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Minuit à Berlin

Chapitre unique

Divers
Minuit à Berlin :
Charline s’emmitoufla dans la couette, poussant en même temps un gémissement dans lequel étaient mélangées la satisfaction et la somnolence. C’est amusant, se disait Ali en tirant sur sa cigarette électronique, de toutes les femmes qu’il connaissait, Charline était bien la seule que l’orgasme plongeait dans la somnolence. Puis il se fit la réflexion qu’il n’avait jamais connu intimement dans sa vie que trois femmes (sans compter Charline), et que ce n’était pas vraiment un échantillon représentatif de la gent féminine.
Il expira une bouffée de fumée en travers de la fenêtre, celle-ci partit mourir loin dans le ciel étoilé de Berlin. Il posa son regard un moment sur la métropole de l’Europe centrale. Essayant d’imaginer les vies qui pouvaient se jouer dans les appartements dont on percevait les fenêtres éclairées.
Il avait envie d’uriner, mais se retenait, il lui sembla que par cet acte, il briserait le restant de magie qui survivait dans l’instant de l’après-coït. Il sut se contenir un moment, mais finalement, dut aller aux toilettes. Ce n’est qu’en plein dans l’action qu’il se rendit compte qu’il n’avait pas fermé la porte. Il se demanda si c’était le fait d’avoir couché avec la fille qu’il considérait comme sa sœur qui était la cause de cette négligence. Ou s’il fallait y voir une manifestation de son inconscient : un désir refoulé d’exhibition urinaire ? Ou alors désir de marquer le début d’une nouvelle promiscuité, style « On a couché ensemble. Je peux bien pisser la porte ouverte et toi péter dans le plumard !».
Quoi qu’il en soit, ce n’était ni fait ni à faire. Surtout quand on est le descendant de bourgeois d’Alger.
Il sortit de la pièce d’eau, puis posa son regard sur les cheveux roux de Charline. Elle dormait d’un somme léger. Il n’y avait pas vingt minutes, elle était en amazone sur lui, son visage tournait vers le plafond dans un râle de jouissance, tandis que lui se vidait dans son vagin.
Il était onze heures trente.
Son téléphone sonna. C’était sa mère. Oui, Charline allait bien (même si elle avait vécu sa petite mort). Oui, il était heureux de la revoir après trois mois d’absence (surtout pour la voir de si près). Oui, bisou à toi aussi, et à papa.
Il s’assit sur le lit. Ils s’étaient rencontrés lorsqu’ils étaient enfants. Ses parents à lui venaient de s’installer dans une ville dortoir du sud de l’Île-de-France après avoir fui leur pays. Elle et ses parents étaient leurs voisins.Il toucha ces longues mèches rousses, dont il avait respiré à plein poumon l’odeur quelques minutes auparavant. Il avait toujours eu quelque chose pour les chevelures féminines, longues de préférence. Il ne savait pas si c’était une espèce de fétiche, ça avait toujours été là.
Il se leva et alla vers la kitchenette pour se faire un thé. Il ne jugea pas bon de fermer la fenêtre, l’air de cette soirée de mai était suffisamment chaud.Tandis que la boisson infusait, le chant de Noël que James lui avait appris se jouait dans sa tête.
O star of wonder, star of night
Star with royal beauty bright
Westward leading, still proceeding
Guide us to thy perfect light

Frankincense to offer have I
Incense owns a Deity nigh
Prayer and praising, all men raising
Worship Him, God on high

C’était quand même un sacré branleur le James ! Pas foutu de finir un dossier dans les temps. C’était peut-être pour ça d’ailleurs qu’il a fait ses études sup’ en France. Branleur et aussi queutard, à peine lui avait-il présenté Charline qu’il lui tournait autour. Et ça pendant deux ans. Il y en a, on ne les change pas !
Il poussa les papiers liés à l’Erasmus de Charline, ainsi que les six bouquins sur la peinture allemande du XVII siècle. La tasse était encore trop chaude. L’horloge indiqua qu’il était onze heures quarante-cinq.Il repensa à ce qu’il s’était passé plus tôt dans l’heure.Au fond, ça devait finir par arriver. Ils s’étaient toujours sentis attirés l’un par l’autre, et le fait de se considérer comme des amis d’enfance n’était rien d’autre qu’un malhabile moyen de cacher cela.Il y avait probablement un moyen plus civilisé de conclure que de faire l’amour sauvagement sur un matelas d’entrée de gamme, mais...
Le thé était à bonne température désormais. Il le but par petites gorgées, et se décida à aller à la fenêtre afin de profiter du vent nocturne qui venait de se lever.
Il repensa longuement au sourire sur le visage de Charline quand il était en elle. Ce visage qui lui semblait alors planer au-dessus de lui, tandis que lui tombaient dessus de longues mèches rousses.

Il fut sorti de ses pensées par le son des cloches d’une église.
Il était minuit.
Il se demanda ce que faisaient ses parents. Une idée qu’il n’avait jamais eue, soudain, lui vint à l’esprit.Il était minuit pour eux, comme pour lui et Charline.Il était minuit dans l’ancienne capitale des rois de la Prusse, comme dans les banlieues qui enserrent Paris. Il était minuit dans l’ex-RDA, comme en Saxe, en Sarre ou en France. Et dans la péninsule italienne aussi. Et même plus loin encore, à Alger et à Constantine.Il était minuit sur les ergs et les regs sans fin.Il était minuit dans les ports de l’Afrique occidentale et de la Guinée méridionale.Des forêts de conifère de la Norvège, aux forêts sempervirentes du bassin du Congo, il était minuit.
Et pour les hommes et les femmes qui vivaient sur ces terres, il était aussi minuit. Sur toute cette bande de terre qui allait de la Scandinavie à l’équateur, ils étaient des milliers de millions à être unis en cette heure banale, semblable à tant d’autres. Des êtres qui passaient leurs vies à se côtoyer sans se préoccuper les uns des autres, mais qui pourtant vivaient leurs joies et leurs drames personnels en la même heure. Pendant que les fêtards de Berlin dansaient sur les mêmes airs de musique que ceux de Lagos, à Oran et à Marseille des hommes et des femmes rendaient leurs derniers souffles sur leurs lits de mort, pendant que leurs proches, silencieux, confiaient une dernière prière au ciel. Des femmes accouchaient à Copenhague et à Kinshasa, dans des douleurs que lui ne connaîtrait jamais. Ces hommes pleuraient, riaient, s’endormaient presque côte à côte, mais sans aucun espoir de se connaître un jour.
Puis il pensa aux mystérieuses terres australes qui étaient par-delà les contrées peuplées par les humains. Les rivages enténébrés et balayés par les tempêtes de l’Antarctique. Enfin, il pensa aux étoiles lointaines, qui étaient au-delà de tout ce qu’il pouvait imaginer. Au-dessus des ouragans qui parcourent constamment les glaciers du pôle Sud, au-dessus de l’atmosphère froide et ténue de la Mésosphère. Au-delà des vides qui séparent les planètes et les roches interstellaires.
Et il se demanda s’il y avait des dieux qui habitaient les gouffres entre les astres. S’ils tiraient les sorts pour l’espèce humaine. S’il y avait un sens à ce qui venait de se passer ce soir avec Charline, ou si tout cela n’était que le fruit du pur hasard.
Il sentit alors les bras de la fille l’enserrer, et sa poitrine se pressait contre son dos.
— Charline !— Tu pensais à quoi ?— A rien.— Tu mens très mal.— A nous deux.
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