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Les trois veuves d'Ajaccio

Chapitre 1

Avec plusieurs femmes
Depuis Saint Florent, nous faisons du stop jusqu’à Calvi. Vers douze heures nous trouvons un petit restaurant au creux d’une placette ombragée. Nous ne résistons pas à commander de la viande : quatre jours sans! Un chapelet de délicieuses petites côtelettes d’agneau nous rassasie. La ville est charmante mais nous sommes habitués au ’désert’ et repartons vers Ajaccio. Le stop est difficile à cette heure, il y a peu de véhicules, il fait chaud, nous avalons la poussière sous un soleil accablant. Les rares véhicules ne vont pas loin, c’est la sieste, nous ne faisons que peu de chemin en deux heures.
Alexandra est en short et débardeur, très bronzée, on dirait presque une mauresque, elle a beaucoup minci : « je suis sûre que j’ai perdu 4 kilos » dit elle. Quant à moi, j’ai perdu du ventre et ce n’est pas plus mal. Nous marchons sous le soleil, ça monte, ça tourne, ça redescend. Un petit val laisse écouler un ruisseau entre les chênes verts et les buissons odorants. J’entends le bruit de l’eau qui cascade : « Alexandra, allons-y, il y une chute d’eau, allons nous rafraîchir.
    — Volontiers, quel bonheur! ».

Nous remontons le vallon frais, passant sous les épines, pataugeant dans le cours d’eau glacé qui s’élargit sous une roche en surplomb, formant une petite piscine à la surface de laquelle flottent des fleurs de laurier en si grand nombre qu’elle forment presque un tapis. Sur le côté du rocher ocre, au-dessus de nous, une faille accueille la cascade qui tombe d’environ huit mètres sur un gros roc de trois mètres. Il donne une surface plate sur laquelle l’eau rebondit et s’étale coulant jusqu’en bas dans le bassin. L’eau éclabousse et produit une brume à la fraîcheur désirable. Alexandra saute dans l’eau cours et s’y enfonce jusqu’à la taille : « Ha, c’est glacé! Hou! », elle suspend son mouvement puis courageusement plonge la tête la première. Elle ressort couronnée de fleurs de lauriers : « Ho, ça fait du bien! ». Je la suis, c’est vraiment froid, mais je fais comme elle, tressaillis sous la morsure de la fraîcheur. Je ressors au milieu des fleurs. Alexandra est en train de quitter ses vêtements, nue, elle les jette sur la berge de galets. Je l’imite. Nous voilà tous les deux à projeter de l’eau sur l’autre, riant et criant. Nous avons la chair de poule, Alexandra est belle, intégralement bronzée, ses seins que ma main touche sont contractés, durs. Elle frémit, je l’embrasse, m’accole à elle. Notre baiser se prolonge. Je la caresse. Ma main trouve son sexe, le pénètre sous l’eau, il est serré, résistant à mes doigts. Alexandra me caresse aussi, descend sur mon pubis saisit mon sexe, et rit : « Il n’a jamais été aussi petit, c’est tout l’effet que je te fais? » Il est rétréci et fait tout au plus huit centimètres! « Le froid!», m’excusé-je. « Je t’aime, viens ». Je me redresse, et la tire vers le gros rocher sur lequel l’eau s’éclate. Nous sommes au soleil, dans cinquante centimètres d’eau, au cœur du nuage de gouttelettes. Je la plaque ventre contre la paroi rocheuse et me colle à ses reins. Elle pose sa poitrine et une main sur le rocher, appuie sa joue droite dessus. Je baise son oreille câlinant ses contours de la langue. Je me réchauffe c’est doux et chaud entre nous. L’eau coule sur son visage, rebondissant sur le front et le nez, dans sa bouche ouverte elle entre et puis s’enfuit.
Je bande. Ses reins appellent ma venue. Nos corps font tout seuls le chemin que l’habitude leur indique. Entré par la porte étroite dans sa chaleur brûlante, je me durcis davantage. Lentement, longtemps, pieusement sous la cascade j’encule cette femme qu’on dit mienne. Deux petits serpents d’eau passent entre nos pieds, nous continuons notre étreinte. Sur sa tête, sur ses reins, contre mon ventre, des fleurs de laurier s’accumulent. Je sais qu’il ne m’appartient pas, ce cadeau du ciel. Je sais aussi que moins je cherche à posséder et plus la vie se donne à moi. Nous disons notre messe du corps, faisons les gestes requis. Les esprits du lieu accaparent les nôtres, nous nous oublions, les mouvements s’enchaînent, nous obéissons aveuglément au rituel institué par les dieux. Je deviens cette grenouille qui s’accouple. La récompense survient. Je crie, mon sacrum est pris de contractions involontaires, qui envahissent tout mon être. Je vois le paradis, mon totem, je comprends qui je suis, mes jambes me lâchent, nous tombons dans l’eau, enlacés, jouissons avec la cascade. Enfin, nous nous allongeons sur la berge, la tête sur nos sacs. Alexandra : « Oh! Que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime! », paraphrasant la chanson de Johnny. « Chéri, c’est si merveilleux nous deux, maintenant, oh, j’ai peur, comment est-ce que ça peut finir, un truc si fort? Je suis si heureuse et j’ai peur!
    — Je t’aime, Alexandra, de quoi aurais-tu peur?    — Je ne sais pas … peur de … te perdre.    — Mais tu ne me perdras jamais, chérie!    — Mais … tu … je … on peut mourir! Comment survivre?    — Nous sommes jeunes, bébé, tout va bien! Je t’aime, repartons.»

Il est quatre heures, une camionnette nous prend : « Je m’arrête un peu avant Ajaccio », nous dit le chauffeur « Ca vous avancera toujours ». lI cuit là dedans. Il nous dépose à six kilomètres et là encore, personne pour nous prendre. Nous marchons dans la poussière et rejoignons la ville à pied. Nous avons perdu le bénéfice de la baignade sous la cascade, et sommes de nouveau brûlants et secs. Les immeubles du front de port affirment l’identité de la patrie du petit corse, ce Buonaparte qui n’aimait pas ses compatriotes. Il fait trop chaud, plutôt que de boire en terrasse à l’un des nombreux cafés, je préfère nous diriger dans les petites rues plus fraîches. À l’ombre nous nous sentons mieux, nous nous adossons un instant contre un mur frais. Une grande femme nous dépasse et vient ouvrir la lourde porte de bois tout près de nous. Elle est vêtue de noir, très droite, mince, brune, yeux sombres, le regard intense. Je ne saurais dire son âge. Comme nous la suivons des yeux, elle nous considère en silence. Puis : « Vous avez l’air épuisés, voulez vous vous rafraîchir à l’intérieur, il fait bien meilleur? ». Nous sommes un peu surpris, mais son sourire nous met en confiance et nous hochons la tête : « Merci …
    — Merci beaucoup! » elle nous fait pénétrer dans une cour ombragée par un arbre qui monte haut et cache presque le ciel : c’est un jasmin, l’air embaume! Dans le coin un bassin reçoit l’eau d’une fontaine. Il est grand et s’évase en forme de coquille. « Si vous voulez vous pouvez vous baigner dedans, l’eau est très fraîche, c’est apaisant! Laissez vos vêtements : personne ne vous dérangera! »

Elle entre dans le bâtiment. Nous avons si chaud que nous faisons comme elle dit : nous nous dénudons et entrons dans la vasque. Pour la seconde fois, la morsure du froid nous saisit. Pour la seconde fois, le bien-être de la fraîcheur suit. Nous sommes bien, ne bougeons pas, presque dormant. L’eau s’écoule marquant le temps qui passe. Il fait enfin si frais que nous devons sortir. Nos vêtements ont disparus : « Où sont-ils, c’est une blague?
    — Ce doit être la dame. » Une porte s’ouvre, elle réapparaît : «Suivez-moi! » Nous entrons dans une chambre sombre, éclairée par une lanterne, nos vêtements sont pliés sur des coffres en bois noir, aux pieds de deux lits en fer forgé. « Allongez vous, reposez-vous. Vous en avez besoin. Je vais revenir.» Alexandra se jette sur son lit et se love dessus, je m’assieds sur le mien, nous sommes toujours nus. On frappe à la porte, la femme revient : « Nous allons vous masser, vous verrez c’est régénérant. », elle n’est pas seule, deux autres femmes vêtues de noir entrent aussi. « Ne soyez pas gênés, nous avons l’habitude : nous sommes veuves toutes les trois. » Comme si c’était une explication valable! Je regarde Alexandra qui semble le prendre plutôt à la rigolade : « C’est exquis tous ces petits soins! ».

Je décide donc de m’allonger et me laisser dorloter. Les deux autres femmes sont mutiques. Plus petites et plus jeunes que la première, je leur donne la quarantaine, l’une est brune, petite et maigre, l’autre est rousse plutôt boulotte. Elle s’affairent ensemble, ouvrant de petites fioles et s’en oignant les mains. « A plat ventre », dit soudain l’un d’elle. Sous le regard de la plus âgée, elles se mettent à nous masser le corps. Elles sont à la fois précises et rapides, palpant les chairs, saisissant la peau entre les doigts et la faisant rouler. Elles font le dos, les fesses, les cuisses avec des gestes efficaces, médicaux. C’est à la limite de la douleur et du plaisir, cela détend beaucoup. Je renifle l’odeur de l’huile et ne la reconnaît pas. « C’est de la myrte, elle vient de Crète, apportée par Eole. » répond à ma question silencieuse la grande femme. « C’est une plante excellente et puissante : elle purifie le souffle et l’esprit, vous en avez besoin pour la fin du voyage. », ajoute-elle mystérieusement. « Tournez-vous, maintenant!», dit elle. Ça me gêne un peu car sous la douceur des massages, ma verge a pris du volume, mais je m’exécute.
Le silence est pesant, je pose une question à tout le monde pour le rompre : « Et de quoi vivez vous? Vous faites des massages?
    — Non, nous faisons de la mercerie!    — Surtout des rubans, nous les aimons beaucoup    — Toutes sortes de rubans! Des assortiments.    — Nous les tressons et puis … les coupons … les rangeons en boite.    — C’est notre rôle. Il n’y rien de mal à ça …    — Quelqu’un doit le faire …    — Ah, bon.»

Alexandra, de son lit, me fixe sans me voir, elle est concentrée sur les sensations que lui donnent les mains allant sur le ventre et les seins. La femme rousse masse ma poitrine aussi et descend sur mes cuisses. Personne ne parle. Elle enduit mes genoux, mes jambes, mes pieds. Elle remonte reprend le massage de mon ventre. Sur ma gauche, je vois la brune qui masse Alexandra, je me demande si celle-ci voit que maintenant je bande. Les femmes ne quittent pas mon organe des yeux. La main de la rousse, vient le toucher. Elle le caresse doucement, l’apprivoise. Il gonfle encore et encore, est-ce la myrte? La femme qui masse Alexandra, s’arrête et s’approche. Alexandra est tournée sur le côté et nous observe.
La femme la plus âgée, vient près de moi, elle porte un long et beau ruban rouge et le tend à la rousse. Celle-ci le prend et l’applique soigneusement à la base de mon pénis de plusieurs tours peu serrés. La grande brune : « Nous avons perdu nos maris depuis si longtemps. Cela … nous les rappelle» dit elle indiquant ma verge. Le sang y bat, il peut entrer mais plus sortir. Elle gonfle davantage encore. Sans me regarder, la rousse pose un long baiser sur mon gland. La petite brune passe un autre ruban au cou d’Alexandra, le noue et en attache l’extrémité à la tête du lit. « Ne bouge pas », commande –t-elle.
La rousse a quitté sa robe, elle a un corps rond couvert de tâches de rousseurs, les seins lourds, les fesses larges. Elle monte sur le lit, m’enjambe et face à moi, sans un mot, vient s’emmancher. Je vois les lèvres de son sexe descendre jusqu’au ruban. Les yeux fermés, elle se donne des sensations sur ma tige. Elle bouge en rond. Les deux autres l’observent avec attention, sur le lit à coté, Alexandra, captivée, caresse son entre jambe en nous regardant. La veuve glisse, va, vient, roule des hanches, secoue la tête. Ses cheveux rouges comme du sang projettent des ombres chinoises au plafond. Je tends ma main vers ses seins, mais la brune maigre me retient.
Je regarde le plafond, souris. L’absurdité de la scène ne m’échappe pas, je comprends que, sous l’œil d’Alexandra, je vais devoir donner leur plaisir à ces trois femmes mûres! D’une voix sourde, les deux brunes entonnent un chant étrange, la rousse se joint à elles, sans cesser ses gestes d’amour, et une polyphonie s’élève. C’est triste, mon cœur se serre. La femme rousse va de plus en plus vite, les ombres mouvantes s’accentuent autour de nous, comme si des disparus assistaient à la scène. Mon sexe est douloureux, mais je sens que je dois continuer : j’ai de la peine pour ces trois-là. La rousse se cabre, s’arrête et se retire après une pause. Toutes trois chantent en choeur.
La plus jeune brune, nue, me chevauche à son tour, yeux fermés. Elle est plus incisive, presque tranchante dans sa manière. Plus étroite, elle me serre très fort. Ses seins sont tout petits bruns, ses hanches maigres. Son pubis donne violemment en arrière et vient presser très fort la base de ma verge. Ça fait mal et je pousse quelques soupirs, en même temps, son intérieur me fait du bien. J’aurais bien envie d’éjaculer mais le ruban m’empêche. Cela dure longtemps, j’ai vraiment mal, je gémis, je suis presque décidé à lui demander d’arrêter, quand sans avertir elle se relève, sans avoir joui, je crois…
La plus âgée est toujours vêtue. Elle m’approche et embrasse mes lèvres, c’est la seule à l’avoir fait. Elle monte sur le lit, se place à califourchon sur moi en me tournant le dos. Sa robe est sur moi. Elle la relève, je vois son cul : il est large, souple, elle passe sa main derrière, saisit mon manche et le place entre ses fesses. Elle descend sur moi, se sodomise avec ma verge distendue. Elle ne prend pas non plus de précautions, va fort et longtemps comme les deux autres, accroupie sur ma bite douloureuse. Mais j’aime ce qu’elle me fait : son cul me tient bien et presse mon vit sur toute sa longueur. Je fixe les ombres au plafond, y vois des visages et oublie le temps. Les deux autres, rhabillées, sont au pied du lit et la dévisagent. Alexandra se caresse très vite, un seul doigt sur le pubis. Je donne des coups de reins à la vieille femme qui remue fort. Elle finit par se spasmer autour de moi et couler sur mes cuisses. Elle s’en va.
Je suis épuisé, je souffre, je l’indique du doigt et dis : « Ca fait mal !» La petite brune a en main une paire de grands ciseaux de couturière. Elle s’approche de ma verge et s’apprête à trancher le ruban. La vue de cet acier aiguisé proche de mes parties m’inquiète, je n’ose le dire. « Attends! » dit la rousse, « Regarde comme elle l’aime … » en montrant Alexandra les yeux écarquillés, qui nous contemple de l’autre lit. La brune hausse les épaules : «C’est l’heure, il le faut bien!
    — Ils se sont bien oubliés, sous la cascade … ils ont vu les esprits», dit la plus âgée. Elle me regarde amicalement : « et il m’a si bien servi ». Puis de ses mains, elle dénoue le ruban, me le donne : « Je te le rends, garde-le c’est le tien, va, rejoins ta femme! ».

Je vais à l’autre lit, délie Alexandra, lui tends son ruban, qu’elle saisit. Je la pénètre, elle est détrempée, et elle jouit aussitôt, je la suis et lâche toute la semence que les trois femmes ont fait monter et emprisonné en moi : c’est une rivière d’amour qui me quitte pour inonder l’utérus de ma bien aimée. « Ce sera un garçon!», dit la femme rousse. Elles nous laissent, nous dormons jusqu’au matin. Au réveil la maison semble vide et nous quittons les lieux.
Dans le petit train qui nous ramène à Bastia, Alexandra somnole sur mon épaule, le ruban rouge en collier. Un veau court sur la voie, devant la rame. Les touristes se pressent pour le voir. Elle s’éveille et me dit : « Je rêvais. Oh mon chéri, comme je t’aime, je t’appartiens!
    — Non, bébé, tu appartiens au soleil, au vent, et à la mer. Tu es la terre. Je t’aime, Alexandra!»
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