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Rencontre au sommet

Chapitre 2

Divers
Mon cerveau reptilien ou toute autre fonction étrange me fit ouvrir un œil alors que Céline se préparait à partir. Des mauvaises langues prétendront que je tentais de jouer les voyeurs à la dérobée (pas celle de Guingamp…), ce qui est faux. Il aurait fallu pour cela que je puisse ouvrir mon second œil. Constatant qu’elle était bien réveillée et prête pour suivre son plan, je me tournai de l’autre côté et repris mon concert de plus belle. Je ne ronfle pas, Mesdames et Messieurs : je fais du heavy metal nocturne.    Sur le coup des… quelques heures plus tard, longtemps après que le soleil ait pris son petit déjeuner, j’émergeai. Certains envisageaient déjà de grimper je ne sais quel sommet où se trouvait cette aspérité digne de leur énergie ; personnellement, la seule chose que j’envisageais à cet instant, c’était de descendre… un bol, de je ne sais plus quoi. Normalement, c’est chocolat – j’ai gardé mon âme d’enfant – mais vu les conditions je ne me souviens plus s’il y en avait. Marc et Adeline avaient décidé de se joindre à ce groupe d’acharnés toujours partants pour se faire mal aux pieds dans des chaussures manufacturées à cet effet. Grand bien leur fasse… Partez devant, je ne vous suis pas !   Le club des cinq était réduit momentanément à un trio. Nous papotions, faisions plein de choses sans intérêt si ce n’est que cela ne faisait pas mal aux pieds. Un moment, un bouquetin nous divertit de ses bonds avant de nous fausser compagnie. Cherchant sur les pentes avoisinantes s’il était suivi de congénères – mais pour les caprins, c’était fini – nos regards se portèrent sur une silhouette qui descendait de la montagne, mais pas à cheval.   Nous nous demandâmes qui pouvait bien être cette petite fourmi qui descendait vers nous. Puisqu’il fallait bien nous occuper en attendant que nos yeux à peine éclos d’une nuit courte, mais surtout d’une soirée – longue, oui forcément – alcoolisée, je lançai la machine à raconter des conneries :      ─ C’est Céline, je lui manque déjà !   Sauf que quelques minutes plus tard, la réponse tomba : c’était Céline ! Gilles ne voulut pas être en reste :      ─ Il est onze heures, Céline ! Il faut y aller, là… On t’attend à la mairie ! lui cria-t-il alors qu’il lui restait encore une centaine de mètres à franchir pour nous rejoindre.   Céline arborait un sourire éclatant. Il n’en restait pas moins qu’elle balisait comme jamais. Elle devait être à 15 heures à la mairie ; quand on se marie, il est généralement de bon ton d’être présent. Si on enlevait un peu de temps pour lui accorder de passer sous la douche, de se pomponner un minimum – pourtant elle n’était pas de celles à qui il faut quinze jours pour se maquiller – il fallait encore débiter une heure sur son crédit temps : cela lui laissait trois heures pour arriver à sa voiture et filer chez elle. Le chemin direct, même si en montagne « direct » ne veut pas dire tout droit, demandait trois heures de marche. C’était le chemin qu’elle avait emprunté. Mais au moment de passer par la crête (ah, pour ceux et celles qui n’imagineraient pas ce qu’est un chemin de crête, c’est un sentier large d’une vingtaine de centimètres, de terre et de cailloux avec de part et d’autre le vide – enfin, une pente abrupte) la miss fit un blocage.    Certes, elle avait copieusement déjeuné d’une biscotte et d’une demi-tasse de thé, mais tout le monde fut d’accord pour dire que, si elle avait dû faire demi-tour dans un endroit qui ne lui posait aucun problème, elle, la fille d’un couple d’amoureux de la montagne qui l’emmenait grimper le pic du Midi d’Ossau alors que son âge s’écrivait encore avec un seul chiffre, il y avait une dimension symbolique à son refus devant l’obstacle.    Elle entendit encore moult plaisanteries. Puisqu’elle était avec nous, elle pouvait rester, trinquer et festoyer encore et encore. Cela ne nous empêchait cependant pas de passer en revue toutes les solutions possibles. Il y avait un autre chemin direct – enfin, partant directement dans la direction du parking où se trouvait sa voiture – mais il demandait quatre heures de marche, et après ce qui s’était passé, il n’était pas assuré qu’elle ne refasse pas un blocage à certains endroits. Et la lumière vint de celui qui était jusqu’à présent le moins sérieux. Quand vous ne connaissez pas le coin, vous évitez de dire des conneries en voulant être sérieux et laissez faire les spécialistes. Mais comme les spécialistes pataugeaient…   Puisque nous étions montés la veille en une heure et demie, descendre ne pouvait être que plus rapide. La voiture de Marc était garée en bas, et de là, en quelques minutes et un coup de bagnole, Céline se retrouverait dans le bon sens, ni épuisée par un crapahutage au pas de course ni stressée par un chrono qui la piquerait aux fesses, et ainsi prête à entrer dans le monde pourri des couples.    Il restait encore une dernière possibilité de rater le mariage. Rien de fatigant ou compliqué en soi ; c’était juste une question qui se jouait au 50/50. Si Marc avait gardé la clé de sa caisse dans sa poche, le plan tombait à l’eau. Parce que Marc et moi sommes des gens responsables, Monsieur ! Nous n’allions pas prendre deux voitures pour faire deux cents kilomètres tout seul chacun dans son véhicule ; non, nous ne sommes pas des pollueurs, nous ! Et puis si je pouvais pioncer au lieu de conduire, sans compter les économies…   La logique voulait que Marc ait laissée la clé ; pourquoi s’alourdir d’un objet inutile quand on joue les aventuriers ? Non, on s’allège dans ces cas-là, d’autant plus qu’il devait garder le teint frais : il ne saurait séduire Adeline avec l’œil hagard d’un quelconque poisson trépané.
   J’ouvris religieusement le sac de Marc, et – ô joie ! – la clé salvatrice apparut. Instant de recueillement, les mains jointes et regard implorant car il restait à espérer que sa bagnole ne soit pas équipée d’un coupe-circuit ou qu’un code soit nécessaire pour démarrer.   Nous voilà, Céline et moi sur le chemin qui la remettrait sur la bonne voie. C’était toutefois un moment particulier que j’allais vivre en tête-à-tête avec une fille sexy comme tout, même dans sa tenue de montagne et les cheveux en pétard après trois jours de montagne, d’un calme communicatif – sauf quand elle bloque en montagne – et d’une gentillesse à faire passer Sœur Emmanuelle pour un loubard enragé. Plus nous discutions et plus je me disais que j’aimerais rencontrer une fille comme elle, puisque dans quelques heures l’histoire serait pliée, le modèle d’origine serait vendu. Je n’avais absolument aucune intention de jouer les trouble-fête en venant semer la zizanie dans le futur couple, d’autant que, m’expliquant leurs projets, je ne me voyais pas rivaliser. Ils avaient acheté une vieille ferme qu’ils comptaient restaurer et transformer, créant un dojo sous la charpente. Le futur mari était prof de tai chi et ils allaient offrir un lieu reposant favorable à son art et à la méditation. Voilà des gens qui avaient une vision, un projet. Raison de plus pour la mener à bon port.   Qu’aurais-je pu mettre dans la balance, de toute façon ? Certes, j’avais réussi l’exploit (suite au divorce puis au déménagement de l’autre @*#£$% de mère) de récupérer la garde de mes enfants. Ça, je n’en étais pas peu fier. Deux ans après le divorce à proprement parler où mon ex avait joué la carte des attouchements pour s’assurer de se voir confier les enfants, j’ai eu droit à un deuxième tour de manège où, cette fois, j’ai décroché le pompon.    On pourrait croire que je fais le malin maintenant que je connais le résultat, mais en fait j’étais persuadé que j’obtiendrais la garde des mes deux chères têtes blondes. Et plus les mois passaient, plus j’en étais convaincu. La première raison était tout simplement que mon ex s’y était prise comme une gourde. Ça aide, forcément !    Mais il y avait eu des signes avant-coureurs que 2007 serait pour moi une année magique. Cela avait commencé dès le mois de janvier : un séjour en Écosse avec, pour démarrer, un concert à Glasgow de mes amis irlandais. Je les avais rencontrés pour la première fois en 1989 et rêvais depuis de les voir – et surtout les écouter – en concert. Hélas, jusque là, j’apprenais les dates des concerts après les dits concerts. Pas vraiment ce qu’il y avait de mieux pour y assister. Or, fin 2006 (merci Internet) j’appris qu’ils donneraient ce fameux concert auquel je pourrais ENFIN assister. Aussitôt l’information connue, je décidai de prendre une semaine de congés et de filer, non pas à l’anglaise, mais en Écosse. Je proposai à ma copine de l’époque de m’accompagner. De quoi passer une semaine formidable.   La veille de notre départ, le trafic transmanche – ce qui n’a rien à voir avec des transsexuelles très peu adroites – était fortement perturbé par des conditions climatiques de saison. Bref, tempête ! Alors que nous roulions à vive allure en direction de Calais, nous écoutions les informations pour savoir ce qu’il en était des traversées. Une heure avant, les ferries étaient toujours à quai. Une amélioration était toutefois attendue. Arrivés dans le port, nous eûmes à attendre vingt minutes, et le premier ferry embarqua les voitures en attente. Quand on a de la chatte… Bon, il semblerait que j’avais la S.P.A. entière avec moi cette fois-là.   Deuxième signe que j’avais le vent avec moi : en février, alors que j’effectuais ma tournée dans les montagnes ensoleillées – si, ça arrive, et plus souvent qu’on ne le croit – tout en écoutant la radio (France Inter ; non mais, je n’écoute pas n’importe quoi !) j’entendis aux infos une nouvelle qui me fit bondir de joie – une fois descendu du véhicule, bien sûr ! – et qui allait rendre ma journée, que dis-je, ma semaine, mon mois, mon année même, radieuse : Police (le groupe, pas la maréchaussée) se reformait le temps d’une tournée qui passerait par la France.    Pour bien comprendre la nouvelle, sachez que si je devais emporter l’intégrale d’un seul artiste sur une île déserte, ce serait eux. J’avoue que c’est con comme expression, parce que sur une île déserte, comment  ferais-je fonctionner un lecteur CD ? Passons sur ce paradoxe. Donc voilà, ce groupe-là est pour moi la bande-son d’une énorme partie de ma vie. Police ayant publié un coffret regroupant la totalité des chansons enregistrées (y compris les bijoux disponibles uniquement sur les faces B des 45 tours) intitulé Message in a box, le message était clair : toute leur carrière tenait dans ces quatre disques, et il ne fallait donc rien espérer d’autre. Je ne rêvais même plus de les revoir sur scène ; j’avais abandonné cette idée depuis des lustres dont j’avais plusieurs fois changé les ampoules. J’aurais pu vendre mes parents, mes grands-parents, mes cousins, mon frère pour assister à un tel évènement, et d’un claquement de doigts j’apprenais que, sans vendre personne, le rêve auquel je ne rêvais plus allait se réaliser. Décidément, 2007 me plaisait beaucoup ! Et nous n’étions encore qu’en février…   À partir de là, j’ai commencé à me dire que, jamais deux sans trois, une autre bonne nouvelle était sur les rails. J’appris donc que mon ex allait quitter la région pour vivre à 700 kilomètres de là. Voilà donc la troisième bonne nouvelle de l’année : j’allais récupérer mes enfants. Et lorsque, au tribunal – oui, j’ai fait une ellipse, histoire de ne pas vous emmerder avec les coups de #@*$£ de mon ex que je lui retournais à chaque fois tel un passing-shot au millimètre de Jimmy Connors – la juge se redressa sur son siège, tel un diable en boîte dont on vient de relever le couvercle, lorsque mon avocate releva la bourde qu’avait commise mon ex, je compris que l’affaire était pliée. Et de trois !   Voilà donc le seul exploit que je pouvais mettre en exergue face aux projets du futur couple. Autant dire que ça ne pesait pas bien lourd… Alors je profitais de chaque minute que je pouvais passer en compagnie de cette charmante personne dont je ne soupçonnais pas même l’existence la veille à la même heure. Quand j’aperçus la voiture derrière les frondaisons en bas de la pente, j’ai presque eu envie de faire demi-tour en prétextant d’avoir oublié la clé au refuge !   Quelques minutes plus tard nous étions sur le parking où la voiture attendait sagement. Avant de nous quitter, je lui conseillai de démarrer son véhicule, des fois que la poisse l’accompagnerait. Autant dire que si cela avait été le cas, j’aurais insisté sur l’accumulation de signes contraires et lui aurais conseillé de ne pas se rendre à la mairie. Mais la voiture démarra. Je tentai bien de gagner quelques minutes supplémentaires en sa compagnie, mais il fallait bien que la belle s’en aille, à un moment ou à un autre. Et elle s’en allu, mignonne ! Sans même que je ne tente de l’emballer.   Et me revoilà sur la piste caillouteuse, à remonter d’un pas lourd le chemin qui m’avait paru si court à descendre. J’essayais bien de marcher à reculons, comme on rembobine une cassette, mais point de Céline à mon côté. Après m’être cassé la gueule deux ou trois fois, je décidai de reprendre le bon sens de la marche puisque le résultat escompté n’était  pas bon. Je tentais tant bien que mal de penser à autre chose, à tel point que je regardais les troncs des arbres sur lesquels avaient été peints des chiffres. Oui c’était bien des hêtres : des chiffres et des hêtres ! Mon compte était bon. J’avais réussi ma mission dans les temps, et moi je pataugeais dans la mare asthme !    Arrivé une nouvelle fois au sommet, je pense avoir donné le change mais j’étais maussade… comme un Israélien. Combien de temps sommes-nous restés là-haut ? Je ne m’en souviens plus, mais le week-end qui tirait lentement mais sûrement sa révérence avait soudain perdu toute saveur. Cette fois, il ne restait plus qu’à se concentrer sur la descente définitive. Et encore, même cela se changea en torture. Pour mes panards en premier lieu, qui en avaient marre de se faire balader. Cette même douleur qui ralentissait mes pas et me fit traîner la patte derrière un couple naissant : Marc avait pécho Adeline. Double peine !   Il ne restait plus qu’à regagner ses pénates, enterrer les heures d’euphorie au lait des alpages dans une petite boîte estampillée « Souvenirs étranges » et aller se coucher après avoir rêvé, comble de désynchronisation. Mais au réveil, la frontière entre rêves et songes d’une nuit d’été était devenue confuse. Je rêvais d’un autre monde, je marchais les yeux fermés, je ne sentais plus mes pieds ! Un dernier vers pour la route ? Ah, la raie immobile…
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