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Mon Plaisir d'écrire

Chapitre 6

La carte postale.

Gay
Quelques minutes plus tard nous nous retrouvons côte à côte à vider notre vessie. Nos corps se touchent presque alors que le mur fait deux mètres cinquante de long. Je lui demande :– Vous saviez que nous serions dans le noir complet ?– Bien sûr ! Sinon je ne vous aurais pas proposé de pisser ensemble ici !– Ah ?– Imaginer, c’est souvent mieux que savoir, non ?– Jusqu’à un certain point, oui. Mais à un moment il faut le dépasser.– Reste effectivement à définir quand… Savoir que vous avez sorti votre engin, que j’imagine bien gonflé, et que vous le tripotez en urinant, me réjouit !– Surtout quand vous en faites de même, verge à l’air !– Certes… Plus tard, après une douce déambulation dans les rues du vieux Lille au cours desquelles nos mains se sont plusieurs fois touchées, il m’entraine vers la citadelle.– Euh… La citadelle… La nuit… Ces voitures, là-bas… Ces ombres qui tournent… Ces appels de phare… N’est-ce pas un lieu de rencontre assez glauque ?– Pas là où je vous emmène !Alors qu’effectivement au loin une faune s’agite, nous nous retrouvons un peu plus tard devant une stèle impressionnante, juste après le pont de la citadelle. – Qu’est-ce donc ? Un monument à tous les homos tués à la guerre ?– Ce n’est pas parce qu’elle rend hommage à ceux qui ont roucoulé qu’elle salue les homos !– Alors ? Quelle est cette Marianne entourée d’oiseaux ? Pour ce que je peux en voir, en tous cas, dans cet éclairage sordide.– C’est un monument dédié aux pigeons voyageurs morts à la guerre ! Lille est la seule ville en France à leur rendre hommage. Un double hommage : le premier aux oiseaux ayant permis les communications pendant la Grande Guerre. Le second à leurs propriétaires.– C’est dingue !– C’est un vrai hommage ! Le rôle des pigeons pendant la première guerre mondiale a été essentiel ! Alors que les communications modernes étaient encore balbutiantes, plusieurs dizaines de milliers de pigeons ont été réquisitionnés et se sont livrés à une guerre du renseignement. Depuis les premières lignes ils étaient envoyés deux par deux vers l’arrière pour transmettre les messages. – Au cas où l’un serait abattu.– Effectivement ! L’enjeu était tellement important que, dans les zones occupées, les Allemands ont ordonné qu’on abatte les pigeons domestiques, les contrevenants étant passibles… de peine de mort.– Fusillé pour avoir possédé des pigeons chez soi… Quelle ironie !– Vous ne le voyez pas bien mais le monument présente "La Paix" personnifiée, qui se dresse dans une nuée d’oiseaux avec à ses pieds un bouclier où un pigeon écrase un serpent symbolisant l’ennemi. Les bas-reliefs montrent les soldats de première ligne trouvant dans le pigeon l’ultime messager possible quand toutes les lignes de communication sont rompues. Sur les côtés sont mentionnés les lieux où les pigeons se distinguèrent : Verdun, Douaumont, Les Flandres...– Logique…
– Pour l’anecdote, sachez que la construction de ce mémorial a obligé la ville à supprimer non seulement une baraque dédiée à l’écluse de la Barre, mais on s’en moque. La ville a surtout été contrainte de déplacer... un urinoir.– Nous y revoilà ! Vous avez encore envie ? Un urinoir en moins pour faire de la place aux pigeons…. Il est vrai que ce n’est pas dans un urinoir que l’on roucoule…– Et là, vous allez me dire que c’est dans une chambre d’hôtel…– C’est vous qui l’avez dit !– Facile… Vous ne savez plus quoi dire ! Vous ramez un peu, non ?– Justement. Est-il vrai qu’autrefois le vieux Lille était une île ?– Monsieur est bien renseigné ! Vrai : Autrefois les canaux de la basse et de la haute Deûle, notre rivière, entouraient complètement la ville.– Tant d’eau provoquait des maladies… Pas seulement vénériennes… Vous ai-je dit que j’ai sur moi un test récent de non-contamination aux maladies sexuellement transmissibles ?– Moi de même ! Mais ce n’est pas le sujet… Pas mal comme enchainement, toutefois ! Il fallait le placer !– Vous avez profité de mon ouverture pour placer votre information ! Vous pourriez me remercier.– Merci. Bien que ce ne soit pas le sujet…Plaisir d’écrire, amusé, m’entraine vers la citadelle, nous faisant prendre des chemins calmes, dissertant sur des œuvres du musée des beaux-arts.– Il y a une splendide sculpture de Cincinnatus. Nu, forcément. Un modèle de vertu et d’humilité, selon la tradition.– Que des sénateurs sont allé chercher après sa retraite pour défendre Rome.  Des émissaires qui l’ont trouvé, nu, en train de labourer… – D’où la logique de cette statue de nu masculin… Un paysan devenu consul lors du premier siècle de la République, puis qui va devenir deux fois dictateur. Un sacré mec ! Et je dois avouer que cette statue m’émeut particulièrement.– Pourquoi ?– Le statuaire Grec représente des hommes, jeunes ou matures, au corps parfait.– Petit pénis élégant pour les nobles, gros sexe pour les paysans ou les esclaves. Je sais.– Exactement ! Mais cette statue-là représente un homme avec un petit ventre, des grosses cuisses, un torse tombant. Pas vraiment le genre beau mec.– Juste le genre mec normal.– Oui.– Et plus tout jeune.– Comme vous.– Vous sous-entendez que j’ai du bide, de grosses cuisses et des mamelles ? Sympa !– Je vous rappelle, Monsieur le vicieux, que vous m‘avez envoyé des photos de votre anatomie nue… Vicelard ! Exhibitionniste ! Je sais parfaitement que vous êtes bien mieux foutu que ce Cincinnatus ! – La comparaison est flatteuse ! Je ne suis pas le dictateur de vos sens, moi !– Peut-être pas encore… Mais que voulez-vous… Les hommes de votre âge m’émeuvent plus que ceux de mon âge. Et à plus forte raison que ceux des garçons plus jeunes.Je m’arrête brusquement de marcher. Il ne m’avait jamais dit cela. Jamais nous n’avions évoqué le type d’homme qui le fait bander. Je le regarde sous la lumière blafarde d’un lampadaire.Il éclate de rire.– Cela vous étonne ? Eh oui. Vous me faites davantage bander que ces acteurs gays parfaits. Vous êtes vrai, vous. Avec vos qualités vivantes, votre esprit, vos imperfections. Ils ne sont que virtuels, eux ! Beaux, mais virtuels. Suffisamment beaux pour que je me branle en les regardant baiser, si vous me pardonnez cette vulgarité… Mais c’est en pensant à des hommes matures comme vous que je jouis !– Alors là ! Celle-là ! Je suis scotché !– Non. Pas de jeux sado-maso entre nous ! Ne me scotchez pas sur une croix de Saint André pour me baiser comme une brute ! – Benoit ! Vous vous lâchez !– Et alors ? N’est-ce pas la soirée pour cela ?– Vous me préférez à un beau garçon de votre âge… Je n’en reviens pas !– Il y a de quoi, non ? Un beau Cincinnatus comme vous ? Mais rassurez-vous, il n’y a pas que cela qui m’émoustille…– Ah bon ? Quoi d’autre ?– Dans ce musée des beaux-arts il y a aussi une splendide sculpture d’Hermaphrodite, vous savez, le fils…– D’Hermès et Aphrodite. Je ne suis pas totalement inculte. Obsédé, d’accord. Mais pas ignorant !– Okay ! Ne vous fâchez pas ! Une superbe statue d’Hermaphrodite couchée… Un petit cul, humm, splendide !  Une croupe, des épaules, des beaux seins généreux, un magnifique pénis en érection… A-do-rable !– En érection ? – Oui, c’est une des rares sculptures d’un Aphrodite bandant. C’est d’ailleurs…– Bandant !– Exactement !– Je serais curieux de voir cela… Je verrai bien si je trouve le temps au cours du weekend…– Il y a des œuvres merveilleuses. Un émoustillant tableau de David représentant Apelle peignant Campaspe en présence d’Alexandre. Alexandre est nu, comme sa maitresse Campaspe. Il y a dans ce tableau un érotisme naturel qui me touche…– Il faudrait peut-être que je touche pour être sûr que vous êtes touché…– Tsstt, tsstt ! Bas les pattes ! Il y a aussi plusieurs bronzes de Thiennes. C’est très rare. Des nus masculins plus ou moins abimés. Superbes.– Je ne connais pas. Quelle époque ?– Deuxième siècle. Epoque Gallo-Romaine. Des morphologies normales, loin des canons antiques… – Toujours des nus masculins…– C’est vrai. Ils m’émeuvent. Comme cette sanguine de Pontormo, une étude d’hommes nus debout. J’aime m’arrêter devant quand je suis avec un groupe… Ainsi que devant des baigneuses peintes par Jean-François Millet. Vous voyez, il n’y a pas que des hommes nus dans mes choix !– Des femmes nues aussi… Bi ! Vous êtes bi, je vous dis ! Comme moi.Plaisir d’écrire ne répond pas, se contentant d’un grand sourire. Pas de dénégation. Pas d’approbation. Nous cheminons autour de la citadelle tandis qu’il avance sur le chemin de sa bisexualité assumée.Il me parle encore d’un bronze de Rodin, la grande ombre. Encore un splendide nu masculin. Je le laisse s’exprimer, me dire pourquoi cette œuvre l’émeut. Je n’ose pas lui dire que je la connais, que je suis déjà allé la voir quelques années plus tôt, que moi aussi elle m’a troublé. Cet homme nu sculpté par Rodin porte tout le poids du monde tout en dégageant une magnifique impression de puissance.Il me parle encore d’un amour piqué, un ange nu levant un pied car il vient de se faire piquer dessus. Expression de douleur faciale et beauté anatomique d’une grande pureté. Le tout dans un équilibre incompréhensible de l’œuvre.Il s’extasie sur un Spartacus nu brisant ses liens, le visage volontaire, le corps prêt à se battre, les muscles puissants et saillants. – C’est un Rodin ? Je ne visualise pas bien… demande-je.– Non, c’est une œuvre de Denis Foyatier. Milieu du dix-huitième…– Je ne connais pas… N’y a-t-il pas une sculpture de Carpeaux ? – Vous connaissez Carpeaux ?– Oui.– Le Carpeaux ? Le Jean-Baptiste Carpeaux, sculpteur, peintre et dessinateur du dix-neuvième ? Vous le connaissez ?– Oui. J’aime ses œuvres. Pas en tant que portraitiste de Napoléon III. Plutôt le sculpteur tourmenté et passionné, qui a eu une carrière fulgurante alors, et peut-être parce que, il refusait les règles de l’académie…– C’est dingue ! C’est mon artiste sculpteur préféré !– Non ? Moi il fait partie de ma top-liste. J’avoue mettre Rodin en tête !– Le maître ! Oui, bien sûr ! Mais Ugolin et ses fils, quel chef d’œuvre !– De face ou de dos ?– Coquin ! Vous la connaissez, je vois… De dos… quelles fesses ! – Quelles fesses ? demande-je. Il y en a de bien plus érotiques, de bien plus rondes, parfaites, notamment dans les sculptures de la Renaissance.– Je suis d’accord là-dessus. Mais celles-là sont si vraies, si réalistes… Je note que vous les avez repérées.– J’avoue. Je suis incapable de résister à la beauté d’un joli petit cul… Masculin ou féminin… De plus en plus souvent masculin ! Et moi je note que vous matez le cul des garçons !– Pas seulement leur cul ! Leur visage aussi, leurs yeux, leur bouche ! Comme ce Pêcheur à la coquille, exposé au musée d’Orsay. Emoust… Bandant ! Ce regard ! Coquin à souhait ! – Difficile de donner un âge au modèle… M’interroge-je à haute voix. Un adolescent ? Un jeune homme imberbe ? Un garçon très bien fait en tous cas… Si je me souviens bien, à la réflexion, c’est-à-dire à force de regarder cette œuvre, ce qui est touchant c’est son petit pénis, de travers, repoussé par la cuisse. C’est très rare dans les sculptures. Ordinairement les pénis font partie de la verticalité de l’œuvre. Là il saute aux yeux, justement parce qu’il ne suit aucun angle défini.– En même temps, un jeune homme à moitié à genoux, jambes croisées, cela multiplie les angles. Mais je vais réfléchir à cette idée, c’est-à-dire regarder à nouveau l’œuvre… Attentivement.– Voyeur !– Je vous renvoie le compliment ! Maintenant que vous en parlez… Sur sa statue d’Hector implorant les Dieux pour son fils… Son pénis… à moitié décalotté au bout… Rare !   – Vous en êtes là ? Dans les musées vous matez les kikis des nus masculins ? Vous les comparez ? Vous les soupesez ? Taille, poids, angle, grosseur, longueur, position des testicules, toison pubienne, etc. ?– Tout comme vous apparemment ! Ainsi que les petits culs !Nous éclatons de rire tout en marchant, heureux de cette complicité salace. Depuis un moment nous nous éloignons de la citadelle, revenant vers le vieux Lille. Et subitement je vois apparaitre un curieux pont enjambant la Deûle.– Qu’est-ce que c’est que ça… me demande-je à voix haute. Massif le pont !– C’est là où je voulais vous emmener : le pont Napoléon. Le seul pont piéton couvert de France !– Le seul ! Vantardise Marseillaise des Lillois ?– Non. Je vous assure. Il existe d’autres ponts couverts. Mais ils ont été couverts bien après la construction. Celui-là a été conçu et monté déjà couvert. D’où, effectivement, le côté massif… Il a été construit et reconstruit trois fois en deux-cents ans. La dernière fois en 2014.– C’est pour cela que je ne le connais pas ! Je ne me suis pas arrêté à Lille depuis.– La première version date de 1812. C’était le premier pont d’Europe à avoir un toit. Détruit en 1918 pour freiner la retraite allemande, il est reconstruit en 1920. Et à nouveau détruit en 1944 lors de la fuite allemande.– Un Pont que les Allemands n’aiment pas…– La bureaucratie non plus, car sa reconstruction a été décidée aussitôt… Pour être exécutée soixante-dix ans plus tard…– Il fallait prendre le temps de la réflexion… Le délai normal de l’administration française…Nous sommes maintenant au pied du pont. Il n’y a personne autour de nous. Je regarde ma montre. Il est bientôt une heure du matin. Je m’approche d’un des deux sphinx en bronze, massives statues de style néo-égyptien couchées devant les piliers. Je fais le tour de la bête et souris :– Ce sont des sphinges, des sphinx féminins, vu l’imposante poitrine de ces dames… A part les seins, rien ne le laisse présager !– C’est ce qui est troublant… répond-il. Une sorte d’Hermaphrodite égyptienne… Un corps bisexué… – C’est le principe du sphinx… Une statue colossale à tête droite, à face d’homme, à corps de lion, en position couchée, les pattes allongées parallèlement. Homme ou bête ? Mâle ou femelle ? – Qui représente une divinité symbolisant la fécondité, la force protectrice, la sagesse… Il ou elle me fait penser à vous…– Moi ? Je suis si imposant que cela !– Pas physiquement, non. En symbolique… Votre fécondité exacerbée, vous qui jouissez partout sans tabou… Votre force morale. Votre sagesse…– C’est cela l’image que vous avez de moi ? m’exclame-je en posant ma main sur la croupe de la sphinge.– Oui. Enfin… Le fait de vous comparer à cet être mi-homme, mi-bête est évidemment excessif… Mais vous aimez les femmes comme les hommes, ce qui vous caractérise c’est la sensualité, la tendresse (je sais que vous êtes un grand tendre…), le partage dans le plaisir…– Je préfère cette définition-là à la comparaison précédente… me rassure-je en caressant, sans m’en rendre compte, la croupe de bronze.– J’aime beaucoup ce pont, poursuit Plaisir d’écrire. Tous les ponts… le passage d’une rive à l’autre… d’une vie à une autre… D’une sexualité à une autre…Je comprends brusquement qu’il rumine depuis des jours à la manière de franchir le pas, que ce n’est pas par hasard qu’il m’a entrainé là, qu’il a besoin d’une symbolique.Stupidement j’ironise :– Un pont couvert… Pour une exploration sexuelle… Prudent !Il sourit timidement. Je revois le jeune homme timide, non plus l’adulte décidé à vivre de nouvelles aventures. – Pardonnez-moi… dis-je, penaud.– Pourquoi ? J’aime aussi votre légèreté… Elle allège mon fardeau… Je me sens plus léger avec vous…– Ce pont a tant de sens pour vous ? Nous n’y sommes pas par hasard, bien sûr !– Effectivement. Je suis comme vous. J’aime caresser ce superbe cul bien lisse !Mon regard étonné se fige vers lui. Avant que nous éclations de rire, comme pour évacuer la pression.– Ne me dites pas que vous caresser régulièrement cette croupe de bronze ! En plein jour ?– Toujours de nuit…– Souvent ?– Cela m’arrive.– Et les autres statues de nu masculin aussi ? Une caresse sur les fessiers de bronze ou de marbre ?– Pas que masculin !– C’est vrai que vous savez peloter le joli petit cul d’une fille…– Et que je me demande si c’est différent avec un homme…– Ça l’est ! Plus ferme. Plus soyeux surtout…– Parce que poilu… Bien sûr… Je peux caresser ce cul avec vous ?– Avec joie !Nous nous collons côte à côte. Nos mains prennent plaisir à toucher le bronze lisse et sensuel. Nous sommes tournés l’un vers l’autre, nous souriant avec une gravité nouvelle, une gravité empreinte d’émotion. Nos doigts se touchent. Une première fois par mégarde. Puis une seconde, avec moins de hasard. Avant de venir franchement se chercher.Plaisir d’écrire a tort. Je ne suis pas du genre tendre avec mon ou ma partenaire. Du moins avant d’être nus. Prendre mon ami ou mon amie par la main ne me fait rien. Sauf si le baiser est immédiat. Et là, est-il prêt ? Pourtant, s’il a comme seul souhait que nos doigts s’entremêlent, pour lui je m’y adonne sans hésiter.Un moment tout en douceur s’écoule. Douceur de nos yeux plongés les uns dans les autres. Je sens ses défenses fondre. Je me demande même s’il ne va pas s’évanouir dans mes bras. Peu importe, je suis là. Pour lui. Je veux être à la hauteur. Qu’attend-il de moi exactement ? Autant le lui demander.– Ce franchissement du pont de votre sexualité, comment l’avez-vous imaginé ?– Je vous ai parlé de cette statue de Carpeaux, le Pêcheur à la coquille…– Oui…– En fait, vous allez sûrement me trouver nul…– Non !– Ce sont ses lèvres qui m’émoustillent… Et même qui me font bander ! Je rêve de les lécher, amoureusement, d’embrasser ce pêcheur, cet homme, mon premier homme, vous…– Vous savez bien que c’est un rêve partagé !– Oui. Mon premier baiser entre hommes… Quelque chose que je n’ai jamais osé faire… Si. Il y a juste eu un baiser quand j’étais ado et encore. C’était involontaire. J’avais eu honte, ce jour-là. Quel con !– Il n’y a pas de connerie dans nos émois… Vous voulez donc que je vous embrasse, là, ici, maintenant ?– Oui. Non. J’adorerais que vous me preniez par la main. Que vous me conduisiez de l’autre côté de la rive. Que nous nous cachions contre un pilier, dans l’angle, devant la croupe d’une sphinge…– Et que je vous embrasse, là…– Non. Que je vous embrasse, moi… Peut-être avez-vous raison sur mon besoin de sortir couvert… Avez-vous eu peur avant votre premier baiser masculin ? Avant votre première fellation ? Avant votre première sodomie ?– Evidemment ! Comme tout garçon pour sa première fois ! Avec une fille ou avec un garçon ! Vous souvenez-vous de votre premier baiser avec une fille ?– Oh que oui !– Alors… Depuis, vous avez appris. Vous savez embrasser, je sais embrasser. Nous ferons mieux que nos premières fois !Plaisir d’écrire sourit. Il semble se détendre. Sa main quitte la croupe de bronze pour se poser, à ma grande surprise, sur mon fessier.Un merveilleux frisson traverse mon corps. Ça y est, il a osé ! Il m’a touché.Je lui laisse quelques instants pour me peloter le cul. Son visage s’approche du mien. Sa respiration est courte. Son premier cul de mec ! Il est prêt à fondre sur mes lèvres. Je n’ai qu’une envie, l’emboucher, l’embrasser fougueusement et sans répit. Pourtant il a un souhait. Un rêve. Le rêve du petit couple mignon qui se tient par la main pour avancer ensemble vers l’alcôve où il s’aimera. Rêve d’hétéro romantique. Je m’interroge en une fraction de secondes : et pourquoi pas un rêve d’homo romantique ? Je dois faire ce qu’il attend de moi, ce qu’il rêve de moi, ce qu’il fantasme de moi.Alors ma main droite vient attraper sa main gauche et la serre. Ses yeux plutôt baissés vers mes hanches se relèvent. Ils brillent dans la nuit. Je lis de la reconnaissance face à ma volonté de jouer le jeu. Je lis surtout un incroyable désir.Je fais un pas de côté. Nous nous mettons face à l’escalier, main dans la main. Et nous montons. Nous avançons sur le pont. Pas après pas. Lentement. Ça y est, nous avons franchi la rivière. Nous redescendons de l’autre côté de la moyenne Deûle. Pilier de droite ? Pilier de gauche ?C’est lui qui m’entraine sur notre droite. Il me fait pivoter pour me caler de dos contre le pilier. Ma main droite se pose sur le postérieur de la sphinge. L’autre reste ballante. Je suis sans défense. Je suis à lui, tout à lui, offert.Ses yeux lancent des flammes en se rapprochant des miens. Son visage pivote légèrement. J’entrouvre les lèvres. Pour aussitôt sentir une langue me les lécher.Son léchouillage dure un bon moment. Sa langue explore mes lèvres alors qu’une main se pose sur mon torse, sur mes hanches, sur mon fessier. Je ferme les yeux. C’est doux. C’est délicieux.Sa langue ne pénètre ma bouche qu’au moment où sa main se pose sur mon entrejambe. Je suis en complète érection. Mon sexe durci n’a pas réussi à se redresser, compressé par le jean et mon sous-vêtement. Il peut le palper à l’horizontale. Il semble aimer cela. Il grogne de bonheur.Comme il est tout occupé à me palper, il est moins concentré sur notre roulage de pelle. J’en profite pour occuper sa bouche. Je veux lui offrir un premier baiser de mecs. Un combat lingual. Profond. Fervent. Sans concession.Il finit par se rendre compte que je ravage sa bouche en repoussant sans cesse sa langue. Je le vois sourire. Un éclat sardonique. Sa main quitte mon sexe. Elle se pose derrière mon cou. Il relève le défi.Pendant combien de temps nous embrassons-nous ? Seul Jupiter le sait. Diane chasseresse aussi, peut-être. Un baiser somptueux, combatif, viril comme je les aime.J’abandonne la douceur du bronze pour poser mes mains sur ses hanches en le collant contre mon corps. Lui tient mon visage à deux mains comme pour l’empêcher de s’envoler. Nous sentons la dureté de nos sexes. Nous nous le disons. « Tu bandes… ». Nous frottons nos bas-ventres l’un contre l’autre. Nos souffles sont extrêmement courts. C’est délicieux. C’est animal. C’est prometteur.Seul le bruit de pas sur le platelage du pont nous conduit à séparer nos corps. A regret. Nos yeux nous lançant des flammes de désir inassouvi…Les pas descendent lourdement l’escalier. Je pense à m’écarter pour qu’ils nous voient, mais cela risque de les surprendre, de leur faire peur. Deux hommes cachés derrière un pilier à attendre le badaud pour l’agresser… Seule solution : descendre nous aussi.Les pas s’arrêtent brusquement en nous voyant surgir. Plaisir d’écrire s’excuse de leur avoir fait peur. Une voix nous dit « ce n’est rien, pas de problème ».Le couple nous double au pied de l’escalier. Un homme âgé, la soixantaine, tenant par la main une jeune femme. Il nous regarde. Il sourit. Et dit :– Bonne nuit les garçons.Poliment nous répondons d’une même voix :– Bonne nuit Monsieur, Madame…Coquine, accompagné d’un clin d’œil, la femme rétorque :– Mademoiselle !– Alors que la nuit soit une pluie d’étoiles dans vos yeux, Mademoiselle ! rétorque Plaisir d’écrire, en verve.L’homme marmonne un propos incompréhensible que nous interprétons comme un doute sur sa capacité à étoiler la nuit de sa belle. Nous rions. Je reprends Plaisir d’écrire par la main, le force à se tourner vers moi pour l’embrasser encore, avant d’emboiter le pas au couple qui, après nous avoir vu faire, décide de se bécoter et de roucouler tout en avançant.   Sortir de l’ombre des bords de Deûle ne nous empêche pas de nous embrasser à de nombreuses reprises, bien au contraire. Arrivés sur le boulevard, je lui demande :– Et maintenant ? Que veux-tu faire ? Nous rentrons ? Ensemble ?– Evidemment ! A ton hôtel ?– Avec joie !– S’il te plait… murmure-t-il d’une voix faible.– Oui ? Tout ce que tu veux ! Rien que ce que tu veux !– Je… Merci… Je ne sais pas si je suis prêt à tout…– Nous verrons bien ! D’abord prendre une bonne douche bien chaude…– Ensemble !– Se mettre vraiment à nu l’un devant l’autre ! Après, c’est toi qui vois. J’ai juste très envie de serrer toute la nuit ton corps chaud contre le mien.– Ton gros sexe bien raide calé contre mes fesses ?– Si tu veux. – J’ai dit « contre ». Pas « dans ».– J’ai parfaitement entendu. Je ne suis pas un monstre assoiffé de copulation… Il est juste probable que nous tâchions les draps…– Pas sûr…
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