C’était un samedi comme les autres pour Martin : réveil sur les coups de 9h, une brève tentative pour se mettre au sport, qui comme d’habitude s’arrêta sitôt la deuxième pompe entamée, et il se dirigea vers la cuisine pour avaler son petit-déjeuner. Vers 11h30, il entreprit de descendre à sa boîte aux lettres voir s’il avait du courrier, et manqua de percuter un carton tenu par une petite femme blonde qui montait les escaliers et qui arrivait au niveau de sa porte : "Ouuups, attention, désolée !" dit-elle en essayant de cacher son visage rougissant d’embarras derrière son carton."C’est moi qui m’excuse, répondit Martin, j’aurais pu vous pousser et ça aurait pu mal finir, ce palier peut-être assez traître.— Vu sous cet angle... Enfin, heureusement rien de tel ne s’est produit, dit-elle en posant le carton devant la porte en face de celle de chez Martin. Elle lui tendit la main : Je m’appelle Justine, et il semblerait que je sois votre nouvelle voisine de palier !— Oh ! Il lui serra la main, surpris par cette nouvelle. Et bien enchanté Justine, et bienvenue, je suis Martin, j’espère que vous apprécierez le quartier. Vous... vous avez besoin d’un coup de main ?— Non, merci c’est gentil mais j’ai demandé à des amis de m’aider, ça devrait aller ne vous en faites pas.— Très bien, en tout cas si vous avez besoin de quoi que ce soit et bien, vous savez où me trouver.— Merci Martin, et désolée pour le dérangement, on va faire quelques allers-retours dans ces escaliers.— Pas de problème !" Dit-il en allant vers sa boîte aux lettres. Pas de courrier pour Martin aujourd’hui. En remontant les marches, il croisa à nouveau Justine qui avait les bras vides cette fois et essaya de lui envoyer un sourire poli, chose qu’il réussit presque. Décidément... déjà qu’il se sentait bête après cette conversation... Oh pas qu’il espérait impressionner sa nouvelle voisine avec son charisme rouillé, mais c’était dur de faire plus insipide comme conversation de bienvenue... Mais si en plus il avait du mal à lâcher un sourire, il allait vraiment falloir sortir un peu plus de sa tanière pour renouer avec la société. Enfin, sortir et renouer avec la société serait un problème pour Martin du lendemain... Ou de la semaine prochaine, rien ne presse après tout... La journée fut longue et ennuyeuse, rythmée par les allers-retours de Justine et de ses amis dans les escaliers de leur vieil immeuble. Lorsque la soirée arriva, Martin pouvait entendre sa voisine et ses amis célébrer la fin de l’emménagement à travers le mur de sa chambre. Sans doute avaient-ils commandé des pizzas et ouvert un pack de bières... Le truc classique après une journée à transporter des cartons. En tout cas, quatrième étage sans ascenseur oblige, tout ce petit monde devait être bien fatigué car passé 21h30, Martin entendit des gens parler sur le palier et plusieurs personnes qui semblaient descendre. Enfin un peu de tranquillité. Martin entreprit de se coucher, lorsque la sonnette retentit.Non sans lâcher quelques jurons jusqu’à la porte d’entrée, il alla voir qui pouvait bien sonner à cette heure-ci."Rebonjour Martin, enfin bonsoir, j’espère que je ne vous dérange pas...Justine se tenait devant lui, toujours en tenue de déménagement avec son t-shirt et son pantalon de jogging amples. — Heu non... Non, vous avez besoin de quelque chose ?Bravo Martin, quel tact ! Se dit-il.— Eh bien c’est un peu gênant mais il semblerait que le ballon d’eau chaude ne marche pas du tout... Et heu... Enfin ça me rendrait vraiment service si je pouvais emprunter votre douche.Plus elle s’approchait de la fin de la phrase et plus elle semblait rougir de honte tout en regardant par terre en essayant de se cacher derrière quelques-unes de ses mèches blondes qui se sont libérées de l’élastique qui les retient en queue-de-cheval. Elle prit alors une grande inspiration et fixa Martin de ses yeux bleus.
Comment lui résister ? Elle avait passé sa journée à transporter des cartons et sentait un peu le fauve, Martin ne pouvait que le constater... — Ben écoutez, je ne vois pas comment je pourrais vous refuser cela, ça devrait vous relaxer après cette journée. Vous avez ce qu’il faut à portée de main ou vous voulez que je vous prête une serviette ?Mais non ! Sombre idiot, ça fait des semaines que tu dois lancer une machine, tu ne vas pas lui prêter une vieille serviette qui schlingue ?! Se réprimandait-il intérieurement. — J’ai ce qu’il faut, je vais retrouver le carton ne vous en faites pas je repasse d’ici cinq minutes. Merci Martin, vous me rendez un énorme service !" Elle se dirigea allègrement vers son appartement. Martin laissa la porte d’entrée entrouverte..."Et merde !" Lâcha-t-il en se rendant compte que son appartement était dans un état lamentable... Il se mit à tout entasser dans divers coins frénétiquement, attrapant à la volée un magazine porno qui traînait sur la table basse du salon, des t-shirts envoyés ci et là, des sacs-poubelle qui traînaient un peu partout.Il se dépêcha de faire un brin de rangement dans sa chambre puisque Justine devrait y passer pour accéder à son coin douche. Car on pouvait difficilement parler d’une salle de bain : déjà il n’y avait pas de porte dans l’encadrement, ensuite il n’y avait qu’un lavabo face à une cabine de douche, à peine assez d’espace pour se retourner entre les deux. Justine revint en poussant la porte de chez Martin."Me revoilà ! Elle avait les bras chargés de ses serviettes, son gel douche et son shampoing.Martin jeta ce qu’il avait dans les bras derrière son lit, dans un coin où Justine ne devrait normalement pas regarder en allant dans à la douche.— Ah, je heu... rangeais quelques bricoles, veuillez excuser le désordre.— Ne vous inquiétez pas, vous me prêtez votre douche, je ne vais quand même pas jouer la police du ménage chez vous.— J’espère bien, sinon j’aurais une amende bien salée à payer. Haha...Enfin bref, la douche est derrière la chambre.— Exactement comme chez moi, je vois qu’on a vraiment des appartements symétriques.En arrivant dans la chambre de Martin elle constata : Ah, on dirait que nos chambres sont mitoyennes. C’est bon à savoir, j’éviterai de faire trop de bruit si je regarde un film sur mon PC portable. Martin lui indiqua la douche.— C’est ici, je vous laisse un peu d’intimité.— Merci encore Martin." Il sortit de la chambre et se posa sur le canapé. Il entendit l’eau de la douche couler, et une agréable odeur de gel douche commençait à flotter dans l’air. Un gel douche qu’il n’avait pas l’habitude de sentir, quelque chose de fruité et plus féminin que celui qu’il utilise depuis des années. Depuis quand n’avait-il pas senti une odeur similaire ? Il fut sorti des souvenirs de sa vie passée avec son ex par une question que lui posait Justine :"Cela fait longtemps que vous habitez ici ?— Hein ? Heu un peu plus de 10 ans.— Et vous... eul depuis... ?— Attendez je n’entends pas très bien avec l’eau qui coule je me rapproche un peu.— Pas de coup d’œil hein ? Dit Justine sur le ton de la plaisanterie.L’idée n’était pas passée par la tête de Martin... Enfin du moins, jusqu’à ce que Justine ne la lui mette en tête. Depuis quand n’avait-il pas contemplé le corps d’une femme nue ?— Non, ce n’est pas le genre de la maison, la rassura-t-il en s’arrêtant devant la porte de sa chambre, vous disiez ?Plus de 10 ans... Plus de 10 ans que son ex l’avait quitté car il l’avait trompé. Et pas juste avec une femme. Non, Martin était du genre collectionneur à une époque, mais ça, c’était avant d’être privé de la seule femme pour qui il avait eu des sentiments...— Vous vivez seul depuis tout ce temps ?Retour à la réalité.— Oui... soupira-t-il, mon ex m’a quitté il y a une bonne décennie et j’ai atterri dans cet appartement car il n’était pas cher et proche de mon travail.L’odeur du gel douche, la vapeur d’eau qui se baladait partout dans l’appartement, l’idée de jeter un œil indiscret, pas longtemps, à travers la porte de la chambre, il y avait un angle duquel on pouvait apercevoir le miroir au-dessus du lavabo. Ce miroir qui permettrait de voir ce que cette petite blondinette cache sous ses vêtements amples.— J’en suis désolée, je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas."Putain c’est n’importe quoi" se disait Martin. Il commençait à avoir une érection juste à l’idée d’essayer de regarder dans ce miroir... Et si elle y faisait face ? Elle le remarquerait directement...— Bof, vous savez, c’était il y a longtemps, tout cela n’a plus vraiment d’importance.Et puis merde, Martin se cala contre le mur et décala légèrement sa tête pour regarder dans le miroir. Justine lui tournait le dos, la buée sur le miroir l’empêchait de tout voir de façon nette, mais, il pouvait au moins distinguer que Justine avait une silhouette fine. L’eau s’arrêta et le cœur de Martin fit un bond dans sa poitrine quand Justine se retourna. Mais il ne voulait pas décoller son regard du miroir. Il bandait maintenant comme un âne et se collait contre le mur pour essayer de calmer ses ardeurs. La buée sur le miroir devait empêcher Justine de le voir en train de l’épier. Elle était sortie sans mettre de serviette autour d’elle et s’approchait du miroir. — Ouf ! Ça fait vraiment du bien, j’ai presque fini Martin, je vais vous rendre votre tranquillité. Martin eut le temps de voir la couleur de ses mamelons et s’apprêtait à se cacher avant qu’elle ne se rende compte qu’il l’épiait depuis un petit moment, mais il la vit, de dos en train de prendre une serviette pour retirer la buée du miroir. Un dernier coup d’œil, rapide... Pour voir nettement ses seins dans le miroir... — Prenez votre temps. Il fut exaucé : d’un coup, Justine retira la buée et Martin put apercevoir la jolie poitrine de Justine, sa peau blanche et ses mamelons roses. Il resta à les contempler peut-être une seconde de trop car il vit Justine plisser les yeux devant le miroir. Il retira sa tête aussi vite que possible et sentit son cœur battre à toute vitesse. Il avait la bouche sèche, le cœur qui palpite et une érection comme il n’en avait pas eu depuis des années.Mince, l’avait-elle vu ? Elle ne semblait pas car elle ne fit aucune remarque. Il coinça son sexe dans l’élastique de son pantalon de jogging pour éviter que Justine ne remarque la bosse qui s’était formée. Elle sortit de la chambre, une serviette autour de son corps, une autre sur les cheveux. "Je sais que je n’arrête pas de le répéter mais encore merci Martin. Je rentre me sécher les cheveux et me faufiler sous la couette. Pour vous remercier, que diriez-vous de passer prendre un apéritif chez moi demain ?— Pourquoi pas ? Je n’ai rien de prévu donc ça me convient.— 19h ?— Adjugé !— Eh bien bonne nuit et à demain."Elle lui décocha un sourire. Pas un sourire pour le séduire, mais qu’importe, cela faisait vraiment longtemps qu’il n’avait plus eu de vrai contact avec quelqu’un et cela lui fit chaud au cœur. Il n’en pouvait cependant plus de bander comme un âne et alla calmer son ardeur. Avant d’aller se coucher, Martin s’examina longuement dans son miroir... Il passa sa main sur les vestiges de sa chevelure d’antan et lorsqu’il claqua son ventre il se dit : "Ouaip, ben va falloir faire quelque chose de tout ça..."
