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La vengeance du fantôme

Chapitre 2

Le baiser de l'ange

Divers
Jean Castaing buvait une bibine au bar, après sa sortie du bureau. Un coup à boire pour saluer son ex vieux pote Dominique, qui la semaine précédente avait passé l’arme à gauche. Retrouvé mort dans sa piscine par sa femme de ménage, un comble pour lui, qui ne savait pas nager. Ça lui avait foutu un petit coup au moral. Les souvenirs des frasques de jeunesse qui avaient animé leur petite bande d’étudiants… semblaient bien lointains. Ils ne se parlaient plus depuis environ dix ou quinze piges.
Mais si le contact était rompu, rien n’interdisait d’avoir un soupçon d’humanité devant la dépouille d’un type avec qui Jean avait fait les quatre cents coups. Il leva donc son verre en mémoire du banquier. Les autres, Jacques Clameur et Lionel Chassard, les mousquetaires de sa jeunesse, eux aussi avaient disparu de la circulation. Il retrouvait parfois leur bobine et leur blase dans les journaux. Les études les avaient réunis, puis la vie active avait fait son œuvre. Un trait tiré sur le passé quoi !
Les trois acolytes se réunissaient une fois par an pour un diner entre vieux copains. C’était… il y avait longtemps. Une même dinette qui il y avait plus de quinze ans avait dérapé et détruit la belle amitié… Dominique le banquier n’était plus le bienvenu auprès des trois autres ! Une ombre venait de ternir la soirée de Jean. Le géomètre recommanda une autre bière. Après tout, la mort faisait aussi partie de la vie. Et lui était bien vivant. Alors, en guise d’oraison funèbre, il leva au ciel son quatrième verre de la soirée. Il marmonna quelques mots entre ses dents.
Près de lui, une sorte de curieux personnage venait lui aussi, de commander un demi-pression. Cheveux très roux, grand, filiforme et vêtu de sombre, le corps emmitouflé dans une sorte de longue cape en feutre, un type bien étrange sifflait délicatement sa bière. Il semblait discret et seuls ses vêtements auraient pu attirer l’attention des autres consommateurs du zinc. Il se tourna alors vers Jean. Celui-ci, noyé dans ses souvenirs tristounets ne broncha absolument pas. Leurs yeux se croisèrent et une sorte d’étincelle se mit à briller dans les quinquets du géomètre.
Castaing d’un coup se sentait attiré par cet androgyne qui ne lui demandait pourtant rien. Il avait toujours aimé les amours un peu interlopes. Femme ? Homme ? Un délicieux mélange des deux sexes, qui à ses côtés se cognait une bibine. De quoi alimenter d’un coup les fantasmes du topographe qui ne s’embarrassait pas de considérations désuètes. Un derrière restait un derrière, quel que soit celui ou celle qui le portait. Et en ce début de vingt et unième siècle, les mœurs avaient largement évolué dans ce domaine.
Oublié ce salaud de banquier, claqué dans son immense baignoire ! À ses côtés se tenait la perle rare. Ce qui lui manquait le plus, à savoir du sexe. Et là… pourquoi ne pas tenter sa chance ? Après tout, personne ne trépassait d’une veste prise. Il devait attaquer. Une chance sur deux de ne pas dormir tout seul cette nuit, et il se devait donc de tenter… Il se jeta donc à l’eau !
— Salut ! On s’en reprend un ?— Oh ! Non ! Je crois que j’ai ma dose.— Vous ne voulez donc pas trinquer en ma compagnie… j’ai eu un sale moment cette semaine et je crois que j’ai besoin de… partager un peu.— D’accord ! Mais alors c’est bien pour vous faire plaisir… et pour que vous vous sentiez moins solitaire.— Sympa… et vous êtes… il ou elle ?— C’est si important ? Surtout pour une bière !— Non ! Vous avez raison… mais peut-être que nous ne sommes pas obligés de continuer ici et à la pression !— Vous avez donc un autre endroit à me proposer ?— Un bar plus huppé ? Ou tout bêtement chez moi ?— C’est où, chez vous ? Loin du centre-ville, je veux dire ?— Non ! À dix minutes à pied de ce rade… pour tout vous dire, un vieil ami nous a quittés, il y a seulement quelques jours et…— Je vois, vous noyez votre chagrin dans les bars ! — Je n’irai pas jusqu’à faire comme lui… il s’est vraiment noyé.
— Oh, pardon ! Je ne pouvais pas deviner. Excusez mon mauvais jeu de mots donc ! Et toutes mes condoléances. Et pour me faire pardonner, je veux bien allez jusque chez vous… pour un dernier glass… surtout si c’est du bon.— Ça marche ! Vous avez un prénom ? Moi c’est Jean !— Appelez-moi « Ange », Jean.
Jean et son nouvel ami quittaient donc le bistrot. Ils remontaient la rue d’un pas tranquille. Castaing souriant avait enregistré avec bienveillance le prénom asexué de cet « Ange ». Un pseudo, vraisemblablement inventé sur place pour la circonstance. Il s’imaginait déjà… tripoter ce corps dont il percevait le potentiel. Pourvu qu’il n’ait rien de la créature biblique dont il s’affublait du nom. Et l’autre qui marchait proche de lui, ne parlait plus. Une sorte d’ombre mince qui le côtoyait, et qui lui remuait déjà les sangs.
Rompre le silence. Primordial pour faire simplement retomber la température d’une partie du corps qui s’animait à cause du personnage ambigu avec lequel il se rendait chez lui…
— Voilà ! Nous sommes arrivés. — Eh ben ! C’est plutôt spacieux dites-moi ! Vous ne devez pas déranger vos voisins, lorsque vous faites une fête !—… ? C’est la maison de mes parents, j’en ai hérité… tout bêtement. Aucun mérite donc.— Ah ? Encore une bévue ? Je mets toujours les pieds dans le plat… et je tombe trop souvent à côté de la plaque.— Vous ne pouviez pas savoir…— C’est vrai aussi…
Les deux-là venaient d’entrer dans le vestibule de la baraque plutôt cossue du géomètre. Une maison de célibataire à coup sûr. Jean fit avancer son invité « surprise » vers son salon.
— Vous prendrez quoi ?— Qu’est-ce que vous avez à me proposer ?— Des alcools forts, du vin… des apéros aussi… — Comme vous alors !— Oh, un vieux scotch irlandais, si vous n’y voyez pas d’inconvénient…— Banco ! Dites-moi, c’est chouette chez vous…— Ce n’est pas parce qu’on vit seul qu’on doit vivre sans luxe… Ange ! C’est votre vrai prénom ?— À votre avis ?— Je ne sais quoi penser… vous… on pourrait se tutoyer, non ?— Je peux… vous emprunter votre salle de bain ? Je voudrais me rafraichir.— Ah oui… c’est par là ! Pendant ce temps, je vous, enfin… je te sers un verre.— Ça marche…
La créature bougrement efféminée se dirigeait déjà vers la direction indiquée par Jean. Sa démarche chaloupée mettait un peu plus le feu au bas-ventre du maitre de céans. Il sortit donc deux verres et servit de bonnes rations. Sa soirée s’annonçait finalement mieux que prévu. L’autre là-bas, mi-homme, mi-fille le mettait en appétit. Quand il sortit de la salle d’eau, l’invité avait retiré sa cape et sa poitrine sous son pull ne montrait que deux minuscules bosses. Des œufs sur le plat qui d’emblée donnèrent une sorte d’impulsion à la gaule du bonhomme assis.
— Ce serait sympa que tu fasses comme moi !— Comme toi ?— Oui… j’aime bien l’hygiène et il est des trucs que je ne peux faire que lorsque les hommes sont nets et propres… tu piges ?— Ah… oui, oui bien sûr ! — Et profites-en pour te mettre à l’aise… après tout, nous sommes des adultes n’est-ce pas ?—… d’accord… j’en ai juste pour quelques minutes.— Attends ! On trinque d’abord ? — Bien sûr ! À quoi veux-tu que nous trinquions ? — Je sais pas trop… à ce qui va arriver peut-être ? À nos jeunes années et à nos amis…— Ça me convient…
Deux verres venaient de s’entrechoquer. Ils burent ensemble une gorgée d’un liquide ambrée qui coulait délicatement au fond des gosiers. Puis mu par cette envie qui le titillait depuis… un moment, Jean fila vers le lieu où la douche l’attendait. Cette nuit il aurait sa ration de plaisir et ça faisait un bail que ça ne lui était plus arrivé. Si par chance, cet « Ange » avait aussi un micropénis… voire un gros clitoris, le bonheur serait total. Il salivait grâce aux images qui dansaient sous sa tignasse auburn.
Elle ou il, difficile à dire, qui se tenait le bout des fesses posé sur le sofa, attendit patiemment d’entendre le bruit de l’eau coulant dans la douche. Puis il extirpa de sa poche un minuscule sachet blanc dont le contenu disparut de suite dans le verre intact du propriétaire de la baraque. D’un index tournoyant trempé dans la boisson, il fit fondre la poudre blanche et il reposa le godet sur la table, attendant le type qui chantonnait sous le jet d’eau tiède. Celui-ci était rapide, sans doute pressé par son besoin urgent.
Lorsque Jean revint, il ne portait plus rien sur le corps, persuadé que la partie était gagnée. Ange baissa la tête, un sourire en coin. Le type voulut alors l’embrasser de suite. Pour ce faire, ses bras vinrent encercler les épaules de son invité. Mais prestement l’autre se dégagea.
— Buvons donc notre verre, avant d’attaquer les choses sérieuses. —… bonne idée ! Et puis l’alcool détend et émoustille… encore que je n’en aie guère besoin… Tu vois ?
Il arborait une érection monumentale. Son sexe était si raide qu’il lui montait presque jusqu’au nombril. Plaqué sur son ventre, impossible de ne pas le voir. Il but une gorgée de son liquide qui lui chauffa de suite l’estomac.
— À la tienne !
Fièrement il approcha son verre de celui d’Ange. Puis une seconde goulée fila vers le fond de sa gorge. Juste un peu plus amer que la précédente. Il ne débandait pas. Pour ne pas avoir l’air idiot, il reprit donc.
— Et toi… tu n’as pas envie de te m’être à l’aise ? Il fait bougrement chaud non ?— Si tu veux ! Mais ne soyons pas trop pressé, tu veux bien ?— Oui… je m’adapterai à ton rythme.— Ça, c’est plus que certain… bon… eh bien… !
La grande silhouette dégingandée venait de se relever. Avec des gestes lents, il souleva son sweat. Sous celui-là, un tee-shirt d’une blancheur impeccable, juste renflé à l’endroit des tétons. Puis la couche de coton immaculée elle aussi découvrit doucettement le buste. Une poitrine très peu développée, faite de deux minuscules excroissances. Des seins trop remplis pour être ceux d’un mec ? Et finalement pas assez rembourrés pour être féminins ! Jean salivait, et sa queue lui faisait mal d’être hyper tendue depuis un bon moment.
Pour ne pas montrer son trouble, il trempa une fois de plus ses lèvres dans sa boisson. Le verre lui sembla s’éloigner de sa bouche. Ses mouvements ralentis par son bras qui ne paraissait plus lui obéir. Une seconde il se demanda ce qui lui arrivait. Devant lui son invité venait de retirer ses cheveux ? Castaing secoua sa tête de plus en plus lourde. Puis son cerveau bien qu’embrumé lui envoya une information.
— Tu… qu’est-ce que tu as mis dans mon Glenfiddich ?
Il avait la bouche pâteuse, l’élocution difficile. Tout son corps lui paraissait être de plomb. Il avait toute sa lucidité, mais ses muscles refusaient d’obéir à son cerveau. Un moment très désagréable. Et l’androgyne qui gardait son visage de trois quarts caché se retourna brutalement vers lui.
— Ma bouille te rappelle des souvenirs ? Avec quelques années de moins… bien sûr ! Mais tu vois, je n’ai pas vraiment changé et j’ai cru un instant que tu m’avais reconnu au bar…— Mais… qu’est-ce que vous me voulez ?— Ne te fatigue pas à parler. Tu vas savoir comme il est très désagréable de ne pas pouvoir faire ce que l’on veut dans des moments peu sympas. Toi et tes potes vous me teniez pour que ce salaud de Staneley me baise… Tu bandais déjà ce soir-là… je m’en souviens moi.—… maiiis… je…— Oh ! Tu vas être bien sage… j’ai amené un petit cadeau, juste pour toi… regarde…—…
Les yeux exorbités, Jean Castaing voyait que son invité tirait de sa besace, un autre sac en cuir. Impossible pour lui de crier, de remuer ne serait-ce que le petit doigt ou une oreille. Tous ses membres demeuraient inertes et il se retrouvait dans l’incapacité de bouger. Assis sur son sofa, il se demanda ce qui allait lui arriver. Et comble de l’horreur, Ange gantait ses doigts de cuir et avec d’infinies précautions, il plongea une de ses pattes dans le truc qui avait l’air vivant. Venait de sortir au grand jour, une des pires choses que Jean ait jamais vues.
— Au moins ne vas-tu pas souffrir comme moi ! Tes muscles sont endormis et tu as encore quelques minutes pour prier le Bon Dieu de te recevoir. Je ne crois pas que tu auras droit au paradis… mais au moins, tu partiras avec mes seins sous ton nez. Triste consolation ? Peut-être ! Mais vous ne m’avez donné aucune chance non plus cette soirée-là… tu te souviens ?
Sur le canapé, Jean pleurait. Comment échapper à cette horrible chose ? Incapable de faire un mouvement, il vit la bestiole se lover sur le cuir fauve du canapé. Puis elle se glissa sous ses cuisses, ressortant en rampant sous ses bourses. L’autre remettait simplement son tee-shirt et son pull. Puis il fit un geste brusque en direction du serpent. La tête du reptile se releva, en position de combat. Alors sans s’approcher trop, Ange contourna le divan. Une fois derrière, il avança brusquement sa main à hauteur du visage de Castaing.
Dans un réflexe d’autodéfense, le serpent plongea vers l’ennemi. Mais le bras se retirait aussi vite qu’il était arrivé. Les crochets du « bungarus multicintus » vinrent se planter dans la joue du géomètre. Une douleur intenable vrillait d’un coup le cerveau de l’infortuné topographe. La tête du reptile resta accrochée de longues secondes aux chairs du bonhomme. Enfin Ange en le saisissant derrière la caboche le décrocha pour le replonger directement dans son abri de cuir.
La bestiole avait fait son ouvrage, elle pourrait retourner dans le vivarium d’où elle avait été empruntée pour l’occasion. Jean allait mourir conscient, dans d’atroces douleurs. Le venin déjà se répandait dans ses veines et incapable du moindre tressaillement, la panique, l’affolement emballaient déjà son cœur. Merde ! Pourquoi ? Puis du fond de ce qu’il gardait comme réflexion, il se souvint d’un coup… La cause de sa fâcherie avec Dominique… venait de lui inoculer une mort certaine.
Une fois son objectif atteint, le soi-disant « Ange », se mit en devoir de laver les verres, ranger la bouteille. Puis muni d’un chiffon, il fit le ménage. Avant de partir, il revint se baisser devant le type qui respirait toujours.
— Si tu rencontres ton pote Dominique, en enfer… salue-le de ma part. Et puis préparez le jeu de cartes… oui… oui celui de cette même nuit… je vous envoie vos deux autres partenaires… bye Castaing et crève lentement !—…
La porte de l’entrée se referma doucement sur l’Ange de la mort qui tout en souplesse quittait les lieux. Une bonne chose de faite ! Restait à préparer les festivités pour les deux complices de l’infamie… mais la forme longiligne qui marchait sans se presser avait comme un poids de moins sur l’estomac. Le sel de la vengeance donnait une saveur toute particulière à sa besogne. Le fantôme fit un détour par le jardin des plantes et le zoo. Prestement il enjamba le grillage et suivit les flèches pour se rendre là où il avait pour un soir, donné quelques vacances à un des serpents les plus dangereux du monde.
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Faute de preuves probantes, le dossier « Dominique Staneley-Kaly » avait été mis de côté. Les analyses médico-légales n’avaient rien révélé d’autre que de l’eau dans les poumons du mort. Pas vraiment refermé, mais comme des affaires plus urgentes appelaient les flics en général et Anita et sa bande en particulier, un suicide, fût-il douteux, ne pouvait guère entraver la bonne marche du commissariat. C’était donc en milieu de matinée qu’un appel des pompiers ramena la capitaine sur le terrain.
En substance ce coup de grelot lui apprenait qu’un cadavre avait été retrouvé et que le responsable du SAMU sur place avait jugé suffisamment étrange la mort pour faire appel à la police. Anita en compagnie de son adjoint, le lieutenant Rollin se rendit sur les lieux. Là, le spectacle avait de quoi lever le cœur au plus aguerri des secouristes. Dans la maison régnait une odeur infecte de cadavre en décomposition.
— Pff ! Ça pue méchant là-dedans ! Vous êtes les responsables de l’enquête ?— Capitaine Solivers et Lieutenant Rollin ! Vous êtes le médecin qui a fait appel à nos services ?— Oui je fais partie du SAMU et suis là à la demande des pompiers. Mais ce type-là est plus de votre ressort que du mien. Il est mort et depuis pas mal de temps même ! Et son décès n’est pas très clair. De plus, il présente une plaie bizarre au niveau du visage, je vous avoue que je n’en ai jamais vu de pareilles.— Vous avez touché à quelque chose ?— Je porte des gants ! Mais le type qui a découvert le corps lui, est sans doute entré dans la pièce ou est votre macchabée. Mais chacun son job ! Je ne délivre pas de certificat de décès pour ce pauvre gars… votre légiste saura bien déterminer les causes et la date de la mort… Bon je file parce que je suis là depuis une plombe et que j’ai l’estomac qui fait du yoyo. Si vous avez besoin de moi… voici ma carte.— Merci, Docteur… Janviet Eddy…— Oui ! — Une petite question… savez-vous où se trouve le zèbre qui a trouvé le corps ?— Avec le chef des pompiers. Il est un peu sonné…— D’accord ! Merci.
Le toubib n’avait pas demandé son reste pour déguerpir. Tout dans le salon où le type avait été découvert était bien rangé.
— Vous avez vu capitaine ? Notre bonhomme est complètement à poils. Qu’est-ce qu’il schlingue en plus… pff !— Ça doit faire quelque temps qu’il est décédé. C’est vrai que son visage n’est pas beau à voir. Qu’est-ce qui a bien pu causer des dégâts pareils ? Bon ! Max Verdier saura peut-être nous en apprendre plus. Un pauvre type qui vivait seul…— Comment vous le savez Cheffe ?— Appelle-moi Anita, je te l’ai déjà demandé vingt fois au moins ! Nous sommes amenés à nous côtoyer souvent et au vu des circonstances…— Je fais le tour du propriétaire. — Oui, vois si ce bonhomme avait un portable, enfin tu connais la musique ! Je vais interroger son découvreur.— Ça marche patronne !
La flic haussait les épaules. Son collègue faisait tout pour lui mettre les nerfs en pelote. Oh ! Un bon flic au demeurant, mais encore un qui ne supportait pas que sa hiérarchie directe soit une femme. Et puis selon les rumeurs persistantes du Ciat*… une gouine de surcroit. Après tout, les commérages, elle s’en tapait. Elle ressortit, elle aussi légèrement indisposée par l’odeur dégagée par la dépouille. Visiblement ce type n’avait subi aucune violence… le légiste allait arriver et le mort ne s’envolerait pas.
Elle rejoignit le camion rouge stationné devant la maison. Quelques badauds, des curieux s’amassaient aussi sur le trottoir. Les gens seraient donc toujours attirés par les trucs les plus glauques. À l’intérieur du fourgon, un gars se tenait assis, tête baissée.
— Bonjour ! C’est vous qui avez découvert le corps ?— Euh… oui bonjour ! Oui j’en suis tout retourné.— Vous savez qui c’est ? Son nom ?— Ben… c’est… c’était mon géomètre. Ça fait une semaine qu’il doit passer chez moi pour métrer un terrain que je veux mettre en vente. Ne le voyant pas venir, je voulais savoir pourquoi… — D’accord ! Et il se nomme ?— Castaing Jean ! Je ne le connais pas ! C’est le notaire qui est chargé de la vente de mon terrain qui me l’a conseillé. Je suis… navré de ne pas pouvoir vous en dire plus.— Et comment l’avez-vous trouvé ?— Ben… j’ai sonné, frappé, et pas de réponse. Mais il y avait de la musique… alors j’ai poussé la porte. Je suis entré. Il y avait cette odeur… et j’ai avancé, c’est dans le salon que… je l’ai vu, je suis ressorti pour vomir et j’ai appelé les pompiers de suite… ça fait déjà plus d’une heure…— Oui vous avez bien fait ! Mais pourquoi le quinze et pas la police ? Par contre comme vous avez touché sans doute quelques objets, portes et autres, nous devrons faire un relevé de vos empreintes…— Je comprends… Pour les pompiers, je ne sais pas, un réflexe sans doute. Il est… mort ?— De toute évidence oui ! Et même pour de bon ! Bon vous n’avez vu personne ni entendu quoi que ce soit d’anormal dans la maison ?— Seulement la musique et l’odeur… elle va me rester dans la tête longtemps…—… ça passera avec le temps. Vous viendrez au commissariat pour une déposition en règle ! Voici ma carte si par hasard il y avait quelque chose qui vous revenait à l’esprit…— Merci.
La vieille bagnole de Max Verdier venait de s’arrêter dans la cour de la bicoque. Il s’extirpait de l’habitacle, déjà en tenue, prêt à bosser. Deux de ses arpettes avaient aussi fait le déplacement. Il vint vers Anita de sa démarche si spéciale.
— Alors Capitaine ? On ne peut plus se passer de moi ? Ça va finir par un mariage, je te le dis.— Allez, Max ! Arrête de dire des conneries… va faire ton boulot, mais dis à tes jeunes de se boucher les narines… c’est du bien faisandé qui vous attend…— Ah ? Tu veux donc gâcher mon déjeuner ? — Tu me tiens au jus ?— Comme d’habitude… allez-vous autres, au boulot !
Trois cosmonautes entraient dans la casbah. Thierry Rollin le lieutenant les croisait dans le hall d’entrée.
— C’est par là, messieurs ! Bon courage !
Max ne répondit pas ! Sans vrai motif, le courant ne passait pas terrible avec ce nouveau qui se prenait un peu pour Dieu le père. Et puis, il bossait avec Anita et c’était un peu sa chasse gardée, bien qu’il n’ait aucun espoir de conclure avec cette nana. Pour une raison incompréhensible, il la kiffait grave. Ce que les cancans colportaient sur cette femme n’empêcherait jamais son estime pour elle. Les aides venaient de marquer un temps d’arrêt devant la scène qui s’offrait à leurs quinquets. Le type nu comme un ver virait au verdâtre et au premier coup d’œil, pas besoin de sortir de l’ENA pour comprendre que sa mort remontait à plusieurs jours.
— Eh les enfants ! On fait notre job et plus vite ce sera fini, plus vite on se taillera d’ici. D’accord ?
Aucun des deux n’avait répondu. Max fit donc les constatations d’usage, plutôt intrigué du reste par la blessure du visage. La forme de celle-ci laissait penser à une morsure. Mais quel animal pouvait laisser des traces de cette sorte ? Et puis pourquoi ce pauvre type, bouffé par une bestiole n’avait-il pas de suite hurlé et ameuté le quartier ? Au minimum aurait-il dû alerter les secours, bizarre ça tout de même. Il en découvrirait peut-être davantage dans ses locaux… Une heure plus tard, l’homme était embarqué.
— xxxXXxxx —

À suivre…
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