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La Muse

Chapitre 24

Voyeur / Exhibition
Le salon suite.

Pendant le petit déjeuner, Georges nous donna le programme de la journée.
— Vous savez qu’aujourd’hui la journée est un peu chargée : nous avons une interview pour la télé, à midi un grand repas (il va y avoir du monde et de la concurrence) puis nous irons au salon de l’art érotique. Qu’allez-vous porter pour l’interview ?— Je ne sais pas si c’est une bonne idée de le dire maintenant, dis-je.— Ah bon ! Et pourquoi ?— Vous avez connu Salvador Dali ?— Oui, et même personnellement : un sacré personnage, excentrique mais très sympathique ; mais pourquoi cette question ?— Vous vous souvenez d’une interview qu’il avait faite à la télé ?— Comment sais-tu cela ?— Devoir d’école...— Si c’est celui où il avait amené ses muses, oh que oui, je m’en souviens ; il avait fait scandale à l’époque.— Eh bien nous allons faire la même chose. Ça vous va, Maître Georges ?— Vous êtes complètement folles !— Ça, on le sait déjà... Alors ?— Comme vous voulez, mais ça va faire du bruit si vous venez nues sur le plateau.— Et pour vous un bon coup de pub, non ?— Je ne dis pas le contraire.
Nous sommes arrivés dans les studios de la chaîne de télévision ; l’animateur de l’émission vint nous saluer. Visiblement, il connaissait Georges qui nous présenta.
— Bernard, je te présente Jennifer et Caroline, mes muses.— Tu as deux muses ? Et des jumelles en plus... Tu rajeunis, mon vieux Georges ! Naturellement, elles viennent sur le plateau.
— Évidemment, et je crois qu’elles ont une petite surprise...— Très bien. Et qu’elle est-elle, cette... surprise ? Il faut que je sache, car avec toi il faut s’attendre à tout.— Nous seront nues sur le plateau, Monsieur, repris-je.— Ah oui... gare aux critiques ! Bien, c’est l’heure. Georges tu viens avec moi que je fasse la présentation ? Quant à vous, Mesdemoiselles, vous entrerez quand je vous annoncerai ; ça vous va ?— Pas de souci.
L’animateur fit sa présentation. Caro et moi avions un trac fou : nous allions nous montrer entièrement nues devant un grand nombre de téléspectateurs. La plus grande exhibition que je n’avais jamais faite, ni refaite, de ma vie !Le présentateur fit son annonce :
— Cher public, chers téléspectateurs, j’ai la joie et le plaisir de vous présenter notre ami et artiste écrivain, peintre et musicien mondialement connu : Maître Georges, et ses muses Jennifer et Caroline.
Pour le trajet, nous n’avions mis que nos trench. Ensemble, et sous le regard étonné des techniciens, nos vêtements tombèrent au sol et nos escarpins quittèrent nos pieds. C’est entièrement nues, main dans la main que nous fîmes notre entrée dans le studio sous un « Oh ! » de stupeur des spectateurs et des techniciens présents sur le plateau.
Une légère révérence et nous nous sommes placées debout de chaque côté de Georges, assis dans un fauteuil. Nous étions là, à ces côtés, immobiles, un peu comme deux statues, le regard dans le vague. Notre but était de créer un choc pour faire jaser et attiser les critiques. Nous sommes restées plantées là en répondant par oui ou par non aux questions du présentateur. Ce n’était pas par manque de répliques mais plutôt à cause du trac qui nous tétanisait.
Pour ma part, je surveillais l’œil de la caméra qui scrutait mon anatomie. À un moment, regrettant d’avoir eu cette idée complètement idiote, j’ai eu envie de fuir à toutes jambes, mais la plupart du temps je m’amusais et me délectais de cette situation, étant très exhibitionniste. Au fond de moi, j’imaginais les hommes en train de nous mater derrière leur poste de télé, la queue gonflée, bavant d’envie avec à leur côté leur femme qui devait jurer et crier au scandale ! Pour exciter les hommes du public, je passais ma langue sur mes lèvres ; certains se tortillaient sur leur chaise, d’autres avaient passé une main dans leur poche et se touchaient le sexe. Si j’étais en train de les rendre fous, moi, je sentais le désir et l’envie de sexe venir en même temps que ma cyprine couler entre mes cuisses ; je m’auto-excitais.
À la fin de l’émission, prétextant un besoin urgent, j’entraînai Caro aux toilettes. Une fois à l’intérieur, je l’ai littéralement violée, lui bondissant dessus comme une furie. Elle était aussi excitée que moi et me mordait les tétons tout en me fistant le vagin ; je lui en fis autant et nous nous sommes fait arriver à l’orgasme, qui fût si violent que je dus serrer les dents pour ne pas crier. J’aimais et aime toujours avoir ce genre de relation sexuelle violente et forte qui me procure un plaisir immense.
Après l’émission (qui était en direct), certaines critiques furent très virulentes, allant même jusqu’aux insultes, prétextant que maître Georges se sentait obligé d’exposer deux blondasses totalement dépourvues de cervelle et qui, pour se faire remarquer, n’avait rien trouvé de mieux que de les foutre à poil à la télé. Cela nous passait au-dessus de la tête. D’autres prétendaient qu’il fallait se boucher le nez et mettre des bottes d’égoutiers pour arriver à lire les livres de Georges. Les bouquins en question traitaient des tourments d’adolescents et adolescentes en prise avec la sexualité et des envies parfois immorales et incestueuses, mais Georges n’en avait que faire.
Par contre, ces critiques étaient largement compensées par d’autres qui encourageaient cette façon d’aborder ce sujet : exposer deux femmes nues au regard détaché, comme si elles étaient dans leur rêve, donnait encore plus de poids au sujet de l’émission. Toujours est-il que le résultat escompté se traduisit par une augmentation considérable des ventes de tous ses livres.
Le midi avait été organisé un buffet ; ainsi artistes, écrivains, peintres et toutes les personnes passionnées par l’art érotique pouvaient y assister à condition d’y avoir été invitées. Pour l’occasion nous avions, Caro et moi, décidé de rester dans la nudité et la transparence. Nous avions spécialement choisi et revêtu des robes de Julie.
Celle de Caro était blanche, longue, transparente avec de la dentelle dans le bas, sans manches et col rond. Une large ceinture sur les hanches cachait à peine son pubis et le haut de ses fesses ; le haut laissait distinguer sa poitrine et ses tétons.
Quant à moi, j’avais choisi une longue robe noire tout en dentelles, dos nu et décolleté plongeant. Une dentelle légèrement plus serrée devant permettait de masquer un peu mon intimité, le haut de mes fesses et un tout petit bout de ma poitrine. Je ne savais pas à quelle occasion Julie (la femme de Georges) avait pu porter ces robes, mais je les trouvais extrêmement sexy ; elles ajoutaient beaucoup d’érotisme et de la sensualité à la tenue.
Lors du buffet, les femmes avaient toutes joué sur le côté sexy de leur tenue. La quasi-totalité des convives savait que nous étions les muses de Georges, et leur curiosité exacerbée les amenait à nous poser des questions parfois indiscrètes auxquelles je répondais sans complexe. Je fis également la rencontre de peintres, et notamment d’une artiste pratiquant le body painting ; j’avais déjà vu quelques photos de femmes et d’hommes entièrement nus et peints. Je trouvais cela très joli quand les peintures sont faites avec goût. Ce peintre, femme de surcroit, me proposa d’aller voir son travail à son stand, au salon de l’art érotique où nous devions nous rendre le lendemain.
Lorsque nous sommes rentrés avec Georges vers deux heures du matin, épuisés par cette journée, nous nous sommes douchés et couchés sans même faire quoi que ce soit.
Curieuse de voir comment se pratiquait cet art, je suis allée comme prévu voir l’artiste le lendemain, Caro étant restée avec Georges pour l’accompagner. En arrivant à son stand, Aurore m’accueillit avec sa bonne humeur et son sourire radieux qui dégageaient une joie de vivre communicative. Elle me montra quelques photos de son travail : des filles nues peintes, transformées en animal, en robot ou couvertes de fleurs, et plein d’autres motifs divers et variés. Certains étaient étranges, représentant les organes comme avec ces corps en matière plastique démontables pour les cours d’anatomie. Elle m’expliqua comment ce genre de peinture se réalisait, de la préparation de la peau à la peinture en passant par les dessins et esquisses pour la réalisation du motif. Les visiteurs passaient devant son stand sans vraiment s’y arrêter ; elle me détailla du regard et me dit :
— Dis-moi, Jennifer, ça te dirait de me servir de modèle ?— Je ne sais pas trop... Pour faire partir la peinture, une douche suffit ?— Oui, sans problème ; après, tu peux rester ainsi deux ou trois jours. Honnêtement, tu me rendrais un grand service car personne ne regarde mes photos. Je sais qu’elles ne sont pas très belles : je ne suis pas un pro de la photo, et il me faudrait un book.— D’accord pour le modèle, mais tu me fais un truc super beau ; pour les photos, j’ai une idée. Je reviens.
Je suis partie demander à Gilles qui accepta de faire les photos du début à la fin du travail.J’appris la bonne nouvelle à Aurore qui, folle de joie, m’embrassa sur la bouche.
— Que veux-tu comme genre de motif ? Et je le fais partout ?— Le motif ? Cela m’est égal. Je ne sais pas... des fleurs ou des mangas. Et partout, c’est vraiment partout ?— Oui, toute nue et dans les moindres plis et recoins, minette et cul compris ; à moins que cela te dérange ? — Non, non, au contraire ! Alors, on y va.
Je me suis déshabillée entièrement et elle commença à me peindre ; Gilles nous avait rejointes, appareil photo armé et il me shoota. Aurore œuvrait ; ses pinceaux, ses tampons, son aérographe me chatouillaient et me procuraient du plaisir. Le miroir juste en face de moi me permettait de suivre l’évolution de son travail ; petit à petit, des formes naissaient, des arabesques s’entremêlaient, tout mon corps se recouvrait de peinture. Elle avait dit « tout le corps » ; elle l’a fait : plus un seul centimètre carré de peau n’était visible ; ma vulve et même mon entre-fesse y ont eu droit. Gilles shootait à tout-va et sous tous les angles. Le stand s’était rempli de curieux qui prenaient des photos et observaient son travail ; sa pile de cartes de visite fondait à vue d’œil.
Pour terminer son œuvre, Aurore glissa mes cheveux dans un faux-crâne chauve d’alien (comme ceux que l’on trouve dans les magasins de déguisements), me l’enfila sur la tête et continua sa peinture. Une fois l’œuvre terminée, je ressemblais à un être abstrait venu de je ne sais quelle planète. L’artiste satisfaite, Gilles prit encore des photos de moi, mais aussi avec Aurore et les curieux désireux de figurer sur ses photos. Il se contorsionnait pour me prendre dans toutes les postures possibles et imaginables.
Aurore, Gilles et moi fixâmes rendez-vous pour d’autres peintures ; petit à petit, mon rêve se réalisait.
Après un bon bain et une bonne nuit, nous sommes rentrés à Lyon. Comme prévu, avec Caro nous avions fait le trajet du retour nues sous nos trenchs. Seuls dans le compartiment, nous avons offert à Georges quelques discrets petits moments d’exhib’. Nous étions ravis de ce séjour, mais loin de nous douter que ces trois jours passés à ce salon auraient pour nous un impact financier considérable ; et moi, je prenais de plus en plus de plaisir à me trouver dans ces situations des plus étranges, et ce grâce à cette expérience de body painting.

[À suivre]
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