Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 73 J'aime
  • 2 Commentaires

Mon enfer

Chapitre 3

Divers
Rien ne s’oublie vraiment ! (3/8)
Finalement, quand c’est fait avec amour… ça peut revenir très vite !

Rien de bien luxueux ! Non ! Seulement trois jolies pièces dont une fait office de chambre. Le tout est meublé de neuf et avec, je l’espère un peu de gout. La chambre d’accueil est loin derrière moi et j’ai retrouvé un job dans un bureau pas très loin de cet appartement que j’ai découvert, par hasard en me promenant. Je n’ai ni revu Gilles l’avocat ni Grégoire et sa musique. J’ai mis à mal les fonds dont je dispose pour me loger et me meubler décemment. Au moins suis-je désormais chez moi, dans ce minuscule trois-pièces ensoleillé. Lentement je me remets à croire en tout. Mon bureau est un endroit calme et je ne travaille qu’avec des femmes. J’ai retrouvé une sérénité mise en péril et je crois que ma nouvelle patronne et l’autre employée de l’agence m’ont finalement adopté.
Quarante-huit ans, célibataire, Mélanie est aussi rousse que je suis brune. Une grande bringue qui me dépasse de dix bons centimètres alors que je me trouve déjà bien grande. Elle m’a pris sous son aile dès mon arrivée, ne m’a jamais jugée malgré le fait que j’aie immédiatement annoncé la couleur. Elle s’est bornée à hausser les épaules, me demandant seulement de bosser, pour le reste c’était mon affaire avait-elle dit. Je lui en suis reconnaissante. Depuis, tous les jours sauf les weekends, je m’évertue à décorer sur le papier, des intérieurs cossus, des maisons bourgeoises et apparemment mes idées plaisent. J’ai donc un salaire décent et partage avec Francine un travail agréable.
Si Mélanie est d’un naturel spontané et engageant, il m’a fallu plus de temps pour cerner ma collègue. Francine n’est pas désagréable, loin de là… mais elle a une vie bien rangée, un mari et deux beaux garçons qui remplissent son quotidien de femme. Elle ne partage pas souvent les repas du midi avec la patronne et moi. Un petit troquet nous accueille pour le déjeuner et l’unique serveur m’appelle même par mon prénom, signe que je m’intègre de mieux en mieux dans ce microcosme de bon aloi. Alors je suis agréablement surprise de trouver sur mon bureau une invitation pour l’anniversaire des jumeaux de Francine. Ce samedi, je ferai donc la connaissance de son mari et des gamins dont elle a posé fièrement une photo près de son ordinateur.
Mélanie propose de m’emmener avec elle, car bien sûr je ne connais pas l’adresse de ma collègue ! Alors quand vers dix-neuf heures trente, la sonnette me tire de mes songes, je me précipite pour faire entrer pour la première fois ma patronne dans mon nid. Je vois ses yeux qui se plissent, comme si elle cherchait du regard, à deviner qui je suis en voyant ce que j’ai. Elle ne dit rien, refuse un verre que je propose et nous voici en route pour la maison de Francine. La maison est immense, avec un vaste parc, et un chien qui court sur la pelouse. Je n’ai eu jamais trop confiance dans ces bêtes-là et celui-ci doit aussi le sentir. Il stoppe sa course à deux mètres de moi, me jetant un drôle de regard.
— Vous pouvez avancer, il est gentil ! Il ne mord jamais personne.
C’est ma collègue, qui sur le pas de la porte, me sourit et nous fait signe. Un grand remue-ménage derrière elle et nous voyons Mélanie et moi, débouler deux têtes blondes, pour un même visage. On dirait deux miniatures de la mère. Les paquets que toutes deux, avons apporté, disparaissent dans les pattes des deux gosses qui piaillent comme des petits singes. Ils filent à toute vapeur vers l’intérieur de la maison et notre amie nous fait pénétrer chez elle. Dans l’entrée, une voix masculine rappelle à l’ordre les deux petits diables et un grand gaillard se trouve soudain dans mon champ de vision. Une peau mate, des mirettes noir charbon, je ne sais pourquoi j’ai l’impression que devant moi, se trouve un Italien. Cette idée est vite confirmée par le prénom que me lance Francine en guise de présentation.
— Gino ! Mon mari et aussi le papa des deux braillards que tu viens de croiser.
L’homme me regarde et je sens sur moi ses yeux de braise qui me dévisagent sans fausse pudeur. Il se précipite vers Mélanie, les lèvres en avant. Je comprends qu’ils se connaissent de longue date et le bisou qu’ils échangent est sonore. Il s’approche de moi avec l’intention visible de me faire aussi, un bisou sur les joues. Je tends prudemment la main et surpris, il me serre les doigts avec un drôle d’air. Les gamins sont revenus de je ne sais où avec des cris d’Indiens. Ils tournent dans la cuisine, et leur père à nouveau se gendarme pour les chasser sans méchanceté. Pourtant une sorte de malaise s’est installé, entre ce Gino et moi. Sans doute que les deux femmes n’ont rien perçu, mais je ressens comme une alarme qui tinte dans mon cerveau. Une sorte de sixième sens qui me dit de me méfier.
Je ne vois pas de quoi, parce qu’il a l’air très amoureux de son épouse cet homme-là. Il a des gestes et des airs d’un chanteur très connu. Je regarde encore une fois les mouflets qui reviennent à la charge, se chamaillant comme tous les gosses du monde. Je constate aussi mentalement que mon boss se trouve très à l’aise ici. Elle y a ses marques, mais ça me semble encore une fois normal. On ne travaille pas avec les gens durant des années sans que ça ne laisse quelques traces. Le mari a des attentions touchantes pour Francine. Il s’occupe de la table, nous verse un apéritif maison, et il file dans la cuisine d’où une odeur exquise vient chatouiller mes narines. Ça sent bon la vie familiale bien rangée. Mais quand même ! Dans mon esprit il y a comme un blocage, une idée indéfinie persistante qui me siffle dans les oreilles que quelque chose n’est pas net.
Le repas, fait de pâtes cuisinées à la Napolitaine par le mari de notre amie est une pure merveille ! Le « Spumante » qui accompagne ce dernier est tout aussi délicat et je dois avouer que mes craintes étranges s’estompent quelque peu au fur et à mesure de l’arrivée de la fin de ce diner. Quand le gâteau s’annonce, ce sont encore les cris des enfants qui se bagarrent pour souffler les bougies qui nous entrainent dans une franche rigolade. Leur départ pour se coucher nous apporte une sorte de calme relatif et j’en profite pour desservir la table. Francine est partie pour la chambre des garçons et elle doit leur raconter une histoire, comme chaque soir pour les endormir.
Alors que je fais quelques allers et retours avec des assiettes et des verres vides pour déposer la vaisselle sur l’évier, en jetant un œil sur Gino et Mélanie, je sais d’un coup ce qui cloche chez ces gens-là. Même s’ils tentent bien de cacher leur trouble, j’ai compris. L’espace d’une seconde le miroir du salon m’a renvoyé l’image d’un baiser volé qu’ils viennent d’échanger alors qu’ils se croient invisibles à mes yeux. Bien entendu, je fais celle qui n’a rien vu, mais je trouve ma patronne gonflée de bécoter le mari de son employée et chez elle qui plus est. Enfin… ils sont grands et savent bien ce qu’ils font… après tout ce ne sont pas mes affaires.
Curieuse, je fais du bruit dans la cuisine près du lave-vaisselle et la glace me renvoie d’autres embrassades, accompagnées cette fois, de jeux de mains sans équivoque possible. Je pense très fort que c’est dégueulasse pour cette pauvre maman… et puis comme tout le monde, je boucle ma grande bouche. Chacun sa m… après tout. Ils ne sont pas nombreux ceux qui m’ont soutenu lors de mes histoires… ! Je ne vais pas mordre la mimine qui me nourrit, Mélanie est assez grande pour savoir ce qu’elle fait après tout. Je n’en pense pas moins, voilà tout. Les bruits de pas dans le couloir annoncent le retour de la maitresse des lieux.
— Alix et Milan dorment enfin. Ils savaient que vous étiez encore là alors même leur conte quotidien a eu du mal de les endormir. Ah ! Vous avez desservi la table ! Merci pour moi ! Quelqu’un veut un café ?

Trois mains se lèvent ensemble et l’épouse modèle est à nouveau occupée. Comme cette fois je suis au salon avec les deux autres, je sens que ma présence gêne un peu. Je ne bouge cependant pas. Pourquoi les inciter à continuer de lutiner ? Ils ne sont pas censés savoir que je suis au courant. Le café est pris sur la terrasse et l’air extérieur est frais. C’est bon, ce vent qui court sur mes joues. Personne ne parle plus, tous nous nous absorbons dans cet état de grâce qui suit un bon repas. Cette maison respire la paix… encore que… c’est du moins ce que je ressens. Et Francine me prend par la main pour me faire faire le tour du parc.
— Vous venez aussi vous deux ?— Non on est bien assis au frais, nous allons vous attendre ! Si vous vous perdez, criez !
Gino rit de son trait d’humour, mais je sais pertinemment qu’ils vont sans doute profiter un peu de notre absence. Je me laisse tirer vers le sentier qui traverse les dizaines d’arbres énormes qui forment comme une forêt. Le chien nous accompagne et il m’apprivoise en quelque sorte.
— Tu sais Claude, c’était la propriété de mes parents ! J’en ai hérité et j’ai bien du mal à l’entretenir. C’est tellement vaste… mais d’un autre côté, je n’ai pas envie de perdre mes souvenirs. J’ai relu d’anciens journaux qui parlaient de ton histoire… je n’en crois pas un mot. Mon père disait toujours : les journaux c’est comme les ânes, ça porte tout ce qu’on leur met sur le dos ! Je pense qu’il avait entièrement raison.— Merci de ta confiance, mais tu vois les juges et les jurés qui m’ont entendu lors de mon procès, n’ont pas pensé comme toi.— Alors c’était des idiots, et il suffit de te regarder pour comprendre…
Cette femme me plait de plus en plus. Elle a l’avantage d’être directe et ne dit que ce qu’elle pense. Quand je songe que sans doute les deux autres là-bas… se tripotent sous son toit. Je chasse cette idée qui me revient comme un boomerang. On ne peut jamais rien changer dans la vie, il y a des perdants et des gagnants partout. Elle et Francine sont visiblement dans le camp des malchanceux, un point c’est tout. Elles reviennent gentiment vers le lieu où Mélanie et Gino semblent attendre sagement. Cette soirée prend fin par un retour sans écueil, comme si tout avait été rêvé et pourtant Claude sait bien que ce n’était pas une illusion.

— oooOOooo —

Les relations au travail ne sont pas pour autant dégradées. Claude sait tenir sa langue et elle ne dira rien. Maintenant elle sort de plus en plus souvent le soir et une petite boite de nuit voit régulièrement la jeune femme circuler sur sa piste de danse. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Puis ce soir elle se trémousse seule sur le parquet. Un jeune homme qui vient régulièrement la colle de très près. Elle ne lui prête aucune attention, tant qu’il reste à sa place. Mais lui apparemment ne l’entend pas de cette oreille et il tente une approche plutôt visible ce soir. Claude au début ne veut rien voir, pas besoin de faire un esclandre pour un jeunot qui veut sans doute seulement faire le beau. Il essaie, tente à nouveau puis de guerre lasse, il se replie vers le bar et elle l’aperçoit en compagnie d’autres jeunes de son âge.
Un vieux monsieur l’invite pour une valse et elle accepte toute une série de danses. L’ancien est un bon danseur, un excellent cavalier et il mène la jeune femme dans des tours effrénés. À la fin, lorsque l’orchestre entame des marches, il propose un verre à sa partenaire. Elle n’a pas le cœur de refuser et se retrouve à une table près de la piste, à quelques pas du bar. Le jeune homme qui boit depuis déjà un long moment s’approche et recommence son manège. Elle l’éconduit poliment, mais il insiste.
— Alors tu préfères guincher avec un vieux ? Tu devrais essayer un jeune ! Ça bande surement mou un type de cet âge !— Bon ça suffit jeune homme, restez au minimum poli, je ne vous demande rien moi !— Non, mais ! C’est qu’elle ferait sa mijaurée celle-là ! Regardez-moi cette pétasse ! Tu te tapes des vieux pour leur fric ? Il doit plus baiser grand-chose, l’ancêtre ! Hein !
Comme le gamin essaie de l’attraper par le bras, elle se met debout et la gifle qui part atteint le mufle sur la joue et il se met alors, dans une rage noire. Immédiatement le service d’ordre de la boite intervient et le gosse est sorti, manu militari de la piste. Les vociférations enragées du sale type sont couvertes par la musique. Claude se rassoit vers son complice de piste. Il lui sourit.
— Il n’avait pas tout à fait tort, vous savez ! Pour ce qui est de la gaudriole, je suis plutôt… dépassé. Pourtant une belle femme comme vous, toute seule ici… je peux comprendre qu’il ait eu ce genre d’envie.— Allons ! Allons, ne dites donc pas de bêtise, je ne suis pas ici pour me payer des gamins. Je ne suis pas ce que vous appelez une… comment disent-ils, les jeunes d’aujourd’hui ? Ah oui… une cougar ! Et puis le respect des ainés ça peut encore exister non ?— Je vous en remercie. En tous cas, vous dansez rudement bien. J’ai apprécié aussi… votre revers de main… je crois que c’est ce qu’il l’a le plus vexé finalement, cette taloche sur son museau.
Je souris à cette évocation. Mais j’en ai assez de cette soirée et je décide de rentrer et décline donc la nouvelle invitation du vieux monsieur. Il a un moment de flottement et il ne sait pas sur quel pied danser, sans jeu de mots, et finalement il opte pour un départ prématuré lui aussi. Sur le parking, le jeune loup éconduit semble attendre, appuyé contre une voiture. À ma vue, il rapplique vers moi et je sens l’esclandre qui pointe son nez. Mais mon cavalier âgé, lui aussi a suivi la scène et il intervient. Bien entendu le jeunot vocifère quelques insultes autant destinées à l’ancien qu’à moi.Mais il n’ose pas affronter physiquement l’homme qui maintenant m’a rejointe.
— Je vous raccompagne à votre véhicule ! Ça évitera à ce coq de vous voler dans les plumes…— Merci ! Je ne crois pas qu’il soit bien méchant.— On ne sait jamais avec ces loustics… ils picolent et ne se maitrisent plus, alors parfois…— C’est vrai, je vous remercie.— Vous ne voulez pas venir prendre un verre chez moi ? Je m’appelle Julien et vous ?— … ! Pardon… mon prénom, c’est Claude !— Oh ! Alors Claude ! En tout bien tout honneur ! Ne voyez dans cette invitation, aucun désir… malhonnête. C’est juste que… la solitude… me pèse souvent.— Et c’est… où ? Chez vous ?— Pas très loin en redescendant sur la ville. — Pourquoi pas alors… mais sage n’est-ce pas ?— Oui… oui… promis !
À peine sur la route, dans le sillage de la Citroën qui me précède, je me traite de folle d’avoir ainsi suivi un inconnu. Et si c’était un piège ? Mille idées biscornues me défilent dans la tête. La maison devant laquelle nous nous garons est bien entrevue. L’intérieur lui aussi semble d’une propreté impeccable. Dans la lumière crue d’une cuisine où rien ne traine, je peux tout à loisir observer cet homme avec qui j’ai esquissé quelques danses. Je l’ai sans doute jugé plus âgé qu’il ne l’est en réalité. Une bourde chronique ce manque de discernement depuis quelque temps ! Il est taillé tout d’une pièce, massif, et un regard franc. Seules ses tempes grisonnantes lui donnent un air… vieux ! Sans doute ne dépasse-t-il pas les cinquante-cinq ou soixante ans.
— Vous désirez boire quel genre de boisson ? Avec ou sans alcool ? Chaude ou fraiche ?— Vous prenez quoi vous ? Je vous suivrai !— Alors pour moi, ce sera un remontant… j’aime bien une petite mirabelle en rentrant de boite de nuit.— Pourquoi pas… ça fait bien longtemps que j’ai perdu le gout et la saveur de cette gnole… oui ça me va, mais avec un canard… parce que c’est fort tout de même, autant que je m’en souvienne.
Julien a simplement souri et il farfouille dans un grand meuble de chêne, en extirpe deux minuscules verres. Une bouteille au liquide translucide vient remplir les deux dés à coudre et une de ses mains pose devant moi un sucrier en porcelaine. Je suis soudain hypnotisée par ces paluches. Elles sont d’une taille impressionnante. Ses poignets aussi sont bien charpentés, il donne l’impression d’une force tranquille.
— Ça fait plusieurs fois que je vous vois danser dans cet endroit ! Je n’avais jamais osé vous aborder. Vous êtes très belle, vous savez ! — Vous allez me faire rougir…— Non ! Non… pas de quoi rougir, c’est la vérité je vous assure. Que faites-vous dans la vie ?— Je travaille dans un bureau de décoration d’intérieur…— Ah ! Intéressant alors votre job ?— De nos jours, pas question d’être difficile en matière de travail n’est-ce pas ?— Oui c’est vrai… Moi, je fabrique… tout ce que vous voyez autour de vous ! Tout a été fait avec ces deux mains là !
Il a monté ses bras au niveau de mes yeux et je peux une fois de plus admirer les deux battoirs qui les terminent admirablement. Dans ce geste il a mis tout l’amour de son boulot, c’est sûr. Et je dois reconnaître que les meubles en bois qui m’entourent sont de toute beauté.
— Vous êtes menuisier donc,— Non ! Ébéniste ! Le menuisier fait plutôt des portes et des fenêtres. Moi, ce sont surtout des meubles.— C’est beau… ressortir l’âme d’un morceau de bois… vous êtes un artiste…— J’ai toujours aimé ça… et mes mains ne savent rien faire d’autre…— Pourtant elles sont… énormes…
Il rit de mes paroles, et j’opte pour faire de même. J’apprends qu’il est veuf, depuis sept ans, qu’il a cinquante-huit ans et que depuis qu’il a perdu sa femme, il ne se consacre plus qu’à son travail. Nous buvons la goutte qui m’arrache un peu la gorge, puis un second verre m’est servi. Celui-ci n’a déjà plus la violence du précèdent. Je retrouve dans cette eau-de-vie locale, un peu de ces fruits dorés qui font la réputation de la Lorraine. Poussé par mes questions il me fait faire le tour de sa grande maison. Depuis la porte-fenêtre d’un salon cossu, il me montre une longue bâtisse, m’indiquant que son atelier se trouve là. Il me déclare passer la majeure partie de ses journées dans cet atelier, avec ce qu’il appelle « ses bébés ».
Finalement je le sens tout aussi prisonnier de sa solitude que j’ai pu l’être durant ces dernières années. Il en est touchant de sincérité. Partout dans chaque pièce traversée, j’ai aperçu sans rien dire des photos d’une femme blonde, aux yeux pétillants. Son épouse sans doute devait tenir une grande place dans sa vie. Mais je ne pose aucune question relative à ce fantôme qui semble flotter partout ici. Cette maison a surement connu des jours heureux. Dans sa voix, alors qu’il me décrit avec force détails certains meubles, je sens que le timbre tremble un peu. Le canapé du salon est là et il m’invite à m’asseoir dans ce lieu aux couleurs fauves. Ça sent bon le cuir et le bois, un mélange de parfum subtil, enivrant et incrusté vraisemblablement depuis des lustres dans cette pièce.
L’homme s’est un peu vouté, comme si ses larges épaules contenaient tous les chagrins du monde, alors que ses yeux se sont fixés sur un portrait posé sur un guéridon d’une essence que je ne peux pas identifier. J’observe son mouvement rapide, qui d’une main qui se veut invisible, détourne l’image de la femme souriante qui nous fait face. Il a quelque chose de touchant, d’attachant ce Julien. Il m’émeut sans que je ne sache trop pourquoi. Sa prison à lui est bien pareille à la mienne sans doute. Quand ses grands yeux d’un bleu délavé reviennent sur moi, c’est comme si je prenais une décharge électrique. Qu’arrive-t-il à mon corps ? Pourquoi mon idiot de ventre ressent-il à ce moment-là, le besoin de se crisper de la sorte ? Je pense un court instant que l’abus d’alcool fort est responsable de cet éveil incongru. Puis en y réfléchissant mieux, je me dis que je dois vite quitter cet endroit.

— oooOOooo —

Ce qui se déroule ensuite reste un grand mystère. Alors que je me lève, prête à quitter son salon, une des mains de Julien se pose sur la mienne. Pourquoi, alors qu’il pose son regard dans le mien, suis-je à ce point émue ? Troublée plus que de raison, je ne fais rien pour arrêter ce qui s’ensuit. Dans un élan singulier, il me sert contre lui, et sa joue se colle à la mienne. Debout l’un contre l’autre, je sens cette peau qui gratte un peu mon visage. C’est comme un déclic qui m’envahit et mon corps tout entier réagit par un long, un très long frissonnement. L’a-t-il perçu ? Je n’en sais rien, mais cela ne changerait absolument rien. Il m’inspire une paix, une sérénité absolue. Aucune crainte ! Tout me parait si naturel. Cette envie qui s’installe en moi, c’est… ce sont des sensations intenses qui refont surface. Elles me ramènent à des perceptions oubliées. Au temps des moments magiques connus avec… Michel, et tout mon être se love contre la paroi solide de cette poitrine qui m’accueille.
Il ne bouge plus, se contentant de me tenir serrée dans ses bras. Mes mains ont encerclé ses épaules et je reste là, tremblante, dans l’attente de je ne sais quoi. Quand je lève mon visage vers cet homme qui me tient, j’aperçois une petite perle translucide qui roule de son œil vers une aile de son nez. Quel instinct me pousse alors à détourner de quelques centimètres ma bouche ? C’est moi qui réclame un baiser, un vrai. Lui semble juste ébahi par mon audace, mais il ne refuse pas ce contact que je recherche. Les vapeurs de mirabelles se rencontrent, se superposent dans un baiser de rêve. Puis lorsque ma langue vient au-devant de la sienne, il se laisse enfin guider par ses propres instincts. Enfin il réagit et s’approprie le commandement.
Ce premier bécot en appelle d’autres et d’autres encore. Les battoirs se font délicats et osent désormais lisser mon corps sur mes vêtements. Chaque fois qu’un doigt passe sur un bout de peau nue, je sursaute. Des milliers de petits guili-guili trahissent mes désirs de voir les pattes de Julien s’aventurer davantage. Je soulève son pull et sa chemise et découvre un torse velu sous le tissu. Sentant bien qu’il a gagné la partie, il entreprend alors lui aussi un déshabillage lent. Ses dix doigts ont vite trouvé l’astuce qui leur permet d’ouvrir sans à coup, un à un les boutons qui retiennent mon corsage. Ils tâtonnent à peine pour délivrer mes poignets de leur gangue de chiffon et je suis très vite en soutien-gorge.
Rien n’est fait avec précipitation, aucune hâte dans cet effeuillage tranquille et désiré. Quand il a réussi à extraire mes seins de leur bonnet velouté, il n’a plus qu’à se pencher pour venir du bout des lèvres, titiller ces deux tétons bruns que je ne refuse pas. C’est fait délicatement, presque tendrement, et la montée de mon désir est soudain bien plus puissante. Je me sens fondre et pas seulement au sens figuré du terme. Ma jupe ne résiste guère plus longtemps que mon caraco. Je ne suis pas même confuse qu’il fasse glisser ma culotte le long de mes longues jambes. Il s’agenouille un instant, oubliant ses caresses sur ma poitrine pour faire passer le triangle de chiffon sous mes pieds. Il reste ainsi à mes genoux, gardant en main le trophée qu’il a gagné. En relevant simplement le visage, celui-ci se trouve à hauteur de la fourche de mes cuisses.
La touffe de poils sombres, bien taillée, buisson conservé, reçoit une visiteuse attentive. Cette langue qui s’est quelques minutes auparavant emmêlée avec la mienne cherche fortune à la conjoncture de mes jambes. Un immense frisson me secoue de partout quand la lutine baveuse fait un passage de reconnaissance sur l’ourlet humide de mon minou. Puis la pointe qui remonte tout doucement sur la faille en entrouvre un peu plus les lèvres. Elle retrousse les babines de ma chatte qui en pleure d’émoi. Mes bras se placent en renfort sur cette caboche qui boit à ma source. Mes mains du coup empêchent le retrait éventuel de la bouche de Julien. Il creuse ma grotte, fouille sur toute la longueur de ce calice qui me met en transes.
Mon souffle devient plus court, je réagis en ondulant du bassin gardant une certaine pression sur le visage de l’homme qui me fait une minette somptueuse. Je me liquéfie, je dois baver par cette fente qu’il persiste à visiter, à survoler, d’un papillon aux ailes douces, je ne suis plus qu’attente, que frissons, que soubresauts. Mes pores sont tous hérissés en une chair de poule impossible à dissimuler. Je ne cherche plus que le plaisir qu’il m’offre en renouvelant sans cesse ses langoureux passages sur l’antre qui m’enflamme. Je ne retiens pas non plus la lave incolore qui s’échappe par saccades de mon volcan en feu. Julien n’en perd aucune goutte, cueillant le précieux liquide directement à la source.
Ses mains, corolles bouillantes enveloppent mes fesses et les caressent d’une manière avide. Des doigts pleins de tendresse fendent en deux cette mappemonde en longeant le sillon préexistant. L’un deux se niche dans ce fossé, glisse lentement et frôle enfin l’anneau perdu au fond de cette vallée. Je tressaille à cette arrivée. Mes mouvements se font plus amples, mais aucun ne fait mine de vouloir repousser l’assaillant pacifique qui insiste longuement sur le cercle clos. D’autres maintenant sont plus pressants, s’alliant aux lèvres qui continuent de me butiner. Celui qui me cajole le derrière s’éclipse un court instant. Il s’enfonce de quelques centimètres dans ma foufoune qui coule.
Le garnement enduit de mes sécrétions remonte à nouveau le chenal en direction de ce qui l’attire. Je n’en peux plus, je me tortille dans tous les sens et Julien a toutes les peines du monde à se maintenir en place. L’inquisiteur arrière s’est replacé sur sa cible. Maintenant il s’invite dans le canal étroit, mais humidifié à souhait, il n’a aucun mal à se frayer un passage. Du reste cette intromission me délivre et je me laisse fléchir sur les jambes. Je me laisse glisser sur la moquette du salon, entrainant avec moi l’homme qui joue entre mes jambes. Il ne quitte pas ma chatte de la bouche, seul son doigt, derrière, se trouve un instant désarçonné. Mais il revient si vite que c’est tout juste si j’ai une petite sensation d’abandon.
Je roule des hanches et d’autres doigts s’infiltrent dans mon sexe en folie. Je rugis bruyamment, sans me soucier de ce que peut penser mon hôte. Et ce qui doit arriver advient. Je pars dans une jouissance extraordinaire. Quel bonheur que de ne plus appartenir à cette terre, de ne plus rien savoir de rien ! Les couleurs sont anormales, les bruits autour se fondent en moi, je ne suis plus moi, je suis tout ce que m’entoure, je suis un immense spasme, je suis un éclat de soleil en pleine nuit, je ne suis plus rien d’autre qu’un nuage qui flotte. Je tremble de partout et le doigt dans mon fondement me donne encore plus de secousses ! Mes talons seuls sont encore au sol avec ma tête. L’ensemble de mon corps ne touche plus la moquette, je suis arc-boutée, dans un orgasme sans nom.
Je ne rends pas compte que mon compagnon s’est relevé. Quand je reviens d’un autre univers, il est aussi nu que moi. Allongé à mes côtés, caressant doucement mes seins. Sa frimousse est éclairée d’un large sourire.
— Tu es bien ? J’ai bien cru que tu ne voulais plus te réveiller.— C’était… c’était juste… magique. Trop bien, trop bon. Quelles émotions, mon Dieu comme c’était bien.— Tu… tu n’as plus envie de faire l’amour…— Laisse-moi reprendre mes esprits… quelques minutes s’il te plait ! Je veux aussi te sentir heureux et jouir… mais attends un peu tu veux ?— Tu n’es pas obligée de te donner à moi, tu sais…— J’ai envie de sentir en moi ta queue bien dure… tu veux bien me la prêter ? Dit ?
Il ne répond rien, souriant à ce que je viens de lui dire. Il n’a pas pour autant stoppé ces allées et venues sur mes tétons. Je reste immobile à apprécier un long moment encore ces effleurements singuliers. Puis mon bras longe son ventre, je pose ma joue sur son torse poilu. Il ne peut plus jouer avec mes nichons, mais moi, je passe la paume sur son ventre doux au toucher. Sans qu’il ne bronche, je la glisse vers l’excroissance chaude qui orne l’entrejambe de Julien. Je le sens qui se tend encore davantage alors que j’effleure à peine cette tige qui se cabre sous la pression de mes doigts. Ma bouche fait de petits bécots partout sur cette poitrine qui m’attire. De son buste je file vers cette chose que mes phalanges serrent fortement.
C’est au tour de mes lèvres d’entrer en action et elles se referment sur ce pic frémissant. Je salive le mât tout doucettement puis aidée de la main qui cramponne la bête, je fais coulisser la peau qui en recouvre la caboche. Le gland dans ma bouche est comme du velours. Il se laisse cajoler, il se trémousse dans mon palais et son propriétaire émet de petits couinements qui me rassurent sur ma façon de faire. La baguette durcit de plus en plus. Lui se tord de plaisir et quand il sent que je vais trop vite à son gout, il me calme en me retenant par les tempes. J’entends comme en bruit de fond sa respiration qui trop longtemps contenue, explose à intervalles irréguliers. Ses poumons réclament de l’air. Je branle cette queue, autant de la menotte qu’à l’aide de ma bouche.
Je ne désire qu’une chose qu’il jouisse aussi violemment que je l’ai fait moi. Mais pas trop vite ! Je veux qu’il apprécie mes lèvres qui le pipent sur toute la longueur de sa belle bite. J’adapte, pour qu’il puisse en profiter mes succions au rythme de ses mains qui me guident en se crispant plus ou moins sur mon crâne. Et je dois avouer que je me prends au jeu… qu’au bout d’un petit moment la flamme que je croyais éteinte au fond de mes tripes, se rallume. Mon envie renait de cette fellation qui semble ravir mon partenaire de cette nuit. Il est aussi bon amant que danseur et j’aime, que dis-je, j’adore ses manières tendres et délicates de me diriger aussi bien dans cette quête d’amour que sur une piste de danse.
— Arrête s’il te plait ! Je ne veux pas jouir de cette façon… je te veux, je te désire, tu veux bien ?
Julien a pratiquement arraché de ma bouche son jonc prêt à exploser. C’est presque une prière, une supplique qu’il formule en caressant mon front. J’avoue avoir moi aussi envie d’être prise, tout en douceur. Je veux ressentir à nouveau les sensations d’être une femme aimée et cet amant-là est idéal pour renouer avec le sexe. En signe d’assentiment, sans un mot, je rampe pour ramener ma bouche à hauteur de celle de mon compagnon. C’est le museau empreint de nos odeurs personnelles que nous nous roulons une pelle enivrante. Son corps chevauche le mien. Mes cuisses s’écartent largement pour lui laisser le passage. Il me couvre de baisers sonores, me lèche les yeux que je garde clos.
Je sens le serpent de chair qui s’insinue entre mes jambes. Il tente une approche directe que je ne refuse pas. Ce gland que j’ai pris plaisir à léchouiller, ce gland sait d’instinct où il doit se rendre et lorsqu’il bute contre mes grandes lèvres, je faufile ma main au-devant de la hampe qui le soutient. C’est moi qui le dirige gentiment vers la niche où il va pouvoir s’ébrouer. Un petit coup de reins et le voici dans la place. J’entends l’homme souffler, comme pour vider ses poumons de cet air qu’il retenait prisonnier. Mes deux jambes encerclent le dos de mon amant. Ce mouvement n’a d’autre but que de l’incruster encore plus au fond de moi et je le maintiens ainsi quelques secondes, le temps de me faire à cette chose qui m’habite. Alors seulement commencent de longs va-et-vient qui s’amplifient au fur et à mesure de la confiance que retrouve Julien.
Il murmure à mon oreille des mots sans suite, des mots insignifiants, des mots dont je n’écoute que la musique. Il me creuse le ventre, allant et venant au creux de mes reins avec délectation. Si je n’arrive pas encore à retrouver l’orgasme qu’il m’a procuré à l’aide de se langue, c’est tout de même bien meilleur que la première séance de cul que j’ai pratiquée avec Grégoire. Je pense, mais est-ce bien l’instant pour le faire, je songe que si l’amant est tendre le sexe peut devenir rapidement un bonheur ! Lui pour le moment est parfait et ses gestes finissent par sinon m’entrainer au septième ciel, du moins me donner un bonheur plaisant. Il est, de plus, endurant le bougre et il ne s’occupe pas que de lui. Je le remercie par la pensée d’être à ce point attentif à moi.
Il sait sans doute que si j’apprécie ses mouvements, je n’arriverai pas à jouir pleinement. Les raisons de cet état de fait ne peuvent que lui échapper, mais je le sais gré de sa prévenance. Au bout de longues minutes, comprenant qu’il ne parviendrait pas dans cette position à m’emporter dans une lame fond vraiment profonde, il me fait mettre en levrette et reprend son assaut amoureux. Je commence à ressentir tout doucement la chaleur qui monte au fond de mes entrailles, quand sans que je m’y attende, il ressort brusquement son engin de ma chatte. Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit que d’un seul coup de reins, il s’enfonce dans mon derrière et reprend sa cadence. Cette entrée imprévue s’allie soudain à des images lointaines.
Je retrouve des choses que Michel aimait et sans que je comprenne pourquoi, la furie de mes sens reprend le dessus. Je me mets à griffer la moquette sous moi, à feuler comme une tigresse et je sens que m’envahit la chaleur de la jouissance ! Ma caboche se berce dans tous les sens, je hurle maintenant moi aussi des mots qu’il ne saisit pas surement ! Pas forcément dirigé à son intention, mais il ne le saura jamais. Puis je ne sais plus vraiment où je suis alors qu’il continue à me pistonner et que dans un brouillard je perçois le bruit de ses couilles qui claquent contre mes fesses. Je m’enfonce le front dans la laine et hulule. Je jouis subitement de toutes mes forces, sans me rendre compte qu’il se vide maintenant sur mon derrière. Il a eu la décence de se retirer avant d’éjaculer sur mon cul… Merci !
Nous sommes restés tous les deux blottis l’un contre l’autre, savourant en silence ce qui vient de se passer. En guise de merci, j’ai encore quelques minutes, saluée des lèvres sa queue. Son gland entre les lippes, j’ai eu beau tout tenter pour le ranimer, son bidule est resté désespérément aux abonnés absents. Lui me caressait le front, lissant mes cheveux d’une manière tendre, se laissant sucer sans dire un mot. Ensuite nous avons encore pris une douche tous les deux. Comme si rien n’avait eu lieu, j’ai quitté sa maison, et c’est en chantonnant que je suis rentrée chez moi. Au fond de moi, j’étais rassurée, et heureuse, l’amour rend belle… alors je suis certaine que je serai jolie encore longtemps. J’ai craché au nez de ces ans perdus et ton sourire était là, à mes côtés, comme au bon vieux temps.

— oooOOooo —

À suivre…
Diffuse en direct !
Regarder son live