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La Muse

Chapitre 22

Voyeur / Exhibition
Le salon du livre érotique

Problème à l’hôtel : lors de la réservation, le concierge avait fait une erreur ; au lieu de réserver deux chambres, il n’avait réservé qu’une chambre à deux lits. Notre maître, toujours avec sa cool attitude habituelle, dit au concierge :
— Cher ami, cela n’a que peu d’importance ; nous nous arrangerons de cette situation. N’est-ce pas, Mesdemoiselles ?— Ce sont vos filles ? reprit le concierge.— Mes filles ? Vous n’y pensez pas : ce sont mes muses, cher ami. Bien, allons.
Instinctivement, Caro et moi avions bombé le torse, fières qu’enfin quelqu’un nous considère à notre juste niveau.
Le garçon d’étage nous accompagna à notre chambre. Maître Georges n’avait pas fait les choses à moitié – ou l’erreur était voulue – car nous avions à disposition une suite. Un immense lit qui pouvait recevoir facilement trois personnes était recouvert d’oreillers. Il trônait entre deux tables de nuit surmontées d’une magnifique lampe de chevet dorée et ornée d’un abat-jour en tissu avec franges dorées. Dans cette chambre, tout était beau et raffiné. Il y avait un salon avec un canapé de style et deux fauteuils ; sur une table basse, un plateau avec un seau rempli de glaçons où baignait une bouteille de champagne, des verres, et pour accompagner le tout, quelques mignardises n’attendaient que nous. Avec Caro nous avions repéré le lit ; d’un simple regard nous savions ce que nous y ferions le soir même.
Nous devions nous préparer et préparer une robe de rechange pour le dîner du soir au salon. Le soleil radieux nous fit choisir une robe courte légère, sans rien dessous ; aux pieds, des ballerines plus confortables pour ce genre de festivité.
Brinqueballées dans tous les sens pendant quarante minutes dans le métro où il régnait une chaleur étouffante et une odeur pestilentielle, nous arrivâmes enfin. Nous avons eu droit aux mains baladeuses que la majorité des femmes doivent subir en ces lieux. Moi, j’aime bien me faire toucher les fesses, alors peu m’importait de me faire tripoter un peu. D’ailleurs j’implorais le ciel pour qu’une main veuille bien se balader sur ma robe. Je ne me doutais pas que ma prière aurait été exaucée au-delà de ce que j’espérais.
Compressés les uns contre le autres, je sentis une main se balader sur ma robe, en lever le bas, et des doigts remonter le long de ma cuisse jusqu’à mes fesses. J’essayai de bouger pour me retourner et hurler des insultes au salopard qui me pelotait les fesses. Autant j’aime me faire tripoter, mais aller me toucher le cul après avoir levé ma robe sans mon accord, pas question : c’est moi qui décide ! Sauf qu’il me plaquait contre la barre de maintien en fer-blanc lustrée par les milliers de mains et qui s’était logée entre mes seins et entre mes cuisses ; elle m’interdisait tout mouvement. Le salopard me chuchota :
— T’es une vraie salope ! Pas de culotte ni de soutif ! Tu veux te faire baiser, hein, salope ? Je vais t’enculer, alors mets-y du tien et tais toi !
J’étais tétanisée par ces paroles, mais je sentis ma chatte s’humidifier instantanément et mon jus couler entre mes cuisses ; ce mec me dominait. Un terrible picotement dans mon ventre me fit changer d’avis : « Laisse-le faire, Jen ; tu adore ça, avoue-le ». Oui, j’adorais cela tout à coup. L’idée de me faire prendre par derrière dans le métro, par un inconnu, m’avait tout simplement retourné la tête ; c’était terrifiant, mais tellement jouissif mentalement que je décidai de subir cet attouchement. Sa main écarta mes fesses et guida son membre dur qui se glissa dans mon entrejambe trempé et alla chercher ma cyprine.
— Et tu mouilles, salope... Tu aimes te faire baiser ? Tu vas voir comment tu vas jouir ! reprit-il en enduisant sa queue de mon jus.

Dans un virage brutal, son membre entra d’un coup sec dans mon anus ; mes doigts se crispèrent autour de la barre, mon souffle devint court ; mon ventre criait « Encore ! » Les mouvements de la rame suffirent à faire coulisser cette bite inconnue qui me donnait ce plaisir aussi imprévu que soudain. Au moment où elle cracha son venin en moi, cramponnée des deux mains à la barre, je fus prise d’un étrange orgasme. Je serrai tout : la barre, les dents, et le fesses comme pour l’empêcher de sortir. Les mouvements du métro qui freina brutalement fit entrer cette bite au plus profond de moi et accélérer, puis sur un coup frein brutal et un passage d’aiguillages, la bite sortit de moi. La rame s’arrêta et l’homme disparut. Moi qui aime jouer avec les autres, je me suis retrouvée prise à mon propre jeu.
— Jen, tu te sens mal ? hurla Caro.
Le non de la tête que je lui rendis lui suffit.
Après avoir parcouru les couloirs interminables du métro où tout le monde court après le temps, nous arrivâmes enfin à ce fameux salon. Encore toute retournée par ce qui venait de m’arriver et voyant ma tête, Caro me questionna à nouveau :
— Tu n’es vraiment pas bien ; qu’as-tu donc ?
Le rouge jusqu’aux oreilles, je lui chuchotai à l’oreille :
— Un type m’a enculée dans le métro.— Non, c’est pas vrai... Raconte ! répondit-elle en éclatant de rire.
Après contrôle de nos invitations dont le maître était le seul détenteur, nous pénétrâmes dans une immense salle. Des stands présentaient des livres étalés en vrac ou bien rangés les uns à côté des autres sur des tables ; d’autres, empilés à même le sol, ressemblaient à la tour de Pise. Maître Georges nous dit que nous pouvions découvrir les lieux ; sitôt dit, sitôt fait ! Nous nous lançâmes à la découverte de ce salon qui, je pensais, allait nous faire découvrir tout un tas de belles choses. Alors que nous flânions un peu au hasard, mon regard s’arrêta sur une expo de photos de nus. Des photos de filles toutes plus belles les unes que les autres, dans des postures parfois érotiques, parfois un peu plus osées, attendaient qu’un regard s’arrêtât sur elles. Je m’arrêtai pour les regarder en détail ; nous fûmes abordées par un homme accompagné d’une jeune femme.
— Bonjour ; je peux vous présenter mes clichés ?— Pour voir uniquement, si vous voulez, lui répondis-je.
Il nous montra toute une collection de clichés essentiellement de femmes, pour la plupart entièrement nues et d’autres à peine voilées. Je restai en admiration devant la sensualité qu’elles dégageaient. Cela me donna envie de poser ; je me voyais déjà dans toutes les postures shootées par le photographe. L’homme, qui se prénommait Gilles et la dame Audrey, sa femme, nous posa une question simple :
— Dites-moi, Mesdemoiselles, vous êtes sœurs, et sans doute jumelles ?— Si je vous dis « jumelles », vous me croyez ?— Complètement. Je vais vous paraître un peu direct, mais est-ce que vous aimeriez poser pour moi ?
Avec Caro, nous nous sommes regardées et :
— Nues ? Comme sur les photos ?— Ce serait formidable, et j’en serais ravi ! Je vous déclarerai comme modèles.— C’est rémunéré ?— Évidemment ; je n’ai jamais fait de photos de jumelles, et encore moins nues.
Je pris un peu peur car, en étant rémunérée, j’ai eu tout à coup le sentiment de me vendre, comme une pute ; mais je vis aussi un bon moyen de gagner un peu d’argent, ce qui était aussi un de mes buts. Gilles devina mon malaise.
— Si cela vous dérange, on en reste là.— Non, non, c’est juste qu’en réalité nous ne sommes pas jumelles, ni sœurs ; juste amies. Enfin, oui, amies.— Ah, je comprends. Votre vie ne me regarde pas : ce qui m’intéresse, ce sont les photos ; on pourrait faire un essai. Cela dit, vous vous ressemblez comme deux gouttes d’eau.— Caro, on essaye ?— D’accord.— J’ai mon studio juste à côté ; si vous voulez, on peut y aller.
Cet homme marié nous avait mises en confiance ; nous sommes allées à son studio. Nous avons fait une incroyable quantité de photos, tout d’abord habillées avec nos minirobes. Il remarqua que nous n’avions rien dessous.
— Excusez-moi, mais vous ne portez pas de sous-vêtement ?— Jamais.— Vous êtes très sexy ; il va falloir que j’en parle à ma femme, hum-hum...
Il continua à nous shooter. Plus il prenait de photos, moins nous avions de vêtements ; nous avons fini entièrement nues. Grisées par cette séance de photos, nous prenions des poses, sexy, érotiques, et un peu osées ; pour finir nous nous sommes embrassées et il nous a shootées. À la fin de la séance, il nous dit :
— Je vais faire le tri dans les photos ; vous me donnez vos coordonnées et on se revoit... La semaine prochaine, ça vous va ?— C’est que ça va être compliqué, on n’habite pas ici.— Ah, et vous êtes d’où ?— Lyon.— Vous êtes venues seules ?— Non, nous sommes venues avec maître Georges. Pour tout vous dire, nous sommes ses muses.— « Maître », ou « monsieur » Georges ? Avec ce genre de moustache ? nous demanda-t-il en mimant la forme des bacchantes de notre maître.— Oui. Vous le connaissez ?— Si je le connais, ce vieux renard ? Il faut que je le voie. Pour les photos, je descendrai à Lyon ; je pense que nous allons réaliser de belles choses ensemble.
Nous avons quitté le studio photo, retrouvé notre maître d’un week-end, annoncé la nouvelle et sommes retournées au stand de Gilles avec monsieur Georges. Les retrouvailles entre les deux hommes furent si chaleureuses que tout le monde s’était retourné pour savoir à quoi était dû ce chahut.
— Alors, vieux renard, en forme à ce que je vois ! Dis-moi, tu arrives à assurer avec tes deux... muses ? — N’exagérons rien ; nous ne faisons rien de plus que ce qu’autorise la bienséance.— Ne me prends pas pour un imbécile, Georges ; je te connais, et je suis ravi pour toi que tu aies retrouvé ta joie de vivre. Mais, dis-moi, tu n’écris pas dans cette catégorie de littérature... — Eh bien vois-tu, tout change. J’ai commencé un petit roman sur elles, et cela devrait s’appeler « Ma Muse », ou bien « Mes Muses ».— Nos en reparlerons ce soir ; nous mangeons ensemble, vous êtes mes invités, bien sûr. Je suis seul ce soir, proposa Gilles.
Le temps filait à la vitesse de l’éclair ; nous n’avions pas visité la moitié du salon qu’il se faisait déjà tard. Nous nous sommes retrouvés avec Gilles au restaurant réservé aux exposants, écrivains, peintres et autres artistes du salon. Cela permettait de créer des contacts et de faire naître parfois quelques associations ; mais surtout de se montrer.
Lors de notre entrée, je savais bien que nous ne passerions pas inaperçues. En notre qualité de muses, il était évident qui nous devions entrer aux bras du maître, vêtues de la plus belle façon qui soit. Parmi les robes de Julie, nous en avions trouvé d’assez transparentes, avec une broderie devant qui masquait à peine notre pubis. Un profond décolleté dans le dos nous interdisait le port de tout soutien-gorge. Nous étions perchées sur des escarpins à talons hauts. Je m’amusais du regard de ces messieurs-dames qui s’écarquillaient les yeux pour tenter de deviner si, oui ou non, nous portions un string, seul sous-vêtement possible vu la taille de la broderie.
J’entendais les pensées des convives : « Mais qu’est que ces deux déesses peuvent bien faire avec ce vieux machin ? Hum, pour le fric certainement ! » Maître Georges, un peu acteur, nous conduisit jusqu’à la table, tel un prince exhibant les dernières de ses courtisanes.
À notre table, la discussion entre les deux hommes était animée. Georges expliqua à demi-mots le pourquoi de notre présence, puis Gilles, qui ne perdait pas une miette de notre anatomie, nous fit cette proposition :
— Vous savez que le shooting que nous avons fait tout à l’heure et que j’ai pris le temps de regarder est très réussi ? Je pense que, si vous êtes d’accord, nous pourrions faire de très belles photos de mode, et même érotiques : le nu vous va très bien. Est-ce que cela vous tenterait ?
Je voyais que Caro ne semblait pas très à l’aise.
— Gilles, moi je ne suis pas très chaude pour ce genre de photo ; d’ailleurs, je ne veux pas que certaines de celles que nous avons faites tout à l’heure soient diffusées, sauf si l’on ne voit pas mon visage.— Je comprends, et je respecterai ta volonté. Je te garantis que je respecterai ta volonté. Et toi, Jennifer ?— Moi, je marche pour tout à cent pour cent.— Parfait ! Comme je l’ai dit tout à l’heure, je descendrai à Lyon.
Le repas se déroula dans la bonne humeur sous le regard de la salle entière, remplie de jaloux mateurs. Après avoir échangé nos coordonnées, nous avons décidé de rentrer à l’hôtel. Dans le taxi qui nous y ramenait, j’ai demandé à Caro pourquoi elle ne voulait pas faire de photos ; elle me répondit ne pas se sentir à l’aise, et surtout ne pas vouloir être affichée sur les murs du métro comme ces filles dans des tenues de grand couturiers. Moi, j’étais super emballée par l’idée de poser pour un photographe ; un de mes rêves était peut-être en train de se réaliser.
Dans la chambre d’hôtel, une nouvelle bouteille de champagne nous attendait. Caro et moi avons mobilisé la salle de bain pour une douche rapide et sans câlins. Nous en ressortîmes entièrement nues quelques minutes plus tard.
— Georges, tu vas prendre une douche ?
Il resta bouche bée, les yeux exorbités, puis :
— Tu viens de...— T’appeler Georges et de tutoyer. Va prendre une douche, et grouille-toi ; je sers le champagne !
Il fila prendre sa douche, revint avec juste une serviette autour de la taille et s’installa sur un fauteuil en face de nous.
— Dis-moi, Georges, tu as déjà vu deux filles faire l’amour ensemble ?— À part la petite séance dans le train de ce matin, non.— Alors installe-toi bien et regarde ; nous sommes certaines que tu vas apprécier.

[À suivre]
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