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De Sophie Durocher: Genèse d'un amour saphique

Chapitre 3

La fleuriste et le papillon

Erotique
Chez le tatoueur
Juin 2018. Filant le parfait bonheur, Sophie et Alicia vivent toutes deux sur un nuage. C’est au cours d’une modeste mais combien émouvante cérémonie tenue en famille qu’elles se sont promises l’une à l’autre, concrétisant le rêve de leur vie. Devant Jérôme et Jasmine les parents de la jeune rouquine ainsi que Sonia la mère d’Alicia, les tourterelles sortant à peine de leur adolescence se sont passé la bague au doigt, ont prononcé leurs paroles d’engagement et ont échangé un long baiser, soutirant chez les mères des sanglots d’émotion et faisant naître chez le père une inconfortable boule sous le menton.Tous se mettent donc dans l’attente du grand jour. Alors qu’Alicia vient de passer le cap des dix-neuf ans, la jeune étudiante en médecine arborant encore toutes les allures d’une collégienne avec ses lunettes noires et sa tenue classique se prépare à entreprendre ses stages cliniques à l’hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe.Sophie Durocher, cette jolie rouquine aux pétillants yeux noisette et dont le visage ingénu présente un petit nez légèrement retroussé ainsi que quelques taches de rousseur résiduelles, sait aussi, quant à elle, être patiente. La jeune femme qui vient tout juste de faire son entrée dans l’âge adulte a attendu son gros minet toute sa vie et a maintenant l’assurance que son cœur lui est acquis.Et question sexe, pourquoi se presser? Nos filles sont un brin traditionnalistes, pour ne pas dire quelque peu déphasées en regard des tendances contemporaines. Ou encore ne désirent-elles pas se démarquer de leur génération en faisant tranquillement monter la tension dans l’attente du jour – ou devrait-on plutôt dire de la nuit – béni?
Pas question, donc, de couchette ni même de pelotage inconvenant en attendant le jour de l’événement. Bien sûr, baisers –  langoureux, il va sans dire – demeurent permis de même que caresses entre amoureuses éperdues. Les deux promises se regarderont avec une convoitise grandissante, des regards coquins animant leurs yeux à l’occasion, faisant croître en elles un désir envoûtant qui amènera chacune de temps en temps à changer son tout petit vêtement.Sophie sait qu’elle ne perd rien pour attendre. L’expectative de se donner à cette femme dont elle a déjà fortuitement découvert les charmes à l’occasion de cette fameuse douche dans les vestiaires sportifs est devenue chez la future psychologue une source quasi quotidienne de rêves érotiques aux voluptueuses saveurs de cyprine.C’est en effet en ayant omis de prendre avec elle sa serviette que la capitaine de l’équipe de volley dans laquelle Sophie évoluait s’était accidentellement montrée dans son plus simple appareil devant cette dernière, plongeant ainsi les deux ados du temps dans une confusion qui avait alors failli mettre fin à de longues années d’amicale complicité.Dans le souci de financer ses études qu’elle complétera bientôt à l’Université du Québec à Montréal, la fille de la psycho-sexologue et du diplomate canadien se cherche un job d’été. Ayant depuis longtemps poliment décliné l’offre pécuniaire que ses parents lui avaient faite, Sophie avait d’emblée opté pour une attitude la guidant vers l’autonomie financière, pour elle une des prémices d’une saine vie de couple.Tout en gardant à l’esprit sa quête d’un emploi estival, la jolie rouquine aux cheveux mi-longs tient d’abord à réaliser un projet qu’elle chérit depuis un certain temps. Progressant nonchalamment dans les rues passantes du Centre-ville maskoutain, elle est à la recherche de la boutique qui l’aidera à parvenir à ses fins. L’ayant finalement dénichée, elle entre enfin.Elle est accueillie par un gaillard d’une trentaine d’années se tenant droit derrière son comptoir. À voir l’homme portant une camisole vert kaki révélant des bras musclés et fortement tatoués, la jeune femme s’immobilise un instant, une expression de surprise la trahissant. Silencieux mais sans doute amusé par la réaction de la jeune fille, le costaud sourit à pleines dents. Sophie se ressaisit rapidement : après tout, n’est-ce pas l’endroit du moment?
— Bonjour! Je peux vous aider? la salue l’homme.— Euh oui, bonjour, répond la fille à mi-voix. Je viens pour… un tatouage.— Eh bien, vous êtes à la bonne place, Mademoiselle. C’est pour vous?
Sophie hésite. Elle avale avec un brin d’inconfort.
— Je… Oui, c’est pour moi. C’est pour faire plaisir à ma copine, une surprise en fait, confie-t-elle en examinant distraitement les multiples affiches ornant les murs et proposant des motifs ordinaires pour les uns, pour les autres hors du commun.— Prenez le temps de regarder, Mam’zelle, l’invite alors le commerçant. J’ai quelques catalogues également, vous pourrez vous faire une idée avec le temps.— En fait, ce serait pour un petit papillon. Vous avez des images?— Oh, mademoiselle est très sage!— Mon amie adore les papillons, affirme candidement la fille. Ses petites culottes en sont toujours ornées et elle aime ceux qui brillent.
D’un geste pourtant délicat, le colosse qui a déjà tout vu remet un épais cahier à l’ingénue.
— Tenez, regardez là-dedans. C’en est plein.
Il dévisage sa cliente potentielle.
— À vous voir, j’aurais p’t-être celui-là à vous proposer.
Ce disant, il tourne devant Sophie quelques pages du lourd ouvrage et pointe du doigt un motif apparaissant tout en bas d’une collection.
— Oh, celui-là, il est super! affirme Sophie en souriant à son conseiller. Quel prix vous me demanderiez?— Bien, ça dépend où vous le voudriez…
Sophie rougit. Ce qu’elle s’apprête à dire et même à faire l’indispose légèrement. Mais elle pense à son gros minet d’Alicia. Elle voit déjà celle-ci admirant la surprise qu’elle lui fera.
— Ce serait… sur ma fesse. Au milieu de ma… fesse droite.— À l’intersection des quadrants?— Les quadrants? interroge timidement la rouquine.— Une fesse se divise en quatre quadrants : deux supérieurs et deux inférieurs, internes et externes. Donc vous, ce que vous voulez, c’est en plein au milieu?— Euh oui, je crois bien. Ce serait combien pour celui-là? reprend-elle en désignant le modèle.
Le tatoueur regarde sa cliente qui semble de plus en plus hésitante. Un papillon pour plaire à sa copine? se dit-il. Il s’imagine déjà voir la jeune femme grimacer sous les vives morsures que son instrument infligera dans la région secrète et délicate de son anatomie. Souffrir par amour pour sa petite amie, quelle noble cause, se dit-il entre autres choses.
— Je dois d’abord voir la région où j’effectuerai l’opération, commence-t-il par dire.
Une bouffée de chaleur envahit Sophie. Elle tourne son dos vers le professionnel, s’assurant de faire face à la porte tout en vérifiant qu’aucun autre client ne fasse son entrée dans la boutique. D’une main elle saisit le haut de son short de denim rose qu’elle a d’abord pris soin de déboutonner à l’avant.
Merde! se dit-elle. Pourquoi n’ai-je pas pensé à enfiler un J-string en me levant?
D’un geste décidé elle abaisse son vêtement de même que sa petite culotte de coton bleue, exposant de façon gênante une paire de fesses blanches à la vue de l’homme qui semble heureux.
— Hum, fait le gaillard en tâtant des doigts l’épiderme chaud et délicat qui s’offre à lui. Un deux pouces par deux, je vous le ferais pour cinquante dollars, pas de bill ni de taxes, et un beau sourire de votre part. Votre cause m’est sympathique et les clients plutôt rares.
Sophie qui malgré elle a connu un frisson pendant l’examen remonte vite ses culottes. Le marché proposé, néanmoins, la réjouit de la sorte.
— Vrai, vous me le feriez à ce prix? demande-t-elle alors qu’elle a retrouvé son sourire.— Tout à fait, répond l’autre en souriant à son tour. Et j’imagine déjà la surprise de votre amie!
Il s’approche de son oreille et lui chuchote :
— J’aime être de connivence avec mes clientes. Ce sera donc pour moi un plaisir!
Elle regarde de nouveau le modèle illustré : un mignon petit papillon rouge et vert aux ailes déployées, semblant prêt à prendre sa liberté.
— Si vous voulez, je peux vous le faire immédiatement. C’est libre à vous, complète l’artiste en terminant.— Alors allons-y! décide sans attendre davantage Sophie, comme si elle craignait d’éventuellement renoncer à son idée.
C’est dans la petite pièce voisine que la rouquine s’est installée. Ne gardant que son chandail débardeur, elle s’est allongée sur la table coussinée, s’étant recouvert les fesses d’une serviette de ratine.Le professionnel finit de s’installer. Ses instruments sont prêts. Assis sur son tabouret, il découvre lentement et respectueusement l’intimité de sa cliente. Oh bien sûr, il en a vu d’autres! Mais ce vierge petit cul semble si ingénu, si délicat, que le musclé exécutant s’est dit bien déterminé à y aller avec toute la douceur requise pour cette heure.Sophie transpire déjà dans son petit débardeur qu’elle porte encore et qui la couvre jusqu’à la taille. Cul nu, elle agrippe de toutes ses forces l’oreiller qu’elle tient en tenailles. Son ourson en peluche bien calé sur son flanc, elle s’est mise en attente des prochains événements. Elle tente de se concentrer sur la musique douce qui se met à jouer. C’est en toute impunité que des doigts chauds et velus jouent maintenant sur son intimité. Certains se sont même infiltrés innocemment à l’orée d’un œillet pas banal exhalant malgré la fille de suaves vapeurs périnéales. Mais en parfait gentleman, notre bonhomme fera abstraction de ces émissions de phéromones, pourtant si attirantes en d’autres circonstances pour un homme.En sentant le croquis prendre forme sur sa fesse, Sophie ferme les yeux et imagine Alicia en train d’admirer cette petite bestiole qu’elle vient de découvrir sur son épiderme soyeux. Émerveillée, son amoureuse caresse de ses doigts fins cette petite œuvre d’art qu’elle couvre ensuite de ses chauds baisers avant de laisser une douce langue commencer à la lécher.La rouquine la sent ensuite en train de l’explorer pour la première fois dans son intimité virginale. Les sensations ne sont pas désagréables. Des doigts assurés courent sur sa peau, la frottent doucement, lui prodiguent ce qui semble être de fines caresses. Elle croit même sentir un souffle s’infiltrer entre ses ballons abandonnés aux manœuvres de l’homme.
Son fantasme lesbien semble parti à la dérive. Alicia parcourt des doigts ses trésors féminins, chatouille sous elle ses lèvres écarlates et juteuses de cyprine jusqu’à aller s’infiltrer dans sa grotte d’amour. Se donnant entièrement à son amour, Sophie se laisse titiller l’anus qu’elle espère bientôt sentir visité par une langue chaude et frétillante.Des paroles l’arrachent soudain à ses rêveries.
— Prête, Mademoiselle? C’est parti!
Puis les bruyantes vibrations sonores d’un instrument électrique se font entendre. C’est le début des souffrances. Alors qu’elle sent son fessier solidement pincé par deux doigts masculins, un essaim de guêpes en furie s’attaque à son popotin.Le visage déformé par la douleur, Sophie sent son corps se raidir. Tétanisée par la souffrance, elle a ouvert la bouche, mais les sons demeurent coincés dans sa gorge.
— Ça va, Mam’zelle? Ça surprend un peu, hein, surtout la première fois! veut la rassurer l’artiste-tatoueur.— Oui, je… (grognement sourd) Ça va, je m’y fais tranquillement, répond la jeune qui sait qu’elle ment.
Mais non, on ne s’y fait pas à cette torture. Chaque petit point imprimé amène à son tour un nouveau lot de douleurs et d’inconfort. Sophie s’est à présent réfugiée dans son oreiller qu’elle presse de toutes ses forces à deux mains contre sa tête. Regrettera-t-elle sa décision? Il est trop tard de toute façon; le travail est amorcé, il faut le terminer. Sophie pense à celle qu’elle aime par-dessus tout. Alicia, sa bien-aimée, l’amour de sa vie. Son gros minet dont elle a tellement envie. L’imaginer découvrir ce nouveau petit trésor enfoui dans son intimité d’amoureuse la réjouit d’avance et constitue en soi un baume de soulagement immédiat.Souffrir pour l’être qu’on aime : sublime signe d’amour. Témoignage d’une abnégation totale à l’égard de l’élue de son cœur. L’amour se manifeste souvent dans la souffrance. Une mère ne souffre-t-elle pas par amour pour l’enfant qu’elle met au monde? Et qu’en est-il d’un homme sacrifiant son rein en don pour son jumeau autrement condamné par la maladie?La tête toujours dans le coussin qui éponge ses larmes silencieuses, Sophie se retrouve soudainement plus heureuse. Une fierté vient l’envelopper alors qu’on lui annonce que la séance est terminée.Maintenant sans aucune pudeur, elle se précipite hors de la table et admire au miroir mural le travail fini. Un délicat lépidoptère orne à présent le milieu de sa fesse droite. Le papillon s’est délicatement posé sur une surface douce, vierge et ingénue, prête à faire les délices de son élue. Et il est assez bien positionné pour, par certains modèles de bikini, être occulté.
— C’est parfait! annonce-t-elle en caressant du doigt l’œuvre terminée.— Oui, je dois dire qu’il vous va bien, acquiesce le costaud tatoueur dont la stature contraste avec la délicatesse dont il vient de faire montre à l’égard de sa jeune cliente. Je vous conseille en terminant une crème à base de cortisone, pour quelques jours, à appliquer matin et soir. Et des Tylenol si les douleurs persistent.
S’étant rhabillée, Ouf, c’est sensible! Sophie paie le commerçant et prend le chemin du retour. Ancré dans son intimité, son secret la suivra jusqu’au soir de ses noces, se dit-elle.Ce sera toutefois sans compter sur la séance d’initiation sexuelle à laquelle la soumettra sa mère Jasmine quelques jours juste avant! (Nda : lire L’Envol des tourterelles)Mais une mère, on le sait bien, demeure toujours une parfaite confidente. Et prête à garder un secret, surtout en cette période d’attente!
Donnez-moi des roses...
Sophie s’est trouvé un emploi d’été à la boutique florale Au Jardin d’Eden du boulevard Laframboise, non loin de l’hôpital où Alicia effectuera bientôt son internat. Elle se plaît dans son nouveau travail de fleuriste qui lui permet d’exprimer son art et sa poésie. Elle a vite appris à composer des arrangements floraux simples mais ce qu’elle aime le plus, c’est assembler de jolis bouquets en causant tranquillement avec ses clients. C’est ainsi que la future consultante devient en quelque sorte la confidente de ceux et celles qu’elle rencontre au fil des jours.
Aujourd’hui, en ce beau samedi de juillet, la journée s’annonce radieuse. Satisfaite de son employée, la propriétaire de la boutique a confié pour la journée à Sophie les rênes de son commerce. Cet après-midi, alors que l’achalandage se fait plus calme, la jeune fiancée en profite pour passer un coup de balai près des présentoirs à l’intérieur.
Elle aperçoit à travers la large vitrine un jeune homme passer et repasser devant elle comme elle s’affaire sur le plancher. Affable, elle lui retourne son sourire.La rouquine est retournée derrière son comptoir. Un peu à sa surprise, le jeune homme aperçu à l’extérieur s’est finalement introduit dans le commerce et se dirige à pas hésitants vers la fleuriste. De belle apparence, il porte un élégant veston aux teintes claires et arbore fièrement un nœud papillon.Vingt ans, le cœur gonflé d’espoir et d’illusions, il vient pour acheter quelques roses en boutons.
— Bonjour Mademoiselle, dit-il d’une voix timide. Belle journée, n’est-ce pas?— Oui, tout à fait, répond Sophie avec un sourire non feint. J’aimerais pouvoir en profiter moi aussi. Les affaires sont vraiment tranquilles aujourd’hui.
L’homme regarde la fleuriste. Elle est vraiment jolie, perdue dans son printemps. Il n’est pas sûr de lui quand il dit gentiment:
— Donnez-moi des roses, Mademoiselle. Car j’ai rendez-vous, c’est très important.
Sans faire attendre davantage le charmant client, Sophie ouvre la porte de l’armoire réfrigérée et saisit quelques fleurs placées en avant.
— Choisissez-les-moi parmi les plus belles, précise encore le jeune homme en regardant travailler la jolie rouquine.
De retour au comptoir, Sophie achève la composition du bouquet constitué de magnifiques roses rouges et blanches en y joignant des larmes de bébé et en l’enrubannant délicatement de soie.
— Ça ira comme ça? s’enquiert-elle auprès du client.— Oh c’est parfait! approuve l’homme. De belles roses. Elle les aime tant!
Semblant heureux et satisfait, il quitte la boutique, laissant de nouveau la fleuriste seule dans son commerce.
— Quel charmant jeune homme, se dit-elle. Poli, avenant, mais un peu timide, cependant.
Les journées passent, puis les semaines au cours desquelles un rituel semble s’être installé à la boutique florale.Le client, en effet, se présente d’abord tous les samedis, puis de plus en plus souvent tous les après-midi. Au fil des jours, l’homme s’est ouvert à la confidence, heureux d’avoir devant lui une oreille attentive. Sophie, quant à elle, écoute silencieusement son client en souriant tout en préparant le bouquet de roses qu’il lui demande de préparer à chacune de ses visites:
— Donnez-moi des roses, Mademoiselle, car j’ai rendez-vous. C’est très important. Prenez bien soin de les choisir parmi les plus belles. Elle les aime tant!
La fleuriste qui connaît maintenant tous ses secrets voit chaque fois le jeune homme quitter sa boutique un large sourire accroché au visage, portant à la main son précieux paquet.
Mais vers qui donc va le bouquet? s’interroge toujours la belle rouquine.
Le mois d’août a succédé à celui de juillet, avec son humidité persistante le jour mais également ses soirées et ses nuits plus en fraîcheur. Ce vendredi, Sophie est prise d’une certaine fébrilité: c’est son dernier jour de travail, à la veille d’un événement important pour elle.Selon son habitude, son très fidèle client se présente à quatorze heures pile.
— Bonjour Mademoiselle. Quelle chaleur encore aujourd’hui!— Oui, c’est vrai, approuve Sophie. Heureusement qu’on a la clim sinon on suffoquerait!
C’est sans tarder qu’elle prépare son éternel bouquet.
— Vous savez, je m’en vais, dit-elle alors gentiment à l’homme alors qu’elle s’affaire soigneusement.— Ah vraiment? fait le client dont le sourire s’estompe légèrement.— Oui, confirme la fleuriste. Je me marie demain. Vous ne me verrez plus.
Elle ouvre l’armoire réfrigérée et saisit quelques fleurs supplémentaires.
— Mais je vous aime bien, voici dix roses de plus.
Un silence s’est installé dans la boutique. L’homme regarde le bouquet posé sur le comptoir, puis lève les yeux vers Sophie.
— Je ne veux plus de roses, Mademoiselle, laisse-t-il tomber.— Vous... n’en voulez plus? fait la fleuriste interloquée.— Je n’en ai plus besoin car, voyez-vous, mes rendez-vous n’existaient jamais.
Toujours sur le coup de l’étonnement, Sophie ne parle plus, ne sachant que dire ni même que penser.
— C’était pour vous voir, avoue finalement le jeune client. Vous êtes si belle! ajoute-t-il en soupirant.
Laissant le paquet sur la table, il dépose à côté le montant correspondant au prix de la commande.
— Gardez vos bouquets, c’est vous que j’aimais.
Il rassemble tout son courage et regarde tristement la fille dans les yeux.
— C’est vous que j’aimais, répète-t-il.
Il se dirige enfin vers la sortie, ouvre la porte et, une toute dernière fois:
— C’est vous que j’aimais.
Sophie se retrouve de nouveau seule dans sa boutique, enveloppée d’un troublant silence. Elle soupire à son tour.
— C’est moi qu’il aimait, se dit-elle finalement tout bas avant de se perdre dans ses pensées.
(Nda: Cette seconde partie du chapitre est inspirée de la célèbre chanson-phare de Fernand Gignac Donnez-moi des roses popularisée par le chanteur québécois dans les années ’60. Paroles et musique de Jean-Pierre Mottier (1958).Vous êtes invités à en écouter l’interprétation sur YouTube et à revivre l’histoire que vous venez de lire, ainsi qu’à relire L’Envol des tourterelles qui raconte les débuts de la vie de couple de nos amoureuses.)
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