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Soleil de Minuit et princesse pouchekake

Chapitre unique

Lesbienne
Soleil de Minuit et princesse pouchekake


Le vacarme est assourdissant, les hurlements des guerriers, leurs vociférations tonitruantes, les dizaines de bottes qui martèlent le sol, les lames qui s’abattent violemment sur les chairs et le bois dans un véritable capharnaüm sonore... Comme si cela ne suffisait pas, la fatigue, intense et insidieuse, commence à se faire sérieusement sentir et menace de lui faire commettre des erreurs qu’elle pourrait payer avec son sang.
Le sang... Elle en est couverte de la tête aux pieds, mais ce n’est pas le sien, heureusement.
Des morceaux de chairs et de peau sanguinolents pendent d’un peu partout sur elle et elle est presque sûre d’avoir des esquilles d’os dans les cheveux. La sueur lui pique les yeux, la brûle et sa vision devient dangereusement floue. Autour d’elle, dans les gradins de l’arène du jarl Oryk les Deux Haches, guerriers et nobles, marchands et diplomates, la plupart bien avinés, beuglent leurs encouragements à leur duelliste favorite. Et aux vues de la nette proportion de Boréas comparée à celle de la délégation diplomatique Amensh, ce n’est sûrement pas elle.
Mââ prend le temps d’essuyer, encore une fois, la sueur qui lui dégouline du front, tout en dardant un regard venimeux à son adversaire. Un féroce sourire se dessine sur ses lèvres, en constatant que la pimbêche royale n’est plus aussi à son avantage que tout à l’heure. Chacune des deux rivales a le regard rivé sur l’autre, un regard mauvais et assassin.L’une s’empare d’un fendoir à viande à la lame épaisse et l’autre d’un énorme couperet au fil aiguisé. Leurs yeux lancent des éclairs et l’envie de meurtre se lit sur leurs traits tirés. Avec une parfaite coordination, les redoutables lames se lèvent, l’instant semble durer une éternité, puis le temps reprend son cours et, les lames s’abattent dans le sang et la chair broyée.
Brunilde... C’est le nom de la petite connasse nombriliste, née avec une cuillère en or dans la bouche. Celle qui les a insultés et qu’elle a été obligée de défier, pour ne pas couvrir de honte la délégation diplomatique au complet. L’ambassadeur Wasir a blêmi d’un coup, passant d’un teint légèrement halé au gris cendreux, en l’entendant lancer son défi et, insulter vertement en retour la petite garce avec ses couettes rousses et ses jolis rubans bleus, symboles de sa haute lignée.
Le pauvre diplomate était persuadé, à ce moment-là, que l’incident pouvait encore se régler de façon sereine. Mais malgré les demandes répétées du jarl, la princesse Brunilde avait refusé de s’excuser.
— Je suis de sang royal Oryk, ne l’oublie pas et bien que mon oncle ait jugé bon de m’envoyer me morfondre dans ce cloaque que tu appelles un palais, je n’en demeure pas moins une princesse et tu n’as aucun ordre à me donner... Jarl.
Mais quelle petite peste prétentieuse et arrogante. Une vraie Pouchekake celle-là. Mââ l’avait tout de suite détestée lors des longues présentations obligatoires et la cérémonie d’hommage.
Cette garce avait continué à se donner en spectacle et à insulter la délégation Amensh sous le regard consterné d’Oryk et de ses conseillers. Elle assumait très bien l’impunité que lui donnait son statut royal et n’hésitait pas à en abuser. Le jarl ne pouvait pas faire grand-chose sans encourir l’ire du Haut-Roi, qui avait tendance selon les rumeurs, à fermer les yeux sur le détestable comportement de sa nièce. Mââ s’était retenue tant qu’elle le pouvait. Elle avait fulminé dans son coin et serré les poings à s’en faire blanchir les phalanges.Puis il y avait eu la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase.
—...Et que pourrait nous apporter un accord avec ses gueux ? A quoi bon leur demander ce que nous pouvons prendre par nous-même ? Nous sommes des Boréas, les Seigneurs du Nord, fiers et indomptables et nous leur sommes en tous points supérieurs !
C’en était trop.La jeune Amensh s’était levée en renversant son siège, du feu dans les yeux et avait défendu avec véhémence l’honneur de son peuple. En bout de table, le jarl avait levé un sourcil dubitatif et fait signe à ses conseillers de ne pas intervenir. A sa droite, le célèbre maître-queux Inoteb Ze’loc, invité par l’empereur lui-même à prendre part à cette délégation, s’était contenté de sourire à l’explosion de colère de sa Djö-t’aï. Malgré ses airs bourrus et son mauvais caractère, le vieux senseï laissait une plus grande marge d’action à son apprentie, depuis le désastre qui avait ravagé l’auberge d’Inoteb, suite de la tentative d’assassinat d’un membre de la famille impériale par un sorcier fou.
Le sang-froid et le courage de Mââ les avaient tous sauvés d’une mort certaine ce soir-là.Son senseï la récompensait de cette manière en ayant confiance dans son jugement et en lui laissant plus de latitude. Charge à elle d’assumer les conséquences de ses actes, dans le cas où cela tournerait au vinaigre.L’ambassadeur Wasir, lui s’était presque évanoui en écoutant la volcanique Mââ rendre coup pour coup, insultant vertement une princesse de sang royal en public et sans se démonter. La joute verbale avait finalement beaucoup amusé le jarl Oryk les Deux Haches, qui s’était levé, afin de calmer les esprits et ramener les deux jeunes femmes à la raison. La tension s’était peu à peu dissipée et tout le monde pensait l’incident clos, lorsque cette salope de Brunilde avait osé mettre en doute la réputation et l’honneur d’Inoteb.
— Non mais regardez-le, un vieux croulant qui doit sûrement avoir besoin d’aide ne serait-ce que pour manger sa soupe ! J’imagine qu’il doit aussi avoir besoin que sa petite apprentie la lui tienne quand il doit se soulager. Si c’est ça le meilleur maître-queux des Amensh, même nos petites vieilles arthritiques ou nos jeunes les plus écervelées sont capables de faire mieux que ses soi-disant apprentis.
Mââ était de nouveau sortie de ses gonds à ce moment et avant que quiconque n’ait pu répondre, elle avait de nouveau violement apostrophé l’indélicate nièce du Haut-Roi.
—Et tu te ranges dans quelle catégorie, princesse de pacotille, les petites vieilles arthritiques ou les écervelées, voir les deux à la fois sans doute ? Tu ne risques pas d’abîmer tes beaux petits ongles manucurés ou de tâcher ta jolie robe de soie. As-tu déjà seulement mis les pieds dans une cuisine ou tenu un couteau correctement ? Attention le bout pointu, c’est pas vers toi qu’il faut le tenir...Et si je devais, comme tu le dis si bien, avec un langage digne d’une princesse qui s’est sans doute déjà faite culbuter jusqu’au trognon par tous les garçons-vacher du royaume, la lui tenir, ce serait un honneur pour moi.
Il fallut à ce moment-là en appeler aux gardes pour séparer les deux furies, lorsque piquée au vif, Brunilde s’était jetée sur Mââ, toutes griffes dehors, une envie de meurtre dans les yeux.

 À présent, les couettes et la jolie coiffure de la princesse ne sont plus qu’une masse broussailleuse de cheveux hirsutes et emmêlés. Elle a plusieurs ongles cassés et des éclaboussures de sang zèbrent son magnifique teint de pêche.Elle transpire aussi abondamment.Des auréoles jaunes disgracieuses se sont formées sur le blanc virginale de sa robe et elle renifle bruyamment. Oui, l’élégance et la superbe princière en ont pris un sacré coup.

 De son côté, Mââ ne doit pas avoir une plus belle allure, mais elle s’en moque comme d’une guigne à cet instant. Elle savoure de façon perverse la vision de déchéance qu’offre l’irrévérencieuse et arrogante nièce du Haut-Roi.Dommage que ce soit une vraie peste, parce que physiquement, Mââ la trouve plus qu’à son goût. Si elle n’était pas aussi hautaine et arrogante, si elle ne donnait pas envie de la gifler dès qu’elle ouvre la bouche... La jeune apprentie y déposerait volontiers quelques baisers passionnés, justement, sur cette petite bouche appétissante.
 Elle s’imagine un instant batifoler avec Brunilde, au bord d’une cascade perdue dans un coin des montagnes alentours. Elle se voit déguster sa figue juteuse pour la faire se pâmer de plaisir, lui sucer les tétons et les mordiller, faire perdre toute retenue à cette arrogante princesse pour révéler la petite dévergondée qui se cache derrière cette façade hautaine. Elle insèrerait deux, voire trois doigts dans sa grotte intime trempée de désir, imprimant une rotation pour procurer à cette royale coquine encore plus de plaisir et lui faire hurler les pires insanités, de celles que l’on n’oserait jamais imaginer sortir d’une bouche princière. Oui, Mââ la devine très cochonne cette petite, malgré ses airs de fille de la noblesse coincée.Halalala, si seulement elle...
Mââ se force à revenir au présent et à son affaire. La nièce du Haut-Roi préfère être détestable, tant pis pour elle.
Attend un peu sale pouchekake prétentieuse, je n’en ai pas encore fini avec toi.
Une vive douleur ramène définitivement Mââ à la réalité. Elle constate qu’elle a failli se trancher le doigt. Heureusement, son manque de concentration l’a sauvée d’une certaine manière, mais elle a frôlé l’accident.
Aller, reprends-toi ma fille, c’est pas le moment de rêvasser, montre à cette sale petite prétentieuse de quel bois tu te chauffe. Et pas qu’à elle, se dit Mââ en regardant vers la tribune principale où sont installés le jarl, ses conseillers ainsi qu’Inoteb et l’ambassadeur.
Les Amensh, par souci de flatter leurs hôtes, se sont habillés à la mode Boréas, avec des tuniques de lin colorées brodées d’argent ou de bronze et se sont coiffés de nattes et de tresses, comme en portent fièrement les hommes du nord.Fidèle à lui-même, Inoteb n’a pas voulu se départir de sa sempiternelle écharpe bleue toute délavée et élimée, qui jure atrocement avec sa tunique orange et sinople. En revanche, sa célèbre et magnifique barbe en forme de trident, qu’il entretient avec le plus grand soin, lui vaut maints compliments, aussi bien des femmes admiratives, que des hommes, légèrement envieux. Elle est ici symbole de virilité et de puissance. Le vieux grincheux a donc reçu maintes tapes masculines dans le dos et œillades coquines féminines, à égales mesures.
Dehors, le soleil entame une descente qu’il ne finira pas.C’est la période estivale ici, dans le nord glaciaire. En cette région reculée et à cette époque de l’année, pendant plusieurs semaines, le soleil ne se couche plus. Ce phénomène atteint son point culminant à l’approche du solstice d’été. A ce moment, lui a-t-on raconté, le soleil plonge à peine dans l’océan, presque timidement, avant de remonter encore plus rougeoyant, revigoré, comme s’il s’était juste contenté d’étancher sa soif, avant de reprendre son ascension.Mââ n’a encore jamais pu assister à tel spectacle, elle a hâte de l’observer de ses propres yeux.
Mais elle a encore du pain sur la planche et ne peut se permettre de rester trop longtemps à rêvasser. Elle décide de se concentrer sur ses préparations, plutôt que sur la popularité grandissante de son senseï à la cour d’Oryk les Deux Haches ou sur la magnificence du Soleil de Minuit, comme est appelée cette période de l’été ici.
Elle ne peut cependant pas totalement se défaire de l’idée saugrenue que, d’une manière ou d’une autre, Inoteb a anticipé tout ça. Parfois elle se demande si pour son senseï, tout n’est pas prétexte à tester les limites de ses élèves et à les amener à se dépasser dans les situations les plus improbables. Pour une telle ambassade, il eut été plus logique qu’il emmène avec lui le jeune Olek. Après tout, le garçon est Boréas de naissance, et sa présence ici eut plus de sens que la sienne.A moins que le vieux grincheux n’ait anticipé un quelconque problème et décidé d’être accompagné de la plus forte tête du groupe, hormis Ultiam.Bien qu’issu d’un peuple belliqueux et querelleur, prônant par-dessus tout la force et la vaillance, Olek est un garçon plutôt doux, aux antipodes du caractère bagarreur de son peuple.
Mââ et Ultiam, elles, était souvent à couteau tiré au début et s’étaient vertement insultées de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables. Et elles avaient toutes deux une imagination très fertile dans ce domaine. Le ridicule de la situation et l’invraisemblance grandissante de leurs insultes respectives, les avaient faits pouffer de rire et avait fait naitre une complicité qui ne s’était pas démentie depuis.
D’autant plus après l’attaque de l’auberge.Penser à son amie montagnarde amène un petit sourire sur les lèvres de Mââ. Elle lui manque, ainsi que leurs petites querelles quotidiennes, qui se terminent immanquablement en partie de rigolade.
Du sang lui gicle à nouveau dessus, lorsque sa lame tranche dans les chairs. Une petite flaque carmin se répand, là où d’autres sont déjà en train de coaguler. En temps normal, elle aurait fait ça de façon bien plus propre et consciencieuse, mais cette petite peste de Brunilde a insisté pour qu’on leur impose un temps limité.
Le jarl Oryk les Deux Haches avait laissé à Inoteb le soin d’évaluer le temps nécessaire aux deux duellistes pour dépecer, équarrir et débiter chacune la carcasse d’un demi veau de lait, afin d’en préparer les différents morceaux pour le banquet qui désignerait la gagnante de cette compétition.
— Et il n’y aura aucun traitement de faveur pour qui que ce soit et, nièce du Haut-Roi ou pas princesse Brunilde, pour avoir forcé la main aux invités de ton seigneur et les avoir gravement insultés et par conséquent, avoir couvert de honte ton suzerain, n’attends aucune clémence de la part des juges. Tes plats auront intérêt d’être à la hauteur de tes vantardises et à égaler ceux des ambassadeurs que tu as agoni d’injures. Ne crois pas que ton sang royal t’épargnera une réprimande de la part du Haut-Roi, lorsqu’il saura que tu t’amuses a créer des incidents diplomatiques.
Brunilde avait fulminé, mais s’était tu, consciente qu’elle avait été beaucoup trop loin et que l’issue des négociations à venir était fortement compromise à cause d’elle. La paix ou la guerre entre Amensh et Boréas allait dépendre d’un concours culinaire décidé sur un coup de tête.Et c’était elle, l’unique responsable de cette situation épineuse.Elle avait insulté une ambassade étrangère en public, avait bafoué les règles de l’hospitalité légendaires de son peuple et donné une bien piètre image des Boréas, déjà considérés par beaucoup comme des barbares incultes et querelleurs. Malgré son statut de nièce du Haut-Roi, elle risquait la colère de son oncle si les objectifs de ces négociations n’étaient pas atteints.
Et mieux valait éviter le courroux de Varagir les Doigts d’Or.
Son oncle voulait à tout prix ouvrir son royaume au commerce avec les nations du sud et changer la vision des peuples plus civilisés sur les Boréas. Il lui fallait donc absolument de rapides résultats et convaincre les Amensh d’ouvrir leurs routes commerciales aux produits des hommes du nord.Déjà le Haut-Roi avait réussi à convaincre la plupart des jarls de ne plus mener de pillages en territoire Amensh, pour montrer la bonne foi de son peuple. Cela avait entraîner un gros manque à gagner pour les guerriers boréas, les Einherjar.Varagir les Doigts d’Or avait été contraint de puiser dans son propre trésor pour compenser les pertes financières de tous. Ce qui avait très sérieusement grever ses finances personnelles, malgré les rumeurs insistantes sur les prodigieuses richesses du Haut-Roi.Aussi avait-il tout intérêt à ce que les pourparlers se déroulent le mieux possible.Il avait donc confié cette mission délicate à Oryk les Deux Haches.Malgré son nom, c’était bel et bien le plus diplomate des très nombreux seigneurs de guerre et roitelets sur lesquels régnait Varagir. Et elle, Brunilde, fille du défunt et regretté Sven vif-talon, venait de très gravement compromettre les chances de réussite de cette délicate et importante mission.
Conscient de l’embarras de la princesse, l’ambassadeur Wasir, toujours soucieux d’arrondir les angles, avait parlé au nom de la princesse, en disant qu’il n’y avait pas vraiment d’incident. Que les mots n’étaient que du vent.Il avait déclaré qu’il valait mieux voir cette petite joute culinaire comme un échange culturel entre deux peuples, un moyen de bâtir un lien par la gastronomie et les plaisirs de la chair. Mââ s’était presque étouffée à ces paroles, après les injures dont ils avaient été victimes de la part de cette pétasse égocentrée et pourrie-gâtée.Un regard sévère en coin de son senseï l’avait dissuadé d’intervenir à nouveau et d’envenimer une situation déjà très compliquée. Il l’avait laissée s’exprimer et agir avant, mais là, il lui signifiait les limites à ne pas dépasser. Elle avait ravalé l’acerbe répartie qui lui brûlait les lèvres.Wasir n’en avait rien manqué, mais n’avait rien laissé paraître et continué sa plaidoirie.
— Après tout, n’est-ce pas le but de cette ambassade, jarl Orik ? Amorcer un rapprochement entre nos deux nations, se concentrer sur nos points communs plutôt que sur nos différences...Et quelle meilleure façon de se rapprocher, qu’en festoyant ensemble, autour de mets délicats et raffinés. D’échanger points de vue culturels et recettes ancestrales transmises de génération en génération...Le fait que nous soyons à la veille de ce que vous nommez Naar’thengylyf, l’Ardeur des Cœurs, qui est l’une de vos plus belles fêtes et notamment celle de l’amour sous toutes ses formes, est un encouragement certain à festoyer ensemble au rapprochement des peuples.Que ce banquet de Naar’thengylyf, en ce milieu d’été boréal, soit le premier jalon qui verra naitre l’amour et la concorde entre nos deux peuples.
A présent, plusieurs heures après, dans l’arène, dégoulinante de sueur et de sang, entourée d’énormes monceaux de chairs et d’abats, la jeune apprentie ne digère toujours pas le discours mielleux de Wasir. Mââ lance un regard en coin peu amène à l’ambassadeur en grande discussion avec son senseï.
Je t’en foutrai moi de la petite joute culinaire... Espèce de connard d’abruti mondain. « Le premier jalon qui verra naître l’amour et la concorde entre nos deux peuples » ... Mon cul oui. Et pourquoi ne pas laisser ces baiseurs de chèvres malades culbuter toutes les femmes de l’empire, pour encore plus de concorde et d’amour entre les peuples, pendant que l’on y est...
Elle doit rester concentrée nom d’une pipe en bois.Elle doit encore éplucher, tailler et sculpter fruits et légumes, préparer les chaudrons de bouillon et de ragoût, préparer cygnes et paons... Mais avant tout ça, il lui faut finir le débitage et l’équarrissage de son demi veau de lait dont il faudra rôtir, braiser et mijoter parfaitement les différents morceaux, le tout avant la tombée de la nuit.Et attention à la surcuisson, qui sinon rendrait la viande de veau dure et sèche.
Une petite joute culinaire... Mon cul oui. Connard diplomatique de mes fesses.
Voilà, elle a séparé et classé toutes les parties de l’animal, ce qui n’est déjà pas une mince affaire.Maintenant il faut préparer les cuissons, manchonner et racler les os, larder et barder les morceaux les plus juteux. Il faut surveiller l’ébullition des bouillons, quantifier saindoux et graisse de canard, torréfier les pignons de pins. Il faut aussi faire mariner certains morceaux pour les attendrir.
Les côtes et le carré seront grillés, sans doute sur un lit de braise d’aiguille de pin et de cèpes de vigne pour en corser le goût. Les jarrets seront bouillis dans un savoureux dashi aux algues kombu pour faire un mélange terre-mer et apporter une petite touche originale, mais elle n’a pas encore réfléchi à la suite de cette recette.
La noix de veau et le quasi seront servis en escalopes qui auront marinées dans un vin rouge corsé avec quelques légumes racines de la région, ainsi que différents types de baies qui apporteront une touche d’amertume et de sucre.
Elle a aussi prévu d’utiliser une partie des os, ainsi que les parures de ses découpes, pour en faire un bouillon très épicé et peut-être aromatisé à l’hydromel, pour rincer les palais entre les plats et aider à la digestion d’une quantité aussi faramineuse de nourriture. Heureusement, en dépit de l’arrogance de la princesse, Oryk les Deux Haches a accepté que chacune des duellistes soit assistée par quatre servantes du jarl, formées aux techniques de préparation de banquet.
Et ce n’est pas de trop, au vu de la quantité de travail ahurissante.
Ah, oui... La moitié des parures va aussi servir à faire un jus corsé pour accompagner la viande, en pinçant les sucs. Après les avoir caramélisés et torréfiés, elle déglacera le tout avec de la bière d’orge et fera réduire ce jus jusqu’à obtention d’une texture sirupeuse, lisse et onctueuse. Le reste des découpes servira pour plus tard. Les femmes du village les prépareront sans doute en daube, brochettes ou rôti, après les avoir saumurés pour la conservation.
Mââ se lave soigneusement les mains et les avants bras et se rince le visage avec l’eau fraîche et limpide d’une bassine laissée à sa disposition. Elle prend le temps de savourer l’intense fraîcheur de l’eau tout juste puisée, issue de la fonte des glaciers, loin au sommet des montagnes qui dominent la vallée.
Il lui reste énormément de travail et peu de temps, mais agir dans la précipitation serait contre-productif. Mieux vaut prendre un peu de temps pour souffler et remettre de l’ordre dans ses idées, faire l’inventaire des tâches accomplies et de ce qu’il reste à faire, donner les consignes de préparation aux quatre femmes de sa brigade, qui soit dit en passant, sont très réactives et savent parfaitement ce qu’elles ont à faire de leur côté.Mââ doit aussi s’assurer qu’elle n’a rien oubliée, plutôt que de foncer bille en tête, d’aller de l’avant sans rien vérifier et manquer de se trancher des doigts à cause de la panique et de l’angoisse.Elle a déjà vu ça plusieurs fois, depuis qu’elle est l’élève d’Inoteb Ze’loc.Elle refait calmement son chignon, y passe deux baguettes d’if d’un rouge profond pour le maintenir bien serré, puis se relave les mains, histoire d’être sûre de leur propreté. La jeune femme ferme les yeux et prend le temps d’inspirer et d’expirer longuement, en appliquant les leçons de Maître Inoteb.
« Rien de bon ne se fait dans la précipitation, en toute chose il faut savoir mesure garder. Pour être maître dans son domaine, un cuisinier se doit d’être avant tout maître de lui-même. »
Mââ affûte une nouvelle fois ses couteaux, en sentant sur elle le regard de son adversaire. La jeune apprentie ne résiste pas à l’envie de croiser à nouveau ce regard dédaigneux, pour lui montrer qu’elle n’est guère impressionnée.
Princesse ou pas, je te jure que tu vas morfler, je vais te faire ravaler ta morgue jusqu’à ce que tu t’étouffes avec, petite pétasse.
Mais ce qu’elle voit dans les yeux de Brunilde, ce n’est plus cet air hautain et méprisant.C’est bien autre chose, une lueur de doute, un début de panique. Son plan de travail est un véritable capharnaüm de morceaux de viande posés pêle-mêle, de couteaux et de lames jetés négligemment. La princesse est encore plus échevelée et transpire plus que la dernière fois où Mââ a levé la tête de ses préparations. A y regarder de plus près, la jeune Amensh se rend-compte que Brunilde s’est elle aussi coupée et brûlée à deux ou trois reprises.
Au moins, sommes-nous à égalité question maladresse s’amuse secrètement la jeune apprentie avec un sourire en coin.
L’arrogante princesse est visiblement en retard sur plusieurs de ses préparations. Elle semble s’être rendue-compte, un peu tard, de l’énorme quantité de travail qu’elle leur a imposé à toutes deux.Bien trop, surtout pour une novice, même une novice très douée, comme semble l’être Brunilde.Elle possède visiblement une grande connaissance des techniques culinaires et de l’art d’utiliser épices et aromates, mais il lui manque la pratique des grands banquets et l’habitude de l’anxiété propre à la cuisinière aguerrie.Les quatre jeunes femmes qui servent de brigade à la princesse, semblent toutes aussi prises de panique que Brunilde et murmurent de plus en plus entre elles, lui lançant des regards inquiets.
Même si cette petite peste horripile Mââ au plus haut point, son échec probable et son humiliation, tout aussi probable, n’apporteront rien à personne. Pire, cela rendra indirectement, mais indéniablement, Mââ complice de l’échec des négociations et de la reprise des pillages des hommes du nord sur les terres Amensh.
Hors de question de te laisser mettre tout cela en péril princesse de pacotille, oh non. Aller ma fille, réfléchis... Mais réfléchis bon sang de bois, comment transformer ce désastre annoncé en éclatante réussite ? Il faut à tout prix que les négociations aboutissent, faire de ce naufrage culinaire une ode à la concorde et à l’entente entre les peuples.
Mââ se creuse les méninges pour faire de cette confrontation idiote et dangereuse pour l’avenir de leurs deux royaumes, un exemple de coopération et d’échange culturel fructueux. En même temps, cela donnera une petite leçon d’humilité et de diplomatie à cette princesse pourrie-gâtée.Et puis, ce n’est pas dans sa nature de détester les gens tout compte fait.A cet instant, c’est plus de la pitié que lui inspire Brunilde, qu’autre chose.Quoi que, il y a peut-être effectivement un soupçon de quelque chose d’autre. Même échevelée, même couverte de sang et de morceaux de viande et ses jolis rubans bleu tâchés, la princesse ne manque pas de charme. En fait, cet aspect débraillé et sauvage renforce sa beauté, plutôt qu’il ne la gâche. Mââ sent quelque chose de confus naître en elle, un trouble qu’elle a du mal à déterminer, mais qui provoque un certain bien-être en elle.
Reprends-toi ma fille, t’as autre chose à faire que de rêvasser.
En jetant un coup d’œil vers l’estrade où siègent le jarl, l’ambassadeur et Inoteb, Mââ est surprise de constater que son senseï la regarde en hochant imperceptiblement la tête, d’un air approbateur. Comme s’il suivait le plus naturellement du monde le cheminement des pensées de son apprentie. Celle-ci reste interdite un instant, avant de reprendre son travail, tout en continuant de réfléchir à la situation.
Parfois, c’est à se demander si ce vieux grincheux n’est pas un peu sorcier sur les bords. Il donne l’impression de savoir à tout moment ce qu’il se passe dans la tête des gens.
En particulier pour ses Djö’taï. Ses apprentis ont toujours l’impression d’être pris en défaut, lorsqu’ils le maudissent intérieurement, après une énième corvée harassante. Ils en ont plusieurs fois parler entre eux lorsque le maître s’absente.
— Il a simplement un grand sens de l’observation...c’est tout, lui avait rétorquer Ultiam et D’jet le soir ou cette idée l’avait frappée comme une évidence pour la première fois.Mais, s’il avait été sorcier, sans doute le drame de l’auberge aurait-il pu être évité. Et il n’y aurait pas eu les étranges phénomènes qui se sont déroulé ensuite...
après la mort du mage fou, consumé par les terribles énergies qu’il avait lui-même contribué à libérer, les ténèbres se firent. On entendit des hurlements et les bruits de corps chutant lourdement dans la cour de l’auberge, là où tous les survivants s’étaient réfugiés pour échapper aux flammes incontrôlables qui ravageaient désormais le bâtiment.
Quand ils purent voire à nouveau, à la lumière de l’incendie, deux corps gisaient non loin, vêtus de façon étrange.Les deux individus et leur histoire l’était encore plus.Tandis que les secours, alertés automatiquement par le système d’alarme théurgique de l’auberge, arrivaient par un portail invoqué magiquement depuis Kefthyu, constitués d’une section d’ondine-sapeuses accompagnée de gardes engagés par la Guilde des Secours Théurgique de Kefthyu et d’un mage en chef responsable des opérations ; les deux étrangers reprirent connaissance.Alors que les ondines s’escrimaient à circonvenir les flammes, l’on put apprendre de quelle façon les mystérieux individus avaient littéralement atterrit ici.L’homme disait s’appeler Hazeel Thorn et la femme Melle Lopesa.Ils étaient des sortes de troubadours, ou de scaldes, c’est selon, prétendant venir d’un autre monde.Ils commençaient les répétitions pour leur prochaine représentation musicale, en attendant l’arrivée de leur groupe, Niaga Drusba, lorsqu’un vortex d’énergies incontrôlables souffla soudain. Des vents furieux les projetèrent violemment au sol, avant que les puissants aquilins ne changent soudainement de direction.Hazeel et Melle se retrouvèrent alors aspirés par le tourbillon d’énergie, pour finir ici.Le mage en chef des opérations, un certains T’ak kl’an, une fois le feu circonscrit, émit l’hypothèse que ce phénomène était sans doute une conséquence aléatoire de ce qu’il s’était passé dans l’auberge. A ce moment, supposa-t-il, l’univers d’Amensha et celui où vivaient Hazeel et Melle devaient être assez rapprochés au niveau du Multivers pour créer une sorte de tunnel magique reliant les deux dimensions.Les jeunes troubadours s’inquiétèrent de savoir comment retourner chez eux. La femme, Melle, prit discrètement la main d’Hazeel pour la serrer fort. Mââ se dit alors que ces deux-là étaient très certainement amants.T’ak kl’an sourit en les rassurant, il était plutôt facile pour un mage de son acabit d’ouvrir un portail en sens inverse, à condition qu’il possède un objet de leur monde ayant une très grande signification émotionnelle pour eux et de ne pas attendre trop longtemps au risque de voir les deux univers s’éloigner de nouveau.Melle sorti d’une poche un petit objet triangulaire aux sommets arrondis, de couleur orange et fait d’une étrange matière. Elle appelait ça un médiator. Cet objet apparemment anodin sembla troubler Hazeel plus que de raison. Un lien affectif très fort les liaient tous deux à cet objet, mais il refusa d’en dire plus et Melle aussi, quoi que son regard éloquent en dise bien plus qu’elle ne l’eut voulu.
T’ak kl’an, après quelques préparatifs ésotériques très mystérieux, annonça que le rituel d’ouverture du portail dimensionnel était prêt, il ne manquait que l’objet nécessaire à sa finalisation. A contre-cœur, Melle lui tendit le médiator et le mage déposa celui-ci dans une petite coupe d’orichalque finement ciselée de runes et de glyphes mystiques.Immédiatement, une flamme sinople s’en dégageât et un point lumineux de la même teinte apparu juste devant eux. Il grandit rapidement, jusqu’à devenir un disque de la taille d’une tête humaine, pour continuer de grandir et être bientôt plus haut qu’un troll des montagnes.T’ak kl’an indiqua aux deux étrangers qu’ils pouvaient désormais retourner chez eux et qu’ils arriveraient juste un instant après avoir été happés par le précédent vortex. D’un point de vue temporel, ce serait comme s’il n’avait jamais quitté leur monde.Ce fût Melle qui s’avança la première, prête à franchir le portail. Elle se retourna pour voir qu’Hazeel avait les yeux fixés sur les restes carbonisés du médiator. Elle savait ce que cela signifiait et l’importance que cet objet avait dans leur relation. Elle savait ce que cette perte signifiait pour lui, pour eux.Elle lui tendit la main, son regard tendre le couvant et lui dit qu’il était temps de rentrer.
On y va mon Romumu ?
Sans doute le petit nom qu’elle lui donnait dans l’intimité...Le cœur lourd, il finit par lui rendre son regard et lui sourire. Il prit la main qu’elle lui tendait et le regard de l’un plongé dans celui de l’autre, ils franchirent le portail qui s’évanouit instantanément après.

C’était il y a presque un an.Mââ revient au moment présent en finissant de tailler ses échalotes.Réfléchis plutôt à comment sortir de cette ornière.Mais la jeune femme continue malgré elle, à se demander si Inoteb n’a pas un peu de sang de magicien. Inconsciemment, elle regarde de nouveau vers l’estrade, mais le regrette immédiatement, en surprenant de nouveau le regard sévère de son senseï posé sur elle. Mââ se concentre à nouveau sur ses échalotes, qu’elle ciselle le plus finement possible, pour la fameuse sauce qu’elle a servis au banquet d’anniversaire du nomarque.Sauce qui a accompagnée des œufs de pégases pochés ce soir-là...Un plat, qui malgré les évènements tragiques de cette fameuse nuit, a ébloui le nomarque et ses invités. Depuis, la réputation de la jeune apprentie et celle de son plat grandissent de jour en jour dans le milieu très fermé de la gastronomie amensh.
Une nouvelle fois, Mââ se sermonne intérieurement.Elle doit absolument se reprendre et se concentrer sur le moment présent, pour trouver comment sauver les apparences. Cependant, la terreur d’échouer et d’être responsable de la reprise des attaques des guerriers du nord l’étreint. Il faut absolument que les négociations aboutissent.Mais comment faire, maintenant que les provocations de cette stupide princesse ont presque déclenchées un incident diplomatique ?Il va leur falloir un miracle pour préserver l’esprit de coopération et de partage évoqué par l’ambassadeur Wasir. Il avait parlé d’échange culturel tout à l’heure aussi...Une idée commence alors à se faire jour dans l’esprit de la jeune apprentie.
L’esprit de coopération et de partage... l’esprit de coopération et de partage... l’esprit de coo... mais oui...C’est ça la solution, la foutue solution... Naar’thengylyf.
Comment n’y a elle pas pensé plus tôt ?

Tout en observant son apprentie abattre une quantité ahurissante de travail, comme à son habitude, Inoteb Ze’loc ne peut s’empêcher de penser que cette fois, il en attend peut-être un peu trop de sa jeune protégée.
J’espère qu’elle va comprendre ce que j’attends d’elle, sinon tout cela n’aura servi à rien !
Quand l’empereur lui a proposé d’accompagner l’ambassade en terre boréas, le souverain amensh n’a pas caché à Inoteb que les négociations avaient peu de chances d’aboutir, tant les différences culturelles entre les deux peuples étaient nombreuses.Leurs visions diamétralement opposées du monde n’arrangeaient rien et il était raisonnable de penser que les raids reprendraient, si un terrain d’entente n’était pas trouvé rapidement.Une des rares choses qui pouvait éventuellement constituer un possible début de détente entre eux, était leur attirance commune pour les plaisirs de la table. Les amensh étaient réputés pour leur gastronomie aux mille et une saveurs à travers tout le continent.Les boréas, bien que moins regardant sur la qualité parfois douteuse des ingrédients utilisés, savaient mieux que beaucoup d’autres peuples d’Amensha, accommodé des saveurs a priori sans rapports les unes avec les autres, pour en faire un mets d’exception. Bien que très différentes par bien des aspects, les deux cultures culinaires étaient paradoxalement très proches et presque complémentaires.C’est la conclusion a laquelle Inoteb et l’empereur en était arrivés.
Voilà comment le vieux senseï s’était retrouvés embarqués dans cette aventure au pays des glaces. C’est aussi la raison pour laquelle il avait préféré emmener Mââ avec lui, plutôt que le jeune Olek. Les origines boréas du garçon le désignaient tout naturellement pour cette mission, mais son caractère doux ne correspondait pas aux objectifs du vieux maître. Les guerriers du nord étaient un peuple ombrageux et très susceptible. Il fallait donc faire preuve des mêmes traits de caractères pour avoir une chance qu’ils vous respectent et acceptent de faire des compromis.Et par la barbe d’Inoteb, avec Mââ, ils étaient servis.Bien que douce et d’une nature posée, la jeune femme aux yeux violets pouvait se montrer volcanique et parfaitement incontrôlable. Bien qu’il se refuse à le montrer, il était très fier d’elle au quotidien. Sa jeune apprentie montrait des qualités d’organisation, d’anticipation, de gestion du stress, de précision dans les assaisonnements et de mariage des saveurs comme Inoteb en avait rarement vu.
Mais ce qui gonflait le plus le vieux cœur d’Inoteb de fierté en ce jour, c’est la façon dont elle s’était indignée, avec toute sa fougue et toute son énergie, face aux paroles vexantes et fort peu respectueuses de la princesse. Là où la diplomatie aurait tenté d’éteindre ce début d’incendie avec de fortes chances d’enlisement des négociations, Mââ en avait avivé les flammes et rendu inéluctable la seule réponse possible à cette atteinte à l’honneur amensh.Un duel.Non pas entre deux champions désignés pour s’affronter lame au poing.Non, un duel d’un tout autre genre, dans une arène bien différente de ce à quoi on se serait attendue pour régler un incident diplomatique de cette importance. Mââ les avait inconsciemment emmenés là où Inoteb voulait pouvoir les affronter à armes égales et être sûr d’avoir une chance de l’emporter.
Face à lui, en contrebas, les deux guerrières des fourneaux suent sang et eau, aucune ne voulant flancher devant l’autre et salir un peu plus l’honneur de son peuple. Amensh et boréas sont très fiers de leurs traditions culinaires. Celle qui perdra ce duel bafouera l’honneur de ses ancêtres et de son peuple et quel que soit la gagnante de cette épreuve, cela marquera l’échec des négociations et la reprise sous peu des raids et des massacres.A moins que l’une d’elles ne trouve la solution qui satisfera tout le monde.Le regard sévère d’Inoteb passe de Mââ à Brunilde, attendant de voir qui des deux se rendra compte la première de l’impasse de la situation. Vu le regard paniqué de la nièce du Haut-Roi, ce n’est sûrement pas d’elle que viendra leur salut. La princesse n’est clairement plus capable de penser de manière rationnelle, perdue comme elle l’est dans ses trop nombreuses préparations et la montagne de travail qu’elle s’est elle-même imposée.Le seul espoir d’Inoteb réside dans sa jeune apprentie désormais.
Celle-ci est concentrée sur la découpe méticuleuse de ses échalotes, quand elle relève la tête pour voir où en est sa concurrente.La colère, puis la pitié se lisent dans ce regard, en constatant l’état débraillé de Brunilde et le capharnaüm qu’est devenu son plan de travail. Une étincelle de compassion et de compréhension brille dans les yeux améthyste de sa Djö’taï.Inoteb sourit intérieurement.Visiblement, Mââ vient d’arriver à la même conclusion que lui.
Si Brunilde gagne, l’honneur des amensh exige qu’ils plient bagages pour protester de l’humiliation subit. Si Mââ gagne, les boréas demanderont réparation dans le sang des amensh. Qu’elle gagne ou qu’elle perde, le résultat sera un désastre. La voilà maintenant qui plante son hachoir violement dans le plan de travail en hêtre massif et se déplace d’un pas résolu vers la princesse, les poings serrés.
Vas-y ma grande, prouve-moi que j’ai raison de croire en toi, choisis une autre voie que celle de l’affrontement bête et méchant. Utilise ta remarquable intelligence et ton profond respect de l’humain pour dépasser les clivages.Le vieux maître-queux ne peut s’empêcher d’esquisser un rare sourire en public, en anticipant ce qui va suivre.

Mââ s’approche, déterminée, du plan de travail de Brunilde et se penche vers celle-ci en la regardant droit dans les yeux.D’abord soupçonneuse de voir sa rivale venir ainsi vers elle, la princesse finit par hocher légèrement la tête, en entendant le discours de Mââ, les traits graves. Visiblement, elle accorde toute son attention à ce que lui dit la jeune amensh et semble assez d’accord avec ses paroles.Elle pose sa lame et interrompt ce qu’elle faisait, puis accompagne Mââ au centre de l’arène.Etrangement, les deux jeunes femmes le font en se tenant la main.
Surpris par ce tournant inattendus du duel, tous les spectateurs et spectatrices se sont tût, curieux de voir ce qu’il va se passer désormais. Le jarl lui-même cesse de s’intéresser à l’une des opulentes servantes qui s’occupent de remplir constamment sa corne d’hydromel et de le divertir, de façon assez polissonne, le visage du jarl enfouis au centre de son imposante poitrine.Les deux jeunes femmes s’arrêtent à quelques pas de l’estrade.Elles se regardent une nouvelle fois.

Inoteb note tout de suite que toute haine ou rancune à déserté les yeux violets de Mââ et le regard vert forêt de Brunilde. Ce qu’il y voit à présent s’apparente plus à.… du regret, de la crainte, de l’épuisement, concernant la princesse.Et un peu d’espoir aussi.Dans celui de son apprentie, il lit également un peu de regret, mais accompagné d’une profonde compassion et d’un brin de quelque chose qu’il n’arrive pas à déterminer. Après un dernier hochement de tête de la princesse, c’est Mââ qui prend la parole.Le tonnerre s’abat alors sur l’assemblée.
— Jarl Orik les Deux Haches. La princesse Brunilde et moi-même, après nous être concertées, en sommes venues à la conclusion que ce... duel... ne règlera en rien le différend qui nous oppose et ne serait en rien profitable aux intérêts de nos deux peuples. Par conséquent, afin que les négociations puissent reprendre sur de bonnes bases et pour éviter que ne recommencent les tueries, la princesse et moi-même invoquons le droit au blöt du Soleil de Minuit.Nous exigeons, comme il est de notre bon droit en tant qu’offensées, de pouvoir prêter le serment de clémence de Naar’thengylyf.
Naar’thengylyf...La fête boréas de l’amour, sous toutes ses formes.Amour pour sa famille, pour ses amis, amour entre amants, amour pour son peuple, pour sa culture. De façon plus large, cela peut aussi être l’amour pour celle d’autrui, l’amour entre les peuples, si on extrapole un peu.C’est la saison des demandes en mariage et aussi celle où les gens se pardonnent les indélicatesses et les paroles blessantes de l’année passée. Il s’en suit traditionnellement un blöt, un rituel, au cours duquel chacun prête serment de pardonner l’autre, de ne lui tenir aucune rancune et d’oublier tout grief.Les participants au blöt se jurent alors une confiance mutuelle. Chacun promet aide, assistance et conseils à l’autre.Ce vœu de pardon se prête en général devant un petit autel, situé très à l’écart, afin que nul n’entende les paroles échangées à ce moment-là. Ce blöt est considéré comme une cérémonie très intime, ne regardant personne d’autre que les participants au rituel.Une fois le serment prêté, pour les querelles les plus importantes, un grand banquet à lieu, réunissant les familles concernées. Cela permet d’enterrer définitivement toute rancœur et empêche tout wergelt entre les membres de ces familles.Ces crimes de vengeance sont une part non-négligeable des crimes de sang commis, inscrits de façon indélébile dans la tradition juridique orale boréas. Le blöt du Soleil de Minuit de Naar’thengylyf permet donc de réguler de façon plus ou moins efficace cette propension, toute nordique, à l’envenimement de querelles datant parfois du grand-père ou de l’arrière-grand-père.
C’est bien ma très jeune apprentie, très très bien... voilà qui va leur donner à tous matière à réfléchir. Qu’une étrangère en vienne à proposer une solution si simple et tellement dans l’esprit du peuple du nord, alors qu’eux-mêmes ne s’en sont même pas donné la peine, HA !Voilà qui est savoureusement embarrassant pour eux et particulièrement malin.Tu as bien fait pendant ces semaines de voyage, de t’instruire des us et coutumes de nos hôtes. Bravo mon enfant.
Inoteb observe silencieusement les réactions autour de lui.Le reste de l’assemblée s’est complètement tue.Chacune des personnes présentes s’est immobilisée dans la position qu’elle occupait avant d’être littéralement saisie de stupeur, à l’annonce de Mââ et de la princesse.L’une des servantes, alors penchée pour remplir à nouveau d’hydromel la corne du jarl, ne se rend pas compte que celle-ci déborde et que le liquide ambré coule sur les braies de son chef.Lui non plus, pas tout de suite du moins.
Puis, faisant fi de ses braies imbibées d’alcool, Orik les Deux Haches se lève, le regard dur braqué sur les deux jeunes femmes. Il semble prendre son temps pour répondre.Lentement, ses yeux font le tour de l’arène, scrutant les réactions des guerriers, nobles et diplomates, des hommes et des femmes de haute naissance ou de basse extraction, des boréas comme des amensh. Sur les dizaines et dizaines de visages se lisent stupeur, respect et admiration.Son attention se tourne de nouveau vers les deux jeunes femmes.Elles se tiennent droites, le menton relevé, prêtes à entendre le verdict du jarl.Mââ semble serrer un peu plus fort la main de la princesse, mais Inoteb n’en est pas sûr.
Un claquement sourd se fait alors entendre, rapidement suivi d’un autre et d’un autre et d’un autre et d’un autre... c’est désormais toute l’assemblée qui applaudit à tout rompre. Toutes et tous se sont levés, boréas, amensh, ambassadeur, servante, conseiller du jarl... c’est une tempête de mains qui claquent et applaudissent à tout rompre, un tonnerre de hourras et de sifflets.Les noms de Brunilde et de Mââ sont ovationnés à grands cris.Les guerriers du jarl et les légionnaires servant de garde rapprochée à l’ambassadeur frappent leurs lames contre leurs boucliers, dans un fracas métallique assourdissant.
Le vieux senseï lui-même s’est levé pour rendre honneur à ces deux jeunes femmes, qui malgré leurs différents, malgré une franche hostilité mutuelle et une pointe de haine naissante entre elles, ont eu plus de courage et de bon sens que tous les conseillers, ambassadeurs et chef de guerres réunis ici.A côté du vieux senseï, Oryk réclame d’un geste le silence et l’obtiens.
—Princesse Brunilde et toi jeune Mââ, vous venez de réussir là où nous autres, idiots que nous sommes, avons jusqu’ici échoué lamentablement. Regardez autour de vous. Voyez amensh et boréas vous ovationner, vous applaudir et scander vos noms à égale mesure. Voyez comme toutes les différences et les préjugés s’effacent devant l’intelligence, la témérité et le respect de l’autre.
Les deux jeunes femmes sont éberluées par l’ampleur du succès de leur initiative.Elles étaient presque sûres d’échouer quand elles se sont concertées quelques instants auparavant.Mais continuer ainsi dans l’entêtement d’un affrontement stérile était tout aussi vouer à l’échec. Visiblement, toutes et tous espéraient secrètement un autre dénouement à cette crise. Tout le monde sentait bien que la solution n’était ni dans la diplomatie, ni dans ce duel d’honneur, finalement puéril. Mais personne, hormis Mââ, n’avait pu trouver jusqu’ici une solution qui conviendrait aux deux partis, permettant ainsi à chacun des camps de sauver la face.

Brunilde est fortement impressionnée par l’audace de Mââ.Avoir trouvé cette solution si simple, mais pourtant si ingénieuse pour les sortir de l’ornière où elle-même les avait mises par son comportement intolérable et déshonorant...Et que ce soit une étrangère, malgré les insultes impardonnables dont la princesse l’a agonie, qui propose de prêter un serment sacré pour les boréas, serment qui ne fait même pas parti de sa culture à elle et alors que rien ne l’y oblige, afin de préserver la paix et éviter que ne coule à nouveau le sang, est proprement stupéfiant.Aucun boréas ne l’aurait proposé, pas pour des étrangers.Et cette jeune et séduisante amensh ; Brunilde ne veut plus se cacher l’attirance grandissante qu’elle éprouve pour cette fille aux yeux violet ; cette jeune et séduisante amensh donc, aux formes appétissantes et au tempérament de feu, leur donne à tous une leçon d’humanité et d’humilité qui fait sérieusement réfléchir.
La nièce du Haut-Roi se tourne vers la jeune femme qui se tient de profil par rapport à elle.Même échevelée, même couverte de sang et d’esquilles d’os, même tachée de gouttes de sauce et de restes d’herbes aromatiques, Mââ reste très belle et terriblement séduisante aux yeux de Brunilde.La princesse dévore désormais des yeux son ancienne rivale. Elle sent son entrejambe s’humidifier, comme lorsqu’elle a surpris, à plusieurs reprises, certains membres de la cour de son oncle, s’adonner aux plaisirs du sexe au détour d’une alcôve cachée du palais.Elle a du mal à respirer et son cœur semble comme manquer un battement à chaque fois qu’elle pose les yeux sur cette fille bien étrange. Pourquoi son corps réagit-il ainsi, pourquoi ce feu qui lui emplit les veines et se répand jusque dans son âme ? Elle a excessivement chaud.Elle se leurre elle-même, elle en a bien conscience, Brunilde ne doute plus désormais de ce que son cœur et son corps lui dictent. Mââ se tourne doucement vers elle à cet instant.Dans ses yeux améthyste, Brunilde discerne une douceur qui n’y était pas quelques minutes auparavant. Elle y voit aussi de la compréhension, une certaine concupiscence... et autre chose.Un sentiment plus profond.Se pourrait-il qu’elle aussi, elle...
Dehors, le soleil rougeoyant, à son point le plus bas en cette saison estival où il ne se couche jamais, vient comme embrasser les flots d’écume et de turquoise, déposant comme un ardent et lumineux baiser à la surface des eaux cristallines. Celles-ci s’embrasent alors des mêmes couleurs que l’astre diurne, dont les rayons estivaux semblent pénétrer les ondes froides, telles d’agiles langues de lumière et de feu, qui s’insinueraient dans les profondeurs océaniques pour les incendier.
Dans l’arène, les deux jeunes femmes, chacune le regard rivé dans celui de l’autre, se rapprochent, sous les yeux médusés du reste de l’assemblé.Brunilde à désormais les mains posées sur les hanches de la Djo-taï.Mââ, elle, se penche vers la princesse qu’elle domine d’une paume, lui saisit délicatement le menton entre le pouce et l’index pour lui faire relever la tête légèrement. Brunilde ne voit plus que ces lèvres rosées qui se rapprochent avec une lenteur douloureuse, pour y déposer un tendre baiser.Elle ne veut pas s’y soustraire.
Peu importe ce que les gens autour d’elles vont en penser, peu importe ce que le peuple va en penser, peu importe ce que la morale rigide et rigoriste de la société boréas va en penser... peu importe ce que son royal oncle va en penser. La princesse laisse son imagination s’enflammer au moment où ses lèvres entre en contact avec celles de Mââ.Elle se voit couvrir ce corps, ce corps chaud et frémissant qu’elle tient serré contre elle, de tendres baisers par milliers. Elle se voit en parcourir amoureusement chaque courbe, chaque vallon, chaque colline avec ses doigts, ses lèvres, sa langue. Elle s’imagine, tête-bêche avec la belle amensh, pour s’abreuver à la source secrète cachée entre les cuisses de sa délicieuse tourmenteuse. Elle l’entend déjà soupirer de volupté et gémir de plaisir sous ses caresses. Elle devine la saveur capiteuse et enivrante de son antre savoureuse. Elle veut être sienne, la laisser jouer avec son corps et qu’elle la fasse jouir jusqu’à n’en plus pouvoir. Elle veut être son esclave, soumise au moindres de ses caprices, elle veut qu’elle l’offre à qui voudra bien la baiser sous ses yeux, hommes ou femmes, elle veut...C’est une Brunilde avec les sens et l’âme en feu, à présent, qui fait un pas de plus en avant, serrant un peu plus fort et plus près ces hanches tant désirées.C’est elle, dont la langue brûlante force en premier, avec douceur mais avec fermeté, le barrage des lèvres gourmandes de Mââ, qui n’y oppose absolument aucune résistance.Bien au contraire...
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