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Rencontre au sommet

Chapitre 3

Divers
Quelques semaines après ce week-end un peu fou, Chrystèle eut des nouvelles de Céline. Elles se virent pendant la pause de midi, mangèrent ensemble, et mon amie put constater sur les photos que le mariage avait bel et bien eu lieu. Après tout, il aurait pu y avoir d’autres obstacles sur sa route : un pont qui s’écroule, un spoutnik qui se crashe sur la mairie…   Marc fit des allers-retours entre Saint-Etienne et Annecy pendant un peu plus d’un an, puis sa liaison avec Adeline se termina dans le décor, les emplois du temps ne s’accordant pas toujours. Leur relation était une sorte de prolongement de ce fameux week-end d’août, et son souvenir en prenait un coup dans l’aile.    Novembre 2009, le « cercle des peut-être disparus » se chargea de réunir certains retrouvés. Je me rendis à cette réunion d’anciens, que je souhaitais ne pas être d’anciens cons battants. Il y avait deux personnes que j’espérais bien revoir, perdues de vue depuis que j’avais passé le bac à la machine à trépasser le temps.   Je ne fus pas déçu : je les retrouvai tous les deux. Bernard et Catherine. Non, pour ceux qui avaient misé sur Bianca pour le personnage féminin, c’est raté ! Hélas pour la miss, les retrouvailles avec mon compère – c’est mieux qu’avec un con battant, ou pire, battu – occultèrent le reste. Les discussions, les blagues repartirent comme si nous nous étions quittés la veille. Et cette fois, nous étions bien décidés à ne pas laisser passer plusieurs décennies avant de nous revoir. Marc et Chrystèle étaient eux aussi de la partie et tout aussi enchantés de retrouver Bernard qui se trouva sans tarder intégré aux petites sorties que nous faisions de temps à autre. Il habitait – et c’est toujours le cas à l’instant où j’écris – une ancienne ferme sans trop de voisinage, permettant de se retrouver à plusieurs sans avoir à installer un camping, et de refaire le monde jusqu’à point d’heure sans perturber le sommeil de gens alentour, à l’exception de taupes, vaches, grillons (vous pouvez ajouter l’animal de votre choix dans la liste selon vos préférences ; profitez-en, pour une fois que je fais attention aux souhaits de mes lecteurs !).    2010 – Odyssée du facteur – arriva bien vite et fut une année charnière dans ma carrière de super-héros (Postman) dont la principale arme est un lot de lettres aiguisées qui, lancées judicieusement, peuvent trancher la carotide à une vague infinie de carottes zombies. En second lieu, pour les massacres de masse, je dispose également de paquets hautement explosifs.    Alors que j’exerçais dans un cadre idyllique culminant à plus de 1300 mètres au plus haut de ma tournée, où l’air était si pur qu’on pouvait entendre un pet de vache à des kilomètres, j’allais prendre une décision capitale : descendre travailler dans la vallée – non, pas celle des pompeurs bretons – afin de gérer au mieux le planning familial. De ma famille, comprenez bien. Car si la population locale a tendance à venir habiter dans ces montagnes et descendre travailler à Saint-Etienne, j’avais préféré l’inverse. J’avoue une propension certaine à ne pas vouloir faire comme les autres.   Jusque là, pour s’occuper de mes enfants lorsque je partais travailler, la fille d’une voisine venait prendre la relève pour les réveiller, leur préparer le petit-déjeuner et les mener à l’école. Étudiante en médecine, l’année qui s’annonçait à la rentrée prochaine serait particulièrement ardue, jalonnée d’examens, et donc de révisions primordiales pour la suite de ses études. En conséquence, il me fallait trouver une remplaçante, ou faire moi-même le job. En venant travailler à Saint-Etienne, j’avais le parfait timing pour cela. Il n’en restait pas moins un obstacle de taille : une grosse réticence à exercer le boulot de facteur en ville. Ce n’était pas juste un caprice ; j’avais eu l’occasion de tester la chose en région parisienne lors de mes débuts officiels dans le métier, soit presque une vingtaine d’années auparavant. Et cela ne m’enchantait guère, à vrai dire.    C’est peut-être un détail pour vous, mais qui pour moi veut dire beaucoup… un détail vint donc mettre fin au dilemme. Alors qu’après ma journée de travail qui avait été éprouvante, en retournant chez moi, j’ai passé le dernier feu rouge les yeux fermés. Non pas par défi : je m’étais tout bêtement endormi durant quelques dixièmes de secondes tout au plus. Heureusement, aucun piéton n’avait emprunté le passage leur étant réservé, et aucune voiture n’avait déboulé au croisement.    Fort de cet enseignement à peu de frais, je m’empressai de signer mon changement d’affectation. Je gagnais ainsi une heure de sommeil : une bonne vingtaine de minutes de trajet – qui comptait double puisque c’était à l’extérieur, mais surtout parce que j’économisais sur la tension et l’attention nécessaires particulièrement en hiver – et au lieu de commencer à 7 h, la prise de service se faisait à 7 h 35. Et, cerise sur le gâteau, mon budget essence se réduisait en conséquence.    La description idyllique sur le papier fut par contre rapidement mise à mal dans la réalité. Au lieu d’avoir une tournée que je connaissais sur le bout des doigts, je galérais à en apprendre tout un tas d’autres et, au lieu de me faire traîner par la voiture jaune, il me fallait pousser le caddy rempli à ras-bord, et qui parfois même dégueulait. J’accumulais les heures sup’, et au bout de six mois je commençais à douter que mon choix avait été judicieux.   À partir de Noël, les arrêts maladie s’enchaînèrent. Les douleurs au niveau du genou gauche se succédaient presque sans relâche, à tel point que je me demandais si elles n’étaient pas d’origine somatique : ce problème au genou était certainement la matérialisation de mon ras-le-bol généralisé. Je m’enlisais. J’avais envie de tout envoyer paître. C’est certainement mon inconscient qui a guidé mon choix lorsque je suis allé au cinéma voir Les chemins de la liberté, un film qui relate l’histoire (réelle) d’un groupe d’hommes, échappés d’un goulag en Sibérie, traversant à pied l’URSS puis la Mongolie et enfin l’Himalaya pour se retrouver en Inde après un périple de 10 000 kilomètres, en proie aux éléments dans des paysages d’une beauté à couper le souffle. Oui, c’était ça : j’avais un besoin irrépressible d’évoluer au sein de vastes paysages, de ressentir le vent, la neige et les embruns. J’avais besoin d’espace, d’air pur ! Il fallut calmer l’inflammation, en chercher la cause, prendre un rendez-vous pour une IRM, un autre avec un chirurgien. Les jours avaient passé et j’avais fait un saut dans le temps : c’était déjà le mois de mai. Le chirurgien n’était pas disponible dans l’immédiat, et l’attente imposée aurait fait passer un guichet de la poste pour une Formule Un : je devais patienter jusqu’en décembre pour l’opération. Tant que je restais chez moi, la guibole ne me faisait pas endurer l’enfer.   L’année 2011 passa comme une lettre à la poste, puisque je n’y étais pas… à la poste.
   Après le mois de janvier passé en convalescence, je repris le boulot sur un petit rythme : mi-temps thérapeutique pour trois mois. Je préparais ma tournée qu’une charmante jeune fille distribuait. Elle arriva sage comme une image mais quitta la poste avec regrets, au moins pour ce qui était de la compagnie, et avec un langage fleuri. À la fin des trois mois, adieu le mi-temps : j’embrayai sur un temps complet sans pour autant partir en vadrouille dans les rues, histoire de parfaire la remise en état de mon genou.   En mai se présenta l’occasion d’une petite réunion du club ; cette fois, elle se fit avec Bernard. Au cours de la soirée, Chrystèle nous donna des nouvelles de Céline, avec qui elle était toujours en contact.       ─ Bon, les loulous… faut que je vous annonce : Céline divorce.   Et tout le monde de reprendre en chœur :      ─ On l’avait prévenue !    Nous éclatâmes tous de rire ; pas que nous lui souhaitions la misère, mais comme dans une comédie bien huilée, le gag tombait à pic.   Puisque j’avais pris goût à rester à la maison, en juin je retournai à l’hôpital pour un autre coup de bistouri, histoire de gagner encore un peu de temps. Cette fois c’était une hernie. Je passai juillet au repos, mais une sérieuse envie de bouger me démangeait la plante des pieds. Je téléphonai à Chrystèle qui me proposa de venir passer le week-end du 14 juillet à Annecy. Même si je savais que ma cicatrice risquait de me chatouiller si je remuais trop pendant ces deux jours, il me fallait prendre l’air, et la route. Alors, en voiture, Simone !     Arrivé chez elle, ce n’est qu’au dernier moment que nous avons décidé d’un programme. Va pour un ciné ; Starbuck se révéla aussi drôle que sa bande annonce. En attendant la soirée, balade dans les gorges d’un cours d’eau impétueux dont j’ai oublié le nom. Si le nom du site fut emporté par le courant, il n’en restait pas moins que le cadre était fort sympathique. Deuxième idée pour occuper le week-end : pourquoi pas revoir Céline, quatre années après ce fameux séjour en altitude ? Ne serait-ce que pour la taquiner de n’avoir pas suivi nos conseils. Rendez-vous fut pris pour le dimanche.   Après le cinéma, Chrystèle et moi déambulions dans les rues d’Annecy, à la recherche d’un petit concert sympa. Mission vite accomplie : un groupe balançait quelques standards de rock flirtant parfois avec le rock fort ! Toutefois, le répertoire prit un coup de mou et retomba dans des mièvreries du style Jean-Jacques Gueule d’Ane. Heureusement, pas assez longtemps pour gâcher la soirée.   L’heure vint de se coucher… puis de se lever. Puis celle pour Céline d’arriver. Par Belzébuth… ou Francis Zégut ! Quel choc… Si parfois les souvenirs peuvent nous jouer des tours en embellissant l’image rémanente, ce n’était point le cas cette fois-ci. La jeune femme un peu sauvage à la tenue pratique pour son séjour montagnard s’était transformée en playmate des pages centrales d’un magazine que je ne nommerai pas (ça commence par Play et ça finit par boy). Céline était certes bien plus habillée que les icônes de la revue de charme, mais tout autant à tomber. D’ailleurs, ma mâchoire en tomba !   Les heures passèrent hélas trop vite. Vers 17 h, Céline nous quitta car elle prenait la route vers le Sud pour ses vacances. Comme un con, j’étais resté à l’admirer toute la sainte journée – alors que c’était elle qui allait être sur la route – n’osant pas trop la draguer ouvertement, de peur de passer pour un affamé. Encore une fois, je me retrouvais sur un parking en lui souhaitant bonne route, tout en espérant que son véhicule ne démarre pas. Mais le moteur ne toussa même pas.    De retour chez elle, Chrystèle prépara un repas frugal. Le week-end touchant à sa fin, l’entrain s’était pris les pieds dans une fondue savoyarde épaisse et collante. Alors que nous grignotions les dernières cacahuètes dominicales, le téléphone de mon hôtesse sonna.      ─ Un message de Céline, annonça Chrystèle.    ─ Ça y est, elle est tombée en panne… ironisai-je.   « Comme une andouille, j’ai oublié de demander à Claude si on pouvait se revoir. » : voilà ce que disait en substance le message. Kling ! Dans mon cerveau, un ressort venait de se tendre pour mettre en mouvement une roue crantée qui en entraînerait d’autres et permettrait à mes méninges rouillées de sortir d’une longue torpeur. Je pris donc le numéro de Céline pour pouvoir lui répondre plus tard dans la soirée, ce que je fis une fois chez moi :      ─ Je suis prêt à te revoir aussi souvent que la distance St-Etienne – Annecy le permettra. Je ne sais pas si c’était le sens de ta question, mais c’est le sens de ma réponse.   Autant dire que je n’ai jamais attendu une réponse avec autant d’impatience que cette nuit-là. Je commençai par traîner devant l’ordinateur, la poussée d’adrénaline occultant l’idée même de me coucher. Et quelques heures plus tard, alors que je commençais à sentir mon centre de gravité se rapprocher de mon clavier, je fis de la résistance. Sur le coup des trois heures, alors que j’avais plusieurs lettres gravées sur le front, mon téléphone émit la sonnerie typique de l’arrivée d’un nouveau message. Tout d’un coup, mes yeux qui m’arrivaient alors au milieu des joues s’ouvrirent en grand !      ─ C’était bien le sens de ma question.     
* * *
     J’ai pensé arrêter le texte à ce niveau ; je continue d’ailleurs à penser que c’est une belle conclusion.   S’ensuivirent deux semaines de fièvre. Céline avait un planning chargé et ne pouvait se libérer. Durant ces quinze jours, le ballet des mails tourna à plein régime. Il fallait à chacun des heures pour concocter des réponses ciselées, enflammées. À peine le mail était-il parti que déjà l’impatience guettait. Je scrutais ma messagerie toutes les dix minutes alors que c’était là le temps minimum pour lire et relire maintes fois les lignes envoyées.   Puis vinrent les coups de fil, tard le soir, quand Céline était enfin libre de toute obligation. L’heure était si tardive qu’il me semblait percevoir les hululements des chouettes entre les murmures de ma belle sauvage des montagnes.   Puis vint le mois d’août, et ce fut la libération ! Céline pouvait enfin me rejoindre et passer quelques semaines chez moi.   C’est depuis cette histoire-là que je vénère la pluie. D’ailleurs, mon nom indien est Monte avec la pluie.
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