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La tentation était trop forte

Chapitre 1

Hétéro
  Je fais tourner un peu négligemment la paille jaune vif dans mon Gin Tonic, comme s’il avait besoin d’être mélangé. En vérité, ce geste simple et répétitif est d’abord ma meilleure arme contre l’ennui. Pourquoi suis-je ici déjà ? Je peine à m’en souvenir.  Ou plutôt si : je suis ici pour vaincre l’ennui, justement. Quel succès !  Ma meilleure amie, Sylvie, a eu l’idée fantastique de me traîner dans un bar pour me changer les idées. Sauf qu’elle me délaisse totalement pour aller papillonner à droite et à gauche, tandis que je noie mon chagrin dans un troisième verre de Gin Tonic, bientôt vide d’ailleurs.   Bien sûr, c’est facile pour elle qui est coutumière du fait. Elle est célibataire, sans enfants, et son occupation favorite du week-end est d’arpenter les bars à la recherche de l’homme de sa v… d’un soir. Or le bar dans lequel nous sommes depuis plus d’une heure maintenant regorge de sa cible favorite, ce qu’elle appelle ses biscuits apéritifs : les étudiants.  A quarante ans bien tassés, d’aucuns diraient que ce n’est guère raisonnable, mais Sylvie est une belle femme et après tout il n’y a là rien de réellement choquant, tout se déroulant entre adultes consentants.
  La vraie question serait plutôt : que viens-je faire, moi, dans cette galère ? Difficile à dire.  Pour me présenter rapidement : je m’appelle Catherine – alias Cat’ – et je suis une femme de la quarantaine tout ce qu’il y a de plus banale. Ma vie ne se déroule pas mal, j’ai un boulot qui, à défaut d’être passionnant, n’est pas non plus très désagréable ; j’ai des amis suffisamment nombreux pour mon bonheur et suffisamment rares pour rester de vrais amis, non des connaissances.  Mon couple ne va pas très bien, c’est vrai. Thierry, mon mari, me délaisse à peu près complètement, uniquement absorbé par son stupide travail. Heureusement Victoire, notre fille unique, est studieuse et visiblement épanouie, puisqu’elle compte nous présenter demain son petit ami. Pourtant, cette perspective même me déprime : belle-mère, déjà !  Bon en même temps, inutile de s’emballer : Victoire n’a que 16 ans, les probabilités que son copain soit l’homme de sa vie sont plus que minces. Mais tout de même…  Mes pensées déprimantes sont chassées d’un seul coup par l’arrivée soudaine de Sylvie, accompagnée de deux jeunes hommes. Je les évalue rapidement du regard, ils doivent avoir dans les 20 ans, à peine peut-être.
— Bon ma Cat’, arrête un peu de te morfondre ! me gronde-t-elle en s’asseyant à côté de moi. Regarde autour de toi, c’est la fête. Amuse-toi !
  Je suis un peu gênée de cette remontrance maternaliste devant deux inconnus, même s’ils pourraient être mes enfants. Ou peut-être justement à cause de ça.
— Je vais aller faire un tour avec Pedro, reprend-elle avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit. Je me suis dit que tu pourrais faire connaissance avec son copain, ça te distrairait !— Je m’appelle Diego, Madame, corrige timidement l’étudiant qui la dévore des yeux.
  Qui dévore son décolleté des yeux en fait.
— Peu importe ! clame-t-elle négligemment en se levant. On y va ?
  Avant que je ne puisse organiser suffisamment mes pensées pour lui répondre, elle a déjà tourné les talons et s’éloigne d’un pas vif. Je reste donc bêtement assise à ma table, avec le petit jeune qui fait tout aussi bêtement le pied de grue devant.
— Je… je peux m’asseoir Madame ? demande-t-il, visiblement pas très à l’aise.— Appelle-moi Cat’, et va donc nous chercher deux verres.
  Je lui ai répondu dans un soupir et en lui tendant un billet de dix euros, résignée à échanger quelques mots pour essayer de me retirer le plus vite possible, mais en restant polie. Tandis qu’il acquiesce et se dirige vers le bar, je réalise que mes joues commencent à me chauffer, signe que l’alcool fait sans doute effet. Tant mieux : au moins je pourrais décrocher plus de deux mots dans la soirée !  Lorsqu’il revient avec les verres, il pose le mien devant moi en me regardant à peine. Il semble plus gêné encore que moi, si c’est possible, et je me demande s’il a réellement souhaité cette situation ou s’il se retrouve coincé lui aussi sans l’avoir désiré.  J’ai une pensée fugace pour mon mari et pour ma fille, et je prends le temps de me demander ce qu’ils penseraient de moi s’ils me voyaient en cet instant. Je ne fais rien de mal, bien sûr, mais la scène a de quoi étonner : je partage un verre avec un étudiant de vingt ans de moins que moi, comme une sorte de rancard arrangé que je détestais déjà quand j’avais son âge !  Heureusement, sa timidité me rassure, elle me fait un peu sortir de ce schéma glauque dans lequel je serais une Cougar en rendez-vous avec son amant d’un soir. Là, nous ne faisons après tout que passer le temps parce que nos amis nous ont abandonnés !
— Alors, comment t’appelles-tu ?
  Je me suis décidée à l’interroger un peu parce que le pauvre petit ne quittait pas son verre des yeux, comme s’il allait lui donner du courage.
— Guillaume, Madame.— Cat’. Tu es étudiant ?— Pardon Cat’. Oui, en sociologie. Première année.
  Il trempe ses lèvres dans son verre de temps à autres pour se donner du courage, et je constate malgré moi que je fais de même. A ce rythme-là, nous ne tarderons pas à devoir nous en chercher un autre.
— Et tu as une petite copine Guillaume ?
  Je me flagelle intérieurement pour cette question indiscrète qui m’a échappée, mais de toute façon le mal est fait. Je vais passer pour une allumeuse maintenant !
— Oui, me répond-il néanmoins, ce qui me surprend.
  Je pensais vraiment que non, ce qui expliquerait qu’il écume les bars avec ses potes pour aborder des femmes. Mais après tout ce n’est peut-être absolument pas ce qu’il fait, je me suis sans doute simplement fait des idées. Je choisi tout de même de le taquiner un peu :
— Et tu va quand même discuter le soir dans des bars avec des femmes plus âgées que toi ?
  Je lui dis cela sans aucun jugement, mais au contraire avec un air canaille qui pourrait signifier : « je sais ce que c’est mais rassure-toi, ce sera notre petit secret… ».
— Oui, ma copine ne veut pas qu’on…
  Il s’arrête soudainement, puis il baisse les yeux sur son verre en rougissant jusqu’aux oreilles. Il a manifestement répondu sans réfléchir, l’alcool aidant, laissant entendre qu’il vient parler aux femmes plus âgées parce que sa copine ne veut pas coucher. Donc qu’il veut coucher. Si besoin avec une femme plus âgée. Avec moi par exemple ?  Je ne pense pas qu’il voulait lancer de sous-entendu, vu sa réaction, mais le message est pourtant clair : s’il me parle, c’est parce qu’il espère coucher avec moi. Devenir un homme, enfin.  Il se concentre de nouveau sur le contenu de son verre, qu’il vide d’une traite. Gênée moi aussi, je sirote le mien plus doucement, mais le résultat ne tarde pas à être identique. Pour nous donner un peu d’air et faire redescendre l’ambiance qui a pris un mauvais tournant, je lui tends un nouveau billet.
— Tu n’irais pas nous chercher la même chose ?
  Il se lève de sa chaise avec hâte et part presque en courant, toujours rouge comme une pivoine. Je suis consciente que la situation est ambigüe, gênante même – d’autant plus que je n’ai bien entendu pas du tout l’intention d’accéder à son désir si naïvement formulé – mais pourtant elle m’amuse.  L’alcool aide, sans doute, mais je commence enfin à réellement m’amuser. Je me dis que continuer à ce jeu avec lui pourrait être divertissant, et après tout ce sera pour lui une expérience.  Et il n’est pas mal en plus.  Je chasse cette idée aussi vite qu’elle est venue, ce n’est bien entendu pas le sujet. Je suis ici pour me changer les idées, pour oublier ma vie de famille et mes problèmes du quotidien, pas pour flirter avec un jeune homme !  "Mais alors qu’est-ce que tu fais, Cat’ ?" me questionne ma petite voix intérieure.
— Voilà votre verre, Mad… euh Cat’, me lance Guillaume en revenant à ce moment-là.
  Le pauvre jeune homme semble avoir un peu reprit contenance. Il s’assied en face de moi, me regardant pour la première fois réellement dans les yeux.  D’ailleurs les siens sont bleus et fort beaux… Je m’y perds quelques instants, puis je le détaille un peu plus. C’est un jeune homme tout à fait séduisant, dans son genre. Le genre qui m’aurait beaucoup plu, à vingt ans.
— Cat’ ?
  Je l’observe, un peu ahurie. Je me concentre pour chasser les effets de l’alcool qui me font divaguer, mais pour ça il faudrait déjà que j’arrête de boire. Je me promets de le faire en trempant une nouvelle fois mes lèvres dans mon verre.
— Oui, excuse-moi j’étais un peu… perdue. Tu m’as dit quelque chose ?
  Il sourit, conscient apparemment que je commence à être un peu saoule. Heureusement, je ne voudrais pas qu’il pense qu’il m’ennuie.
— Je vous demandais s’il y avait un homme dans votre vie ?— Euh… oui. Mais en ce moment on ne se comprend plus trop je crois.— C’est pour ça que vous venez le soir dans les bars, discuter avec des hommes plus jeunes que vous ?
  Je souris à son trait d’esprit. Il a habilement retourné ma question de tout à l’heure, me plaçant en position défensive. Bien sûr, ce serait le moment de couper court au jeu, ou en tout cas de le recadrer un peu, mais ce jeu me plaît. Et après tout c’est plaisant d’être désirée, j’avais presque oublié ce que ça faisait…
— C’est que…
  Je me penche un peu vers lui, comme une conspiratrice.
— … mon mari ne me touche plus beaucoup, si tu vois ce que je veux dire.
  La petite voix de la raison - qui résonne de plus en plus faiblement dans ma tête – me hurle de m’arrêter, mais je n’ai aucun mal à la chasser. Qu’y a-t-il de mal à s’amuser ? Je pourrais toujours arrêter le jeu plus tard, pour le moment j’ai envie de jouer.  Guillaume rougit de nouveau, mais il ne baisse cette fois pas le regard. Ses jolis yeux bleus restent plongés dans les miens et je prends alors seulement conscience que je suis allée trop loin. Comment pourrais-je stopper la machine maintenant ?  Pour ne rien arranger, j’ai l’impression que tout le monde dans le bar nous observe en me jugeant, moi qui flirte avec un petit jeune qui pourrait être mon fils. C’est faux, bien sûr, personne ne sait ce que nous nous disons et surtout tout le monde s’en fiche, mais cela ne me met pas moins mal à l’aise.
— Vous voulez qu’on aille ailleurs ? me demande alors Guillaume.— Avec plaisir !
  Un vaste sourire se dessine sur son visage, et je prends conscience une seconde trop tard, là encore, que je viens de faire une nouvelle bourde monumentale. Aller ailleurs correspondait à mon désir du moment, moi qui me sentais mal à l’aise dans ce bar, mais ça n’a évidemment pas du tout la même signification pour lui !  Je n’ai pourtant pas le temps de réfléchir ou de réagir, il s’est déjà levé et il enfile sa veste prestement.
— J’habite juste à côté d’ici, m’assure-t-il. Si vous voulez on peut aller boire un dernier verre chez moi ?
  « Aller boire un dernier verre », l’expression est transparente. Sans doute pense-t-il que son poisson est suffisamment ferré pour être remonté à la surface sans résistance. Et, à vrai dire, peu de choses dans mes mots ou dans mes actes sont allées à l’encontre de cette pensée.  Dois-je le contredire tout de suite ? En fait je serais bien restée un peu, j’aurais bien aimé continuer le jeu plus longtemps. J’aurais voulu poursuivre nos allusions, nos regards, presque jusqu’au point de rupture, puis stopper juste avant que les choses ne deviennent trop concrètes.  Mais finalement, est-ce encore impossible ? Si je vais chez lui, ça ne m’engage après tout toujours à rien ! Je peux toujours boire ce satané dernier verre, échanger encore quelques subtiles piques, et puis tourner les talons comme une garce. Oui, cette idée me plait bien !  Je réalise – petit éclair de lucidité bien vite englouti par l’éthylisme – que je ne penserais jamais ce genre de choses si je n’avais pas bu. C’est l’alcool qui parle, ou en l’occurrence qui pense, pas moi.  Je ne me saisis pas moins de ma veste, que j’enfile à mon tour, puis je sors du bar à sa suite, remettant lâchement à plus tard la confession que tout ceci n’a été qu’un jeu pour moi. Je saurais bien m’arrêter quand il sera temps !
  La marche jusqu’à chez lui ne dure guère. Effectivement, c’était tout à côté. Il ouvre la lourde porte en bois qui permet d’accéder aux communs, puis il me guide à l’intérieur jusqu’à une porte beaucoup plus petite au deuxième étage. Chez lui, donc.  Il retire sa veste, qu’il accroche à un petit porte-manteau dans l’entrée, puis il s’empare galamment de la mienne lorsque je l’ai retirée à mon tour. Il prend alors ma main dans la sienne et il m’observe un court instant, les yeux pétillants.
— Vous êtes très belle, Cat’.
  Je rougis jusqu’aux oreilles, puis je bafouille un vague « merci ». C’est bête, sans doute, mais le compliment me flatte vraiment. Sa douceur, le ton de sa voix, sa gêne même, tout concours à me séduire.  Je sais pourtant que je ne devrais pas, et une nouvelle vague de pensées m’assaille : ma fille, mon mari, ma famille, ma vie…
— Vous voulez boire quoi alors, Cat’ ? me demande soudain Guillaume, coupant court à mes réflexions.
  Ce ne serait vraiment pas raisonnable de reprendre un verre, me fait remarquer la petite voix dans ma tête, qui manifestement n’a pas totalement baissé les bras.
— Tu as du Gin ?— Seulement du whisky, de la vodka et de la bière.
  Évidemment, c’est un étudiant. Sauf que je n’aime aucun des trois, super.
— De la vodka s’il te plaît !
  Après tout, c’est ce qui se rapproche le plus du Gin.  Je tente de clarifier mes pensées pendant qu’il s’affaire en cuisine (ce qui est un bien grand mot dans la mesure où sa cuisine, son salon et son entrée ne sont qu’une seule et même pièce) : comment vais-je mettre fin à ce jeu ? Quand ?  Guillaume revient avec nos deux verres, ses yeux bleus et son sourire charmeur, ce qui me fait basculer pour de bon. Et puis zut, je verrai bien comment se passe la suite, pour le moment je m’amuse !  Je saisis donc avec un large sourire le verre qu’il me tend, puis je l’accompagne jusqu’à son canapé, sur lequel nous nous asseyons côte-à-côte.
— Parle-moi un peu de ta copine.
  Il semble un peu surpris par cette question, et à vrai dire moi aussi. Je ne sais pas trop pourquoi je lui ai demandé ça, sans doute pour essayer de faire un peu descendre la température en le rappelant à ses obligations de conjoint.
— Oh euh… elle est très sympa. Et mignonne et tout. C’est juste que…
  Il s’interrompt, un peu gêné de nouveau.
— Elle ne couche pas, c’est ça ?
 Je lui ai demandé avec un petit rire complice, ce qui m’éloigne de mon objectif initial. Je suis même en train de courir à toute allure dans la direction opposée.
— Oui c’est ça, elle ne couche pas. Et j’aurais envie de… enfin vous voyez quoi.— Tu n’as jamais couché ?
  Il fait non de la tête, et semble même un peu honteux.
— C’est trop mignon !
  Il relève la tête, un pâle sourire au bord des lèvres.
— Ça ne vous dérange pas alors ?— Bien sûr que non, on contraire !
  Là encore, il me faut plusieurs secondes pour me rendre compte que notre conversation fonce dans la mauvaise direction. On est clairement en train de discuter de notre coït futur, alors que pour moi il ne s’agit toujours que d’un jeu. Mais comment je vais en sortir, moi, de ce jeu maintenant ?  Il me glisse alors la main dans les cheveux et commence à me les caresser.
— Vous êtes très belle, Cat’… lâche-t-il dans un murmure.
  J’aime beaucoup ce qu’il fait. Sa douceur, sa tendresse, ses mots doux… tout ça me fait ressentir des choses que je n’ai pas ressenties depuis tellement longtemps ! Je vois son regard se poser sur mes seins, il les dévore des yeux. Sans doute sa copine n’en a-t-elle pas d’aussi gros ?  J’aimerais qu’il continue, qu’il aille juste un peu plus loin éventuellement, mais que nous puissions tout arrêter facilement quand nous en aurons envie. Or là je ne sais pas comment arrêter la machine. Et je n’en ai pas très envie. Pas tout de suite.  Pourtant, c’est lui qui s’arrête. Il regarde un peu dans le vague, semble vouloir reprendre ses esprits.
— Je… je suis désolé Cat’, je ne sais pas si c’est une bonne idée…
  Il bafouille, semble chercher ses mots.
— Il y a ma copine et tout, je ne voulais pas forcément que ça aille trop loin…
  Quoi ? Il ne va quand même pas tout arrêter maintenant ? Je suis tellement désarçonnée que j’en oublie même que je me proposais de le faire il y a quelques instants encore, mais sans y parvenir. Le truc c’est que je voulais le faire quand j’en avais envie, quand je le sentirais nécessaire, pas maintenant…  Il se lève, s’excuse et prétend qu’il doit s’absenter un moment. Il a raison, un court séjour aux toilettes est un excellent moyen de se remettre les idées en place. Frustrée, dépitée, trahie, je m’applique à faire tourner mes méninges aussi vite que les vapeurs d’alcool qui les grippent me le permettent.  Je dois le reconquérir, le remettre sur les rails. Pourquoi ? Jusqu’où ? Je ne sais pas, mais je m’en préoccuperai plus tard. Pour le moment il faut reprendre la main.  La solution m’apparaît bientôt, limpide. Vu comme il a regardé mes seins, je devine qu’il les désire ardemment. Je retire alors mon soutien-gorge, promptement, et je déboutonne légèrement mon haut pour faire plonger un peu plus mon décolleté. J’ai à peine le temps de cacher mon sous-vêtement dans mon sac à main et de me réajuster légèrement qu’il arrive déjà.
— Écoutez Cat’…
  Il s’interrompt, la bouche légèrement entrouverte, son regard fixé sur mon décolleté. Peut-être ai-je exagéré quelque peu ? Je jette un œil et constate que oui, je n’y suis pas allé de main morte : l’ouverture de mon haut laisse désormais peu de place à l’imagination.
— Viens à côté de moi, qu’on en discute, lui dis-je en me penchant légèrement.
  C’est tout juste si mes seins ne sortent pas de leur cage.  Il s’exécute, blanc comme un linge, et reprend sa place à mes côtés. Désormais, ses yeux ne quittent plus guère ma poitrine.
— Tu me parlais de ta copine je crois ?
  J’essaye de relancer la conversation comme je peux, mais ma tentative n’est pas brillante. De toute façon Guillaume s’en fiche, il n’a plus trop la tête à la discussion. Il passe de nouveau sa main dans mes cheveux, puis il la fait tomber sur mes épaules. Ses yeux rivés sur mes seins, il s’en rapproche lentement, par de lentes caresses circulaires.  Je sais comment ça va finir, mais je suis incapable de l’arrêter. Il le faudrait pourtant, car j’ai largement atteint le point de non-retour. Mais qu’est-ce qui m’a pris de le relancer ainsi ? De me mettre à demi-nue devant lui ? Je ne pourrais vraiment pas dire que je n’ai pas cherché !  Pendant que je me pose un millier de questions, sa main est déjà sous ma gorge, puis à la naissance de mes seins…
— Vous êtes belle Cat’, soupire-t-il une énième fois.
  Avant que je ne comprenne ce qui se passe, nos lèvres sont collées les unes aux autres, mêlées en un baiser passionné. Les siennes s’écartent légèrement, laissent passer sa langue qui vient fouiller l’intérieur de ma bouche.  Je ne suis pas habituée à ce genre de baisers, mais j’aime beaucoup. Son haleine est douce, fraîche malgré l’alcool, et ses mouvements sont doux eux aussi. Une de ses mains se colle derrière ma nuque et m’attire à lui, tandis que l’autre se referme sur un de mes seins, qu’elle presse avec tendresse mais vigueur.  Des frissons me parcourent tout le corps, me font perdre le fil des événements et de mes pensées. La seule chose sur laquelle j’arrive à me concentrer est le jeune homme, presque un adolescent, que j’ai en face de moi. Mon Dieu que je le désire !  Enhardi par une passion dévorante et sans doute un peu par l’alcool, Guillaume me retire mon haut sans aucune once de tendresse. Je devrais m’en offusquer et protester, mais j’aime trop ce qu’il fait. Mes seins sont tout ce qu’il désire, il s’en empare avidement et les malaxe avec gourmandise.
— Huuumm, vos seins Cat’… soupire-t-il de plaisir.
  Je le laisse faire, découvrir mon corps à loisir. Il approche ses lèvres de mes seins et prend un de mes tétons en bouche. Là encore, il est très doux et la sensation est fort agréable.
— Alors, tu regrettes ta copine, là ?— Oh non, répond-il d’une voix étouffée par la masse de chair qu’il a dans la bouche. Elle n’a pas vos seins…
  Il les tient maintenant des deux mains, tout en les embrassant copieusement. Il les lèche, il les tète… il ne s’en lasse pas, et moi non plus !  Pourtant, il les délaisse bientôt pour retirer son pantalon et son caleçon. Le jeune et fougueux étalon, quelle impatience ! Je découvre alors un sexe d’une taille me semble-t-il tout à fait standard, mais totalement épilé. Sans doute encore un truc de jeune, mais j’aime beaucoup. Je ne m’attarde pourtant pas plus que ça sur la question, n’ayant qu’un intérêt limité pour les pénis en tant que tel.  Il se rapproche encore de moi, à genoux, si bien que je me demande ce qu’il veut faire. Son sexe dressé n’est plus qu’à quelques centimètres de mon visage.
— Sucez-moi Cat’… me lance-t-il comme s’il s’agissait d’une évidence.
  Bien entendu, il se dit que comme je suis une vieille Cougar pleine d’expérience, je sais faire plein de choses qu’il a vu dans des films. Sauf que dans toute ma vie je n’ai eu qu’un seul partenaire : mon mari, et qu’on ne fait plus rien depuis des mois ! Et à vrai dire, même quand on faisait quelque chose, ce n’était pas aussi varié que l’imagination fertile des jeunes d’aujourd’hui peut le supposer.  Je ne laisse pourtant rien paraître de tout ça et je joue le jeu de la mère expérimentée. Je prends son sexe dans ma bouche, avec prudence je l’avoue, mais je suis surprise de constater que ce n’est pas si désagréable que je l’avais cru. Ce qui l’est un peu plus, ce sont les mouvements de bassin qu’il se croit obligé de m’imposer, mais passons.  J’essaye d’ailleurs de m’appliquer autant que je le peux : je le suce un moment, puis je le lèche sur toute la longueur, puis je suçote un peu son gland violacé… avant de recommencer à le sucer. Pendant ce temps, une de mes mains caresse doucement ses fesses et l’autre malaxe ses testicules.  J’adore jouer avec ses bourses. Elles sont lourdes et tombantes, je les soupèse donc avec plaisir, mais surtout elles sont toutes lisses et très douces. C’est un vrai plaisir de les caresser.  Guillaume se retire bientôt de ma bouche, ce qui me surprend. Est-il impatient, ou c’est moi qui m’y prenais mal ? Sans me laisser le temps de réfléchir à la question, il s’empare de mes seins et colle sa bite au milieu. Il commence alors à se masturber avec mes nichons ! Je suis surprise mais je n’en montre rien, et après tout ces pratiques que je ne connais pas m’amusent autant qu’elles me changent de la routine sexuelle dans laquelle s’est engoncé mon couple.
  Je le regarde se faire plaisir avec mon corps, tout en caressant son torse glabre de jeune éphèbe. J’ai plaisir à le voir soupirer de bonheur, même si j’aimerais qu’il soit plus généreux et plus tendre. Il est hésitant et parfois maladroit dans ses gestes – ce qui à la limite lui donne un charme – mais en revanche il ne semble pas du tout se soucier de moi, tout à son plaisir personnel.  Ceci étant, je me dis qu’après tout c’est sa première fois, autant donc qu’elle soit réussie ! Je ne vais pas jouer la marâtre dans cette situation.  Soudain, je prends conscience que ses halètements augmentent et s’accélèrent, tout comme la vitesse de ses coups de bite et la pression qu’il exerce sur mes seins. Il ne va quand même pas…  Mais si : il éjacule bientôt de généreuses quantités d’un sperme chaud et épais directement sur mon visage ! Le petit con…
— Oh Cat’, c’est trop bon… soupire-t-il de plaisir.
  Ça peut être bon oui… Et moi là-dedans ??  Pourtant je ne dis rien, là encore je ne veux pas lui gâcher ça. Mais qu’est-ce que je suis frustrée ! Il m’avait tellement excitée, j’avais un tel désir de plénitude, et voilà que tout part en fumée ! Ou plus exactement en jets de foutre…  Je le regarde se calmer doucement, reprendre ses esprits et m’adresser enfin un sourire chaleureux. Je décide donc de jouer la maman sympa jusqu’au bout :
— Tu as aimé ?— Oh oui Cat’, c’était super.
  Je le vois alors s’approcher de moi et, avant que je ne comprenne ce qu’il fait, il m’a collé sa bite encore bandée dans la bouche. Le goût du sperme poisseux me donne la nausée, je n’aime pas du tout. Je me débats vivement et recrache presque son membre avec colère.
— Qu’est-ce que tu fais ?— Vous ne voulez pas me nettoyer ?
  Le nettoyer ? LE NETTOYER ??!! J’en fulmine de rage. Le sale gosse ferait bien de s’éduquer un peu ailleurs que sur You Porn !
— Je crois que tu as encore pas mal de choses à apprendre sur les femmes, lui dis-je.— Apprenez-moi alors, Cat’.
  Il est touchant dans son désir, apparemment sincère, d’apprendre. Au vu de l’évolution (certes très rapide) de notre relation, je devrais sans doute lui demander de ne plus me vouvoyer, mais au fond j’aime bien. Je crois que j’apprécie l’aspect légèrement immoral de notre relation.  Mais pour revenir à nos moutons, « l’éduquer » est sans doute l’occasion de prendre un petit peu de plaisir moi aussi. Je lui explique donc patiemment :
— Par exemple, il faut penser à ta partenaire, ne pas juste prendre du plaisir pour toi. Tu as utilisé mon corps pour te branler, mais qu’est-ce que tu m’as apporté à moi ?— Je… Je croyais que… pardon.
  Il semble sincèrement désolé, comme s’il n’y avait pas du tout pensé.
— Tu croyais qu’on prenait du plaisir à être utilisée comme des objets ? Non, hormis dans les films. Nous aussi on aime qu’on s’occupe de nous. Et comme je t’ai gratifié d’un petit plaisir oral, je crois que tu me dois bien la même chose.
  Étonnement, cela semble le ravir. Outre que cela peut concourir à le racheter, je crois que ce petit est vraiment désireux de bien faire. Mais comme tout, la sexualité s’apprend !  Il se glisse donc entre mes cuisses, fais descendre mon pantalon doucement, puis il retire ma culotte. Je lui dirais bien de prendre son temps pour ça aussi, de me caresser tendrement, mais on verra plus tard.  D’ailleurs je n’ai guère le temps de lui dire quoi que ce soit, il me dévore déjà la vulve avec appétit. Il y va si vite et si fort que ce n’est absolument pas plaisant.
— Non ! Doucement…
  Je passe donc le quart d’heure qui suit à lui expliquer comment s’y prendre, à lui montrer le rythme, les endroits à exciter, ceux à négliger pour mieux faire monter le désir, puis à attaquer à leur tour avant de les négliger de nouveau. Bref, un petit cours d’introduction au cunnilingus, mais je constate rapidement que mon élève est très doué.  Sincèrement désireux d’apprendre, il se laisse guider sans protester et exécute bien ce que je lui montre. Il s’aguerrit vite, parvient même à s’adoucir et à comprendre que les femmes aiment généralement plus la douceur que les hommes.  Au bout de vingt minutes, il est devenu un vrai chef et au bout de dix autres minutes je crie à mon tour mon plaisir en me démenant en tous sens.  Quand je me suis remise de mes émotions, il me sourit avec fierté.
— C’était bien ? me demande-t-il naïvement.— Génial !
  Les pensées commencent à revenir se bousculer dans ma tête, et je songe une nouvelle fois à ma fille et à mon mari. Mais qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je sais que le mal est fait, que rien de ce que je pourrais faire maintenant ne le réparerait, mais j’ai besoin d’y réfléchir un moment.
— Je vais prendre une petite douche si ça ne t’ennuie pas, lui dis-je avec douceur.— Pas de problème, acquiesce-t-il. C’est… l’autre porte.
  Effectivement son petit appartement d’étudiant ne comporte pas 50 pièces, j’ai donc à priori peu de chances de m’y perdre. Je me hâte donc de rallier la douche, sous laquelle je me jette avec délectation. La morsure de l’eau bien chaude me fait un bien fou, et elle m’aide à classifier un peu le flot de mes pensées.  J’ai tellement peur et honte en ce moment que j’aurais envie de hurler. Mais qu’ai-je fais ? Je viens de coucher avec un jeune inconnu, de la moitié de mon âge, alors que je suis attendu le lendemain – non, dans quelques heures maintenant – pour un repas de famille !  En plus nous sommes tous les deux en couple, même si ça n’a bien sûr pas la même implication à vingt ans qu’à quarante. Mais tout de même, qu’est-ce que je penserais du petit ami de ma fille s’il couchait avec une femme de mon âge ?  Je n’aurais qu’à le cacher, ne rien dire ni ne rien changer de mes habitudes. Garder le secret, le garder jusqu’à l’oublier.  Guillaume entre à ce moment dans la pièce, encore nu et le sexe déjà bien dressé, ce qui me fait un peu perdre le fil.
— Qu’est-ce que tu veux ?— Oh Cat’, j’ai encore envie de vous, me dit-il en entrant dans la douche avec moi.— Mais… Guillaume on ne va pas…
  Il m’interrompt en plaquant ses lèvres contre les miennes. Je veux le repousser pour au moins prendre le temps de réfléchir, mais ce baiser m’en empêche. S’il avait été un sale con, j’aurais au moins pu m’en sortir par une pirouette en me mentant ensuite à moi-même pour me faire croire que je ne le souhaitais pas. Mais le fourbe s’arrête alors et, son sexe tout contre le mien, déjà pourvu d’un préservatif, il me demande juste avant la pénétration :
— Tu ne veux pas ?
  L’inquiétude est palpable dans sa voix, je sais bien qu’il ne me forcera pas si tel n’est pas ma volonté, malgré l’intensité de son désir. Et c’est ce qui me fait fondre :
— Oh si, prends-moi !
  Et voilà, sa délicatesse et sa prévention m’ont forcé à le réclamer, ce qui m’interdira toute mauvaise foi future. Quel petit con !  Il me pénètre alors d’un coup sec, oubliant visiblement tout ce que je viens de lui apprendre, mais sur le moment c’est ce qui me plait. Il me besogne ensuite de la même manière, presque rageusement. A mon propre étonnement, j’aime beaucoup.
— Cat’… oh Cat’… ne cesse-t-il de répéter.
  Il ne cesse de malaxer mes nichons tout en me faisant l’amour, je vois qu’il aime beaucoup. Mais comme j’apprécie aussi énormément, je ne m’en plains pas ! Je prends vraiment beaucoup de plaisir à me faire baiser contre le mur, aussi est-ce avec une nouvelle vague de frustration que je l’entends bientôt s’exclamer :
— Oh putain, oui… c’est trop bon !
  Il se répand alors largement dans le petit bout de plastique qui se trouve au bout de son sexe, me privant encore une fois du plaisir que j’escomptais. J’espérais qu’après avoir éjaculé une première fois il tiendrait un peu mieux que ça !
— Je suis désolé, s’excuse-t-il après s’être retiré. C’était trop rapide ?— Non, c’était parfait.
  Un petit mensonge vaut mieux qu’une grosse déception.  Il quitte alors la pièce en jetant au passage le préservatif désormais inutile dans la poubelle, tandis que je finis ma douche sans avoir vraiment progressé dans mon raisonnement. Ou plutôt si : j’ai même clairement régressé, puisque j’ai maintenant couché avec lui.  Quand je reviens dans le salon, une dizaine de minutes plus tard, je le retrouve lui aussi tout habillé. Il fait le pied de grue devant son canapé, ne sachant apparemment pas trop quoi faire ni quoi dire. Je prends donc les devants :
— Bon, je vais y aller.— Ah… ok, dit-il seulement.
  Sa réaction me surprend. Voulait-il que je passe la nuit ici ?  Je n’y réfléchis pas plus que ça sur le moment, j’enfile mes chaussures et m’apprête à m’en aller. Que dois-je dire ? Que puis-je dire dans ces conditions ? Un simple au revoir ? Nous n’avons pas pris nos numéros mutuels, pas prévu de nous revoir et c’est beaucoup mieux comme ça. Encore que… ne le regretterais-je pas ?  J’hésite, reste quelques secondes immobile dans l’entrée, coupée en deux. Soudain Guillaume s’avance vers moi et m’embrasse de nouveau, aussi passionnément que les autres fois.  Peut-être est-ce effectivement l’au revoir qui s’impose.  Sauf qu’il ne s’arrête pas là. Son étreinte se resserre, ses mains deviennent intrusives, se saisissent de mes seins. Il ne veut quand même pas remettre le couvert ?
  Mais si. Il fait descendre légèrement mon pantalon, juste ce qu’il faut pour une intrusion et avant que je ne comprenne quoi que ce soit il est déjà en moi. Cette fois mon approbation n’est plus nécessaire, il sait bien qu’elle lui est acquise.  Il me prend donc contre sa porte d’entrée, et mon plaisir reprend là où il s’était arrêté. Je ne pourrais même pas dire combien de temps cela dure, dix minutes peut-être, mais nous finissons par jouir encore une fois, de concert cette fois. Sensation merveilleuse !  Lorsque c’est fini, il rentre l’arme du crime dans son étui et me gratifie enfin d’un « au revoir ». C’est sur ces mots que je quitte son appartement au pas de course.  Je serais bien incapable de dire combien de temps dure la route jusqu’à chez moi tant je suis perdue dans mes pensées. Je tourne et retourne les événements de la soirée en quête d’excuses, de justifications, mais je n’en trouve aucune. Je tente de ne pas faire de bruit en entrant dans le lit conjugal, mais mon mari me glisse quand même un : « ta soirée s’est bien passée ? » d’une voix endormie. Je lui réponds que oui dans un souffle, mais je crois bien qu’il s’était déjà rendormi avant même d’attendre une quelconque réponse.  Étrangement, je m’endors rapidement.  Le réveil est plus difficile.
  Thierry, mon mari, m’a préparé un petit déjeuner frugal au vu de l’heure tardive, mais je ne touche de toute façon pas à grand-chose, l’estomac trop noué. Il me questionne un peu sur ma soirée de la veille, ce à quoi je réponds qu’on a bu quelques verres avec Sylvie et bien rigolé toute la soirée.   Il faudra d’ailleurs que je la briefe.  Soudain, la sonnette retentit et Victoire déboule bientôt dans le salon, un peu anxieuse.
— Il arrive, lâche-t-elle seulement.
  Avec tout ça, j’en avais presque oublié qu’on recevait son petit ami à manger ce midi. Je me lève donc en même temps que Thierry pour venir l’accueillir dans le hall. Victoire lui a déjà ouvert la porte lorsque j’arrive, si bien que je reste interdite dans l’entrée, statufiée :  C’est Guillaume !
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