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Choix et concordance des temps

L'une des premières décisions à prendre lorsqu'on veut écrire une histoire est le temps à utiliser. Deux options existent : passé ou présent.

Le futur est techniquement possible, mais si rarement utilisé que je ne l'inclurai pas dans ce petit cours.

Quelle différence y a-t-il entre le présent et le passé ?

Le présent est utilisé pour exprimer une action en même temps qu'elle a lieu.

Dans la fiction, une histoire au passé relate les événements qui se sont déjà produits.

Il faut choisir entre le passé et le présent avant de commencer son histoire.

L'erreur commune aux auteurs qui se lancent dans leurs premières histoires, c'est d'alterner entre le « présent » et le « passé » faute de réflexion et de maîtrise.

Malheureusement, changer le temps à mi-chemin du travail d'écriture est assez compliqué et oblige à un travail fastidieux.

Voilà pourquoi il est si important de bien choisir entre passé et présent avant de commencer à écrire votre histoire. Je parle bien entendu de la grande majorité du temps à laquelle sera soumise votre histoire. Quel sera le temps prédominant dans le récit que je veux écrire ?

Alors, il faut bien garder à l'esprit ces conseils. Ils serviront de ressource dans la préparation à votre prochain récit.

Présent ou Passé sont bons à employer

Le passé est de loin le temps le plus fréquemment utilisé. Si vous écrivez une histoire et que vous n'arrivez pas à trancher sur le temps à utiliser, optez pour le passé.

Pourquoi ?

Il y a plusieurs raisons.

Le passé reste la norme des romans et des récits. Lire des histoires au passé est donc normal dans la tête du lecteur. Certains lecteurs ne conçoivent d'ailleurs pas de lire un roman s'il est écrit au présent.

Cela étant, d'un point de vue technique, le présent est tout à fait utilisable. Et il n'y a rien de mal à y recourir même s'il en agace certains. Bon nombre de gens aiment lire une histoire au présent. Cela donne du dynamisme à un texte et la manipulation de ce temps semble plus facile, de prime abord, que celui au passé, pour les novices de l'écriture de récits. Toutefois, il ne faut pas négliger l'apparente facilité d'écrire au présent, cela peut s'avérer plus complexe qu'il n'y paraît.

Tout dépend de votre intention.

Votre intention est-elle de faire raconter par votre personnage une histoire qui lui est arrivée dans le passé, avec son regard du présent "d'aujourd'hui" ? Par exemple, si votre personnage est désormais âgé et qu'il raconte, assied devant une cheminée, dans les premiers paragraphes de l'histoire, ce qu'il lui était arrivé. Le texte débutera donc au passé et pourra par la suite se poursuivre au présent.

Vous pourrez même utiliser le présent, dans l'introduction se déroulant dans le passé, lorsqu'il se fait des réflexions "présentes" sur ce qui lui est arrivé "par le passé" par exemple, ou lorsqu'il se présente au lecteur en l'interpelant pour lui conter son histoire.

Si votre intention est de raconter une histoire vue par les yeux de votre personnage au moment des faits, là il faut faire un choix. Soit tout est écrit au passé (en général, parce que le présent peut aussi s'utiliser dans les scènes d'action passées, ce qui dynamise le récit), soit tout au présent.

Dans les deux cas, il faut vous demander s'il est bien utile que le personnage se présente au début; ou si ça peut être fait d'une manière plus subtile qu'un "je m'appelle...", au fil du texte, en donnant par-ci par-là des détails que le lecteur récoltera au fur et à mesure. Cette façon d'introduire un protagoniste principal ou un antagoniste me plaît plus que la première. Une part de mystère reste en suspens.

Il est préférable de connaître le système verbal d'un récit lorsqu'on souhaite faire appel à la concordance des temps dans une histoire. Je vais vous y inscrire, dans les grandes lignes, une version abrégée des différences entre les temps.

Les récits écrits au passé

La grande majorité des histoires sont écrites au passé. Si tel est le choix de l'auteur, celui-ci se doit d'employer le système verbal du passé afin que son histoire soit compréhensible et cohérente.

Important

Dans le système verbal du passé, on utilise principalement le passé simple comme temps de base.
L'imparfait, le plus-que-parfait, le passé antérieur, le conditionnel présent, le conditionnel passé, le subjonctif présent et le subjonctif passé peuvent y être associés.

L'emploi du passé simple

Il est utilisé pour formuler les actions qui font avancer l'histoire. Chaque action au passé simple se produit après la précédente et a la particularité d'avoir une durée limitée qu'il est possible de situer de façon précise ou approximative sur une ligne de temps donnée.

Exemple

1. Je marchai en tâtonnant. Après cinq pas, je rencontrai une muraille de fer, faite de tôles boulonnées. Puis, me retournant, je heurtai une table de bois, près de laquelle étaient rangés plusieurs escabeaux.

2. Ned ne se fit pas prier et recommença mon récit que je compris à peu près. Le fond fut le même, mais la forme différa. Le Canadien, emporté par son caractère, y mit beaucoup d'animation. Il se plaignit violemment d'être emprisonné au mépris du droit des gens, demanda en vertu de quelle loi on le retenait ainsi, invoqua l'habeascorpus, menaça de poursuivre ceux qui le séquestraient indûment, se démena, gesticula, cria, et finalement, il fit comprendre par un geste expressif que nous mourions de faim.

Extraits de Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne

L'emploi de l'imparfait

Imparfait d'action secondaire

L'imparfait d'action secondaire insiste sur la continuité de l'action, créant ainsi un fond sur lequel se déroule l'action principale. Ces actions secondaires formulées avec l'imparfait sont plus souvent qu'autrement d'une importante durée et leur achèvement n'est pas précisé. Dans ce type d'emploi, on peut dire que l'imparfait pose le décor.

Exemple

1. En bas, je me sentis observé par des yeux qui clignaient dans le noir, avant de distinguer peu à peu des silhouettes serrées les unes contre les autres, ainsi que leur ombre projetée sur les murs par la faible lueur de deux lampes à pétrole. Des murmures discrets s'élevèrent. En arrière-fond, on entendait le clapotement de gouttes d'eau qui s'écrasaient quelque part, et aussi un autre bruit indistinct, comme un grattement.

Extrait de Les cerfs-volants de Kaboul, Khaled Hosseini

2. Derrière lui, sur le gazon, des domestiques empilaient des assiettes sales; ses voisins parlaient, il ne leur répondait pas; on lui emplissait son verre; et un silence s'établissait dans sa pensée, malgré les accroissements de la rumeur.

Extrait de Madame Bovary, Gustave Flaubert

Imparfait de description

On utilise l'imparfait pour décrire les lieux, les personnages, leurs sentiments, etc. L'usage de l'imparfait de description contribue à créer une ambiance et à donner corps au récit.

Exemple

1. On était aux premiers jours d'octobre. Il y avait du brouillard sur la campagne. Des vapeurs s'allongeaient à l'horizon, entre le contour des collines; et d'autres, se déchirant, montaient, se perdaient. Quelquefois, dans un écartement des nuées, sous un rayon de soleil, on apercevait au loin les toits d'Yonville avec les jardins au bord de l'eau, les cours, les murs et le clocher de l'église.

2. Alors on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner encore dans ses pauvres vêtements. Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et le long des hanches un grand tablier bleu. Son visage maigre, entouré d'un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu'une pomme reinette flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains à articulations noueuses.

Extrait de Madame Bovary, Gustave Flaubert

Imparfait d'habitude

On utilise également l'imparfait pour faire référence aux actions qui font partie de la vie quotidienne des personnages.

Exemple

1. Il y avait, au couvent, une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie. Protégée par l'archevêché, comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes ruinée sous la Révolution, elle mangeait au réfectoire à la table des bonnes sœurs, et faisait avec elles, après le repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage. Souvent les pensionnaires s'échappaient de l'étude pour l'aller voir. Elle savait par cœur des chansons galantes du siècle passé, qu'elle chantait à demi-voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos commissions, et prêtait aux grandes, en cachette, quelques romans qu'elle avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne.

Extrait de Madame Bovary, Flaubert

2. C'était sans effort que, des années auparavant, Hassan et moi gravissions la colline au nord de la maison. Entre deux galopades, nous nous asseyions sur une crête qui offrait une bonne vue sur l'aéroport, au loin. Nous regardions les avions décoller et atterrir, et recommencions ensuite à nous courir après.

Extrait de Les cerfs-volants de Kaboul, Khaled Hosseini

Imparfait de simultanéité

L'imparfait de simultanéité est employé quand une action passée se produit au même moment qu'une autre exprimée au passé simple. Dans ce cas, l'action employée au passé simple est celle sur laquelle l'auteur veut mettre l'accent. Presque toujours, une marque de temps vient préciser que deux actions partagent une même zone temporelle.

Exemple

1. Je venais alors de découvrir la seconde des liasses qu'il me fallait; et je trouvais justement la troisième, quand un grand et pénible soupir, poussé contre mon épaule, me fit faire un bond de fou à deux mètres de là.

Extrait de Apparition, Guy de Maupassant

2. Un jour qu'elle arrivait à cette fontaine, une pauvre femme s'approcha d'elle et la pria de lui donner à boire.

Extrait de Les fées, Michel Laporte

L'emploi du plus-que-parfait

On utilise le plus-que-parfait pour formuler les actions qui se sont déroulées avant une autre action dans le passé.

Exemple

1. Mais, mon œil ne s'était pas encore appliqué à l'oculaire, que l'instrument me fut vivement arraché des mains.

2. Quant à moi, j'avais soigneusement regardé dans la direction observée, sans rien apercevoir.

3. Rentré au salon, je notai d'abord les relèvements de Ceylan, à laquelle l'Antiquité avait prodigué tant de noms divers.

Extraits de Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne

L'emploi du conditionnel

Dans un récit écrit au passé, le conditionnel peut être employé pour formuler un fait incertain, une hypothèse (exemple 1), mais il peut aussi être employé comme étant le futur du passé (exemples 2 et 3).

Exemple

1. Dès le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de semaines lui restaient pour arriver au mois d'octobre, pensant que le marquis d'Andervilliers, peut-être, donnerait encore un bal à la Vaubyessard.

Extrait de Madame Bovary, Gustave Flaubert

2. Le monstre, dans sa terreur, avait vidé les lieux pour toujours ! Je ne le verrais donc plus jamais !

Extrait de Le chat noir, Edgar Allan Poe

3. Et je sentais bien que je n'aurais plus jamais la force de remonter... et que j'allais mourir là... moi aussi, de faim - de fatigue - et de froid.

Extrait de La nuit, Guy de Maupassant

L'emploi du passé antérieur

Le passé antérieur traduit un fait passé achevé qui s'est produit immédiatement avant un autre fait passé principalement exprimé par un verbe du passé simple.

Exemple

1. Mais, mon œil ne s'était pas encore appliqué à l'oculaire, que l'instrument me fut vivement arraché des mains.

2. Ce jour-là, le travail habituel fut accompli avec plus de vigueur encore.

3. Les robinets des réservoirs furent alors ouverts en grand et cent mètres cubes d'eau s'y précipitèrent, accroissant de cent mille kilogrammes le poids du Nautilus.

Extrait de Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne


Les récits écrits au présent

Il arrive que des récits soient écrits au présent. Si tel est le choix de l'auteur, celui-ci doit employer le système verbal du présent afin que son histoire soit compréhensible et cohérente.

Important!

Dans le système verbal du présent, on utilise principalement :

Le présent comme temps de base.
Le passé composé, l'imparfait, le plus-que-parfait, le futur simple, le futur antérieur, le conditionnel présent et le conditionnel passé comme temps associés.

L'emploi du présent

On utilise le présent pour raconter la suite des actions en cours.

Exemple

1. Le temps s'assombrit. Les nuages grondent. Le vent pivote sur ses pentures. Les fondaisons s'affolent. Les feuilles s'éparpillent.

2. La moto court maintenant à tous gaz et double un dernier train de voitures pour parvenir en trombe à un croisement où la voie, devant, semble plus dégagée. Mais soudain un long coup d'avertisseur déchire le sourd et industrieux grondement de la rue.

Extraits de Le balayeur, Gaëtan Brulotte

L'emploi du passé composé

On utilise le passé composé pour raconter les actions qui se sont déroulées avant l'action en cours.

Exemple

1. Icare a perdu ses ailes. Dérapage, embardée, le cheval métallique, en voulant éviter un piéton, a produit un écart, a tamponné une auto et a rebondi, en un éclair de chrome, contre un lampadaire.

Extrait de Le balayeur, Gaëtan Brulotte

L'emploi du conditionnel

On utilise le conditionnel, entre autres, pour raconter ce qui pourrait ou aurait pu avoir lieu si certaines conditions faisaient partie du contexte délimitant l'action.

Exemple

1. Avant, à mes débuts dans le métier, je ne dis pas, j'aurais pu commettre une erreur. On me l'aurait sûrement pardonnée en l'imputant à l'inexpérience. Avant, j'aurais pu passer à côté, j'aurais pu faire mine de ne pas le voir. Mais aujourd'hui, il ne m'est tout de même pas possible de l'ignorer.

Extrait de Le balayeur, Gaëtan Brulotte

L'emploi de l'imparfait

On utilise l'imparfait pour faire référence à un élément qui a eu lieu dans le passé.

Exemple

1. Les gouttes tombent par milliers, par millions. Des grains durs et blancs. La météo le prévoyait. Une pluie froide mêlée de grêle.

2. En maniant une poignée d'admission, un levier d'embrayage et un sélecteur de vitesses, il devient soudain comme les dieux des anciennes mythologies qui, d'un simple geste, libéraient le tonnerre et le vent.

Extraits de Le balayeur, Gaëtan Brulotte

Voilà, je vous suggère de tenir au passé votre paragraphe d'introduction, peut-être quelques souvenirs (flash-back) également, et de basculer au présent la suite de votre histoire. Ceci me semble être la meilleure solution pour votre problème jusqu'à ce que vous ayez mieux d'expérience pour jongler avec les différents temps. Toutefois, si vous vous en sentez capable, libre à vous de vous y plonger. Je vous suggère des exercices de concordance de temps, trouvable sur le net, afin de parfaire votre expérience avec la transition entre les différents temps.
Au plaisir et bonne composition.

Tuto rédigé par

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