Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Histoire vraie
  • Publiée le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 99 J'aime
  • 11 Commentaires

Son Âme au Diable

Chapitre 2

Erotique
Son Âme au Diable (2)
— Oui madame la directrice, je vous remercie, j’arrive au plus vite !
Angélique est déjà levée. Elle remue son bureau nerveusement en dispersant un dossier, prend son sac, retourne une autre feuille, ouvre un tiroir puis le claque, et s’enfuit en courant vers le bureau du fond. A cette période de l’année, il n’y a plus beaucoup de touristes et l’activité de l’agence est plus calme. Philippe Dubois est en déplacement, et l’un des deux commerciaux en vacances. Il ne reste que deux bureaux occupés, dont celui d’Angélique.
— Fabien ! Il faut que je me sauve ! Louise a vomi partout à l’école et je dois aller la chercher au plus vite. Je l’emmène chez sa mamie et je reviens d’ici... ouh la la, une demi-heure au moins !
Il n’a pas le temps de lever la tête vers sa collègue, que déjà elle disparaît de l’embrasure de sa porte. Il se précipite à ses trousses.
— Attends, dis-moi juste où est le compromis de vente Lemercier, je cherche les coordonnées du notaire.
Angélique tente un dérapage, s’accroche à une poignée de porte, balbutie, repart, semble vouloir lui trouver une réponse, ou pas, et s’élance à nouveau en faisant voler son sac derrière elle.
— Je crois qu’il est resté sur mon bureau. Je reviens vite. Regarde. Je ne sais pas. Je te l’apporte tout à l’heure !
Fabien n’entend pas les derniers mots. Il ne peut pas. Elle les crie depuis sa voiture, qui déjà fait hurler le gravier.Les enfants malades, il connaît aussi. Il en a eu sa part. Mais en même temps, il se dit que c’est ce qui fait la beauté d’une famille : partager les joies et les peines, les moments cool et les emmerdes. Sa collègue est une mère dévouée pour sa petite, il approuve. Tout comme elle, il aurait bien voulu avoir une fille, mais il est père de deux garçons. C’est comme ça, il est heureux quand même. Lui aussi aime bien Louise et la trouve mignonne en photo sur le bureau de sa maman, encadrée de petites fleurs roses. Angélique semble donner beaucoup d’amour à sa fille, mais ça, comment l’expliquer, il a le sentiment d’en être un peu jaloux...
— Alors le compromis Lemercier, on a dit qu’il devait traîner par là. D’habitude, Angie range un peu mieux son bureau, à croire qu’elle l’a volontairement foutu en bordel pour pas que je m’y retrouve !
Fabien soulève une liasse de documents, puis la repose précautionneusement, regarde dans la bannette, mais n’y trouve rien de plus, et finalement dégage une chemise cartonnée. Son sésame apparaît là, en même temps que son sourire. Mais alors que ses doigts se referment sur le papier, un halo bleuté illumine le troisième paragraphe dans un tintinnabulement aquatique. Craintive, sa main n’obéit pas à ses doigts et recule instinctivement du danger. Le temps de se rassurer, elle revient à la charge et retourne courageusement la page. Le portable d’Angélique s’illumine à nouveau.Voilà pourquoi tous les dossiers étaient retournés : Angie ne retrouvait pas son Galaxy en partant. Il l’empoigne et le repose au-dessus de la bannette, suffisamment en vue pour ne pas être perdu cette fois-ci.Un encart rosé a monopolisé tout l’écran, et Fabien ne peut l’ignorer. Ce qu’il lit le laisse pantois.
[SMS, Megateub]> [9h42] Salu Séraphine, té vraiman tro bone !!!

Vu le nombre de fautes en sept mots, Fabien comprend bien vite que l’auteur du message n’a pas reçu le prix Goncourt. Et qu’il ne connaît pas non plus son interlocutrice, ou du moins qu’il ne la connaît pas par son prénom. Mais ce qui le choque surtout, c’est la crudité des propos, directs, et sans ambages. Et puis « Megateub », ça sonne presque – comment dire – carrément X !
Fabien n’a pas le droit, il le sait, de s’immiscer dans la vie privée de sa collègue, mais il ressent soudain une agression brutale à l’encontre d’Angie et ne peut tolérer ça sans lui porter un quelconque secours. Son index a percuté l’écran, vengeur, et il est prêt à livrer bataille.
Un site de rencontres s’ouvre à lui, agrémenté d’une messagerie coquine. Il connaît bien la réputation de Xlove. Quatre cent vingt-sept likes ont propulsé la propriétaire du portable au rang de XLoveQueen étoilée. Il balaie rapidement les différents onglets, et ouvre le profil de Séraphine. Une seule et unique photo remplit le cadre. Il y voit un petit ventre plat, qui émerge d’un tee-shirt rose clair ultra-court, et dont le nombril délicat se trouve à mi-distance entre le relief d’une jolie poitrine et un liseré de dentelle fuchsia. Il n’apprend rien d’elle, sinon :
— Séraphine, juste là pour voir...
Ce tee-shirt rose, il le connaît. Les quelques paillettes argentées qui le jalonnent forment plus haut un cœur. Il a déjà vu Angie le porter, et la trouvait super sexy. Mais la photo est coupée, et on ne peut en voir plus.
Fabien ferme le profil, la messagerie, et le téléphone. Il le repose délicatement sur la bannette, d’où il n’aurait jamais dû bouger. Mais il finit par le recouvrir volontairement d’un formulaire qu’il trouve par là. Il saisit le compromis de vente tant recherché et traverse le couloir, songeur.
Songeur est même un vain mot. Car il navigue désormais dans un brouillard épais, d’où émerge difficilement son bureau. Son esprit est aussi embrumé qu’après un shoot de valium. Il le sait, il a déjà essayé.
Angie est donc inscrite sur un site de rencontres coquines, mais « juste là pour voir ». Il ne se l’imaginait pas possible. Vu sa cote de popularité, elle pourrait s’enorgueillir d’avoir laissé la gare et ses traîns lui passer dessus. Mais elle est « juste là pour voir ». Elle pourrait occuper ses journées et ses nuits à butiner des messages très chauds à tous ses followers, mais elle est « juste là pour voir ». Tout cela pose plus de questions qu’il n’amène de réponses. Fabien laisse son dossier sur le bureau, repousse le fauteuil et s’étend, les deux bras en appui sur les accoudoirs.
Soyons logiques et pragmatiques : si elle s’est inscrite, c’est déjà qu’elle y cherche quelque chose. Pas de rencontres-sexe apparemment, mais alors au moins des contacts. Elle exprime le besoin d’être vue et désirée. Et tout ça sans risque. Angie est mariée, et elle tient peut-être à la fidélité... A travers ce site, elle veut sans doute juste s’encanailler un peu, fantasmer une autre vie. Elle attend de vibrer un peu plus, et il ne lui manque que l’audace.
Fabien sourit. Il sourit maintenant jusqu’aux oreilles. Car il tient là enfin son opportunité. Il se l’est juré secrètement et va pouvoir tenir son serment. Il se donne la matinée pour mettre en œuvre son plan de bataille, et après... il avance ses pions.
Quand sa collègue revient, une demi-heure plus tard, Fabien se montre prévenant et s’enquiert aussitôt de la petite malade.
— Oh, je pense que ce n’est pas grand-chose, merci de t’inquiéter pour elle ! Il faut dire qu’elle a ingurgité pas mal de bonbons hier soir devant la télé. Un peu trop même, je pense. Et comme elle n’a pas l’estomac de sa maman...
Angélique lève les yeux au ciel, dépitée par la gourmandise enfantine. Elle la récupérera ce soir après le bureau, et ne lui donnera que quelques crudités avec un yaourt. Mais surtout pas de sucreries. Fabien en est persuadé lui aussi, tout ira mieux demain. Et chacun d’eux retourne donc à ses activités.
Enfin, Fabien lui, met de côté ses dossiers de la matinée pour se consacrer à un autre projet, plus personnel. Il s’inscrit bien vite sur le fameux site de rencontres, et crée son profil. En mettre le moins possible pour susciter l’intérêt. Il lui faut se choisir un pseudo, ni vulgaire, ni racoleur, et qui là encore sache forcer la curiosité de Séraphine. Elle a choisi le nom d’un ange lumineux, il choisit lui aussi dans la mythologie. Hédoné est une divinité de la volupté, et en grec ancien, cela signifie « plaisir ». C’est un pseudo simple et qui lui convient bien. Il oublie les accents.
Il s’attelle désormais au plus délicat : le premier message, celui qui doit l’accrocher à l’hameçon. Cette tâche-là lui prend un peu plus de temps, parce qu’il veut peaufiner chaque tournure. Tout comme ses clientes, il veut avant tout mettre en confiance sa délicieuse collègue, la titiller, lui promettre ce qu’elle cherche, et la persuader de continuer leurs échanges. Il recommence donc plusieurs fois et s’oblige à trouver mieux. Quand enfin il en est satisfait, Fabien constate que sa matinée y est passée. Qu’à cela ne tienne, seul compte son résultat. Et il est soudain impatient de lancer son assaut !
Angélique est heureuse. Elle qui ne retrouvait pas son fichu téléphone quand elle est partie précipitamment tout à l’heure, l’a découvert tout simplement au-dessus de la bannette. Elle l’avait malencontreusement recouvert d’un formulaire orangé, et elle n’avait pas su le voir au travers. Tout va bien, ses petits secrets ne sont pas dévoilés. Parce qu’elle a ses petits secrets. Elle a un peu honte en même temps et n’assume pas entièrement. Elle s’est inscrite sur un site de rencontres coquines, mais bon, elle a ouvertement précisé que c’était juste pour voir. Pour voir quoi, au juste ?
Ses amies lui parlent souvent de plans cul douteux qu’elles s’autorisent via ce site de rencontres, et cela fait frémir Angélique à la seule idée d’une relation extraconjugale. Quant à elle, jamais elle ne s’autoriserait à aller jusque-là ! Elle vit avec Nicolas depuis sept ans maintenant, ils ont une petite, c’est du sérieux.
Alors c’est vrai, il n’est pas le meilleur amant qu’elle ait connu, mais elle est amoureuse, lui semble-t-il. Les ébats torrides du début font souvent place désormais à une routine facile, parfois besogneuse. Mais comment en vouloir à Nicolas ? Il travaille dur sur ses chantiers, et il a besoin de réconfort avec elle le soir.
Elle cherche juste sur ce site à s’évader un peu, à imaginer ce qu’elle pourrait vivre follement, sans le vivre non plus. Elle n’est pas sûre d’avoir fait le bon choix de site quand même. Bien qu’étant promue XLoveQueen depuis peu, elle ne reçoit toujours que des messages de lourdauds analphabètes. A défaut de changer de site, elle devrait peut-être simplement tout arrêter, et revenir à la réalité...
Il est presque midi quand une nouvelle alerte retentit. C’est au moins le vingtième message de la matinée. Elle va tous les effacer. Avant de partir faire sa pause, elle consulte tout de même le site maudit. Trois derniers mâles se sont excités sur elle. « Braquemard22 » et « Foutrecouille » attendent d’elle des prestations immédiates, si elle est open du moins. Elle les satisfait donc sans attendre, dans la corbeille.
Vu la longueur de sa prose, le dernier semble - du premier coup d’œil - avoir eu plus d’inspiration pour s’astiquer la nouille, et doit sans doute s’être déjà fait dessus. Elle s’apprête à lui offrir la même toilette que les deux précédents, et prend juste une seconde pour le lire.
Mais elle reste troublée devant le message.
[SMS, Hedone]> [11H37] Bonjour Séraphine,> Souhaites-tu mettre un peu de piment dans ta vie intime, sans pour autant prendre le moindre risque ?> Je t’offre l’opportunité de vivre une expérience unique, pleine de fantasmes et de plaisirs, sans jamais me rencontrer, sans jamais me voir, sans jamais me parler. Tu ignores qui je suis, comme j’ignore qui tu es.> Je peux t’amener à vibrer comme tu ne le sais pas encore toi-même, et te faire découvrir de toi des morceaux que tu ne connais pas. Tu restes entièrement libre de tes choix, et tu peux t’arrêter quand bon te semble.> Avec le pseudo d’un ange, Séraphine, tu caches peut-être le corps d’un démon. Alors tu n’as qu’un pas à faire, et le péché sera volupté...
Angélique ne parvient pas à décrocher son regard du petit écran de son smartphone. Elle relit le message quatre fois au moins, lentement. Quand elle range le téléphone dans son sac, elle ressent un trouble encore inconnu. L’impression de vivre un moment surnaturel. Un frissonnement qui durcit ses tétons. Angélique traverse le couloir en silence. Pourquoi sa lingerie s’est-elle soudain mouillée ?
Diffuse en direct !
Regarder son live