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Une route miroir

Chapitre unique

Erotique
Je roule depuis bientôt une heure, mais je redouble de vigilance. Ce n’est pas la première fois que je viens bosser dans ce coin, je le connais bien, les routes sont traîtres, toutes en virages et en lacets. Et à chaque virage, on risque de tomber sur un tracteur qui roule au pas, une camionnette garée n’importe comment, voire un arbre couché en travers.Et pour couronner le tout, il pleut. Beaucoup. La première pluie depuis longtemps, et ça glisse comme pas possible. Je passe un hameau que je n’aime pas du tout : il comporte un carrefour mal fichu avec un angle mort, et les automobilistes du coin y font régulièrement des manœuvres à la con en plein milieu. Je suis sur le point de passer la dernière maison, quand il me semble apercevoir un truc du coin de l’œil. Le rétro ne m’aide pas, la lunette arrière est complètement inondée. Je freine et recule prudemment. Aujourd’hui, la manœuvre à la con, c’est pour bibi, chacun son tour.
Je recule comme ça jusqu’à arriver au niveau d’une petite silhouette sombre, presque invisible plantée là, devant des arbustes presque aussi sombres qu’elle. Elle a baissé son pouce levé, mais je l’ai distinctement aperçue à l’instant, seule chose claire au milieu de ce déluge gris sale.J’ouvre la portière passager, la tôle grince.
— Mademoiselle ? Mademoiselle ? Vous faites du stop ?
Elle se tient immobile à côté de la portière ouverte, comme si celle-ci était électrifiée ou je ne sais quoi. J’attends un peu, puis :
— Ecoutez, il n’y a pas de problème, je sais de quoi j’ai l’air, mais... mais si j’avais une fille de votre âge, je n’aimerais pas l’idée de la laisser faire du stop toute seule sur cette route. Il y a pas mal de gars qui y circulent, et il y en a un paquet franchement craignos.
... Un temps de réflexion...
— Encore plus craignos que moi en tout cas, mais c’est pas la question. Là, vous êtes toute seule sur la route. Donc, dans tous les cas, écoutez, je veux pas vous donner de conseil que vous z’avez pas demandé, mais ... mais si vous décidez de monter dans la voiture de quelqu’un, ce que vous faites en premier lieu, vous prenez sa plaque en photo, vous appelez un proche pour prévenir, vous vous démerdez, mais vous vous protégez.
J’attends encore un peu avant de reprendre :
— Vous n’avez aucune raison de me croire si je vous dis que c’est safe... désolé d’être paternaliste, c’est pas le but. Le but, c’est que là vous êtes en train d’attraper la mort sous cette pluie, et j’ai peur que vous fassiez de mauvaises rencontres.
Elle ne dit rien, fait le tour de la voiture, un flash, puis deux, et elle monte par la portière ouverte.
Je hoche la tête. Elle n’est pas causante et ça me va.
— Je m’appelle Léo, je descends sur Pouilly, je vous dépose où ?
— Si vous pouviez me déposer à Saint-Ouen, ce serait parfait.
La voix est... chaleureuse, non, jazzy.
— Désolé pour l’odeur de clope, je ne fume pas, mais mon collègue, oui. Si vous voulez fumer, vous pouvez, pas de souci.
Je n’arrête pas de parler, et ça m’énerve, car ce n’est pas mon genre.

D’habitude, la route sinueuse n’est déjà pas une sinécure, mais avec cette pluie, je n’ai vraiment pas le loisir de regarder le paysage. Ça tombe bien, car il n’y a rien à voir à part un rideau de pluie. Je profite quand même d’une brève ligne droite pour poser les yeux sur ma passagère. Elle est putain d’jeune, genre 18 ou 20 ans à tout casser. 1 mètre 65 peut-être, mais pas 70. Quelques mèches blondes à frisettes dépassent de la capuche de son sweat, joli minois, le nez un peu en trompette, jupe plissée bleu foncé ou noire sur des bas opaques noirs en laine sans doute, sweat bleu, veste noire ou bleue. Rien de trop sexy, c’est épais à souhait pour lutter contre les rigueurs hivernales, à part la veste qui me paraît un peu légère.Les yeux sont bleus et tristes, "yeux de chien battu" pour reprendre l’expression consacrée. J’abrège cet examen rapide avant la fin de la ligne droite pour plonger une main derrière nos sièges.
— Tenez, prenez ça, c’est toujours mieux que rien, en lui tendant ma vieille couverture polaire, celle qui sert à la sieste sur les chantiers. Pas besoin d’être Sherlock pour voir qu’elle est trempée et frigorifiée. Je pousse le chauffage au maximum.
Le trajet jusqu’à Saint-Ouen ne dure qu’une petite demi-heure. Elle a eu le temps de consulter son portable, d’appeler, mais de toute évidence sans succès.
— Vous pouvez me laisser là, dit-elle, arrivés devant la place du village.
La pluie redouble sur le toit de l’utilitaire. Je me surprends à dire :
— Mouais. Ecoutez, je suis bien en avance sur mon horaire (un mensonge, mais qui ça intéresse ?), donc si ça vous va, j’attends ici que vous vérifiez que votre destinataire est bien là.
Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Peut-être parce que cette fille semble un aimant à problèmes - la preuve, elle est tombée sur moi, ou parce que personne n’a répondu à ses appels. A la réflexion, elle pourrait tout aussi bien se débrouiller toute seule, et attendre au troquet du coin.
— OK, c’est gentil. Je vais aller voir, si ça ne vous dérange pas.
Bon, OK, tout simplement. Elle fait trois bonds jusqu’à une porte cochère. Les bonds sont légers. Peut-être une danseuse ? Les minutes passent. L’envie de fumer me prend. Personne ne semble vouloir répondre à ses coups de sonnette. Elle revient vers la voiture.
— Bon, vous avez essayé de les joindre par téléphone, j’imagine ?— Oui. Ici c’est chez ma grand-mère. Elle devait m’attendre cet après-midi. Elle n’est pas du genre portable, alors c’est compliqué. Fait chier.
Je cogite. Elle frissonne encore plus, pas seulement le froid je pense, mais sans doute aussi un sentiment du genre "y en a marre, ça n’arrive qu’à moi". Elle se serait rudement bien entendue avec le gamin que j’étais à quinze ans.
— OK, écoutez, je peux regarder ce que je peux faire. Il y a peut-être une autre entrée ?— Derrière, oui, côté jardin, mais c’est bloqué, il y a un mur.
Je descends voir. Je me fatigue tout seul, avec cette manie de me mêler des problèmes de gens que je connais à peine ...Une ruelle piétonne passe derrière la maison. Effectivement, pas d’accès, le tout est ceint par un mur de deux mètres. Même pas une petite porte qui donnerait sur le jardin comme ça se fait souvent, Mamie est méfiante. Je regarde à gauche puis à droite. La pluie commence à détremper mon pull, mais me dissimule aux regards.
Ça me rappelle des conneries de jeunesse. Je recule de quelques mètres, prends mon élan, et hop. Pourvu qu’il n’y ait pas de tessons de verre sur le haut du mur. Non, c’est bon, je passe prestement une jambe, puis l’autre. Je reste en équilibre. En contrebas, je distingue seulement de la terre meuble, et me laisse glisser jusqu’au sol.
Direction l’arrière de la maison. Une vieille porte en bois fatiguée et vitrée. La casser ferait sans doute désordre. Ah, une chatière. Comme souvent, la clef est sur la serrure. Je sors le canif, pousse la clef. Les souvenirs me reviennent par vagues, j’ai presque l’impression que mes parents me regardent de là-haut, et je courbe le dos involontairement. Je récupère la clef, elle n’a pas rebondi hors de portée. Non pas que ça aurait été un gros problème, mais bon, toujours ça de gagné. J’ouvre la porte, traverse le rez-de-chaussée sans m’attarder, tente d’ouvrir la porte de devant : verrouillée. Trois points. Hors de mes compétences ici et maintenant.
Je reviens sur mes pas, en prenant le temps de regarder autour de moi cette fois. Un couloir, une vieille cuisine, de vieilles armoires, des photos.Sur l’une d’elles, ma passagère, mais souriante. Effectivement, elle est blonde frisée, genre crinière. Ses yeux pétillent quand elle sourit. Et ça me rassure qu’elle soit bien de la maisonnée, manquerait plus qu’une mytho. La grand-mère ressemble à une chouette grand-mère, celle des autres, celle qui est sympa et prévenante et gouailleuse, celle qui vous remonte le moral et est toujours là quand ça ne va pas.
Une fois dehors, je refais le chemin inverse. Ma passagère attend toujours, et semble s’être assoupie. Je fais le tour de la camionnette, m’assois bruyamment pour la réveiller.
— Écoutez, la porte arrière est ouverte, mais il faut passer le mur, si ça vous va, je vous aide à entrer, et c’est marre.
Elle hoche la tête, encore embrumée de fatigue peut-être.Je l’amène au pied du mur :
— Ça ira ? Vous vous sentez de le faire ?
Je la soulève jusqu’au faîte du mur, elle ne pèse presque rien. Elle s’accroche des deux mains, plutôt leste, se rassemble au sommet. Elle s’est un peu râpé le genou au passage, son bas est déchiré. Elle me demande si moi j’ai besoin d’aide.
— Non, ça ira, allez-y, et elle disparaît de l’autre côté.
Je la retrouve dans la cuisine, en train de remettre des bûches dans un vieux poêle à bois. Elle se tourne vers moi :
— Je vais me changer, vous voulez un café ?— Pas de refus, oui s’il vous plaît.
Mon retard s’allonge, je vais me faire sonner les cloches, j’ai intérêt à me trouver un alibi en béton armé.En deux trois mouvements prestes, elle a rempli et lancé la cafetière. Un étendage fait tranquillement son office derrière le poêle, elle y pioche une serviette, une chemise et un gilet. Nul doute que la chemise et le gilet n’auront pas le même effet sur elle que sur Mamie !Je m’assieds dans l’un des deux fauteuils qui se trouvent là, il me paraît confortable à souhait, sans doute celui où Mamie aime à s’asseoir durant la journée. La chaleur qui monte du poêle, le crachotement apaisant de la cafetière, je commence à m’assoupir. Mes yeux se promènent dans le vague, sur les murs, sur les étagères de l’armoire. Je me rends compte qu’un miroir est posé sur l’une d’elles, miroir qui fait périscope avec un grand miroir dans l’entrée : Mamie est maligne, ça lui permet de voir qui toque à l’entrée, j’imagine.
Présentement, le miroir m’apprend que ma blondinette est en train de se changer dans le couloir en question. Elle se dégage de ses vêtements. Effectivement, elle devait être trempée jusqu’aux os, car le sweat et le t-shirt font de la résistance et restent collés à sa peau. Jolie peau de ce que j’en vois d’ici. Elle dégrafe son soutien-gorge, et je rate une ou deux respirations. Les seins sont très jolis, et un peu plus gros que ce que je pensais, les mamelons érigés.Elle enfile la chemise, un peu courte pour elle, puis le gilet, assez hideux, mais en laine épaisse. Puis se défait de ses bas déchirés au genou. Puis de sa culotte. Je tique. La pluie n’a pourtant pas dû mouiller cet endroit-là. Elle remet ses chaussures.Elle relève les yeux. Son regard me percute dans le ricochet des miroirs. Je me demande depuis quand elle sait que je la regarde.
La cafetière crache pour nous indiquer que le café est prêt.Mon auto-stoppeuse se tient près de moi. Beaucoup trop près. Sa hanche vient buter contre l’accoudoir du fauteuil et mon bras.
— Du sucre dans votre café ?— Tu as enlevé ta culotte ?... Autant y aller franco.— Tu me matais ?— Non d’abord, et puis oui.
Elle s’assied sur moi, ôte mon pull. La jupe se relève, je distingue un tatouage play-boy au-dessus de son pelvis, avec quelques mots anglais tatoués à côté.
— Rabbit’s Hole : le trou du lapin, comme dans "Alice au pays des merveilles" ?— Alice de l’autre côté du miroir, me corrige-t-elle. Mes yeux s’écarquillent, je ne sais pas si elle a remarqué la jolie coïncidence. "En r’tard, en r’tard, j’ai rendez-vous quéq’part" chantonne une voix nasillarde dans ma tête.

Elle attaque ma chemise.
— Euh, avant qu’on aille plus loin, c’est quoi ton nom ?— Mmmh, Alice sans doute, me dit-elle d’un air mutin.— Dis, ’Alice’, tu n’es pas obligée tu sais. Je veux dire, c’est bon, on peut en rester là.
Elle fronce les sourcils pour le principe.
—... Tu me vexes. Une fille n’a pas le droit de prendre l’initiative ? Une fille n’a pas le droit de se mettre en danger ? Une fille n’a pas le droit de préférer les bad boys ?
Elle a libéré mon torse. Il est orné d’un paquet de tatouages, pas tous très spirituels, mais ma foi, ils sont là et moi avec eux. Elle me lèche la joue, m’embrasse. Cette fille a le feu du diable. Ma trique pulse. Elle doit la sentir avec son pelvis nu sur la braguette rêche de mon pantalon de chantier. Elle m’embrasse en me prenant par les cheveux, longtemps, profondément. Un filet de salive pendouille quand elle recule sa tête. L’auréole de ses cheveux blonds grandit à mesure qu’ils sèchent.
Elle défait ma ceinture, déboutonne mon pantalon.
— Waouh, tu n’es pas un petit calibre. Je t’ai fait mal ?
Sa main est menue, mais ses ongles m’ont éraflé la peau. Elle a un sourire un peu sadique. Elle a sorti mon chibre en entier, ce n’est pas un énorme machin, mais elle en a plein la main quand même. Ah ! plein la bouche maintenant. Elle a glissé au bas de mes jambes telle une couleuvre, et s’emploie à le faire disparaître, réapparaître. J’aimerais me défaire de mon pantalon, mais mes jambes sont bloquées.
Elle ralentit le rythme, et me regarde dans les yeux tout pendant ses amabilités. Sa bouche autour de ma bite me fait penser à un bonbon rose, genre guimauve. Enfin elle se relève, et je peux libérer mes tiges et dégager mon pantalon. Elle enlève le gilet, et ses tétons pointent à travers la fine blouse.
J’hésite à la lui arracher, mais une pensée incongrue me retient : Mamie serait déçue de retrouver son linge déchiré.Je change mon fusil d’épaule, et défais la jupe, qui tombe à nos pieds, légèrement alourdie de pluie. Son abricot est là, offert, ma passagère n’est pas pudique, je m’accroupis pour le lui lécher. Elle se laisse aller, se frotte à ma bouche et mon menton. Je m’attendais presque à le trouver sucré, il est salé, frais, étroit comme un coquillage promettant quelque perle secrète ; je mordille gentiment son clito.
Une pensée me traverse l’esprit : finalement cette fille n’a pas froid aux yeux, elle est tatouée à un endroit intime. Bref, elle a déjà dû avoir son quota de "gros dur qui la prend sauvagement".Et donc en route pour tendresse airlines ; je me mets à la caresser doucement sur les fesses, rondes, fermes, rieuses, tout en continuant à lui lécher le minou, mais pas façon chien de chasse sur sa gamelle. J’y vais doucement, en profondeur, et elle semble apprécier. J’embrasse l’intérieur de ses cuisses, caresse son mont de Vénus, souffle sur son clitoris dressé avant de le lécher de nouveau.
Elle me relève, un peu essoufflée :
— Viens, on sera mieux là-haut !
Je ramasse nos affaires éparses, pas très romantique de rester cartésien dans ces moments-là, mais j’aimerais éviter les scènes pénibles autant que possible, genre Mamie qui tombe nez à nez avec la bête à deux dos. Alice m’entraîne jusque dans une chambre, c’est mimi, il y a des napperons un peu partout, je n’avais pas vu un abat-jour de ce genre depuis mes dix ans. Elle me pousse sur un vieux lit une place, en chêne, garni d’un édredon et d’une courtepointe, où je m’enfonce d’un demi-mètre. Elle se débarrasse de sa blouse avant de se jeter sur moi.
Elle commence par me chevaucher, reprend une position plus confortable, et me chevauche encore. Sa chatte est serrée, je vois ses lèvres, jolies petites choses toutes roses, qui m’aspirent à chaque fois qu’elle remonte le bassin. Je m’enfonce dans le lit, les sons sont assourdis, ça m’inconforte, alors dès que je peux, je la bascule sur le côté, la tiens d’une main sous mon bras façon Tarzan, ça la fait glousser, et jette au loin l’édredon et les couvertures. Je la repose délicatement à plat dos, elle se laisse faire, et je la caresse doucement. Pas d’autre tatouage à l’horizon, j’ai tout loisir de vérifier. Elle écarte doucement les cuisses et les ramène vers elle, je m’introduis à nouveau, lisant son visage tout en la tambourinant mezzo.
Elle me caresse doucement, et jouit presque sans bruit, on dirait un vieux couple. Elle m’attire vers elle, me fait allonger à son côté, et nous nous embrassons encore, enlacés. J’ai l’impression fugace d’être redevenu moi, adolescent, lors de ma première fois correcte. Un vieux couple adolescent, cette fille me déboussole.
Nous nous assoupissons comme ça, nus dans le lit défait. Le froid nous réveille ; Alice sort du lit, ramasse l’édredon, et nous en recouvre. Je l’embrasse à nouveau, elle me caresse le sexe, puis disparaît pour le lécher et le caresser. Elle remonte vers moi comme une sirène sortant des eaux profondes, s’accroche des deux mains à la tête de lit. Sa croupe cambrée à hauteur de mes yeux est plus qu’explicite, et je la prends en levrette, toujours de la même façon : doucement, puissamment, mais doucement. Elle se redresse, je caresse ses seins, son ventre, son pubis. Elle se laisse retomber dans le lit, le visage écrasé contre le matelas, grande ouverte, et je comble son recoin de toutes mes forces. Ses cris montent crescendo, et l’oreiller accueille la crête de ses aigus. Je jouis en elle, et continue mes mouvements jusqu’à ce que mon érection disparaisse complètement.
Nous refaisons l’amour, mais sans parvenir à égaler cette douce intensité.Nous redescendons au rez-de-chaussée. Le café a eu largement le temps de refroidir.Mamie arrive sur ces entrefaites, et il s’en est fallu de peu qu’elle n’assiste à un spectacle scabreux dans son fauteuil adoré. La chaleur du poêle est officiellement déclarée coupable des joues empourprées de la jeune Alice.Je prends congé de ce petit monde après quelques politesses malhabiles, j’ai la gorge sèche et un poids dans le bide ; ça aurait été sympa que la pluie s’arrête pour faire un joli contrepoint à cette histoire, mais non, elle continue de tomber, sourde aux aventures de nous autres, petits humains insignifiants. Je me venge en lui collant mon retard sur le dos : la camionnette est partie en dérapage sur la route, j’ai dû aller chercher un paysan du coin pour la sortir du fossé, non ça va, je n’ai rien et la caisse non plus. Je garde la vérité par-devers moi, je n’en parle même pas au vieux Ryad.
Puis fin juin, à la sortie d’un énième chantier, deux vallées plus loin, il me semble reconnaître une auréole de crinière blonde embrasée par le soleil, là, sur le bas-côté, comme une statue figée dans son attente immobile. Le soleil m’éblouit, je dois mettre une main en visière. J’ai un peu de mal à la reconnaître, puis à me persuader que c’est bien elle.
— Alice ?... Mais comment ?— La camionnette.—...Hein ?... (Je ne comprends pas, et ça doit se voir, je dois avoir l’air d’un gros bêta avec la bouche grande ouverte).— La camionnette. Je t’ai retrouvé grâce aux photos de ta plaque, et de ta camionnette. Faut toujours se protéger des pervers, bonhomme.
J’eus beaucoup de retard dans mes chantiers suivants, cet été-là.
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