Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 8 J'aime
  • 3 Commentaires

Relation toxique

Chapitre 7

Une journée avec l'urgentologue

Trash
- Qu’est-ce qui se passe autour de moi ? Je me sens étrangement seule, complètement dans le noir. Mon corps est paralysé, je ne le sens plus, mais j’ai froid. Au loin, je crois entendre des bruits de sirène approcher, puis des voix confuses, voilées. Puis un bruyant ronronnement de moteur qui se fait tout proche. L’odeur du fioul envahit mes narines. Des bruits de tôle tordue, de verre brisé, et des voix plus claires. Elles disent qu’il faut faire attention à mon dos. Je manque d’air... je respire... difficilement. Au loin, j’aperçois comme une lumière blanche, un soleil très brillant. Cela semble s’approcher doucement de moi...
***
Un journaliste avait un jour demandé à docteure LeBel pourquoi elle aimait son métier d’urgentologue :
— Eh bien, avait-elle alors répondu, je dirais que j’aime avoir à me lever le matin sans aucune idée de ce que me réservera la journée. J’apprécie ce côté imprévu du métier. Je vois chaque nouveau cas qui se présente à moi comme un nouveau défi à relever, une nouvelle façon de voir les choses.— Quelles sont, d’après vous, les qualités requises pour devenir une bonne spécialiste des urgences ? avait poursuivi l’intervieweur.— On sait que la médecine moderne est avant tout basée sur la science. Il ne faut toutefois pas oublier que l’on a longtemps parlé, en désignant cette profession, de l’art médical proprement dit. Bien que l’aspect scientifique soit un élément essentiel à notre conduite, nous ne devons pas négliger ce côté intuitif, ce flair qui, dans nombre de situations, fera souvent la différence entre un diagnostic posé à temps et un cas qui se complique. Ajoutez à cela une bonne habilité technique et ce désir constant de venir en aide à ceux qui souffrent et vous avez là tous les ingrédients d’un bon spécialiste des urgences.
08h15. C’était l’effervescence autour du poste de garde à l’urgence de l’hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe : fin du rapport du quart de nuit, prise en charge par l’équipe de jour. Du personnel sans cesse en mouvement, poussant des chariots, préparant des perfusions intraveineuses ou consultant simplement des dossiers. Des conversations entremêlées, des éclats de rire épars. Des préposés qui pressent le pas. Du fond de la salle, les cris de douleur, étouffés par la cohue, d’un patient en souffrance.
— Déjà mis les pieds dans un service d’urgence, ou dans un hôpital tout simplement ?— Euh non, jamais. C’est mon baptême, à vrai dire, et j’ai un peu la trouille.
Étudiant en première année de médecine, Martin Dubuc se présentait à la cheffe-urgentologue pour une journée d’immersion en milieu hospitalier. Se sentant déjà dépassé par l’intense activité régnant dans ce milieu nouveau pour lui, il se réjouissait toutefois d’être en présence de la réputée docteure LeBel, cette femme qui semblait en plein contrôle de tout ce qui se passait dans le service et qui allait lui servir de guide pour la journée.
— Que voyez-vous en première année ? Avez-vous commencé à toucher aux pathologies ?— Pas vraiment. Nous en sommes encore à l’anatomie et à la physiologie.— Normal. On étudie la santé avant d’aborder les maladies. Comme c’est ton premier contact, beaucoup de choses vont te sembler du chinois. Je t’expliquerai donc tout ce que tu vois. Et ne te gêne surtout pas quand tu auras des questions !— Merci, Doc. Vous me rassurez déjà, fit l’étudiant avec un sourire. Mais il y a déjà une chose évidente ici.— Quoi donc ? questionna Alicia en saisissant le combiné du téléphone des mains d’une infirmière.— Les filles sont très belles ici. Leurs costumes bleus moulent vraiment bien leurs formes !
La femme ne porta pas attention à cette dernière remarque alors que l’assistante-infirmière-chef l’invitait à prendre l’appel :
— C’est le docteur David Morin, de l’Institut de Cardiologie de Montréal.
— Docteure LeBel à l’appareil... Oh, salut, Dave !... Oui, ça va. Écoute, c’est au sujet de Monsieur Asselin... oui, celui à qui tu as fait trois pontages il y a deux mois. Il est arrivé en fin de nuit ici, en pleine crise cardiaque... Un bon STEMI, je dirais (ST Elevation Myocardial Infarction)... Humm, une branche de la coronaire gauche, sûrement, tout a l’air d’un infarc’ antéro-septal... Je te l’envoie, il semble stable pour l’instant (Alicia s’étire le cou en direction d’une civière) : il sature à 93%, oxygène deux litres, presque plus de douleur avec la morphine et... oui, il est souriant. L’ambulance part dans dix minutes donc, dans trente quarante minutes, il devrait être chez vous... Ben oui, une infirmière l’accompagne, je t’envoie ma meilleure !... OK, salut, Dave !
Alicia raccrocha et se tourna vers Martin :
— On aurait pu tenter de le stenter ici, c’est-à-dire rouvrir sa coronaire à l’aide d’un cathéter se rendant jusqu’au cœur mais notre hémodynamicien est présentement en vacances. Je renvoie donc le patient à son cardiochirurgien.
S’étant levée de son tabouret de métal, la femme tourna le dos à l’étudiant en médecine afin de saisir quelques dossiers médicaux. Le jeune homme de vingt ans connut une décharge d’adrénaline comme s’offrait à sa vue l’aguichante courbure naturelle des fesses musclées d’Alicia qui portait ce matin un uniforme un peu trop petit pour sa taille, moulant ainsi de superbes formes, l’absence de toute couture apparente suggérant de plus que la femme ne portait aucun sous-vêtement.
— Bon, alors, on va y aller, fit l’urgentologue à l’adresse de son jeune visiteur avant d’être de nouveau interceptée pour un autre appel en provenance, celui-ci, des salles d’opérations :— C’est l’anesthésiste, docteure LeBel, annonça la réceptionniste en lui tendant le combiné.— Oui, ici docteure LeBel... je sais : Monsieur Dupuis monte chez vous avec seulement trois culots du groupe AB... J’avais envoyé à la banque de sang une requête pour en faire préparer quinze et ils m’ont... oui, oui, ils m’ont dit il y a cinq minutes qu’Héma-Québec allait leur livrer dans l’heure... Ben, dans le temps que le chirurgien dissèque jusqu’à l’aorte, le reste des unités va sûrement arriver. OK, dac.
Alicia raccrocha en soupirant légèrement d’impatience :
— C’est un cas d’anévrisme disséquant de l’aorte abdominale qu’on vient d’envoyer en chirurgie. Le vaisseau s’est fortement dilaté derrière le péritoine postérieur, et si on n’intervient pas rapidement, ça éclate et le patient peut mourir rapidement d’une hémorragie massive interne (Nda : lire ‘Urgence !’). Le traitement requis est une procédure chirurgicale qui nécessite inévitablement des transfusions sanguines, et comme le groupe AB ne représente que 4% de la population mondiale, c’est une denrée plutôt rare !
Dossiers en mains, elle invita le jeune homme à la suivre :
— Bon, on va aller voir une fracture de la hanche. Avec le verglas qu’on connaît aujourd’hui, on risque d’en voir plus d’une, en plus des foulures, fractures du poignet, du coccyx, et j’en passe.— Vous êtes... vous êtes très sexy, docteure LeBel, se risqua le jeune mâle qui la suivait en la dévorant des yeux.— Ouais, j’sais que j’ai de quoi te faire bander, petit coquin. Je porte un pantalon trop petit pour moi, mais il n’y avait plus de ‘medium’ au vestiaire, ce matin. Et pour ta gouverne, sache que je porte un J-string. Je ne me promène pas toute nue sous ma culotte bleue. Et mon string est imprimé de petits papillons à l’avant, si tu veux tout savoir.
Les deux firent leur entrée dans un cubicule silencieux où se trouvait une civière.
— Rebonjour Madame Picard. Avez-vous encore de la douleur ?— Je crois que c’est encore mon nerf asiatique, docteure, fit de sa petite voix grésillante la vieille dame de quatre-vingt-deux ans. C’est arrivé quand je suis tombée ce matin.— Malheureusement, ce n’est pas votre nerf sciatique, Madame Picard. Vous vous êtes brisé la hanche en chutant sur la glace, corrigea la praticienne. Il faudra vous opérer pour remplacer un bout d’os dans votre hanche !— Brisé!? C’est pour ça que ça faisait si mal ? Je ne pouvais même pas me relever !— Tout à fait, Madame. Mais on a ici de bons docteurs pour vous soigner. Le problème, c’est qu’on ne pourra pas vous opérer tout de suite !— Ah non, et pourquoi ?— Vous prenez un médicament pour éclaircir votre sang. J’ai été obligée de l’arrêter en prévision de l’opération. Si on vous opérait tout de suite, vous saigneriez trop et ce ne serait pas bon pour vous.— C’est quand vous m’opérez, d’abord ?— Demain matin. Il faut attendre au moins douze heures pour que votre sang soit moins clair. En attendant je vous donnerai des médicaments pour la douleur. La bonne nouvelle, c’est que vous pourrez manger ce matin. Je vais voir à ce qu’on vous apporte un plateau.
La vieille dame saisit la main d’Alicia :
— Oh merci, docteure. Vous êtes si gentille ! Vous me faites penser à ma petite-fille !
Alicia sourit à la vieille dame, griffonna quelques notes sur son clipboard et quitta le cubicule accompagnée de son étudiant.
— Des fractures de hanche, tu vas en voir souvent, lui annonça Alicia. Et tu remarqueras que beaucoup de ces patients prennent du Coumadin, un anticoagulant.— Je ne vois pas le rapport entre la prise d’un anticoagulant et les fractures de hanches ! s’étonna l’autre.— C’est très simple : beaucoup de gens souffrent d’une forme d’arythmie cardiaque, la fibrillation auriculaire ou FA. Dans le cœur, les ventricules fonctionnent bien mais ce sont les oreillettes qui se vident mal de leur sang. Donc le sang a tendance à stagner dans ces cavités, ce qui peut éventuellement amener la formation de caillots. Un de ces caillots, en se faisant expulser plus loin dans la circulation, pourrait alors causer des embolies et générer de gros problèmes de blocage. Afin d’éviter cela, on leur fait prendre un anticoagulant, et fini les caillots !— C’est plutôt une bonne nouvelle ?— En soi, oui. Sauf qu’il faut savoir que la FA réduit la pression artérielle d’environ 25%. À cause de la diminution du débit cardiaque, moins de sang se retrouve en circulation. Il arrive donc que le patient atteint d’ostéoporose, s’il se lève trop rapidement la nuit pour, par exemple, aller répondre au téléphone, sera pris d’étourdissements, chutera par terre et se fracturera le poignet ou, pire encore, la hanche.— Ah, je comprends !— Le problème, c’est qu’on ne peut pas procéder à la chirurgie immédiatement. On doit arrêter le Coumadin douze heures avant, afin d’éviter les saignements incontrôlables durant la procédure qui consiste à remplacer la tête fémorale par une pièce de titane qui s’articulera sur l’os du bassin. C’est ce qu’on appelle une prothèse de Moore.— Ah bon ! Je vois maintenant le lien qu’il y a entre le Coumadin et les fractures de hanche !
Tout en donnant ces explications, c’est en levant son bras qu’Alicia montrait à Martin, sur l’image radiologique affichée au négatoscope, le trait de fracture apparaissant à la tête du fémur gauche de la vieille dame. Les yeux de l’étudiant s’écarquillèrent toutefois lorsqu’ils tombèrent sur une vue imprenable, à travers la manche courte et ample de son T-shirt, du sein droit d’Alicia qui, cette journée-là, avait décidé de donner congé à son soutif. Un superbe nichon coiffé d’un téton légèrement rosé qui pointait d’excitation au contact du tissu de coton bleu porté par la femme.
— Tu m’écoutes quand je te parle ? sembla s’impatienter la femme-médecin.— Euh... oui oui, docteure, la... la fracture, oui...— Tu m’as l’air distrait, quelque chose ne va pas ?— Oh non, tout est beau, c’est... il y a tellement de choses à voir et à savoir ici !
Alicia éteignit le négatoscope et rangea les films radiographiques dans leur enveloppe.
— Avez-vous déjà eu, dans votre pratique à l’urgence, des cas cocasses, docteure LeBel ? s’enquit le visiteur à l’affût d’anecdotes croustillantes.— Oh si ! répondit l’autre, sourire en coin. Je me souviens très bien de ce couple de touristes français qui étaient venus nous rendre visite. Un couple de nouveaux mariés en lune de miel. Le Monsieur s’était présenté à nous bandé comme un taureau ! Son érection avait duré toute sa sainte nuit de noces ! (Nda : Lire ‘Vous avez dit ‘priapisme’, docteure LeBel ?’) On a toutes eu ben du fun à tenter de lui ramollir la bite, car aucun urologue n’était disponible à cette époque. C’est finalement la psy du CLSC qui en est venue à bout.
Les deux se dirigèrent vers la petite salle de trauma.
— C’est tranquille aujourd’hui, en traumato, poursuivit Alicia. On attend présentement un accidenté de la route mais pour l’instant, on a ici un monsieur dont le pied a glissé sous la lame de sa tondeuse alors que celle-ci était en mouvement.
Autour de la civière d’un homme criant désespérément ses souffrances s’affairait une équipe multidisciplinaire préparant le patient en vue d’une chirurgie de reconstruction, ce qui ne manqua pas d’affecter le jeune visiteur.
— Une équipe d’orthopédistes et de plasticiens vont tout faire pour lui éviter une amputation. On en aura pour plusieurs heures, annonça Alicia à Martin qui, devenu silencieux, s’était soudain mis à blêmir derrière celle qui lui servait de guide.
Un bruit sourd se fit brusquement entendre comme le jeune s’effondrait par terre, un accès de lipothymie ayant causé son évanouissement.[Rapidement déposé sur une civière, Martin reprit peu à peu conscience. Un attroupement d’infirmières l’observait en murmurant tout bas, alors qu’il reconnut le visage d’Alicia qui se tenait à la tête du brancard.
— C’est une syncope vaso-vagale, annonça l’urgentologue au groupe de filles qui entouraient le jeune homme. Son système parasympathique a été violemment stimulé par la vue du sang.
Immobilisé sur sa civière par le personnel autour de lui, l’étudiant vit une infirmière glisser une main dans son pantalon afin de tâter son pénis manifestement en érection.
— Vous voyez comme il est bien bandé? montra-t-elle au groupe. C’est le parasympathique qui est responsable de cette érection. C’est une réaction physiologique tout à fait normale. Que doit-on faire dans ce cas, docteure LeBel ?— Pour rééquilibrer le système nerveux autonome (SNA), il faut stimuler le système sympathique à son tour, répondit la femme-médecin. Amenez-le dans la salle d’urologie. Josiane s’occupera de lui.
La civière de Martin se mit en mouvement et traversa une porte sur laquelle on voyait l’inscription ‘UROLOGIE’.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda l’homme, à présent bien réveillé mais toutefois inquiet de ce qui l’attendait. Qu’allez-vous me faire ?— Sois sans crainte, lui répondit Alicia qui l’accompagnait toujours avec sa meute d’infirmières à sa suite. Josiane est une experte pour ces choses-là.
Cette dernière, âgée dans la vingtaine, accueillit la civière et son patient au fond de la pièce. À son étonnement, Martin constata qu’elle avait le torse nu, exposant des seins superbes, de taille moyenne, et qui laissaient clairement deviner par leur ligne de bronzage la forme du micro-bikini qu’elle porte lorsqu’elle s’expose au soleil.
— C’est toi le coquin jeune homme qui mate le cul des belles filles de l’urgence ? commença-t-elle par lui dire alors qu’elle ouvrait complètement le pantalon de Martin afin d’en dégager un organe viril en pleine turgescence.— Mais... qu’est-ce que vous faites ? Je me sens bien maintenant ! voulut s’opposer le jeune étudiant alors que des mains le gardaient toujours immobile sur sa civière.— Ce ne sera pas long, bébé. Tu sais, j’ai l’habitude. Puisqu’il faut rétablir l’équilibre dans ton SNA en stimulant ton système sympathique, je vais te faire venir. Tu as dû apprendre ça, dans tes cours, que l’éjaculation relève du sympathique donc, une fois que ce sera fait, tout reviendra dans l’ordre.
En un instant, la bite durement érigée de l’homme fut exposée au grand air sous les murmures admiratifs de ces demoiselles, et immédiatement prise en bouche par Josiane qui amorça ses mouvements de succion tout en exprimant de façon sonore son plaisir et en observant l’autre du coin de l’œil.Pendant ce temps, Alicia, qui s’était penchée au-dessus de la civière de l’étudiant ainsi traité par fellation, exposait à la vue de ce dernier, au travers de son encolure, des seins qui, au rythme de ses mouvements, se balançaient au-dessus de ses yeux.
— Tu peux les regarder, à présent, mes nichons. Cela te fera venir plus vite.
S’éloignant ensuite de la civière, elle baissa devant lui son pantalon en lui tournant le dos :
— Et je t’avais bien dit que je portais un J-string sous ma culotte !— Il est très résistant, annonça à tout le groupe présent Josiane qui peinait visiblement sur le pieu bandé. Il ne vient pas facilement. Vous allez devoir m’aider, les filles.
Sans plus attendre, deux infirmières supplémentaires s’approchèrent du jeune homme et entreprirent de lui lécher les couilles, caressant celles-ci de leurs langues tout en les aspirant dans de chaudes cavités buccales. Malgré tout le zèle et les efforts consentis, le malheureux ne parvint pas à connaître l’extase de la jouissance.]
— Ça va, Martin, t’es revenu parmi nous ? fit entendre une douce voix sortie de nulle part.
Alicia s’était agenouillée aux côtés de l’étudiant toujours étendu par terre, ses deux mains posées sur son sexe comme pour le protéger.
— Pourquoi tu te tiens comme ça ? Avais-tu peur qu’on te mange la bite ? reprit l’urgentologue en riant.— Je... Qu’est-ce qui s’est passé? demanda celui-ci, hébété.— Tu as fait la toile, tout simplement. Je dois reconnaître que je n’aurais peut-être pas dû te faire entrer dans cette salle. Mais rassure-toi : on passe tous par là. Moi, c’est pendant une vulgaire appendicectomie que je suis tombée dans les vap’ la première fois !
Quelques infirmières s’étaient à présent attroupées, observant la scène.
— Où est l’infirmière de l’urologie, balbutia Martin, l’esprit encore quelque peu confus.— Je suis là, répondit joyeusement une jeune fille en retrait, revêtue d’un sarrau. Vous avez un problème ?— Qu’est-ce que vous m’avez fait ?— Ben, rien... pour le moment. J’aurais dû faire quelque chose ?— C’est quoi, votre nom ?— Josiane. On se connaît ?— Je m’en doutais, je... je crois que... je crois que j’ai rêvé.— Vous avez sûrement dû voir mon nom en passant devant ma porte, ce matin !
Conduit à la salle de repos, l’étudiant fut rapidement rétabli de ses émotions, s’étant fait servir un café fort, préparé par la cheffe-infirmière de l’unité.
— Où est passée docteure LeBel ? s’empressa-t-il de demander.— Tu la trouveras dans le 9. Elle va probablement intuber le patient qui s’y trouve.
C’était l’animation dans le cubicule numéro 9 :
— Vous avez encore de la misère à souffler, Monsieur Chagnon ? demandait l’urgentologue à un patient à demi assis sur sa civière et dont le visage était couvert d’un masque par lequel de l’air enrichi d’oxygène lui était insufflé sous pression.
Alors qu’une infirmière prenait la mesure de sa tension artérielle, Alicia auscultait les poumons du pauvre bonhomme tout en observant d’un œil sévère les alarmants graphiques affichés sur le moniteur de saturométrie et de capnographie. Les lectures effectuées sur l’appareil de même que l’aspect pathétique de l’homme aux yeux exorbités qui, à chacune de ses respirations, haussait les épaules en cherchant désespérément son air scellèrent la décision de la praticienne :
— Il faudra que je mette un tube à l’entrée de vos poumons, Monsieur Chagnon, comme la dernière fois. La petite machine qui vous pousse de l’air présentement n’est pas suffisante et vous vous épuisez à chercher votre souffle. On va aussi vous brancher à un appareil qui va respirer pour vous puis avec vous en attendant que vous repreniez vos forces.
Toujours agité par sa dyspnée, l’homme hocha silencieusement la tête en signe d’approbation. Alicia se tourna vers l’infirmière :
— Demande à l’inhalothérapeute de revenir avec un respirateur.
Puis, se tournant vers son jeune visiteur qui n’avait pas dépassé le seuil de la porte :
— Approche, Martin. C’est un monsieur atteint de MPOC (maladie pulmonaire obstructive chronique) en décompensation, expliqua-t-elle. Normalement, le peu de poumon qui lui reste lui permet de fonctionner au quotidien sans trop de problèmes mais l’infection dont il semble manifester les signes mine tout ce qui lui restait de réserve. Il a probablement contracté un pneumocoque ou quelque chose du genre, nous le saurons avec le rapport de culture bactérienne qui nous arrivera dans deux jours. En attendant, je le traite avec de l’amoxicilline, un antibiotique à large spectre. Si on ne lui fournit pas l’assistance d’un respirateur, le CO2 s’accumulera dans son sang au point où il tombera en carbonarcose, un état toxique fatal. On va donc lui accorder du repos tout en traitant son infection.
À l’arrivée de Carl, l’inhalothérapeute, la femme-médecin donna ses directives :
— OK. Tube numéro 8,5. Préparez-moi une lame courbe MacIntosh numéro 4. Faites une demande d’admission aux Soins intensifs en mentionnant ‘patient connu en dépression respiratoire sévère et surinfection bronchique’. Et un petit Versed pour Monsieur, pour lui faire perdre la carte, le temps qu’on procède.
Alicia se positionna à la tête de la civière redescendue à l’horizontale, laryngoscope en mains.
— J’introduis quelque chose dans votre bouche, Monsieur Chagnon, annonça-t-elle à l’homme qui se trouvait entre deux eaux suite à la sédation reçue.
Sans effort, l’instrument plat et légèrement courbé chemina sur la langue jusqu’au fond de la gorge. Une traction vers le haut et l’épiglotte se souleva, exposant l’entrée du larynx à la vue de Martin.
— Il faudra faire vite, le patient est semi-conscient et en arrêt respiratoire, s’adressa Alicia à son étudiant. Tu vois les deux cordons blancs en forme de ‘V’ inversé? Ce sont les cordes vocales.
Elle lui remit le tube endotrachéal entre les mains. Saisi de surprise, Martin ne bougeait plus.
— Ben, qu’attends-tu ? Vas-y ! Pousse le tube dans la trachée. Arrête ton mouvement quand le ballonnet aura franchi les cordes vocales. C’est ça... Voilà.
Le ballonnet fut gonflé par l’inhalo qui saisit ensuite le ballon-respirateur afin d’insuffler manuellement de bonnes bouffées d’air frais au patient dont on voyait la saturation d’oxygène descendre à vue d’œil.
— C’est beau, Carl, approuva Alicia. Fixe le tube à 23. Radio pulmonaire stat. On va le ventiler à 650 fois 12 à 45%, PEEP à 5.
Carl régla ainsi les paramètres du respirateur mécanique de type Servo. Le chuintement de l’appareil se fit aussitôt régulièrement entendre dans la pièce, comme le patient rouvrait les yeux.
— C’est... du chinois pour moi, tous ces chiffres. Tout se passe tellement vite ici ! affirma Martin pas peu fier d’avoir effectué sa première intubation endotrachéale.— Tu as remarqué les chiffres imprimés sur la sonde endotrachéale ? demanda la femme-médecin. Ils indiquent en centimètres la profondeur de l’insertion du tube. À l’arcade dentaire supérieure, on avait 23 cm. On fixe donc le tube à ce niveau pour éviter qu’il ne se déplace et se retrouve éventuellement dans une bronche. Dans un tel cas, il n’y aurait qu’un seul poumon de ventilé. Ensuite, on ventile Monsieur Chagnon en lui insufflant une quantité prémesurée d’air. C’est ce qu’on appelle le volume courant ou VC. Ici, il sera de 650 millilitres. Habituellement on donne de 10 à 12 millilitres par kilo de poids. La fréquence du respirateur a été établie à 12 et la concentration d’oxygène à 45%. Le PEEP, c’est la Positive End Expiratory Pressure. Normalement, quand les poumons se font insuffler d’air, tels des ballons, cela génère en eux une pression positive qu’on peut tolérer jusqu’à un maximum de 30 cm d’eau. À la fin de l’expiration, on s’arrange pour que la pression ne passe pas sous la valeur de 5 cm d’eau.
C’est ça, le PEEP. Cela empêche la fermeture des alvéoles à la fin du cycle respiratoire tout en augmentant la diffusion de l’oxygène vers la circulation.
— Wow, cela en fait des choses à savoir ! s’étonna l’étudiant avec enthousiasme.— Tu verras pendant ton internat, la pneumologie est un très gros stage, tout comme la cardio, d’ailleurs.
La conversation fut interrompue par la présence de l’infirmière du triage qui arriva en trombe dans le cubicule :
— L’accidenté de la route arrive, docteure LeBel.— D’ac, répondit l’autre laconiquement. La salle de trauma est prête ?— Oui, docteure. Toute l’équipe est en place.— Parfait. Demandez au résident en pneumologie de venir installer la ligne artérielle de Monsieur Chagnon, s’adressa-t-elle en terminant à l’assistante-infirmière-chef. Et transférez le cas de Monsieur à son service.
Et, se tournant une fois de plus vers Martin :
— Moi, j’aurai d’autres chats à fouetter. Allons à la salle de trauma.
À l’extérieur, les dernières tonalités de la sirène de l’ambulance s’étaient tues. Une civière s’avança rapidement dans la salle de traumatologie, poussée par deux paramédics dont un, à la tête de la victime, manipulait un ballon-réanimateur. Les voies aériennes de la personne blessée qui portait un collet cervical et dont le corps était solidement sanglé sur une planche dorsale étaient reliées au ballon par un tube disparaissant dans sa bouche. Le bas du corps était maculé de sang frais, laissant deviner une hémorragie d’importance. Entre des jambes entravées par un système de traction bipait, au rythme des battements cardiaques de la personne transportée, un moniteur multipistes.
— Ça va aller ? demanda Alicia à Martin. Ce sera pas très beau à voir...
Gantée, elle s’approcha de la victime manifestement inconsciente. Arborant de multiples abrasions, un visage méconnaissable dont les yeux fortement tuméfiés étaient clos et qui était en partie occulté par de longues mèches de cheveux roux parsemées de sang séché, se présenta à sa vue.
— Comment elle s’appelle ? demanda-t-elle sur un ton neutre.
La fille au triage déglutit difficilement comme elle consultait le clipboard des paramédics :
— Durocher. So... Sophie Durocher !— Hey, niaise-moi pas, veux-tu ?— Je... je n’niaise pas du tout, Alicia !
Alicia écarta presque mécaniquement les cheveux souillés de micro-caillots. Son expression changea brutalement comme elle reconnut la femme de sa vie :
— Sophie !?
L’inhalothérapeute avait entretemps pris la relève dans la ventilation pulmonaire de la victime. Constatant rapidement un problème, il se tourna gravement vers l’urgentologue :
— Son taux d’oxygène chute à vue d’œil, et je rencontre de grandes résistances nous empêchant de la faire respirer adéquatement. À ce rythme-là, elle ne va pas tenir longtemps. Tu dois faire quelque chose, Alicia, et vite !— Ventile-la à 100% d’oxygène, ordonna la femme.— Mais je la ventile déjà à 100%!
Au même moment, on pouvait entendre la tonalité variable du moniteur de saturation d’O2 confirmer la diminution inexorable du taux d’oxygène sanguin chez Sophie :
- Bip, bip, bip, boup, boup, boup, boup, bop... bop... bop... bop... bop.....
(À venir : Polytrauma)
Diffuse en direct !
Regarder son live