Assise dans le train, je regarde le paysage en me remémorant tout le chemin parcouru ces dernières années. Enfant surprise et deuxième fille d’un couple, je suis celle qui est toujours restée dans l’ombre, celle qui, n’étant pas prévue à simplement été là sans vraiment y faire attention. Mes parents sont tous les deux notaires dans l’archétype d’une ville de province sans véritable âme, sans monument, sans théâtre antique, sans site d’exception. Héritiers d’une étude dans la famille depuis des générations, ils ont eu un garçon puis une fille car cela correspondait aux normes d’avoir deux enfants.Et puis, la soirée de transmission de l‘étude, un punch traitre car assaisonné en douce par un oncle taquin et mon arrivée neuf mois plus tard… Oh, je n’ai pas été abandonnée simplement été la surnuméraire avec qui on fait avec, mon frère et ma sœur dont le chemin futur était déjà tout tracé n’étaient déjà pas très entourés d’affection mais moi c’était un peu moins on va dire…De nounou en baby-sitter, j’ai grandi dans mon coin.Malheureuse ? Oh que non ! De tempérament solitaire, rêveuse, plongée dans les livres et dans la bibliothèque de cet oncle brebis galeuse de la famille car différent j’étais bien. Quand mon absence était enfin remarquée, ce qui arrivait peu, on savait que j’étais chez lui. A force j’y étais de plus en plus souvent puis c’était devenu ma maison, celle où je me sentais bien. Il m’avait fait découvrir la lecture, l’art, la musique et surtout tous les secrets d’un antiquaire. Nous étions heureux car j’étais la seule à ne pas le rejeter lui ou son « locataire « comme on disait et moi j’avais deux amis fidèles qui m’apprenaient la vie. Son ami m’enseignait le bricolage, la nature, le vélo, l’analyse des caractères et mon oncle enchérissait avec la gestion, la peinture ou encore la façon de discerner une œuvre authentique d’une fausse. Jamais je n’avais surpris de gestes équivoques entre les deux hommes même si j’avais rapidement compris qu’ils s’aimaient. L’essentiel pour moi c’était qu’ils m’entouraient d’un cocon de tendresse. Mes parents étaient heureux que je prenne de la distance ; sans doute sentaient ils confusément que j’étais différente et mon frère et ma sœur bien plus âgés étaient déjà leurs clones avec juste des dents plus longues.C’est grâce à mon oncle et son ami que j’ai pu choisir ma voie, choisir les arts, tout en étant apte si besoin à gérer une boutique d’antiquités. Néanmoins, on espère toujours quelque chose de ses parents et cette absence, m’avait quand même rendue timide et effacée. Pourtant Paul, l’ami de mon oncle me disait toujours qu’un jour la tigresse qu’il sentait en moi se libérerait mais en attendant je restais chrysalide. En attendant j’avais la vingtaine, je finissais mes études, un peu solitaire, un peu différente des autres. J’avais grandi, eu quelques flirts mais cela n’était pas moi. Sans doute que mon oncle et Paul avaient devinés depuis longtemps mais je tiens à bien le dire c’était en moi et ce n’est pas eux qui m’ont créée ainsi n’en déplaise aux bigots et mauvaises langues. Revenons-en maintenant à mon voyage, à cette dernière année d’étude, cette année où je suis devenue moi, enfin n’anticipons pas…La ligne était assez chargée parce qu’une grande entreprise c’était installée dans le coin, générant un boum de l’immobilier mais il y avait néanmoins toujours de la place. Au fur et à mesure des jours et des semaines, les gens commençaient à se reconnaitre, prenant toujours les mêmes places, à parler entre eux, à se sourire et, même si je restais dans mon coin, j’adorais la façon dont évoluait ce microcosme, les interactions, voir les amitiés se nouer, les regards langoureux s’échanger, bref des choses se mettre en place. Je notais aussi des regards appuyés sur moi, je ne saisissais pas vraiment pourquoi. Bien sûr Fred et Paul, mes deux faux papas m’avaient toujours dit que j’étais très jolie et mes deux flirts aussi, mais je n’arrivais pas trop à y croire vu l’absence d’intérêt pour les femmes des uns et le trop d’intérêt des autres. Néanmoins à force de me sentir scrutée, j’en arrivais un soir à me retrouver nue devant la glace et à essayer de me voir comme si j’étais quelqu’un d’autre. Je suis brune, les cheveux courts, plutôt grande, mince et assez musclée avec tout le sport que je fais avec Paul. Mes seins ne sont pas énormes mais chacun remplit bien ma main et mes tétons roses bruns sont joliment dessinés tout comme le petit triangle fin entre mes cuisses. Je soigne mon apparence même si mes vêtements sont je le confesse plutôt ternes car j’aime être seule. Finalement et comme presque chaque soir avant de me coucher, je surfe et regarde un certain genre de vidéos, je me caresse et me fais jouir. J’adore mes plaisirs solitaires, me toucher, me goûter et savourer. Quand je reprends mes voyages, je trouve la force de regarder et découvre avec stupeur que ce sont deux femmes qui me regardent souvent. Elles rentrent et sortent dans la même gare que moi. Vu leur vêture plutôt classe, j’imagine qu’elles bossent dans la grande entreprise de bureaux. L’une a la trentaine, très jolie, blonde avec des cheveux encore plus courts que les miens, un physique qui ressemble au mien, des jolis yeux noisette qui m’observent. L’autre doit avoir la quarantaine, fort jolie aussi avec un air un peu dur, les cheveux noirs en queue de cheval, le corps un peu plus pulpeux et des seins opulents qu’on ne peut louper. Son regard aux yeux sombres me fixe et ne me lâche pas quand je le croise. Elles sont toujours ensemble et les deux semblent me voir comme une proie. J’ai assez appris pour le comprendre et je confesse au fond de moi que cela m’émeut et me perturbe…Paul et Fred m’ont enseigné à voir au-delà des apparences et à noter tous les signes et, si les autres voyageurs voient en elles, deux bonnes copines moi je sais qu’elles sont amantes. Cela a d’ailleurs nourri mon imaginaire érotique et mes jouissances. Le vendredi est la journée la pire car quand nous prenons le train de 14h pour rentrer (week-end court oblige) j’ai eu toute la semaine pour fantasmer. L’ont-elles senti, ont-elles décidées de me chasser aujourd’hui? Je ne sais pas mais cette fois elles se sont mises debout devant moi, m’encadrant, ou plutôt me coinçant dans l’angle du fond du wagon alors qu’il y a vraiment, vraiment peu de monde. Elles me regardent, me faisant me sentir toute petite devant leur assurance, ou disons le, leur prestance. Elles sont presque à me toucher et leurs regards ne me quittent pas. Et puis isolés des autres voyageurs, elles me montrent chacune une main, l’autre tenant la barre de maintien. Je vois la main de l’une glisser sous la jupe de l’autre et vice-versa. Je pourrais dire vice tout court tant c’est érotique, tant c’est puissant. Ce doit être puissant aussi pour elles quand elles voient mon regard focalisé sur leur manière, sur ces mains qui glissent, sur ces mains qui font remonter la jupe de chacune, dévoilant des dessous de luxe, de ceux qui rendent fou un homme ou une femme. Tout cela couplé à leurs regards impassibles et presque dominateurs, me rend très tendue.Elles se rapprochent encore et la main libre de chacune se pose le long de mes cuisses. Je ne réagis que par un léger, très léger frémissement mais qu’elles captent pourtant parfaitement. Elles me font penser à un couple de guépards avec moi dans le rôle de la proie. Ensuite cela va encore plus loin, devient encore plus intense en profitant de ce wagon qui se vide. La main de la plus âgée plonge dans la culotte de la blonde, je vois à travers la tulle, les doigts s’agiter et plonger dans l’intimité. Puis elle ressort son majeur où je vois à cette si faible distance la brillance d’une humidité, la brillance du miel. Elle me fixe, avance son doigt vers mon visage, vers ma bouche et le laisse, tendu et immobile juste devant mes lèvres.Je la regarde, je les regarde et j’avance mes lèvres pour gober ce doigt. Je le suce, savoure le goût exquis qui m’excite, je vibre, sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine, tout le monde dans le wagon doit l’entendre d’ailleurs ! J’aspire tout le doigt dans ma bouche jusqu’au ras des phalanges et dans ma bouche joue avec ma langue dessus. Enfin, elle le retire et je vois soudain le majeur de la blonde devant ma bouche, je ne l’avais même pas vu récolter la mouille de sa complice et là aussi j’aspire, je savoure ce goût légèrement différent mais tout aussi délicieux qui me fait presque défaillir. A tel point qu’elles doivent presque me soutenir pour que je ne tombe pas. Le plus fou est qu’aucune parole n’a été échangée. Mais à vrai dire nous n’en avons pas besoin. Le train ralentit, je pense qu’aucune ne s’est rendue compte que nous sommes arrivées au terminus. Le serpent métallique stoppe et nous sortons, elles me regardent, me laissant comme un dernier choix et j’avance, leur emboitant le pas…