Voici le dernier chapitre de notre histoire. Après celui-ci, je ne pense plus avoir besoin d’en faire car si je devais continuer à raconter notre vie, de nombreux chapitres seraient répétitifs. Pour être honnête, si je n’avais pas aidé ma chérie après l’arrivée de notre second enfant, j’aurais probablement écrit les autres chapitres plus tôt et j’aurais conclu le récit de notre histoire plus tôt et l’événement qui s’est produit il y a quelques mois n’aurait probablement pas été raconté. Nous étions au mois d’août 2021. Notre fille n’avait pas encore un mois et demi. Nous étions chez nos parents et il y avait également notre autre sœur et sa fille, mais sans son mari qui avait travaillé de nuit et qui se reposait. La journée était assez banale et notre sœur était même devenue complice. Son rejet de notre relation semblait dorénavant être un lointain souvenir, même si celui-ci fut douloureux pour nous. Bien que toujours très amoureux, Laetitia et moi faisions toujours très attention à nos propos pour ne pas trahir notre relation. Mais malheureusement, nous n’avions pas pensé à tout. Et c’est en raison d’une personne qui compte énormément à nos yeux que notre relation a été démasquée. Nous étions tous assis dans le salon à discuter de tout et de rien. Laetitia donnait le sein à notre fille tandis que son grand frère tenait difficilement en place.— Maman, tu peux me prendre dans tes bras ? demanda notre fils.— Pas maintenant, je suis en train de nourrir ta sœur, lui répondit-elle tendrement.— Papa, tu peux me prendre dans tes bras ? dit-il en venant vers moi. Je regardai Laetitia qui sembla avoir autant blanchie que moi à ce moment. Elle aussi avait donc bien entendu la même chose que moi. — Papa ! insista notre fils devant le reste de la famille.— Oui mon bonhomme, viens dans les bras de ton papa. M’ayant appelé "papa" à deux reprises devant tout le monde, il n’était donc plus nécessaire de faire semblant. Nous aurions peut-être pu prétendre qu’il s’adressait à moi de cette façon parce qu’à ses yeux je représentais une figure paternelle, mais nous n’y avons pas pensé. Et cela n’aurait peut-être pas été cru non plus. Je redoutais la réaction de la famille, aussi, je décidai d’assumer pleinement en protégeant Laetitia au maximum quitte à inventer des faits qui ne se sont jamais produits. — Oui, c’est moi son père. Mais ce n’est pas ce que vous croyez. J’avais bu et Laetitia s’est débattue. Je l’ai forcée, ce n’est pas sa faute.— Nous vous avons éduqué mieux que ça, dit notre père. Toi, violer une femme. Et ta sœur en plus. Allons, ne nous prenez pas pour ce que nous ne sommes pas.— C’est pourtant la vérité, insistais-je. Je sais, inventer un viol est loin d’être une idée de génie, mais pris de cours, je ne savais pas trop quoi inventer pour ne pas causer de tort à Laetitia. — Nous sommes vos parents, nous savons plus de choses que vous ne le croyez. On sait que vous êtes ensemble depuis votre voyage en Espagne et que tu es le père des deux enfants de Laetitia.
Comment pouvaient-ils savoir avec une telle précision de quand date notre relation et ne rien nous avoir dit ?— Depuis quand vous le savez ? demanda Laetitia.— Je viens de vous le dire. Depuis votre voyage en Espagne.— Vous savez quand ça a commencé, mais ça ne dit pas depuis quand vous le savez.— Depuis votre retour en France. Nous avons bien remarqué que vous étiez différents. Il nous a fallu un peu de temps pour comprendre, mais nous avions remarqué ce changement depuis votre retour.— Et pourquoi n’avoir rien dit quand vous avez deviné ? demanda Laetitia.— Et ça ne vous dérange pas de les savoir ensemble ? demanda notre sœur.— Ce n’était pas à nous de vous en parler. Nous attendions simplement que ce soit vous qui nous en parliez. Et pour te répondre, dit-il à notre sœur. Si nous avions été le genre de parents qui rejettent leurs enfants parce qu’ils ont une vie sexuelle différente de ce que la norme essaie d’imposer, nous vous aurions perdu tous les trois, toi la première.— Pourquoi vous dites ça ? J’ai une vie sexuelle normale. Je suis mariée, j’ai une fille, j’attends un second enfant...— Comme je vous l’ai dit, nous sommes vos parents et nous savons plus de choses que vous pensez.— Je vous assure que vous vous trompez. Je...— Comme pour Alexandre et Laetitia, nous ne te mettrons pas devant le fait accompli. Nous préférons que ce soit toi qui en parle.— Vu que je ne vois pas de quoi vous parlez, je ne pourrais jamais parler de choses que j’ignore.— Un indice, dit notre père. Ça se passait quand tu avais environ quatorze ans.— Je suis restée vierge jusqu’à mes dix-sept ans, affirma notre sœur.— Nous n’en dirons pas plus devant ton frère et ta sœur, cela ne les regarde pas.— Je n’ai rien à cacher, proclama-t-elle en commençant à hausser la voix. Donc arrêtez de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Dites ce que vous avez à dire au lieu de tourner autour du pot.— Ne t’énerve pas, nous t’acceptons telle que tu es, tout comme nous acceptons Alexandre et Laetitia. C’est le genre de phrase que les gens disent lorsqu’ils ne rejettent pas leur enfant homosexuel. Pourtant, notre sœur est mariée et heureuse en ménage.— Nous savons très bien ce que vous faisiez avec ta meilleure amie quand elle venait dormir avec toi, dit notre mère qui brisa ainsi le secret de notre sœur devant tout le monde. Tu dis être restée vierge jusqu’à tes dix-sept ans, mais ça ne concerne que tes relations avec les hommes. Nous savons que tu as couché avec ta meilleure amie pendant plusieurs années avant de sortir avec des hommes. Notre sœur ne savait plus quoi dire et moi, je me sentais un peu comme un intrus au beau milieu de tout ça.— Comme nous vous l’avons dit, nous savons plus choses que vous ne l’imaginez, répéta calmement notre père. Et ce qui compte le plus est de vous savoir heureux, peu importe avec qui vous trouvez votre bonheur.— Je... C’est... Nous... balbutia notre sœur. Je ne suis plus comme ça, affirma-t-elle un peu honteuse. C’est du passé. Quand elle a déménagé avec ses parents à cause de la mutation de sa mère, notre relation s’est arrêtée et je ne suis jamais ressortie avec des filles. Je ne m’attendais clairement pas à ce tel dénouement. Apprendre que notre sœur est bisexuelle (ou peut-être homosexuelle qui ne s’assume plus, car je ne crois pas un seul instant qu’un caractère sexuel puisse s’arrêter du jour au lendemain) tout en sachant que nous n’avions plus besoin de nous cacher devant nos parents qui acceptaient pleinement notre relation. Si on m’avait dit que le simple fait que mon fils m’appelle "papa" devant tout le monde allait faire surgir tout cela, je ne l’aurais jamais cru. Et je pense que pour le bien de notre sœur, j’aurais préféré qu’elle ne soit pas présente quand j’ai avoué ma relation avec Laetitia. Cela aurait évité tout ce qui a suivi et sans tout cela, elle ne se serait pas sentie chahutée par les propos de nos parents. Aujourd’hui, notre sœur semble éprouver de la honte à ce que son secret soit connu. En ce qui nous concerne Laetitia et moi, nous ne voyons pas notre sœur différemment. C’est peut-être la roue qui a tourné. Nous qui avions honte qu’elle sache notre secret. Mais contrairement à elle, nous n’avons aucun grief à son encontre. Nous l’aimons comme avant qu’elle découvre notre relation et nous tentons de lui prouver que nous serons toujours là pour elle comme c’était le cas avant. Quant à nous, si nous tentions toujours de cacher le fait que nous vivions à deux, j’ai depuis officiellement rendu les clés de mon appartement dans lequel je n’étais plus allé depuis longtemps. Je dois reconnaître que j’ai dépensé pas mal d’argent inutilement en continuant de payer cet appartement sans y aller pendant plusieurs années. Maintenant, Laetitia et moi vivons officiellement ensemble et nous ne nous cachons plus devant nos parents pour nous embrasser. Toutefois, nous continuons de nous cacher en présence du mari de notre sœur et devant d’autres amis, mais le plus important pour nous reste l’acceptation de nos parents.
FIN
L'auteur a signalé qu'il n'y aura pas d'autre chapitre pour cette histoire.