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Mise en Culture d'un Jardinier

Chapitre 1

Le Langage des Fleurs

SM / Fétichisme
L’histoire qui s’ouvre ici ne représente pas mon univers sexuel, et si je l’exécute avec plaisir, notez qu’il s’agit d’une sorte de commande.Je la rédigerai de bout en bout. Toutefois, la trame comme l’idée n’y seront que très peu de mon fait ; j’en recevrai progressivement l’essentiel, de la part de cette personne pour laquelle j’ai un grand respect et qui requiert le vôtre. C’est pourquoi, si vous avez toute liberté de critiquer la forme selon votre lecture, je demande votre délicatesse quant au fond qui ne m’appartient pas. Par avance merci, et bonne lecture...

Une pluie de juin cinglait du nord ce matin-là. Venue du large, elle harassait le front de mer de la Côte d’Émeraude, semblant ne pas vouloir s’arrêter à la jetée qui lui barrait sa frêle digue, et s’abattait vent de travers sur la devanture du Café du Port. Trempé jusqu’à la moelle, un chat plus gris que le temps avait réfugié sa mine d’éponge sous le auvent de toile, lessivé par les embruns.Depuis l’intérieur du troquet à l’éclairage blafard, une main s’évertuait à dissiper, d’un mouvement circulaire, la vapeur dont la tempête embuait la vitrine. D’abord intrigué, le matou vint s’y frotter de tout son poil, mendiant à cette main féminine la faveur d’une porte ouverte, afin qu’il pût entrer lui aussi se mettre au sec.  
De la salle, un regard approcha le carreau à travers le rond dégagé. C’était un regard aux tons de noisette, que le charme avait souligné d’un simple trait noir et relevé d’une touche de mascara. Il s’en émanait une grâce habitée d’un mystère dont quelque ridule n’ôtait rien, mais qui en suggérait l’âge sans toutefois l’appuyer. Peut-être quatre dizaines d’ans, ou guère plus.Un instant, les yeux toisèrent le pauvre félin. Puis il l’ignorèrent. Ils se perdirent alors dans le dehors, au-delà des mâts qui s’entrechoquaient en tintant dans les bourrasques, puis se fixèrent vers l’horizon, bouché par une brume sinistre. L’air était lourd, chargé d’humidité. Un éclair déchira le ciel obscur. Son reflet vint zébrer la paire d’iris qui contemplait la tourmente d’un air songeur, conscient et impénétrable.Dans le lointain, l’écho se mit à carillonner l’angélus de huit heures.Le regard se détourna, pour aviser l’horloge pendue au-dessus du comptoir. L’heure n’était pas tout à fait juste. Mais après avoir vérifié sa montre de poignet, une silhouette élancée se leva et lissa soigneusement sa jupe du plat de ses paumes. Puis, laissant tomber l’appoint dans la soucoupe de sa tasse, elle y abandonna le sucre non-consommé, remonta le col de sa capeline, et elle sortit dans l’orage, sur un signe de tête à l’adresse du bistrotier.
— Bonne journée à vous, Madame. 
Soucieuse d’entretenir son propre mystère aux yeux du monde, Estelle Kerden n’avait jamais laissé quiconque la voir accompagnée dans l’espace public, que ce fût lors de son café matinal quotidien non plus qu’aux abords de ses enseignes commerciales, ni sur les lieux des séminaires et des salons décentralisés qu’elle fréquentait assidûment, de sorte que tout un chacun pût se jurer à son propos : cette femme est une femme seuleDeux centimètres la séparaient du mètre quatre-vingt. Une hauteur toute subtile qu’augmentait encore sa fine corpulence, et couronnée d’une rousseur naturelle dont le flamboiement n’avait rien à envier à des yeux qu’elle ne tenait jamais baissés. Bien au contraire, elle dévisageait avec un aplomb peu commun les rares intrépides dont sa seule stature n’avait suffi à détourner les regards.Aussi jouissait-on rarement de plus d’un instant pour admirer son balcon, plus modeste qu’elle quoiqu’en harmonie complète avec sa morphologie. Et c’est à peine si elle laissait aux téméraires le temps d’une œillade sur son verso ; un avantage qu’elle savait pourtant joli de sources autant fiables que plurielles. Toujours bien mise, toujours maquillée de façon légère et discrète, elle affichait coquettement un sex-appeal composé avec soin, et qui n’était pas sans lui donner une touche de sévérité. On la croisait vêtue de noir pour l’ordinaire, d’une robe rouge à l’occasion, ou d’ensembles aux couleurs plus osées lorsque son humeur lui en inspirait la toilette. Néanmoins, cette relative flexibilité d’habillement conservait chez elle un détail d’une constance sans faille ; en effet, nul n’aurait pu affirmer l’avoir jamais vue sortir sans talons - talons qu’elle préférait hauts, cela va sans dire.
Résolument indépendante, il était hors de propos pour cette dame de se faire conduire, qui plus est par un homme. Non. Le seul volant qu’on lui savait dans son existence n’était autre que celui qu’elle gardait bien en main. Son maintien, fait de luxe et de goût, trouvait ainsi sa continuité dans l’éclat d’une Bentley à la carrosserie impeccable, à laquelle on n’aurait su concevoir qu’elle tolérât le moindre ternissement, ou pire encore, la plus infime rayure.En outre, son royaume professionnel lui demandant toujours une apparence exemplaire, en aucune circonstance l’on n’eût à douter de l’intégrité de sa personne, et s’il se trouvait quelquefois qu’elle inspirât la crainte dans le business, sans doute était-ce qu’en un mot, elle était de ces femmes qui ne se rencontrent qu’une seule fois dans le cours d’une vie ; car en fait de pouvoir, celle-ci puisait le sien au plus fauve sommet du règne animal.Non contente de viser l’excellence pour tout ce qui la concernait de près comme de loin, il lui fallait encore inspirer la perfection, la netteté. Son rapport à ses propres désirs était investi d’une telle exigence qu’il arrivait rarement qu’ils ne fussent immédiatement exaucés, une disposition à laquelle elle veillait sans transiger, à commencer par elle-même. Aussi le cours fluctuant de l’essence n’aurait-il pu avoir de prise sur Estelle, et chaque matin, lorsqu’elle lançait sa journée en démarrant son moteur, la jauge de son véhicule affichait-elle invariablement une abondance claire et assumée. 
Ce jour-là, L’averse redoubla en martelant le pare-brise. Sur le siège passager, elle ouvrit son sac à main, puis elle en extirpa un agenda couvert de vélin auquel était pincé un stylo plume, et l’ouvrit à la page de la semaine. Noirci d’horaires, de lieux et de noms, le feuillet était resté blanc à la case du mardi. Le capuchon du stylo passa dans sa main droite, et de sa gauche, elle posa la pointe de la plume au centre de l’espace vide, pour y inscrire en lettres fines et liées : [ Antoine F. - Jour I. ] Alors, rajustant sa posture comme pour se garder d’un frisson qu’elle aurait voulu étouffer avant qu’il survînt, elle rangea le tout et s’alluma une fine 120 qu’elle planta dans un porte-cigarette en ivoire, lequel elle disposa entre ses lèvres sûres. Puis, elle baissa sa vitre et tourna la clef dans le contact. En traversant le village dans les trombes, elle souffla d’agacement, contrainte par l’averse intempestive à rouler au pas. Mais une fois dans le tournant, après la mairie qui terminait la petite rue du port et marquait la fin de la commune, elle freina doucement, pour ne pas effrayer un trinôme de gosses qui s’amusait sur le goudron, en sautant dans les flaques. Pour rien au monde elle n’aurait voulu interrompre les jeux de leur âge d’innocence, et lorsqu’au bout d’une minute il fallut se résigner à passer tout de même, c’est en leur faisant une grimace tendre qu’elle les invita à libérer la voie et qu’elle les dépassa à faible allure, en laissant derrière elle une triplée de sourires enfantins.
Un moment plus tard, la pluie cessa, faisant place à un soleil radieux qui portait vers elle l’odeur de la forêt mouillée longeant le côté gauche de la route. Elle s’engagea à travers la campagne. Dans la lande, qui courait sur sa droite jusqu’au bord de la falaise, l’ajonc était au plus fort de sa floraison. Madame Kerden vouait un culte sans bornes au respect des convenances et à celui de la parole donnée. Ainsi, elle considérait l’exubérance du jaune que ces plantes arboraient dans leurs organes les plus sexuels, comme un spectacle répulsif. En effet, cette couleur en faisait à ses yeux, selon le mot qu’elle leur jetait, les dents serrées, à chaque fois qu’elle se savait seule en les croisant : "Rien que des fleurs adultérines."
Elle ne s’était jamais mariée. Seule une bague ornée d’un solitaire en avait fait la promesse à son annulaire, après la guerre. Mais il avait suffi d’une coquine de passage pour que le goujat s’empressât d’aller s’y accoupler dans son dos. Et depuis lors, plus jamais elle n’avait donné sa foi complète à un mâle : cet infidèle avait ouvert la route des hommes qu’elle sortirait de sa vie, et s’ils allaient être nombreux à avoir la faveur d’y entrer, elle n’en laisserait aucun y demeurer bien longtemps. Une fois le dernier hameau passé en haut de la côte, une piste s’ouvrait sur la gauche, entre deux talus plantés de chênes rouvres. Elle s’y engagea prestement, se faufilant sur le chemin creux qu’une épaisse couche de gravier clair gardait des remontées de boue. Un haut portail de ferronnerie en barrait le fond. A son approche, un vieux bonhomme, qui paraissait l’attendre sous sa casquette de feutre, lui ouvrit sans un mot, visiblement docile. Cependant, elle s’arrêta un bref instant à sa hauteur, le temps de l’interroger du regard, et qu’il lui répondît :
— On est à vous attendre sous le kiosque, Madame. Un certain Monsieur Antoine Fre...
— Merci, Yvon. 
Inutile de s’étaler en bavardages. Madame Kerden était de nature à peu apprécier que l’on prît la parole pour ne rien dire qui en valût la peine. Or elle n’ignorait ni le jour ni l’heure où cette rencontre devait avoir lieu, pas plus que l’identité du Monsieur en question, et encore moins son nom. Il se trouvait précisément là où elle l’attendait, et à l’horaire convenu. Un bon départ pour lui, se dit-elle.La voiture garée sous le porche arrière, elle contourna la petite aile des communs et traversa l’orangerie, dont le parfum lui témoignait tout le soin avec lequel son ancien jardinier entretenait les essences tropicales. Puis elle déboucha dans une allée aux bordures égales, et fila à travers la broderie de buis, au bout de laquelle une butte arrondie portait le kiosque, dont le treillis en dôme reposait sur huit piliers de granite. Là, sous la glycine aux grappes bleues qui abondaient en cette saison, se tenait un jeune homme, timidement assis sur un banc. Sitôt qu’elle apparut au bas des marches, il se leva avec un empressement un peu gauche, laissant échapper le porte-documents qu’il tenait en main. Il se pencha alors pour le ramasser et en le récupérant, il vit au sol que la serviette avait heurté un pot dans sa chute, brisant la tige d’une hélichryse qui restait pendante, encore accrochée à son rameau. Ses joues s’empourprèrent de gêne désolée, et il se redressa, levant son visage vers son hôtesse qui montait déjà à sa rencontre.Alors, elle passa près de lui, saisit la fleur blessée par maladresse qu’elle sectionna de deux ongles avant de la porter à son nez, et elle se plaça devant le jeune homme, dont le teint rougit de plus belle tandis qu’il baissait des yeux pleins de contrition. Silencieusement, elle détailla sa stature sous le faisceau de son regard, de haut en bas, de bas en haut, puis elle tendit sa main et lui enfila la fleur coupée dans la poche pectorale du veston.
— Savez-vous comment l’on nomme cette plante, Monsieur Antoine ? 
— Euh, je...
Elle porta le plat d’un index sous son menton et lui fit relever le visage, le gratifiant d’un sourire léger et sincère.
— C’était une immortelle... Je vous pardonne sa mort.
— Je suis désolé, Madame.
Mais l’index remonta s’imposer en travers de sa bouche.
— Chut. N’en parlons plus, vous voulez bien ?
— Je... Oui, je... Merci.
— Parfait. Vous a-t-on déjà dit que vous étiez fort bel homme, Antoine ? Non, ne répondez pas, c’est inutile. Bien sûr qu’on vous l’a déjà dit... 
— ...
— Bien. Vous n’ignorez pas la raison de votre présence ici, je suppose...?
— Je viens pour l’embauche, Madame. 
— Vous m’en voyez ravie. Je cerne en vous un jeune homme tout à fait respectueux et serviable, et je n’en attends pas moins de mes jardiniers. Avez-vous fait le tour le parc ?... Je serais bien en peine de m’en occuper moi-même : votre prédécesseur s’est marié en mai et m’a laissée sans secours. Il faudra donc commencer dès demain, cela ne vous embête pas ?... Vous vous adresserez à mon majordome pour ce qui est de votre poste : il semble que vous vous soyez déjà croisés... Mais nous verrons cela demain : prenez votre journée pour visiter le pays. Fine vous montrera votre logement ce tantôt, et vous fera savoir tout ce qu’il convient que vous reteniez des règles de cette maison. Ma gouvernante est très au fait de mon attachement aux règles, jeune homme. Et s’il est une chose que j’aime autant vous dire moi-même, c’est que je n’admets pas qu’on les enfreigne sous mon toit. Jamais, en aucune circonstance.
Elle avait dit cela sans qu’aucune ombre vînt ternir l’apparent calme de son visage, ce qui n’était pas sans étonner Antoine. Mais en la regardant, lui ne put dissimuler l’émerveillement que la beauté de cette femme lui inspirait. C’était comme si elle murmurait un mystère insondable, et il n’aurait su dire si ce regard, qui le fixait sans pudeur, exprimait davantage de tendresse hospitalière ou de droiture inexpressive, tant l’ensemble était estompé par le charme intense qu’elle dégageait, qu’importait son expression. Il en était subjugué, et peu à peu il sentit sa gêne se muer en trouble, puis en fascination.De son côté, Estelle Kerden savait lire dans les yeux de ses interlocuteurs, et les questions qu’elle posait n’attendaient pas toujours de réponse, car elle les anticipait dans l’observation de son vis-à-vis. A présent, elle imposait un silence qu’il ne se sentait pas invité à briser.Devant son mutisme opportun, elle sourit à nouveau et se mit à le contourner lentement, tandis qu’il demeurait statique. N’osant pas la questionner par crainte de la contrarier, il sentait dans son corps quelque chose qu’il aurait été incapable de nommer lui-même... Quelque chose d’infime, de minuscule, mais si présent, si réel, qu’il éprouvait la certitude que cette chose pût exploser soudain, l’envahissant tout entier, et que cela ne dépendait déjà plus de lui.Il ne la voyait plus, mais derrière lui, il la savait lui tourner le dos. Elle émit alors un petit rire, léger, frais, à peine audible.Poussé par la curiosité, il pris une inspiration et se retourna en même temps qu’elle, pour constater qu’elle tenait désormais une autre fleur dans sa main, et que son doigt, qu’elle sortit de sa propre bouche dans un bruit de succion sec et claquant, était piqué d’une perle de sang à son extrémité. Néanmoins, elle continuait de lui sourire, et ses yeux conservaient ce charme fou pour lequel d’autres avant lui se seraient damnés.
— Dites-moi, Antoine... Le joli dos que je viens de deviner sous ces vêtements... A-t-il déjà connu la morsure d’une rose...?
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