Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 16 J'aime
  • 8 Commentaires

Répression des fantasmes (Brigade de)

Chapitre unique

Histoire médaillée
Trash
Attention : conformément à la loi BéA-BA, ce texte ne contient aucune scène de sexe explicite. Mais il n’en reste pas moins « difficile » à certains "égards".
Je suis entré dans la brigade par hasard il y a près de deux ans maintenant. Je n’étais pas vraiment motivé, mais je devais manger. Ça faisait un paquet de temps que je n’avais plus trouvé le moindre boulot et pire encore, je n’avais aucune perspective d’en dégoter un. Et dans cet océan de marasme, voilà que survint le vote de la loi BéA-BA. Elle n’eut pas un effet immédiat sur ma propre situation. Lorsque cette fameuse loi fut votée il y a quatre ou cinq ans, je ne sais plus vraiment, j’étais dans une situation, disons instable. Et donc je n’ai guère de souvenirs précis.
BéA-BA c’est le sobriquet mignon dû à son instigatrice, Béatrice Baldès. Je ne sais pas si ce sont les contempteurs ou les laudateurs qui ont trouvé ce raccourci pour la nommer ainsi, mais toujours est-il que cette loi m’a filé du boulot à cause du nombre toujours croissant de coupables à serrer et du manque de personnel pour y parvenir. Conditions qui m’ont donné l’opportunité de rentrer à la brigade de répression des fantasmes. En réalité, cette brigade ne s’appelle pas, mais c’est comme ça que tout le monde la voit. Sa vraie désignation est brigade BéA-BA, numéro de district, numéro d’équipe dans le district. Pour la mienne donc BéA-BA16-3, troisième équipe du seizième district lié à l’application de la loi Béatrice Baldès. Franchement, pas de quoi faire une série à succès avec un titre pareil.
Ce boulot n’est pas folichon et à durée limitée : jusqu’à ce que tous les pervers soient redressés et ne hantent plus les rues de la cité, c’est une mesure probablement temporaire comme le rappelle le Comité de Supervision. Depuis deux ans, il me permet de remplir mon estomac convenablement (en quantité, pour la qualité je ne suis pas difficile ni avec les yeux ni avec la langue) et de dormir dans un espace réduit, mais pourvu de toutes les sécurités nécessaires. Question confort, c’est une tout autre histoire.
Ah oui, je n’ai pas dit ce que je fais dans cette brigade : je suis une sorte d’agent d’intervention, un auxiliaire-tas de muscles chargé de défoncer les portes, amadouer les récalcitrants, impressionner les autres et maîtriser ceux qui restent pendant que mon équipière fait son boulot de flic. Nous sommes une équipe de deux, ma collègue Yolanda, dont ce n’est pas le vrai prénom, mais qui est la vraie flic, et moi, Léon Kowalski qui suit ce que je viens d’écrire en plus de me taper toute la paperasse administrative. Il faut bien que je tape quelque chose lorsque je suis au Central. Léon Kowalski n’est pas une vraie identité, mais je l’ai gardée d’un précédent boulot, pas reluisant non plus, dont je vous parlerai peut-être un jour.
Donc Yolanda et moi maraudons dans notre bétaillère – fourgon dans lequel nous encageons les délinquants que nous arrêtons – en attendant un signalement que nous fournit Marâtre 16. Dès que nous sommes bipés, nous consultons l’interface d’information du véhicule que Marâtre 16 a renseignée. Marâtre 16 est la vigie centrale, une machine ordinatrice – une sorte d’énorme ordinateur – du seizième district, ça fait clairement très ricain US comme dénomination. Mais dans cette bécane développée en Californie, tout est ricain, de la façon de s’exprimer jusqu’à la manière de vous faire penser, et en plus au Central, elles adorent speaker en Amerfrench.
Grâce à la Marâtre 16, nous connaissons toutes les infos concernant le contrevenant, j’écris “le”, car dans quasiment 100 % des cas, il est de sexe masculin – je n’ai pas encore vécu d’intervention concernant une femme –, son adresse, son âge, ses caractéristiques physiques, son environnement familial, son voisinage, bref le moindre détail de sa vie – les réseaux sociaux sont de précieux auxiliaires –, et surtout la nature de son délit : le fantasme délictueux qu’il vient d’évoquer, soit de manière consciente, soit de manière inconsciente ou subconsciente, peu importe. Il a franchi la limite, il a transgressé la loi, il a violé les bonnes mœurs et l’ordre moral, nous intervenons, nous l’appréhendons pour qu’il soit présenté au redressement.
***

Ce soir, il tombe un putain de déluge, ça tambourine sur la toiture de notre bétaillère et Yolanda est de mauvais poil. L’arrière de notre fourgon est vide. Je ne sais pas si c’est le fait que les cages à délinquants sont vides ou si c’est la flotte qui nous tombe dessus qui rendent Yolanda furax, mais son humeur de caractérielle commence à déteindre sur moi. Presque trois heures que nous sommes coincés dans ce fourgon, à poireauter dans l’attente d’un bip de Marâtre 16. Rien. Pas un seul pervers à encager pour le moindre fantasme déplacé. Yolanda désespère, elle souffle parfois si fort qu’elle couvre le bruit de la pluie qui massacre nos oreilles plus sûrement qu’un batteur de heavy-dark-stomp au travers d’une sono de concert de plein air. Je lui glisse que bientôt va venir l’heure du coucher et avec elle le moment des rêves. Rien n’y fait, elle s’agite sur son siège, défait sa ceinture de sécurité, se repositionne, écrase son siège, réajuste sa ceinture avec force jurons.
Yolanda c’est une masse, elle est moins grande que moi bien sûr – je mesure plus d’un mètre quatre-vingt-dix –, mais elle doit culminer à moins d’un mètre quatre-vingt pour quatre-vingts ou quatre-vingt-cinq kilos, tout en muscles, en coupe carrée et en énergie débordante. Et lors des arrestations, très souvent, ça déborde facilement. Pas le genre à se laisser conter fleurette, d’autant que nous sommes équipés de combinaisons d’intervention qui nous protègent et augmentent notre force physique. Et ces exosquelettes nous rendent encore plus terrifiants, mais pas invulnérables, heureusement sinon je n’aurais pas décroché ce job.
En théorie, on m’a embauché pour ma musculature et pour protéger les arrières de Yolanda. En pratique, pour la contenir quand elle se laisse un peu trop aller à ses penchants de justicière. Elle a la torgnole facile, son physique associé à sa combi lui donne un avantage évident sur le gars qu’on sort de son plumard. Le plus souvent en plein sommeil, d’autres fois en train de fantasmer en plein rêve éveillé, mais à moitié dans les vapes, souvent après ou pendant une branlette, souvent aussi après ingestion de substances prohibées. Médocs, alcools, drogues, et parfois même de la colle ! Et là, la Yolanda-flic redresseuse de tordus montre qu’elle est la reine de la castagne ! L’appréhendé souvent ne comprend pas, il tombe des nues, il essaie de se protéger. Il tend ou replie ses bras, normal, quoi. Sauf que tel qu’ils sont enregistrés par nos caméras-piétons, ses mouvements passent facilement pour des tentatives de rébellion ! Je vous laisse déduire la suite, le prétexte tout trouvé.
Yolanda adore la mandale et le bourre-pif. Des fois, j’ai l’impression de ne servir à rien. Yolanda m’apostrophe parfois comme ça, « le bon à rien ». C’est moi.
— BéA-BA16-3, BéA-BA16-3, from Marâtre 16.

L’écran de la bétaillère s’allume. Un message s’affiche. Des coordonnées suivies de la nature de l’intervention. Étrange, une double intervention à la même adresse. Yolanda demande confirmation à Marâtre 16. La double intervention est confirmée, homme et femme en infraction à la même adresse, noms différents, probablement des amants en situation irrégulière. Yolanda sourit méchamment, elle semble soulagée.
— J’ai craint que ce soient un mari et sa femme, me dit-elle. Si ça se trouve, ils trompent leurs conjoints. On va leur en faire passer l’envie.— C’est quoi le délit ? demandé-je d’un air détaché.— Ah, tiens donc ! On voit qu’y a une nana impliquée c’coup-ci... Tu serais pas un peu voyeur ?! me fait Yolanda en me bourrant les côtes de coups de coude.
J’essaie de masquer mon intérêt, mais elle n’a pas tort, c’est la première meuf qui se fait coincer depuis que j’arpente le seizième district et j’aimerais bien savoir quelle en est la raison.
— Attends une minute...
Yolanda manipule l’interface d’information, les pages défilent. Informations sur les contrevenants, leur passé et leur présent, le futur envisagé avant le délit, le futur probable après le délit sans intervention de redressement, le futur possible après redressement. Impact sur l’entourage. Opinion du voisinage. Sondages virtuels divers. Tout est analysé en direct. Les opinions et données collectées sur tous les réseaux sociaux, les autodénonciations subconscientes et la puissante informatique quantique à prédiction heuristique des Marâtres donnent leur pleine mesure.
— Ah, voilà ! La femme a sucé et branlé l’homme de manière non consensuelle, pendant son sommeil. L’homme, de race blanche, a eu un rêve érotique ambigu et non consensuel exploitant une femme de couleur, intention manifestement esclavagiste et avilissante, possiblement racialiste.— C’est tout ?— Qu’est-ce que tu veux de plus ? Relations non consensuelles, exploitation sexuelle, domination sexiste avec relent colonialiste au minimum. C’est suffisant ! Et puis on n’a pas à discuter les ordres, on intervient.
Je suis certain que Yolanda s’est engagée chez les flics pour les interventions musclées. Elle adore défoncer. D’abord la porte, normalement c’est mon rôle. J’ouvre la voie et donc les portes et puis je m’efface derrière Yolanda, mais elle aime tellement ce moment que je le lui laisse. Je jette un regard circulaire, pas de danger en vue. Les rangeos réformés doivent peser un âne mort chacun tant ils sont renforcés, mais l’exosquelette nous permet de les porter comme des chaussons. Un grand coup de tatane et vlan ! Un pain dans la porte et elle tombe en miettes, cinq mètres plus loin. De la vraie bombe ces godasses ! Si les occupants ne sont pas réveillés en mode affolo, alors il y a la voix. Yolanda gueule. Elle aime beugler comme une adjudante-cheffe chargée de réveiller toute une caserne d’un seul cri.
— On ne bouge pas ! Police des Mœurs, Brigade de Répression des Fantasmes, Seizième district ! N’opposez aucune résistance et votre arrestation se passera bien !
Comme ça, sur le papier, ça n’en jette pas. Mais passé au travers du système d’amplification psychoacoustique bineural, le résultat n’est pas le même. Ça déchire de la mort qui tue ! C’est grave et aigu à la fois, les aigus mettent les tympans et le cerveau en vrille et les graves écrasent le ventre et les tripes au fond du calbut. Quoique l’impétrant porte rarement un calbut, il dort souvent à poil. En gros, il se réveille pour se chier dessus. Ou dans son pieu. Et souvent les deux à la fois. Et Yolanda l’attrape par les burnes pour le sortir de la merde, elle adore raconter ça comme ça. D’habitude, mais pas là. Là, ils sont deux. Ils tremblent comme des feuilles nues tremblotantes et serrées l’une contre l’autre.
Yolanda est assez sexiste. Elle le cache bien, mais elle n’aime pas vraiment les mecs. Je l’ai senti d’entrée. Je ne sais pas si elle est homo, mais si j’avais été une nana, je pense qu’elle m’aurait mieux accueilli. J’imagine que les rapports avec les hommes pour elle ce n’est qu’une histoire hygiénique. Mais avec le temps, elle s’est accommodée de ma présence, vu que je ne la contredisais pas souvent, que je ne faisais pas trop de remarques sur sa manière de faire. En même temps, c’est elle la flic, moi je suis juste un auxiliaire temporaire, il ne faut pas l’oublier. Et lorsque j’ai eu le malheur de l’oublier, elle a eu le plaisir de me le rappeler. Je n’oublie plus, c’est trop vexant.
Les deux nous regardent. Pour une fois, les coupables semblent conscients, au moins ils sont bien réveillés à défaut de comprendre ce qui leur arrive. Yolanda a arraché le drap dont ils tentaient de se couvrir, en conséquence, ils se sont resserrés un peu plus l’un contre l’autre dans une tentative réflexe de couvrir leur nudité. Yolanda coupe son amplificateur bineural. Elle conserve sa voix de stentor en répétant l’injonction.La femelle regarde Yolanda et ose poser une question d’une petite voix timide.
— Que nous reprochez-vous ?— D’avoir enfreint la loi Béatrice Baldès et pour cela, je vous place en état d’arrestation.
Yolanda observe un silence qu’elle veut pesant, le temps pour les deux tourtereaux de comprendre la gravité de la situation, puis elle enchaîne en s’adressant à la fille.
— Tu t’appelles Camille, c’est ça ?— C’est ça.— Nies-tu avoir sucé et branlé ce type pendant son sommeil ?— Non, c’était pour le...— Tu sais qu’il est interdit de pratiquer un acte sexuel sur une personne non consentante ?— Mais il n’était pas non consentant !— Ah ! Et comment pouvait-il être d’accord alors qu’il dormait ? Hein ?— Mais on a une relation régulière et on parle fréquemment de nos rapports... il aime que...— Ça suffit, en le masturbant pendant qu’il dormait, tu as déclenché ses propres fantasmes, il s’est mis à rêver ! Et de choses pas jolies, jolies, tu sais cela ?— Non, comment je pourrais ?— Mais qu’est-ce que j’ai fait ? intervient le gars éberlué.
Yolanda attendait ce moment. Je la connais assez bien maintenant et je décrypte parfaitement sa manière de faire. Elle débute toujours sur un mode mineur. Dans ce cas, par la fille. Puis elle fond sur sa proie et ne la lâche plus.Elle arrache le mec des bras de la fille et tombe sur le gars qui ne s’y attendait pas, le saisit et le retourne sur le ventre. Elle l’écrase de tout son poids et ce n’est pas rien : elle a activé le mode arrestation musclée de sa combi. Elle le menotte mains dans le dos pendant que la copine Camille gueule et proteste aussi fort que son amant hurle de douleur. Je retiens sans mal Camille qui se débat pourtant comme une damnée. Je pense à activer mon inhibiteur de pensées, cette fille pourrait faire déraper ma libido. Nerveux, je trouve difficilement l’interrupteur.
— Calme-toi du gland, ou je vais te faire plus mal encore.
Malgré l’amplification de la combi, Yolanda a parlé doucement, comme si elle désirait que l’homme ne l’entende pas et n’obéisse pas. Elle pose son genou sur le coccyx du bonhomme et je vois qu’elle appuie de tout son poids augmenté, au moins deux cents kilos. L’autre pousse un hurlement atroce et manque de s’évanouir. Des voisins alertés par le bruit et les cris ont rappliqué. La porte explosée ne les retient pas. Ils matent la scène, se rincent l’œil abondamment. Une fille à poil dans les bras d’un Robocop qui la retient contre lui, par des parties de son corps non prévues à cet effet ; un mec tout autant à poil écrasé par une Superwoman en armure, Yolanda n’a pas besoin de dire de quoi il s’agit. Intervention de police, ils ont compris, ils décampent.
Camille pleure et nous traite d’ordures, de fumiers. Elle n’a pas quitté mes bras, elle ne se débat plus. Elle se tord, elle gigote un peu, oui, mais c’est comme si elle... comme si elle éprouvait du plaisir à être serrée contre moi. Elle ressemble à une femme en train de jouir. C’est une étrange sensation que je ressens pour cette fille nue qui pleure dans mes bras en me traitant de salaud, mais semble verser des larmes de plaisir. J’ai une érection, brève, forte, violente. Camille ne peut pas la sentir, je suis protégé par la rigidité de la combinaison. Aucun fantasme obscène ne peut filtrer grâce à mon inhibiteur de pensée, les pensées et les mots sont bloqués dans mon cerveau. Ces inhibiteurs nous sont fournis pour nous protéger lors des interventions et pour éviter de créer des perturbations dans les détections destinées aux autres patrouilleurs. C’est ce qu’on nous a dit. Je n’y ai cru qu’à moitié.
Je comprends la protection à présent, car je n’en avais jamais eu besoin : les arrestations de mecs pervers ne m’excitent pas.
L’homme entre deux hurlements de douleur demande de quoi il est accusé. Invariablement, Yolanda répond : « De déviance sexuelle » et elle lui martyrise quelque chose tout en lui demandant s’il reconnaît son crime ou s’il admet être coupable. Le quelque chose martyrisé du mec ne doit pas figurer de manière explicite dans le rapport, aussi je ne m’étends pas sur ce qui est caractéristique de la gent masculine et typique des méthodes d’interrogatoire musclées de ma collègue.
Le mec n’en peut plus, il finit par avouer. Je demande à Yolanda si je dois menotter la fille.
— On la laisse là, tranche-t-elle.— Tu ne l’inculpes pas ?— Non, ce serait une perte de temps, elle s’en sortira toujours. Lui, on a son aveu et l’enregistrement holographique de son délit. Ça suffit.
Elle le bouscule sans ménagement hors de l’appartement. Le type dont je ne sais plus le nom se casse la figure sous l’impulsion amplifiée par la combi et tombe sur les fesses puis sur la nuque, les épaules et le torse qui se retrouvent au-dessus du vide de la cage d’escalier. Les mains attachées dans le dos, la tête et le buste débordant largement de la première marche des escaliers, il ne peut pas se relever sans risquer de dévaler les marches la tête la première. Il reste immobile, apeuré et totalement impuissant, attendant que Yolanda veuille bien le relever. Comme une chatte avec sa proie, elle joue avec lui. Elle le pousse légèrement du bout d’un de ses rangeos. Je distingue un sourire mauvais sur son visage. Le gars est près de basculer, il essaie de se retenir au bord de la première marche. Il crie, la supplie de le relever. Je sais que Yolanda aime ces instants, elle me l’a dit et répété lors des longues séances d’attente et d‘ennui en mal d’action.
Elle fait ce boulot pour ces moments, ces moments où elle se venge, ces moments où le pervers à poil ne peut qu’exprimer sa peur et sa soumission allongé à ses pieds, lui offrant la vue de son sexe rabougri totalement à sa merci. Elle a le pouvoir, elle est le pouvoir. Elle pourrait le broyer sous sa semelle comme un cancrelat, elle déguste chaque instant. Elle aime ça. Elle adore. Elle se délecte. Je sais qu’un frisson bien plus puissant que l’orgasme la transperce. J’ai hâte que ce frisson s’estompe.
Elle traîne le gars jusqu’à une cage dans la bétaillère sous les regards du voisinage et l’enferme avec un soupir satisfait. Il est tout ratatiné. Sa cage n’est pas grande. Son humiliation l’est.
— Et d’un ! Je me demandais si la soirée allait commencer !
Je demande à Yolanda si son inhibiteur est toujours activé.
— Bien sûr, en permanence, sinon à quoi ça servirait qu’on nous en fournisse un ? Tu ne l’actives pas toi ?— Si, si, mais je ne le faisais pas systématiquement, dis-je en essayant de cacher que je mens et que je ne le faisais jamais jusqu’à présent. C’est l’intervention de ce soir qui m’a fait penser à te poser cette question.— Eh bien un conseil, à partir de ce soir, tu n’oublies plus de l’activer.
J’enchaîne.
— Et la fille, elle n’avait pas une réaction normale...— Comment ça, normale ?— Elle semblait, comment dire... éprouver du plaisir quand je la tenais.
Yolanda part dans un fou rire. Il semble ne jamais devoir s’arrêter. En fait, il est surtout puissant et bref, car elle n’a pas stoppé l’amplificateur de sa combi.
— C’est le mode “stimulation électrique”. Ça envoie des impulsions électriques qui font que le récalcitrant éprouve une sensation de bien être et se laisse arrêter sans résistance. Je ne m’en sers pas pour deux raisons : la première, je n’ai pas envie de donner le moindre plaisir à ces fumiers et moi, j’ai envie d’en prendre en leur secouant énergiquement la couenne ; la deuxième, depuis la loi BéA-BA, ça pourrait être assimilé à une relation non consensuelle. À mon avis, on devrait désactiver cette fonction. C’est pour ça qu’on a laissé la fille, pour éviter d’avoir de la paperasse supplémentaire à remplir et des explications gênantes à donner. Parce qu’elle a eu un putain d’orgasme en étant collée sur ta combi, je te dis pas ! Elle s’est quasiment branlée sur ton système de pacification électrique pendant que je secouais son mec.— Mais elle ne va pas déposer une réclamation ou une plainte à postériori ?— Tu n’as pas eu de geste déplacé, d’une part. Tu n’as fait que la maîtriser. Et puis tu crois qu’elle sait qu’elle a joui ? Elle croit qu’elle s’est pissée dessus, oui, et qu’elle a pleuré toutes les larmes de son corps de peur. Elle se sent vide, elle pense que c’est l’émotion de l’intervention. Elle ne pensera jamais qu’elle a eu l’orgasme de sa vie. C’est une conséquence de cette loi et d’autres bien avant, les mecs ne savent plus faire jouir les femmes, et beaucoup de femmes ne savent plus qu’il est possible d’avoir un orgasme autrement que d’une manière standard... cinq ou six minutes de titillage de clito et basta...— Tu veux dire qu’elle a joui de peur et de plaisir mélangés ? dis-je en forme de question à moitié affirmative.
Yolanda se tait et reste pensive un instant.
— Je n’sais pas si y a que ça... Et puis, n’oublie pas qu’elle a violé la loi, c’est elle, la fautive ! reprend-elle énergiquement.
Elle démarre et on reprend la maraude en attente d’un bip de Marâtre 16.
***

On a arrêté deux mecs de plus. Le premier dénoncé par une pute, on l’a coincé juste au moment où il lui remettait le fric. La pute travaille avec Yolanda, leur manège est bien rodé. Lorsque le micheton est à point, la fille bipe directement Yolanda sans passer par l’interface de la bétaillère. Et quand Yolanda est prête, la fille accepte la transaction. Le type est pris sur le fait. La prostituée balance ainsi quelques clients, ceux dont elle n’aime pas les manières et qu’elle ne veut pas revoir. Contre quoi ? Je l’ignore et je ne veux pas le savoir. Les deux femmes semblent bien s’entendre.
Le second était sur un banc public avec un carnet et un crayon, et rêvassait à trois heures du matin. Il pensait à des petites filles. Je ne sais pas s’il y avait quelque chose de sexuel. Mais c’était des petites filles. Et la morve coulait de son nez. Marâtre 16 a jugé que “petites filles, carnet et crayon, à trois heures du matin sur un banc public”, tout ça constituait un ensemble d’indices suffisamment concordants envoyés par le subconscient du bonhomme pour qu’il soit appréhendé. Le carnet montrait quelques esquisses féminines crayonnées sous la lune et l’éclairage d’un lampadaire à l’orange hésitant. En vérité, ça pouvait être n’importe quoi. On l’a embarqué, il n’a pas résisté. Yolanda était frustrée.
***

— Je crois qu’il est l’heure de rentrer, annonce Yolanda. Trois dégoutants en cage, c’est un bilan moyen. On ne va pas saturer le camp de redressement ce mois-ci.— Peut-être qu’on va finir par nettoyer la ville ? insinué-je sans conviction. — Que tu crois ! Les pervers sont partout ! Je te dis, tant qu’on n’aura pas mis au point une pilule, ce sera l’enfer. J’ai entendu dire qu’une équipe de chercheuses était sur le point de sortir une molécule qui serait la clef d’une sorte de ceinture de chasteté chimique. De base, les mecs n’auraient plus de libido, et en prenant cette molécule, ça libèrerait leur libido à un moment choisi et pour un temps défini et limité.— Une sorte de viagra contre un état de castration fantasmatique, lancé-je sans réfléchir.— En tout cas, on n’aurait plus de pervers en liberté dans la nature, les mômes pourraient jouer sans crainte, les nanas ne risqueraient plus de se faire mater ou importuner, enfin on retrouverait une vie propre et saine.
Yolanda arrête la bétaillère devant le Central du District 16. Les trois cages occupées sont directement transférées dans les cellules.Sur recommandation de Yolanda, la Matriarche-cheffe du District 16 me propose un emploi à plein temps. Elle parlera de moi à la Direction du Comité de Supervision Xtras pour que l’embauche passe en priorité dans le contrat de parité et d’intégration. Ça dépendra du rapport journalier que je vais soumettre, s’il est accepté tel quel par le Comité ou non. Elle me dit qu’elle a commencé comme moi au bas de l’échelle comme simple informatrice hantant les réseaux sociaux, forums et autres tchats à la recherche de pervers à redresser, ceci avant la mise en place de l’autodénonciation subconsciente et des réseaux de Marâtres. Évidemment, je ne pourrais jamais devenir Matriarche, mais flic comme Yolanda, pourquoi pas dans une dizaine d’années, dans le cadre de ce contrat il y a un espoir.
J’ai besoin de réfléchir à cette proposition.Je suis du genre Lucky Luke, un solitaire instable, qui n’a que son ombre à tirer. Je rigole tout seul dans la barbe que je n’aurai jamais.J’ai ce boulot qui m’assure de vivre tranquille. J‘ai un appart, minuscule, mais fonctionnel. Je mange à ma faim... et je ne crains pas mes pensées. Contrairement à beaucoup de Mâlpurs.Je pars en sifflotant, c’était une bonne journée.Et pour l’achever, je vais pouvoir me louer deux vieux Verhoven sur RezoFilms-Certifié, Robocop et de loin mon préféré : Starship Troopers.Ah, une dernière chose, j’aime les romans et le cinéma de SF, mais pas Blade Runner. Je déteste rêver de moutons électriques, pourtant pour pouvoir m’endormir je n’arrête pas de les compter.
Id : Léon Kowalski, réplicaredress.Loc : District 16, Paris, UEDate : Juin, 12, 2045
Diffuse en direct !
Regarder son live