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Nouveau monde

Chapitre 2

L'Incrédule

Lesbienne
— Waouh !
En pénétrant dans la pièce à la suite de mes deux nouvelles compagnes de chambre chargées de mon sac et de ma valise, je ne peux retenir une exclamation de surprise. Celle-ci s’étire en longueur sur une vingtaine de mètres, jusqu’à la fenêtre qui, donnant sur la façade du bâtiment, occupe les deux tiers supérieurs de la hauteur de la pièce. Sur cette longueur s’échelonnent trois lits de bois, sombre, comme les lattes reluisantes du parquet ciré ; comme les boiseries lambrissées qui couvrent les murs, où sont fixés, de la porte d’entrée à la fenêtre, et de chaque côté, deux miroirs de deux mètres de haut. En face des trois lits, adossés au mur, sont disposés trois paravents. Je m’approche de celui qui fait face à ce qui sera le mien, celui du fond.
— Non, mais attendez, c’est quoi cet endroit ? On est à quelle époque, là?— Pas mal, hein ? Ça fait bizarre, mais on s’habitue très vite, répond Alex avec un sourire amusé.

À vrai dire, je ne pense pas que je m’habituerai facilement à un endroit où on trouve des coiffeuses en acajou d’époque Régence, avec tiroirs et miroir en trois volets !
— Bon, on te laisse t’émerveiller ! Alex et moi on doit... régler des détails avec la Directrice : il y a quelques petites choses qui changent pour nous par rapport à la première année...
À nouveau, j’ai une drôle d’impression : Sarah a pris une voix détachée, presque machinale. Et je suis presque sûre d’avoir surpris un regard étrange, indéfinissable, entre elle et Alexandra.
— On t’a déposé tes affaires au fond, renchérit celle-ci en me désignant le fond de la pièce. En m’approchant, je me rends compte que la chambre décrit en réalité un "L" : à gauche de la fenêtre, une sorte de renfoncement abrite trois armoires de chêne. Comme pour le lit, c’est celle du fond qui m’est dévolue.— Merci les filles. À tout à l’heure !
À peine sont-elles sorties que je me mets au travail. Je jette encore un regard aux trois armoires en enfilade : décidément, tout dans cette école, jusqu’au moindre meuble de rangement, porte un cachet unique. Ce n’est pas luxueux à proprement parler, mais il se dégage de cet endroit comme une impression de charme désuet : comme sur un vieux bronze chiné chez l’antiquaire, on sent qu’une patine recouvre chaque pierre du mur, chaque meuble, chaque latte du parquet que l’on sent crisser sous ses pas.
J’ai dû passer presque une heure à ranger toutes mes affaires, mais je n’ai pas vu le temps s’écouler: il y a quelque chose entre Sarah et Alex. Quelque chose que j’ai perçu, mais que je ne parviens pas à identifier. Le regard qu’elles ont échangé avant d’aller voir la Directrice m’a vraiment intriguée : il m’a semblé percevoir une sorte de résignation et, au moins pour Alex, un sentiment de franc dégoût. D’un autre côté, c’est un grand classique chez moi : je réfléchis beaucoup trop. Si ça se trouve, je suis juste en train de me faire un film, et ce ne sont pas les trois heures qu’il m’a fallu pour venir ici qui vont arranger les choses. D’ailleurs, comme évidemment il n’y a pas cours aujourd’hui, j’ai carte blanche pour inaugurer mon nouveau lit, et je ne vais pas me faire prier !
§
— Aurore ?
La voix de Sarah me parvient de très loin...En ouvrant les paupières, j’aperçois une forme indistincte, brillante, qui danse devant mes yeux : il me faut quelques secondes pour me rendre compte qu’il s’agit de son pendentif en croix, si proche que je ne peux le distinguer nettement ; mais ce que, à ma grande honte, je distingue parfaitement, c’est son spectaculaire décolleté plongeant, et même le rose fuchsia de son soutien-gorge, qui affleure sous le crop-top. Je lève aussitôt les yeux pour chercher son visage : je dois être rouge d’embarras, car, lorsque je croise enfin son regard, je vois bien qu’elle est très amusée. Sous l’effet de la gêne, je sens mon souffle s’accélérer malgré moi ; et je sens aussi... une odeur boisée, capiteuse, presque violente. Évidemment, je ne suis pas surprise du tout qu’elle se parfume les seins, au contraire : quand on la regarde, il n’y a vraiment personne que ça pourrait étonner !
Et pourtant là, tout de suite, encore somnolente, rouge de honte, le nez dans son décolleté, je ne peux pas m’empêcher d’être admirative. Je n’ai jamais vu une femme jouer à ce point la séduction, mettre aussi ostensiblement son corps en valeur. Elle était l’illustration parfaite de la pure affirmation du corps, la négation absolue de la vulgarité. Elle finit par se redresser, mais je me rends parfaitement compte qu’elle se délecte de ma gêne : elle y prend un temps infini, et son sourire, railleur, n’en finit pas de s’étirer.
— Déjà claquée, ma belle ? Les cours ont même pas commencé !
Bien sûr, ce n’est qu’une expression, mais j’ai bien noté : "ma belle"... l’intonation est légère, mais je ne suis pas dupe, même si je ne me serais pas du tout attendu à ça ! En attendant, je suis toujours terriblement mal à l’aise : qu’est-ce que je pourrais bien trouver pour faire diversion ? Je sors le premier truc qui me vient :
— Je suis morte, je te jure, ça doit faire trois heures que je dors. Merci de m’avoir secouée un peu. D’ailleurs qu’est-ce que tu mets comme parfum ? Il est sympa en tout cas !— Mademoiselle Ricci. J’ai bien vu que ça t’a plu.
Bon. Si j’avais encore des doutes... Sarah a l’air d’être une personne incroyable, je suis sûre qu’on s’entendra super bien : c’est justement pour ça qu’il faut que les choses soient bien claires entre nous.
— C’est sûr ! J’adore. Maintenant, je sais quoi mettre pour faire tomber les mecs comme des mouches !
J’ai mis toute l’ironie et toute l’innocence que je pouvais dans ma réponse, et, à son haussement de sourcils presque imperceptible, je sais qu’elle a compris.
— En attendant, on m’a envoyée te chercher.— Ah ? Qu’est-ce qui se passe ?— Rien, rien, t’inquiète. La Directrice fait son petit discours de début d’année, tout le monde doit descendre dans le hall. Ça commence dans deux minutes !
Je saute de mon lit pour rattraper Sarah, qui s’est déjà précipitée hors de la chambre. Comme nous, plusieurs retardataires sortent précipitamment et se ruent vers le grand escalier pour le dévaler. À mesure que nous descendons les étages, la rumeur des discussions nous parvient, de plus en plus nette. Toutes les étudiantes sont regroupées au fond du grand hall, debout, agglutinées. Nous nous frayons un chemin dans les derniers rangs ; soudain, je sens la main de Sarah me retenir : tous les chuchotements se sont tus. Sur la pointe des pieds, du haut de mon mètre soixante-douze, je m’immobilise à mon tour, et je guette.
La scène est surréaliste : la Directrice est seule face à la masse des élèves. Debout au milieu du grand hall, les avant-bras posés sur un pupitre de bois, les doigts des deux mains entrecroisés, elle affiche un sourire serein. Elle est étonnamment jeune : elle pourrait presque avoir mon âge ! Elle est brune, ses cheveux lissés sont lâchés et descendent jusqu’au cou. Mais... qu’est-ce qu’elles ont toutes, dans cette École ? Elles préparent toutes le concours de Miss France ? Elle mesure peut-être un peu plus d’1m60, mais des talons interminables la grandissent très nettement. J’ai d’excellents yeux, et je distingue parfaitement, juste au-dessous de la minijupe crayon noire taille haute... le bas d’une bretelle de porte-jarretelles ?! Pas de doute, je suis tombée sur un nid de fashion victims...
Le blanc immaculé de la chemise, malgré un petit 90B, souligne en tout cas parfaitement le teint hâlé, presque de la même couleur que son rouge à lèvres. Je suis tellement occupée à la détailler, tellement étonnée, surtout, du soin extrême qu’elle aussi -décidément !- a visiblement mis à se préparer, que je ne me rends même pas compte qu’elle a presque terminé son discours : je suis littéralement hypnotisée.
— ... et veiller, bien entendu, à ce que la formation que vous recevez toutes ici soit aussi complète que possible. Vous avez choisi de suivre ce parcours : vous partagez donc, en principe, un penchant commun pour ce domaine. Je sais que pour certaines, la tâche sera difficile, et méritera quelques sacrifices, pour peu qu’elle n’en nécessite pas déjà. Mais je sais aussi, Mesdemoiselles, que la stricte soumission aux règles de l’Institut fera de vous, immanquablement, de véritables modèles de savoir et de savoir-faire, pour votre plaisir, et par conséquent pour le mien, puisque j’assurerai, cette année encore, les cours de thème grec et latin. Je suis convaincue que nous retirerons une fois encore de cette année, vous en tant qu’élèves, vos enseignantes et moi-même en tant que professeurs, une intense satisfaction. Mesdemoiselles, sur ces bonnes paroles... c’est une nouvelle année qui commence !
Je ne sais pas exactement quoi penser de sa voix : elle est à la fois tranchante, presque cassante, et chaude, comme protectrice. Une voix magnétique, capable d’envoûter toute l’École. À la fin de la dernière phrase, le silence est total, mais il n’a rien d’assourdissant : simplement, personne n’aurait même l’idée de faire le moindre bruit en sa présence. Et lorsqu’elle s’avance vers nous d’un pas tranquille, la foule des élèves se fend sur son passage : ce n’est que lorsque le craquement d’une porte de chêne, qui s’est refermée sur elle, finit par s’évanouir, que toutes les conversations reprennent soudain. C’est comme si une bulle avait éclaté : je reprends conscience du monde autour de moi. Quelle heure est-il, au fait ? Ma montre affiche 19h30. Déjà ? Ça veut dire que j’ai dormi presque trois heures...
J’ai beau les chercher partout du regard, je ne trouve ni Sarah ni Alex. Elles doivent être remontées ; d’ailleurs c’est ce que je vais faire aussi : il ne me reste qu’une demi-heure pour prendre ma douche, et on m’a bien prévenue que l’intendance de l’Internat ne plaisante pas avec les horaires. Je suis bonne pour me farcir encore une fois les trois étages...
Alors que je débouche, un peu essoufflée, à l’entrée du couloir, je me fige : j’ai reconnu les voix d’Alex et de Sarah.
— ... pas notre rôle de réfléchir. T’as reçu les consignes, non ?— Bien sûr que j’ai eu son SMS ! Justement ! On peut pas faire ça, Sarah !— Pourquoi ? On le fait depuis un an, Alex. On aurait toutes les deux préféré tomber sur quelqu’un d’autre, mais elle nous a mis ensemble. On a pas le choix.— Mais putain, l’année dernière on était seules dans cette chambre ! Tu sais très bien qu’on pourra jamais cacher ça à Aurore plus d’une semaine. Allez... dis-lui, toi, que ça peut pas être possible !— Et toi tu sais très bien que personne n’a jamais réussi à la faire changer d’avis. J’y peux rien ! Et puis... attends, je regarde le planning... oui, c’est ça : c’est toi qui es sur le créneau de 16 à 18 demain ?— Oui...— Tu peux oublier ça si tu lui désobéis. Et ne me fais pas croire que tu n’en as pas envie. On est toutes dans la même situation.
Silence. Je me suis littéralement pétrifiée, à deux mètres de la porte. Lorsque, après un silence qui me paraît interminable, Alexandra finit par répondre, sa voix a perdu son assurance.
— C’est... c’est vrai. Je ne peux pas renoncer à ça. Elle... qu’est-ce que c’est dur, parfois !— Je sais. Bon, puisque c’est réglé... Passe-moi du démaquillant : faudra que j’en rachète, je suis à court.
Je suis complètement perdue. Il m’avait bien semblé qu’elles me cachaient quelque chose ; et, même si je n’ai toujours aucune idée de ce que ça peut bien être, visiblement c’est beaucoup plus gros que ce que j’aurais pu imaginer. Je suis presque sûre que c’est une histoire de chantage, et, apparemment, ça dure depuis un an ! En tout cas, je dois rentrer dans la chambre immédiatement. Il faut que je prenne ma douche, et il est hors de question de leur laisser le temps d’aborder encore ce sujet : j’aurais l’air de les surprendre et, visiblement, elles ne peuvent rien me dire. Je la jouerai "Sherlock Holmes" quand j’aurai le temps.
— Salut les filles ! Je crois que j’ai failli laisser passer l’heure de la douche.
Elles sont toutes les deux assises devant leurs coiffeuses, à se démaquiller, et... évidemment. Alex a toujours sa chemise et son jean, mais Sarah est en soutif et en string. Définitivement, c’est ce qu’on pourrait appeler une putain de bombasse : elle est tellement cambrée que ses fesses sont littéralement sur la même ligne que sa tête, et la croix de son pendentif, fichée entre les deux bonnets de son push-up, suffirait à rendre fou un séminariste frigide. Inutile de dire qu’il faut plisser les yeux pour apercevoir un centimètre carré de string... Je n’ai jamais eu de problèmes de ce côté-là, mais elle, pour le coup, n’a certainement qu’à se baisser pour trouver des mecs par fournées !
— Non non, t’inquiète. On allait y aller, justement, me répond Alex.— On y va ensemble ? Histoire de te faire finir le tour du propriétaire, ajoute Sarah d’un air rieur. « On peut y aller tout de suite puisque t’as pas besoin de te démaquiller. Tu devras changer ça très vite d’ailleurs, ma belle », continue-t-elle. Elle a toujours un air léger, mais je suis très surprise :

je vois bien qu’elle ne plaisante pas.
— Que... ensemble ? Ah, euh... oui... d’accord.
Ah. Oui. Comme quoi j’étais beaucoup trop crevée en arrivant. Évidemment, j’ai bien vu qu’il n’y avait pas de douche dans la chambre, mais je n’avais pas réalisé que ça impliquait des douches communes. À vrai dire, j’ai toujours été assez pudique. En même temps, c’est assez cliché, mais bon, on est entre filles : je ne sauterai pas de joie, mais ça devrait aller... Sarah se lève ; et, encore une fois, je surprends le regard d’Alexandra dans sa direction. Cette fois-ci c’est un coup d’œil affolé. Sarah y répond par un regard ferme, sans équivoque : comme dans la conversation que j’ai surprise, c’est elle qui semble mener la barque. Alex se lève à son tour, comme à contrecœur.
— Attends... tu y vas comme ça ?— Tu sais, à la fin, on prend pas notre douche en maillot... on est toutes majeures et vaccinées ici ! me répond Sarah, mi-railleuse, mi-pragmatique.

Sur ce, nous sortons toutes les trois sur le palier.L’entrée des douches se trouve tout au bout du couloir, à gauche ; et, comme notre chambre est la troisième en partant de l’escalier, il faut le remonter presque entièrement. Comme nous trois, d’autres retardataires sortent des chambres... plus ou moins habillées. Entre Alex et moi, Sarah semble marcher comme si de rien n’était. Mais, c’est évident, elle prend un plaisir fou à promener presque insolemment son corps de rêve : et, si certaines tournent vers elles un regard envieux et jaloux, je vois bien que d’autres ne se privent pas de l’admirer. Plus je la regarde, plus je m’en persuade : elle est physiquement presque parfaite. Le roulement de ses omoplates répond au balancement chaloupé de ses fesses.
Nous sommes au début de septembre, il fait encore très chaud : moi qui suis juste à sa gauche, je vois sur son corps, sur sa poitrine qui se soulève et retombe au rythme de ses pas, quelques gouttes de sueur qui perlent par endroits et, se mêlant à son parfum, le rendent plus envoûtant encore.
Nous arrivons aux douches, et je me sens... dépaysée : on se croirait à la piscine municipale ! Sur toute sa longueur et sur 1m50 de haut, le mur est couvert de casiers : je dépose dans l’un d’eux ma serviette et mon pyjama. Bon... on y est : à poil ! À côté de moi, Sarah a déjà enlevé ce qui lui restait de tissu, et Alex aussi finit de se déshabiller. Je ne suis pas très à l’aise, mais aussi... un peu amusée : comme moi, plusieurs filles mettent beaucoup de temps à enlever le soutif, et on devine tout de suite que ce sont des "première année". Sarah me fait signe de les suivre, elle et Alex. Nous traversons la rangée des cabines qui nous serviront tout à l’heure à nous sécher et à nous rhabiller. De l’autre côté s’alignent, sur les murs de gauche, de droite et du fond, une vingtaine de douches : aucune séparation. Je me place sous l’une d’entre elles ; Sarah et Alex en prennent deux à ma gauche.
La douche commence à couler, et je me rends compte d’une chose : finalement, ma pudeur ne souffre pas tant que ça. Indéniablement, le fait d’être dans un Institut non mixte y est pour beaucoup : bien sûr, jamais je n’aurais accepté ça dans un autre milieu. En plus, à cinq ans près, on a toutes plus ou moins le même âge : de 18 à 23, l’écart est assez faible au fond. Et puis surtout, il y a le plus important : je sais qu’on va juger mon corps, et je sais aussi... que je m’en sors pas trop mal ! Une grande brune d’1m72, un petit 105C (ce n’est pas très mature, mais sur ce coup-là je suis plutôt contente de faire mieux que Sarah !) qui attire toujours du monde, et je suis assez fière, mes 91 centimètres de tour de bassin. Je ne veux pas regarder trop lourdement sur ma gauche, mais je glisse quelques regards, et c’est bien ce que je pensais : Sarah ne me quitte pas des yeux.
Elle me jauge, c’est certain, comme elle évaluerait une rivale ; mais, d’un autre côté, elle est tout simplement en train de me mater. Je n’ai jamais été attirée par les femmes : ma vie sexuelle est des plus classiques et, jusqu’à présent, ça me convient parfaitement. Mais penser qu’une bombe pareille se rince l’œil sur moi sans aucune retenue... honnêtement, mon amour-propre est bien boosté ! Elle m’a clairement fait comprendre qu’elle était bi : du coup, je sais que ce n’est pas bien de faire ça, mais... si je jouais son jeu, un peu ? Ça lui apprendra, à me reluquer comme une nympho !
Allez... c’est parti. Je ralentis progressivement mes mouvements : toujours sans la regarder ouvertement, je passe lentement mes mains sur mon corps. Je frôle mes jambes, de bas en haut ; je joue avec une mèche de mes cheveux ; je me tourne, toujours très lentement : je veux qu’elle puisse bien m’observer sous toutes les coutures. Je passe mes mains dans mon dos, je fais jouer mes omoplates ruisselantes ; je lève le visage: une vraie pub de parfum ! Il me faut toute ma concentration pour ne pas éclater de rire. Mais il faut bien une contrepartie...
Je ne suis pas à sa disposition : si elle croit qu’elle aura pourra me voir caresser mes seins ou mon cul...Je veux bien m’amuser, mais pas plus ! Et pour m’amuser, ça, je m’amuse ! Sarah a clairement l’air décontenancée : elle sent probablement qu’il y a quelque chose, mais elle ne peut pas en être sûre. Avant de lui tourner le dos pour prendre du gel douche, je l’entrevois, perplexe. Je n’en suis pas sûre, mais je crois qu’elle tapote l’épaule d’Alex, à sa gauche.
Je ne peux plus me retenir de rire, il faut que je me tourne. Face au mur, j’essaye de pouffer le plus discrètement possible, en même temps que je récupère une poignée de gel. Bon : est-ce que je continue ma petite expérience ? J’y réfléchissais encore en me retournant ; mais la seconde d’après, j’avais déjà tout oublié.
Debout, immobile sous le jet de la douche, Sarah, imperturbable, attend patiemment qu’Alexandra ait fini de la savonner.Les mains d’Alex volent sur son corps, frottent, frictionnent, avec la plus grande application, sur chaque parcelle de peau. Elles suivent la courbure des hanches ; elles glissent, lentement, sur toute la surface du ventre. Alex saisit chacun des bras de Sarah, complètement inertes, et les frictionne, minutieusement. Elle s’agenouille, saisit tour à tour ses deux jambes, les plie et déplie tandis que ses mains continuent à virevolter sur son pied, sa cheville ; elles remontent jusqu’à la cuisse ; elles s’attardent sur le galbe de ses fesses, qu’elles pétrissent avec énergie.
Je ne peux pas y croire : au milieu des douches, sous le regard d’une vingtaine d’étudiantes, Sarah s’offre presque un massage avec finitions ! Mais ce n’est même pas le plus incroyable : il y a deux choses qui me stupéfient par-dessus tout. Comme moi, toutes les "première année" sont bouche bée, immobiles ; mais les autres, toutes les autres, sans aucune exception, n’ont aucune réaction. Aucune n’a l’air de s’étonner de ce que fait Alexandra. Et le plus étrange, justement, c’est elle : Alex. Elle s’applique ; mais elle est aussi consciencieuse que son visage est fermé, inexpressif, et que ses gestes sont mécaniques. Les mains qui dansent sur le corps de Sarah sont expertes, mais elles sont désincarnées. Fascinée, j’ai oublié toute idée de discrétion. Je fixe le visage inexpressif d’Alexandra, qui achève son ballet en promenant ses doigts entre les omoplates de Sarah. Jusqu’à ce que celle-ci tourne la tête. Elle fiche ses yeux, droit dans les miens.
Elle me crucifie du regard : et lorsqu’elle est s’est assurée que je les vois, toutes les deux, alors ses bras reprennent vie. Brusquement, elle enferme dans ses mains les deux poignets d’Alexandra et les ramène lentement, très lentement, de son dos à sa poitrine ; et Alex, docile, le visage plus impassible que jamais, empaume aussitôt les deux seins de Sarah, qui maintient impitoyablement son emprise sur ses poignets. Alors, les yeux toujours braqués sur les miens, elle livre à mon regard abasourdi son sourire le plus éclatant.
— Mmmmmmmh !...
Je n’ose pas bouger ; mais je comprends immédiatement ce qui se passe. Lorsque je m’arrache enfin au sourire de Sarah, la scène qui s’offre à mes yeux est surréaliste : sous la douche qui lui fait face, une autre fille, blonde assez grande, sans doute en quatrième ou cinquième année, le sein gauche emprisonné dans une main, se doigte furieusement de l’autre. Comme moi, toutes les "première année" se sont figées de stupeur : mais nous étions toujours les seules. En face de moi, la fille continue de se branler furieusement et ses gémissements, qu’elle laisse échapper sans aucune retenue, résonnent dans toute la salle, au rythme des ondulations de son bassin. Le majeur et l’annulaire vont et viennent si vite dans sa chatte que je ne peux même plus les distinguer.
— Ouuuuuuuuh... Mmmmmh... AHHHHHH !!!
Elle a chancelé sous la puissance de l’orgasme, que prolongent les va-et-vient caressants de ses doigts sur son clitoris. Son cri de jouissance a déchiré l’espace ; mais alors que, comme moi, les "première année" restent sous le choc de la surprise, les conversations, par-dessus le ruissellement des douches, ont repris aussitôt entre les autres filles. Je vois notre exhibitionniste amateur couper l’eau de la douche et emprunter le couloir central en adressant un pouce appréciateur à Sarah et Alex. J’hallucine : son autre main, celle avec laquelle elle s’est soulagée, remonte nonchalamment le long du corps, jusqu’au visage. Sans même s’arrêter, comme un geste de routine, elle porte la main à ses lèvres et, un par un, suçote distraitement chacun de ses doigts.Je suis dans un état second : c’est à peine si je réagis quand Sarah, une pointe de malice dans la voix, me lance :
— Tu viens, ma belle ? On n’a pas tout notre temps !
Je les suis mécaniquement, elle et Alexandra, jusqu’aux casiers. En revanche, sitôt mes affaires récupérées, je fonce vers la cabine la plus éloignée. Une fois rhabillée, comme dans un brouillard, je me rue hors des douches, dévale l’escalier et me rue littéralement dans le parc. Je dois frotter ma montre pour dissiper la buée qui a envahi le cadran : huit heures moins cinq. Je laisse échapper un soupir de soulagement : j’ai deux heures pour prendre mon dîner ; ça me laisse bien assez de temps pour flâner un peu. Après l’épisode surréaliste que je viens de vivre, j’ai vraiment besoin de me poser pour réfléchir ! Sarah et Alex doivent être surprises que je leur aie faussé compagnie, mais, vu ce qui s’est passé, elles ne s’en offusqueront certainement pas... Quoique ! visiblement, les codes ici sont un peu différents...
§

Lorsque je débouche à l’entrée du couloir du troisième étage, une heure et demie plus tard, mon regard est ferme, mon pas est décidé. Je vais passer cinq ans dans cette école. Je ne peux pas me permettre de rester dans ce flou complètement surréaliste. Pour l’instant, je suis sûre d’une chose : Sarah et Alex ont une relation ; mais laquelle ? Il y a plusieurs éléments que je ne cerne pas. Pourquoi Alexandra semble-t-elle accepter cette relation librement, mais comme à contrecœur ? Pourquoi Sarah, malgré ses liens avec Alex, n’hésite-t-elle pas à se servir d’elle pour me jouer un véritable numéro de séduction ? Et surtout : qui est cette femme qui leur envoie des instructions, et en quoi consistent-elles ?
J’ai toujours été socialement très ouverte : que Sarah et Alex soient ensemble ou pas, ça ne me concerne pas, je n’ai pas mon mot à dire là-dessus ; mais il faut bien que je sache à quoi m’en tenir ! Impossible pour moi de vivre avec une impression de malaise diffuse et continue : je dois savoir ce qu’il en est.
Et, pour ça, c’est très simple : je dois le leur demander directement.Une profonde inspiration et, sans rien laisser paraître, je pousse la porte de la chambre.C’est Alex qui occupe le lit le plus proche de la porte, sur la droite. Elle est déjà sous la couverture, adossée à son oreiller. Elle porte un pyjama à boutons bleu marine, classique, retroussé comme une chemise, souligné par un liseré blanc le long du col, des manches et de la rangée de boutons. C’est à peine si elle paraît remarquer mon entrée : elle est profondément absorbée dans sa lecture. Je jette un rapide coup d’œil à la couverture. Les caractères grecs sont ternis, la couverture cartonnée est caractéristique : "La République" de Platon, en version originale et dans une édition de la fin du XIXème.
Sarah aussi est en train de lire ; mais dans un style... différent. Je souris malgré moi : elle est couchée sur le flanc droit, appuyée sur son coude gauche. Son kimono de soie écarlate, noué à la taille par une ceinture, dévoile toute la longueur des cuisses et laisse même deviner le galbe naissant des fesses. Par-dessus ses épaules, j’ai une vue plongeante sur son invraisemblable décolleté. C’est fou, même en bouquinant, elle fait le mannequin...
— Tu reviens du parc ?
J’acquiesce à la question d’Alexandra. Elle doit comprendre ma situation : son ton est parfaitement neutre. Ça me rassure un peu ! Je vais chercher dans mon armoire un pyjama bleu deux-pièces et, pour la première fois, je m’installe derrière mon paravent. Les volets latéraux rejoignent les deux côtés de la coiffeuse, si bien que je me retrouve isolée, au milieu de la chambre, comme dans une petite alvéole.
— Alors ? Ça t’a rafraîchi les idées, cette petite promenade ? J’ai cru que tu allais dormir dehors !
Sarah lève enfin le nez de sa grammaire latine lorsqu’elle me voit sortir de derrière le paravent. Toujours ce ton amusé, cette pointe de raillerie... décidément, c’est exaspérant ! D’autant que je n’arrive pas à trouver ça insupportable. Juste obsédant.
— Oui, j’avais besoin de décompresser un peu. La première journée, c’est toujours fatigant...
J’évite son regard et m’assieds sur mon lit. C’est le moment. Allez : rassembler son courage, respirer profondément, et se lancer.
— Vous pouviez me dire que vous étiez ensemble, vous savez ?
J’essaye de prendre l’air le plus détaché possible, mais je suis tendue : dans le miroir qui fait face aux trois lits, c’est un regard soucieux qui se reflète. Un regard que je n’ose pas tourner vers elles, tant j’ai peur de leur réaction.
— On n’est pas ensemble.
C’est Alexandra qui a répondu la première. Son ton a repris cette neutralité perturbante, cette étrange absence de timbre ; mais, cette fois, sa réponse a fusé, sans laisser une seconde de vide. Manifestement, elle tient à ce que les choses soient bien claires... mais qu’est-ce que ça veut dire, exactement ?
— Sérieux ? Et tout à l’heure, sous la douche ? C’était le show ! D’ailleurs, ça a eu l’air de plaire à la fille en face...— C’est toi qui parles de show ? m’interrompt Sarah dans un éclat de rire ironique. Tu m’as allumée comme une tapineuse ! Jamais vu quelqu’un rouler autant du cul en prenant une douche !

Je suis complètement prise au dépourvu : en face, le miroir me renvoie l’image d’un visage figé, devenu écarlate. Pour rien au monde, je ne regarderais Sarah, mais je sais qu’elle savoure cet instant, qu’elle profite de chaque seconde ; et chacune d’elles me paraît interminable.
— Franchement, je pensais que tu t’en serais doutée. C’est un internat, ici ! La plupart d’entre nous vivent ici en permanence. Tu t’imagines pas qu’on va attendre de voir un mec jusqu’aux vacances de Noël ?— Je... non... Si ! Enfin, que... qu’est-ce que j’en sais, moi ?
Elle se délecte de ma panique, mais, paradoxalement, je ne sens chez elle aucune malveillance : un peu comme si elle trouvait irrésistible qu’une jeune damoiselle ait pu conserver autant d’innocence... Je ne sais plus où me mettre. Elle le sent ; elle a savouré assez longtemps ce moment. Finie la pointe d’ironie dans sa voix : c’est d’un ton naturel qu’elle reprend:
— Être ici, à l’Institut, c’est vraiment un rêve pour nous toutes, on peut pas imaginer mieux. On a dû faire des sacrifices, se priver de pas mal de choses pour rester au top : on le savait quand on est entrées. C’est vrai, c’est difficile, mais on s’y fait : ne pas pouvoir sortir du château, devoir rester bosser jusqu’à la nuit tombée... mais bon, ça fait partie du contrat ! Il y a juste un truc auquel certaines ne s’habituent jamais...
Le changement de ton de Sarah m’a rassurée : je sens qu’elle a décidé de jouer cartes sur table. Elle fait une petite pause dans son explication. J’ose enfin tourner la tête vers les filles, et je vois que Sarah lance un regard amusé à Alex, toujours impassible.
— L’institut a toujours été non-mixte : personne ne s’en cache, c’est officiel. Mais en théorie, ça ne concerne que les élèves. Autrement dit, légalement, les profs peuvent être des mecs : et d’après les Anciennes, c’était le cas, avant ! Sauf que l’année dernière, quand on est arrivées, Alex et moi, c’est une nouvelle Directrice qui a pris le relais...— Attends... elle a viré tous les mecs ?
Je commence à comprendre... Si c’est ce que je pense, il n’y a plus grand-chose de mystérieux !
— C’est ça ! Tous ! Profs, comptable, agents d’entretien, cuisiniers, jardiniers... Plus un seul homme dans l’enceinte du château depuis plus d’un an !
Elle se tourne tout à fait vers moi : elle a retrouvé le sourire et, maintenant que j’ai compris, moi aussi j’ai du mal à me retenir de rire. Elle reprend d’un air solennel :
— Et ça, ma belle, ça pose un grave problème. Avant, on ne pouvait pas non plus sortir du château : mais, apparemment on pouvait au moins baiser ! J’ai une pote en Troisième année : je te jure, elle chiale presque quand elle me parle de l’ancien prof de Grec... ou d’une certaine partie de l’ancien prof de Grec...
Je ne peux plus me retenir : le fou rire est contagieux, et Sarah aussi reste pliée en deux pendant au moins cinq minutes... Sarah, elle, n’a toujours pas bronché. Je tente de reprendre mon souffle tandis que Sarah continue en séchant ses larmes.
— Sérieusement, ça finit parfois par poser de vrais problèmes ! À part à Noël et à Pâques, personne ne peut sortir d’ici : pourtant, entre 18 et 23 ans... on a quand même des besoins ! Et certaines sont incapables de s’en passer. Alors... on fait ça entre nous, qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
C’est bien ça ! J’avais commencé à le deviner, mais ça se confirme : c’est juste une question d’évacuation de la libido ! Putain, mais dans quoi est-ce que j’ai mis les pieds, moi ? Le pire, c’est que je le comprends... du moins en théorie. Franchement, j’avais quand même du mal à imaginer que certaines étaient assez faibles pour en arriver à baiser d’autres filles par pur désir mécanique... Je me doute un peu de la réponse, mais je décide de tenter une question un peu plus poussée, sur le ton de la plaisanterie.
— Oh bah faut bien faire avec... En même temps, j’ai pas l’impression que ça te dérange beaucoup !
En un éclair, son sourire de carnassière réapparaît : le même sourire qu’elle m’avait jeté au visage sous les douches, les seins emprisonnés dans les mains d’Alexandra.
— Ça, tu le sais.
Quatre mots prononcés avec tout le sérieux du monde. Mais aussitôt le sourire redevient plus anodin, et elle reprend le ton qu’elle avait avant ma question : léger, rieur, avec une pointe de solennité ironique.
— Pour moi c’est le paradis ! J’ai toujours préféré les filles. En revanche, Alex... ajoute-t-elle en désignant celle-ci d’un signe de tête. « Pour elle : eh ben, justement, c’est ce que je disais : elle est aussi hétéro que possible... mais elle a besoin de baiser. »— Sarah... s’il te plaît...
Alexandra a prononcé ces mots d’une voix pressée, suppliante : elle est terriblement gênée. Elle se cache derrière son livre, mais je peux voir celui-ci trembler légèrement, malgré la raideur qu’a prise tout son corps. Elle me fait vraiment de la peine. Alors, quand je vois Sarah ouvrir la bouche pour lui répondre, je me tiens prête à voler à son secours : je sais déjà que son ironie peut être redoutable, et il est hors de question que je la laisse se déchaîner.
— C’est la vérité, Alex, on le sait toutes les deux et ce n’est pas un problème : même si personne ne m’a jamais fait l’amour comme toi, tout ce qu’on fait, c’est baiser.
Qu’est-ce que c’est que ça, encore ? Moi qui m’étais préparée à voler au secours d’une demoiselle en détresse, mes mots restent coincés dans ma gorge... d’autant que la demoiselle en question, derrière son bouquin, a l’air aussi stupéfaite que moi ! Sarah a beau avoir prononcé cette phrase comme elle aurait lu les prévisions météo de la journée, impossible d’y déceler la moindre ironie.
— Oh, arrête... finit par marmonner Alex en se redressant contre la tête de lit, après cinq bonnes secondes d’un silence assourdissant.
En un clignement d’œil, Sarah retrouve toute sa désinvolte légèreté. C’est à moi qu’elle s’adresse finalement, rieuse.
— Bon ! Voilà... le mystère est éclairci ! Je suis sûre que maintenant tu nous prends pour d’effroyables dévergondées... me dit-elle en prenant le ton de la bonne chrétienne scandalisée.— Non !... Je... J’ai aucun problème avec ça ! En plus je... je comprends, c’est... logique, d’une certaine manière... C’est juste que, dit comme ça, c’est... disons que ça surprend.
Je dois avoir l’air ridicule... mais en même temps, c’est exactement ce que je pense ! Je ne connais pas de filles bi, et encore moins de lesbiennes, et, en tout cas, jamais je n’aurais l’idée de juger : mais là, tranquillement, elle vient de me balancer qu’il y a tellement de pression ici que le seul moyen de la relâcher, c’est le sexe entre filles... Honnêtement, ça fait beaucoup à encaisser d’un coup.
— Je comprends, t’inquiète. C’est vrai que ça fait un peu cliché... Pourtant, la plupart du temps, on explique rien. Les nouvelles comprennent toutes seules : ça se fait presque naturellement.
Ce que je n’arrivais pas à imaginer il y a encore cinq minutes, je commence à l’envisager d’un point de vue logique. C’est... peu orthodoxe, bien sûr. Mais... objectivement, et compte tenu des circonstances, je m’en rends compte : c’était presque inévitable, au fond. Il y a juste deux dernières questions que je dois poser, ne serait-ce que pour savoir à quoi s’en tenir.
— Et... c’est accepté? Je veux dire, la Directrice qui a éradiqué la Dépravation masculine de cette École... c’est pas pour qu’on saute quand même sur tout ce qui bouge, si ?
Elle part d’un grand éclat de rire.
— Si c’est accepté ? Alors là ma belle... la Directrice est brillante, tu vas très vite t’en rendre compte. Tu déconnais sur la Dépravation masculine, mais... Elle ne l’a jamais dit, mais je suis sûre que tout ça est un calcul. Elle sait que la seule chose qui puisse nous distraire, c’est le cul. Alors elle va au plus simple : quitte à comparer, c’est le sexe entre filles qui pose le moins problème. Personne ne l’a jamais énoncée officiellement, mais d’après mon expérience, il y a une seule règle. Hors des heures de cours, tout est permis.
Ah. D’accord. Donc tout ça, c’est... du management ? Encadrer l’inévitable pour mieux le contrôler. C’est diabolique, mais... ça lui correspond bien. Cette allure stricte, ce ton tranchant au timbre malgré tout protecteur: c’est vrai, j’imagine bien la Directrice réfléchir comme ça. Non, décidément, c’est complètement dingue, mais je comprends sa logique !
— D’accord. Tu sais quoi, je crois que je commence à cerner le raisonnement ! Et... tout le monde est concerné?
Elle reprend un ton sérieux et marque une petite pose, comme si elle faisait les comptes.
— Plus des trois quarts, clairement.— Sérieusement ?— Attends, on est pas toutes les mêmes ! Moi j’ai toujours aimé les filles, mais on est globalement assez peu dans ce cas ! La grande majorité se contente de relâcher la pression quand ça devient trop dur. Le plus souvent, ça va tout juste jusqu’aux préliminaires... Il ne faut pas aller chercher plus loin qu’un instinct animal la plupart du temps, tu sais... Ne te fais pas de films !
Son discours est interrompu par un énorme bâillement.
— Oulah ! J’ai trop parlé, moi... Allez, au lit !
Je glisse un regard vers Alexandra, toujours obstinément plongée dans sa lecture. Bon... ça reste surprenant, mais au moins, j’ai mes explications... Sarah a rangé son livre dans sa table de chevet : je la vois se glisser entre ses draps. Je suis épuisée, moi aussi : et, pour être honnête, j’ai bien besoin d’assimiler toutes ces informations ! Je me coule avec bonheur dans le lit : les draps sont frais, disposés à l’ancienne mode, comme il y a cinquante ans. Il y a même un édredon !
— On peut éteindre, Alex ? demande Sarah.— Oui, de toute façon, je viens de finir un chapitre...
C’est peut-être étrange, mais je me sens comme rassurée. Je dois passer cinq ans de ma vie dans cet endroit, et, après tout, la situation pourrait âtre pire. De toute manière, ma surprise était plus morale qu’autre chose ; mais on ne peut pas nier que la situation a quelque chose de redoutablement logique...
— Bon. Merci pour le petit briefing ! Et désolée d’avoir eu besoin qu’on m’explique... dis-je en adressant un petit sourire désolé à Alex.

Elle me rend discrètement mon sourire avec un léger haussement d’épaules.
— De rien ma belle, de rien ! Allez, au lit : les cours commencent à 8h30, il faut être au taquet. Bonne nuit les filles !— Bonne nuit ! répondent nos deux voix entremêlées, alors que la lumière s’éteint au-dessus de nos têtes.

Quelle journée ! Mais c’est vrai que, tant qu’à faire, je suis ravie d’y réfléchir, blottie sous ma couette. Alors, si je résume... Les deux filles qui partagent ma chambre couchent ensemble, mais uniquement parce que l’une des deux ne peut pas contrôler sa libido. Tout ça parce que la nouvelle Directrice a banni les hommes de l’École, quitte à faire du sexe entre filles un simple fusible à garder sous contrôle ! Je repense à ce que m’a dit Sarah : la plupart du temps, ce n’est pas sérieux. Pourtant, je l’ai bien entendue dire à Alex qu’elles ne faisaient que baiser... Bon. On dirait que ma chambrée est une exception... et que la libido d’Alexandra est carrément sauvage ! Ce soir, mon sommeil est encore alourdi par le voyage d’arrivée, mais je n’ose même pas imaginer à quoi je vais rêver...
§

CRRRRRR.....
Le craquement des lattes me réveille en sursaut. Où suis-je ? Il me faut quelques secondes pour m’en souvenir. Je ne sais pas combien de temps a passé depuis que je me suis endormie, mais je suis sûre d’une chose : quelqu’un a posé le pied par terre. Je me tourne vers ma gauche : le dos de Sarah se dessine vaguement devant mes yeux. C’est Alex qui est debout. Elle prend des précautions pour ne plus faire crier le plancher, mais je tends l’oreille : je sens son pas se rapprocher. Bientôt, je distingue sa silhouette, courbée, qui reste immobile, penchée sur la tête de Sarah.
— Mmmmmm...ç’qu’y a ?
C’est Sarah qui vient de chuchoter ces mots d’une voix ensommeillée. Aussitôt, j’enfouis immédiatement ma tête dans les draps : seuls mes deux yeux distinguent encore la scène, dans l’obscurité, à travers la fente la plus mince possible.
— Je ne peux pas tenir...— À trois heures du mat’? Sérieux...— Je... Je sais. C’est... elle. Ton explication, la situation, tout...— Je veux bien, mais... elle est juste là! C’est toi qui voulais qu’on reste discrètes tout à l’heure !— Je sais, mais... c’est infernal. Impossible de m’endormir. S’il te plaît...
Même si elle chuchote, je perçois clairement la teinte de supplication dans la voix d’Alexandra. Elle reste figée, toujours voûtée au pied du lit de Sarah. Les dix secondes de silence qui suivent me semblent interminables.
— Viens.
Lentement, avec des gestes extrêmement précautionneux, je vois Alex s’asseoir sur le lit de Sarah, puis se lover contre elle, jusqu’à épouser sa silhouette
— Je n’arrive pas à...— Attends, je fais glisser le bas...— C’est bon. J’y vais.
Au bout de quelques secondes, je vois la silhouette de Sarah frémir. Comme les striures qui parcourent la surface d’un lac à la surface duquel tombe une goûte d’eau, les deux corps, comme soudés, ondulent lentement, comme secoués d’étranges spasmes.
— Mmm... Ahmm... Mmhoo...
Je manque de sursauter : Alex ne peut retenir ses râles de plaisir étouffés...! Sarah se fige immédiatement.
— C’est pas possible, Alex ! On va la réveiller...— Pitié, n’arrête pas ! Je t’en prie, pardon, je... je t’en supplie.
Cette fois, Alex implore littéralement. Elle est au bord de l’orgasme, je le sais. Dire qu’elles prennent toutes ces précautions pour moi ! Si elles savaient... Bon, ça ne dérangerait probablement pas Sarah, mais Alex... la pauvre, elle mourrait de honte !
Sans presque m’en rendre compte, ma main est descendue jusqu’au bas de mon ventre... quelle histoire ! Le matin même, je débarquais ici sans rien me douter. Et maintenant...Mais c’est trop me demander : j’ai vu leurs corps nus tout à l’heure : j’ai vu les mains d’Alex courir sur la peau de Sarah ; cette peau, je l’ai sentie ; j’ai vu ses formes de statue, de déesse. Je ne peux m’empêcher d’imaginer leurs deux bassins, collés, soudés ; j’entends encore les cris étouffés d’Alex, sa voix qui supplie...
Mes doigts n’ont jamais trouvé le terrain si humide que ce soir. Un, deux, trois... jamais non plus je n’ai pu aller jusque-là. À mon tour de me tordre de plaisir : le plus lentement possible pour rester discrète, je me caresse comme une damnée. Je me baise littéralement, trois doigts rentrés pour la première fois, tandis que de l’autre main danse frénétiquement sur mon gland. La tête dans l’oreiller, je le mords à pleines dents pour étouffer mes cris, tandis que Sarah répond de nouveau à Alex après une nouvelle interruption.
— Bon... Ouvre la bouche. Fais attention aux ongles...
Sa voix est rauque de désir : bientôt les ondulations reprennent. Mon imagination s’envole : je vois la main de Sarah en train de baiser Alex ; je sens son souffle sur son cou. Je sens ses seins qui roulent sur son dos. Je pénètre son regard qui supplie, implore Sarah d’en finir. Je la vois qui tète les doigts d’ébène qui la bâillonnent. À travers les deux corps imbriqués qui serpentent dans les draps, je décèle les coups de reins qui quémandent la jouissance...Je n’en peux plus ; elle non plus. Malgré son bâillon improvisé, j’entends d’infimes gémissements : c’est trop pour moi. Sa voix, sa voix qui m’a parlé, sa voix qui a ri avec moi s’élève déjà vers l’orgasme, et elle m’emporte avec elle...
— Ammmhhh !!!
Cette fois c’était un vrai cri étouffé : il ne m’en fallait pas plus. La décharge me submerge totalement : je dois me concentrer de toutes mes forces pour réprimer les spasmes violents qui me parcourent : et quand enfin cessent les secousses, je sens couler sur mes joues, pour la première fois, des larmes de plaisir.Elles ne bougent plus. Je peux entendre lentement, retomber leurs souffles mêlés. Et, finalement :
— Je... hum... Merci, Sarah, je... je suis désolée.— Ne t’excuse pas. Tu... tu veux ?— Oh, euh... non, tu sais bien que... mais toi tu..., tu peux, si tu veux.— Merci.
De quoi parlent-elles ? Je vois la tête de Sarah, forme sombre dans la nuit, s’incliner vers la nuque d’Alex, effleurer sa peau. Et aussitôt, comme si elle avait oublié de toute discrétion, elle se redresse sur le lit et en bondit brusquement. La réplique fuse, murmurée.
— Ne fais pas ça ! Je ne suis pas... Je... Tu sais que...
Elle n’a pas l’air furieuse, je le sens : mais elle a peur, elle est presque paniquée.
— Je sais, je... Je te demande pardon.
Pendant une minute entière, peut-être plus, elles restent muettes, face à face. Enfin, lentement, Alexandra contourne son lit et finit par s’y glisser. Puis soudain, après quelques secondes:
— Je... À demain, Sarah.— À demain, Alex.
La réponse de Sarah a fusé immédiatement, comme si elle avait désespérément attendu cet "À demain"...Et, quand il arrive, elle se relâche. Elle était sur le flanc et me tournait le dos : soudain, changeant de position, elle passe sur le dos. Elle a le bras droit légèrement levé ; alors, ramenant lentement sa main près du visage, je la vois porter, un à un, ses cinq doigts à ses lèvres. D’abord perplexe, je comprends soudain. Voilà de quoi elles parlaient, voilà ce qu’Alex ne voulait pas : sa propre mouille ! Je suis comme hypnotisée, en transe... une transe qui fait retrouver à ma main courbatue le chemin du plaisir. Dans un état second, je m’enfonce autant que je peux, presque jusqu’au poignet. Je sais que je cède à un instinct animal ; je sais, mais tant pis. Je ne veux rien perdre de ma jouissance. Alors, dans le plus profond, silence, tandis qu’Alex et Sarah sombrent à nouveau dans le sommeil, à mon tour, je porte la main à la bouche, et, lentement, avidement, mes lèvres lapent avidement, doigt par doigt, phalange par phalange.
Je la sens couler dans ma gorge, sucrée, suave, douceâtre ; et, aussi stupéfaite qu’épuisée, dans un dernier éclair de réflexion, je me répète l’invraisemblable : je viens de boire ma propre mouille. Pour ma plus grande extase.
Certains disent que sous l’emprise du désir, on perd sa lucidité. Mais ce n’est pas mon cas. Je sais que je n’ai jamais joui comme j’ai joui cette nuit. Je sais que j’ai joui des caresses de deux filles. Je sais que c’est mon premier jour. Je suis que je ne suis plus la même.
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