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Le miroir aux alouettes

Chapitre 1

Roueries et duplicités

Avec plusieurs hommes
Lorsqu’aujourd’hui, je me retourne sur ma vie, que de temps à autre je regarde en arrière, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance. Celle de rencontrer l’homme de ma vie très jeune et d’avoir ainsi pu profiter de toutes les opportunités de l’existence.
— oooOOooo —

C’était donc lors de nos études que nous nous étions retrouvés face à notre destin. J’avais de suite, mais je n’étais pas la seule à cette époque, remarqué ce grand type à la faconde enivrante. Toutes les têtes se tournaient vers ce jeune homme qui, dès qu’il prenait la parole, en imposait vraiment.
— oooOOooo —

Jean avait de quoi enflammer bien des cœurs et je n’étais rien d’autre qu’une jeune fille anonyme, perdue dans la masse grouillante des étudiants d’un campus d’une université de province. Mes parents suaient sang et eau pour me payer des études qui devaient me hisser à un rang social plus élevé que celui qu’il connaissait eux. Mon père, contremaitre dans un tissage n’avait pour tout horizon que le bruit inquiétant des métiers à tisser. Ses loisirs étaient tous consacrés à son jardin potager et accessoirement à la pêche à la truite. Il faut dire que dans notre région il n’en manquait pas de ces minuscules rus poissonneux.
Maman était une femme très belle et elle avait su s’attacher à cet homme qui devait devenir mon père. Là, je vous parle d’un temps dont je sais peu de choses. Ce n’était que justice de remercier ces gens de conditions très modestes que j’aimais, en réussissant là où ils rêvaient de me voir arriver. C’était par un joli diplôme que je rendais grâce à mes parents de toutes leurs privations. Je n’oublierai jamais cette fierté de mon père, lors des résultats du bac.
Ni les yeux de maman devant le papier très officiel reçu pour concrétiser cet examen, un peu comme si c’était finalement à elle qu’il se trouvait décerné. La mention « très bien » au bas de ce parchemin avait eu un impact assez fort sur ce papa et cette mère qui m’avaient offert toutes les chances pour réussir. Il m’arrive encore parfois de revoir cet instant où des étoiles brillaient dans les prunelles si vertes de maman Louise. Charles n’avait rien dit, mais leurs mains s’étreignaient dans un geste sans équivoque.
Les cours à l’université l’année suivante avaient repris, mais cette fois j’étais bien loin de ma campagne, perdue dans la grande ville, lâchée dans la vie. Bien entendu, c’était toujours avec des tas de victuailles que je revenais chaque début de semaine reprendre des cours supérieurs au conservatoire qui devaient cette fois m’ouvrir des chemins pavés de notes de musique. Le piano et le solfège devenaient durant des jours entiers, un refuge où je retraçais en accords tous les sentiers de mes montagnes enfouies dans mon cœur et mon esprit.
Dans le petit groupe d’amis que je fréquentais alors, ce grand type, beau parleur, s’était immiscé je n’ai jamais vraiment su comment. L’insignifiante étudiante que j’étais ne brillait qu’avec un clavier de piano sous les doigts et je n’avais naturellement pas les moyens financiers pour m’offrir un tel instrument. J’avais donc trouvé une solution assez simple pour me faire un peu d’argent de poche. Certains soirs, je me rendais dans un bar et le patron de celui-ci, en contrepartie, pour quelques sous, me laissait jouer pour ses clients.
À l’occasion, je pouvais aussi allier la voix à mes notes et le bistrot en quelques mois était devenu un endroit de rendez-vous pour tous les jeunes du campus. Je ne prêtais aucune attention à ces gosses qui comme moi trimaient parfois dur pour parvenir à se frayer une route dans l’existence. J’avais tout de même un petit noyau d’intimes comme les autres étudiants avec qui j’étudiais la musique et puis il y avait ce Jean.
Je me souviendrai toujours de ce fameux soir. Comment avait commencé la chanson ! Je chantais à la demande du patron, quelques ritournelles telles que « la vie en rose » ou des succès comme « les corons ». Les jeunes aussi voulaient danser, alors pour animer les heures sombres de ces filles et de ces garçons, j’interprétais aussi quelques valses, plus rarement des slows et sur un bout de parquet improvisé, des couples se formaient, se déhanchant avec une complicité assez évidente. C’était bien ce soir-là qu’une main sur mon épaule s’était posée, sans que je sache à qui elle appartenait.
— Entre vos mains et votre voix, il est difficile de choisir. Vous chantez et vous jouez tout aussi bien. C’est un régal.—… !
Mes doigts continuaient à courir seuls sur le clavier et les mots du gars m’entraient dans l’oreille, comme un brouillard. La chanson à peine achevée, j’avais fait une pause. Me levant pour me dégourdir les jambes, le type… enfin ce Jean m’avait accompagnée. Le patron derrière son bar m’avait souri et il avait poussé devant moi un « diabolo fraise ». Puis il avait regardé le grand gaillard qui attendait à mes côtés…
— Et pour vous, Monsieur, ce sera ?— Oh ! Mettez-moi… un « baby ».— Voilà !
Je me trouvais donc très surprise lors de mon retour à ma chambre au CROUS, de me voir raccompagner par ce solide gaillard. Il y avait tellement de filles plus jolies que moi, telle ma meilleure amie, Maryse. Dans les jours qui suivirent, il se montrait prévenant, empressé et ma foi, ce n’était pas pour me déplaire. Nous restions ainsi quelques semaines dans une sorte de statu quo et puis ce qui devait arriver arriva. Ce fut tout naturellement qu’un soir, en revenant du bistrot où j’avais encore joué, Jean m’embarquait pour un diner au restaurant. J’étais dans mes petits souliers.
Du repas, je n’en gardais que peu de souvenirs, parce que mes yeux se noyaient en permanence dans ceux de ce garçon qui me faisait face. Dès notre sortie, dans ce qui ressemblait fort à un brouillard pour moi, deux bras musclés m’attiraient contre la poitrine de ce jeune homme. Par contre, il me restait ce premier baiser, cette embrassade indélébile qui me transportait loin de toute l’agitation de cette soirée, sous un ciel étoilé. Ce baiser n’était que le précurseur de tant d’autres, tous aussi savoureux. Ceux-ci ne pouvaient en fait déboucher que sur une finition des plus plaisantes.
Mais pour cette première fois, malgré toute la douceur de Jean, toutes mes peurs, mes craintes ressurgissaient et je dois avouer que la fête n’avait pas été à la hauteur de mon envie. Uniquement parce que j’étais trop peu détendue, trop crispée par ma trouille bien sûr. Une déchirure, pareille à une brûlure qui me traumatisait malgré toutes les précautions prises par mon chevalier servant, entrainait chez moi un refus pur et simple d’une seconde tentative.
Pourtant le garçon ne se décourageait pas, revenant chaque soir avec ses gestes remplis d’attentions et de tendresse. Nous nous roulions pour ne pas dire que nous nous vautrions sur le lit, nous caressant et embrassant parfois des heures, sans pour cela que je le laisse conclure. Sa patience frisait l’inconscience, mais au fond de moi, je m’en voulais de ces contractions de tous mes muscles, dès lors qu’il s’agissait de le laisser revenir en moi.
C’était bien moi cependant qui, une autre nuit, étais montée sur lui et ainsi bravant toutes mes appréhensions m’étais laissée glisser lentement sur son ventre. L’esprit agité et la main tremblante j’avais pourtant saisi la baguette et l’avait enfin à nouveau guidée vers l’entrée. Et là ! Ô miracle de la vie, plus aucune douleur, pas la moindre brûlure non plus. Alors, j’avais chevauché longtemps ce pur-sang qui piaffait d’impatience depuis trop de temps. La magie m’avait surpris par un orgasme d’une violence inouïe.
Ensuite et bien nous nous adonnions à cette luxure dès que nous en avions la possibilité, partout, sans nous soucier de rien ni de personne. Tous les endroits étaient bons, pourvu qu’ils soient discrets et que nous en éprouvions le besoin et l’envie. Durant des jours et des mois, nous ne passions guère de soirées sans faire l’amour avec une passion folle. C’était dans la droite ligne de cette inclination aussi que Jean était venu à la maison, que Charles et Louise mes parents l’avaient accueilli sur mon invitation. Alors régulièrement nous étions revenus chez moi, jusqu’à cette demande en mariage qui avait satisfait mon père et ma mère.
— oooOOooo —

Notre union eut lieu en automne de l’année suivante et Jean et moi avions tout pour être heureux. Il devenait rapidement un avocat renommé et nous construisions notre nid selon nos rêves… surtout les miens. Notre couple connaissait dix années d’un bonheur sans nuage. Je ne dirai pas que nous n’eûmes pas quelques orages, mais notre couche nous réconciliait toujours. La vie poursuivait son cours lent et immuable. Mon père partit quelques mois avant maman. Et l’année suivante les parents de Jean aussi disparurent dans un accident d’avion. En moins de deux ans nous nous retrouvions seuls, sans plus aucune famille.
Il me fallut des mois pour remonter une pente qui m’avait fait glisser au fond d’un abime de tristesse. La main de Jean était là pour me soutenir, et je ne comptais plus les crises de larmes contre cette poitrine suffisamment forte pour me calmer. Alors l’existence reprenait ses droits et le temps pansait nos blessures. Mon mari était devenu un avocat de renom et de réputation nationale. Il partait souvent pour plaider loin de notre maison. Parfois je restais seule, attendant au bercail son retour, mais il m’arrivait de temps à autre de l’accompagner.
C’était donc ainsi que j’avais eu quelques contacts avec certains de ses plus riches, plus fidèles clients. Quelques-uns devenaient même au fil des ans des amis. Tel ce Marc qui passait régulièrement à la maison en compagnie de Brigitte son épouse, ou chez qui nous séjournions en région parisienne lorsque des affaires délicates amenaient Jean sur la capitale. Notre amour avait aussi un peu évolué et souvent nos jeux sexuels se transformaient en plaisirs moins communs. Dans le secret de notre chambre à coucher, j’avais appris à adorer des moments intimes beaucoup moins chastes que les rapports « papa-maman » traditionnels.
Nous pratiquions ceux-ci de manière très épisodique, mais j’aimais que mon Jean se fasse plutôt coquin. C’était ainsi qu’au fil du temps, il me faisait l’amour parfois les yeux bandés, les mains attachées, couchée ou même parfois assise sur un siège et la sensation de me sentir à sa merci avait de quoi me faire fondre. Fondre était bien le bon mot. Pratiquement à chaque fois que j’étais rendue aveugle, dans l’incapacité de bouger, mon sexe devenait une rivière. Les doigts de mon mari n’avaient guère besoin de me frôler beaucoup pour que je coule véritablement d’envie.
Bien entendu, tout se passait toujours bien loin des regards de ces invités qui séjournaient à notre domicile ou de ceux chez qui nous passions parfois quelques soirées. Même si j’étais bien consciente que mes cris et gémissements ne passaient pas forcément inaperçus. Entre entendre et voir, il y avait une sorte de limite que la décence m’imposait. Dans notre entourage, combien de nos couples d’amis se séparaient alors que nous traversions les ans sans encombre ? Marc aussi eut à souffrir d’un divorce. C’était donc cette raison qui l’avait amené à passer quelques semaines à la maison.
Bien qu’il se fasse discret, voire effacé, je refusais dans un premier temps à Jean des jeux que d’ordinaire nous pratiquions de plus en plus souvent. Mais il n’était pas avocat pour rien ! Et un soir, il finissait par me convaincre de me laisser faire. Notre ami était depuis une heure au moins dans la chambre mise à sa disposition, lorsque Jean très excité commença à me tripoter sur le divan du salon. Je repoussais ses avances, avant finalement d’y succomber. C’étaient donc les yeux bandés, et les mains liées qu’il me caressait longuement. Je geignais depuis je ne sais combien de temps quand il décréta de faire une pause.
— Tu as soif ? Je vais nous servir un verre ? — Détache-moi, tu veux !— Non ! Je reviens dans deux minutes… je ne serai pas long…
Ensuite je percevais depuis ma position allongée le bruit des verres, sans pour autant savoir de quoi il retournait. Puis Jean était revenu et il m’avait juste redressé en me maintenant le dos de sa main. Il m’avait fait boire comme on donnerait à boire à un enfant. Ensuite, il avait à nouveau quitté les lieux avant d’y revenir quelques instants plus tard. Il m’avait caressé la joue, et sa main avait coulé le long de mon cou, en direction de mes seins. J’étais absolument nue et lui également, puisque nous étions dans la continuité de nos préliminaires débutés quelque temps auparavant.
Il me murmurait quelques mots gentils, gardant ses mains sur mon ventre. À la lisière de mon sexe et un de ses doigts s’enroulait dans la petite touffe de poils ornant mon pubis. Seuls mes poignets étaient entravés, mes bras passés de part et d’autre d’un accoudoir du sofa. Je m’imaginais la scène, cuisses entrouvertes et ses paluches qui me câlinaient. Bien entendu l’envie m’avait gagné bien vite et je mouillais depuis le début de cette séance que Jean s’ingéniait à rendre la plus tendre possible.
Il marqua une nouvelle pause, s’écartant de moi pour une obscure raison. Lorsqu’il m’approcha de nouveau s’était simplement pour plonger son visage entre mes jambes largement écartelées. Sa langue se faisait alors ambassadrice de ses envies et lentement il me léchait sur toute la longueur de mon sexe. Inutile de dire que mon souffle était de plus en plus court, que mes gémissements allaient crescendo. Le long supplice me faisait tanguer à droite et à gauche et mes mains inutilisables, tout rendait mon corps fou de désir.
C’était donc ainsi que mon clitoris mis à rude épreuve, je criais de plus en plus fort. J’avais beau songer que Marc, notre ami, dormait à proximité, rien ne parvenait à calmer mon appétit grandissant. Et j’en arrivais à supplier Jean.
— Oh ! Mon amour, s’il te plait, prends-moi ! Je t’en supplie baise moi ! C’est trop bon ! Ne me laisse pas comme ça ! Fais de moi ta chose, ta salope, vas-y ! Baise-moi…
Il gardait sa tête enfouie dans mon entrejambe et imperturbablement continuait son travail de sape. Les doigts pinçaient et les dents mordillaient mon bouton sans que je puisse intervenir pour arrêter ce tourment. Enfin au bout de je ne sais combien de temps, il abandonna la place et je sentis ses mains qui enfin remontaient mes talons sur ses épaules. Et très, très lentement, sa queue entrait en moi. J’étais d’un coup secouée de partout, avec une nervosité qui me convenait parfaitement. Et cette fois encore, mes cris se transformaient en hurlements.
Les soupirs de plaisirs de Jean venaient encore renforcer mon sentiment d’envie et c’était un cercle vicieux. Notre étreinte durait depuis un bon moment déjà et finalement mon mari se retirait précipitamment pour éjaculer en dehors de mon ventre. Le salaud avait même réussi à me faire crier plus violemment par cette manœuvre. Il connaissait pourtant parfaitement que l’arrachage brutal de son sexe du mien me dépitait toujours. J’en détestais l’effet de vide qui s’en suivait. Alors mon corps en proie à des spasmes violents, dus à un orgasme qui déferlait dans tous mes muscles, se crispait à l’idée de cet abandon trop rapide.
Il s’était de suite reculé puisque je ne sentais plus sa présence auprès de moi.
— Jean… ce n’est pas sympa ! Tu sais parfaitement que je déteste que tu fasses ce genre de chose.— Oh ! Pardon mon ange ! Mais… je…— Pff ! Je t’assure que ça me déprime ce grand vide d’un coup ! J’aime quand tu redeviens tout mou en moi et qu’elle s’en va toute seule, sans que tu l’aides… salaud va ! Tu l’as fait exprès pour me faire hurler. À moins que ce ne soit…— Quoi ?— Que ce soit pour narguer ton ami qui doit nous entendre depuis son lit. C’est du sadisme ça…
Pour toute réponse, je n’avais obtenu qu’un autre baiser sur la bouche. Jean ne m’avait toujours pas détachée. Et curieusement, il rebandait déjà comme un âne… Bon ! À quarante ans nous n’étions pas si vieux, mais la situation l’avait tout de même drôlement mis en appétit à mon avis. Et bien entendu après m’avoir délié les poignets, il s’était couché sur moi et nous avions rejoué une scène en position dite « du missionnaire ». C’était toujours aussi bon, au moins autant que la première tournée de la soirée.
À tel point que cette fois, et peu de temps après son premier retrait brusque, sa trique rendait l’âme en moi. Et il attendait sagement que sa bite reprenne des proportions normales afin de glisser hors du nid qui l’avait accueilli avec plaisir, pour ne pas risquer un incident diplomatique. Nous étions restés encore un long moment à nous caresser sur le canapé et sans trop faire de bruit, nous avions gagné notre chambre. Apparemment Marc dormait. Le sommeil était venu assez vite, lourd et sans rêves !
Quelques jours plus tard, notre ami Marc rentrait chez lui. Un énorme bouquet de roses était arrivé le lendemain de son départ pour me remercier de l’avoir si bien reçu. Je n’avais rien trouvé d’étrange dans la démarche, le collègue et néanmoins ami de notre couple était courtois et très civilisé. Un type bien comme l’appelait souvent mon mari. Tout aurait pu rester en l’état si par hasard, à moins que ce fût intentionnel, Jean n’avait un matin, quelques semaines après le séjour de cet ami omis de fermer son ordinateur portable. La scène figée sur l’écran était de nature à attirer mon regard, à attiser ma curiosité.
— oooOOooo —

On y voyait un film qu’au prime abord je jugeais assez osé. Une femme dans une situation plutôt avantageuse, inerte dans une position assez… ouverte semblait être prise par un homme. Intrigué par ce que pouvait bien visionner Jean, lui qui à la maison avait tout ce qu’un homme pouvait attendre d’une femme, pourquoi aurait-il regardé des films pornos ? Alors sans trop savoir pourquoi, j’avais appuyé sur le bouton pour relancer sa machine.
Et d’un coup, j’étais tombée assise. En y regardant de plus près, sur l’image je retrouvais des choses familières. D’abord cette femme portait un bandeau… ses mains entravées relevées par-dessus sa tête, tout m’obligeait à scruter mieux le défilement des vues. Et je réalisais petit à petit que ce que je voyais ne pouvait… non ! Je ne voulais pas y croire et pourtant, je devais me rendre à l’évidence. Le salon, c’était bien le nôtre et cette nana en train de baiser… il ne pouvait s’agir que… de moi !
Seulement voilà, le type qui se vautrait entre mes deux jambes n’avait rien de Jean. Et je comprenais soudain en revisitant crument la scène, pourquoi Jean s’était absenté à plusieurs reprises à la cuisine après m’avoir rendue aveugle et immobile ! Il avait donc prémédité son coup le salaud. Celui qui me léchait le minou, celui qui ensuite me prenait, c’était bel et bien cet ami que nous hébergions quelques semaines plus tôt. Je tombais de haut.
Mon Jean si parfait, ce mari si attentionné, si aimant qui m’avait trompé… et mon esprit se mettait alors à gamberger. Je retrouvais là devant mes yeux toutes les sensations de cette soirée. Je savais du coup aussi pourquoi il avait rebandé… aussi vite. En fait, ce n’était pas lui qui s’était arraché de mon ventre avec brutalité. Et tous les éléments d’un puzzle complexe se mettaient en place dans ma tête. Sous le coup d’une rage folle, je le traitais de vieux salaud, de pervers.
Tous les noms d’oiseaux qui pouvaient exister se trouvaient passer en revue dans cette colère froide qui m’envahissait lentement. Puis je repassais le film encore et encore, enfonçant le clou de cette cruelle désillusion. L’amour des hommes n’était, ne serait donc toujours que du vent ? Offrir sa femme comme on partage un verre ! Dire que j’aimais par-dessus tout ce type qui avait osé me faire cela. J’avais vaqué toute la journée avec cette vision d’une horreur absolue dans la caboche, attendant impatiemment, le retour du satyre.
La voiture dans l’allée annonçait le retour de Monsieur et je trépignais toujours d’une rage sans limites. Il avait ouvert la porte et je l’attendais assise dans la cuisine. Mon visage fermé avait dû le renseigner immédiatement.
— Bonjour ! Ça va tu as passé une bonne journée ?— Tu crois cela, vraiment ?
Il s’était alors approché de moi. Mais j’avais tout de la pelote d’épingles, de la chienne prête à mordre.
— Tu t’es bien amusé ?— Amusé ?— Avec ton pote Marc ? Ça vous arrive souvent ce genre de petite sauterie ?— Quoi ? De quoi tu me parles ?— Ne me prends pas pour une conne, veux-tu ! Tu n’as pas fermé ton ordinateur exprès, n’est-ce pas ?— Ah ! Je vois… donc tu as visionné le film.— Tu m’as bien baisée… Et par-dessus tout, tu t’es foutu de moi. Il était content de la prestation de ta pute, ton copain Marc ?— Ben… tu lui demanderas lorsque nous le reverrons.— Parce que tu crois que ça va se passer aussi simplement. Tu es avocat et tu sais les conséquences de tels actes. Ce n’est pas légal de filmer quelqu’un à son insu.— Je sais. Mais si je te l’avais demandé, l’aurais-tu fait ? Et puis dis-moi que tu n’y as pas trouvé ton compte ?— Quoi ? Espèce de salaud, je vais partir. Demain je fais ma valise et je te plante là. Comme ça tu pourras rêver devant ton film de cul, revivre inlassablement cette partie fine où tu m’as offert à ton pote.— Je te rappelle que Marc est aussi ton ami, pas seulement le mien.— Remarque que je saisis parfaitement pourquoi sa femme s’est tirée… et ça vous arrive souvent ce genre de petit… prêt entre amis. ?— Mais non ! Je ne sais pas ce qui m’a pris et je tenais à te l’avouer. Mais je n’en avais pas le courage…— C’est beau, tient ! L’avocat qui avoue sa faute. Mais je ne vais pas te pardonner, cette duperie. Tu te rends compte ? Me faire baiser par ton copain ? Jamais je n’aurais cru cela de toi. Et dire que tu me jures un grand amour éternel… ce n’est pas possible. Tu n’es plus ce Jean que j’ai épousé.— Allons n’en fait pas un pareil drame. C’était juste un vieux fantasme, tu vois une idée qui me trottait dans la tête depuis bien longtemps.— Et alors ? Si chaque fois qu’une pensée t’effleure l’esprit tu te comportes comme un salaud pour la réaliser, que restera-t-il de ces rêves que nous partagions ?— Je sais. Je n’ai aucune excuse, sauf cette envie de toi qui me prenait de te voir faire cela. Tu…— Parce qu’avec moi tu ne le voyais donc pas ?— Je veux juste dire que lorsque nous le faisons tous les deux, je suis acteur et dois maitriser toutes mes sensations. Là, pour la première fois de ma vie sexuelle, je ressentais extérieurement ce que tu ME donnais.— À cette différence près que ce n’était pas à toi que je me donnais.— Mais si ! Puisque tu ne savais pas, tu t’es donc comportée très simplement ! Exactement comme si TU me faisais l’amour et j’ai adoré te regarder. C’était… terrifiant de beauté, de voir ton corps réagir aux stimuli finement distillés par une bouche que tu pensais mienne. C’était… je t’assure tu étais la plus belle, comme d’habitude et…— C’est cette duplicité que je te reproche et qui va foutre en l’air notre couple, tu en es bien conscient ?— J’ai joué et je le reconnais. Mais je veux que tu saches que je n’aime que toi et que ce n’est pas ce détail qui va m’interdire de t’aimer plus fort. Tu es en colère, mais je sais bien que tu vas réfléchir, que tu vas ressasser cela dans tous les sens pour finalement te rendre compte que t’offrir à un ami est un acte d’amour de ma part. Je ne regrette que la manière, mais si je t’avais demandé ce genre de jeux, d’une part tu n’aurais pas été d’accord et si tu l’avais fait à ma demande, rien n’aurait été naturel. Là, tu as agi exactement comme si c’était moi qui te faisais l’amour. Du reste je te l’ai fait, en second lieu !— Salaud…
J’étais resté des journées entières à lui en vouloir. Il revenait chaque soir cependant et pour oublier, mon piano devenait mon compagnon habituel de mes heures sombres. Mais c’était aussi vrai qu’au bout d’un long travail sur moi-même, alors que nous faisions chambre à part, je réfléchissais à cette soirée. Et lentement mon horreur s’estompait pour laisser place à une sorte de langueur, pour ne pas dire une envie de retrouver ce mari qui n’en était plus tout à fait un sur le plan affectif.
Alors, un soir que le temps était à l’orage, je profitais du tonnerre pour aller me blottir dans les seuls bras disponibles de la maison. À savoir ceux de ce grand con qui m’avait… fait tellement souffrir. En fait depuis quelque temps, mon corps aussi réclamait l’homme que j’avais choisi. Et naturellement, Jean n’en espérait pas plus. Nos retrouvailles se firent dans une envolée de nos ventres par des nuits de sexe assez hard. Comme au premier jour de notre amour, nous baisions partout, dès que l’occasion s’en présentait.
L’image, dans mon crâne, de sa lâcheté, si elle s’y trouvait toujours bien ancrée, me rendait moins sûre de moi, et je n’étais plus très loin de penser que c’était lui qui avait raison. Comme quoi la chair pouvait être faible, celle des femmes plus que toute autre. Et bien sûr nous reparlions sans cesse de ce qui s’était passé. Sans animosité particulière de ma part envers cet acte qui avant d’être réalisé aurait dû obtenir mon adhésion. Jean en convenait assurément !
— oooOOooo —

À suivre…
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