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Pierre le maître

Chapitre 1

SM / Fétichisme
On peut dire ce que l’on veut mais, même le plus efficace des sextoys ne remplacera jamais une langue agile. Enfin, c’est mon opinion. Oui, d’accord : je contrôle parfaitement la montée en puissance et j’arrive à faire durer mon plaisir, mais il manque le côté imprévu. Les lèvres qui pincent mon bouton, la langue qui se glisse dans mon sexe, mieux encore qui titille mon anus, tout cela me manque. C’est ce que je pense, allongée sur mon lit, mon Lelo dans une main, mon téton dans l’autre. À quoi cela sert-il d’investir dans la Rolls du gode vibrant si…
Pourquoi je n’arrive pas à construire une relation durable ? Je suis jeune, 32 ans, plutôt jolie, pas vraiment farouche et, en plus, j’aime bien faire l’amour.
Mais pourquoi me poser cette question ? Je connais la réponse. Je suis entière, pas conciliante pour un sou, demande que toutes les tâches soient partagées, et surtout je suis trop « masculine ». Oh pas dans le sens que vous imaginez… Non, pas lesbienne ; mais j’ai tendance à vouloir tout contrôler, tout diriger. Par exemple, c’est toujours moi qui chevauche mon amant. La levrette n’est pas ma tasse de thé. J’aurais l’impression de n’être qu’un jouet pour l’homme. Vous voyez, il y a du travail d’analyse pour toute une vie.
Et si j’ajoute que je suis militaire de carrière ! Oui, lieutenant de l’armée française. Même mes collègues trouvent que j’en fais trop. Je le sais, mais rien ne peut y faire : il faut que je dirige le monde. Enfin…
Mon dernier copain, Thierry, a tenu six mois. Pourtant j’étais vraiment bien avec lui. Comme je vous disais au début, une langue de feu. Mais j’ai gâché notre relation par trop de…, pas assez de…, trop de tout ce qui conduit un homme à se sentir étouffé. Voilà pourquoi je suis toute seule avec mon gadget. Ah, au fait, je m’appelle Muriel.
Ma vie professionnelle est réglée comme du papier à musique. Départ de la maison : 7 h. Retour : 19 h. Je fais une grande partie du chemin en bus. À ces heures-là, la plupart des usagers se connaissent et certaines habitudes sont prises. Toujours les mêmes places, toujours les mêmes têtes, les mêmes conversations. On ne peut pas dire que les gens m’ignorent, non ; ils me saluent, mais c’est tout.
Donc la place en face de moi est souvent libre et ce soir-là, à l’arrêt de l’Université, un homme, élégant, la cinquantaine, s’y installe pour aussitôt plonger dans ses lectures. Bien sûr, il me salue, me sourit, par politesse je pense, et c’est tout. Ainsi va le monde.
À peine s’est-il installé qu’une jeune femme, étudiante probablement, s’adresse à l’homme déjà absorbé par son livre.
— Monsieur, je peux vous poser une question sur votre cours ?
Il lève la tête et répond.
— Mademoiselle S…, ce n’est pas le lieu. Demain, à mon bureau, 13 h 30.
La jeune femme ne demande pas son reste et s’éloigne après un « Merci Monsieur » de circonstance. Il faut dire que, sans élever le ton, sans même paraître énervé, la voix de l’homme ne supportait pas la moindre réplique. Je sais reconnaître l’autorité naturelle, celle qui fait que certains savent se faire obéir sans avoir besoin de se forcer.
Un regard, et comme pour s’excuser :

— C’est tous les ans la même chose.
Je dois avoir l’air demeurée ou ahurie et il reprend :
— Je suis prof à la Fac de Lettres.— Ah ! je fais.
Quelle remarque intelligente de ma part ! Vraiment, je suis au top.
— Oui, j’enseigne la littérature française.— Euh !
Il faut dire que la littérature et moi, on ne s’est jamais vraiment croisées.
— Comme tous les ans, j’ai traité des œuvres du divin marquis. Ah, ces étudiants, si jeunes et déjà formatés. Les filles surtout.
Mais de qui parle-t-il ?
— Eh oui, Sade, son œuvre, sa philosophie. On peut comprendre qu’à son époque, ses écrits et son comportement aient choqués ; mais maintenant !
Il faut que je réagisse. Des souvenirs de bavardages entre amis me permettent de tenter une parole intelligente.
— Bien sûr, Justine…— Pas seulement. Ce livre n’est que la partie apparente de l’iceberg. Les plus grands, Apollinaire, Baudelaire, Éluard parmi tant d’autres l’ont étudié.
Et le bus continue son chemin pendant que mon voisin me captive par ses connaissances et surtout par la spontanéité et l’enthousiasme avec lesquelles il discourt sur le sujet.
C’est ainsi que nous avons fait connaissance. Presque chaque jour, nous parlons. Oui, nous parlons. Car il m’écoute et même si je dis des bêtises ou fais la preuve de mon ignorance, jamais il ne se moque. Il sait parler, mais surtout il sait écouter. Petit à petit, je me confie. Des confidences que je n’ai jamais faites à personne. Lui, pas tellement. Sauf une fois où je l’avais titillé sur l’incohérence apparente entre son amour du « sadisme » et l’alliance qu’il portait au doigt.
— Je suis veuf. Ma chère femme m’a quitté il y a deux ans maintenant.— Je suis désolée.— Tu n’y es pour rien. « Il me tutoie, moi je n’ose pas. » Elle était en parfait accord avec ma philosophie. Nous étions si heureux… J’étais son maître. Elle était ma maîtresse. Que les femmes me paraissent fades à côté de son souvenir !
Bien sûr, il faut que je la ramène et, comme d’habitude, je ne fais pas dans la dentelle.
— C’est pas sympa pour elles. Je suis certaine que vous allez trouver quelqu’une qui aimera que vous la dominiez et en fassiez votre esclave.— Mais tu n’as rien compris. Au contraire, cette femme doit être forte. Il n’est pas question de servitude. C’est un échange entre deux personnalités qui se subliment dans l’obéissance, dans l’abandon !— C’est vrai que je ne saisis pas les nuances, mais pourquoi ne m’apprenez-vous pas ? J’ai lu tous les livres que vous m’avez passés. Je suis prête maintenant pour mieux comprendre.— Ah, tu veux comprendre ! Pourquoi pas ? Tiens donc, pour commencer, viens demain à ma réunion. Quelques élèves de mon cours seront présents. C’est au 23 rue… Ils me prêtent une salle en échange de mon expertise. Attention : 20 h précises.
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