliser lors d’un diner… vous saisissez mieux maintenant ?— L’alcool y a donc sa part ? C’est pour cela que vous insistiez tant à ce que j’en prenne.— Ne voyez pas tout en noir ! Le gris aussi existe. Et je sais déjà que vous êtes faites pour ce genre de petites fantaisies… bien peu de femmes mises dans la confidence comme vous l’êtes ont réagi de cette manière. Les premières réactions des anti étant de filer d’ici le plus rapidement possible. Vous n’avez en aucun cas exprimé votre désir de partir. C’est plutôt bon signe. Nous allons diner ?— … et vous comptez faire quoi durant ce repas ?— Rien que vous ne vouliez ! D’abord vous écouter me dire ce que cela vous fait d’avoir vu cette chambre. Et puis… de fil en aiguille nous verrons bien, qu’en pensez-vous ?— Allons diner… et de quoi se compose le menu…— Un hors-d’œuvre, un plat et un dessert pour vous.— Pas pour vous ?— Peut-être que si… ça pourrait être… Vous !
Assise devant une assiette aussi belle que bonne, j’écoute la musique de la voix du vieux bonhomme. Il ne stresse absolument pas. Et au cours de ce repas excellent au demeurant, il me pose des questions. Il tient à savoir ce que je pense de son royaume ? Je crois que c’est plus subtil que cela. Il veut surtout s’assurer que je vais tenir ma parole et sait me la rappeler à bon escient. Au bout de je ne sais combien de temps, il se décide enfin et je suis d’un coup plongée dans ce qui me parait être un rêve.
— Bien ma chère amie… il est temps de passer à un autre registre de la soirée. Auriez-vous l’obligeance de retirer votre corsage ?— Mon… mais…— Ne m’aviez-vous pas fait une promesse ?— …— Allons juste un zeste de courage. Deux seins nus sont toujours choses plaisantes pour le regard d’un homme, même vieux.— Je…— Ne discutez pas ! Obéissez et vous vous en trouverez soulagée.— Mais…— Pour la dernière fois, retirez-moi ce vêtement… à moins que vous ne préfériez que ce soit moi qui vous l’enlève ?
Le ton vient de changer ! Plus sec, ça raisonne comme un ordre. Je ressens une pointe de peur qui m’envahit. Mais avec elle, insidieuse, pernicieuse, une autre sensation se fait jour. L’envie, l’horrible besoin de lui obéir arrive. Sans doute également que je ne vais pas assez vite à son gout.
— Vous voulez donc gouter à la cravache ? Si je dois aller la chercher… — …
Comment en suis-je arrivée à déboutonner une à une les attaches de mon chemisier ? Je n’ai pas peur de lui, mais sa voix, c’est comme si je me sentais dans l’obligation d’obtempérer. Mes mains tremblent.
— Mets-toi debout Claude ! Laisse-moi profiter du spectacle de ta défaite.
Et je me sens si conne en me relevant. Les manches sont enfin dégrafées. Cette fois le tissu vaporeux glisse le long de mes bras découvrant l’ensemble de mon dos et offre à la vue du type mon soutien-gorge. Il ne dit plus rien, se contentant de me contempler. Je demeure terriblement gênée par ma position verticale, à demi dénudée du poitrail. Maxime jubile et ce n’est qu’après d’interminables minutes qu’enfin il reprend d’un ton nerveux.
— Montre-moi tes seins maintenant !
Une hésitation encore avant que mes mains se portent dans mon dos pour ouvrir le fermoir. Dans un silence de plomb, les balconnets se désolidarisent de mes pommes. Ils ne couvent plus cette peau que les yeux du vieux pervers fixent avec avidité.
— Eh bien ! Ça valait le coup d’oser. Ils sont encore plus beaux que je n’osais les imaginer. Mets toi face à moi que je les vois en pleine lumière.
Je déglutis avec peine puis, fataliste, je fais ce quart de tour qui expose ma poitrine tout entière au gaillard.
— C’est bien ! Tu vois, ce n’est pas si difficile. Reste maintenant à retirer le reste. Je ne te demande plus rien. Tu vas le faire toute seule, juste lorsque tu en auras envie. Tu es une grande fille après tout.
Je danse dans ma tête d’un pied sur l’autre. Immobile comme une grande bécasse au milieu de cette salle à manger. Combien de temps me faut-il pour réagir ? Une éternité se passe avant que je fasse comme il le demande. Et dès que je débute le retrait de ma jupe, je sais, je sens que je viens de franchir ce pas qui mène à l’abjection. Un point de non-retour, une limite que je ne pourrais plus refranchir dans l’autre sens. Lui garde sa fourchette levée à mi-chemin entre son assiette et sa bouche.
Il ne sait plus quoi faire, quoi dire. Et je sens sur mes cuisses couler la corolle de tissu qui s’écroule sur mes chevilles. Puis c’est au tour du dernier rempart de lingerie de quitter sa place pour tout montrer à ce petit vieux bonhomme à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession. Il n’a pas autre chose à faire que mater… je suis presque soulagée d’être nue devant lui. Comment cela peut-il être possible ? Il n’a pas seulement fini son plat de résistance que déjà le dessert lui est servi !
À suivre…
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