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Mad

Chapitre 15

Trash
Chapitre 15 : L’échange

La voiture du capitaine Jyrall continue de rouler à toute allure en direction de la ville de Montausin. Les flics ne semblent pas les avoir suivis – du moins pas à courte distance – mais les deux hommes ne seraient pas étonnés si on leur disait qu’ils sont sur leurs traces.
— On devrait pas changer de voiture ? En voler une, histoire de brouiller les pistes si quelqu’un nous suit ?— Nous n’avons pas vraiment le temps de nous arrêter pour en chercher une, répond Jyrall. Et puis, combien de temps avant que la victime ou un témoin n’appelle la police et donne le signalement du véhicule volé et le lieu du vol ? On aurait perdu du temps pour pas grand-chose au final.
Les panneaux de Montausin, éclairés par les phares du véhicule, indiquent qu’ils sont proches de leur objectif. Plus que quelques kilomètres avant de revoir sa fille. Jyrall espère de tout cœur que rien n’est arrivé à Fanny. S’il lui arrivait le moindre mal, il pourrait difficilement s’en remettre.
— Rends-moi mon arme, maintenant, demande Jyrall à Aymeric.— Vraiment ? Si Mad vous sait avec une arme, elle risque de paniquer et de faire une bêtise.— Tu penses vraiment que je vais la laisser s’enfuir une fois que j’aurai récupéré ma fille ? Je planquerai mon arme sous mes vêtements. Tu m’as bien affirmé que tu m’aiderais à retrouver ma fille et capturer Madeline Kalst ? Tu n’auras qu’à affirmer m’avoir vu balancer mon pistolet par la fenêtre de la voiture.
Aymeric hésite mais finit par accepter de remettre l’arme au capitaine Jyrall. « Bien ! Me voilà un peu plus rassuré avec une arme sur moi. Finalement, ce monsieur Dumas était peut-être vraiment sincère quand il affirmait vouloir m’aider à arrêter Madeline. »
La voiture longe maintenant la ville de Montausin et se dirige vers la périphérie Est afin d’atteindre l’ancienne zone industrielle. Bientôt les premiers bâtiments désaffectés sont visibles. Aymeric reconnaît les lieux : c’est là qu’il s’était battu contre le dealer qui menaçait Mad, celui qu’il avait presque tué. Ce n’est pas si vieux, mais pourtant Aymeric a l’impression qu’il s’agissait d’une autre vie. Il était un autre homme à ce moment-là.
Mad, de son poste d’observation, voit le véhicule s’engouffrer entre les carcasses métalliques. Personne ne semble les avoir suivis ; la voilà satisfaite. Son cœur bat la chamade. Elle a tant hâte de revoir son homme... Ligotée et bâillonnée, Fanny Jyrall est traînée à découvert pour procéder à l’échange.
Le véhicule freine en un instant quand les phares éclairent les deux jeunes femmes. Jyrall se précipite à l’extérieur du véhicule et hurle le nom de sa fille tandis que Mad tient une arme à feu plantée sur la tempe de Fanny. Plus calme, Aymeric sort à son tour.
— Reculez, Capitaine, hurle Mad, ou je lui fais exploser le crâne !— Si vous touchez un seul de ses cheveux... grogne Jyrall.— Taisez-vous, crache-t-elle. Et veuillez déposer toute arme à terre.
— Je n’en ai aucune, bluffe Jyrall, je l’ai balancée sur la route.— C’est vrai, intervient Aymeric. Je l’ai vu faire.— Possible, se méfie Madeline, mais j’aimerais que tu le fouilles quand même. Il en avait peut-être une autre cachée sur lui.
Les deux hommes échangent un regard et Aymeric obéit à Madeline en faisant mine de fouiller Jyrall. Mais plutôt que de se contenter d’affirmer qu’il ne trouve rien, il s’empare du pistolet du policier et le planque dans son propre dos. Aymeric étant positionné derrière le capitaine, Madeline n’a rien suivi de la manœuvre.
Voilà Jyrall inquiet. D’un côté, Aymeric Dumas ne l’a pas balancé ; mais d’un autre, il lui vole son arme. Qu’a-t-il vraiment derrière la tête ? Souhaite-t-il toujours l’aider à récupérer Fanny et à capturer Madeline Kalst ? À moins qu’Aymeric n’ait jamais eu l’intention que cette dernière soit emprisonnée ; il souhaite peut-être plutôt en finir lui-même, se venger une fois pour toutes de tout le mal qu’elle lui a fait.
— J’ai tenu ma promesse, reprend Jyrall. Je vous ai ramené votre complice. Libérez ma fille maintenant.
Madeline libère Fanny de toute entrave avec l’aide d’un poignard.
— Papa ! hurle-t-elle, apeurée. Je suis tellement désolée... Je ne savais pas et...— Ce n’est rien, la rassure le capitaine. Tout est fini, maintenant, je te le promets.
Avant que Madeline accepte de relâcher Fanny, Aymeric s’avance vers elle, guettant la meilleure occasion pour agir. Fanny est prête à se précipiter à son tour vers son père mais Mad la retient en la menaçant toujours de son revolver. Inquiet, Jyrall serre les dents. « Pourvu qu’elle tienne parole... » Aymeric observe la situation d’un œil curieux.
— Relâchez-la maintenant : je vous ai remis votre complice comme convenu.
Mais Mad a prévu un autre plan. Depuis le temps qu’elle garde la main sur Fanny, elle ne compte pas laisser sa proie partir comme ça ; elle compte jouer encore avec la jeune étudiante en art. Elle remet le poignard à Fanny.
— Je t’ai appris à survivre, lui murmure-t-elle à l’oreille. Voici venue l’heure de ta dernière épreuve : je veux que tu tues ton père. Il ne me laissera jamais tranquille. Débarrasse-moi de lui !— Quoi ? panique Fanny. Je... je... j’en suis incapable.
Madeline recule de plusieurs pas et pointe son revolver en direction de Fanny d’un air menaçant. La jeune femme tremble et pleure, implorant Madeline de ne pas la forcer à éliminer son père. Jyrall observe la situation, impuissant. S’il tente la moindre manœuvre, il les fera tuer toutes deux à coup sûr.
— Tue-le ! vocifère Madeline. Tue-le ou c’est toi qui mourras !— Je suis prêt, lâche Jyrall, désespéré. Si c’est la seule façon que tu survives, vas-y, ma chérie, tue-moi.— Non, papa, pleure Fanny, je ne peux pas... C’est impossible.
Ayant assez observé l’évolution de la situation, Aymeric se décide à agir. Il pointe à son tour l’arme de Jyrall vers Madeline et lui ordonne de baisser son arme. Voilà un retournement de situation qui redonne l’espoir au capitaine de police. Finalement, Aymeric semble tenir parole.
— Que fais-tu, Amour ? s’étonne Madeline. Cet homme s’obstinera à nous empêcher de vivre ensemble.— Lâche ton arme ! répète-t-il d’un air menaçant. Personne ne mourra ce soir.
Madeline essaye de lire dans le regard d’Aymeric ses véritables intentions. Elle ne peut voir que sa détermination et elle craint que, cette fois-ci, il trouve la force de s’en prendre à elle. Elle obéit donc en déposant doucement son revolver à ses pieds. Satisfait, Aymeric s’avance maintenant vers Fanny et lui prend le poignard des mains.
— Maintenant, tu n’as pas à tuer ton père, lui affirme-t-il avec un sourire chaleureux.
Fanny le remercie du regard. Madeline désarmée, sa fille sauvée, Jyrall se sent enfin rassuré après cet affreux cauchemar. Dans quelques secondes, il tiendra enfin sa tendre et douce fille dans ses bras réconfortants. Il pourra la calmer, lui dire combien il l’aime et la serrer fort contre lui. Il n’aura plus qu’à boucler Aymeric Dumas et Madeline Kalst une fois pour toutes, et cette histoire sera définitivement terminée.
— Veuillez excusez Madeline, Capitaine. La pauvre a eu un passé sombre, et depuis elle est sujette à une violente soif de sang qu’elle doit assouvir. Vous savez, c’est un peu comme ces histoires de vampires, comment des humains lambda peuvent devenir des monstres sanguinaires après qu’un des monstres les a transformés. Ils ne sont plus les mêmes après, provoquant chaos et destructions sur leur passage. Parfois ils tentent de résister à leur plus ardentes et viles pulsions, mais dans tous les cas ils finissent par s’y adonner parce qu’ils sont devenus des créatures de la nuit à leur tour. Ils n’y peuvent rien : ils ont été comme maudits, l’ombre les a envahis, et l’ombre ne peut être retenue prisonnière. Vous savez, c’est ce qui m’est arrivé aussi, Capitaine. Vous avez tenté de m’en empêcher mais vous êtes arrivé trop tard. Quand je pense que si vous aviez fait correctement votre boulot, ma vie aurait été radicalement différente... j’en ai des nausées et soif de vengeance.
Aymeric, le regard noir, agrippe Fanny par le cou, la plaque contre lui et fait danser la lame entre ses doigts d’une façon menaçante. Jyrall hurle un « Non ! » horrifié. Il s’avance d’un pas mais le poignard se dirige dangereusement vers la gorge de sa fille.
— Aymeric, non ! Reprenez vos esprits. Vous vous trompez, il y a encore de l’espoir pour vous, tente-t-il de le persuader. Vous n’avez pas à devenir un assassin. Posez ce couteau.— Devenir un assassin ? Pourtant j’ai déjà tué, fait remarquer Aymeric. J’ai déjà goûté au sang.— Oui, mais Hermann Kalst était un fumier. Ma fille, elle, est innocente. Par pitié, laissez-la partir.— Elle, peut-être, mais pas vous : vous avez échoué à me sauver.— Alors punissez-moi, mais pas elle ! Ne la tuez pas, par pitié...— Rassurez-vous : j’ai affirmé tout à l’heure que personne ne devait mourir ce soir, et je tiendrai ma promesse ; mais je voulais juste vous laisser un petit souvenir.
La suite des évènements, Jyrall la vit dans un état second, se noyant sous une cascade d’horreur. Tout s’enchaîne tellement vite, mais pourtant il a l’impression de vivre chaque évènement au ralenti. D’abord la lame du poignard qui s’enfonce dans la bouche de sa fille, puis Aymeric qui lui découpe une joue, puis l’autre afin de tracer un sourire d’ange ; Fanny, les joues en sang, qui s’écroule au sol en hurlant de douleur. Les hurlements de la jeune étudiante ne font qu’empirer ses blessures. Les mains ensanglantées, elle se maintient les joues. Cette fois-ci, Jyrall, déboussolé, se précipite pour de bon vers sa fille et la prend dans ses bras.
— Salaud ! vocifère-t-il. Tu avais promis que tu m’aiderais !— Si vous pensiez que l’histoire allait bien se terminer, c’est que vous n’avez pas bien suivi.— Je te buterai pour ce que tu as fait, tu m’entends ? Tu me le payeras !
De près, l’horreur de la mutilation est encore plus monstrueuse : deux énormes plaies s’étirent de chaque côté de la bouche de Fanny, lui formant un immense sourire ensanglanté, un ignoble sourire.
— Allons, Capitaine, calmez-vous. Voyez le bon côté des choses : avec un tel sourire, dorénavant vous pourrez renommer votre fille « Funny ». Ha ha ha !
Madeline fait signe à Aymeric qu’il est temps d’y aller. En quelques secondes, le couple a disparu dans la nuit, laissant Fanny et son père seuls avec leur cris et leurs pleurs. Les sirènes de la police résonnent quelques minutes plus tard. La lieutenante Gerald trouve Jyrall et sa fille, puis contacte une ambulance.
À bord d’une vieille Peugeot rouillée, Mad et Aymeric sont déjà à quelques kilomètres de là. Ils roulent en silence le plus loin possible afin de mettre Montausin définitivement derrière eux. Dans le ciel, un fin croissant de lune formant un sourire éclaire faiblement leur passage. Les grands pins se tordent devant eux sous l’effet du vent. Plus d’une heure plus tard, Mad gare la voiture à l’abri des regards derrière une épaisse végétation. Les deux criminels viennent d’entrer dans un petit hameau.
— Il est temps de faire une halte, déclare Madeline, et de nous trouver un endroit où dormir et de quoi manger.— Tu n’avais rien prévu après notre fuite ?— Figure-toi que les évènements se sont enchaînés rapidement. Je n’ai pas eu le temps de faire des repérages. J’avais juste trouvé ce bled sur la carte en espérant qu’on pourrait s’y planquer un peu.
Après avoir observé les différentes maisons, ils en trouvent une qui les intéresse. Située un peu à l’écart des autres, elle ne semble pas très grande mais possède un imposant jardin délimité par d’immenses haies. À l’intérieur, malgré l’heure tardive, la lumière indique la présence d’un jeune homme. À travers la fenêtre du salon, on le voit fixé devant son ordinateur ; plusieurs canettes de bière vides gisent à ses côtés. Une seule voiture garée dans l’allée.
— Je vais entrer, déclare Mad. Je m’assure qu’il n’y a personne d’autre et je l’élimine.— Es-tu sûre ? Il vaudrait peut-être mieux que ce soit moi qui entre.— Non, il sera moins méfiant avec moi.
Aymeric n’avait pas compris le plan de Mad. Lui qui pensait qu’elle allait s’introduire par effraction la voit cogner violemment à la porte. Caché dans des fourrés, Aymeric observe la scène. À l’intérieur, l’homme sursaute et se précipite à la porte. Il ouvre et Madeline commence à le baratiner en jouant la demoiselle en détresse. Après plusieurs minutes, il se laisse convaincre de la faire entrer. Ils discutent ensemble encore un instant dans le salon puis disparaissent dans une autre pièce. Aymeric n’a plus d’yeux sur la situation et commence à s’inquiéter. Si les choses tournent mal, il ne pourra pas venir en aide à Madeline.
Il s’introduit dans le jardin afin de faire le tour et trouver un meilleur point de vue et, peut-être, un endroit par où entrer. Il y repère déjà une grande piscine qui lui rappelle la dernière fois où il avait piqué une tête. Il était parti en vacances avec Clémence et Bruce, et tous trois avaient squatté la piscine de l’hôtel quasiment tout au long de leur séjour. C’était une époque où il était heureux, où sa vie n’était pas partie en lambeaux. Maintenant, tout ça c’est du passé : l’ancien Aymeric est mort, laissant la place à un nouvel être né des cendres de sa combustion.
La lumière est allumée dans la salle à manger à l’arrière de la maison. Aymeric jette un coup d’œil discret pour repérer l’évolution de la situation quand soudain la porte-fenêtre s’ouvre. Mad apparaît et lui fait signe d’entrer. Le jeune homme pénètre à l’intérieur et trouve le corps de leur hôte gisant dans une mare de sang.
— Il n’y avait que lui, déclare Madeline. J’ai vérifié.— Tu l’as tué ? s’étonne Aymeric. Ne pouvions-nous pas plutôt le garder ligoté ?— Il aurait fallu le surveiller. Il serait peut-être parvenu à s’échapper et nous causer des ennuis comme mon père. C’était plus simple de le tuer directement.
Aymeric ne la contredit pas. Il s’étonne lui-même de ne plus rien ressentir devant la mort d’un homme.
— Il y a des restes dans le frigo si tu as faim.— Oui, merci, sourit Aymeric.
En effet, le réfrigérateur renferme un plat de pâtes, quelques tranches de rôti et plusieurs tomates. Voilà de quoi sustenter le couple qui engloutit le tout voracement. Assis l’un en face de l’autre à table, les deux s’observent en silence.
— Tu m’en veux, demande Aymeric, pour ce que j’ai fait à Fanny ? Tu tenais vraiment à elle ?— Non. Si j’ai voulu te la confier la dernière fois, c’était pour que tu puisses libérer ta bête avec elle. C’est ce que tu as fait ce soir. J’ai juste été surprise ; je ne m’y attendais pas.
Après le repas, ils sortent dans le jardin afin de prendre l’air. Madeline, bien qu’heureuse d’avoir retrouvé son Aymeric, paraît plus réservée et distante qu’à son habitude. Son regard sur le garçon a changé ? On y lit toujours le même désir et la même volonté de se donner à lui, mais elle semble maintenant songeuse, intriguée par le nouveau visage du jeune homme. Elle a beaucoup intrigué pour qu’il accepte son côté sombre, mais maintenant elle ne sait plus à qui elle a affaire.
C’est donc Aymeric qui fait, cette fois-ci, le premier pas. Il s’approche doucement et pose une main tendre sur la joue de Madeline, puis délicatement ses lèvres sur celles de la jeune femme. Elle accueille ce baiser avec joie, fondant au contact du jeune homme.
— Merci de m’avoir permis de sortir de prison, murmure Aymeric.— Et merci à toi d’avoir éliminer mon père.— J’ai bien envie d’un bain de minuit : Fanny m’a souillé de son sang, déclare Aymeric.
Aymeric se déshabille. Madeline le regarde faire, intriguée et amusée. Une étincelle crépite dans ses yeux, gage d’un désir en train de naître. En quelques secondes, elle fait de même. Le couple plonge dans la piscine. L’eau est froide mais ils n’en ont cure.
Dans ces eaux ténébreuses, ils se rapprochent l’un de l’autre, s’embrassent et se caressent. Après toutes ces péripéties, voici venue l’heure de se retrouver définitivement. Mad ne sait toujours pas à quoi s’attendre du nouvel Aymeric, mais la passion dont il fait preuve en ce moment lui va à ravir.
— Fais-moi ce que tu veux. Baise-moi, encule-moi, violente-moi ; je suis à toi. Juste, par contre, j’aimerais autant que tu ne me mutiles pas.— Ha ha, rit Aymeric, je n’en avais pas l’intention, rassure-toi.— Si jamais tu en ressens le besoin, continue Mad, nous te trouverons des cobayes pour ça.— On verra...
Il l’embrasse de nouveau, caresse ses seins, sa croupe et son clitoris. Deux doigts plongent dans l’intimité offerte de la jeune femme dont les cuisses enserrent Aymeric, et voilà que Mad se frotte à lui et contre une virilité naissante. Après quelques minutes d’échanges salivaires, Aymeric passe à l’étape suivante. Prenant sa respiration, il plonge sous la surface. Juste après, Mad sent un doux contact sur sa vulve, manquant de la faire défaillir. Une langue habile commence à s’acharner sur ses chairs.
Madeline se laisse aller à ce plaisir que lui procure son amant. Elle ne se souvient plus avec combien d’hommes elle a cru trouver l’amour, ni combien ont péri parce qu’elle s’était trompée ; mais avec Aymeric, elle est sûre d’avoir trouvée la perle rare, l’âme sœur qui la complète. Les évènements lui ont donné raison : à chaque fois il est revenu vers elle, et le voilà maintenant qui lui offre la plus sensuelle et excitante des caresses.
Le garçon met toute sa passion dans ses coups de langue habiles. Elle gémit bruyamment et avance vers l’orgasme, mais il coupe court avant qu’elle ne chute dans ce précipice. Ivre de désir, il s’engouffre en elle et commence à lui faire sauvagement l’amour. Il ne sait pas ce que leur réserve l’avenir mais tient à profiter de chaque moment qui lui reste.
Ils font l’amour comme si aucun malheur ne pourrait plus les séparer. Tous deux se connaissent maintenant bien et savent exactement de ce qu’aime l’autre. Un baiser dans le cou, un mamelon sauvagement mordillé, des ongles qui tracent des longues griffures... Aymeric a repensé des centaines de fois à tous les moments qu’il avait déjà passés avec elle et les a haïs. Les revivre aujourd’hui, ressentir l’odeur de Madeline et sa chaleur irradier, entendre sa douce voix gémir sous ses assauts, tout ça est libérateur. Comment diable a-t-il réussi à tenir si longtemps avant de s’abandonner complètement ? Il a l’impression d’avoir enfin trouvé sa place dans ce long et terrible cauchemar qu’est devenue sa vie.
Leur corps-à-corps bestial les emmène tous deux sur la voie de l’orgasme. La jouissance les prend tous deux au même moment. Leur gorge lâche des cris puissants. Et puis la pression redescend doucement. Enlacés l’un à l’autre, ils reprennent leur souffle tandis que les eaux sombres et froides de la piscine retrouvent leur calme.
— Où va-t-on aller ? Et que va-t-on faire maintenant ? s’inquiète Madeline.— J’y pensais, et je me demandais ce que Fanny savait de la lieutenante Gerald. T’en a-t-elle parlé ?
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