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La Trinité

Chapitre 1

Le sauvetage

Divers
L’histoire que je vais raconter n’est pas pour les gens pressés. Si vous recherchez quelque chose où les personnages font très vite "connaissance", ce n’est peut-être pas pour vous... Pas de galipettes dans ce premier épisode destiné à lancer la machine. Rassurez-vous, du sexe, il y en aura. Si vous savez être patient, j’espère que vous y trouverez votre compte.

YANN

J’étais dans ma dix-neuvième année lorsque tout ça est arrivé. J’étais à la fois mûr pour mon âge, parce que mon kilométrage était hors normes et parce que j’avais souffert, mais vert pour tout un tas de sujets. J’ai dit kilométrage, mais pour moi, ça se compterait plutôt en milles nautiques. Je naviguais depuis toujours, pour ainsi dire. Avec un père officier de marine marchande, j’avais de qui tenir. C’était un mordu, un marin jusqu’au bout des cheveux. Je le vénérais comme un dieu malgré la tare dont tous les pères qui exercent ce métier souffrent : trop absents quand ils partent, trop présents quand ils reviennent. Il profitait de ses congés pour me raconter ses voyages et m’apprendre tout ce qu’il savait. Je crois que j’ai su barrer un petit dériveur dès cinq ans, lire une carte marine en primaire, faire une droite de hauteur au collège...
Quand ce n’était pas mon père qui louait un voilier pour balader la famille le long des côtes bretonnes, en Corse ou dans les Cyclades, il m’envoyait volontiers en stage aux Glénans ou à l’UCPA. J’ai eu une enfance enviable, ouverte sur le monde maritime et partant, sur le monde entier.
Et mon monde s’est subitement rétréci. Mon père est mort l’année de mes seize ans, d’une mort conne, de terrien, dans un accident de la route. Mon existence avait déjà été chamboulée une première fois deux ans plus tôt, suite au divorce de mes parents. Ma mère, qui avait par ailleurs un tempérament dépressif, supportait de plus en plus mal les absences interminables imposées à son mari. Elle s’était remariée et habitait avec ma sœur, loin de la mer. Ce qui était inenvisageable pour moi, qui avait fait le choix de rester avec mon père. Après son décès, c’est chez ma grand-mère que j’avais atterri. Elle habitait Erquy, petit port de pêche des Côtes-d’Armor.
Elle ne m’appelle que par « mon Yann », m’aime plus que tout et a tout supporté : mes sales humeurs, ma dérive indolente des dernières années de lycée, mon absence prolongée quand je suis arrivé à me faire embarquer comme équipier pour une transat’, alors que j’étais censé faire ce qu’on fait normalement à mon âge, c’est-à-dire des études. Mon père m’avait laissé de l’argent pour ça, mais je n’y avais pas touché, pensant que je l’utiliserai pour faire ce que je voulais vraiment faire, d’une manière ou d’une autre, c’est-à-dire sans grand rapport avec ce que la plupart des gens appelleraient « le monde réel » ou « le monde du travail ». J’étais donc spécial. Pas vraiment d’autres envies que celle de voyager en voilier, pas d’études supérieures, pas de plan de carrière, pas de vie amoureuse (sérieusement, qui ça aurait intéressé ?), peu d’amis.
C’est pourtant un de ces rares amis qui me permettait le plus régulièrement d’assouvir mon besoin d’être sur l’eau en allant un peu plus loin que ce que mon catamaran de plage permettait. Les parents d’Hervé avaient un voilier à la Trinité-sur-Mer. Ils connaissaient mon père, me connaissaient et me faisaient suffisamment confiance pour me laisser responsable de la sécurité de leur fils et de sa bande de potes pendant une semaine de croisière côtière dans les îles du Morbihan. Je m’ouvrais un peu plus aux autres, dans ce contexte ; la bande de joyeux drilles qui entourait Hervé facilitait les choses. Volontiers chambreurs, je remarquais quand même qu’ils prenaient des pincettes avec moi. Déjà parce qu’Hervé avait dû leur faire un topo sur ma situation, et puis parce que j’étais le seul à bord qui avait toutes les compétences nécessaires pour les amener à bon port. Cette sortie m’avait remonté le moral et s’était conclue par un apéro de retour à la Trinité.
Posés dans le cockpit, on refaisait une dernière fois le monde avant de refermer cette agréable parenthèse.
Les bières descendaient à un bon rythme...Je préférais rester modéré à ce niveau-là, car je voulais être en état de repêcher un de ces fiers mathurins qui aurait la bonne idée de tomber à l’eau. Puis, par courtoisie pour les parents d’Hervé, et parce que dans le cas contraire, le fantôme de mon père serait venu m’engueuler, j’avais décidé d’être jusqu’au bout l’adulte responsable du bord, et de leur rendre un bateau propre et en état de naviguer. Les anecdotes familiales glanées avant la croisière m’avaient convaincu qu’il ne fallait pas compter sur ce grand dadais d’Hervé pour prendre l’initiative de faire le ménage. Je l’ai donc jouée Gentil Organisateur en invitant cordialement tout ce beau monde à nettoyer cabines, carré, cockpit une fois les libations terminées. Pour une fois, les gars oublièrent leur réserve à mon égard et me charrièrent gentiment. Après quelques « Oui, mon capitaine » et autres joyeusetés, le boulot était quand même fait. Les dernières accolades et embrassades passées, la bande s’éparpilla.
Je fis un dernier tour pour vérifier que tout était en ordre, puis je pris la direction du parking de la marina, pour récupérer la vieille Clio de ma grand-mère, qui m’avait permis d’arriver jusqu’ici et devait me ramener jusqu’à Erquy. Faire la route de nuit n’est pas ma tasse de thé, mais j’aurais fait deux fois plus de kilomètres pour naviguer à l’œil.
La Trinité-sur-Mer, ce n’est pas Chicago. On ne s’attend pas à la mauvaise rencontre et pourtant... Il faut croire que tout peut arriver n’importe où. De là où j’étais, en remontant une passerelle des pontons de plaisance, je n’ai pas bien vu d’où provenaient les éclats de voix. Du parking, on dirait bien... On était en fin de saison, passé onze heures du soir un vendredi, donc j’avais toutes les raisons de me dire que ça restait du domaine de la normalité. Viande saoule en maraude, vacanciers ou locaux, ou embrouille typique de parking, un phare ou un rétro amoché, ce genre de choses, ou quoi que ça puisse être d’autre : je n’étais a priori pas intéressé. Sauf que bon, je devais traverser ledit parking. J’allais essayer de me faire discret... Il n’y avait pas un chat, à part moi et les protagonistes de l’altercation, dont l’un était manifestement une femme, comme sa voix le laissait deviner.
— Mais laissez-nous, putain ! On vous a rien fait ! s’exclama cette voix.— Eh, tu vas me parler autrement, toi ! Ou sinon on défonce ton... ton vieux... Et on te défonce après, par tous les trous.
Bref, ça partait mal. La voix qui avait répondu à la femme, je pouvais maintenant l’observer, appartenait à un beau spécimen de Kéké, tel qu’on pouvait en voir sur les plages tout l’été, de Barcelone à Antibes en passant par le Cap d’Agde, mais, à l’évidence, la Bretagne n’était pas complètement épargnée...
Les deux autres, parce qu’un kiloéké n’arrive jamais seul, étaient évidemment de la même mouture. Vu l’accent avec une pointe d’ail et d’huile d’olive (ou graisse d’oie et piment d’Espelette, je n’ai rien contre, mais je n’ai jamais bien su faire la différence), et la dégaine pseudo-californienne (genre surfeur qui ne surfe jamais), ils devaient provenir d’un des nombreux campings de la région. La plupart des spécimens de ce genre sont d’après mon expérience généralement inoffensifs, quoique bruyants. Mais ceux-là, au vu de la bouteille de whisky sérieusement entamée que l’un d’eux tenait, avaient l’air juste assez éméchés pour se sentir pousser des ailes, mais pas assez pour ne plus présenter aucun danger physique. Les trois formaient une barrière devant le couple, on aurait dit trois vélociraptors prêts à fondre sur deux...
Deux dinosaures plus petits qui vont se faire bouffer, quoi. Le type d’une cinquantaine d’années qui accompagnait la femme n’était pas un gringalet, mais il n’allait pas faire le poids contre les trois autres. Celui qui avait l’air le plus agressif et qui était le plus proche de la fille continuait sa harangue.
— J’allais dire « ton daron, mais il m’a semblé que vous étiez en train de vous en rouler une, quand on arrivait, non ? Salope, tu peux pas traîner avec des mecs de ton âge ?— Mais ça vous regarde carrément pas, en fait ! Allez, laissez-nous passer.— Eh, mais apprends à dire s’il te plaît, au moins. Tu vas voir, on va t’apprendre les bonnes manières, nous !— Mais ça va pas non ? Vous voulez quoi, merde ! »
La petite blonde ne se démontait pas.
Je m’étais planqué derrière une van garée à proximité en attendant de prendre une décision qui devrait forcément venir vite, vu comment les choses se présentaient. Si les trois lourdingues passaient du statut de simples emmerdeurs à celui d’agresseurs, je me voyais mal les laisser ouvrir la tête au vieux beau et violer la fille sans rien tenter. Et d’un autre côté, si j’intervenais, j’allais peut-être finir à l’hôpital...
Si je sais garder mon calme face aux éléments par gros temps, les humains ont tendance à me faire peur. Est-ce que je devrais essayer de me faufiler jusqu’à la bagnole et faire semblant de vouloir leur rouler dessus ? Idée à la con, le parking n’est même pas assez large pour faire ce genre de manœuvre, à supposer même que je réussisse à me faufiler sans me faire voir, ce qui n’était pas gagné non plus. La cerise au caca sur le gâteau, c’est que j’avais usé ce qui me restait de batterie pour appeler ma grand-mère et lui dire que nous étions arrivés sains et saufs, et tous les autres étaient déjà partis. « Merde, mais pourquoi je ne suis pas parti avec eux ? me fit dire une bouffée d’égoïsme. Si j’avais eu le costaud sous la main, là, Sylvain... » Et me vint une autre idée de con : le dénommé Sylvain, féru de chasse sous-marine, m’avait montré quelques trucs pendant notre sortie et m’avait fait don d’une de ses arbalètes en remerciement de mes services de skipper.
J’ai déjà lu quelque part que quand on sort une arme, c’est pour s’en servir et que question self-défense, menacer les gens avec est formellement déconseillé. Je sortis tout de même de mon sac le fusil et une flèche. En résumé, les flics, si je pouvais les appeler, n’arriveraient probablement que pour ramasser les morceaux ; et je pouvais difficilement espérer faire fuir les trois mecs avec ma carrure tout à fait moyenne. Même avec mon intervention sans arme à la main, les types risqueraient de décider que le rapport de force serait toujours largement en leur faveur. Surtout que celui du milieu était plutôt une armoire à glace. Je voyais mieux la jeune femme à présent. Des traits du visage incroyablement fins aux cheveux impossiblement blonds, il y avait quelque chose de hollywoodien chez elle. Je me disais que le harpon ne serait pas de trop pour faire lâcher une proie pareille, puisque c’est comme ça qu’ils devaient la considérer, à ces trois prédateurs.
Finalement, la décision s’imposa. Le plus près de la fille essaya de la saisir par les poignets. Le cinquantenaire s’interposa, mais reçut un coup de la bouteille de celui de gauche en plein sur la tempe. Le mec, pas spécialement costaud, n’avait pas cassé la bouteille sur l’autre, mais il avait frappé suffisamment fort pour l’étourdir. Le malheureux désormais accroupi se tenait la tête, visiblement sonné. Et les deux autres larrons de congratuler leur camarade instantanément :
— Wouah ! Ce que tu lui as mis sur sa race !— Arrêtez s’il vous plaît ! Mais vous êtes malades ! hurla la fille en aidant son compagnon à se relever. Sur ses gardes, le regard bleu clair intense et les muscles tendus, elle avait l’air d’une vraie valkyrie miniature.
C’était maintenant ou jamais. J’avais déjà l’arbalète en main. C’est dingue ce qu’on peut agir vite sous la pression. En y réfléchissant a posteriori, je n’étais même pas sûr de l’avoir armée correctement. Mais c’est en la pointant vers eux que je fis mon entrée :
— Eh, les racailles, là ! Vous voulez finir en taule, ou quoi ? Qu’est-ce qu’ils vous ont fait exactement ? Allez, soyez gentils, barrez-vous ! C’est tout bénef’ : tout le monde rentre sain et sauf, vous pourrez continuer vos vacances tranquillement, faire la teuf, au lieu de finir au tribunal et de prendre vingt ans pour viol et pour meurtre.
J’avais à peine respiré pendant ce discours, que les autres écoutaient, médusés. Etait-ce la soudaineté de mon intrusion dans leur saynète, mes mots bien pesés qui les ont fait réfléchir, ou plus prosaïquement, le harpon qui avait parfaitement rempli le rôle que je lui destinais ? Les trois mauvaises fées se regardèrent et, sans mot dire, se dirigèrent vers la Golf trois portes-jantes alu (les clichés ne sont pas des clichés pour rien) qui leur servait de carrosse. Je les suivais du regard et de l’arbalète. Celui qui avait agrippé les mains de la fille alluma le contact, et un bref extrait, mais diffusé à fort volume, de "Boom, boom, boom, boom" de Vengaboys se fit entendre avant que l’un des acolytes ne mette fin à cette plongée dans le ridicule en coupant le son. La Golf démarra en trombe et ils disparurent de nos vies pour toujours.
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A bientôt pour la suite...
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