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Secrets de couventines

Chapitre 1

L'appel des ordres

Lesbienne
Note aux lecteurs(trices) :
Tous connaissent désormais Sophie (@Sophied) et Alicia (@Doc Alicia), ces deux tourterelles originaires de Saint-Hyacinthe en Montérégie au Québec. Ensemble nous avons suivi leurs multiples aventures souvent ponctuées d’imprévus mais également de dangers, que ce soit au cours de leurs voyages à l’étranger ou tout simplement dans le cadre de leurs activités professionnelles à l’intérieur de l’hôpital Honoré-Mercier où elles exercent la première comme psychologue et la seconde en tant que médecin-urgentologue.
Comment peut-on maintenant, me direz-vous, les imaginer toutes deux novices au couvent?
Prêtons-nous toutefois à l’exercice : et si au départ nos chères amies s’étaient connues… chez les bonnes sœurs?
PS : Pour les intéressé(e)s, rappelons que la séquence des aventures de nos deux lesbiennes maskoutaines est détaillée dans le premier chapitre de l’histoire Déchéance et rédemption.
Bonne lecture à tous et à toutes!
Votre auteur, Simson3
***

1960. C’est l’heure de la Révolution tranquille au Québec. Sous le gouvernement libéral de Jean Lesage, la nation canadienne-française va résolument commencer à se lever et à s’affirmer à l’intérieur de la Belle Province. L’électricité sera nationalisée, les relations de travail codifiées et les droits des femmes graduellement reconnus, mettant ainsi un terme à l’époque de la Grande noirceur vécue sous le régime Duplessis.
Le système d’éducation connaîtra aussi sa grande réforme, lui qui avait toujours été depuis le temps de la colonie gardé sous le joug de l’église catholique. Mais en attendant de céder tout pouvoir à l’État en ce qui concerne l’instruction publique, le clergé exerce encore et toujours son influence dans la société, marquant les mœurs ainsi que… les vocations.
Toujours pendant cette période, la société québécoise continue de vivre son essor industriel d’après-guerre. Quant à elle, la ville de Saint-Hyacinthe, en Montérégie, devient lentement un centre agro-alimentaire d’importance avec sa florissante production céréalière et ses fermes laitières dont la mécanisation avance peu à peu. Les Maskoutains y vivent en paix au milieu d’un décor bucolique situé à une cinquantaine de kilomètres de la métropole du Canada, Montréal, qui voit s’élever avec fierté l’édifice cruciforme qui constituera la Place Ville-Marie, le gratte-ciel culminant la deuxième ville francophone en importance au monde.
Dans sa chambre, Sophie se mire devant sa glace, ne portant que sa longue culotte blanche allant aux genoux.
— Non, vous ne connaîtrez pas d’homme, et aucun d’eux ne vous touchera, se dit en elle-même la jeune femme de vingt-deux ans en massant doucement ses seins dont les mamelons se mettent aussitôt à pointer d’excitation.

En soupirant, Sophie réenfile son soutif, sa blouse blanche ainsi que sa longue jupe plissée dont le vert prononcé contraste grandement avec son ondulante chevelure rousse. Elle brosse une dernière fois ses cheveux avant de les attacher en queue de cheval. Sereine malgré sa tristesse, la jolie rouquine sait que sa décision est la bonne.
De la cuisine familiale, sa mère Jasmine l’interpelle :
— Viens à table, Sophie, ton assiette va refroidir!
La fille prend place sur sa chaise, saisit sa serviette de table puis fait une pause, plongeant ainsi ses parents dans une inconfortable attente. Elle laisse finalement tomber sa bombe :
— J’entre en religion.
Le pâté chinois devient soudain sec en bouche. Père et mère peinent à avaler chacun sa bouchée.
Jasmine et son mari Jérôme se regardent, mi-figue mi-raisin. C’est la mère qui reprend la parole :
— Tu es certaine, ma puce? T’as bien réfléchi?— Je ne suis pas faite pour le mariage. J’en suis de plus en plus convaincue. Et mes fréquentations avec les garçons m’ont amèrement déçue.
Sophie fait une pause, soupirant de dépit.
— Les garçons, poursuit-elle, ils sont tous grossiers et impolis, rien que des rustres! Ils ont toujours un comportement déplacé en ma compagnie. Le dernier que j’ai connu, il a voulu m’embrasser dès le premier soir! Ils ne pensent tous qu’à une chose : se retrouver avec moi au lit afin de… enfin vous savez quoi.— Les hommes ne sont pas tous ainsi, désire argumenter la mère. Je me souviens qu’une fois ton père que je fréquentais à l’époque avait voulu me faire des attouchements… dans le très bas du dos. Je l’ai aussitôt arrêté en l’avertissant que s’il désirait me garder pour lui, il avait intérêt à se montrer plus respectueux. Et par la suite nos rapports ont toujours été corrects.— Vous et Papa, c’est pas pareil. On sent qu’entre vous deux il y a toujours eu de l’amour. Ce qui semblait intéresser mes chums, par contre, c’était seulement mes nichons et mon cul!— Sophie, s’indigne Jasmine, je t’interdis de dire de tels mots!— Les garçons ne sont jamais sérieux. Ce ne sont que des… que des… cochons! lâche finalement Sophie avant d’éclater en sanglots.— Allons, ma puce! fait alors la mère en allant enlacer sa fille.
Jérôme ne parle pas mais demeure néanmoins attentif à la conversation. Il ressent de la compassion pour sa fille bien-aimée. Comprenant sa peine, il sait toutefois que son entrée en religion aura toutes les chances de la consoler. Fervent catholique et marguillier de surcroît pour sa paroisse, il ne peut réprimer en lui une certaine fierté de voir Sophie quitter ses parents pour joindre une congrégation religieuse.
— J’ai été en prière tout l’après-midi, complète Sophie en terminant son annonce. Et j’ai ressenti un appel divin. Mon rêve a toujours été de devenir enseignante. Chez les sœurs je deviendrai donc maîtresse d’école et j’apprendrai aux enfants le français, le catéchisme, l’arithmétique, l’histoire et la géographie.
***

Ce n’est pas plus tard que le lendemain, en début d’après-midi, que la jeune adulte, bien décidée à franchir le pas, se présente à l’entrée du noviciat de la Congrégation Notre-Dame du Mont-Caramel, ‘où la grâce de la dévotion est aussi douce pour la langue que pour l’esprit’, rue Saint-Pierre Ouest à Saint-Hyacinthe. Coiffée d’un léger chapeau à rebord et portant une petite valise renfermant un minimum d’effets personnels, elle traverse le vaste jardin menant au bâtiment centenaire.
L’immense bâtisse faite de pierres se dresse sur un domaine d’environ deux hectares longeant la rivière Yamaska. Une longue allée graveleuse y conduit depuis le chemin public. Sur son passage la jeune rouquine fait la rencontre de quelques religieuses qui, portant au bras un panier de fleurs coupées, s’affairent à des activités de jardinage. Certaines d’entre elles, relevant la tête, saluent silencieusement la jeune femme d’un sourire discret. Plus loin se trouvent des dépendances, un vieux garage entre autres dont la porte entièrement coulissée révèle la présence d’un ancien tracteur, sans doute un legs provenant d’un fermier de la région. Un immense potager se dresse un peu plus loin sur le côté, lui aussi l’objet des soins attentifs prodigués par les nonnes.
Lentement, Sophie gravit les quinze marches l’élevant jusqu’à l’entrée principale dont les lourdes portes sont sculptées dans le chêne massif. On y trouve sur le perron une statue grandeur nature de mère Cadbury, fondatrice de l’Ordre. La future novice fait une pause et soupire. Déterminée par l’amère déception de ses histoires d’amourette, elle se sent convaincue de trouver ici son nouveau chez-soi et de pouvoir aspirer au bonheur que la vie civile semble lui avoir refusé.
Une jeune religieuse l’accueille à l’intérieur :
— Bonjour Madame, je suis sœur Anna. Vous avez rendez-vous?
Sophie ne répond pas. Elle lève les yeux en direction de la voûte en forme d’arche, subjuguée par la majesté et la révérence des lieux. De riches boiseries constituant cimaises et caissons ornent le long couloir se dressant devant elle, témoignant de l’opulence régnant au sein de l’ordre ecclésiastique. Les parquets cirés sont impeccablement propres, reflétant tels des miroirs tout ce qui y repose.
— Madame? reprend la jeune nonne.— Euh oui, répond enfin la visiteuse. C’est pour sœur Clothilde. Je crois qu’elle m’attend.
Accompagnée de sœur Anna, Sophie s’engage dans un long couloir où se dressent ici et là des statues représentant des saints, dont la Vierge du Caramel épanchant ses douces et célèbres larmes sucrées. Seul l’écho de leurs pas claquant sur le terrazzo résonne à ses oreilles. Le calme ambiant lui semble presque déconcertant, comme si les lieux étaient inhabités.
Sœur Clothilde la reçoit à son bureau. Le mobilier transpire à son tour la richesse du bois. L’austérité des lieux cherche toutefois sa compensation dans le sourire affable de celle qui accueille la visiteuse.
— Vous avez renoncé à la vie civile en franchissant cette porte, lui déclare d’une voix douce mais ferme la religieuse. Vous êtes majeure, cependant vos parents sont-ils consentants concernant votre démarche?— Oui, répond sans hésiter Sophie.— Sachez toutefois qu’ici est un endroit spécial où vous devrez accepter et vous soumettre à toutes les règles. Ici on bénit nos filles quand elles agissent correctement et on les châtie lorsqu’elles sont fautives, le tout dans l’amour fraternel et le respect de la foi chrétienne.
C’est en hochant la tête que l’autre signifie son accord.
— Mère Ève, qui dirige ce couvent, sera heureuse de faire votre connaissance. Nous vous acceptons donc pour une période d’essai de deux mois. En attendant, avez-vous réfléchi aux premiers vœux que vous serez appelée à prononcer?— Euh, pas vraiment.— Je vous suggère d’abord l’humilité et l’obéissance, toutes ici en prennent l’engagement dès leur arrivée. Pour finir, sachez que notre communauté est semi-cloîtrée, donc vous pourrez recevoir la visite de proches de temps à autre.
Après avoir été invitée à se mettre à l’écart pour une courte période de recueillement, on procède à la lecture et à la signature de documents. S’ensuit une brève inspection des effets contenus dans la valise que porte avec elle l’arrivante.
— Vous serez jumelée à sœur Alicia. Il s’agit d’une novice avec une certaine ancienneté. Elle est parmi nous depuis maintenant six mois et est en préparation en vue de prononcer ses derniers vœux.
Elle ajoute tout bas, comme pour elle-même :
— Si un jour elle aboutit…
Sœur Clothilde saisit doucement la main de Sophie. Pour une raison qu’elle ne peut expliquer, ce simple geste provoque chez cette dernière un agréable frisson.
— Sœur Alicia est très gentille, vous verrez. Vous aurez chacune votre lit dans sa chambre. Comme elle est présentement en période de recueillement spirituel, elle occupe temporairement une pièce fermée où elle peut bénéficier d’un peu plus d’intimité avec le Seigneur. Vous serez donc dispensée du dortoir pour le moment. Malgré son léger manque de maturité spirituelle, je désire toutefois vous confier à cette sœur. Elle vous aidera donc à bien vous intégrer dans votre nouvelle vie.
***

— Oui, entrez.
Alicia se trouve assise sur sa couchette lorsque sœur Clothilde ouvre la porte de sa chambre, accompagnée de Sophie.
— Sœur Alicia, je vous présente Sophie Durocher, une nouvelle parmi nous. Nous allons vous la confier pour quelque temps.
L’ancienne dépose son livre de prières sur le lit. Portant l’uniforme en vigueur, elle est vêtue de son chemisier blanc et de sa jupe grise, le port du voile demeurant facultatif en dehors des offices religieux. Dès le moment où la femme de vingt-trois ans a tourné la tête en direction de celle qui se tient encore timidement à la porte, les deux jeunes novices voient leurs regards se souder l’un à l’autre. Aucune des deux ne peut décrire ce qu’elles ressentent au même instant, mais elles savent par contre qu’elles n’en éprouvent rien de désagréable, bien au contraire. Un doux mélange de paix, de joie… et de je-ne-sais-quoi qui semble vouloir les pousser l’une vers l’autre.
Fidèle cependant à sa réputation de spontanéité, la grande aux cheveux noir de jais ne peut réprimer sa question :
— Pourquoi avec moi? Je dois me consacrer à la prière et à la méditation, vous le savez!— J’attendais votre réaction, chère enfant, répond avec un sourire narquois la sœur responsable de l’accueil des nouvelles vocations. Cela vous fera du bien d’oublier un peu votre petite personne et de vous occuper de quelqu’un d’autre. Ça vous aidera à mourir davantage à vous-même.
Elle se tourne vers la rouquine :
— Et je suis persuadée que notre nouvelle sœur ne vous causera pas d’ennuis, complète la supérieure avant de laisser seules les deux futures religieuses.
Sophie et Alicia sont désormais laissées à elles-mêmes dans la chambrette de cette dernière. La pièce est plutôt exiguë : à peine de l’espace pour deux étroites couchettes disposées en chicane sur des murs opposés, celle de la plus vieille jouxtant la fenêtre qui donne sur la rivière. Entre les deux, un petit pupitre dédié aux périodes de lecture et d’étude. Au fond, une commode composée de deux tiroirs. Un crucifix trône bien en évidence entre les lits sur le mur central, observé de proche par une mini-statue de la Madone du Caramel siégeant sur un piédestal. Les murs sont d’un blanc terne, accentuant pour leur part l’austérité et la monotonie des lieux.
Nappé d’un lourd et inconfortable silence, un malaise s’est installé entre les deux couventines, la petite nouvelle se sentant maintenant de trop, persuadée qu’elle envahit malgré elle l’univers de sa future sœur en religion.
— Tu sais, se risque-t-elle pour se justifier, je n’ai pas demandé à être ‘accompagnée’ pour amorcer mon noviciat. Je te promets que je me ferai la plus discrète possible.
Alicia observe la nouvelle arrivée qui bredouille ses arguments. Elle attarde son regard sur les traits délicats de son visage. Sur ces grands yeux marron qui expriment spontanément de la tristesse lorsqu’elle ne sourit pas. Sur ce petit nez retroussé lui proférant son air ingénu. Et cette bouche vermeille par laquelle la jeune exprime d’un ton si suave ses propos. Cette chevelure de feu qui ondule au gré des hochements de tête. Tout son être intérieur s’en trouve secoué.
Alicia sait qu’elle n’est pas insensible aux charmes féminins. Normal, donc, qu’elle trouve la fille attirante. Saura-t-elle la séduire? Mais quelles sont donc ces pensées sordides? Pas question pour l’ancienne d’effaroucher cet être qui respire tout plein l’innocence. Et puis n’est-ce pas la raison de son entrée dans les ordres, s’éloigner du péché et des tentations? Renoncer définitivement à la luxure et la perversion que condamne ce monde?
— Ça ira, la rassure Alicia. C’est mon petit côté soupe au lait et égocentrique qui s’exprimait. J’ai juste été… surprise que ça se passe comme ça, sans avertissement.— Tu es sûre?— Approche. Viens t’asseoir près de moi et parle-moi un peu de toi. Je suis curieuse de savoir comment tu as reçu ton appel céleste.
Le ton qu’emprunte l’ancienne semble rassurant pour la jeune rouquine. Celle-ci voit dans cette douce et aimable invitation une occasion d’exprimer de nouveau ses états d’âme, de peut-être recevoir un signe confirmant que son cheminement est juste, qu’elle ne s’est pas trompée en s’engageant dans sa démarche. C’est donc devant une oreille attentive et intéressée qu’elle soulève le voile sur un pan majeur de sa vie.
— Ah, les garçons, souvent de la racaille! approuve finalement l’autre au terme du récit.— Et toi, Alicia, demande Sophie en concluant, c’est quoi ton histoire?
C’est sur un ton posé que la grande aux cheveux d’ébène partage à son tour son témoignage personnel, celui-ci beaucoup plus axé sur la logique que sur les sentiments :
— À vingt-trois ans, je flânais chez mes parents. Plutôt que chercher un travail dans une manufacture, j’ai préféré entrer chez les nonnes dans le but de devenir infirmière.
Faisant une pause, elle tourne vers Sophie un regard faussement sincère et complète :
— Les garçons ne m’intéressent pas pour le moment.— Tu n’as pas été en prière plus que ça?— J’ai prié. Mais surtout procédé à une profonde introspection, dressé le bilan de ma vie, quoi.
Ce que Sophie ignore, c’est qu’Alicia a préféré lui cacher une importante partie de la vérité. De fait, celle-ci a omis volontairement de lui mentionner que, depuis sa période d’adolescence, son esprit est aux prises avec d’effroyables combats internes concernant sa sexualité.
La jeune femme aux yeux gris-pers ne peut en effet nier en elle-même qu’elle a toujours préféré la compagnie des filles à celle des garçons. Mais en 1960, l’homosexualité est non seulement encore taboue et rejetée socialement mais également condamnée par le Code pénal canadien. En effet ce n’est pas avant 1967 que sera présenté par le futur ministre de la Justice Pierre Elliott Trudeau le fameux bill Omnibus destiné entre autres à décriminaliser les pratiques homosexuelles entre adultes consentants. La jeune adulte aura donc pris la décision de se tourner vers la religion afin de ne pas tomber dans la luxure et la perversion sexuelle qui l’auraient assurément conduite vers les flammes de l’enfer, évitant du même coup l’opprobre public relié à sa déviance.
Attentivement, pour ne pas dire religieusement, Sophie a tout écouté. Au terme de cet intime entretien, elle se sent soudain moins seule. Tout compte fait, et ce en dépit de son caractère un peu bourru, sœur Alicia sera sans doute d’une agréable compagnie durant son séjour.
***

C’est à dix-sept heures pile que le souper se prend au réfectoire. Prenant la parole devant la communauté rassemblée, sœur Clothilde saisit alors l’occasion et présente à toutes la nouvelle arrivée :
— Sœur Sophie vient tout juste de se joindre à nous. N’oubliez pas de la saluer et de lui donner le baiser d’amour fraternel!
Tour à tour, les membres de l’assemblée enlacent la novice, lui apposant pour la plupart un affectueux baiser sur la joue mais aussi directement sur la bouche pour les plus jeunes, ce qui ne manque pas de faire rougir la rouquine autant de malaise que de surprise.
— Ne sois pas trop étonnée, fait Alicia qui devine la réaction de sa cochambreuse. Certaines d’entre nous sont plus... ouvertes à la modernité.
C’est vers vingt heures, après la période consacrée aux vêpres, que toutes sont de retour aux dortoirs et aux chambres privées, Alicia et Sophie se retrouvant ainsi de nouveau seules dans leur pièce exiguë. Sans se déshabiller, Alicia s’étend de tout son long sur son lit. Épuisée de sa première journée au couvent, Sophie se prépare sans tarder pour la nuit.
— Tourne-toi s’il te plaît, demande-t-elle à celle qui se détend sur sa couchette. J’ai à vérifier quelque chose dans mon sous-vêtement.
La rouquine relève très haut sa chemise de nuit puis, ayant abaissé sa culotte à longs manches, ajuste sa ceinture de même que sa serviette sanitaire dont la propreté témoigne de la fin de sa période. Elle la conservera pour la nuit, juste en cas. Le caleçon remonté, elle laisse retomber son long vêtement jusqu’aux pieds.
Dans la pénombre de la pièce, Alicia n’a pu résister à la tentation de tourner la tête et jeter discrètement un œil sur la scène. Bien malgré elle, son regard s’est attardé sur les mignonnes petites fesses qui s’offraient ainsi impunément à sa vue. Deux envoûtants globes de chair rosés et d’aspect juvénile qui se trémoussaient comme la jeune s’inclinait vers l’avant afin de terminer son geste. Encore une fois, l’ancienne éprouve dans son corps cette sensation à la fois douce et coupable qui la surprend lorsqu’elle tente d’imaginer une fille nue à ses côtés.
Sophie s’est mise au lit au terme d’une courte période de prière au cours de laquelle elle a de nouveau confié son âme à Dieu. Alicia l’imite à son tour et, ayant elle-même revêtu sa tenue de nuit, retrouve son oreiller et sa couverture. Dotée d’un sommeil léger, elle se réveille cependant quelque temps plus tard, alertée par des gémissements diffus provenant du lit voisin. Tendant l’oreille, elle entend Sophie pleurnicher tout bas dans son oreiller.
— Ça va, ma belle, t’as des soucis? s’enquiert-elle en s’approchant de sa compagne en pleurs.— Je me sens soudain prise d’un doute affreux, déplore la jeune d’une voix chevrotante. Je ne suis plus sûre de ma décision. C’est peut-être une erreur de ma part.
Dans le silence entrecoupé de sanglots de la pièce, une main douce et aimante se met à caresser une joue mouillée de larmes. En dépit des reproches que lui adressera sans doute sa conscience, Alicia ne peut résister à l’appel que son cœur, remué par la scène, lui signifie.
— Allons viens, murmure-t-elle en se glissant dans le lit qu’occupe sa compagne. Tout ira bien demain. Je suis là.
Alicia prend place derrière Sophie qui spontanément se blottit contre elle. Les voilà collées l’une sur l’autre en position de cuillère. Sophie éprouve des sensations nouvelles accompagnées d’un timide sentiment de bonheur. Les yeux toujours clos, elle reçoit avec soulagement les mots de consolation de sa nouvelle sœur en religion.
Les deux femmes toujours lovées dans le lit étroit, Alicia saisit la main de Sophie et la pose sur sa chemise de nuit, à la hauteur de la hanche.
— Tiens, regarde!— Mais… tu ne portes rien sous ta jaquette? s’étonne celle qui ne sent à travers le coton que la douceur soyeuse d’un épiderme féminin.— C’est la liberté, ça, ma chère! La libération du corps. Rien pour entraver les mouvements ni la respiration de ta peau!— T’es drôle, toi! T’es vraiment spéciale, mais j’aime ça. Et puis je te trouve de plus en plus amusante!— Alors, qu’en dis-tu?
Sophie se mord la lèvre puis sourit sournoisement.
— Dès demain je veux essayer ça moi aussi!
Ainsi se passera leur première nuit ensemble, les sanglots devenus ricanements, la solitude devenue complicité, la douceur et la flamme des désirs cachés bientôt révélées.
[À venir : Accompagnée sur le chemin de Gomorrhe]
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