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Papillon bleu

Chapitre 2

Travesti / Trans
Voilà deux mois que je suis dans cette nouvelle ville avec mon petit chez-moi, où je peux me reposer et cohabiter avec Laura. Je passe beaucoup de temps à étudier, mais je passe souvent les week-ends à vivre en Laura. J’apprends à me peigner, laissant pousser mes cheveux et peinant au début à les coiffer. Ma peau elle aussi commence à s’habituer aux épilations, et j’aime sentir les doux tissus glisser dessus, elle est à la fois plus belle et plus sensible. Marcher avec des chaussures à talons n’est pas forcément évident, car tout dépend de l’épaisseur du talon, mais je réussis assez vite à bien marcher. Je pense qu’on apprend plus vite les choses quand on les désire vraiment. Chaque fois où je me transforme, je sens cette nouvelle vie en moi, pouvant prendre mon temps, me faire plaisir sans jouer à l’homme, prendre soin de mon corps et de mes formes. Pour mes vêtements, je retourne généralement aux mêmes endroits, m’évitant des regards, et au final, des sourires des vendeuses.
Par contre sur Internet, c’est un échec total. J’ai l’impression que les hommes sont ici, car ils ne savent pas parler aux femmes dans la vraie vie. De nombreux messages étranges et des demandes perverses, je me heurte à une certaine réalité en tant que femme. Enfin en écoutant les hommes, visiblement tu n’es pas une femme et cela semble très dérangeant, car Laura n’est pas une simple pulsion sexuelle, c’est le reflet de mon envie d’amour, l’envie qu’un homme me prenne dans ses bras et me protège. Avec le temps, je me rends vite compte que cela va être très difficile de trouver un homme bien de cette manière. Je décide donc de retourner chez mes parents un petit week-end pour voir les gens de ma ville et me retrouver un peu dans des endroits que je connais.
J’arrive par le train et je décide de passer devant mon ancien lycée pour penser au passé et voir par la même occasion peut-être des personnes que je connais. Quand j’arrive, je remarque que je ne suis pas le seul à avoir cette idée, et il y a plusieurs anciens élèves qui sont là à parler avec ceux qui sont restés en ville. Après quelques instants de discussions avec ceux qui sont restés en ville, je me rends compte que peu de gens sont partis finalement. Les choses sont de plus en plus difficiles. Je retourne chez mes parents où je me demande si je ne dois pas avouer mon secret à ma grande sœur. Je vais dans sa chambre pour lui parler.
— Bonjour toi, je peux te parler d’ un truc vraiment perso ? Les parents doivent pas le savoir.— Quoi, tu as fait une connerie ?— Non enfin ça dépend des gens, mais je veux te parler d’un truc qui se passe en moi.— Vas-y dis-moi si je peux t’aider. — Disons que depuis que je suis à la faculté, je passe du temps à... comment dire, j’aime porter des vêtements de femme. — Ha ... c’est sérieux ? Pourquoi, tu aimes les hommes ? — Non ça je sais pas, j’aime être belle, j’aimerais qu’on me remarque, qu’on me complimente et pas être une personne sans intérêt. — Tu es pas sans intérêt, pourquoi tu dis cela ? — Tu sais que dans la famille ou ici, personne me regarde et c’est toi qui as les compliments.— Ben parles-en aux parents, tu as pas besoin d’être une fille.— Je sais ce que tu penses, mais je me sens mieux en femme. J’ai envie de me sentir désirée, aimée et protégée. — Je veux pas te faire peur, mais trouver un mec bien ou quelqu’un qui va te comprendre, ça va être dur. J’ai pas vraiment croisé de personnes comme cela, qui cherchent à comprendre les autres. Tu en as parlé à quelqu’un d’autre ?— Non ça va pas, tu sais ce que va dire, la famille, et j’ai pas envie de leur hypocrisie, tu en parles pas s’il te plaît.— Ne t’inquiète pas petit frère. Mais tu veux un copain du coup ?— J’ai du mal à l’admettre, mais oui, j’aimerais donner du plaisir à mon homme.— Tu as des photos de toi en femme ? — Oui, je t’envoie ça, mais c’est Laura quand je suis comme ça. — Ca va ! Tu es pas mal, quelqu’un te maquille ? Ou c’est toi ? — J’apprends et j’aime bien faire cela.— Je peux montrer cela sans dire que c’est toi ?— Si tu es sûre de toi, mais je t’en supplie, fais attention, je flippe pas mal.— N’aie pas peur petite sœur. Tu devrais prendre un autre fond de teint, par contre attends, je vais te trouver cela.
Ma sœur se lève et fouille dans ses affaires pendant que je reste sur le lit, je suis soulagé de sa réaction, et je me sens mieux d’avoir quelqu’un avec qui parler. Le secret devenait un peu lourd à porter. Ma sœur me montre son maquillage et m’explique comment on fait ses choix et des astuces de maquillages. Une nouvelle relation se passe entre elle et moi, et avoir ma sœur de mon côté me soulage. J’ai aussi l’impression qu’elle est contente de partager certaines choses avec moi.
— Tu sais, j’ai un ami homo, tu pourrais le rencontrer, me dit-elle.— Oui pourquoi pas, il est bien ?— Oui, il est assez beau et très grand, et surtout, tu risques rien, je pense, avec lui.— Je sais pas, c’est rapide. Il habite où ?
Pour tout dire, à ce moment, j’ai assez peur, cela fait déjà pas mal de choses qui se passent dans ma vie et certaines angoisses sont assez fortes. Je préfère dire à ma sœur que je vais y réfléchir. Elle se montre compréhensive et me dit que de toute manière, il habite en ville et ne peut pas se déplacer pour l’instant.
A la fin du week-end, je rentre chez moi. Je pose mes affaires et m’allonge sur mon lit en regardant le plafond. Je ne sais pas si j’ai fait le bon choix, car maintenant, je ne peux plus vraiment revenir en arrière avec ma sœur. Beaucoup de choses changent dans ma vie, et certaines choses que je ne pensais jamais ressentir m’arrivent. Je commence à avoir de sérieux doutes sur ma sexualité, je ne sais pas mettre mes émotions au clair. Laura prend une place importante dans ma vie maintenant, et je ne sais plus ce que Julien veut.
Le lendemain, je reprends les cours en me motivant et me disant que le plus important, c’est cela, et que je ne dois plus penser à Laura. Je travaille fort chaque jour jusqu’à recevoir un texto de ma sœur.
— Mon ami Arnaud veut te rencontrer, son cousin habite près de chez toi et il va venir nous chercher pour le week-end. Fais-moi signe, bisous.
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