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Mon Plaisir d'écrire

Chapitre 10

Un samedi soir dans l'histoire.

Gay
Nous sortons de la gare de Barcelone-Sants. Le froid est sec. Le bleu azur. Un beau soleil pointe au loin qui ne réchauffe pas encore le petit matin ensommeillé. Il est sept heures, Barcelone s’éveille. Il est sept heures, nous n’avons plus sommeil.Malgré le froid des gens s’entassent sur les terrasses. Il est sept heures. Le café est dans les tasses. Il est sept heures. Les cafés nettoient leurs glaces…– J’aime bien Dutronc aussi. Me dit Plaisir d’écrire.– En Espagne cinq heures est sept heures… S’il est une chose qui ne change pas ici, c’est bien le décalage horaire de la vie courante !Plaisir d’écrire sourit délicatement. Ses pommettes me font craquer. Ses lèvres pulpeuses sont un pousse-au-baiser. Ses grandes lunettes rectangulaires lui vont si bien ! Sa main se pose dans la mienne.Je suis heureux.– Alors ? me demande-t-il en sortant de la gare. Où allons-nous ?– Quelle impatience ! Profitez ! C’est beau une ville qui s’éveille, non ? N’aimez-vous pas les surprises ?– je vous fais entièrement confiance ! Pour tout !– Mais vous êtes un petit curieux…– Un peu anxieux… J’aime bien maîtriser la situation… Un minimum… Mais avec vous, j’accepte de me laisser faire.– Je…Nous éclatons de rire en pensant à la même chose, à sa totale soumission de la veille, dans le train, quand il m’a enfin offert ses fesses.– Vous laisser faire…– Choisissez le verbe qu’il vous plaira ! Je les accepte tous ! Prendre, mettre, butiner, déguster… Vous aimez bien le verbe « butiner » quand vous évoquez une sodomie… comment dire… attentionnée… Non ?– J’aime bien l’idée, oui, d’un butinage labial, lingual, anal… La légèreté de l’acte, sa délicatesse, son aspect impérieux tout autant que prévenant, la pureté des gestes dans la pureté de l’air…– Etrenu… Grand queutard et fin poète ! J’adore cette dualité !– Parce que vous vous y retrouvez bien ! Nous sommes pareils !– Je ne dirais pas cela… Complémentaires, plutôt… Je ne veux être que votre petite chose fragile… Votre soumis qui acceptera en couinant le dur traitement de votre vit !– Quel appétit ! Bon… Laissez-moi réfléchir à notre trajet… A pied ? Cela vous va ?– Une ville cela se découvre à pied ! Eventuellement à vélo. Sûrement pas en métro !– Etes-vous en forme ? Voulez-vous que nous allions directement à notre hôtel ? On en a pour une demi-heure à pied. Ou bien acceptez-vous un léger détour ?– Va pour le détour ! En avant Barcelona ! Nous allons à ta découverte !Son visage étincelant ! Son sourire ! Ses superbes yeux noisette ! Je fonds littéralement en le voyant si juvénilement heureux. J’accroche son bras. Je le fais pivoter vers moi. Nos corps s’enlacent. Je l’embrasse énergiquement. Sa beauté tranquille met autant âme que mon cœur, et que mon corps, en feu !Un regard courroucé d’une vieille carne catalane habillée tout en noir refroidit immédiatement mes ardeurs. La femme revêche passe en marmonnant je ne sais quoi, sans doute une critique homophobe acerbe. 
Il n’y a dans ce cas qu’une seule réponse possible : je lui offre mon plus beau sourire d’ange avant de reprendre la main de Plaisir d’écrire pour l’entrainer plus loin.Nous arrivons rapidement dans le parc de Joan Miro. Un tel espace au milieu d’une ville dense est surprenant. Nous y flânons tranquillement, au calme. A cette heure-là seuls quelques joggeurs circulent dans les allées. Pas de familles, pas d’enfants. Quelques rares passants avançant d’un pas rapide, sans doute vers leur travail. Nous pouvons régulièrement nous adosser à un tronc d’arbre pour nous butiner les lèvres…La présence des arènes au loin donne toute sa majesté au lieu. Savoir que les arènes sont aujourd’hui un centre commercial casse un peu le charme, mais de l’extérieur, c’est dépaysant.Nous arrivons enfin devant l’œuvre que je voulais lui montrer : la sculpture Dona i Ocell de l’immense Juan Miro. Femme et oiseau. Nous nous arrêtons pour observer l’œuvre ensemble. Si dans un premier temps seul le scepticisme nous inspire, en contournant l’immense sculpture nous comprenons un peu mieux l’intention de l’artiste. – Là c’est bon, je vois l’oiseau… Mais où est la femme ? demande-je.– Où sont les femmes ? Avec leurs gestes pleins de charme, dites-moi où sont les femmes ? Femmes, femmes, femmes, femmes ! Où sont les femmes ? Qui ont des rires pleins de larmes. Auraient-elles perdu leur flamme ? Flamme, flamme, flamme, flamme ! Où sont les femmes ? déclame ma muse en chantant la chanson de Patrick Juvet. Cela me fait beaucoup rire. D’autant qu’il a posé son sac et que c’est à une véritable chorégraphie publique qu’il s’adonne. Deux joggeurs ne s’y trompent pas qui dansent et chantent avec lui en riant.Je dois attendre qu’il en termine avec ce summum de la poésie française pour répondre :– La fente, peut-être ?– Sur un godemichet complété d’un tube perpendiculaire afin de donner plus de sensation, curieux, en effet ! C’est plutôt phallique pour une femme, non ?– Il me semble, en effet… J’avoue que Miro m’a toujours laissé de marbre… Je n’accroche pas vraiment à son œuvre…– Si votre phallus est tout autant de marbre, j’abonde dans votre sens !– Petit obsédé ! Vous êtes plutôt à la recherche de sens dans une séance de bondage !– Oui ! Maître ! Attachez-moi ! Bâillonnez-moi ! Fouettez-moi ! Prenez-moi ! éructe-t-il d’un ton graveleux.Je le regarde stupide, étonné.– Non, je déconne ! réplique-t-il en éclatant de rire. Le SM ce n’est pas vraiment mon truc !– Dommage… réponds-je en me reprenant, sur un ton libidineux. Je flatterais bien votre petite croupe, vous, attaché sur une croix de Saint André, mon sexe tendu et dirigé vers votre bel anus, prêt à vous…– Butiner, j’espère !– Bourriner, plutôt ! Mais après vous avoir conduit à me supplier de vous prendre, tellement j’aurais caressé et léché votre joli corps de mignon pendant des heures !– Humm… Vu comme cela, ça se discute…– Envie d’une expérience plus épicée ?– Envie de vous, en tous cas !Nouveau baiser. Nouveaux éclats de rire. Nous reprenons notre chemin. La conversation, comme souvent entre nous, particulièrement égrillarde, est faite d’échanges de promesses charnelles toutes plus jouissives les unes que les autres.Nous cheminons tranquillement vers notre Hôtel. Brusquement Plaisir d’écrire s’arrête, tripote son portable, place un écouteur dans une oreille et pose le second dans une des miennes.– Ecoutez… Mes musiques préférées, quand j’écris des textes érotiques… Des musiques qui m’émoustillent…La musique démarre. Je reconnais immédiatement la première : « Enjoy the silence » de Dépêche Mode. Reliés par le fil, nous avançons en dansant à moitié, en nous balançant souplement, en rythme.« One Caress » du même Dépêche Mode m’inspire moins. J’avais oublié ce titre. « Stop loving you » puis « Straight for the Heart » de Toto me rappellent de lointaines vacances, même si ce ne sont pas mes titres préférés, loin de là. La nostalgie de mon adolescence… Pour moi Toto a fait nettement mieux. « Africa », « Rosanna » et surtout « hold the line » sont nettement meilleurs, même si leur musique a mal vieilli. Mon jeune amant n’est pas d’accord. Chacun argumente, campe sur ses positions, fait semblant de s’engueuler devant des passants maintenant plus nombreux mais qui ne jettent pas un seul coup d’œil vers nous. La vision, un peu plus loin, de deux femmes en train de s’écharper verbalement nous confirme que s’engueuler en public à Barcelone est une coutume locale.Deux titres de Scorpions, que j’avais eux-aussi oublié, me plaisent assez : « Rhythmn of Love » puis « You and I ». « Sucré salé » de Zazie fait partie des titres que j’écoute régulièrement sur ma playlist. En revanche je suis totalement réticent à « dopamine » de Purple disco machine et à son choix sur Madonna « Justify my love » et « Erotica ».– A part le titre, aucun intérêt ! affirme-je d’un ton péremptoire qui le fait se braquer tel un étalon catalan.– Quoi ? C’est du génie ces titres ! Madonna est ce qui se fait de mieux !– C’est de la soap-musique ! C’est saoulant ! De la daube…– Madonna, de la daube ? Non mais ! Vous êtes…– D’un avis différent du vôtre, c’est tout. Regardez le type en gris, là-bas. Si cela se trouve il est fan de Luis Mariano ! Et alors ?– Aucun rapport ! Madonna est une égérie !– En guise d’égérie gay, je préfère franchement Mylène Farmer…– Rien à voir…– Là, au moins, nous sommes d’accord. Mylène Farmer, elle, a chanté « stolen car » avec Sting, The best of the best. Et aussi « les mots » avec Seal, le seul artiste qui a réussi la synthèse parfaite entre la house, le rock et la soul…– « Nos vies s’enlacent, And we drive into the night, Oh le cuir doux s’emmêle, Affole ton imagination, Je te vois déjà, Dans une autre situation… » chantonne Plaisir d’écrire, rejoignant ma sphère artistique.– Quelle autre situation ? réplique-je. Nos doux cuirs qui s’emmêlent ? – « Les promesses d’un jour, d’un soir… Je les entends comme un psaume, I’m just a prisoner of love, Prisonnier de mes failles… Take me dancing, Please take me dancing tonight”…– Promis ! murmure-je, ému, en déposant un baiser sur ses lèvres. Nous avons les mêmes références, finalement. Vous retenez les paroles, vous… Et vous chantez joliment bien !– C’est vite dit… Mais le top c’est Madonna…– Dites-moi, chantez-vous, nu, dans votre salle de bain, devant votre miroir, observant les mouvements de votre corps, avec la volonté d’être le plus félin possible ? demande-je pour ne pas revenir au sujet qui fâche– Vous avez mis une caméra chez moi, ou quoi ?– Si je pouvais ! Vous observer, nu, vous exciter en écrivant vos textes érotiques, vous tripoter, vous abandonner au plaisir solitaire, jouir ! Lécher vos doigts…– Toujours les mêmes obsessions…– Votre corps ! Oui ! Vous tout entier, aussi…– Vous êtes un incorrigible coquin… Notre conversation s’arrête par l’arrivée à destination. L’axel hôtel a fière allure. Nous entrons dans le hall. Plaisir d’écrire n’en croit pas ses yeux : tout est gay, ici. Très, très gay.– C’est un hôtel d’homos ?– C’est plus simple, non ? Nous sommes dans le quartier de l’ « Eixample », qu’on surnomme le Gay-xample, en raison de l’importance de la vie gay. C’est le centre gay de Barcelone.– C’est bien ce que je constate… Pourtant ni vous ni moi ne sommes gays…– En êtes-vous sûr ? Quand mon dard était incrusté bien profond en vous, quand nous nous régalions de sperme, quand nous nous sucions en soixante-neuf… Humm, j’adore le soixante-neuf !– D’accord… Je veux dire que nous ne sommes pas que gays.– C’est vrai. Nous sommes aussi gays. Et regardez autour de vous. Que voyez-vous ?– Des mecs…– Et ?– Qui ont l’air un peu homos quand même… dit-il, amusé, en désignant du menton deux hommes un peu précieux se parlant en anglais d’une voix vive et aigue.– C’est du pur jugement, ça ! Si ça se trouve ce sont deux hétéros, genre guides touristiques, extrêmement cultivés, passionnés par Barcelone, la voix un peu androgyne, qui sont là pour attendre un groupe et qui s’engueulent car ils sont concurrents !– Je… Vous m’énervez, vous savez ?– Je préfère vous exciter… Mais vous êtes adorable quand vous êtes énervé parce que j’ai touché juste…– GrrrLe réceptionniste nous accueille de manière autant professionnelle que gentille. Comme prévu notre chambre n’est pas prête. Elle ne le sera qu’en début d’après-midi. Il nous propose de prendre un petit déjeuner, offert. Nous refusons. Nous nous sommes gavés de croissants dans le train. Nous nous contentons de lui laisser nos sacs. Il me reste à entrainer Plaisir d’écrire vers la suite de mon programme.Déambuler dans les rues de Barcelone au réveil est une joie. La ville est belle, l’ambiance est enjouée. Tout en marchant Plaisir d’écrire, qui se laisse complètement faire sans plus poser de question, m’interroge sur mes goûts musicaux.– Vous n’écrivez toujours pas en écoutant de la musique ? demande-t-il, se souvenant d’un de nos échanges de messages.– Non. J’ai besoin de silence…– Et de nudité !– De silence et de nudité, certes, pour me plonger intégralement, totalement, sincèrement dans mon histoire. Je peux écrire des heures ainsi, juste coupé par des pauses « tasse de thé »…– Et des pauses pipi…– Chut ! Ma muse n’aime pas l’uro, m’a-t-il dit… Non, j’écris en silence mais je m’inspire en musique. Quand je roule en voiture, l’esprit dans mon histoire…– Danger public !– Avec des réflexes ! Donc j’écoute de la musique, classique ou moderne, suivant mon humeur…– Et là, maintenant, quelle est votre humeur ? Parce que la mienne, tout de suite, serait d’être nus ensemble, vous dans mon dos, à me caresser partout. Vous garder contre moi… – C’est trop tôt… Mon humeur… Tiens… Par exemple… Je connecte mon site de musique en streaming, hésite, et finalement choisis le morceau qui correspond à mon état d’esprit. Je mets un écouteur dans son oreille, me colle à lui pour mettre l’autre dans la mienne et nous reprenons notre déambulation.A de multiples reprises il tourne la tête vers moi. Je lis la même émotion dans ses yeux humides que dans les miens. C’est une sorte de communion, de transmission d’émotion.Après de longues et belles minutes artistiques, le morceau s’arrête. Plaisir d’écrire pose ses mains sur mon visage pour, lentement, avec une tension fébrile dans ses yeux noisette, m’embrasser avec une infinie douceur.Le monde s’arrête. La vie s’arrête. Nous ne sommes plus qu’un, que le monde autour regarde, attendri, sans jugement.Quand enfin nos lèvres se séparent, il me demande :– C’était magnifique ! C’est que qui ? Je ne connaissais pas.– « Le cantique de Jean Racine » de Gabriel Fauré. Pour moi un des summums du classique.– J’approuve !– C’est une prière au Christ, un appel à ce que sa Grâce nous enveloppe… Croyant ou pas, c’est un dialogue avec le divin, l’infini, ce qui nous dépasse… – C’est d’une beauté éclatante, en effet… Je ne suis pas un grand fan de classique, mais là, il faut bien reconnaitre…– Pourquoi se fixer des bornes en matière d’art ? Une œuvre vous touche, ou pas. Elle est moderne, classique, antique ; quelle importance ?– Une question me brûle les lèvres… Etes-vous croyant ?– Je crois… Enfin, je crois que je le suis, un peu… Je crois que notre rencontre n’est pas le fruit du hasard… En tous cas elle s’est faite sans avoir été provoquée par une application humaine… Disons qu’avec toutes mes contradictions, j’essaie de croire… Je veux croire…– Vous êtes vraiment un homme curieux. Vous parlez avec autant de liberté de sexe, de passion, d’art, de foi…– Parce que je ne veux qu’une seule chose : être nu devant vous… A tous points de vue ! Me montrer tel que je suis…– Nous voulons la même chose ! Mais moi, la religion, ce n’est pas trop mon truc…– Ah bon ? Dites-en-moi donc davantage !Plaisir d’écrire me parle de son absence totale de spiritualité. Il a une attirance métaphysique forte, un besoin de compréhension de l’être, de la nature, de l’identité, du champ des possibles ; mais sans Dieu. Libre à lui. C’est son droit. Comme c’est son droit de se revendiquer homosexuel curieux plutôt que bisexuel. Je sais que je vais encore le titiller sur le sujet. Probablement en titillant les parties les plus intimes de sa belle anatomie. Nous arrivons enfin à destination. Le Musée Européen d’Art Moderne. Plaisir d’écrire me regarde, étonné.– Un peu de culture, très cher ! Nous allons nous en mettre plein la vue ! Objectif pour chacun de nous : se trouver face à une œuvre qui génèrera en nous une émotion intense.– Une émotion ?– Peu importe laquelle : joie, surprise, dégoût, peur, tristesse… Je vous propose de partager ce que chacun de nous ressentira au plus profond de lui.– Au plus profond…– Oh ça va, hein ?– D’accord ! On ne mélange pas plaisir et émotion… C’est triste…– Eh bien si ! Du plaisir sans émotion, c’est, comme dirait Souchon, une petite affaire passagère ! Notre relation vaut mieux que cela ! Allez, d’accord, explorons toutes nos profondeurs…Rapidement nous tombons sur une statue d’une femme nue allongée. Nous la voyons de dos, de loin, admirant de magnifiques fesses bien rondes, appétissantes à souhait.– A votre avis ? demande-je à ma muse. Femme ou Hermaphrodite ?– Position typique du statuaire d’d’hermaphrodite ! Un corps de femme, sublime, et, quand on se rapproche, un beau phallus déployé…– Là je ne suis pas sûr… remarque-je en m’approchant des pieds de la belle de pierre. De jolis seins bien ronds… Un petit ventre mignon… De belles cuisses solides débouchant sur un superbe fessier…– Arrêtez de disserter ! Passez-donc devant pour qu’on sache si elle est aussi bien montée que vous ! Nous gloussons joyeusement en constatant que cette femme n’a pas de pénis… Notre réaction fait sourire un duo de femmes âgées qui, sans aucun doute, venait de faire la même vérification.– Je préfère l’Hermaphrodite en érection du musée de Lille ! lance Plaisir d’écrire, mimant une déception intense. – Première émotion commune ? La déception peut-être ? suggère-je.– La déception n’est pas une émotion. En revanche… dit-il en me palpant l’entrejambe après avoir vérifié que nous sommes seuls dans la salle. Votre émotion physique est bien mollassonne !– Cela va revenir, rassurez-vous, bel enculé ! réplique-je en murmurant dans son oreille avant de donner un coup de langue sur son lobe et de m’éloigner en riant.Plus loin nous tombons sur une statue de roi nu. Nous restons un long moment à l’observer. Son ventre flasque, ses doigts crochus, sa verge molle collée à un testicule indolent, ses doigts crochus… – Serai-je comme cela quand je serai vieux ? se demande mon jeune amant à haute voix.– Avez-vous peur de vieillir ?– Quand je vous regarde, non. Mais quand même… Les affres de l’âge… J’aime la beauté anatomique. Masculine ou féminine. Cette beauté que les années flétrissent… Regardez ce cycliste sculpté par… Grzegorz Gwiazda… ajoute-t-il en se campant devant l’œuvre suivante. – Je le trouve plutôt beau gosse, moi ! Charpenté le gars ! Pas plus de bouées d’amour que moi ! – Vous êtes bien plus… émoustillant ! Quant à l’idée de faire du vélo nu, aïe, aïe, aïe !Nous rions de bon cœur avant que nos gloussements ne se figent dans nos gorges. Nous nous retrouvons face au tableau d’un homme-femme dans son bain. Le silence s’installe tandis que nous admirons l’œuvre. Face à cet homme nu ayant des petits seins naissants et surtout une vulve surplombée d’un fin ticket de métro pileux, je sens l’émotion m’étreindre. Homme-femme magnifique, masculin-féminin rassemblé dans un même corps… Une érection commence à poindre.Plaisir d’écrire me prend la main, la serre. Nos regards se croisent. Il est aussi ému que moi. Le silence dure tandis que les pensées s’entrechoquent.Il finit par me demander : – Est-ce ainsi que vous me rêvez ? Mi-homme, mi-femme ?– C’est possible, oui… Homme, vrai homme… Avec des seins moelleux à pétrir… Mais toujours vos tétons barrés de ces barres de titane… Avec une verge pleine de vie, un vit, magnifique phallus à sucer et caresser… Une chatte… Pour y enfoncer mon dard tout en pelotant votre admirable petit cul… Tout et son contraire…– Tout et son complément ! Cette forme de maillot, ce bronzage partout sauf sur le pubis d’un blanc pur et soyeux… Je rêve de vous… Je rêve de faire l’amour à un petit brin de femme comme lui, comme elle… Je rêve de votre dard virevoltant entre mes fesses… Encore ! Vous avez ouvert une voie dont je ne saurais plus me passer !– L’un n’empêche pas l’autre ! Je suis bisexuel. Vous êtes bisexuel. Le corps des femmes nous excite. Le corps des hommes nous excite. Nous sommes des sensuels, des sensitif… Nous aimons la douceur, la volupté, l’onctuosité des chairs, les épidermes qui ruissellent de sueur, le parfum des corps en feu…– La saveur des corps en feu ! Bouffer une chatte ! Lécher votre sperme ! Je m’interroge pourtant… Cet homme qui est femme, cette femme qui est homme, si vous l’aviez dans votre lit, préféreriez-vous enfoncer votre délicieux dard dans sa chatte ou entre ses fesses ?Je le regarde, étonné, sans savoir quoi répondre. Je n’ai jamais sodomisé de femme. Aucune ne me la demandé. Je n’ai sodomisé que des garçons. Qui tous m’avaient ouvert leurs jolies petites fesses échauffées. Je n’ai jamais rencontré de transgenre. Comment me comporterais-je dans ce cas-là ?Il met un terme à mon supplice silencieux en reprenant ma main pour m’entrainer plus loin, en susurrant un « pas grave… », m’évitant ainsi de devoir répondre.Un tableau représentant un groupe d’hommes et de femmes nus, visiblement en panique, coincés sur le palier d’un escalier, ne sachant où aller, attire notre regard. Je regarde son auteur : Jordi Diaz Alamà, un barcelonais. Son nom ne me dit rien. – Les corps sont beaux, en tous cas ! souffle ma muse, les yeux passant d’une anatomie à l’autre.– Aimeriez-vous être parmi eux ?– Non ! Le naturisme n’est pas ma tasse de thé… Pourtant… Que font-ils ? Que fuient-ils ? Oui… Je crois que j’aimerais être nu, sans faux-semblant, au milieu de mes semblables, hommes ou femmes…– Pourquoi la nudité de groupe vous fait-elle peur ?– La pudeur sans doute…– Avec moi vous êtes pourtant d’une totale impudicité !– C’est pour vous exciter, Etrenu ! Vous montrer mon petit cul pour vous exciter, vous inciter à me prendre ! Vous, vous êtes mon amant, ce n’est pas pareil…– Avec les filles qui ont partagé votre lit, êtes-vous tout aussi démonstratif qu’avec moi ?– Je… fais ma muse, soudain indécis… Non… Je ne crois pas… Je suis un peu pudique…– Après l’extase, l’excitation retombée, osez-vous vous montrer nu, tel que vous êtes, à votre belle ?– Rarement… J’ai effectivement tendance à recouvrir mon entrejambe avec le drap… – Comme en public.– Oui. Jusqu’au maillot de bain ça va… Mais rien du tout… Je crains peut-être d’avoir une érection incontrôlée…– Et alors ? Quelle offense ? – Je sens que vous allez bientôt m’inviter à participer à une manifestation dans le plus simple appareil ! répond-il, l’œil redevenu lumineux. C’est cela le programme ?– Pas du tout… c’est juste que vous êtes beau, jeune homme. Alors, être nu avec vous, au milieu d’autres personnes nues, hommes ou femmes, serait un enchantement…– Il est vrai que vous voir dans le plus simple appareil au milieu d’autres gars pourrait m’émoustiller…– Je retiens l’idée ! Et ces bronzes de « birdman » ? Ils vous émoustillent ?  demande-je en désignant des statues d’un homme nu. – Ouah ! Beaux mecs ! Ils donnent vraiment envie de les caresser et les palper partout ! s’enthousiasme mon jeune émoustillé.Joignant le geste à la parole, alors que nous sommes seuls dans la pièce, il commence par me peloter le fessier avant de glisser sa main sous la ceinture de mon pantalon, dans mon slip, pour s’emparer de ma verge et de mes bourses.– Humm, une mi-molle comme je les aime ! s’amuse-t-il. Bien chaude… Douce… Des couilles bien pleines…– On va nous repérer ! Arrêtez !– Je sens un décalage entre vos propos et votre attitude… Etes-vous certain de vouloir mettre un terme à cette montée de plaisir ? Car je vous sens durcir à toute allure !– Vous l’aurez bien dure en vous, soyez-en sûr ! Mais n’oubliez pas qu’il y a des caméras partout ! Et des gardiens qui surveillent et, peut-être, nous observent !Plaisir d’écrire retire brusquement sa main de mon pantalon pour, paniquer, regarder autour de lui en hauteur. Plusieurs caméras semblent dirigées vers nous. Il prend un air confus, s’éloigne, pour aussitôt retourner sur ses pas et regarder de près les belles statues de nu.– Oui… finit-il par déclarer d’une voix rauque. Je crois que j’adorerais être nu entouré de garçons nus…Je lui souris avec tendresse et reconnaissance avant de déposer un chaste baiser sur ses lèvres. Plus loin un bronze réaliste de femme couchée nue nous émeut. Elle est belle, tout simplement. Mais c’est une sculpture d’Icare nu qui attire davantage notre attention. Nous mettons plusieurs minutes, tournant autour pour admirer toutes les faces de l’anatomie, quand Plaisir d’écrire comprend enfin ce qui nous retient. – Il bande à moitié !– Vous exagérez ! Certes, sa verge n’est pas complètement au repos, mais s’il vous voyait nu elle s’allongerait encore et durcirait avant de s’élever à coup sûr !– Cet Icare montrant le ciel du doigt, c’est vous ! C’est votre anatomie ! Est-ce vous qui avez posé ?– Jamais de la vie ! Je n’ai jamais posé ! Nu ou habillé, d’ailleurs.– Et cela vous plairait-il ?– Poser ? Nu ? Sentir les regards balayer mon corps ? Je… Oui… Sans doute… Je crois que j’aimerais cela… – Alors ? faites-le !– Je ne suis pas certain que ma plastique intéresse un autre que vous !– Pfft ! Vous vous sous-estimez ! Vous êtes encore bandant pour un homme de votre âge ! clame-t-il, trop fort, en essayant de me palper les parties.J’évite de justesse la préhension de sa main sur mon entrejambe, je me décale et je réussis une claque sonore sur ses fesses qui le fait éclater de rire.Les deux vieilles dames du début, que nous n’avions pas vues, sourient gentiment en voyant nos facéties. Tout à coup je m’interroge : quelle est la réalité de leur relation ?Plaisir d’écrire semble lire dans mes pensées :– Toutes les bonnes copines ne sont pas amantes…Nous admirons côte à côte des tableaux de nus masculins ou féminins ensommeillés. La lascivité des attitudes réveille notre excitation.  – C’est curieux, fait-il remarquer, comme, effectivement, les femmes ont tendance à dormir une main posée sur leur poitrine, comme pour la protéger, alors que nous, les mecs, avons tendance à éloigner nos bras de notre corps comme pour mieux l’exhiber… – Et encore, là les deux ont les jambes serrées ! Moi j’ai tendance à les écarter pour mieux m’exposer encore !– Exposer votre merveilleux sexe ! Et vous caresser ! Vicieux ! Comme cette coquine, là, sur son tissu violet… Elle est belle ! – Vous êtes mesquin ! Ce joli brin de femme se caresse le ventre…– La chatte !– Le pubis, si vous voulez, mais guère plus ! Vous ne faites pas cela, vous, quand vous rêvassez ? Laisser votre main caresser librement votre peau ?– Bien sûr que si ! Et c’est comme cela que j’aime à vous regarder, nu, votre corps étalé sans réserve, bandouillant, vous caressant la peau ! Mais vous, vous êtes un exhibitionniste ! Contrairement au tableau, là, qui représente une jolie réalité féminine…  – Nue derrière les rideaux… Le titre de ce tableau est si vrai !– Une femme qui vient de faire une lessive, qui a étalé les vêtements mouillés sur un séchoir, qui reste nue à fumer une cigarette en regardant la vie défiler dans la rue, derrière ses rideaux… Je trouve cela beau. Pas vous ?– Dans le secret de son intérieur… Les mystères de la vie… Nous nous approchons de la sortie. Un tableau de femme enrobée, peut-être enceinte, si vivante, si vraie, nous attendri avec ses beaux seins lourds, son ventre, ses mains en protection de son hymen, l’aperçu du haut de son triangle boisé. Elle aussi est belle. Vraiment belle. Généreusement belle… Nous filons dans les toilettes pour nous soulager avec amusement, les yeux en balade, avant de nous embrasser longuement. Mon jeune amant me remercie pour ce merveilleux moment culturel, si émoustillant, passé ensemble. Tandis que nos lèvres et nos langues se débattent, nos mains pétrissent avidement nos fessiers. Nous nous sourions. Nous sommes heureux. Simplement heureux.
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