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Soir d'orage

Chapitre 3

Jouissance misérable

Erotique
Tout au long de la semaine qui suit, je repasse le film des évènements qui viennent de se produire dans ma vie. Alicia, volubile et inconséquente me parle de son « Henry », alors que je n’ai en tête que le mien et son ami. Je n’arrive pas à croire que j’ai laissé deux hommes me faire l’amour. De plus ensemble et c’est bien là que le bât blesse. Comment puis-je être descendue si bas aussi rapidement ? Entre ce que je ressens et ce que me dicte mon corps, il me semble qu’un incroyable décalage se creuse. J’en oublie les propos de ma collègue et amie. Elle me trouve dubitative et absente, mais si elle savait… me jugerait-elle ?
Je joue le jeu et pose quelques questions au hasard, avec le sentiment que je m’en fiche comme de ma première chemise, de son histoire de cul pépère. Mais je dois rester, comment dire, civilisée ! Me montrer enthousiaste.
— Bon, puisque tu as envie d’en parler, vas-y, raconte-moi !— … Te raconter ? Mais je n’ai pas de mot pour décrire ce que j’ai ressenti et surtout ce que je vis encore là !— Pourtant, toi qui jacasse à longueur de temps, tu ne vas pas me dire que tu ne peux pas me raconter… Vous avez bien fait l’amour ? Il t’a fait des trucs inconnus ? Que sais-je moi ? Pour que tu sois aussi… amoureuse, vous n’avez pas seulement joué au scrabble, je suppose.— Oh ! Henry est doux, attentionné, courtois. Il est charmant, un homme tendre qui prend son temps.— Un emmerdeur quoi ! Parce que c’est toujours comme ça avec les hommes dans les débuts, non ?— Mais… comment peux-tu penser ça ?— Ben… tu t’enflammes toujours pour les premières fois et puis… le soufflé retombe. J’ai peur pour toi que tu ne sois une fois de plus, déçue. Combien as-tu eu d’amants depuis que nous bossons ensemble ? — Je sais bien que tu as raison. Mais je veux vivre une vraie passion, un grand amour, une fois dans mon existence, tu saisis ?— Évidemment. Est-ce pour autant que tu doives te précipiter à chaque fois dans une nouvelle galère ? Je crois que nous sommes faites pour vivre seules. — Mais toi… tu parles, tu dénigres presque. À quand remonte ta dernière fois ? Qu’as-tu fait de si exceptionnel qui te permette de me juger. — Ne te fâche pas Alicia… après tout, c’est surement toi qui es dans le vrai. Il faut saisir toutes les opportunités qui s’offrent à nous, avant que nous ne soyons trop vieilles pour être draguées. Par contre, j’ai si souvent eu l’occasion de te voir avec des larmes… que je suis inquiète pour toi. Je suis vraiment et sincèrement contente que tu trouves enfin un homme qui te convienne. Je ne fais que tirer la sonnette d’alarme. Vis ce que tu aimes, sans faire de grands projets. Au moins souffriras-tu moins si… tu venais à découvrir que ce type ne voulait que… du cul. Tu vois ?— Oui… Je dois reconnaitre que tu es sage. Je vais rester méfiante. C’était quand même sublime…
Il y a dans ses prunelles une sorte de reflet inconnu. Elle doit revivre également, ces moments rares où l’extase l’emporte sur tout le reste. Et j’en conclus qu’elle est heureuse. Alors je ne vais pas lui casser son rêve en faisant ma rabat-joie. Nous sommes si différentes et si proches finalement. Elle aime ces histoires qui la déchirent. Je préfère me retrancher derrière cette maladive confusion et au bout du chemin, c’est bien toutes les deux que nous nous retrouvons avec des problèmes de cœur identiques. Cœur ou cul, je ne saurais pas vraiment faire le bon choix pour en parler. Alicia n’a pas seulement percuté lorsque j’ai sursauté à son unique questionnement.
« À quand remonte ta dernière fois ? Qu’as-tu fait de si exceptionnel qui te permette de me juger. »
Moi non plus je n’ai pas de vocable pour décrire ou narrer ce qui s’est passé. Et puis, comment prendrait-elle les choses si je lui jetais à la figure mon plan cul avec mon Henry ? Puis celui plus improbable avec son pote et lui ? La meilleure chose à faire ? La boucler bien entendu. La bouche hermétiquement close revient à me préserver de tous commentaires désobligeants. Et c’est ce que je sais faire de mieux, me taire. Ma collègue brule cependant de me raconter une nuit de sexe sans doute bien fadasse au regard de ce que j’ai vécu. Il me faut donc lâcher du lest. Elle doit se sentir écoutée et ici, les seules oreilles disponibles sont les miennes… alors…
— Je te propose d’aller manger un morceau toutes les deux après le taf. Nous aurons un peu plus de temps pour refaire le monde. Qu’en dis-tu ? À moins que tu aies un autre rencard.— Non ! Pas ce soir ! Je ne veux pas lui donner l’impression que je suis folle de lui. Je suis partante pour une dinette toutes les deux.
— Au chinois ? Je peux réserver une table si… tu es d’accord.— Bonne pioche ! Ça fait un bail que je n’y suis plus allée… J’aime encore bien de temps en temps… les nems et les rouleaux de printemps. — Puis celui de la place de la gare propose des cuisses de grenouilles… fabuleuses. Tu y es déjà allée ?— Je ne me souviens pas… mais j’en salive déjà. Fais comme tu le sens… après tout, oui, appelle-les.
Je téléphone et nous replongeons dans notre paperasserie. Seuls les bruits des touches frappées par nos doigts crèvent le calme de nos bureaux. Je ne lève plus les quinquets de mon écran. Pas envie de faire une boulette dans un contrat. Et chaque pause que je me réserve dans cet après-midi de travail me ramène à ces moments torrides que j’ai vécu avec mes amants. Je me sens aussi quelque peu inquiète, sans trop savoir pourquoi. Et c’est en écrivant le mot « enceinte » dans un acte que je prépare que je me traite d’idiote. Les deux gaillards qui m’ont si bien faire reluire, n’ont jamais mis une capote.
Et si… merde ! Je transpire d’un coup. Comment ai-je pu être aussi conne ? Pourvu que je ne tombe pas en cloque. Je ne saurais même pas duquel des deux, parce qu’à mon humble avis, ni Henry ni son acolyte ne se sont privés de cracher leur semence en moi. Du coup, ça en devient une obsession. Je me ronge les sangs. Je n’ai plus d’autre choix que d’attendre. Et je recalcule en long, en large et en travers la période qui doit me régler. Dur de songer que je vais devoir patienter dans une inquiétude grandissante jusqu’à ce flux œstral libérateur. Et dans le cas contraire… non, mais quelle crétine !
Alicia débarque dans mon bureau avec un large sourire. Elle me montre son portable ou un message est affiché.
— Il n’a pas arrêté de m’expédier des mots gentils… Il est plus impatient que moi de recommencer. Tu boucles le bureau et nous allons prendre l’apéro avant le repas ? — Oui… une minute, s’il te plait et j’arrive. Je peux te poser une question, indiscrète peut-être ?— … ? Dit toujours ! Tu ne seras idiote que le temps d’avoir une réponse.— Tu t’es protégée au moins ?— Quoi ? Protégée ? Comment ça ?— Ben… tu prends un contraceptif ? — Ah ! Tu veux savoir s’il a mis une capote et si j’ai fait gaffe ?— La moindre des choses… tu ne crois pas ?— Ouais ! Je m’en fiche un peu. Si je tombe enceinte et bien j’aviserai. Pour les maladies… c’est vrai que je n’ai pas vraiment songé à ce genre de détail. Mais c’est encore toi la sagesse incarnée. Mince alors ! Tu viens de me refroidir salement, pour le coup.
Dans ses chailles grandes ouvertes, je sens un voile qui s’entrouvre. Elle est secouée et nous marchons sur le trottoir sans un mot. La station du tram est toute proche et une rame nous transbahute du bureau à la gare ferroviaire. C’est au buffet de celle-ci que notre entrée fait lever bien des caboches. Combien de paires de mirettes se focalisent sur nos silhouettes ? Je me sens déshabillée par tous ces mâles plus ou moins désœuvrés. Ou évidemment en transit, dans l’attente d’une correspondance. Après que nous sommes installées, les consommateurs reprennent le cours de leurs conversations.
Nous ne sommes donc qu’un court passe-temps agréable, un dérivatif à leur lassitude quotidienne. Un éclat de rire dans la morosité ambiante ? Je reste perplexe quant à la marche à suivre avec cette histoire de baise sans précautions. Dire qu’Alicia n’a pas fait mieux… c’est un signe que nous les femmes sommes toujours aussi crédules ? Ça tourne en boucle au fond de mon crâne et c’est si flagrant que ma collègue me trouve « drôle » et m’en fait la remarque.
— Bon, qu’est-ce que j’ai dit ou fait qui te met dans un pareil état ? Ne me dis pas que tu as la trouille que je sois en pelote ! À moins que tu te fasses du mouron pour le cabinet.— Non ! Non !— Si ce n’est que cela, je trouverais un remplaçant pour traiter des questions pénales.— Ça n’a rien à voir avec ce que tu m’as dit…— Alors, raconte-moi ce qui te chagrine !— Ben… je ne sais pas trop. J’ai peut-être aussi fait une erreur.— Dans un dossier ? Toi te planter dans un acte ? Je n’y crois pas du tout. Tu veux noyer le poisson à mon avis. Allez ! Ne sois pas vache, déballe ce que tu as sur le cœur. Après je te poserai une question très personnelle et tu me donneras ton sentiment.— Mais je n’ai rien à confesser. C’est juste un état latent, un je ne sais quoi qui m’indispose sans que je sache bien pourquoi.— Admettons ! Mais je te connais si bien. Et là vois-tu, tu me mens, j’en jurerais.— Arrête avec ça. Tu avais un truc à me demander ?— Ah oui… Henry et moi, ça s’est super bien passé, il est, comment te dire ça, très… amoureux, mais…— Il y a déjà un mais ? Je vois ce que c’est.— Tu n’y es pas du tout. Il aimerait… je ne sais pas par quel bout t’expliquer ça. Il n’y a qu’à toi que je peux en parler.— C’est si grave ? Accouche bon sang !— Ben… il est du genre… libertin.— … ? Libertin ? Tu rigoles là ?— Non ! Vraiment, je t’assure.— Et… ? Parce que je suppose qu’il a des fantasmes à assouvir ? Crache le morceau ma belle. Tu en as trop dit ou pas assez.— Je lui ai parlé de toi. Il t’a trouvé du genre sympa !— De moi ? Attends là, c’est quoi ce plan ? Tu ne t’imagines tout de même pas que ton pote va…— Même pas avec moi ?— Comment ça avec toi ? Ma pauvre, il t’a bouffé le ciboulot ou quoi ton Henry ? N’importe quoi. Avec toi ? Mais je ne suis pas du tout lesbienne pour commencer. Et puis… tu ne vas pas faire les quatre volontés de ce mec que tu connais à peine. Ce n’est pas sérieux ça, Alicia.— Je suis désolée, je n’aurais pas dû t’en toucher deux mots. Je me doutais bien de ta réaction. Mais je lui ai donné ma parole que je te demanderais si…— Tu n’y penses pas, pas même en rêve, moi je te le dis !— Dommage alors ! J’aurais eu bien moins peur si c’était avec toi.— Parce que vraiment, tu as la ferme intention de satisfaire les errances de ton amoureux ?— Je l’ai dans la peau et ne veux pas le perdre… je te jure que j’irais au bout du monde pour lui.— Tu te prépares de beaux jours, ma belle. S’il te demande de te jeter à l’eau, tu vas y aller ? Simplement parce que ça le ferait bander ? Alicia, bon sang, redescends sur notre bonne vieille terre.— Tu… Une seule et unique fois… pour moi, pour me rendre service. S’il te plait Lydia !— Il n’en est pas quest…— Attends !
Elle vient de placer sa paume sur ma bouche pour bloquer le flot de paroles que je commence à débiter. Puis en me regardant, avec des yeux presque noyés de larmes.
— Je te demande seulement d’y réfléchir. Tu n’es pas obligée de me donner une réponse tout de suite. Mais je t’en supplie, ne me laisse pas tomber. Ça fait des années que j’attends la venue de cet homme-là ! Je suis sûre, certaine que c’est celui de toute une vie, de la mienne en tout cas. J’en suis amoureuse et je ne peux rien lui refuser.
De ma bouche, sa patte file vers mes doigts qui agrippent mon verre. Je suis éberluée de la voir dans cet état. Quoi répondre à cela ? Qu’elle me demande un truc pareil me sidère. Mais en y songeant mieux, est-ce pire que de se laisser sauter par deux mâles inconnus ? Elle, je la côtoie chaque jour. En cela réside peut-être une autre difficulté. Celle de se regarder droit dans les yeux, si nous passions à l’acte. Je ne sais pas trop sur quel pied danser et elle est suppliante, larmoyante. Mais merde ! J’ai déjà mes propres problèmes à régler sans encore me coltiner les rêves de son loustic. Elle semble bouleversée.
Lorsqu’elle s’adresse à moi, c’est simplement pour me faire part qu’il est l’heure d’aller diner.
— Bon ! Lydia… maintenant que je t’ai raconté… allons voir si les cuisses de grenouilles sont aussi bonnes que tu le prétends.— D’accord.— Tu… tu me promets de faire le point sur ma requête ? À tête reposée, tu auras une autre vision de la suite à y donner. Je ne pouvais demander cela qu’à ma seule amie…
Elle me prend par les sentiments et j’ai la nette impression que c’est juste dégueulasse. Alicia est rouée, c’est son métier et je m’en aperçois là, un peu à mes dépens. Je n’ai rien à répliquer à cela et nous quittons le troquet, sans plus que cela nous intéresser aux paires d’yeux qui viennent pour la seconde fois de la soirée, caresser nos formes. Grands biens leur fassent ! Et notre tête-à-tête au restaurant est plombé par sa demande si… bizarre. Je ne cherche plus à analyser quoi que ce soit, me contentant d’avaler avec délice ces merveilles servies par des petits bonshommes aux yeux bridés.
— oOo —

Dans les jours qui suivent, j’évite le sujet avec ma collègue. Alicia ne revient pas à la charge et je me prends à imaginer qu’elle a fini par passer à autre chose. Le vendredi soir, nous sortons de nouveau ensemble et là, c’est moi qui l’invite à prendre un apéro. Elle hésite un court instant puis me demande où nous allons.
— Ben… le buffet de la gare, c’est toujours bien, non ?— Oui. J’arrive.
Elle farfouille dans son sac et passe un coup de fil depuis son bureau. Moi, je suis déjà dans la rue et elle me rattrape quelques mètres plus loin. Je repère de suite qu’elle est assez nerveuse.
— Tu as un problème ?— Non ! Non… allons-y.
Pour un même itinéraire, nous renouvelons donc des gestes analogues. Une rame de tram et nous voilà au bistrot. Nous allons finir par devenir des habituées, si on persiste dans cette voie.
— On ne s’attarde pas trop, d’accord Lydia ? C’est moi qui prends la permanence demain.— Tu crois que tu vas avoir du boulot ?— Je n’en sais rien… je veux aussi te dire… il va venir !— Qui ça ? Qui va venir ?— Henry. Il arrive. Il souhaite te saluer.— Quoi ? C’était donc ça ton coup de téléphone depuis le bureau ?— Oui… il serait heureux de faire ta connaissance.— Tu viens de me dire que tu étais pressée de rentrer chez toi ! Je ne sais pas trop, si c’est bien ou mal, si j’ai vraiment envie de connaitre un type qui veut que tu couches… avec moi.— S’il te pose la question, tu lui diras que je t’ai demandé…— Parce qu’en plus, il ne te fait pas confiance ?— Si, si, ce n’est pas ce que je voulais dire… au moins il aura ta version des faits.— Ma pauvre Alicia, tu es bien mal embarquée avec ce zigoto
Je viens de lancer cette phrase à cette femme qui me fait face et je suis dos tourné à la porte d’entrée du troquet. Je n’ai donc pas remarqué l’arrivée derrière moi d’un homme en costume cravate. Et il me fait sursauter en s’adressant directement à moi.
— Eh bien ! Voici la fameuse amie de mon amour ! Bonsoir Lydia. Je vois que vous n’avez pas l’air de me porter dans votre cœur.— Mais… Bonsoir. Je ne vois pas ce que vous voulez dire.— Vous n’êtes pas avocate pour rien, vous non plus. Allons, allons, prise en flagrant délit de médisance à mon sujet… pas très sympa pour moi. Permettez donc au « zigoto » de se présenter. Henry Lambert… commissaire-priseur à la salle des ventes.— Je… je suis désolée. Je n’avais pas l’intention d’être indélicate.— Alors, si c’était sans arrière-pensée ! Enchanté de faire votre connaissance Lydia, bien que je ne sois pas de toute évidence le bienvenu.— Oh… Tu sais chéri, elle n’a pas dit non pour… ce que tu sais !— Par pure politesse ou par amitié pour toi mon ange à n’en pas douter. Ton amie ne me trouve pas à son gout, j’imagine… à moins que ce ne soit la situation particulière qui la dérange.— … ? Je ne vous connais pas. Et puis… ce sont les affaires d’Alicia, et je n’ai pas à m’immiscer dans votre… duo.— C’est juste l’histoire d’un soir, d’une fois, un partage pour émoustiller notre libido. Je vous assure que ce que je vois là ce soir vaut le détour. Mais comme tous les libertins du monde vous le diront, rien n’est obligatoire, tout se partage. Je ne vous forcerai jamais la main, pas plus que je ne fais pression sur toi, ma chérie.
Le gars me fixe sans sourciller, droit dans ses bottes. Le sentiment désagréable d’être une gamine prise les doigts dans le pot de confiture me hérisse les poils. L’embarras occasionné par un échange entre l’amant de ma collègue et ma petite personne, s’il reste courtois, n’en demeure guère moins acerbe. Nous sommes deux coqs prêts à s’affronter sur un terrain miné. Je suis sur mes gardes et il le sait. Il met du cœur dans chacun des regards qu’il me lance. Et quelque part, il a une certaine prestance. Il a donc deviné la réticence que j’ai à son endroit ? Il émane de cet homme un indéfinissable je ne sais quoi qui me met mal à l’aise. Je m’abstiens de tout nouveaux commentaires.
— Vous avez un a priori contre les libertins, Lydia ? Vos propos tendaient à le démontrer.— Mais pas du tout ! C’est seulement que nous croisons dans notre métier des tas de gens peu scrupuleux et que s’engager trop rapidement sur des chemins de traverse ne me semble pas une bonne chose.— Je ne mets le couteau sous la gorge de personne, votre amie peut vous le certifier. Mais parlons donc de vous. Alicia m’a dit que vous aviez connu quelques revers amoureux et que vous étiez devenue frileuse ou suspicieuse. Vous devriez pourtant savoir qu’aucune peur ne peut éviter un quelconque danger.— Bien sûr ! Mais faire ce genre de truc de but en blanc, sans prendre le temps de réfléchir au préalable… mesurer aussi les risques, ça fait partie de moi. — Parce que vous pensez que faire l’amour devant moi avec votre amie serait prendre un grand risque ? N’avez-vous donc pas songé que ça pourrait aussi vous apporter un peu de sel dans une existence qui si j’en crois ma chérie, est pour vous bien morose ?— Vous prêchez pour votre patrie, je le conçois parfaitement. Il existe toutefois un autre écueil auquel vous ne faites pas allusion !— Ah bon ? Lequel, je vous prie ?— Celui de voir notre belle association se détériorer rapidement. Souvent le mélange des genres n’est pas souhaitable, surtout lorsqu’on partage des biens aussi précieux que l’amitié et le travail.— Vous avez une façon d’appréhender les choses qui vous est personnelle. Loin de moi l’idée de vous détourner de votre chemin. Je comprends vos arguments, sans pour cela les approuver tous. Mais ils relèvent d’un choix que je peux admettre. Sachez seulement que je regrette votre refus si catégorique. Alicia et moi nous laisserons toujours une fenêtre ouverte pour le cas où vous changeriez d’avis. N’est-ce pas ma chérie ?— Oui ! Et puis Lydia… je veux aussi te dire qu’il ne se passera rien avec qui que ce soit, si ce n’est pas… avec toi. Dans ce domaine-là, j’ai de mon côté besoin d’être rassurée… l’inconnu me fait flipper. Henry et moi en avons déjà discuté des heures… aucune autre que toi ne partagera avec nous.— Vous voyez Lydia, c’est aussi simple que cela. Finalement votre refus ne prive que… moi, en quelque sorte. Parce que j’avoue que parler de vous est une chose, vous rencontrer en chair et en os en est une bien plus importante. Ce que je vois ici, ce soir, c’est tout bonnement un vrai rêve. Et mes regrets n’en sont que plus conséquents !— Bon ! Il est temps que je rentre chez moi. Cette conversation n’a pas eu lieu, elle n’aura plus jamais lieu… Bonne soirée à vous deux et amusez-vous bien !— Ey ! Si ce n’est pas une fuite ça, ça y ressemble bougrement. Enfin, c’est votre décision et votre choix. Insister serait lourdeur, je présume ! Bonne soirée à vous et… dommage vraiment !
C’est sur un nuage que je traverse la salle. La rue me happe avec ses bruits et ses odeurs particulières. Dans ma caboche, les paroles de ce type se bousculent. J’attrape une rame qui me ramène chez moi. Assise au fond, je réentends chacun des mots du bonhomme. Pour un peu, il serait parvenu à me faire changer d’avis. D’où cette fuite en avant. Ce qu’il ne sait pas et que je n’ai pour ma part pas anticipé, c’est que mon corps réagit encore vingt minutes après la conversation spéciale que j’ai eue avec les deux amants.
Ma soirée se borne à un film dont les trois quarts m’échappent. Puis, une douche rapide et mon grand lit m’invitent à un sommeil que j’espère. Mais il se fait appeler « Désiré » et je finis par calmer ma faim par des caresses précises et ciblées. Comme quoi, c’est bien l’esprit chez moi qui commande mes actes, plus que le reste. Je me démène telle une diablesse et je concède un orgasme minable, obtenu du bout des doigts. Une jouissance poussive qui ne me débarrasse nullement de ce poids qui me tenaille les tripes et la cervelle. Le reste des heures noires n’enlève rien à ma désillusion.
— xxxXXxxx —

À suivre…
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