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Thriller érotique d'anticipation

Chapitre 1

Divers
Rapport de psychiatrie du docteur Joséphine Goethe Müller. 30 avril 2029. Annexe : confidences du patient. Rupture extraordinaire du secret médical dans le cadre du plan Urgence Terrorisme. Décret extraordinaire du 12 mai 2028. À l’adresse de l’inspecteur Henri Ibrahim.
Commentaires :Les confidences du patient prennent la forme d’un roman. Nous avons pris la décision collégiale d’autoriser l’exploitation de cet ouvrage mêlant faits corroborés et fiction évidente dans le cadre de la quatrième thérapie cognitive et comportementale encadrée du département extraordinaire national de psychiatrie terroriste. Conformément au décret extraordinaire du 12 mai 2028, il est transmis sans annotations au département extraordinaire de la police et de l’armée contre le terrorisme. Le rapport intégral comporte également une version annotée complétée par une analyse détaillée du collège médical des psychiatres du département extraordinaire national de psychiatrie terroriste.
Nota Bene : Les titres sont du choix du patient et font partie des confidences. Tout élément textuel ci-dessous est le seul fruit de l’écriture du patient.
Titre commercial : Thriller Érotique d’AnticipationTitre non commercial : LA MEILLEURE HISTOIRE DU MONDE
Sautez le prologue ou pas, vous êtes assez grand pour prendre cette décision vous-même. Vous trouverez plus bas :INTRODUCTION, écrit de la même manière. Vous n’avez qu’à descendre dans le texte jusque-là.
***
 « Une phrase que tu ne peux pas retenir plus de dix minutes ne vaut pas la peine d’être écrite. »C’est ce que me disait toujours ma mère quand j’étais enfant. Elle m’obligeait à fermer les yeux un long moment avant chacune de mes rédactions. Je devais écrire tout un paragraphe d’un coup. Ma mère arrachait la feuille sous mes mains si j’hésitais. C’est-à dire que si je marquais une pause, revenais en arrière sur mon écrit ou semblais improviser ; mon stylo appuyé sur le papier voltigeait. Le bruit de la déchirure du support provoquait chez moi un effroi s’exprimant par un sursaut et je me prenais, terrorisée, la tête entre les mains, par habitude : je signifiais par là que je recommençais le processus.
J’espère que vous vous dites :— Hé, on me la fait pas à moi : la dernière phrase du paragraphe précédent était beaucoup trop longue, tu n’as pas pu la retenir d’un coup, ou tu as mis un temps considérable.La vérité est que, oui, j’ai retenu une phrase aussi longue et je me délectais d’ailleurs d’en produire de telles devant ma mère, pour l’impressioner. Mes paragraphes ne sont pas courts comme l’anticiperait un faible d’esprit. J’ai acquis, grâce à ma mère, un talent redoutable pour l’écriture de mémoire. Cela me rendait très fière bien que, je l’avoue, tout le monde à part elle s’en fichait éperdument.
Vous êtes bavards, alors vous me dites:— Oh putain ! C’est ça la meilleure histoire du monde ! L’histoire d’une bouffonne qui essaie d’écrire la meilleure histoire du monde ! J’ai pas signé pour ça, moi.
Premièrement, vous êtes vulgaire. Deuxièmement, vous êtes agressifs. Troisièmement, je ne vous dois rien. Si ça ne vous plaît pas, sortez immédiatement de mon histoire. Maintenant que nous reprenons sur de meilleures bases, laissez-moi vous conter le meilleur thriller érotique d’anticipation au monde.
Fin de l’introduction: marquez une pause pour apprécier le passage à la suite. Faites-le, vraiment. Ce paragraphe ne sert à rien, je le sais, mais je vous connais trop bien, lecteur apathique, vous vous contentez passivement d’enchaîner les phrases à moins que le texte ne vous emmerde, et là, vous arrêtez votre lecture. Vous passez à autre chose. Vous devriez me remercier pour ce stratagème que j’ai élaboré pour vous forcer à sortir du récit.
Tout a donc commencé ce jour-là quand ma mère m’a transmis l’art de l’écriture. Je dis « ce jour-là » mais, évidemment, c’est une banalité que je sors pour vous rendre la lecture facile. Je suis comme le livreur d’une chaîne de restauration rapide bas de gamme qui, en vous servant un plat de piètre qualité gastronomique, fait de vous un heureux parce que vous aimez ça, vous, que ce plat soit toujours le même, prévisible, calibré, simple et commun.
Vous appréciez même particulièrement que ce plat soit commun, banal, habituel, connu, mangé par tout le monde, car, vous, ce que vous voulez, c’est être conforme, ne pas faire de vagues, vous intégrer enfin, quitte à entrer dans une merde, si du moins vous n’en sentez pas l’odeur et que tout le monde le fait. Je ne vous en veux pas. Vous avez de bons souvenirs associés à ça, alors, pourquoi vous priveriez vous d’un menu aussi exécrable ?
Je vous prête tant de propos que vous vous dites:— Je ne me dis pas tout ça.Et LÀ, je vous ai piégé. Je sais, et, vous savez que cette affirmation est vraie.
Note de l’auteur à l’auteur : maintenant, un bel effet de surprise pour le lecteur serait que l’histoire commence pour de bon.
***
LA MEILLEURE HISTOIRE DU MONDE
INTRODUCTION
Un truc du style :— Hector, sors de ta chambre ! Le dîner est prêt.— J’arrive Maman !
Ma maman, c’est la meilleure du monde. Elle m’a appris plein de choses. Elle s’appelle Clémentine et c’est trop chouette parce que c’est aussi le nom de mon fruit préféré. La clémentine, c’est trop bon. Ma maman, c’est la plus belle. Vraiment, elle est très jolie. Je l’aime tant, ma maman, que quand je serai grande, je me marierai avec.
Tu te dis qu’Hector, c’est un drôle de nom pour une fille. Mes petits camarades, ils pensent pareil. Bah vous puez du cul parce qu’Hector c’est le meilleur prénom de fille du monde. Ma maman, elle le dit tout le temps:— Tu vivras dans une société patriarcale dominée par les riches, ma fille. C’est pourquoi Maman t’a donné un prénom de garçon de famille bourgeoise pète-ma-chère.Je sursaute. Maman me surprend en train d’écrire.— Hector, qu’est-ce-que tu fais ?! Je t’ai dit mille fois de ne pas écrire sans Maman !
Quand Maman me gronde, elle me prend par le col de la chemise et elle me met à la maison, punie, dans l’armoire des araignées. Je me mets à pleurer beaucoup quand Maman fait ça. Mais je sais que ma Maman fait ça pour que je devienne meilleure, la meilleure du monde. Les araignées, elles sont méchantes. Elles me piquent et après j’ai du rouge partout : c’est des irritations mineures sans conséquences.
— Regardez-moi cet enfant ! Elle est encore toute rouge ! Et on veut nous faire croire que les vaccins, ça marche.Papa est jamais là. Maman, elle dit que les hommes, quand il faut pique-niquer y’a du monde mais quand faut mettre la table, les couverts et le siège bébé, y’a plus personne. Elle, elle reste forte car elle est féminine en association. C’est-à-dire, y’a plein de Mamans fâchées comme elle qui se voient, et les hommes : ils ont les boules. Je vais rendre fière Maman :— Maman, quand j’apprends à écrire l’anglais ?— Qu’est-ce que j’ai fait à iel dieu pour avoir une enfant pareille ! Tu as quatre ans et t’es pas foutue de faire une phrase correcte ! Avant d’écrire en anglais, apprends à t’exprimer en français, ma fille.J’ai déçu Maman. Même si je suis grande maintenant, ça me fait toujours pleurer beaucoup de larmes.— Ah ! Il manquait plus que ça ! Allez, dégage, va voir ton frère.
CHAPITRE UN
La mort de ma mère a ravivé en moi des souvenirs que j’aurais préféré garder enfouis pour toujours. Mon enfance difficile m’avait ouvert des portes mais je lui en ai toujours voulu. Bien à l’abri dans son cercueil, elle esquivera tous les coups que je souhaiterais lui rendre à présent. Foutu présent. Foutue réalité.
Je ne vous souhaite pas de travailler dans le porno pour hommes blancs quarantenaires quand vous avez eu une mère féministe et un père absent ; mais que voulez-vous, je ne pouvais pas envoyer chier le père que je n’ai pas eu, alors il ne restait que ma mère, cette salope qui m’enfermait dans des armoires.
— Tu deviendras un homme, ma fille. Ne fais pas la même erreur que ta mère qui a gâché sa vie à leur tenir tête !Cette phrase qu’elle me disait parfois quand elle m’enfermait, sans même un prétexte, dans l’armoire des araignées, les jours où elle déprimait plus que d’habitude, résonne aujourd’hui en moi comme un couteau qu’on aiguise. Je hais ces tournures qu’elle m’a fait intégrer à mon vocabulaire: « résonne en moi comme un couteau qu’on aiguise », c’est quoi cette phrase de pseudo-écrivain de merde ?! « Respirer. Inspirer, souffler et répéter », encore des affirmations à la con qui n’aident personne. J’ai trop de rancœur en moi. Y’a que les heureux qui trouvent le temps de méditer pour s’apaiser des malheurs qu’ils n’ont pas vécu. Perdre du temps à respirer pour rien faire, c’est pas pour moi.
— On tourne. Hector !Vous avez vraiment cru que, moi, fille de féministe, fière malgré tout, je serais devenue actrice de cul ? Je me respecte un minimum. Je suis scénariste et metteur en scène. Je produis en masse des histoires pour faire bander le tout-venant cible qui paie des abonnements premium. Je n’ai parlé à personne de la mort de ma mère. De toute façon, aujourd’hui, je vais bientôt la rejoindre. Ma mère était une salope mais je ne peux pas vivre sans avoir eu l’occasion de lui dire en face.

— Oui, oui ! Démerdez-vous sans moi un moment.— On a pas tout notre temps Hector. Les créneaux sont serrés. Y’en a marre de tout le temps faire le boulot à ta place. C’est pas parce que t’es scénariste que tu dois oublier que t’es metteur en scène.Je l’ignore. Il croit que c’est parce que j’ai mes règles. Qu’il aille se faire foutre. Je ne vais pas vraiment aller aux toilettes et je ne reviendrai pas. Je croise dans le studio Jérôme, hardeur, qui, la bite à l’air, fait le prude et cache son sexe quand il me voit débouler d’un coup. J’hésite entre trouver ça mignon et éclater de rire. Concentre-toi, Hector. La vie ne t’a pas fait de cadeaux, c’est pas maintenant que ça va commencer. Tu as un plan, tu t’y tiens.
Le portail de la villa luxueuse en carton-pâte franchi, tout devient plus facile. Je ne connais personne en dehors du boulot alors qui peut bien m’empêcher d’aller jusqu’au bout ? J’ai longtemps hésité. J’ai failli me tuer comme une conne, avec un sèche-cheveux dans une baignoire, mais mon connard d’ex a eu la bonne idée de m’en offrir un waterproof. C’est à croire qu’il s’en doutait. Bah heureusement qu’il m’a acheté un sèche-cheveux waterproof, ce con. Non mais, vous savez, je ne suis pas dupe, hein. Je sais bien que mon roman ne sera jamais connu du grand public. Vous allez le joindre à des rapports. Ces rapports seront utilisés pour m’analyser, et ces analyses serviront à me manipuler. Personne n’en a rien à carrer de ma santé mentale. Cela fait bien longtemps que j’ai abandonné le projet d’écrire la meilleure histoire du monde.
Enregistrement audio au domicile d’Henri Ibrahim, inspecteur au département extraordinaire de la police et de l’armée contre le terrorisme, et Julia Vasquez, sans activité professionnelle, le 1er mai 2029 :— Alors chéri, qu’est-ce que ça donne cette enquête ?— J’ai une exclu, mais fait vraiment gaffe à qui tu vas vendre l’info cette fois.— Oui, t’inquiètes. Je sais.— Bon. Qui tu sais a écrit un bouquin.— Oh, énorme ! Et tu l’as avec toi ?— Oui. Mais fais gaffe, je te dis.— C’est bon, arrête ton cinéma. On est tous les deux des cracs de l’informatique et du traitement des signaux. Ok, accessoirement t’es inspecteur de po... Pfrt, hahaha.— Quoi ?!— Pardon. Ça me fera toujours rire. Quand je repense à comment t’as fini inspecteur.— Oh, ta gueule, c’est pas le moment.— Mais arrête ! T’es tout tendu… personne ne sait et ne saura jamais que je suis une lanceuse d’alerte. On a trompé le dispositif extraordinaire de… rah, c’est pas possible comment ils ont mis extraordinaire partout maintenant.— Haha, ouais. On est en démocratie, hein. C’est juste qu’on est en dictature extraordinaire. Tout va s’arranger, c’est temporaire, c’est extraordinaire.— Ouais, bon, tu m’as coupée...— Mort de rire. Tu es passée toute seule du coq à l’âne.— Ok, tais-toi. Bref, on est des cracs, on est censé être sous haute surveillance mais tous les micros et caméras qu’on a placés chez nous reçoivent du deepfake en entrée, et nous, on est blanchis en sortie !— Ouais, je sais que t’as une confiance sans faille en nous mais je me méfie. Ok, on a la meilleure couverture: rien de mieux que de laisser croire qu’ils connaissent toute notre vie. Mais je sais pas, c’est le département extraordinaire de… oh merde, c’est la milice fasciste d’état de l’autre conne là, tu sais bien. Ils ont des cracs de leur côté aussi.— On va pas tenir encore longtemps si on cède à la parano. Calme-toi. Je ferai attention de mon côté. Toi du tien, tu vas te détendre.— T’as raison chérie. Et tu sais qu’est-ce qui me détendrait bien là ?
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