Alicia et Roger se levèrent ensemble. Le fermier aida la jeune femme à charger le fourgon frigorifique et lui fit quelques recommandations pour le marché et la façon de s’installer. Elle ne devait pas hésiter à demander un coup de main à Patrick si elle était en peine. Pour la vente en elle-même, il n’avait pas trop d’inquiétude, il l’avait vue faire. De son côté, la jeune maman donna des conseils concernant Hala et Salil. Elle n’était pas trop inquiète de les laisser avec Roger, mais elle ne savait pas trop s’il n’allait pas être trop débordé avec eux d’un côté et les chèvres de l’autre. Roger la rassura du mieux qu’il put et Alicia partit sur les routes de campagne. Le village était à une vingtaine de minutes de la ferme, le marché était sur la place devant la mairie, c’était facile à trouver pour Alicia. Mais elle se sentit vite perdue au milieu de la foule des habitués. Il y avait bien plus de marchands que dans le petit marché chez Roger. Heureusement, Myriam vint à sa rencontre et l’aida à se présenter au placeur. Celui-ci lui donna une place presque en bout d’allée, Myriam et Patrick furent mis dans un autre coin. Ils se séparèrent un moment pour faire leur mise en place. C’était un peu le bazar, le bazar organisé, mais pour Alicia c’était un moment de stress important. Elle approcha le fourgon et le gara à son emplacement. Elle faillit deux fois l’emboutir contre un poteau et un autre camion. Néanmoins, elle se mit à la tâche. Elle s’aperçut vite que le stand était simple à mettre en place, mais que les bâches devaient être placées bien trop haut pour elle. Et puis si les plateaux de l’étal n’étaient pas trop lourds, ils allaient être difficiles à manuvrer, seule. Elle se résolut à chercher de l’aide auprès de Patrick. Le boucher et sa femme étaient en train de garer au millimètre leur gros fourgon de boucherie. Myriam, je suis désolée de vous embêter, mais j’aurais besoin d’un peu d’aide pour finir de tout installer. Bien sûr ma petite. Patou ! Tu peux aller donner un coup de main à Alicia. Hein ? dit-il en sortant la tête du fourgon. Ah, oui, je finis de me garer. Le camion fit une dernière manuvre et Patrick en descendit. Tu as besoin de bras ma poulette ? Oui, s’il te plaît, si ça ne te dérange pas. Mais non. Myriam, tu commences ? Ouvrons d’abord l’auvent que je puisse faire la mise en place. Oui, tu as raison. Ils entrèrent dans le camion et rapidement toute une partie du côté de celui-ci se souleva doucement. A ce moment, Bruno arriva pour travailler avec ses patrons. Bonjour patron. Bonjour Bruno. Ah, ben, puisque tu es là, tu veux bien aller aider la demoiselle à installer son étal ? demanda Patrick. Parmi les allées et venues de la foule, Bruno n’avait pas remarqué la petite jeune femme à l’arrière du camion. Soudain, il se mit à rougir comme une pivoine et ne put plus sortir un mot.
Allez, Bruno, détends-toi, elle ne va pas te manger, le taquina Myriam. Alicia s’approcha et salua le grand timide. Bonjour, Bruno. Merci pour les steaks en forme de Mickey. Les enfants ont adoré. Euh, euh, euh, bonjour. Euh, euh, de rien. Eh, Alicia, oublie pas de le remercier pour le cur ! lui rappela Patrick. Alicia se sentit rougir comme une gamine. Euh, oui, merci aussi. C’était mignon. Le jeune homme sourit, mais n’osa rien ajouter. On y va ? demanda-t-elle. Oui, répondit-il difficilement. Avec l’aide du jeune boucher, Alicia put rapidement terminer de tout installer. Sa haute taille et ses bras forts étaient un atout indéniable. Mais il était quasi muet, bien qu’elle le vit souvent la regarder, la scruter et pour ainsi dire l’admirer. Elle aimait bien être regardée, il valait mieux avec le métier qu’elle faisait, mais là elle était troublée. Bruno était mignon et serviable, mais il n’était pas très causant, ça la rendait mal à l’aise d’une certaine façon. Lui ne cessait d’avoir les yeux braqués sur la jeune femme. Il la trouvait extrêmement belle et pétillante. Mais c’était surtout la flamme de détermination qui brûlait dans ses yeux qui lui plaisait et qui lui faisait perdre tous ses moyens. Déjà qu’en temps normal, la communication avec des femmes lui demandant un gros effort de maîtrise. Là, il ne sortait plus un mot par peur de dire des choses malvenues. Voilà, Mademoiselle Alicia. C’est bon, je crois. Il lui avait fallu rassembler tout son courage et la répéter plusieurs fois dans sa tête pour sortir cette phrase sans trop bafouiller. Merci, Bruno. Et appelle-moi Alicia, s’il te plaît. Euh, euh, OK, Alicia. Il n’avait pas prévu de parler plus, cela le déstabilisa. Merci, Bruno. C’était très gentil de m’aider. Et pour les steaks des enfants aussi... Et le mien, également. C’était adorable. Euh, de rien. Merci, lui dit-elle de nouveau. Elle se dressa sur la pointe des pieds et le prit par le col pour le faire se baisser. Elle lui fit une bise sur la joue. Bruno, qui avait repris ses joues roses habituelles, se remit à rougir fortement. Il eut envie de fuir avant de tomber dans les pommes. Alicia vit le trouble qu’elle lui avait provoqué. Elle lui demanda de remercier Myriam et Patrick. Elle ajouta, espiègle : S’ils peuvent te renvoyer pour m’aider à démonter, je veux bien. Euh, je le dirai. Merci, Bruno. Et ça me fera plaisir d’être avec toi. Oh, euh, euh, oh, moi aussi. Alicia le regarda s’éloigner. Il avait quelque chose de mignon et touchant dans sa maladresse. Mais elle sentait qu’il cachait quelque chose, cela l’intriguait et l’inquiétait aussi.Alicia vit venir rapidement des clients et clientes. La plupart étaient des habitués de Roger et s’étonnaient de la voir elle et non l’agriculteur. Elle passait autant de temps à servir et encaisser qu’à expliquer la situation (l’hébergement de vacances, le coup de main et le retard dans le travail de Roger). La jeune femme était aux anges, elle était au contact du public, parlait, plaisantait. Elle était assez fière de vendre des produits aussi bons. Vers 11h, elle vit une femme s’approcher vivement de son stand. Elle n’était pas très grande, un corps assez mince et visiblement entretenu. Avec ses lunettes de soleil et un large chapeau de paille, Alicia ne put voir son visage. Vous avez pris la place de Roger ! s’exclama-t-elle. Euh, bonjour, Madame. Non, enfin je l’aide pour cette fois. Vous l’aidez, Roger n’a jamais eu besoin d’aide ! C’est quoi cette histoire ! Alicia sortit le même refrain qu’aux autres clients. Mais la femme restait tendue et sur ses gardes. Elle finit par retirer ses lunettes pour plus facilement plonger ses yeux dans ceux d’Alicia. Soudain, elle la reconnut. C’était Bérénice, elle en était sûre. Ses traits de visage étaient bien reconnaissables grâce à la photo qu’elle avait vue chez Roger. Oh, vous êtes Bérénice ! Vous me connaissez ? Euh, j’ai vu une photo de vous chez Roger. Mmmmh, je vois. J’ai tout de même du mal à vous croire ma petite. Euh, eh bien, allez demander ce qu’il en est à Myriam. Je crois que vous la connaissez bien. Pardon ? Euh, oui, nous avons diné chez eux hier soir. Et alors ? Eh, elle m’a un peu parlé de vous... Bérénice tourna brusquement les talons, elle semblait furieuse ou anxieuse ou apeurée ou tout ça à la fois. Alicia la regarda virevolter entre les badauds. Elle se demanda comment Roger avait pu aimer une femme aussi malpolie. En même temps, elle s’étonna que Bérénice soit venue la voir et en ne comprenant pas pourquoi Roger était absent. Oh, mais elle s’en est inquiétée ! se dit-elle. Elle pensa même que Bérénice devait observer les stands pour ne pas croiser son ex-compagnon. Mais pourquoi ? Elle était encore en colère contre lui ou bien y avait-il autre chose ? C’était bizarre, elle était étrange. Vraiment, comment Myriam avait-elle pu voir en Alicia les mêmes traits de caractère que cette femme d’âge mûr ? Sur ces interrogations, Alicia vit revenir Bérénice. Celle-ci avait un visage plus avenant, moins en colère ou stressé. Néanmoins, il lui restait un fond d’inquiétude. Elle attendit que la cliente que servait Alicia s’en aille pour venir lui parler : Excusez-moi pour tout à l’heure. Je suis allée parler à Myriam. Elle m’a confirmé vos dires sur Roger. Ce n’est rien. Je suppose que vous vous êtes étonnée de ne pas le voir. Oui, ça m’a inquiété... Mais cette langue bien pendue m’a avoué aussi ce qu’elle vous a dit sur moi... Oh, je, je ne dirai rien. Ne vous en faites pas. Ecoutez Mademoiselle. Il vaudrait mieux que nous parlions de cela en privé. Je suis en congé en ce moment, pouvez-vous venir chez moi cet après-midi ? Euh, eh bien, je dois vraiment retourner m’occuper de mes enfants. Et aider Roger... Non, vraiment, il faut que je vous parle. C’est important. Et je voudrais aussi vous poser quelques questions sur mon compa... sur Roger. Euh, écoutez, je vais voir. Oui, je vais essayer de venir. Dites à Roger que vous avez besoin de faire des emplettes. Il râle à chaque fois, mais il cède à coup sûr... Bérénice sortit de son sac un bout de papier et y écrivit son adresse et son numéro de portable. Elle mit le papier dans les mains d’Alicia. Celle-ci sentit la douceur des mains de la femme, mais surtout leur fébrilité. Alicia fut perturbée le reste du marché. Elle n’était pas sûre de vouloir lui parler. Mais tout de même, elle sentait que ce pouvait être important. Mon Dieu, et si Myriam ne s’était pas trompée dans les dates ? Et si... Le cur de la jeune danseuse se mit à palpiter et à s’agiter dans tous les sens. Elle avait chaud, elle avait froid, elle était heureuse et anxieuse. Elle finit le marché comme un automate.Vers 13h, Bruno revint la voir comme elle l’avait demandé. Elle était contente de le voir finalement. Il approchait lentement, semblant hésiter à venir. Il était mal à l’aise, il devait même se tordre les doigts dans le dos pensa Alicia, tellement ses épaules étaient prises de soubresauts. Alicia lui fit un petit coucou et lui fit signe de venir. Bruno la vit et rentra la tête dans les épaules. Alicia lui offrit le sourire le plus bienveillant qu’elle pouvait faire. Le boucher arriva enfin à sa hauteur et après avoir respiré un bon coup, il sortit de derrière son dos un bouquet de fleurs. C’était un bouquet somme toute simple, mais très joli. Alicia n’en avait plus reçu depuis la mort de Samir. Elle en fut particulièrement émue et voulut absolument refaire un bisou à Bruno. Merci Bruno, elles sont très jolies. Alicia les rangea dans le fourgon. Puis ils commencèrent à tout démonter et remettre dans la camionnette. Bruno était toujours aussi silencieux, mais il semblait ravi d’aider la jeune femme. Alors qu’ils avaient fini, Alicia ne trouva plus l’adresse et le numéro de Bérénice. Elle commença à chercher partout et ce fut Bruno qui trouva le papier sous le véhicule. Alicia fut soulagée, mais ses questions et ses incertitudes la reprirent, elle fut prise d’une bouffée d’angoisse, elle s’adossa au fourgon et finit par s’asseoir par terre. C’était fou de se dire que cette femme pouvait être sa mère. Ça va ? demanda Bruno. Oui. Il assit sa grande carcasse près d’elle. Alicia le sentit tendu et stressé puis il passa son bras sur ses épaules. Bruno était touché par l’état de la jeune femme, il lui avait fallu se bousculer pour venir la réconforter. Lorsqu’elle posa sa tête sur son torse, son cur s’emballa encore plus vite. Qu’elle sentait bon ! Son parfum enivrait ses sens, la peau douce de ses épaules le faisait frissonner. Il aurait voulu parler et la rassurer, mais il avait peur que des mots malheureux ne sortent de sa bouche. Merci Bruno. Tu dis pas grand-chose, mais tu es là, rassurant, apaisant. Alicia regardait vers le bas, elle était plongée dans ses pensées depuis un moment. Elle finit par s’apercevoir que Bruno avait une belle bosse dans le pantalon. Elle se plut à imaginer l’émoi que devait ressentir le jeune homme. Mais elle ne pouvait pas trop jouer avec lui, elle allait bientôt repartir. Elle se redressa, elle se sentait plus forte, plus décidée. Alicia regarda autour d’eux, tout le monde était occupé ailleurs. Alors, elle posa ses lèvres sur celles de Bruno. Celui-ci fut sous le choc de son culot. Mais les lèvres douces et chaudes de la jeune maman le firent fondre complètement. Lorsqu’elle rompit ce petit baiser, il eut bien du mal à se relever et à repartir vers ses patrons.Alicia repartit de son côté, pensant à ce grand gaillard aussi timide qu’une jouvencelle. En arrivant chez Roger, elle les trouva tous les trois à table. Ils avaient presque fini, Hala vit les fleurs dans les mains de sa mère : Maman, t’as acheté des fleurs ? Euh, non, ma chérie. C’est Bruno qui me les a données. C’est ton amoureux alors ? demanda-t-elle innocemment. Non, non, pas du tout, se défendit tout de suite Alicia. Elle avait le feu aux joues et n’osait plus regarder Roger. Qu’allait-il dire ? Alors qu’elle était supposée être tout à lui pour le séjour. Roger fut très surpris de ces fleurs, il se renfrogna sur le coup. Mais sa relation paternaliste qu’il avait, à côté de celle plus sexuelle, avec Alicia l’apaisa. Il la toisa, voyant en elle des émotions qu’il aurait pu voir chez sa fille s’il en avait eu une. Il s’attendrit même complètement et proposa de les mettre dans un vase. Puis il récupéra la caisse et alla ranger les formages invendus dans un frigo de son laboratoire. En revenant, il demanda à Alicia comment c’était passé sa matinée. Elle raconta ses déboires pour la mise en place et l’aide que lui avait apportée le jeune homme. Puis elle parla rapidement des clients qu’elle avait eus et omit volontairement de parler de Bérénice. Roger l’avait écoutée et s’était dit qu’avec un peu d’aménagement, elle pouvait très bien faire tout toute seule. Mais il se rappela qu’elle devait repartir le week-end suivant. Il en fut triste, mais s’en réjouit aussi, car cela n’allait pas l’inciter à s’acoquiner plus que ça avec Bruno. Il pourrait alors la garder pour lui jusqu’au bout. Mais un doute se leva dans son esprit quand la jeune femme souhaita s’absenter dans l’après-midi, pour aller faire un peu de shopping. Elle n’avait pas l’argent pour faire des achats, mais elle aurait aimé se détendre un peu en flânant devant les vitrines et pourquoi pas faire quelques essayages. Alicia lui demanda si elle pouvait encore laisser les enfants ici avec lui. Roger râla un peu, mais céda assez vite, comme l’avait supposé Bérénice. Alicia se dit alors que l’ex du fermier le connaissait encore très bien. Alicia partit avec sa voiture après avoir mis les enfants à la sieste. Hala rouspéta et Roger décida de la prendre avec lui à la chèvrerie. Elle serait chargée de surveiller le réveil de son frère assez régulièrement. Alicia n’avait pas été trop d’accord, mais elle céda pour vite retrouver Bérénice.
* * *
Alicia dut demander à quelques habitants la rue où vivait Bérénice, elle finit par trouver et se gara à une vingtaine de mètres de chez elle. Elle ne fut tout à coup plus sûre du tout de vouloir avoir des révélations de la part de la quinquagénaire. Que se passerait-il si elle confirmait qu’elle était bien sa mère biologique ? Et dans le cas contraire, si elle mettait fin à cet espoir ? Elle avait souvent rêvé, plus jeune, de retrouver sa mère par miracle. Elle avait imaginé ces retrouvailles comme celles qui se passaient dans les films. Elle se voyait tomber dans les bras de sa mère et l’appeler "maman" sur-le-champ. Celle-ci s’excusait de tout son cur d’avoir dû abandonner son bébé. A chaque fois, Alicia inventait des raisons plus ou moins romanesques : un enlèvement, une amnésie, de l’espionnage, etc. Mais après avoir parlé à Myriam, la vérité était bien plus glauque et banale. Alicia resta pas loin de quinze minutes avant d’oser sortir de son auto. Et il lui en fallut encore cinq pour arriver devant la porte d’entrée de Bérénice. Alicia sonna : J’arrive, entendit-elle. La voix était bien plus agréable à entendre que celle du matin. Ce ne pouvait être la même personne. Mais la femme qui ouvrit était bien la même que celle du marché. Elle avait la même robe à fleurs et avait abandonné son large chapeau. Bérénice avait des cheveux gris naturels du plus bel effet, sa coiffure de type pixie lui permettant d’avoir une mèche sur le front qui soulignait bien son regard. Alicia la trouva finalement très belle et élégante. Elle lui sourit et son sourire était sincère, bienveillant. Ses yeux étaient sombres, mais lumineux, sa peau était claire. Elle était à peine plus grande qu’Alicia, mais avait des seins légèrement plus petits. La robe laissait un décolleté qui permettait de voir la peau de la poitrine, elle n’était pas ridée ou pas trop. La silhouette de Bérénice restait svelte malgré l’âge. Alicia se dit qu’elle devait faire du sport ou s’entretenir d’une façon ou d’une autre. Et puis elle n’avait jamais eu d’enfant, à part elle. Enfin à part l’enfant qui était né son X, se corrigea la jeune femme.Bérénice ouvrit et découvrit une jeune femme assez mignonne. Elle avait été trop chamboulée au marché pour avoir eu le temps de la détailler. Son visage ne ressemblait pas au sien, elle se demanda comment Myriam avait pu penser qu’elle aurait pu être son enfant. Enfin, d’après elle, c’était surtout côté caractère que Myriam avait trouvé des similitudes. En tout cas, la jeune blonde lui parut dans ses petits souliers, sa robe légère épousait son corps ferme et magnifique. Elle faisait très féminine malgré sa petite taille. Elle la scruta un peu plus et glissa son regard sur sa poitrine ferme, son ventre plat, ses bras gracieux. Finalement, au bout de presque une minute à s’observer mutuellement, Bérénice prit la parole : Bonjour. Re-bonjour. Je suis contente de vous voir. Oui, re-bonjour, je n’étais pas sûre de venir. Je comprends. Entrez, ne restez pas là. Merci. Alicia entra et trouva une petite maison de village, joliment décorée et bien entretenue. Elle n’était vraiment pas très grande. Un salon-séjour avec une cuisine semi-ouverte, deux portes dans un coin, probablement les toilettes et la salle de bain. Et puis à l’autre bout, un escalier qui devait mener aux chambres. Pas plus d’une ou deux se dit-elle. Elle suivit Bérénice jusqu’au canapé et elle s’assit à son invitation. Vous voulez un café, un thé ? Euh, ne vous dérangez pas pour moi. Non, non, je n’ai pas été très gentille avec vous ce matin. Permettez-moi de me rattraper un peu. Alors un thé, je veux bien. J’apporte ça. Bérénice s’affaira dans sa cuisine. Alicia eut l’impression que c’était aussi pour se donner un peu d’air. L’employée de mairie semblait vouloir retarder le moment des révélations. Alicia en profita pour inspecter du regard la pièce. Il y avait quelques cadres, des photos. Et puis, un peu cachée, elle en vit une de Roger et de Bérénice quand ils étaient jeunes. Alicia alla la regarder de plus près pour être sûre de ne pas se tromper. Mais c’étaient bien eux. Elle reposa le cadre et revint s’asseoir. Vous avez vu la photo ? demanda Bérénice en revenant au salon. Euh, oui, désolée, je ne voulais pas fouiller. Je la cache mieux d’habitude. Mais entendre Myriam dire que vous qualifiiez Roger de papa de substitution m’a fortement ému. Ah. Avec votre âge, je n’ai pu m’empêcher de penser à ce que nous aurions pu être comme famille, lui et moi... Euh, vous savez. Je ne sais pas si je devrais le dire. Mais il a aussi une photo de vous. Ah bon, Myriam ne me l’avait jamais dit. Mais vous savez, elle est un peu cachée comme pour vous. Mais vous l’avez vu, vous. Je loge chez lui en ce moment. Ah, oui, c’est vrai. Racontez-moi donc comment s’est goupillée cette histoire. Alicia répéta le petit mensonge qu’avec Roger ils avaient mis au point. Sur cette association qui aidait les familles en difficulté à partir en vacances. Elle parla de ce qu’ils avaient fait depuis leur arrivée et qu’elle voyait en lui une figure paternelle rassurante. Ceci était vrai, se rendit-elle compte, au-delà même de l’appellation "papounet" qu’elle lui donnait. Bérénice l’écouta attentivement, elle découvrait le comportement de Roger envers Hala et Salil avec intérêt et tristesse. A la fin du récit d’Alicia, elle se reprit et lui parla franchement : Je suis tout émue d’entendre parler de Roger comme un parent ou un grand-parent. Par contre, votre histoire c’est n’importe quoi. Votre association là, elle n’existe pas. J’ai appelé une collègue au conseil général. Elle n’en a jamais entendu parler. Mais euh, c’est une méprise, une erreur de nom sûrement... Non, ma petite. Je ne comprends pas pourquoi vous avez inventé cela. Je vois bien que tout le reste est vrai, que vous n’êtes là que pour un court séjour. Que le comportement de Roger est bien celui que vous décrivez. Mais euh, je ne... Alicia ne put finir sa phrase, elle avait des larmes qui coulaient déjà le long de ses joues. Elle se sentait prise au piège, acculée. Oh, excuse-moi ma petite. Je ne voulais pas te faire pleurer. Je veux juste comprendre. Bérénice prit dans ses bras la jeune femme et lui embrassa le front. Alicia avait un gros chagrin et avait l’impression de se faire réconforter par sa maman. L’étreinte offerte par Bérénice était chaleureuse et douce, réconfortante et apaisante. Alicia se laissa aller, s’allongea sur le canapé et posa sa tête sur les genoux de Bérénice. La femme, sa possible mère, lui caressa les cheveux, elle-même triste de blesser la jeune femme. Je suis navrée Alicia. Je ne voulais pas faire ça. Ce n’est rien Madame. Vous... Appelle-moi Bérénice mon cur. Bérénice, je te remercie. Dis-moi, comment t’es-tu retrouvée chez Roger ? Alicia lâcha prise, elle raconta à cette presque inconnue une grande partie de son histoire. Ses années de familles d’accueil, sa rencontre avec Samir et leur début de vie commune, son décès et les difficultés qu’elle avait rencontrées ensuite. La nécessité qui s’était faite de travailler en tant que gogo danseuse puis strip-teaseuse, l’aide précieuse de Karima. Puis elle avoua les derniers obstacles de sa vie, sa blessure, ses problèmes financiers et la possibilité de devoir passer la barrière de la prostitution. Elle n’avoua pas son coup de dépression et préféra parler de besoin soudain de s’échapper quelques jours avec ses enfants. Elle revécut difficilement l’épisode de l’orage qui l’avait vue sauvée par Roger, celui-ci proposant de l’héberger pour une semaine devant l’espoir des enfants de passer des vacances à la ferme. Bérénice se mit à sangloter avec la petite jeune femme qui se pelotonnait sur ses genoux. Elle était touchée par tous les malheurs que la jeune maman avait vécus. Elle lui caressait toujours les cheveux ou la joue. Elle ne savait pas trop comment faire, elle n’avait jamais eu à consoler un enfant. Bérénice fit de son mieux pour atténuer la tristesse de la jeune femme. Elle se sentait, en outre, responsable pour l’avoir jeté dans des souvenirs si douloureux. La femme aux cheveux gris se pencha et embrassa ses paupières closes. Alicia se tourna vers elle et lui posa la question qu’elle redoutait : Bérénice, c’est toi ma maman ? La gorge de la femme se noua, elle ne savait si elle devait lui mentir ou lui dire la vérité. Répondre à son espoir ou ne pas y répondre. Finalement, Bérénice lui demanda : Tu es née quand ? Le 23 octobre 1994. Je ne suis pas ta maman. J’ai accouché d’une petite fille, mais le 25 novembre. Et puis, quelques mois plus tard, j’ai cherché à savoir ce qu’elle était advenue, on m’a dit qu’elle avait été adoptée. Je suis désolée mon cur. Oh, je m’en doutais quand même. Merci en tout cas, ça m’a évité de me poser trop longtemps la question. Alicia soupira, elle avait le cur en miettes. Mais les mains de Bérénice la soulageaient bien. Elle resta encore un moment contre elle, contre une présence maternelle qu’elle n’avait jamais vraiment connue. Bérénice ? Oui ? Je t’ai menti. Sur quoi ? Alors Alicia lui raconta les véritables raisons de sa présence sur le chemin vers la chapelle, sur la discussion qu’elle avait eue ensuite avec Roger où elle avait repris confiance et force. Ma pauvre chérie. Heureusement que l’orage est arrivé. En fait, je crois que je ne l’aurais pas fait. Je les aime trop. Je ferai tout pour eux, je ferai tous les sacrifices qu’il faudra. Même faire... Oui, même faire la pute s’il le faut. Alicia, tu vaux mieux que ça je le sens. Mais je ne comprends pas une chose. Connaissant Roger, il aurait prévenu la police ou des services sociaux quand il a compris ce que tu voulais faire. Et puis comment se fait-il qu’il ait accepté de vous héberger ? Il m’a dit que pour le moment, il n’allait prévenir personne. Je crois qu’il veut être sûr que je ne le ferai pas. Et pour l’hébergement... Alicia se redressa ne voulant pas aborder cela en position ftale sur Bérénice : Je lui ai proposé de payer ma part, de faire du ménage ou autre chose, mais il m’a dit qu’il n’avait pas besoin de ça. Alors je me suis proposée. Pardon ? Oui, il peut faire de moi tout ce qu’il veut pendant mon séjour. Ça l’a gêné, mais il a fini par accepter. Je voulais faire un geste vers lui, pour le remercier de nous avoir sauvés. Je me sentais plus que redevable. Alors pour le convaincre je me suis mise nue devant lui et après je l’ai sucé. Depuis, je suis sa petite salope et sa chienne quand on baise, mais je suis aussi sa grande fille et lui mon papounet en dehors. Alicia raconta les diverses pratiques qu’elle avait faites avec l’agriculteur, n’omettant aucun détail. Revivre ces moments de luxure avec le fermier lui échauffa l’esprit, elle mouillait et ses seins étaient devenus très sensibles. Chacun de ses mouvements faisait frotter sa robe contre ses tétons et accentuait son excitation. Alicia n’avait pas remis de sous-vêtements en se changeant, le matin elle avait opté pour un t-shirt et un short. Elle avait voulu se changer avant de partir, Roger était entré pour lui demander s’il pouvait emmener Hala et Salil avec lui après la sieste. Il avait envie de faire une balade avec eux dans la forêt toute proche. Alicia n’y avait vu aucun inconvénient et Roger en avait profité pour la regarder se changer. Son petit sourire en coin lorsqu’elle avait été en sous-vêtement, lui avait donné envie de faire plaisir au fermier. Elle avait retiré son soutien-gorge et avait enfilé sa robe. Mais cela n’avait pas semblé suffire à son agriculteur favori. Elle avait décidé de se délester de sa culotte et de lui jeter au nez. Cela les avait fait rire et elle était partie. Maintenant, Alicia était là, devant Bérénice. Elle avait vu la femme d’âge mûr réagir à son récit, elle l’avait d’abord pensée choquée ou outrée, avant de comprendre que plusieurs de ces situations lui rappelaient des choses. Bérénice avait écarquillé les yeux, ouvert la bouche, soupiré, soufflé, posé une main sur sa poitrine ou son ventre. Elle s’était mordillé la lèvre et avait frotté ses cuisses l’une contre l’autre. Et puis Alicia voyait bien les tétons de la femme tendre le tissu de sa robe légère. Elle se demanda si par hasard... Et tu sais Bérénice. Je me suis changée avant de venir et Roger m’a demandé d’être nue sous ma robe. Je le suis actuellement. Et je vois tes seins pointer sous la tienne. Le serais-tu aussi ? Bérénice fut secouée qu’Alicia l’ait percé à jour. Oui, elle avait gardé cette habitude depuis l’époque de Roger. Elle évitait de se balader ainsi quand elle travaillait, mais retombait dans ce plaisir dès qu’elle le pouvait. Cela gênait son précédent compagnon quand elle le faisait à l’extérieur, mais il aimait qu’elle le fasse chez eux. Depuis elle avait repris ses sorties en tenue très légère. Elle se sentait troublée par cette jeune femme, par son récit. Bérénice avait été étonnée qu’elle lui déballe tout cela, mais elle avait apprécié sa franchise. Surtout, toutes ces choses l’avaient replongée dans son passé avec Roger. Elle l’avait bien reconnu dans ses pratiques et son comportement. Et cette petite semblait aimer autant qu’elle entendre des grossièretés. Finalement, Myriam n’avait pas tout à fait tort quand elle avait vu en Alicia une mentalité semblable à la sienne. Elle avait maintenant le feu entre les jambes, il allait lui être urgent de se toucher pour parachever son émoi du moment. Euh, oui. J’ai gardé cette habitude. Nous nous ressemblons en quelque sorte... Bérénice, te raconter tout ça m’a troublé... Moi aussi, tu sais. Je vois tes tétons qui pointent. Comme les miens. Et ce n’est pas la seule manifestation de mon état. Oh ! Eh bien, euh, moi également. Tu es une belle femme. Moi je ne suis qu’une jeune fille à côté de toi. Non, tu es splendide. Je comprends que Roger se soit laissé faire. Je peux te voir ? Me voir ? Nue... Alicia se leva et ôta sa robe comme pour inciter Bérénice à l’imiter. Celle-ci tomba en arrêt devant le corps svelte et tonique de la jeune femme : ses seins fermes, son ventre plat, son sexe épilé et brillant d’excitation. La jeune danseuse l’invita à se lever et, comme dans un rêve, Bérénice retira sa robe. Alicia avait voulu la voir, comprendre ce qu’avait aimé Roger chez elle. Bérénice était encore très bien : mince, des seins se tenant encore raisonnablement, des fesses moins fermes que les siennes et un sexe aussi épilé que le sien. Il était aussi humide que celui d’Alicia d’ailleurs. La blonde tendit la main et la posa sur un des seins de Bérénice. Elle avait encore la peau assez douce, moins que la sienne. La femme ferma les yeux et soupira. Ce contact l’avait électrisé. Elle n’avait plus de relation depuis son dernier compagnon, c’était la première main étrangère qui la touchait depuis bien des années. Une main féminine, certes, mais qui avait tenu en main la queue de Roger, touché le corps de son ex-amant. Elle voulut également sentir sous ses doigts ce que ceux de Roger avaient à disposition. Elle prit en main un des seins d’Alicia qui émit un petit gémissement. Leurs mains commencèrent à masser ce sein, à jouer avec le mamelon. Puis la deuxième main vint sur l’autre sein. Alicia et Bérénice commencèrent à gémir de concert. L’humidité de leurs sexes empirait, la cyprine commençait à dégouliner le long de leurs cuisses. Oh, mon Dieu, souffla Bérénice. Oui, oh, nous sommes... Oui, nous sommes deux belles... Salopes. Dis-le Bérénice. Oui, des salopes, des chiennes. Aaah ! Alicia venait de poser brusquement la main sur le sexe de sa partenaire. Celle-ci plaqua ses doigts sur celui d’Alicia. Aaaah, oui, tu es une belle petite salope, Alicia. Et toi aussi, Bérénice. Oh, tes doigts ! Oui, plus fort ! Demande comme si c’était Roger. Fourre-moi plus fort. Fourre la petite pute que je suis. Oui, voilà. Prends ça ! Bérénice entra violemment deux doigts dans le vagin d’Alicia lui arrachant plusieurs cris de plaisirs. Alicia, fais-moi la même chose. Baise ma chatte de chienne, laboure le con de la vieille salope que je suis. Alicia répondit à la demande en introduisant deux de ses doigts dans le sexe de Bérénice aussi sauvagement que celle-ci lui avait fait. De leurs pouces, elles excitèrent le clitoris de la femme qu’elles pénétraient. Elles poursuivirent leur échange d’insultes et d’insanités. Leurs jambes devinrent faibles et elles tombèrent sur le canapé, elles y continuèrent à se branler mutuellement. Leurs bouches s’étant rapprochées, elles s’embrassèrent dans un baiser plein de luxure et d’obscénité. Toutes les deux furent vite attrapées par un puissant orgasme alors que leurs lèvres étaient jointes. Leurs cris furent un peu étouffés, mais des passants ou des voisins attentifs auraient pu les entendre. Bérénice et Alicia restèrent enlacées un moment, sans rien dire, sans rien faire. Puis la quinquagénaire commença à passer ses doigts sur la peau parfaite d’Alicia. Celle-ci se mit à ronronner comme une chatte. Elle se pencha et se mit à téter les seins de son acolyte. Bérénice fut assommée de bien-être avec cette bouche avide sur ses seins. Elle repoussa Alicia et vint lui lécher les appendices mammaires à son tour. La jeune maman fit tourner Bérénice pour avoir son cul en face d’elle. Ce sexe baveux à souhait, elle voulait le bouffer. Le bouffer comme Roger l’avait fait dans le passé et comme il lui faisait à présent à elle. Bérénice se trouva soudainement projetée entre les cuisses d’Alicia. Elle découvrit en gros plan ce jeune sexe appétissant. Si appétissant que Roger devait bien s’en régaler. Comme il s’était régalé du sien. Bérénice voulut le brouter comme devait le faire Roger. Elles posèrent toutes les deux leurs lèvres sur le sexe de la partenaire. Elles gémirent ensemble tant elles étaient sur la même longueur d’onde. Elles n’avaient jamais pratiqué le lesbianisme et se lancèrent à l’assaut de cette nouveauté avec envie. Elles savaient ce qu’elles aimaient et ce que faisait Roger. Elles le reproduisirent toutes les deux au mieux. Elles accompagnèrent leur léchage en ajoutant un puis deux doigts dans le vagin de l’autre. Mais ce n’était pas assez pour assouvir leur besoin de débauche. Elles fichèrent dans le cul offert les deux doigts lubrifiés par la mouille. Elles se labourèrent le cul avec fureur, se faisant crier. Elles hurlaient, la bouche collée à la chatte de l’autre. Un torrent de cyprine vint ponctuer l’orgasme ravageur qui les secoua toutes les deux. Leurs visages couverts de mouille, elles se rapprochèrent l’une de l’autre. Elles se léchèrent la face un long moment tout en s’embrassant et en se disant des atrocités. Finalement, leur excitation perverse retomba. Elles restèrent allongées, Alicia sur Bérénice. Celle-ci avait repris instinctivement ses caresses sur les cheveux de la jeune fille qui y trouvait une douceur toute maternelle. Bérénice. Tu sais, je crois que tu manques à Roger. Je crois que depuis que je suis là il pense bien plus à toi. Ah bon ? Oui. Et toi aussi tu penses à lui. Tu t’inquiètes pour lui. C’est pour ça que tu as eu cette attitude ce matin. Oui, c’est vrai. J’avais regardé l’émission et vu qu’il y était. Je voulais qu’il trouve son bonheur, mais était un peu triste que cela ne soit pas avec moi. Mais il est toujours seul. Pourquoi n’es-tu jamais allé le revoir ? Parce que j’avais honte, j’avais peur. Que Roger apprenne pour mon accouchement. Qu’il m’en veuille... Et psychologiquement j’étais très mal. Après j’ai trouvé mon compagnon suivant avec qui j’ai été assez heureuse. Même si le miracle de ma grossesse ne s’est pas renouvelé, ce qui a causé la fin de notre liaison. Et maintenant que vous êtes libres tous les deux ? Que vous pensez l’un à l’autre ? C’est trop tard, ma petite. Alicia se mit à réfléchir intensément, elle était si bien contre Bérénice... Bérénice, je peux te demander un truc fou ? Plus fou que ce que venons de faire ? Alicia se redressa et planta son regard dans celui de Bérénice...