Enzo Marquetti, 60 ans, divorcé, prof d’économie à l’université de Nice souhaitait refaire sa vie. Après avoir vu ces reportages sur les couples mixtes, il allait de surprise en surprise... Comment la beauté fatale de ces femmes berbères avait-elle pu lui échapper ?Il était également (tout à fait inconsciemment) influencé par deux films qu’il avait vus récemment. Le premier s’appelle "Her". Ce film américain montrait un monde dans un proche futur où les personnes seules dans les pays riches "sortent avec un système" autrement dit fréquentent une intelligence artificielle qui leur tient lieu de partenaire. Le sujet de type "science-fiction" ne l’avait pas du tout fait sourire, car il avait en quelque sorte déjà "donné"... Il avait eu l’an passé une "sex friend" anglais et eu une relation virtuelle sur smartphone avec elle, durant plusieurs mois... Son cœur se serra... Tristesse et désespoir de la solitude dans une grande ville. Elle n’avait en tête que le jeu et son plaisir. Et un jour elle l’avait éconduit, tout simplement. Logique. Désespérant.L’autre film qui l’avait fait pleurer, mais de joie cette fois, c’était un film australien nommé "Lion" qui raconte l’histoire d’un enfant hindou, qui s’est perdu à 1600 km de chez lui, interné dans un orphelinat il est adopté par un couple d’Australiens qui veulent aider le tiers-monde à travers leur parentalité. Enzo avait versé des larmes lorsque Saroo devenu adulte retrouvait enfin, par miracle, sa mère génétique. Lors des retrouvailles, la chaleur de ces gens, leur candeur et leur humanité l’avait atteint. Ils n’avaient presque rien pour vivre et pourtant c’était eux qui incarnaient l’humanité, la gentillesse, le courage et l’honnêteté. La vanité et l’égocentrisme des Occidentaux lui étaient soudain apparus comme une évidence. Il avait reçu une gifle en pleine face. Avec ses presque 4000 euros par mois, son grand appartement vide à Nice, sa Mercedes neuve dans son garage sous-terrain et son plan d’épargne retraite bien garni, il s’était senti d’un monstrueux égoïsme !Il parcourut rapidement l’interface du site de rencontre que le forum sur les couples mixtes affichait en bannière publicitaire. Les présentations des pseudos qu’il lut lui apparurent plutôt encourageantes, mais il les trouva stéréotypées et prudentes. Les postulantes affichaient parfois des photos, mais dans l’ensemble, les femmes semblaient abriter leur identité soigneusement. Probablement craignait-elle l’opprobre de leurs proches pour avoir l’outrecuidance de vouloir refaire leur vie ? A moins qu’elles ne fuient le harcèlement d’une gens masculine affamée ? Et pourquoi pas un peu des deux ?Sur les portraits visibles, les visages étaient plutôt ingrats pour une bonne partie. Il commençait à déchanter et revenir à la (dure) réalité. D’ailleurs bon nombre de ces femmes avaient déjà un ou plusieurs enfants à charge, ce qui compliquait encore les choses. Même au Maghreb, le divorce est devenu à la mode... Ses épaules tombèrent de découragement après tant d’espoir. "Qui ne tente rien n’a rien"... Il soupira et sortit sa carte gold. Il s’inscrivit pour deux mois moyennant 50 euros, ce qui lui parut honnête. Il choisit un pseudo avec un prénom italien qui lui rappelait ses origines mais aussi un peu son fils: essayons "Théo", adjoint d’un 06 pour les Alpes maritimes. Il sourit, ce pseudo était "libre". Ensuite Théo-06 rédigea une présentation sobre: — Français de 60 ans, esprit ouvert, sens de l’humour, sportif, résidant sur Nice, cherche relation sérieuse en vue mariage, avec une femme de préférence sans enfant, entre 35 et 50 ans. Il cocha un certain nombre de cases supposées permettre de détecter les points communs et les centres d’intérêt avec une éventuelle prétendante, puis ajouta non-fumeur, boit occasionnellement, aime les animaux. Une relecture rapide. Il ajouta une photo vieille de deux ans par coquetterie masculine et enfin il valida. Instantanément, il eut accès aux critères de recherches et put lister une douzaine de profils qui correspondaient à la cible espérée. A chacune il écrivit le même court texte copié-collé, employant le vouvoiement dans un Français simple et intelligible. "Bonjour, je me permets de vous écrire car votre profil semble correspondre à ma recherche. En espérant une réponse de votre part, très cordialement, Théo-06"Le jour commençait à décliner, et Enzo se rendit compte qu’il avait passé la journée complète sur son écran. Il s’étira, mit la tablette en veille et fila se raser et se doucher. Il s’habilla (enfin !) prit sa veste et sortit pour marcher jusqu’à la promenade des Anglais. L’air de la mer lui fit du bien, il se sentait vivant. Une jeune femme était accoudée à la rampe et regardait la mer. Il lui sourit, mais elle détourna le regard avec un air dégouté. Alors il se sentit moins vivant et beaucoup plus vieux. Décidément, il lui fallait vraiment chercher ailleurs...Il rentra vers 22h après avoir soupé dans une brasserie avec vue sur le port. De retour chez lui, Enzo se déshabilla en vitesse, attrapa son Macbook et s’allongea sur son lit en slip. Déception. Sa boite "Théo-06" n’avait reçu aucun message. Son profil avait pourtant eu une vingtaine de visites !Dépité il éplucha ses mails puis supprima ses spams. Il parcourut ses applis... Et ouvrit des conversations brulantes en anglais échangées l’an passé sur "hangouts" avec Mary... Le désir le prit et il sentit son bas-ventre le démanger. Il commença à se stimuler le sexe. Mary avait souvent le rôle dominant et lui donnait des instructions salaces. Parfois ils échangeaient les rôles, mais plus rarement. Dans cette conversation, elle lui demandait de mettre son plug anal et de se masturber face à son smartphone en position "enregistrement de video". Enzo qui dormait nu, ouvrir son tiroir de chevet et sortit l’objet en plastique qu’il suça. A genoux sur le lit il le plaça dans son rectum, constatant que son anus avait gardé sa souplesse. Il astiquait son membre avec vigueur tout en relisant les injonctions excitantes de Mary. "Go on my Pet, you are my sub dog, you will cum, honey. NOW !" (Vas-y mon jouet, tu es mon bon chien, tu vas jouir... MAINTENANT !) Il fut pris d’un frisson et, bien éduqué, éjacula dans un râle. Enfin libéré de ses tensions internes, il éteignit la lumière et s’endormit instantanément. La semaine suivante s’écoula très rapidement: ses étudiants révisaient pour leur examen et ils buvaient littéralement ses paroles dans amphithéâtre de la fac. Le paradoxe de Léontiev ainsi que les accords de Bretton-woods n’auraient bientôt plus de secret pour eux... Vendredi soir arriva vite. Enzo était délicieusement fatigué. Il parqua sa Mercedes impeccablement, puis prit l’ascenseur, pour une fois.Rentré dans son douillet appartement sur le coup des 19h30, il décida de se faire livrer une pizza avec une nouvelle appli installée la semaine dernière. Il mit le couvert, réceptionna la boite chaude et odorante avec appétit et s’installa sur sa terrasse avec sa tablette.Il songea amusé que c’était bien LE seul privilège des célibataires: faire autre chose, égoïstement, tout en mangeant. Surprise ! Il avait reçu 14 messages ! Soudain fébrile, il se hâta d’ouvrir son compte... Las. Sept d’entre eux étaient visiblement "bidon" tellement les textes semblaient sortis d’un roman à l’eau de rose dans un Français vieillot, et illustrés de photos qui semblaient issues d’une revue de mode tant l’éclairage et les visages étaient parfaits. Enzo savait que de nombreux sites trichaient en envoyant de fausses candidatures... Comme ces sites russes qui vous inondent de femmes sublimes et... fictives.Il était vraiment déçu. 50 euros pour ça ! Quatre autres étaient des refus polis à sa prise de contact, ça c’était plus vraisemblable et il fallait s’y attendre. Car les préjugés s’exercent aussi dans l’autre sens, il ne faut jamais l’oublier. Il ne restait plus que trois messages dignes d’intérêt. L’un émanait d’une certaine "Asmaa83", l’autre d’une "Lina_20020" et le dernier de "SamiraNama". Enzo examina leurs profils d’un cœur battant. Lina avait mis une photo, elle avait 42 ans, des cheveux courts et un regard franc, avec peut-être un petit quelque chose de provocant dans la forme des lèvres. Elle résidait à Casablanca et demandait à Enzo de rejoindre "Whattsup" afin de lui envoyer une invitation au même pseudo pour pouvoir se parler. Il fit la moue.Asmaa quant à elle résidait à Alger, et le remerciait pour son message. Elle avait 35 ans, était divorcée sans enfant, elle travaillait. Sa réponse se terminait par une question. Pas mal. SamiraNama avait répondu quelques mots pleins de fautes d’orthographe et sa phrase n’avait pas de verbe, Enzo eut du mal à en reconstituer le sens. Dommage.Le cœur battant, il entreprit de répondre soigneusement à chacune d’elles. Puis il mit la tablette en veille, et fonça à la salle de bains. Quelques minutes plus tard il était au lit mais eut beaucoup du mal à trouver le sommeil.Au milieu de la nuit, il était à nouveau sur cette plage, Asmaa (oui, c’était elle !) tenait sa main, parfois ils s’arrêtaient pour s’embrasser. La jeune femme n’avait pas encore 40 ans, elle était toute menue, et avait des traits fins. Elle avait surtout un désir sauvage d’homme qui palpitait dans ses veines. Elle se serrait contre lui et frottait son ventre contre sa verge toute dure. Il fondait devant ce sourire si innocent et enjôleur à la fois. Au loin des chameaux paissaient sur la dune. Il n’y avait pas âme qui vive. Elle l’entrainait par la main et se couchait sur le dos... Il se mettait à quatre pattes et embrassait son sexe chaud sous sa robe ample. Puis elle enlevait son slip et plaquait son visage contre elle, jouissant à plusieurs reprises au contact de son nez et de sa langue. Ils faisaient ensuite l’amour couchés sur les herbes sèches. Enzo s’éveilla soudain alors qu’il venait d’atteindre l’orgasme, ses draps étaient tout mouillés. Il était sous le choc de cette vision.(A suivre, si vous en avez envie ?)
