Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 9 J'aime
  • 7 Commentaires

Lettres à Arthus

Chapitre 3

Erotique
Monsieur ArthusChemin des Arpents59000 Lille

Florac, ce 1er Novembre.

Monsieur,  

     Mon âme est en tourment. Depuis que le chemin de ma vie a croisé le vôtre, j’ai le sentiment d’être incessamment envahie par l’irruption de votre pensée. C’est au point que je peine désormais à me dénuder pour le bain, quand bien même je me trouve seule et sans aucun mâle regard pour convoiter ma nudité.
     Tenez, il y a un instant encore, je m’apprêtais pour descendre à la ville tout à l’heure, et il fallut bien me résoudre à me baigner avant que de sortir. D’ordinaire, l’érection du paravent que je déploie devant la baignoire suffit à m’en convaincre, mais quoique je ne sentisse pas ce jour aucune paire d’yeux pour léser ma peau de nulle caresse volée, il me fut impossible pourtant de me dévêtir ; et ce n’est qu’une fois immergée dans l’eau chaude et cachée sous l’écume de savon, que je pus me laisser aller à ôter un négligé, qui, pourtant, ne me voilait à personne...     Mais qu’importe. La chose est faite, ma pudeur est consolée, et je suis désormais plus à mon aise pour pouvoir vous y faire cette lettre. Mon mari a façonné la planche qui porte l’écritoire sur laquelle je vous écris, disposée en travers de la cuve. Si la blancheur virginale du papier n’était pas si prompte à mentir, elle vous refléterait mon état présent, en se teintant de rose...

     Il faut cesser de me hanter, Monsieur Arthus. Quand je songe à notre dernière entrevue – et j’y songe plus souvent que de raison – mes joues s’empourprent, au parfum de l’herbe mouillée qui me ressouvient.  

     Pardon, j’ai du laisser la plume un instant, le temps de combler quelque besoin. A présent je suis calmée, et je vous reviens...

     Ma gratitude vous revient de même, pour deux joies que je vous dois. La première, je la trouve dans la sérénité que j’ai de me sentir si à l’aise avec le contenu de mes lettres, non pas tant parce qu’elles sont permises par mon mari, mais parce que je vous suis reconnaissante d’user d’expédients forts discrets pour que nous puissions nous échanger ces courriers : votre envoyé est très courtois, et je ne puis que me réjouir de l’attachement qu’il vous témoigne, en me remettant toujours vos lettres bien cachetées, sans que jamais je n’eusse à me plaindre ni d’un mot fort de sa part, ni d’un doute à son endroit, en ce qui concerne le secret de cette correspondance, tout comme son contenu.     Qu’adviendrait-il de moi si la teneur de mes mots venait à tomber entre des mains mal intentionnées, ou pire, s’ils étaient lus par des yeux étrangers et indiscrets !  
     Mais il faut vous dire sans tarder, car l’heure avance, la raison principale de la déférence que je vous ai. J’ai eu tant de bonheur dans votre revoir à Pierrevaux ! N’est-ce pas que le ténor avait de quoi réjouir nos âmes par nos oreilles ?     Pardon de prendre un instant du peu de temps dont je dispose pour le faire, mais je dois vous entretenir des myosotis. Vous en aurez vu, je ne l’ignore pas, le dessin gravé sur ma cheville, parmi d’autres fleurs...  Savez-vous que celle-ci est ma préférée ? C’est celle que l’on offre lorsqu’on veut dire : "Ne m’oubliez pas." Or, savez-vous aussi combien cette fleur est parmi les plus petites, les plus insignifiantes, dans les jardins ?C’est à cette taille, et à leur préférence, que vous devez le fait de la mésaventure qui nous survint, après le concert...

     Oh ! Monsieur ! Vous connaissez pourtant bien, maintenant, mon besoin continu de grand air et d’être dans le dehors ! Alors pourquoi, lorsque j’étais à genoux dans l’herbe, avec l’idée de m’en faire un petit bouquet, m’avoir adressé ce regard-là ?     Est-ce ma faute, si vous vous êtes approché ? Ma faute, si je ne vous ai pas entendu venir, trop absorbée par ce que je chantonnais ? Non, je n’ai pas gardé mon regard sur vos pieds. Mais c’est parce que ce jour-là vous étiez chaussé comme mon homme...! Et ce n’est qu’un élan d’amour naturel, qui m’a fait lever mes yeux, en parcourant ce corps de bas en haut.     Lorsqu’ils se sont arrêtés sur votre visage, malgré le contrejour, j’ai bien compris ma méprise. Pourtant, vous êtes demeuré, et vos yeux, vos yeux... ce sont eux qui m’ont retenue. A eux la faute... Et au pas que vous fîtes, plaçant de fait certaine partie de votre stature à hauteur de mon visage.

     Je vous promets que lorsqu’il vint soudainement, tournant l’angle du chemin derrière moi, j’ignorais que mon mari fut dans le parc. Je l’avais laissé à sa conversation, un quart d’heure plus tôt, dans le petit salon.     Or, je m’attendais à tout sauf à cela... L’incongruité de la scène... Ce qu’il allait penser de moi... Les circonstances fortuites de la réalité de cet instant... Et contre toute attente, le sentir, l’instant suivant, juste derrière moi, tout contre moi, moi qui voulus naturellement me relever, lui qui fit peser sa main sur mon épaule, sans une parole, me maintenant de douce autorité, agenouillée malgré moi devant vous, tandis qu’il vous serrait cordialement la main.       Si j’ai baissé mes yeux, vous vous doutez bien, ce n’était pas contre vous... Mais à ce moment, je ne sus que faire de moi-même, de mon propre corps... Jamais encore je ne m’étais sentie investie de ce sentiment-ci. Alors j’ai baissé la tête, certainement pour trouver une échappatoire, spirituellement j’entends, puisque physiquement, cette éventualité m’était hors d’atteinte. Et elle me le fut d’autant plus lorsque, tout à votre rencontre avec mon mari, vous me fîtes sentir la douceur de vos doigts sous mon menton, dans ce geste sans mots, pour me faire relever ma tête, et vous regarder encore dans les yeux, mes yeux à moi juste devant votre...

     Pourquoi, Monsieur ? Pourquoi un tel accident, qui eût du me faire ressentir tout sauf cela, me fit connaître à la fois la lumière de l’émerveillement, comme aussi celle de l’évidence...?
     Aidez-moi, oh ! je vous en supplie ! Je suis emplie de l’ombre de l’incertitude, et mon mari se tait sur ce que vous vous êtes dit ensuite, lorsque la survenue de Madame de Pierrevaux vous a poussés à vous écarter discrètement, et moi à me relever, écarlate, pour la suivre au verger. Je rends grâces à Dieu qu’elle ne nous ait pas vus, et je vous saurais un gré tout aussi fort, si vous vouliez bien éclairer de votre réponse cette ombre épaisse où je me tiens troublée, et où je demeure dans cette attente, Monsieur,
toute disposée à vous servir.
Azilis.
Diffuse en direct !
Regarder son live