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[SCI-FI] Rencontre avec le Diable

Chapitre 1

Mila, une jeune femme pleine d'imagination

Trash
Il est déjà 7h25 quand Mila se réveille ce vendredi matin. En retard, elle se précipite devant son armoire, mais ne perd pas de temps à choisir sa tenue, comme d’habitude. De toute façon, tous ses vêtements se ressemblent : des pantalons larges, de gros pulls et quelques robes trop longues pour la mettre en valeur. Elle n’a rien à mettre en valeur, se dit-elle. Plutôt ordinaire, la jeune femme est petite, une poitrine « difficile à trouver » comme disait son ex, sans forme. Aujourd’hui ce sera une robe, noire comme tout ce qui est dans cette armoire, qui lui descend au-dessous des genoux. Naturellement, elle est plutôt mignonne de visage, mais ses cheveux noirs coupés aux épaules et sa frange digne des années 90 ajoutés à son style ne font rien pour l’aider. Elle engloutit un café et décolle sans même passer par la salle de bain, elle ne se maquille presque jamais. Ses parents sont partis bien plus tôt, ils sont en voyage et ne rentreront que lundi matin.
Son petit frère, quant à lui, est sérieux et déjà en route pour le lycée.
Mila vient d’entrer à la fac, elle a quitté le peu d’amis qu’elle avait et peine à s’en refaire. Si banale, elle ne manque à personne et c’est réciproque. Dans le bus, trois mecs avec qui elle partage une grande majorité de ses cours sont assis un peu plus loin. Elle n’a rien d’autre à faire que de les écouter, dans la précipitation de ce matin, elle a oublié ses AirPods.
— J’ai tellement hésité à sécher aujourd’hui, moi aussi. — Tu m’étonnes, je suis trop impatient d’y jouer bordel. — Je me barre à la pause de midi, moi. Je crois qu’ils lanceront le téléchargement autour de 17h, mais je veux être prêt.
Elle sait que Franck, Ludo et Benjamin parlent de Diablo. Le 4eme opus de la célèbre franchise de Blizzard sort aujourd’hui, enfin. Elle est tellement impatiente qu’elle a eu du mal à s’endormir hier, d’où le réveil difficile. La jeune femme connaît les 3 premiers sur le bout des doigts bien qu’elle ne soit née qu’après leurs sorties, elle a bien rattrapé son retard. Ce serait facile de se mêler à la conversation, mais elle a déjà essayé de s’approcher de ce groupe de gars qui semble être composé des seules personnes abordables dans sa nouvelle fac et ça ne l’intéresse pas. Ils sont trop cons, ce sont des mecs. En plus, elle a déjà préparé un plan méticuleux avec son frère qui démarre ce soir, leurs parents sont absents tout le week-end et tous les deux, ils vont poncer le jeu.

La journée est d’une triste banalité sans fin. Mila ne tient aucune conversation intéressante qui s’étend au-delà du « Salut, ça va ? » jusqu’en début d’après-midi. Ludo est seul depuis que ses deux comparses sont rentrés, trop impatients. C’est elle qui fait le premier pas, elle sait d’expérience que les mecs baissent leur niveau de débilité d’au moins 80% quand ils ne sont plus groupés. Car c’est effectivement le plus gros problème de Ludo, il est grand, pas particulièrement beau, mais pas moche non plus. Ce qui est vraiment rédhibitoire, c’est qu’il est con comme un balai. Sous prétexte que Mila ne met pas des robes à raz-la-chatte, 3 tonnes de fonds de teint et qu’aucune rumeur ne court sur elle qui pourrait suggérer qu’elle se laisse baiser dans les chiottes, elle est invisible à ses yeux. Invisible aux yeux de tous les mecs entre 18 et 30 ans, d’ailleurs.
— Tu as déjà choisi ta classe toi ? lui lance-t-elle sans préambule.— Bien sûr, je joue paladin comme toujours. Éradiquer le mal sur terre !
Elle ne peut pas s’empêcher de rouler des yeux, circonspecte. Elle s’imagine si seulement le Mal pouvait se trouver réellement devant lui à cet instant, le déchiqueter d’un regard avant d’utiliser les restes de son corps pour redécorer ce sinistre bâtiment.
— Je comprends, c’est systématiquement les meilleurs persos au début. Moi, nécro. — Cool, c’est complémentaire, on pourra jouer ensemble ! — Ouais, si à l’occasion t’es pas avec tes deux inséparables pendant trente secondes, je te rappelle que les gammes sont à 3 joueurs max, ils l’ont annoncé. — Mais... — Te prends pas la tête. De toute façon j’ai prévu de commencer avec mon frère.

L’après-midi touche à sa fin et aussitôt son dernier cours terminé, Mila se précipite pour rentrer. A la maison, Michael, son petit frère, est déjà là. Il a fini le lycée plus tôt qu’elle et il a suivi le plan, le jeu est déjà en préchargement. 16H57, ils s’échangent quelques derniers rappels, dans 3 minutes ils devront cliquer immédiatement sur « LANCER LE JEU » sans quoi, ils ne seront pas prioritaires et les serveurs peuvent les envoyer sur liste d’attente pendant des heures.
— Oublie pas, comme sur la béta on prend le passage secret dans les catacombes pour skiper le 2ème boss. — Oui oui, t’inquiète pas, et toi tu pen... 17H ! LANCE.
Cette fois, la chance leur a souri, ils sont entrés tous les deux et découvrent enfin le fruit de leurs longues patiences. Aucun des deux n’a besoin de réfléchir, ils avaient choisi tous les détails au préalable, jusqu’au nom de leur personnage. A l’écran, il n’y a pour l’instant que quelques vulgaires zombies pour leur tenir tête, mais bientôt les hordes de centaines de chiens infernaux affamés et autres créatures mutantes se relaient. Level 10, puis 20. Premier acte terminé, les frères de Diablo n’ont qu’à bien se tenir, plus que 3. Il est déjà presque 3h du matin et ils n’ont même pas mangé, Mila décrète une pause, elle se lève et pose sa manette alors qu’ils sont en ville, protégés du danger.
— C’est 3h, faut qu’on dorme 3-4h si on veut pouvoir enchaîner jusqu’à dimanche soir. — Fais chier, mais je tombe, cette journée de cours m’a flingué. — Pense à foutre ta manette en mode vibreur, à demain Mika.
C’est la technique qu’a inventée Mila pour ne pas se faire déconnecter du jeu en son absence, ce qui serait terrible puisqu’elle serait dans la file d’attente à son réveil et son samedi serait perdu. Elle laisse donc le vibreur activé, ouvre un autre programme qui fait vibrer sa manette à intervalles irréguliers et dans le même temps, légèrement bouger sa nécromancienne postée en ville. Le jeu reconnaît un mouvement, donc une présence et ne l’éjecte pas du serveur.
Les deux gamers attrapent un morceau de pain de mie et un yaourt avant de disparaître dans leur chambre respective. Mila n’y touche presque pas pour se coucher le plus rapidement possible, mais il lui est impossible de s’endormir rapidement. Cette journée d’attente et ses premières heures de jeu l’ont tellement excitée qu’elle ne fait qu’y repenser. Les démons sont plus faibles que ce qu’elle avait imaginé, même en mode Enfer, la difficulté maximum qu’ils avaient choisie. Elle se lève et pioche dans sa bibliothèque l’un de ses livres préférés : « Rencontrer Aesma ».
— Et toi, tu es aussi faible que tous ceux qu’on a passé la soirée à exterminer ?
murmure-t-elle.

Elle ouvre le livre à une page au hasard. Il est rempli de différentes formules, incantations et rituels pour -soi-disant- se manifester à lui. Aesma est le démon de la luxure et les rituels recommandés sont à sa hauteur d’un être de sa trempe. En réalité, il s’agit plutôt d’un moteur d’excitation pour Mila lorsqu’elle veut se faire du bien. Elle commence à le lire alors qu’elle descend doucement sa main entre ses cuisses et entame des caresses innocentes. Puis, son imagination prend le dessus et habituellement elle se prend à rêver qu’Aesma lui-même la trouve dans sa chambre. Il la soulève avec force, sans ménagement pour lui prouver sa position dominante.
Enfin, quand elle se décide à enfiler un ou deux doigts dans sa petite chatte trempée, son esprit créatif devient inarrêtable et le démon la prend dans son lit ou contre les murs de sa chambre. Évidemment, la réalité empêcherait cet accouplement puisque le démon n’avait aucune chance d’apparaître dans sa chambre, trop petite pour lui, tout comme sa queue démesurée ne pouvait pas raisonnablement lui glisser entre les cuisses. C’est le propre d’un fantasme, il est aisé de faire entrer un carré dans un rond sans rien y trouver à redire, tout est acceptable.
Alors qu’elle continue ses caresses, ses pensées de ce soir sont quelque peu manipulées par ses heures de jeu. Dans sa tête, la nécromancienne qu’elle a incarnée toute la soirée se fait surprendre par les démons et finit par abdiquer sous leurs assauts, prise et reprise jusqu’à ce qu’elle n’en finisse plus de jouir.
S’imaginant ainsi, maîtresse des morts vivants, vaincue par des créatures maléfiques et couvertes de foutre démoniaque, elle s’endort les cuisses écartées, son livre ouvert posé sur le ventre...
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