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  • Histoire érotique écrite par Anonyme
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La reine des putes

Chapitre 1

Divers
Je n’aurais pas osé écrire sous ce titre : on a tellement dit et écrit sur ces filles déchues... Et pourtant je n’éprouve aucune honte quant à mon métier de prostituée. Apprendre à un mari les techniques de l’érotisme, lui apporter la détente par le plaisir, initier les adolescents, rendre un équilibre aux gens d’église si souvent frustrés, enlever à un timide ses peurs abyssales de la femme, me permettent de bien gagner ma vie tout en faisant un métier utile à la société, alors qu’il est radicalement méprisé, et rarement bien pratiqué.

Et puis, pourquoi le cacher, j’aime sentir la tendre caresse d’un homme sur mes seins, j’adore voir le regard éperdu d’un mâle au moment où il sent que son plaisir va lui échapper, qu’il n’est plus le maître, qu’il passe, pour un temps, sous ma dépendance: je fixe ce serpent dressé sous mes yeux, je l’hypnotise. Certes, si je le voulais, certains ne me résisteraient pas, comme le montre l’épilogue; je me sens capable de leur en offrir toujours plus, je les tiens par le sexe et le plaisir. Il m’arrive de rêver d’une verge qui enfle dans ma bouche, tandis que ma langue se love tout autour et l’enserre ; elle se tend lentement, ma gorge se serre convulsivement sur ce gland gonflé de sève et le masse doucement. Il est des hommes qui, après un long travail d’apprentissage, peuvent se laisser masser une heure durant, pendant laquelle je sens vibrer cet instrument de musique, dont je connais toutes les harmonies. Je fantasme souvent de tous ces sexes dont j’ai joué, tous différents par le timbre, le rythme : quelle symphonie se reconstitue alors dans ma tête. Je ne parle pas des râles de plaisir dont j’entends les échos durant mes rares nuits solitaires. ?treignant un sexe, j’ai valsé, dansé le tango argentin, le slow langoureux. Et que dire de toutes ces liqueurs lapées si avidement, aussi différentes entre elles que la Fine Champagne et le Grand Marnier ; le goût se forme peu à peu et j’apprécie les vieux crus classés comme le Beaujolais Nouveau. Je déguste particulièrement la dernière goutte que je soutire en exerçant une tendre pression tout le long de la hampe tandis que ma langue serre doucement le gland sur mon palais.

J’ai vu des hommes, arrivés arrogants ou grossiers, j’ai entendu des expressions comme ’viens te faire enculer’ ; j’ai toujours respecté ces pauvres êtres à qui personne n’avait fait l’amour avec art ; je le leur apprenais et ils repartaient heureux, souriants. Certains viennent me remercier quelques jours plus tard. À plusieurs reprises, j’ai été amené à initier les épouses ou les maîtresses de mes clients. Oh ! Si avant d’apprendre aux jeunes filles à cuisiner des petits plats ou à découvrir l?informatique, on leur enseignait l’art de jouer de cet instrument sublime à une main ou à deux mains, avec les seins, les lèvres, la langue, la glotte même, ou avec un vagin bien accordé ! Que de fausses notes pourraient être évitées dans les couples.

Je me souviens encore de ce jeune mari, charmant et bien élevé, qui m’avait raconté sa nuit de noces, une vraie catastrophe : sa femme en était restée frigide. Il était venu se défouler et avait terminé sa petite affaire en dix minutes.
— Maintenant, lui dis-je, je vais pouvoir commencer à t’apprendre à faire l’amour, et je lui fis découvrir tout son corps par de subtiles caresses, puis je lui offris le mien.
Une heure plus tard, alors qu’il avait une bite d’acier, j’entrepris de lui caresser, puis de lui sucer le sexe. Je réussis à lui faire tenir près d’une demi-heure avant qu’il n’explose comme un jeune fauve. Il revint me voir pendant plusieurs semaines, et petit à petit, je fis de ce petit coq, un amant délicieux. Pendant quelques mois, je n’eus plus de nouvelles, jusqu’au jour où ils débarquèrent à deux : elle tenait à me remercier de les avoir enfin mariés ! Peut-être avais-je rendu leur union indissoluble. Je leur proposai de faire l’amour devant moi afin que je puisse éventuellement leur donner quelques conseils : ce jour là, j’assistai à l’un des plus beaux festivals d’érotisme, tant par la variété des caresses et des positions que par la violence de leurs orgasmes, qui étaient désormais au même diapason. Je les remerciai de ce spectacle, mais j’étais fière de mon travail, sûre d’avoir sacralisé leur union.

Certes les résultats ne sont pas toujours aussi spectaculaires. Je repense à ce brave curé qui n’en pouvait plus de son célibat et qui crevait de culpabilité. Alors, il venait apprendre tout ce qu’on ne lui avait pas appris au séminaire. En confession ou ailleurs, il entendait parler de fellation, cunnilingus, sodomie, levrette...
— Montre-moi comment, me disait-il.
Il avait une grande faculté d’oubli ; j’ai dû souvent lui faire une démonstration de fellation ou de levrette, pauvre saint homme, il était tellement heureux de prendre un acompte sur le paradis terrestre, et il avait une trique d’enfer. Et ce vieil homme de 90 ans, je crois. Il avait mené joyeuse vie, mais à cause de grand son âge, il ne pouvait plus draguer :
— Donne-moi un peu de douceur et de jouissance; je n’ai plus que toi pour me faire bander comme avant et me faire jouir. Tout seul, je n’y arrive plus.
Je le suçais longtemps. Il m’aurait fait jouir tellement il mettait de tendresse à me caresser les seins et me les embrasser. Je venais m’enfiler sur son dard bien raide ; il me fallait employer toutes les ressources de mon art pour lui donner ces précieuse secondes de détente. Un jour, il s’est écroulé sur moi avec un large sourire ; il m’avait offert son dernier orgasme. Tenir la main d’un mourant est un geste de tendresse. Un homme, au moment de la mort, a le sexe qui se tend dans un dernier appel. Bien peu sont entendus et perçoivent la dernière caresse, la jouissance de la dernière onction. Quelle joie pour moi d’accueillir à la fois ce dernier sourire et ce dernier soupir, confondus. Mais cela ne m’empêche pas, bien que cela soit contraire à mon éthique, de jouir à fond lorsqu’un client maîtrise bien toutes les techniques érotiques, lorsqu?il butine ma fleur en artiste. C’est souvent le signal de la fin d’une sexotherapie bien réussie, le certificat de virilité amoureuse.


Ce fut le cas avec ce brave père de famille. Arrivé chez moi, un beau soir, furieux et catastrophé, car il venait de découvrir que sa femme avait un amant depuis deux ans.
— Quand je pense, me répétait-il, que nous prions ensemble tous les soirs...
Je le laissai parler longtemps, longtemps, puis pour le détendre, je le déshabillai, le caressant tendrement. Lorsque je pris son sceptre entre mes lèvres, il parut hésitant et surpris, avant de se laisser aller et de profiter pleinement du concerto que je jouais sur son superbe luth.
— Tu as eu l’air d’apprécier, lui avais-je dit plus tard; ta femme ne t’embrasse jamais ainsi ?— Je n’aurais jamais osé le lui demander.
Il me regarda, horrifié. J’avais compris le film ; je commençai par lui rappeler que la jalousie était un des sept péchés capitaux, un de ceux avec lequel on peut se blesser grièvement, puis je lui proposai une série de séances de formation qu’il accepta sans hésitation. Quelques semaines plus tard, il est venu m’annoncer que sa femme, surprise de l’évolution sexuelle de son mari, qui avait commencé à la faire jouir régulièrement, lui avait proposé de participer aux ébats avec son amant :
— J’ai accepté, car je sais qu’elle le quittera bientôt.
Pour le remercier, je lui ai offert sa dernière séance, j’ai joué le grand jeu pendant deux heures au moins et il m’a fait jouir.

Récemment, j’ai vu arriver chez moi, un homme d’une quarantaine d’années, très distingué. D’emblée, il m’a raconté qu’il se posait des questions sur sa sexualité : homosexuel depuis son adolescence, il vivait avec un ami, mais il avait le sentiment d’arriver dans une impasse. Après de nombreux bavardages sur l’homosexualité dans la littérature, le cinéma, le théâtre, dans la vie, il en vint à me dire que j’étais la première femme qui ne lui fasse pas peur. Il avait envie d’essayer, sans savoir jusqu’où il irait. Je lui laissai le champ libre. Une heure plus tard, après m’avoir prise en levrette pendant quelques minutes, il s’allongeait sur le dos et me demandait de l’enfourcher. Je sentis vibrer toutes les cordes de son être ; il se mit à ahaner de plus en plus violemment, puis curieusement, il cria ’maman’, avant d’exploser en moi avec une violence peu commune. Quelques minutes plus tard, tandis que je caressais délicatement sa tige encore brûlante et sensible, je lui demandai :
— Pourquoi as-tu appelé ta mère, avant de jouir ?— Je ne sais pas, j’avais besoin d’exorciser quelque chose ; maintenant, je suis un homme !
Depuis lors, j’ai appris qu’il vivait encore avec son ami, mais qu’une jeune femme était avec eux. Par contre, il m’est arrivé deux ou trois fois de conseiller à un homme d’oser vivre une homosexualité que je sentais latente et refoulée chez lui tellement je le sentais crispé, même angoissé au moment de jouir. Il n’est pas toujours facile de trouver sa voie et la voix du sexe est souvent un signe. J’ai certainement aidé beaucoup d’hommes et de femmes, de couples aussi, mais c’est à une vieille femme de la campagne que je le dois. ?tait-elle un peu dérangée comme l’affirmait les gens de mon village, lorsqu’elle prétendait que parmi ses ancêtres, elle comptait nombre de sorcières et de prêtresses remontant à la plus haute antiquité.

J’assume cette filiation spirituelle, car elle m’a tout appris. Tout d’abord, le respect de mes clients et la plus grande tolérance vis-à-vis de leurs désirs, mais aussi le respect que j’exige d’eux. Elle m’a appris à découvrir les subtiles sensibilités de l’épiderme d’un être humain et à jouer de cet extraordinaire instrument de musique qu’est un sexe. Elle m’a appris les diverses façons de caresser, de toucher, d’effleurer avec les doigts, les seins, la langue. Elle m’a appris à sentir et partager le désir de l’autre, à communier avec l’autre, le temps d’une rencontre et à y trouver mon propre plaisir. À elle, je dois de me sentir plus femme que beaucoup de femmes et d’épouses, comme une sorte de résurgence des prostituées sacrées de l’antiquité.
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