Neo Daïkotaï - 2473 A.DDans les rues sombres des bas-quartiers de la ville, toutes sortes de dangers se terrent à la nuit tombée. Tandis qu’elle rentrait chez elle, une jeune femme empruntait ces trottoirs sales et mal famés sans s’imaginer ce qui rôdait et l’observait. En s’engouffrant dans une ruelle, une main sortit de l’obscurité pour la bâillonner et l’emmener dans un bâtiment délabré. Elle tenta tant bien que mal de se débattre mais l’homme qui la tenait était trop fort, autant que l’odeur âcre de sueur qui émanait de son corps.« Ho ho ho, vise un peu c’qu’on a chopé c’soir ! »La voix grave et enjouée résonnait dans la grande pièce vide. Son propriétaire émergea de nulle part pour détailler la pauvre femme qui tremblait de peur, c’était un type costaud à la longue chevelure grasse et aux traits grossiers. Son visage crasseux s’approcha de celui de la jeune victime qui grimaça de dégoût devant l’expression lubrique de son agresseur qui se léchait les lèvres d’avance du forfait qu’il s’apprêtait à commettre. Lorsque l’autre type retira sa paluche de la bouche de la mignonne, celle-ci cria « arrêtez s’il vous plait ! » mais cela fit éclater d’un rire braillard les deux crapules. « Tu peux crier si tu veux mais personne viendra pour toi. » Dit l’armoire à glace qui commençait à glisser ses mains sous la robe en ricanant. L’autre, lui, reniflait bruyamment la nuque en palpant la poitrine ferme du corps qu’il serrait toujours pour l’empêcher de fuir. Le malabar ouvrit sa braguette et sortit une verge épaisse et dure qu’il exhiba fièrement. « Regarde dans quel état tu m’as mis, tu vas bien t’occuper d’moi hein ? » lança-t-il en attrapant l’une des mains graciles de la demoiselle qui les suppliait toujours.« Halte ! Relâchez cette femme ! »L’écho d’une voix retentit, les trois personnes présentes cherchaient du regard sa provenance. « Qui est là ? Cria l’un des bandits.— Relâchez-là tout de suite sales pervers ! Répondit l’écho.— Ou sinon quoi hein ?— Sinon… »Une silhouette tomba littéralement du ciel, une silhouette féminine, vêtue d’une jupe rose courte, d’un body et de cuissardes blanches, gantée de fuchsia et arborant un masque de plumes bleues surmonté de mèches saphir échappant d’un chignon retenu par deux baguettes de bambous. L’intruse pointa du doigts les deux types en terminant : « … vous aurez affaire à moi ! »Pour des raisons de budget et aussi un peu parce qu’on ne peut pas intégrer des sons aux textes, aucun générique ne sera inclus dans cette histoire. Nous vous invitons donc à en imaginer un sur fond de n’importe quelle chanson de Bernard Minet. Merci de votre compréhension.
Les deux comparses rirent à gorge déployées. « Ha ha ha ! C’te gamine croit qu’elle va nous faire peur. T’en fais pas beauté, t’y auras droit aussi après.— Tsk. Fit-elle en grignant. Les porcs dans votre genre doivent apprendre la politesse. Au nom du printemps je vais vous maraver ! »Tout en écartant les bras, la justicière cria : « Shunbun, Hanami, venez à moi ! » et comme par magie, dans un éclat de lumière scintillante apparurent deux glocks 17 immaculés roulant entre ses doigts fins avant de les braquer sur les deux hommes incrédules. Avant qu’ils n’aient eu le temps de réagir, la jeune femme annonça « Spriiing seeds » et pressa les deux détentes, provoquant l’effondrement des deux racailles, terrassées par des projectiles non mortels.Après avoir fait disparaître ses armes tout aussi magiquement qu’elles s’étaient manifestées, la femme masquée alla s’enquérir de la victime, soulagée, qui ne manqua pas d’exprimer sa gratitude et son admiration. « Merci merci merci ! Vous avez été extraordinaire, sans vous qui sait ce que ces brutes m’auraient fait. Dit-elle précipitamment. Mais c’est la première fois que je vous vois, qui êtes-vous ? ». Tout en prenant la pose, son pouce et son index tendus sous son menton, la sauveuse déclara : « Je suis Swallow kamen, la guerrière du printemps ! ».Malgré un soleil radieux, il faisait encore un peu frais en cette matinée d’avril. Un groupe d’étudiantes à l’université de Kôtôgakkô habillées de leurs uniformes, jupes, chemisiers blancs sous un blazer bleu nuit, bas noirs et souliers impeccablement cirés, marchaient vers le campus en discutant : « Vous avez vu les nouvelles ? Il paraît qu’il y a une héroïne en ville qui traque les criminels la nuit, elle a l’air super cool !— Tu crois à ces histoires toi ? répondit une de ses camarades.— Ben quoi ? Plein de gens l’ont vu et tous racontent la même chose, une femme masquée qui lutte contre le crime et qui se fait appeler « Swallow kamen »— D’après mon père qui travaille au commissariat du quartier de Chûsankô, intervint une troisième, les apparitions de cette soi-disant héroïne sont trop éloignées les unes des autres pour qu’une seule personne en soit responsable, il aurait fallu qu’elle vole pour pouvoir intervenir partout aux moments où elle a été signalée.— Justement, reprit la première, si elle a des superpouvoirs comme celui de faire apparaître des armes magiques, elle doit forcément pouvoir se déplacer plus vite que le son.— Pas sans qu’on l’entendre briser le mur du son andouille et ça, tout le monde en ville l’aurait remarqué, ricana la fille du policier. »Cette dernière réponse avait un peu vexé l’admiratrice de Swallow Kamen qui tira la langue à ses amies taquines. Puis elle se tourna vers sa dernière camarade qui n’avait pas encore parlé. « Et toi, tu y crois Sakura ?— Euh… je ne sais pas trop, répondit-elle, prise au dépourvu. Les gens ont l’air de beaucoup parler d’elle mais on ne sait pas trop qui elle est ou ce qu’elle peut faire. »Cela mina encore plus la jeune femme sans pour autant saper son enthousiasme. Soucieuse d’avoir le dernier mot elle affirma : « Vous allez voir, je suis certaine qu’on la reverra bientôt et là, vous réaliserez qu’elle existe vraiment ! »Dans l’une des classes de l’établissement, un groupe d’élèves assistait à un cours peu passionnant. Parmi les rares étudiants intéressés se trouvait un jeune homme appelé Akira Sato, il buvait religieusement les paroles du professeur et ne détournait le regard du tableau que pour le braquer sur le livre en face de lui et prendre des notes. Il fallut que la condisciple derrière lui s’y reprenne à plusieurs fois pour le tirer de sa concentration. Agacé d’être dérangé, il demanda pourquoi on l’appelait et tout ce qu’il reçut fut un morceau de papier plié avec écrit : « Rejoins-moi à l’infirmerie pendant la pause de midi. Sakura. »À suivre…Dans le prochain épisode de Swallow Kamen : une relation particulière, Sakura Tsubame et Akira Sato.