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La vengeance du fantôme

Chapitre 4

Vacances de rêve

Divers
L’océan atlantique et sa côte superbe enchantaient bien des gens en ce début de juillet ensoleillé. Des tas de gamins s’escrimaient à faire des châteaux de sable que l’eau salée à la prochaine marée décimerait sans pitié. Un cycle immuable depuis des siècles. Les gosses creusaient, pelletaient, maçons de l’impossible, des constructions éphémères qui ne dureraient que le temps d’une vague. N’était-ce pas là le vrai bonheur pour ces têtes pas toutes blondes fort heureusement ? Une jolie femme, allongée sur une natte de coco ne relevait pas le nez de sa revue.
Élyse Clameur profitait de ses vacances pour se détendre. Son mari devait nager quelque part dans ces vagues qu’elle jugeait fort peu sympathiques. Puis il y avait tant de rochers sous les pieds que se rendre un peu plus loin vers le large la rebutait. Bretignolles sur mer, la brune jurait qu’on ne l’y reprendrait plus. Ah ça non ! Pas deux fois, une location dans cette station balnéaire vendéenne. Les voisins de la maison louée à prix d’or, où elle et son mari créchaient, s’avéraient des plus dissipés. Toutes les nuits c’était « nouba et java » au son d’une musique de zazou.
La plage avec ses cris d’enfants, ceux aussi des mouettes et des goélands offrait à la nénette appétissante un repos bienvenu. Le vent chaud qui courait sur sa peau nue jusqu’à la taille contribuait également à lui faire apprécier son rectangle de sable blond. Loin de leur bled paumé, loin de tout, noyé dans la masse grouillante de vacanciers turbulents, Jacques et elle se payaient une seconde lune de miel. Les choses ne fonctionnaient pas toujours aussi bien dans ce vieux couple. Alors, la madone des dunes feuilletait avec une sorte de sourire entendu, sa revue achetée au kiosque de la plage.
Une ombre vint s’intercaler entre le soleil et elle. Ses lunettes aux verres fumés se relevèrent pour voir qui osait entraver sa vue. Il était là. Assez baraqué pour son âge, plutôt un corps bien entretenu, Jacques, le mari si souvent infidèle lui souriait.
— Elle est bonne ma chérie ! Tu as tort de ne pas en profiter. — Humm ! Tu es tout mouillé, recule-toi un peu, tu me dégoulines dessus.— Mon Dieu ! Madame Élyse va fondre ! Allons bon sang, bouge-toi un peu…— Parce que tu crois qu’avec le bordel que nos voisins font toutes les nuits, j’ai envie de gigoter dans tous les sens.— Ce sont des jeunes, ils s’amusent. Les vacances, c’est fait pour ça, non ? Et pour ceci également…
Le mari posait sa paume humide sur le dos chaud de son épouse. Elle eut un vrai sursaut.
— Ouah… c’est froid ! Arrête.— Pff ! Quelle tristesse… tu vois de quoi j’aurais envie ?— Tu crois que c’est le moment ? Il y a du monde partout, et puis… des gosses. Alors sage avec tes pattes. Tiens ! Pour te tenir en haleine, passe-moi donc de l’ambre solaire sur le dos. Au moins ta main sera utile…— C’est une bonne idée ! Ouais… je vais te tartiner le dos.
Il avait attrapé le flacon qu’elle lui tendait. Son journal posé sur le côté, elle savoura les aller et retour des pattes qui l’enduisaient d’une crème anti-coups de soleil. Ce n’était pas fait pour arranger l’état de son mâle. Son caleçon de bain se déformait au rythme de ses bras qui balançaient ses mains. Pour le taquiner, l’exciter peut-être encore davantage, elle aussi avança sa menotte vers la bosse, heureusement invisible des autres plagistes. À genoux dans le sable, Jacques caressait donc sa belle. Il n’omit rien, pas un centimètre carré de cet épiderme doré comme un « Petit Lu ».
Il s’offrit même le luxe de tripoter la partie des seins qui débordait sur le côté de la natte. Élyse se retint pour ne pas soupirer ou gémir. Ses plus proches voisins auraient pu être alertés par ses manifestations intempestives déplacées, dues aux attouchements particuliers de ce mari amoureux d’elle… pour le moment. Au bout d’elle ne savait pas combien de temps, le feu était aussi en elle. Alors, elle se retourna vers Jacques, la voix rauque d’un coup.
— On rentre ? — Si tu veux.
En quelques mouvements rapides, tout leur matériel de parfaits vacanciers était fourré dans le sac de la femme. C’était donc main dans la main qu’ils retraversaient la plage, évitant les corps alanguis au soleil d’été. En louvoyant, ils parvinrent finalement à reprendre le chemin sablonneux qui menait à leur appartement. Ils n’avaient guère eu à marcher que six ou sept minutes. L’orage qui les tenaillait n’avait cessé de titiller leurs sens. La porte à peine franchie, Jacques se jeta sur Élyse. Il n’y avait que bien peu à retirer. Deux misérables slips de bain qui filèrent vers le carrelage nickel de ce loft océanique.
Et si les jeunes d’à côté dormaient et bien ce n’était que justice que les cris diurnes de l’épouse les réveillât. Un juste retour des choses pour les punir de les ennuyer toutes les saintes nuits. Un corps à corps fabuleux réunissait ces deux vieux amants qui se connaissaient si parfaitement. Un atout pour chacun d’eux de savoir ce que l’autre attendait. Une osmose parfaitement agencée et les arguments déployés pour se donner du plaisir avaient la priorité. Il ne pouvait en résulter qu’une jouissance à la hauteur de leur désir. Élyse eut un orgasme lent à monter, mais si savoureux à déguster. Quant à Jacques… si la coulée de lave était moins violente avec l’âge, elle n’en demeurait pas moins exquise.
Après la partie de jambes en l’air orchestrée avec maestria par la belle Élyse, une douche s’avérait nécessaire. L’endroit du loft pour se passer sous l’eau, trop exigu pour les recevoir les deux ensembles, elle y passa la première. Puis comme le soleil tapait toujours aussi fort, pas besoin de se vêtir. Si d’aventure les jeunes du logement accolé au leur, l’apercevaient, ils n’auraient que des regrets. Elle s’étala de nouveau, mais cette fois sur un transat sur la terrasse. Son journal refit surface et elle acheva la page commencée sur le sable.
Jacques enfin, une bonne quinzaine de minutes plus tard, refit son apparition, pas plus vêtu que sa Vénus.
— Intéressant ?— Quoi donc ?— Ton bouquin… tu l’as trouvé où ?— Au kiosque de la plage ! C’est un journal de chez nous !— Ah bon ? — Oui… il y a un paragraphe sur un type qui s’est suicidé. Un musicien… il rentrait de jouer dans une guinguette… Un certain Chassard… Lionel Chassard… et sa femme aurait disjoncté suite à ça ! Il parait même que les flics se demandent si ce ne serait pas un assassinat déguisé en suicide !— Quoi ? Fais voir un peu !
Jacques avait presque arraché le journal des mains de sa femme.
— Qu’est-ce qui te prend ? Tu deviens fou ? Tu connaissais ce bonhomme ? C’est ça, tu le connais, hein ? Ben, dis-moi bon sang, parle !— Nous avons fait nos études ensemble… on s’est côtoyé les trois dernières années de notre cursus étudiant. — Tu ne m’en as jamais parlé ! Un de tes amis… peut-être tué par sa nana… triste tout de même. Ça ne va pas ? Tu es tout pâle, Jacques. Tu te sens mal ? Assieds-toi là, sur le lit ! Tu ne vas pas me faire un malaise loin de chez nous !— Non… il y a un truc que je ne comprends pas.—… ? Ben, raconte-moi !— Oh, c’est sans importance ! Je dois me tromper… je vérifierai en rentrant à la maison.— Tu… tu veux écourter nos vacances ?— Non ! Non, bien sûr que non. Mais laisse-moi réfléchir un peu.— Tu me fiches la trouille là. Je ne t’ai jamais vu aussi bizarre. C’est la mort de ton pote qui te met dans un pareil état ?— Chut ! Ça va passer… je dois absolument me gourer. On verra ça plus tard… profitons ma belle Élyse de ce soleil, de cet océan. Tu… ne voudrais pas…— Quoi ? Ne me dis pas que ça te reprend ! Deux fois en pas longtemps… un vrai miracle.— Tu voudrais me dégouter, ma chérie, que tu ne t’y prendrais pas autrement… j’aimerais plutôt…— Quoi ? Dis-moi à la fin…— Ta bouche… oui avec ta bouche.— Je vois ! Monsieur veut une « tite » pipe ? Pourquoi pas ? Elle est propre et bien lavée, alors… et puis tu pourrais aussi visiter ma cave, qu’en dis-tu ?— Humm ! Un vrai bonheur.
L’épisode « lécheries » se prolongeait depuis un bon moment. Si les gamins d’à côté voulaient guetter, ils avaient de quoi se rincer l’œil. Mais à vingt balais, sans doute qu’ils avaient d’autres chats à fouetter, à défaut de chattes à léchouiller. Les râles fusaient sur cette terrasse où deux corps s’offraient un reliquat de bonheur. Les vacances s’annonçaient bien. Un éternel recommencement entre un homme une femme, bien que depuis quelque temps… il était permis de faire des folies entre gens du même sexe.
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Trois semaines sans âme qui vive derrière les fenêtres fermées de la villa cossue qui dominait la ville. Pas question de faire de trop fréquents passages dans les parages, inutile de se faire repérer par le voisinage. L’été battait son plein et beaucoup de citadins avaient fui la ville. Juillet se mourait, sous un soleil de plomb plus difficile à supporter entre les murs des rues vides. Les aoutiens dans un grand chassé-croisé allaient bientôt remplacer les malheureux qui finissaient leurs vacances. Le monde continuait sa rotation immuable.
Puis un beau matin, les persiennes s’étaient relevées. Enfin un signe de vie qui signifiait le retour du couple occupant cette chouette demeure. Il ne restait plus qu’à finir la besogne entreprise des mois plus tôt. Trouver le bon moment, le moyen aussi de faire, de passer inaperçu, telles une ombre, une gageure qui lui faisait danser le cerveau, lors des trois premiers « suicides ». Un seul regret, l’anicroche « Marinette ». Mais le fantôme se promit de la prendre en charge dès que son job serait enfin achevé. Seul le sort de Jacques n’était pas encore soldé. Une question de temps sûrement et son heure allait sonner.
Une mini Cooper sortait de la longue allée gravillonnée dont le portail électrifié venait de s’ouvrir. Au volant, un petit bout de femme. Une belle plante jugea l’observateur inconnu. Mais il savait déjà tout sur les résidents de la baraque. Une patience d’ange lui permettait de connaitre, sinon les habitudes des habitants, du moins la plupart de leurs déplacements. Sans doute que la nana se rendait au supermarché. Après les congés, remplir le frigo devenait une nécessité. Élyse… la forme en noir connaissait même son prénom, Élyse la femme de Jacques… en elle résidait le principal obstacle à la mise au point d’un stratagème menant à l’exécution du gaillard.
L’écarter le temps de faire son boulot de nettoyage, difficile, mais pas vraiment insurmontable. Après cela, son travail serait enfin définitivement clos. Plus de quinze piges d’attentes, de tortures morales pour une délivrance expédiée en quelques semaines ! Si elle l’aidait à aller de l’avant, l’autre là, qui patiemment guettait sa proie ne s’en glorifierait jamais. Il s’agissait en fait de débarrasser la terre de quatre ordures. Combien de victimes ces salopards avaient-ils à leur actif ? Facile d’abuser sexuellement de paumées, de leur faire miroiter des montagnes de pognons et de ne prendre que leur virginité sans leur accorder la moindre chance.
De plus, certains sévices seraient gravés à tout jamais dans l’esprit de la plupart de ceux dont le quatuor avait abusé. La silhouette qui se tenait tapie pas très loin de l’ultime cible en savait quelque chose. Elle portait dans sa chair des stigmates toujours terriblement palpables. Trois initiales gravées au fer rouge, une lettre sur chaque fesse… et summum de l’horreur la dernière juste au-dessus de l’anus. Ces trois marques justifiaient aux yeux de ce spectre longiligne, une vengeance légitime. Des larmes de rages venaient de monter dans les yeux de ce vengeur encagoulé.
Jacques Clameur… Celui-ci n’était pas plus coupable que les trois autres ! Pas moins non plus et sa seule présence sur les lieux, sa participation en plaquant au sol la victime, encourageant tacitement le bourreau à cramer la viande… méritait le châtiment suprême. Bien sûr, personne n’avait voulu prendre la plainte portée à l’époque des faits. Ces salopards étaient des fils à papa intouchables et la parole de quelques traîne-misère n’aurait pas pesé bien lourd, face à l’armada de conseils que les parents n’auraient pas manqué de faire monter aux créneaux. Oui… son combat était plus juste et surtout… sans appel !
Bien… le temps de l’action s’annonçait. Tout préparer pour une réussite totale était primordial et les faits lui donnaient raison. Les flics chargés de faire la lumière sur chacun des « suicides » y perdaient leur latin. Là encore, l’ombre avait suivi les informations et s’était aussi rendue dans le bistrot qui servait certains soirs de quartier général aux policiers. Les oreilles grandes ouvertes, c’était fou ce qu’il était possible de glaner. Un seul bémol, cette victime collatérale qu’était devenue Marinette. Pas question de la laisser moisir dans un asile psychiatrique. Si elle avait perdu l’esprit, ce n’était pas du tout prévu.
Comme quoi, rien ne serait toujours vraiment parfait, quoiqu’on en pense. Mentalement, il lui fallait récapituler et contrôler que tout se passerait pour le mieux. Prévoir pour ne pas avoir à subir. Alors le cerveau de cet exécuteur se mit en mouvement. La voiture de Jacques… celle dont il était si fier était remisée au garage. La grande silhouette franchit donc l’espace libre entre le portail et son poste de guet. Reconnaitre les lieux, pour savoir comment opérer. Bon ! Pas si difficile après tout. Le point noir… Élyse… mais pour elle il y aurait toujours un bon moyen de l’éloigner suffisamment de temps pour… oui ! Ce serait jouable.
Jacques et elle étaient de retour depuis une semaine. Elle avait fait le jour de leur arrivée les courses urgentes. Mais ce matin, il lui fallait réapprovisionner la maison en produits moins essentiels. Donc elle poussait son chariot dans les allées du supermarché local en évitant les ménagères pressées ou les personnes âgées qui déambulaient dans les rayons. À plusieurs reprises un caddie avait failli heurter le sien. C’était fréquent ce genre de mésaventures, les gens ne faisaient plus attention à rien. Sa liste à la main, elle engrangeait tout ce qu’elle avait pris soin de noter sur son papier.
Du beurre doux ! Il était écrit là que la maison en manquait. Et c’était en se baissant pour en saisir une plaquette qu’une vieille connaissance l’apostrophait.
— Ah ! Élyse… vous êtes donc rentrés ?
Un sursaut et deux regards se croisaient, se reconnaissaient également.
— Maurine… tu as failli me foutre la trouille. Comment tu vas ? Oui nous sommes là depuis dimanche soir. — Ben, nous aussi sommes revenus samedi ! Comment tu as trouvé la Vendée et son Atlantique ?— Pas trop mal, je l’avoue. Et puis on est bien partout lorsque l’on est en vacances !— Oui… vous avez apprécié alors. Nous avons fait des tas de photos… de Majorque, je vais vous inviter un de ces quatre pour une soirée spéciale « clichés ».— Pourquoi pas ? Et ton Marc, alors ? Il va bien lui aussi ?— Oui… mais il est comme ton Jacques, pour le trainer pour faire les courses, il faut se lever de bonne heure. Et puis, il a été assez dans mes pattes pendant nos trois semaines chez les Espagnols…— Plains-toi… dis que tu n’apprécies pas ses petites attentions…— C’est vrai… attends, poussons-nous sur le côté… Allez-y, je vous en prie…
Un chariot glissait le long de ceux des deux discuteuses qui venaient de lui céder un peu de place.
Élyse et sa copine Maurine suivirent des yeux la forme qui poussait devant elle sa caisse à roulettes vide. Elles se sourirent et dès que l’autre eut disparu dans une contre-allée, un peu plus loin dans les rayonnages du magasin, la conversation reprit de plus belle.
— Tu as vu Élyse ? Je ne saurais pas dire si c’était une femme ou un homme !— J’ai eu une impression bizarre moi aussi. Comme si cette tête ne m’était pas inconnue. Je ne fréquente pourtant pas les transsexuels.— Tu crois vraiment que c’en était un… une ? Je ne sais pas comment on dit !— Bof ! Juste une sensation, un sixième sens. Bon ! On se rappelle dans le courant de la semaine ? Pour se faire une bouffe entre nous ! Donne le bonjour à Marc.— Je n’y manquerai pas… la même chose de ma part à ton Jacques.
Élyse filait vers les caisses, alors que son amie Maurine continuait ses courses. Un peu plus loin, dans la travée des gâteaux et bonbons, un curieux personnage ne quittait pas des yeux la femme qui s’activait à terminer ses emplettes. Lorsqu’elle sortit, une singulière filature se mettait en place. Et en quittant le parc à voitures, après avoir rempli son coffre de ses achats, l’amie du couple ne remarqua pas le moins du monde qu’elle avait à ses basques, un véhicule distant de quelques centaines de mètres.
Arrivée devant chez elle, la femme déchargea son coffre tranquillement, sans se douter que des quinquets anonymes la reluquaient toujours depuis l’abri de l’habitacle de la bagnole qui l’avait suivi. L’occupant du véhicule attendit patiemment de longues secondes avant de marcher sur le trottoir, de relever les noms sur la boite à lettres et de regagner sa tire. Voilà… son plan lentement se mettait en ordre de marche. Il savait le blase de la bonne copine et celui-ci devrait lui servir pour éloigner Élyse de son mari… le temps nécessaire à la réalisation de ses projets.
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Aux environs de deux heures du matin, plus aucune lumière dans la rue du Général de Gaule, là où les époux Clameur vivaient. Une jolie maison de plain-pied que la belle Élyse avait décorée avec un gout très sûr. Caché dans un bouquet de noisetiers sauvages, le guetteur avait vu les deux personnes d’abord regarder un film à la télé, puis faire comme des milliers de couples ce soir-là. Le porno de canal était plus que jamais toujours d’actualité ce premier samedi du mois. Si le visiteur inconnu ne voyait rien des images diffusées par le petit écran, en revanche, il avait une vue panoramique totale sur le canapé.
C’était édifiant ! Les attouchements conjugaux s’étaient de plus en plus précisés au fil des images cochonnes qui se déroulaient devant les deux tourtereaux. Leurs gémissements avaient fini par se mélanger à ceux du son de la télé. Ceux des amants gardaient un aspect de sincérité que les acteurs X ne sauraient jamais retranscrire. Rien ne serait jamais meilleur que le réel quoi ! La petite affaire du couple n’avait guère duré au-delà du film et ils quittèrent ensemble le salon. Depuis un bon moment, tout semblait endormi. Les lampes de rue aussi étaient soufflées depuis quelques instants.
Deux ou trois enjambées avaient amené le voyeur devant la porte-fenêtre. La serrure de celle-ci n’était même pas verrouillée. Un jeu d’enfant de la pousser pour gentiment pénétrer chez ces gens, trop confiants ! Pas question de voler quoi que ce soit. Il s’agissait seulement de remplacer les comprimés que Jacques prenait chaque matin pour sa Tyroïde qui ne fonctionnait plus très bien. L’avantage d’avoir visité la baraque lors des vacances du couple. L’ordonnance de Clameur qui se trouvait dans son bureau montrait là son utilité.
Le visiteur attrapait le pilulier au nom de Jacques, et en un tour de main remplaçait les dragées contenues dans la boite, par d’autres. Demain matin, en lieu et place de son comprimé habituel, le bonhomme avalerait un somnifère bien costaud. L’intrus se mit aussi en quête du portable d’Élyse. Celui-ci se trouvait sur la table du salon, à côté du téléphone de son mari, là où elle s’était laissée dévêtir un peu plus tôt par son gaillard en rut. Il ne fallut pas plus de dix secondes à la grande silhouette sombre pour récupérer le numéro de la maitresse de maison et la puce de celui de Jacques. Les dix chiffres notés, aussi discrètement qu’il était entré, le corps souple ressortait de cette maison, ni vu ni connu !
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Le commissaire entrait dans une rage folle. Anita blasée essuyait ce nouvel orage sans rien dire. Il n’était pas le premier et ne serait pas le dernier. Une véritable épidémie de suicides et de morts sans explication et le big boss en bavait de colère. Mais il était d’abord flic et c’était sans doute plus pour stimuler sa Capitaine que pour la critiquer. La gestion des dossiers s’avérait parfois hasardeuse et le coup de pouce du destin dans ce genre de situation intervenait quelquefois d’une manière très aléatoire. La pluie de réprimandes du soir n’avait du reste aucun effet sur cette bonne flic.
— Je veux des résultats. Vous comprenez Solivers ? Des résultats ! J’ai le préfet qui me tarabuste toute la journée et le proc qui me met la pression.— Ben… pourquoi ne viennent-ils pas eux, sur le terrain s’ils sont si impatients ? Ils ont laissé suspendre Rollin et dégarni notre service à cause de cette mise à pied.— Bon ! C’est vrai ! Mais je dois tout de même leur rendre des comptes. Et puis votre collègue n’est pas blanc-blanc… alors peut-être est-ce mieux un flic suspendu, qu’un flic à hauts risques !— Ça c’est votre vision des choses, moi je dois faire face avec Maryse, la brigadière… et à ce propos, elle mériterait une promotion. C’est une fine mouche doublée d’une bosseuse. Heureusement qu’elle est là pour m’épauler. Si je devais compter sur le préfet ou le procureur…— Ça va, ça va ! Vous l’avez déjà dit. Pour Maryse on verra lorsque vous aurez des résultats… et bon Dieu donnez-moi quelque chose à me mettre sous la dent… trouvez-moi un putain de fil conducteur…
En retournant sur ses dossiers, Anita avait la sensation que depuis quelque temps, un vent de folie soufflait hors des murs du commissariat. Les suicides ou décès plutôt étranges s’accumulaient. Difficile cependant au vu du peu d’éléments retrouvés sur les lieux de ceux-là de conclure à des morts non naturelles. Il aurait fallu y consacrer un temps qui lui faisait cruellement défaut. Maryse et elle passaient déjà les trois quarts de leur journée à enquêter et décemment, elles n’arrivaient pas, n’y parviendraient jamais, à faire mieux.
La brigadière la vit rentrer dans le burlingue avec sa gueule des mauvais jours. Pas le moment de poser des questions, quand sa supérieure faisait cette tronche, elle n’était pas bonne à prendre avec des pincettes. Elle replongea donc son nez dans les procès-verbaux ouverts devant elle.
— Ils me gonflent ces trois-là ! On ne va pas assez vite d’après le préfet et le procureur et surtout pour notre commissaire !—… ! Ah ! Comme d’habitude quoi ! C’est ce que voulait te dire le patron ?— Grosso modo oui ! Tu n’as rien dégoté de probant dans ce fatras de papelards ? Un truc doit nous échapper, mais quoi ?— Qu’est-ce qui a bien pu faire disjoncter la femme de ce Chassard ? Je ne sais pas pourquoi capitaine… mais je sens que nous devrions fouiller de ce côté-là !— Tu as bien vu Maryse que les propos de cette Marinette étaient plus qu’incohérents… et puis les médecins ne nous ont pas laissés entendre qu’elle sortirait de sa folie… Nous retournerons tenter notre chance, mais tu ne sais pas… — Ben non !— On va faire un break ! Ce soir on boucle le bureau et on va se prendre un pot. Et puis… demain il fera jour. Un esprit reposé fonctionne toujours mieux !— J’ai de belles côtes de porc et des patates… des frites ça pourrait le faire ? — Oui ! Ne nous laissons pas abattre, nous allons rentrer et je viens chez toi vers vingt heures ? J’apporte le vin et le dessert ?— Parfait… à tout à l’heure donc !
Maryse et sa cheffe s’éclipsèrent donc dans l’indifférence générale de la maison « poulaga ». Il flottait. Un de ces crachins qui mouillait jusqu’aux os les carcasses des personnes sans imperméables. Lors du court trajet du bureau à leurs voitures respectives, les deux fliquettes étaient trempées comme des soupes. Elles se firent un signe de la main et chacune s’éloigna vers son domicile. Anita songea que la douche ne serait pas un luxe. Elle se lova sous le jet sympa d’une eau domestique qui la lavait de sa journée de boulot.
Mais avec cette pluie tiède, quelques idées moins… prudes montèrent à son esprit. Et pour finir, une sorte d’envie refoulée depuis un moment revenait à fleur de peau en songeant à un précèdent avec cette Maryse appétissante. Elle sourit à son miroir en mettant une dernière touche à un maquillage très succinct. Après tout, elle ne vivrait qu’une fois, alors pour quoi avoir des regrets ? Elle fila chez l’épicier du coin. Une tarte aux fraises, et une bonne bouteille de rouge, elle se sentait prête pour… oui, s’envoyer en l’air.
Maryse chez elle, en cuisinant ses patates songea que ce petit break d’une soirée leur serait salutaire. Puis il arrivait souvent qu’à force d’avoir les choses les plus évidentes sous les yeux, on ne les vît plus ! Dans sa sauteuse, les pommes de terre rissolaient délicatement, les côtes de porc embaumaient la cuisine. Elle mit le feu très doux, juste pour réserver au chaud les casseroles. Avec une sorte de soupir d’aise, elle fila vers sa salle de bain. Pas besoin d’allumer un feu qui couvait déjà en elle depuis… qu’elle savait qu’Anita venait.
Si l’exactitude était bien la politesse des rois, le capitaine Solivers méritait une couronne. Pile-poil à vingt heures, elle pénétrait chez sa collègue. De suite ses narines frémirent à ces odeurs délicieuses qui s’échappaient des fourneaux de Maryse. Dès l’ouverture Anita sentit qu’elle avait bien fait de se pomponner. Une fois n’était pas coutume, elle avait aussi délaissé son jean pour une robe boutonnée sur le devant. Un miracle de la voir ainsi vêtue… en vraie femme. L’hôtesse non plus ne s’y était pas trompée, qui avait souri.
— Hé ben ! Elle te va bien cette robe… on dirait un bonbon…— Calmos… parce que c’est par le ventre que tu me tiens ma belle. Ça sent rudement bon chez toi. — Juste quelques patates et deux côtelettes.— Ouais… mais avec le ventre plein, on oublie nos soucis… et puis j’ai tout le temps de ma douche imaginé tes pattes qui s’escrimaient sur les boutons de mon habit…— Il y a donc préméditation, capitaine ?— J’avoue, j’avoue…— Allez viens ! On boit un apéritif ?— Tu sais qu’il est interdit de conduire avec plus de deux verres d’alcool… et nous représentons la loi…— Bien sûr belle dame… mais le délit est si… frais ! Et puis… il reste ma chambre d’ami…— Oh ! Tu aurais le cœur à m’oublier dans un endroit si solitaire ?— Chut ! Assieds-toi Anita ! Une vodka orange… avant le diner…— Bien sûr, avant que je m’occupe aussi de « vot’cas » !
Le tête-à-tête entre elles avait été des plus cordial. Un petit plus avant de passer à des jeux moins sérieux. La fermeture de cette fameuse robe avait résisté assez longtemps pour faire perdurer une température que l’apéro et le vin, à table, avaient largement contribué à surchauffer. Le réconfort se cachait dans ces caresses échangées, dans des baisers enflammés et pour finir, une bonne partie de la nuit avait été consacrée à… oublier les vilaines choses de la vie et de la mort aussi. Personne ne songerait à blâmer ces deux-là qui se noyaient dans un plaisir intense. Demain serait un jour tout neuf, il serait toujours temps d’aviser.
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À suivre…
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