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Une vie à deux

Chapitre 3

Défis et Craintes

Erotique
Dix-huit heures, c’est l’heure de la fin du travail pour les gens des bureaux. Parmi ceux-ci, Clément est dans les derniers à fermer le sien. Il a depuis le début de l’après-midi de drôles de pensées qui lui trottinent sous la tignasse. Pas une véritable appréhension, non, plutôt une fébrilité due à ce désir de rendre le sourire à sa belle. Il roule lentement, dans un trafic routier assez dense, vers celui qu’il se fait fort de persuader. Les rues de la ville sont encombrées, mais dès les faubourgs passés, la circulation s’améliore nettement.
Quinze petites minutes plus tard, il est enfin garé devant chez celui qu’il compte bien inviter à un diner très spécial. N’écoutant que son courage, Clément s’avance donc d’un pas décidé vers la porte qui quelques jours plutôt voyait son épouse entrer dans cette même demeure. D’un index qui ne tremble pas, il appuie sur le timbre de la sonnette. Le bruit feutré de l’homme qui vient lui ouvrir le renseigne sur la progression du propriétaire des lieux. Ce Pierre qui plait tellement à France… il est enfin là, surpris de voir un visiteur qu’il reconnait pour l’avoir aperçu une ou deux fois.
— Bonsoir ! Je suis Clément, le mari de France. Vous me remettez ?— Euh ! Oui, oui, bien sûr ! Il ne lui est rien arrivé au moins ? —… ! Non, je suis là pour une affaire… comment dire, privée !— Ah ? Eh bien, entrez !
Le type se recule, s’efface pour lui permettre d’entrer. Il y a quelque chose de félin dans son geste. Pas de menace particulière, simplement, il reste sur ses gardes. Pourquoi le mec de celle avec qui il voudrait passer un moment est-il devant lui, chez lui depuis une seconde ?
— Avancez, je vous prie ! Le salon est par là !
De la main il désigne une porte sur sa droite et machinalement Clément se dirige vers elle. Une fois les deux hommes dans la pièce, ils sont à un mètre l’un de l’autre.
— Asseyez-vous ! Nous serons mieux installés pour discuter. Je peux vous offrir un verre ? C’est l’heure de l’apéro…— Je conduis, alors si vous avez quelque chose de léger, je ne dis pas non.— Un porto ? J’ai des amis qui me le rapportent directement de leur pays…— Parfait donc !
Il ouvre une sorte d’armoire où des tas de bouteilles sont bien rangés. Il en extirpe une de couleur rouge et d’un second rayon il attrape deux verres. Tout en gardant un œil sur ce type qui est assis sur un fauteuil de cuir, il sert deux rasades d’un vin lui aussi rouge. Puis lentement il pousse devant celui qui est son invité un godet.
— Vous disiez donc que vouliez me parler de France… Je ne vois pas trop…— Nous n’allons pas jouer les faux-culs ni tourner autour du pot. Elle me raconte tout et je suis donc au courant de votre… attachement pour elle.—… ? Attachement, c’est elle qui vous l’a dit.
— Ben oui. Disons qu’elle vous a fait une proposition et que semble-t-il vous craigniez que je vous en tienne rigueur. Mais je suis du genre zen et cool. Et j’avoue que la situation me rend un peu dubitatif, mais pas totalement défavorable. Un diner comme elle vous l’a proposé, et puis la suite et je vous avoue que depuis que je suis devant vous, je comprends pourquoi elle tient tant à ce que vous soyez, comment dire, l’hôte d’honneur.— Puisque nous en sommes aux vérités, si dans un premier temps nous trinquions à la santé de cette jolie femme qu’est France… et puis pour aplanir les difficultés, sans doute devrions-nous aussi oublier notre vouvoiement.— Je suis assez d’accord avec vous… enfin toi ! Levons nos verres donc à ma jolie femme et puis à une amitié qui pourrait bien débuter ici, dans ton salon. Je suis donc venu pour te décider à passer une soirée tranquille à la maison. Mais également pour te rassurer sur certains aspects de celle-ci.— Je t’écoute avec attention !— Je ne suis pas, mais alors absolument pas attiré par les mâles, tu piges ? Et c’est juste un fantasme de France que je veux lui laisser réaliser.— C’est tout à ton honneur Clément. Mais il y a comme un blocage dans ma tête et le fait que tu te déplaces pour me parler prouve que sans doute elle l’a intégré. Il faut aussi admettre que notre dernière entrevue ne s’est pas très bien passée. Je crois que c’était ma faute. Je m’en excuserai lorsque nous nous reverrons. Mais pour en revenir à ta présence chez moi, tu dois beaucoup l’aimer pour oser…— C’est la compagne de toute une vie. Et puis, j’avoue que je sais comme elle faire la différence entre amour et sexe. Si l’amour est sacré, le sexe peut, lui en revanche, se partager. Je n’y suis pas hostile. Et puisqu’elle me démontre qu’elle t’a à la bonne, autant qu’elle m’en fasse profiter avec celui qui lui plait. Je n’ai aucun sentiment homosexuel je peux te l’assurer. Mes premières réticences étaient sans doute motivées par ce genre d’arguments… mais je me suis vite rangé à sa sagacité.— Je vois ! Alors que proposez-vous… ? Elle et toi ?— Je crois que je vais la laisser faire, elle sait mieux que nous deux, ce qu’elle veut. Et puis elle gère au mieux les diners à la maison bien que j’avoue que celui-ci risque d’être très loin de ceux qu’elle concocte pour nos amis « normaux ». — Tu veux dire vos amis, amis ? — Oui ! Ceux qui ne font que diner. Mais entre elle et toi, ce n’est pas tout à fait la même musique… pourtant c’est à toi de décider. Je ne veux pas avoir l’air d’insister lourdement et te demande de réfléchir à notre requête… oui, je m’associe à sa démarche et je suis désormais persuadé qu’elle a fait le bon choix.— Bien… un autre doigt de Porto ?— Après tout… je n’ai pas dépassé la dose prescrite pour la conduite… et à quoi allons-nous lever nos verres cette fois ?—… Mais à France et à nos amours, bien entendu.
Deux paires d’yeux qui se jaugent, se jugent et puis finissent par s’apprécier. Il n’y a aucune animosité entre ces deux hommes qui boivent en silence depuis quelques instants. Il n’y a plus rien à dire et les deux mecs goûtent simplement un bon vin. Enfin après quelques minutes d’un silence rempli par les bruits de déglutition de ces deux-là, Clément se lève.
— Ce n’est pas tout ça, je dois rentrer ! Merci pour le verre et pour m’avoir reçu et écouté. La balle est dans ton camp. Une dinette de toute façon n’oblige à rien.— Je sais… je vais réfléchir à ta, enfin à votre « invitation » et normalement je dois voir France mardi soir… je lui ferai part de mes intentions. Je peux te poser une dernière question, Clément ?— Ben, je suis un peu aussi venu pour que nous mettions à plat certaines choses, tu peux bien évidemment avoir des questions.— Vous… vous avez déjà fait ce genre de truc, avant ?— Curieusement non ! Et je n’étais pas très chaud lorsqu’elle m’en a parlé. Mais mon épouse est très persuasive et quand elle a une idée derrière la tête, elle ne l’a pas ailleurs, tu comprends ?— Oui ! Par contre son idée, c’est bien pour cet ailleurs dont tu parles… ? En tout cas merci de ta franchise et de ta visite. Je vais tourner et retourner ça dans ma caboche… je ne promets pas un oui vraiment.— Fait comme tu le sens. Nous ne sommes pas des affamés et nous avons survécus jusque-là… prends aussi en compte qu’elle t’a choisi toi et que ça ressemble fort à un début d’une amitié particulière que j’approuve.— D’accord… bon retour et bien des choses à ta femme. Embrasse là pour moi !— Je n’y manquerai pas, tu peux me faire confiance.
Pierre ne répond plus. Il se contente de suivre la silhouette qui diminue en s’éloignant vers la rue. La nuit va tomber et chacun rentre chez soi. Les pensées de celui qui vient d’être carrément invité à une partie de cul sont toutes dirigées vers la chef d’orchestre de ce moment fabuleux qui se profile à l’horizon. C’est bien avec une trique d’enfer que Pierre voit les feux arrière de la voiture qui tournent au coin de son quartier. Merde alors ! France est une sacrée bonne femme et elle possède un tempérament de feu. Envoyer son bonhomme recoller les morceaux, il ne s’y attendait pas vraiment.
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Depuis sa fenêtre, ces phares qui percent la semi-obscurité sont là pour rappeler le retour de son mari à la femme qui épie les mouvements de la rue. Une éternité qu’elle l’attend. C’est plus pour savoir comment s’est déroulée son entrevue particulière avec Pierre que par peur d’un danger quelconque. Et Clément qui déboule dans l’entrée n’a pas l’air traumatisé par sa rencontre avec celui dont elle espère encore la présence pour une sorte de fête des sens. Impatiente, elle se tient cependant coite, ne voulant pas donner l’impression à celui qui revient du boulot, d’être aux aguets.
Le bisou échangé presque machinalement comme chaque fois qu’ils se retrouvent a par contre un arome de vin assez prononcé. Elle sait d’emblée que Clément a bu un verre. Donc la confirmation qu’il est bien allé chez Pierre se découvre du bout des lèvres. Pas besoin de le pousser dans ses derniers retranchements. Il est homme à dire la vérité et il va le faire quand il le voudra. France fait mine de ne pas avoir senti et lui se débarrasse de sa veste. Puis le cérémonial de la douche d’avant le diner… tout comme le journal est celui d’après. Pas de changement notable dans son comportement.
La brune en déduit que son homme n’est pas plus stressé que cela par sa visite, si elle est confirmée bien sûr, chez Pierre. Elle écoute la musique de l’eau dans la douche et dresse alors la table. Sans doute que l’occasion va se présenter et que son époux va aborder le sujet durant le repas. Si elle est sur le gril, il n’y a aucune nécessité à montrer son impatience. C’est un mari propre comme un sou neuf qui la rejoint pour mettre les pieds sous la table. Rasé de frais, bien peigné et surtout vêtu plus légèrement, il lui sourit.
— On se boit l’apéro ?— Ah bon ? Tu as quelque chose à arroser ?— J’ai surtout soif, pas toi ?— Nous pouvons aussi seulement boire un peu de vin en dinant. Enfin si tu y tiens… je veux bien t’accompagner. Tu veux quel apéritif ?— Ben… nous avons du Porto ?— Du Porto ? Oui… mais tu es certain ? Ce n’est pas ce que nous prenons d’ordinaire.— Non, je sais ! Mais vois-tu, j’en ai déjà pris un tout à l’heure en bonne compagnie et je ne souhaite pas faire de mélange.— Tu as donc rencontré une femme ? La bonne compagnie c’est de cela qu’il s’agit ?— France ! Tu prêches le faux pour savoir le vrai ? À ton avis, chez qui ai-je bien pu me rendre pour prendre un verre en dehors de la maison ? Et puis tu es parfaitement au courant de ce rendez-vous que j’ai forcément honoré.— Accouche alors au lieu de tourner autour du pot. Pas la peine de me mettre sur des charbons ardents, raconte-moi ce que vous vous êtes dit.— Pas grand-chose, je le crains. Je l’ai comme prévu invité, mais il te réserve sa réponse. Il t’en parlera mardi soir au théâtre. — Il t’a paru favorable ou pas à ce que tu sais ?— C’est un homme qui ne montre rien. Je ne sais pas quoi penser. Il est aimable, courtois, mais je ne saurais dire s’il viendra diner ou non chez nous. Enfin, je lui ai mis le marché en main, j’ai insisté sur le fait qu’il ne risquait en rien sa virginité anale…— Quoi ? Je n’ai pas compris. Tu lui as dit quoi ? — Que je n’avais aucune vue sur son trou de balle… et qu’il ne devait pas espérer prendre le mien. — Tu lui as raconté cela de cette manière ? Bien entendu qu’il a dû penser que tu voulais l’amadouer.— Tu devrais me connaitre suffisamment pour savoir que je n’ai jamais de mots crus. J’y ai mis les formes, voyons. Non franchement, je reste très indécis sur ce qu’il va faire. Venir ou pas… et nous avons encore quelques jours à patienter pour le savoir. S’il dit non, tu as l’intention de chercher un remplaçant ?— À vrai dire, je n’ai jamais envisagé l’éventualité d’un refus de sa part. Il sera toujours temps d’en discuter si c’est bien le cas.— D’accord… alors, levons nos verres et ma foi, à la grâce de Dieu ! Je t’aime ma chérie.— On dirait que c’est toi que ça va déranger un refus de Pierre !— Ben… il me plait bien cet homme-là et puisque c’est ton premier choix, je me suis fait une raison. Il est sympa et une collaboration sur la durée pourrait peut-être être envisageable.— Sur la durée ? Explique-moi voir un peu ton point de vue ! Tu en veux un autre ?— Un autre ? — Apéritif… je parle d’un autre verre.— Ah, j’ai cru un instant que tu me parlais de déjà remplacer ton Pierre, avant même qu’il ne soit venu diner… s’il vient.— Mais non ! Allez, dis-moi ce que tu sous-entends par « une collaboration sur la durée ».— Ben disons que pour qu’il se sente à l’aise, en confiance quoi, rien de mieux que de l’inviter souvent peut-être. Et puis pour les vacances, pourquoi ne pas les prendre tous ensemble, un peu comme dans un ménage à trois en quelque sorte ? Ça te déplairait ? De plus ces moments-là sont toujours plus détendus et propices au sexe… un droit de cuissage par délégation pendant notre séjour au bord de l’océan, qu’en dis-tu ?— Ça se discute. Attendons de voir comment se déroule la soirée principale… si bien sûr, il y en a une. Bon… passons à table. J’ai mijoté des « vol-au-vent », ça va te plaire.— Tout ce que tu fais me plait France, en as-tu déjà douté ?—…
Il vient de jeter ses mots sur un ton égrillard, avec un large sourire. L’envie spontanée de se pendre au cou de son mari la rattrape au vol. Le pas qu’elle fait la plonge directement contre la poitrine de celui qui représente finalement tout pour elle. Un amour inconditionnel, à tel point qu’il en oublie pratiquement toute dignité et qu’il est même allé voir celui avec qui France veut partager un moment de béatitude. C’est exactement ce à quoi elle songe alors que ses lèvres viennent à la rencontre de l’être aimé. Un long frisson parcourt ces deux corps soudés par un baiser langoureux.
La suite relève plus du porno que de l’érotisme pur. En lieu et place des couverts à dresser se resserrent deux amants qui se donnent du plaisir. Une étreinte motivée aussi par le sujet plutôt paillard de leur dialogue, chacun ayant une idée précise de ce qui pourrait bien arriver si d’aventure, Pierre venait à se rendre à leurs attentes. Si le but reste identique, la vision de cette partie fine ne se déroule peut-être pas exactement pareille selon que la tête est masculine ou féminine. Seuls au monde en cet instant, ils en oublient toute pudeur.
Le corps à corps des plus tendres les emporte sur des sentiers archi battus, mais dont ils refont avec délectation chaque recoin. Tout entre en mouvement chez ces deux-là qui se font l’amour, un peu à la sauvette, comme des collégiens au temps de leurs premières promesses charnelles. Ils se connaissent par cœur, et les mains, les lèvres se déploient sur deux terrains de jeux si connus que les yeux fermés, ni lui ni elle ne s’y perdent tout à fait. Et si l’orgasme de France dépasse de loin toutes ses espérances, c’est qu’il s’appuie sur les images d’un autre type qui… en filigrane lui caresse tous les endroits que son mari tripote.
Il sait où faire frétiller sa langue pour que cela provoque en elle des milliers de petits frissons, et elle attend qu’il en ait terminé pour de son côté entreprendre le geste qui va tendre davantage sa queue pourtant déjà bien raide. Ils baisent sur un coin de table, se déplacent au gré des coups de reins du mari, mais les deux gardent à l’esprit cette invisible présence d’un amant à venir. Du moins veulent-ils le croire. Alors cet intrus qui se mêle à leur jeu érotique leur fait déplacer des montagnes. Il les excite au plus haut point, entrainant dans son sillage des sentiments très étranges.
France et Clément passent le cap des gémissements pour s’enfoncer plus profondément dans un univers de débauche. Elle le griffe sur le torse tant la violence de ce qu’elle ressent la fait lâcher prise. Lui ne se formalise pas et les vocalises qui sortent de sa gorge sont une telle musique qu’il ne cherche pas à arroser le persil. Non ! C’est bien au chaud au fond du ventre féminin que presque désespérément, il se déverse avec un rictus qui ressemble fort à une horrible grimace… mais vue par les yeux du cœur, elle ne voit qu’une risette.
— xxxXXxxx —

L’ordre des choses est bousculé. Après l’amour, ils dinent en se racontant leur journée, mais surtout le moment de l’entrevue entre les deux hommes. Le temps du journal est sacrifié au profit de celui d’une narration sur laquelle il doit revenir à maintes reprises. Ils n’ont pas pris la peine de se rhabiller et c’est nus comme des vers qu’ils dinent, puis sans desservir la table, elle l’entraine sur le canapé. Pas spécialement pour une seconde tournée. Non ! Juste pour le faire revenir sur ce que Pierre a dit, sur les questions qui ont été débattues entre les deux hommes. Et Clément s’exécute, ressassant pour la énième fois, fouillant sa mémoire pour revivre ces instants qu’elle juge là décisifs.
Il est assis, dos calé contre le dossier et elle, caboche posée sur ses cuisses, allongée sur l’assise du long sofa, elle écoute cette petite musique d’un avenir prometteur. C’est ainsi qu’elle l’entrevoit ! Machinalement la main de Clément cajole la frimousse aux yeux clos qui veut se faire une idée plus précise de l’entretien la concernant. Il se prête au jeu volontiers, maintenant de la sorte, ou plus exactement prolongeant de cette manière un état latent d’envie. Du reste, il en est si conscient, que sous la chevelure brune étalée en une nappe soyeuse, il rebande déjà.
France ne peut ignorer cette barre qui se presse sur sa nuque, mais elle ne fait rien pour attiser le feu qui couve. Par contre, elle n’interdit nullement aux doigts de revenir en plus chauds, caresser ses seins. Des allées et retours qui lui donnent une chair de poule aussi visible qu’un nez au milieu d’un visage. Entre pouce et index, pince vivante en œuvre, un téton est pris à partie sans opposer une réelle résistance à cet attouchement appuyé. La poitrine n’est en fait qu’un palier, passage obligé pour que la patte trouve la coulée vers un buisson sombre, situé au-delà du plat du ventre. De là à s’y rendre, il n’y a qu’un pas que seule la position des deux corps retarde encore.
Une seconde escale, pause non négligeable, pour des phalanges joueuses, se tient aux abords d’un minuscule cratère bien ourlé. Un ombilic si tendrement appétissant que le monsieur ne peut que s’y attarder en décrivant de petits cercles autour du puits, qui dès qu’il le frôle, la fait sursauter. Respiration plus saccadée, poitrine qui se bloque poumons pleins d’air retenu, il comprend qu’elle bout de nouveau. Alors la pause « nombril » prend fin et l’avancée digitale reprend, avec cette fois une autre lueur dans les quinquets masculins. Il est lui aussi prêt pour un second round, dont elle espère l’arrivée.
France alanguie dans une position plutôt… avantageuse, offerte, se berce des illusions délivrées par les caresses qu’elle apprécie. Elle songe à mille petites choses, des riens qui mis tous bout à bout l’emporte vers une seconde délivrance. Comment Clément qui des mois durant la délaissait peut-il en quelques jours reprendre ces couleurs d’un printemps sexuel annoncé ? Elle pense entre deux câlins que son idée de trio peut s’avérer payante. Et elle prend gout aux effleurements que savamment lui distille son mari. Pas besoin de forcer le trait ou de faire un effort démesuré, non, il suffit de lui permettre de laisser sa main se balader sur son corps. Et il sait le faire mieux que…
C’est idiot cette réflexion qui lui trotte sous les tifs. Bien sûr qu’il le fait mieux que personne… puisqu’elle n’a aucune autre mesure à lui opposer. Et son esprit se remet en marche avec les traits de Pierre qu’elle imagine au bout du divan. Un Pierre aussi nu qu’eux deux, la bouche collée à cet endroit où Clément s’est épanché un peu plus tôt, avant le repas. Oserait-il laper ce que son mari a déposé là ? Drôle d’idée que celle qui lui traverse le crâne. C’est même bizarrement salace. Et cette simple réflexion la fait sursauter… Et Clément lui ? La lécherait-elle après, si elle avait été prise par son futur amant ?
Un instant elle se dit que pour le savoir, la seule solution c’est bien de lui poser la question directement. Mais ce n’est ni le lieu ni l’heure pour discuter de ce genre de… perversité. Pour le moment elle préfère, et de loin, se laisser porter par les caresses que lui prodigue si bellement son mari. Elle range donc dans un tiroir sa question sans que ni tête… encore que… pour la queue, ce ne soit plus tout à fait vrai. Les mouvements de son homme pour parvenir à lui câliner la chatte ont fait se déplacer l’ensemble de son corps. Et… sa trique est si proche de ses lèvres, qu’elle peut souffler dessus. Ce dont elle ne se prive pas du reste.
Souffler n’est pas jouer, c’est bien connu. Donc, il vaut mieux aspirer et c’est bien ce qu’elle se permet alors qu’elle ne sait quel doigt s’est arrimé à son port. Un index facétieux ? Un majeur taquin ? Quelle importance de le savoir ? L’essentiel et la vérité sont ailleurs. Et c’est tout le haut de l’anatomie de son Clément qui bascule vers le point de convergence de ses quilles. France, cette fois engame vigoureusement le sexe qui ne demande pas mieux. Et le visage du propriétaire de la bite vient s’offrir un apéro vicelard à la source, le nez fourré au plus profond de ce compas largement écartelé.
Sans témoin, une affaire intime entre deux époux, une petite jouissance ou Madame ahane sur Monsieur, et l’affaire s’étiole dans une gerbe de couleurs. Pas de mesure de temps, il ne compte pas, plus. Et puis, chacun garde ses impressions pour lui alors que serrés l’un contre l’autre, ils reprennent une position plus académique. Un baiser encore, pour garder un dernier contact et se murmurer des mots tendres. Pas un réel besoin de le faire, juste une bienséance entre amoureux de longue date. La somnolence gagne lequel d’abord ? Difficile à dire, mais dans un sursaut, la femme doit, veut savoir… toujours cette pensée dérangeante qui lui vrille la caboche.
— Clément… — Oui ma chérie ? — Tu ne dors pas déjà ?— Ben non, puisque je te parle !— C’est vrai. Je peux te poser une question ? —… comme si tu t’en privais d’habitude !— Ben… celle-ci est assez embarrassante, à mon sens. Tu n’es pas obligé d’avoir une réponse, tu sais.— Ouais… j’imagine que tu vas me ramener notre « ami » sur le tapis.— Lui non ! Mais un truc qui pourrait bien arriver et j’aimerais savoir quelle serait ta position sur cela…— Vas-y ! Sinon tu vas encore ruminer toute la nuit et demain, tu auras une mine de papier maché… je t’écoute ma belle.— Tu es resté deux fois en moi ce soir !— Je le reconnais. Pas le courage de ressortir au moment crucial et il me semble me souvenir que souvent, tu t’en es ouverte à moi. Pour me dire que tu détestais cette sensation d’abandon, alors que je ne voulais pas éjaculer en toi…— Oui, oui, c’est vrai. Je déteste que tu t’arraches de moi de cette manière qui me semble d’une brutalité évidente… et j’ai toujours l’impression que nous ne sommes pas allés jusqu’au terme de notre action, si tu te vides sur mon ventre. Ce n’est pas bon pour moi. Mais c’est d’autre chose que je veux t’entretenir.— Ah bon ? Dit toujours alors.— Quand tu t’es lâché… ta semence ne coule pas tout de suite hors de moi, n’est-ce pas ?— Je suppose que non ! Je n’ai jamais vraiment vérifié… — Oui bien sûr. Mais parfois, dans certaines circonstances, tu es revenu avec ta bouche quelques instants après. Ça ne t’a jamais dégouté ?— Quelle question ! C’est un peu de notre amour qui me revient par nos sécrétions mélangées… ça n’a rien de sale, ma chérie.— Et si… avec Pierre ça arrive ?—Je serais tenté de te dire que les capotes sont faites pour ce genre de choses. Pour nous préserver aussi d’une cochonnerie.— Un préservatif ? Où est le plaisir avec ce machin sur… je n’avais pas pensé à cela.— Alors où voulais-tu en venir avec ta question ?— Je me demandais si toi ou lui, vous me lécheriez après être restés là…— Merde ! Tu n’y penses pas tout de même ? Je ne suis…— Allons ne t’emballes pas. C’est une simple demande, pas besoin d’en faire tout un plat. Tu m’as bien demandé un truc pour lequel je n’ai pas vraiment réfléchi… et je t’ai donné mon accord. Tu peux bien me répondre sans t’énerver.— Oui ! Excuse-moi ! Je m’emporte parce que franchement, je n’ai aucune idée de comment ça peut se faire ce genre de triangle. Je n’ai aucune expérience et tout comme pour toi, ce serait nouveau. Disons que j’improviserai le cas échéant…— Mais si lui m’embrasse la chatte… tu le feras aussi ?— Ça tourne à l’obsession, ma parole ! Je ne puis pas te le promettre France. Laissons aller les choses et nous verrons le moment venu.— Je crois que tu as raison… allons-nous coucher, j’ai un peu froid maintenant…— Pas de douche avant de dormir ?— Tu m’as trop fatiguée… il fera jour demain… mais ne t’en prive pas si le cœur t’en dit. Je ne peux pas décider pour toi…
Elle vient de se relever et sort sur la pointe des pieds vers le corridor qui mène aux chambres. Lorsque Clément la rejoint, elle est déjà sous le drap, recroquevillée dans sa position fœtale favorite. À poils, il vient se lover contre elle qui ne s’est pas non plus rhabillée. Et son bras passe sur sa poitrine, cueillant au passage un sein rond pour l’empaumer délicatement. C’est dans une posture de petites cuillères que les deux époux quittent le monde des éveillés pour celui plus tranquille des endormis. Cette fois, pas, plus de rêves, ou alors si profondément enfouis qu’ils ne se manifestent pas au réveil.
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Qu’il tarde ce mardi de répétition à accrocher le wagon d’un début de nouvelle semaine. Pour le couple qui a retrouvé un tonus sexuel trotte dans les têtes le spectre de cette venue providentielle. Si les deux éléments de l’union en imaginent séparément les futurs effets, ils n’en ont pas la même vision. Mais il est certain que ce remue-méninge leur offre un second souffle et que Clément adore que sa clarinette soit embouchée plus souvent qu’à l’ordinaire. Mais il est vrai aussi que depuis que l’idée germe dans leur esprit, lui bande plus et elle est de plus en plus sexuellement désirable. Une sorte de déséquilibre qui fait pencher la balance en faveur de multiples retours de flammes.
Alors oui, ils font l’amour, ou pour être plus en accord avec les nombreuses possessions dans tous les coins de la maison, ils refont l’amour comme des gamins. C’est finalement ce fameux mardi qui les voit se réveiller, et France ne résiste pas aux sollicitations de son mari. Un petit frotti-frotta et les voici ragaillardis pour une attente pleine de promesses. Ce soir la femme qui se donne là à son homme va peut-être avoir une réponse de la part de celui qui pourrait devenir « son amant ». Avec la bénédiction de Clément, ce qui ne gâche rien à la fête des sens qu’elle espère. La matinée, à l’inverse des journées précédentes, semble voir se compresser ses heures.
Lors du repas du midi pris en commun, aucun d’eux ne revient sur le sujet qui les réunit. Pas d’avance non plus de la part de celui qui se sent tout aussi émoustillé que son épouse de savoir que Pierre va revoir France. Une sorte de statu quo qui les plonge dans une euphorie où chacune de leur pensée est tournée vers ce que la pièce qu’ils veulent rapporter va leur raconter. Le traditionnel bisou sur le bout des lèvres clôt la pause déjeuner sans que les états d’âme n’aient vraiment transpiré. L’après-midi est consacré à rendre belle la dame, et la salle de bain devient pour cela le lieu privilégié.
Entre douche et maquillage, tout est axé sur une possible séduction. Et la jolie brune qui ressort de l’endroit est… d’une beauté à affoler même le diable. Elle n’est pas habillée en « Prada », mais c’est tout un ensemble qui fait que chez elle, tout suinte la femelle. C’est exactement ce que pense Clément qui sur son fauteuil ouvre son canard, à l’issue d’une dinette où sa dame s’est montrée bien fébrile. Pas un mot échangé sur le sujet qui préoccupe pourtant les deux cerveaux. Et si la bise, prélude au départ de France, n’est pas aussi appuyée que d’habitude, il sent bien que ce n’est que pour préserver son gloss.
La fée quitte le logis. Dans son regard enamouré, il y a des reflets très spéciaux. Des signaux, de ceux qui quémandent un encouragement. Comment trouver le bon mot, et bien que mentalement le mari croise les doigts, elle semble désemparée de ne pas entendre le son de sa voix. Que lui dire ? Un « bonne chance » peut aussi s’avérer vite être un porte-poisse. C’est soudain un flash dans la caboche de Clément. Sa gazette repoussée, il se lève, enlace la brune qui se raidit. Croit-elle décemment qu’il va fourrager dans ses fringues si nettes, quelques secondes avant son départ ? Non !
Il se contente de lui prendre la main, de la porter à ses lèvres. Puis dans un élan presque trop spontané…
— Je te dis « merde », France. C’est un mot porte-bonheur. Et si ça ne marche pas… et bien, nous aurons au moins la sensation que nous avons fait le maximum.— Merci… de ton encouragement… moi aussi, je prie pour qu’il soit d’accord. Que ces espoirs que nous avons mis en lui soient enfin cueillis.— Oui ma chérie… va ! Va, tu risques d’être à la bourre.— À tout à l’heure Clément… je, oui… je t’aime.— Je n’en ai jamais douté ma belle.
Et la solitude se referme sur le mari qui, pour se donner une contenance, suit des yeux les articles de son journal. Les voit-il vraiment ? Arrive-t-il à les lire pour de bon ? Seul lui peut le dire. Il est plongé dans un néant qui le fait vaciller. Peut-il encore croire que cette femme, sel de son existence, qui cavale vers un autre, va rester sienne si jamais… les choses se font comme elle les attend ? Et pour couronner le tout, l’horloge du salon rythme ce silence pesant. Difficile de se concentrer sur quoi que ce soit dans de telles conditions. Pour tromper ses craintes, la télévision n’est pas non plus d’un grand réconfort… alors, comment ne pas sombrer ?
À quelques kilomètres de là, un autre face à face va débuter. Entre des gens d’une même pièce avec des accents de sincérité dans la voix, une femme et un homme se donnent la réplique. Ils sont souvent stoppés dans leur élan pour rectification d’une position, pour une intonation à donner à leur texte. Le metteur en scène est intransigeant et se moque bien de ce que ces deux qui se jaugent ont à se dire. Ça déteint un peu sur leur manière de faire, et pour des oreilles averties certains mots sont criants de vérité. Ne rien montrer à l’entourage qui suit le jeu, ne pas faire voir, tout un art ! Et lorsque l’entrainement s’achève, les loges sont investies par ces dames, pour un effeuillage rapide.
Fidèles à leurs habitudes, les maris, compagnons ou plus bêtement amis attendent la fin du rhabillage des actrices dans le couloir. La dernière à rejoindre la petite troupe se prénomme France. Pierre se précipite vers elle.
— Tu as été… exceptionnelle ce soir.— Ah ? Qu’est-ce que tu fais encore là, dans ce corridor ?— Ben je… tu peux me ramener chez moi ? — Oui… oui bien sûr. Il parait que mon mari est passé chez toi dans le courant de la semaine dernière ?— Il t’en a touché deux mots ? Je vois…— On se dit tout, c’est une façon de rester très… soudés.— Ouais… j’ai cru le comprendre. Tu es donc au courant de sa proposition ?— Je crois que tu en connaissais la teneur et de ma bouche même. Tu as réfléchi à cela ?— Je… oui…— Oui, pour me dire que tu es d’accord ? Ou oui parce que tu y as pensé ?— Ben… malgré ma trouille, je crois que je veux bien tenter le coup.
La voiture vient de faire une embardée…
— Hey ! Ne va pas nous mettre dans le fossé pour autant France. Je ne sais pas si je serai à la hauteur ni simplement si je pourrai le faire. Je dis seulement que le chemin dans ma tête se précise et que je veux bien… essayer. Sans garantie de réussite, vois-tu ?— Parce que tu imagines que pour Clément et moi il en va autrement ? Nous aussi doutons de tout, de notre capacité à pouvoir réaliser cet échange. Mais si nous ne tentons pas de le faire, nous ne saurons jamais.— Je peux te poser une question ? Un peu indiscrète, je te le précise de suite !— Dit toujours ! Je suis libre de répondre… ou non !— Ça vous a aussi donné des envies d’y penser ?— Ton « aussi » me prouve que notre idée a fait du bon boulot dans ta tête… je dois avouer que nous avons fait beaucoup l’amour lui et moi en imaginant ce qui pourrait se passer.— Parce qu’avant… ?— Je n’ai pas dit cela… mais j’admets qu’un coup de fouet était nécessaire. Mais n’en est-il pas de même pour toi ? Dis-moi… t’es-tu masturbé en pensant à moi ?— Oui… C’est idiot n’est-ce pas de se branler à mon âge ?— Il n’y a pas d’âge pour se faire plaisir. Et puis… même après avoir fait l’amour plusieurs fois, j’avoue que ça m’arrive également.— Clément se soulage de cette façon aussi ?— Je n’en sais rien, mais je suppose que tout le monde a des moments de cet ordre. C’est humain ! Mais revenons à nos moutons. Tu es d’accord pour un diner à la maison ?— Oui… je ne vais pas revenir sur ma parole.— À la bonne heure ! Et vendredi soir te conviendrait ? Autant battre le fer pendant qu’il est chaud.— Ça me va ! À quelle heure m’invitez-vous ?— Disons vingt heures ! Pour l’apéritif et puis… y a-t-il des trucs que tu ne manges pas ? Si nous t’invitons autant que ça te plaise après tout.— Pas sûr que le repas soit d’une grande utilité, non ?— Détrompe-toi, c’est sans doute ce qui est le plus important dans cette rencontre. Il déterminera la suite de notre histoire. Et c’est un temps de détente et de séduction obligatoire, du moins dans mon esprit.— Je comprends… et suis encore plus anxieux de ce qui va se passer… ou pas.— Mais vis ce que tu as à vivre et tout devrait bien se passer. Clément est un homme civilisé et je ne pense pas être une salope. Nous avons un rêve commun lui et moi…— Il vient de qui ? De lui ou de toi ?— Je présume que c’est moi qui ai fait germer l’idée chez lui. Mais la réponse qu’il m’a faite est sans appel. Il est impatient et fébrile à la seule pensée que je vais faire ça, qu’il va le vivre, comment te dire… de l’intérieur.— Mais il va participer également, non ?— Je le souhaite… pas toi ?— Tant que tu restes l’unique objectif, je ne suis pas contre.— Tant mieux, parce que je serais tellement déçue, mais lui encore plus à mon avis.
Si la discussion s’anime, la route continue de défiler et la maison de Pierre est maintenant en vue. France stoppe sa voiture le long d’un trottoir d’une rue déserte. L’homme fait une tentative pour faire entrer chez lui la brune.
— Tu viens prendre un pot ? — Non ! Je me réserve pour vendredi soir… tu devrais pouvoir tenir jusque-là, n’est-ce pas ?— Pas même un baiser ?— Rien Pierre. Mais tu vas pouvoir te soulager en pensant à ce qui va se passer, ne crois-tu pas ? Et ma foi… je suis certaine que toutes les conditions sont requises.
En ajoutant ces quelques mots, elle a béatement posé sa patte sur la bosse que n’arrive plus à cacher sa braguette. Il avance vivement le bas de son corps, prêt à un vrai contact. Mais France n’a pas l’intention de lui en donner plus. Un simple effleurement, ô combien puissant, cependant puisqu’il renforce cette envie de faire l’amour et par la même, augmente davantage le volume de la queue confinée. Il sort de la voiture, abasourdi et ivre d’un espoir pas totalement réprimé. La voiture dont les feux arrière s’éloignent, le laisse un peu tel un naufragé. Oui. Un naufragé de l’amour, avec son désir gonflé d’impatience.
Et dans quelques minutes, la femme sous le volant va enfin pouvoir calmer ce foutu feu que l’acteur amateur a si bien su allumer. Parler nonchalamment de cul avec Pierre, c’est comme allumer une mèche à combustion lente. Et c’est à Clément qu’elle va demander de jouer les pompiers ? À moins que ce ne soit elle qui s’occupe de la lance pour qu’il finisse par éteindre son propre incendie ? Elle se raconte un tas de bêtises, tout en avançant vers celui qui se morfond dans son salon. Le ronron du moulin de la petite automobile est une délivrance. Enfin elle est de retour. Et puisque les répétitions durent en moyenne deux heures… elle n’a vraisemblablement pas fait d’escale chez… celui qui devrait être bientôt un hôte de choix.
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Noël avant l’heure, un jour de fête en fin de semaine. France chantonne depuis le réveil. Clément est au boulot et entre des mains féminines, la matière brute devient régal pour les papilles. Mettre les petits plats dans les grands, laisse traîner des senteurs particulièrement alléchantes dans la maison. Le nez de son mari en capte toutes les odeurs lors de son bref passage pour un déjeuner rapide. Il tient à être libre de bonne heure en ce vendredi si peu ordinaire. Le couple, lors de son repas met un point d’honneur à taire ce qui trotte dans leur esprit. Rien ne sert de parler, il suffit d’être encore un peu patient.
Vers quinze heures, le cordon bleu a totalement fini ses préparations culinaires. Il en est une autre cependant bien plus intime qui s’avère du coup nécessaire. Et celle-ci ne peut qu’être réalisée que dans le haut lieu de sa demeure. La salle de bain est donc le refuge idéal pour enjoliver un corps voué à toutes les débauches nocturnes. Dans son esprit du moins, il doit lui également, être au top niveau, pour exulter. L’eau tiède domestique est un bon prélude à ce nettoyage en profondeur. Rien n’est laissé au hasard chez cette France frétillante. Et puis après un temps exagéré passé sous un jet agréable, la coiffeuse et son miroir deviennent ses confidents.
Parfumée, vêtue d’une jupe à damner tous les douze apôtres, et les saints de tous les paradis, d’un corsage qui moule juste ce qu’il faut une poitrine toujours ferme, elle se maquille sans outrance. Pas de choc visuel trop malicieux, non ! Une simple touche sur les contours des yeux, un léger rosissement des joues et pour le rouge des lèvres, elle préfère attendre la dernière minute. Si la glace pouvait parler… l’image est quasi parfaite. Une bourgeoise prête à s’encanailler qui se sourit à elle-même par le biais du tain interposé.
Le retour de Clément met fin à l’œuvre d’art et c’est une femme toute neuve qui lui cède la place dans la salle de bain embuée. Il a un petit claquement de la langue, signe qu’il apprécie cette nana qui est pomponnée comme pour un bal. Quelque part, au fond de lui, il est fier de cette beauté qui irradie et l’enivre. Même si le but est peut-être moins louable qu’il n’y parait. Cette fois, il est trop tard pour faire machine arrière et il ne peut plus que prendre le train en marche. Drôle d’impression que celle qui l’étreint là, devant sa France si bien apprêtée, trop belle.
Lui qui jusque-là n’a rien voulu laisser transparaitre, est gagné par une pointe de jalousie qui le taraude. Une dérobade à ce moment de l’histoire serait prise pour un camouflet par sa brune, et il se sent glisser sur une pente dangereuse, sans lever le petit doigt pour interrompre une chute plus que probable. En se frottant la couenne sous la flotte qui lui dégouline sur le sommet du crâne, ce sont des idées bien sombres qui ternissent le tableau idyllique qu’il se brosse depuis le début de cette affaire. Va-t-il renoncer dans la dernière ligne droite ? Un peu lâche, veule aussi, il se sent enferré dans un piège que sa femme a lentement tissé.
Son drame, celui qui ressurgit ici, dans un espace commun de leur maison, c’est bien de l’aimer trop, elle. Oui ! Et il se sent floué, comme si elle profitait de son amour pour en dégager une essence nouvelle, une philosophie personnelle dont il ne maitrise plus tous les paramètres. Se désengager maintenant équivaut à la perdre à coup sûr. Avancer de concert dans la direction où elle le dirige, c’est tout autant se cramer tout seul. Voilà où il en est dans ses déductions quand elle passe son frais minois par la porte de la pièce. Il n’a plus le loisir de la repousser, bien qu’elle ne vienne là que pour une question d’ordre pratique.
— Clément… ça va ? — Oui… j’ai presque fini. Tu veux quelque chose ?— Oh, juste pour… le vin ? Je le mets à décanter tout de suite ? Où est-ce que ça peut attendre encore un peu ?— Il ne va pas se gâter si tu le verses dans la carafe. Ça va me permettre de le goûter. Vas-y !
Comme il est à un mètre d’elle, elle fait un pas et sa main monte sur la joue masculine. Les doigts frôlent son visage. Elle a dans les yeux des étincelles, de la poussière d’or. Et elle laisse alors tomber, comme si tout était très naturel.
— J’adore ta frimousse bien rasée. Tu es le plus beau du monde mon Clément. Tu me fais le plus beau des cadeaux mon chéri… et je te promets que tu ne vas pas le regretter. Je veux être celle qui te fait honneur mon cœur.
Que rajouter à un tel commentaire ? Rien bien sûr. Il lui fait faire contre mauvaise figure bon cœur et serrer ses poings dans ses poches ? Mais voilà, un homme à poils a rarement des poches pour y loger ses pognes. Il baisse les paupières, se tait et elle se méprend sur la signification de son geste. Le feu follet quitte la salle de bain pour retourner vers le bordeaux, la carafe et d’autres occupations domestiques dont il ne devine que partiellement l’utilité. Un court instant, il se reproche son manque de courage et sa réaction épidermique violente à l’idée qu’ils vont aller au bout de son fantasme.
Il est trop tard ! Il va devoir lui aussi avancer sur la voie qu’elle trace. C’est ainsi qu’il termine ses ablutions. À son retour dans l’espace de vie du cocon familial, il constate que la table est dressée… trois couverts et comme si ça ne suffisait pas, un chandelier avec ses ornements prône sur la table de la salle à manger. Le vin chambre dans son flacon de cristal, qui semble lui faire un clin d’œil complice. Il est mis devant le fait accompli et plus moyen de se défiler, elle ne lui pardonnerait pas. L’horloge, la comtoise du salon, qui mardi a marqué du bruit de son balancier, le temps de son absence, lui rejoue un tempo identique.
De guerre lasse, il allume le téléviseur, rempart dérisoire à des idées sombres qui en vagues incessantes viennent cogner contre son front, à l’intérieur de son crâne. L’ange brun revient à la charge dans ses oripeaux de luxe. Du bout des fesses, elle se place à ses côtés sur le sofa de leurs amours. C’en serait plutôt comique s’il n’avait pas le cœur qui saigne. Doit-il lui faire part de ses doutes, lui demander de cesser le jeu ? La voir partir avec ce Pierre de son malheur, ou la regarder faire l’amour avec une jalousie grandissante… un cruel dilemme dont il ne peut se défaire. Tous les ingrédients de son drame sont réunis pour son plus grand malheur !
À suivre…
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