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Sexe, scandale et soumission

Chapitre 2

Seule contre tous

Trash
En arrivant sur son lieu de travail le matin suivant, Djamila ne put rêver pire accueil. Des regards féminins et dédaigneux se posaient sur elle et les hommes la regardaient avec concupiscence. Succédant aux regards, des injures sortirent de la bouche des dames tandis que les messieurs lui adressaient des allusions grivoises. 
Choquée par ces comportements, Djamila voulut en connaître la cause. Elle n’eut pas à chercher longtemps pour trouver un indice. En effet, la jeune femme remarqua que toutes les personnes présentes dans le hall tenaient un journal de l’Université à la main, ce qui n’était encore jamais arrivé depuis son arrivée sur le campus. 
Faisant le rapprochement entre ces deux anomalies, Djamila s’empressa de prendre un exemplaire du quotidien. Il lui suffit de voir la une pour comprendre ce qu’il se passait. Sur la première page, une photo d’elle entièrement nue en train de masturber les trois étudiants qu’elle avait côtoyés la veille. En plus de ne pas avoir été floué au niveau de ses parties génitales et de son visage, le cliché avait été cadré de manière à ce que le lecteur ne pût voir de ses trois partenaires que leurs verges et le bas de leur anatomie, les rendant ainsi anonymes à ses yeux. 
Comprenant que l’image qui illustrait l’article avait été tirée de la vidéo réalisée par Paul et ses amis, la jeune femme se sentit à la fois furieuse et stupide d’avoir été abusée de la sorte. Sa première envie fut de les retenir après son cours pour qu’ils s’expliquent sur leurs actes mais elle comprit également que l’article qui avait été rédigé comptait tout autant que la photo dans sa situation. Elle se décida donc à le lire. 
« Fraîchement arrivée au sein de notre établissement, la Professeure docteur Djamila El Mayek n’aura pas mis longtemps à faire parler d’elle. En effet, lors de son dernier cours, hier, elle aurait obtenu de trois étudiants qu’ils l’invitent à leur soirée d’anniversaire. Nonobstant cette inconvenance, elle les aurait également aguichés en adoptant une tenue vestimentaire plus que provocante, voire même indécente. Affichant clairement ses intentions, Djamila El Mayek aurait également fait des avances à ses étudiants jusqu’à ce que ceux-ci, désemparés, ne cèdent en espérant qu’elle les laisserait tranquilles ensuite. Voilà comment une soirée banale entre amis a été gâchée par une femme qui aurait plus sa place dans le cinéma porno que dans un établissement universitaire. »
En arrivant au bout de la missive, Djamila voulut crier à la calomnie mais y renonça en constatant que nul n’aurait cru à sa version des faits, aussi véridique fût-elle. La jeune femme eut cependant le réflexe de regarder le nom du rédacteur de l’article. Elle s’aperçut alors qu’il s’agissait d’une rédactrice nommée Elisa Loni, une étudiante avec laquelle elle avait échangé quelques mots au sujet du journal. 
Ebranlée par la situation, Djamila décida de gagner son bureau afin de réfléchir à la stratégie à appliquer pour se sortir de ce pétrin. Après avoir allumé son ordinateur, elle ouvrit sa boîte mail. En voyant tout en haut de la liste des messages reçus un courriel du recteur de l’Université la conviant dans son bureau dès sa prise de connaissance, elle conclut que la situation était plus que préoccupante pour elle. Djamila lut en diagonale les autres mails qu’elle avait reçus. Dans chacun d’eux se trouvaient insultes ou allusions grivoises. Dégoûtée, la jeune femme éteignit son ordinateur et prit la direction du bureau du recteur. 
Lorsqu’elle frappa à la porte, une voix grave lui répondit calmement d’entrer. Djamila entra dans la pièce et prit place sur une chaise en face du bureau sur invitation du recteur. À cinquante-cinq ans, Hubert Thierry était un homme énergique et solide. Seuls quelques cheveux blancs parmi sa chevelure châtain trahissaient son âge. Il proposa un café à la jeune femme que celle-ci refusa poliment. Le recteur s’en fit une tasse et s’assit en face de Djamila. 
— Bon, entrons dans le vif du sujet. J’imagine que vous savez pour quelle raison je vous ai conviée dans mon bureau. — J’en ai bien peur, Monsieur le Recteur. — Je tiens à ce que vous sachiez que j’ai envoyé un décret à toutes les personnes faisant partie de cette Université, étudiants comme membres du personnel, interdisant d’ébruiter l’affaire en dehors de ces murs. Je ne tiens pas à faire de la mauvaise publicité à cet établissement. — Moi non plus, Monsieur le Recteur. — Je n’en doute pas, Professeur El Mayek. C’est pourquoi je vous ai invitée à venir dans mon bureau afin d’avoir votre version des faits sur l’histoire qui circule actuellement dans le campus. — Je tiens tout d’abord à vous dire que j’ai lu l’article du journal ce matin. Il n’est que calomnie. Premièrement, ce sont ces trois étudiants qui m’ont proposé d’eux-mêmes de fêter l’anniversaire de l’un d’eux en leur compagnie. Je n’ai rien eu à dire ou faire pour que ça arrive. J’ai été un peu réticente au début et j’ai essayé de comprendre pourquoi ils n’invitaient pas une jeune fille de leur âge. Ils m’ont dit que s’ils le faisaient, cela déraperait. Comme ils insistaient, j’ai fini par céder et accepter leur invitation. Nous sommes allés boire un verre au Cycle et nous sommes ensuite allés dans leur appartement pour dîner. Ils m’ont ensuite proposé de regarder un film avec eux en me précisant qu’ils ne disposaient que de réalisations pornographiques. Malgré la situation, j’ai accepté de voir ce film puis ça a fini par dégénérer. Nous nous sommes tous les quatre laissés submerger par nos envies. Ils ont filmé la scène en m’assurant qu’ils garderaient la vidéo pour eux. Je tiens donc à vous dire que je me considère plus comme une victime que comme la prédatrice dépeinte dans cet article malgré ma part de torts que je veux bien reconnaître. 
Hubert Thierry finit de prendre ses notes puis demeura un moment silencieux, comme pour chercher ses mots. Après un long soupir, il finit par reprendre le dialogue. 
— Bon, maintenant que j’ai eu votre version des faits, je vais mener l’enquête afin de lever le voile sur les circonstances de cette affaire. En attendant, même si votre version me paraît plus que plausible, je me vois contraint de vous suspendre temporairement dans vos fonctions d’enseignante et de vous cantonner à vos travaux de recherche. Vos cours seront dispensés par l’un de vos collègues du département d’histoire contemporaine jusqu’à la fin de l’enquête au minimum. — Je comprends tout à fait votre décision, Monsieur le Recteur. Cependant, j’aimerais également mener ma propre enquête si vous n’y voyez pas d’inconvénient. — Aucun problème, Professeur. Tâchez seulement d’être discrète dans vos investigations. D’ailleurs, à ce propos, j’ai également rencontré la rédactrice de l’article que vous avez lu ce matin dans le journal. Elle souhaite vous rencontrer chez elle cet après-midi. 
Hubert Thierry tendit à Djamila un papier sur lequel était inscrits le nom d’Elisa Loni et son adresse. La jeune femme le remercia en lui promettant de mener son enquête avec la plus grande discrétion possible et prit poliment congé de lui. 
En regagnant son bureau, Djamila ne se sentit pas la force de travailler. Elle réfléchissait aux raisons pour lesquelles Elisa Loni l’avait invitée chez elle et à ce qu’elles se diraient. Ne sachant trop que penser de cette affaire, la jeune femme prit le parti de quitter discrètement le campus et de rentrer chez elle avant de se rendre à son rendez-vous. 
En arrivant à son domicile, Djamila se prépara une tasse de café et regarda une émission à la télé en attendant de pouvoir aller rendre visite à Elisa Loni. Vers quatorze heures, la jeune femme se prépara un sandwich et le mangea avant de prendre la direction de la résidence de l’étudiante. 
Elle arriva vers quinze heures devant un immeuble récemment rénové et sonna à l’interphone. Une voix féminine se fit entendre dans le haut-parleur. 
— Oui ?— Bonjour, Elisa. C’est la Professeur El Mayek. 
Un grésillement retentit et Djamila poussa la porte de l’habitation. Elle gravit les escaliers jusqu’au deuxième étage. Sur le pas de la porte l’attendait Elisa Loni. Fine et élancée, elle avait une longue chevelure brune et un teint mat qui révélait ses origines méditérannéennes. L’étudiante pria Djamila d’entrer et lui offrit une tasse de thé que l’enseignante accepta. Les deux femmes prirent place sur un canapé du salon, leurs tasses de thé à la main. 
— J’imagine que vous avez été secouée par l’article que j’ai écrit, je m’en excuse. — Secouée ? C’est le moins que je puisse dire. Mais pourquoi avoir rédigé cet article alors que vous savez pertinemment qu’il est mensonger ? Je pourrais porter plainte contre vous pour calomnie. — J’en ai conscience. C’est pourquoi je vous ai invitée. Avant que vous ne fassiez quoi que ce soit, je tiens à vous dire que je n’ai pas écrit cet article de mon propre chef. — Comment ça ?   — J’y ai été forcée. 
Elisa ouvrit sa boîte mail et montra à Djamila un message qu’elle avait reçu d’un certain Rookie X. En pièces jointes du courriel figuraient deux photos et un document Word. L’étudiante ouvrit la première photo et Djamila fut surprise de voir qu’il s’agissait d’un cliché d’Elisa en petite tenue.
— Comme vous le voyez dans le message, on m’a menacée de transmettre cette photo à toute l’Université si je ne publiais pas l’article que vous avez lu ce matin. — Je comprends mieux vos agissements, maintenant. Je suppose que la seconde photo et le document Word que vous avez reçus sont ce que tout le campus a pu voir dans le journal ce matin. — Oui, c’est exact. 
Djamila demeura un instant songeuse. Elle savait désormais qu’Elisa Loni n’avait pas publié cet article dans l’intention de lui nuire mais sous la pression d’une tierce personne. Afin de se faire une idée de qui il pouvait s’agir, elle jugea bon d’interroger l’étudiante sur cette photo d’elle en sous-vêtements. 
— Pour en revenir à votre photo, pourrais-je savoir dans quelles circonstances vous vous êtes vêtue ainsi ?— C’était pendant une soirée étudiante. Nous avions joué à un jeu auquel j’ai perdu et j’ai eu comme gage de me mettre en sous-vêtements. — Et quelqu’un vous a prise en photo. — Même plusieurs personnes. — Cela nous fait donc plusieurs suspects. Personnellement, j’en vois trois : les trois jeunes avec qui j’étais hier soir. Ils devraient logiquement être les seuls à posséder cette photo de moi nue et votre photo.— Je vous arrête : à ma soirée, nous n’étions que des filles. — Dans ce cas, mes suspects tombent à l’eau. À moins qu’ils n’aient eux-mêmes reçu des menaces de la part de ce fameux Rookie X, ce qui pourrait expliquer leur conduite. — Leur conduite ?— Oui, hier soir, nous nous sommes laissés guider par nos envies et ces trois jeunes ont filmé nos ébats en me promettant de conserver la vidéo pour eux. S’ils ont reçu des messages de Rookie X, il se peut qu’il y ait une explication à ce qu’il s’est passé hier soir. — C’est possible. Cependant, j’aimerais sincèrement vous aider à vous sortir de ce mauvais pas. Dites-moi ce que je peux faire pour vous. 
Djamila réfléchit quelques instants. En tant que rédactrice du journal, Elisa Loni pouvait lui être utile pour atténuer sa situation auprès de ses collègues et des étudiants du campus. 
— Je pense en effet que vous pourriez m’être utile. Je vous demande donc trois choses : la première est de rédiger un article disant qu’une enquête est en cours et que j’ai été entendue par le Recteur pour lui donner ma version des faits. Je vous noterai ce que vous devrez écrire avant de partir. La deuxième chose est d’interroger ces trois garçons qui étaient avec moi hier soir afin de savoir s’ils ont reçu des messages de Rookie X et si oui, quand et pourquoi. La troisième est de me tenir au courant des réponses que vous aurez pu trouver. — Comptez sur moi, Professeur. 
Djamila la remercia par un sourire et nota sur une feuille de papier ce qu’elle avait dit à Hubert Thierry quelques heures auparavant. La jeune femme donna également à l’étudiante une description précise de ses partenaires de la veille en lui expliquant où et quand les trouver.  
Après avoir convenu du lieu et de l’heure auxquels Elisa devait faire son rapport à Djamila, les deux femmes prirent une tasse de café et l’enseignante rentra chez elle en attendant avec impatience de pouvoir avancer dans son enquête. 
[ à suivre ] 
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