Lydie, qui ne sait si elle doit être offusqué ou excitée, décide de partir, « Mieux vaut ne pas insister ». Elle suspend néanmoins son pas le temps de prêter oreille à la conversation qui s’ouvre entre les deux femmes et dont elle semble la cible ; Isabelle a du venin dans la voix :— « Dis, ta copine Lydie c’est un vrai boulet cette fille ! », ricane-t-elle — Elle n’a jamais été ma copine, tu sais, répond Mélanie,... ...enfin pas vraiment... J’aime à le lui laisser croire. Elle sort avec mon ancien petit ami et je suis certaine qu’elle est encore jalouse de notre relation. Où elle n’a pas tort c’est que je ne me gênerais pas pour foutre le bordel dans sa vie si tel est mon plaisir. Mélanie appuie cette dernière phrase d’un rictus qui déplait plus encore à Lydie que le propos lui-même.— A te voir si belle on en oublierait que tu es une garce ! S’amuse IsabelleMélanie se déchausse alors de ses escarpins et commence à masser les gros seins pointus d’Isabelle avec ses pieds nus. — Moi je crois qu’elle va nous attirer des ennuis, elle est trop fragile ta copine ! Il faut nous en débarrasser au plus tôt ! (Elle s’agite tout en lui demandant de continuer d’une de plus en plus voix chevrotante)— Tu veux dire la tuer..., s’étonne Mélanie, très peu surprise en fait tandis qu’elle continue à triturer le clitoris d’Isabelle dont les seins se durcissent à l’envi.— Quoi d’autre, l’endroit est idéal. En plus, réfléchis, c’est une part en plus du butin qui trouve à s’installer dans notre poche.— Je suis d’accord à la seule condition que tu me laisses m’en occuper.— Que comptes-tu faire ? s’interloque soudain Isabelle dont le visage se marque maintenant de légers spasmes qui sont autant de stigmates signalant une excitation intense.— J’ai mon idée : imaginons que demain sous le couvert d’une visite du château un événement malheureux survienne...— Toi, je sais ce que tu vas me dire...— Il y a une tour qui donne tout entière sur un précipice : une chute est si vite arrivée...Lydie enrage d’entendre ça. Elle d’habitude si gentille et dont on a toujours eu à vanter la courtoisie et la richesse du cœur se voit maintenant assaillie d’idées de meurtre corrélatives à sa colère. Les images lui viennent, burlesques pour la plupart. Ainsi, imagine-t-elle Isabelle et Mélanie liées à leur lit et proposant leur postérieur à diverses tortures et plus encore à sa vengeance...Dehors le jour vacille, la pénombre déborde. Des pans entiers de nuit s’épandent sur le petit cimetière bordant le château. L’air semble immobile. Le froid culmine au portique des bois, un froid si proche du sépulcre qu’on le dirait de pierre. Bientôt, un bruit de carriole se mêle au vent mais Lydie ni Mélanie et encore moins Isabelle qui n’en peut plus de jouir ne peuvent l’entendre. Un vertige s’empare de la nuit qu’éclairent juste quelques bougies et le silence est un invité bavard que l’on entend que trop. Quand Lydie regagne sa chambre, son regard est éteint et son esprit empli des brumes hivernales de la dépression. Elle s’affale sur le grand lit prise de fatigue et laisse aux heures le soin de rythmer ses rêves. Le noir, bientôt, envahit tout, du salon à l’étage en passant bien évidemment par la cage d’escalier où se tient le portrait de Desmond. Une horloge ponctue la nuit d’un martèlement obscène. Lydie, de temps à autre, s’éveille parcourue d’un frisson. Soudainement alors qu’elle se retourne pour interroger le cadran des heures une surprise et non des moindres l’attend : les bougies se sont allumées sans y avoir été invitées et derrière elles, se dessine la forme oblongue d’un visage, qui ressemble à s’y méprendre à Desmond Nasdady. Il est blafard certes mais gracieux et ses fins sourcils s’ajoutent à ses traits pour donner à son visage raffinement et noblesse. Bien vite une bourrasque de vent fait cependant claquer la fenêtre, soufflant les bougies ainsi que chacun des traits de ce visage qu’elles avaient sorti pour un temps de l’ombre. En même temps des jappements de jouissance lui parviennent à l’oreille, qui émanent de la chambre voisine. « Elles n’arrêteront donc jamais de baiser », se dit Lydie excédée. Ce qu’elle ignore c’est que Mélanie et Isabelle ont été surprises dans leur sommeil par deux ombres qui maintenant honorent leur nudité agissant telles des vagues et parcourant leur corps du lent friselis du plaisir... A peine Lydie s’est-elle réinstallée dans la torpeur qu’elle sent un vent caressant lui courir sur la peau sans se douter qu’il s’agit d’une main dont la douceur n’a d’égale que la blancheur. Son corps lui échappe bientôt à petites doses, le plaisir se plaît au murmure ; Lydie n’ose cependant pas ouvrir les yeux tant sa crainte est grande de ce qu’elle pourrait découvrir. Elle se transforme bientôt en un brasier que seul vient éteindre une petite morsure qui lui marque soudainement le cou et la transforme en une autre : « Luciana enfin je te retrouve... », lance Desmond d’une voix plus proche du chuchotement que de la parole. Ces mots suffisent à Lydie pour retrouver la mémoire, celle-là même qu’elle avait enfouie et qui était demeurée après tant de siècles si vivace, en elle. ...La comtesse Bathory, Desmond ce doux jeune homme trop sensible qu’elle avait rencontré aux champs et puis sa mort en une lente agonie un jour néfaste de février... Deux ombres, entre-temps, sont venues se loger près de Desmond et Lydie n’a nul besoin d’explication pour comprendre qu’il s’agit d’âmes errantes qui n’ont pu se départir de l’endroit d’une mort placée sous le signe de l’agonie. Lydie ou Luciana, une personne est de trop. Aussi Desmond n’a-t-il plus besoin que d’un baiser pour interchanger les mémoires et convaincre la jeune femme de son identité : Lydie est morte, longue vie à Luciana !Isabelle entre à cet instant accompagnée de Mélanie. Les deux femmes ne se sont pas donné la peine de se rhabiller. Isabelle tient un revolver à la main qu’elle fait voyager sur toute l’étendue de son corps au rose patent.— Lydie vient avec nous, on a une vue imprenable à te faire admirer, dit-elle d’un air menaçant et péremptoire. Mélanie à cet instant s’aperçoit de la présence de l’oblongue silhouette de Desmond qu’Isabelle avait ignorée encore trop en proie à son plaisir.— Qui est-ce ? demande-t-elle à Isabelle qui lui répond d’un haussement d’épaule et de ces quelques mots « Je ne sais pas mais on ne va pas tarder à le savoir ». — Qui êtes-vous ?!!Desmond n’attendait que cela pour se retourner et offrir la vision de ses deux canines.— Mon Dieu qu’est-ce que c’est que çà !? hurle Mélanie qui dans l’instant prend la fuite.Isabelle, elle, est demeurée un rien en retrait. Sa voix s’est enrayée tout comme son pistolet dont le tir est demeuré muet. Rasant les murs, elle décide d’une fuite intelligente.Mélanie monte dans la tour poursuivie par celle que l’on ne doit plus nommer Lydie mais bien maintenant Luciana. Une fois au sommet Mélanie verte de peur avance à reculons. — Non ne me fait pas de mal ! crie-t-elle à la jeune femme en laquelle elle a bien du mal de reconnaître son ancienne « amie ».Un pas plus loin et ce sera la chute.Pendant ce temps Isabelle a rejoint sa voiture. Elle n’a pas hésité à abandonner sa complice d’autant plus qu’elle sait que l’argent se trouve bien installé dans le coffre. La jeune blonde s’y installe complètement nue, les seins en cloche et le postérieur à l’air ; elle est excitée comme jamais et quand la peur se mélange à l’excitation l’orgasme n’est jamais très loin. Elle s’empresse d’enfoncer son pied presque nu sur l’accélérateur et démarre en trombe. Cependant une fois encore le plaisir la prend d’assaut dans un de ces moments où s’imposerait la sagesse. Mais cette fois Isabelle n’y est pour rien. N’étaient ces deux ombres, jamais elle n’aurait pensé à jouir en cet instant voué à la fuite. Toute nue dans sa voiture qui semble foncer vers l’enfer, Isabelle, le corps assailli de caresses, frissonne de se voir les seins malaxés comme du simple pouding, animés par une force qui échappe à l’entendement autant qu’à la logique. Une des deux ombres entre-temps s’est attachée à son clitoris. Isabelle jouit bientôt comme une bête avec la voix remplie d’onomatopées licencieuses et sans trop bien comprendre ce qui lui arrive. Son appétit est rose et ses pieds se tortillent dans tous les sens. Soudainement les protagonistes de son plaisir disparaissent comme n’ayant existé que le temps d’un râle……et quand Isabelle porte son regard sur ce qu’il est de plus en plus difficile d’appeler une route c’est pour en constater bientôt l’absence. Le vide se pose sous ses roues, tel un gigantesque vertige. Isabelle tente d’éviter la chute mais en vain. La jeune femme se crispe à son volant. Elle monte sur les freins, et tandis que son visage se ride d’horreur, elle habille une dernière fois sa bouche d’un AAAAAAAA qui pour une fois ne marque plus son plaisir mais bien l’ornement de sa peur. Se barrant le visage de ses mains en ultime geste d’impuissance, elle disparaît avec sa voiture dans le gouffre qui l’avale tel une bouche béante à l’appétit sans fond. Une centaine de mètres plus bas la voiture se ramasse violemment sur les rochers et explose rageusement comme s’il s’agissait d’un gigantesque orgasme de Dame Justice, …quelques billets virevoltent au vent… * Les mois ont passé. Un peu comme le vin qui devient vinaigre et enfin se bonifie, la région a retrouvé une certaine prospérité touristique. Un nouveau mystère s’est investi du paysage et attire les curieux en quête de sensations douteuses. La voiture écrabouillée en contrebas de la falaise n’a pas encore finit de déchaîner les contradictions et la pellicule retrouvée au château maudit de Csejthe, d’où semblait venir la voiture, à l’autopsie n’a donné à voir qu’un superbe cul nu.Si l’on interroge les gens du pays ils vous diront que parfois l’on voit passer, là haut dans la montagne, un homme assez grand tenant par la taille une douce personne. Tout juste derrière, à deux pas, les suit une autre femme qui semble n’être là que pour l’usage. Il paraît que celui qui embrase leur chemin s’expose à la morsure du vampire mais que bien souvent tous trois se transforment en chauve souris - et cela le croit qui veut. FIN