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Poullaict de circonstance

Chapitre 1

A la Douceur de mes jours

Erotique
A l’écritoire, ce 16 janvier.

Doux mien Amour,

Un poète de ton pays nous offre ici la belle idée d’un concours de prose. L’on commande à nos plumes une histoire pour célébrer, avec la deuxième dizaine de ce lieu, un sentiment précieux dont on mêla la fête à celle de Saint Valentin.Pour moi, j’aime mieux te dédier les mots de ma petite contribution et t’en faire une lettre, que tu découvriras toi-même ici, au jour de sa publication.
Qu’aurai-je cette année, pour ce soir-là, outre la douce joie de ta présence, dont je suis d’ores et déjà certaine ?Je vois d’ici le souper délicat que nous prendrons dans ta chambre, au lieu du séjour... Je vois les chandeliers de bronze, éclairés sur la cheminée d’où sortira une chaleur que tu entretiendras en elle, comme en moi... Je vois la jolie vaisselle des grands soirs, arrangée précieusement sur la table bouillotte, nappée pour l’amoureuse circonstance... Je vois la bouteille de Coteaux du Layon de mon année de naissance, que tu m’auras préalablement fait goûter, à la chair de tes lèvres...Je vois ta chemise, celle qui est ancienne, celle que j’aime, avec son col officier - que tu portes trop rarement, mon Autre... Je vois la lingerie que j’aurai passée de façon tout aussi exceptionnelle, l’ensemble blanc qui fait ta contemplation dans la simplicité de ses lignes, cachées au secret de ma jupe lie de vin, couleur de l’amour passionné... Je vois le bustier de soie sauvage assorti, celui de Paris, qui fait, comme tu me le rimas "Se presser au balcon le souris de mes seins"...

Je vois aussi passer un album en fond musical, portant la voix de Claire... Je vois ta main posant ton verre, ton autre main prenant la mienne, pour me faire danser un peu, abandonnant nonchalamment le plat à peine goûté qui garnit nos assiettes... Je vois la mazurka de notre préférence, tendre et sensuelle, l’écho de mon cœur contre ta poitrine, à hauteur de mon oreille, reposant tout contre, l’éclat du feu de bois qui pétille à la faveur du clair de tes émeraudes...Puis, je vois le calme des complies, chantées à deux voix en partage, au recueillement de l’oratoire... Je voix ton âme, confiant à Notre-Dame-de-Tout-Pouvoir la solitude de cœurs inconnus, que tu prendras dans le tien... Je vois l’offrande de telle ou telle douleur que j’aurai sans doute ce soir-là, pour la consolation de ceux qui s’aimaient et qui ont été séparés... Je vois la tiédeur de ta paume embrassant le bas de mon dos, comme pour faire que ta prière ne soit qu’une avec ma souffrance...

Un peu plus tard, je vois ton bras reculer le cabriolet de la table, pour t’y rasseoir  avec en mains l’immensité de ton instrument... Je te vois initier les premiers accords de ton élection, entre deux bouchées du repas tiédi, entre deux gorgées du vin réchauffé... Je vois l’harmonie s’échapper des cordes dont je me sais jalouser la caresse de tes doigts... Je vois leur tintement envahir la chambre, dans l’attente de ma voix, échauffée par l’oraison et par l’alcool... Je vois soudain tes sourcils se froncer quelque peu, se fâchant muettement de me voir extirper, du coffret sur la commode sauteuse, un petit joint que j’aurai roulé par avance... Je vois ce froncement précéder son radoucissement, dans ta conscientisation de l’aide que l’herbe du jardin m’apporte, pour ne pas avoir à m’allonger de suite, mais vivre encore un peu, oh ! rien qu’un peu, juste un peu, avec toi...Lors, revenant aux basses, je vois la suspension de ton mouvement de tête, pour convier mon timbre à joindre la mesure... J’entrevois déjà le Récit de la Beauté, de Monsieur de Lambert...

Si l’Amour vous soûmet à ses loix inhumaines,Choisissez en aymant un objet plein d’appas,
Portez au moins, de belles chaisnes,Et puisqu’il faut mourir, mourez d’un beau trespas.

Si l’objet de vos feux ne mérite vos peines,Sous l’empire d’Amour ne vous engagez pas :
Portez au moins, de belles chaisnes,Et puisqu’il faut mourir, mourez d’un beau trespas.


Ô mon Amour, permets que je voie, après le chant, ton théorbe se poser, ta stature se relever pour s’approcher de la croisée, pour rouvrir un instant les rideaux tirés, et pour rentrer l’un de ces desserts dont tu as plus que moi l’art et la manière, laissé là à geler sur l’appui de fenêtre... Permets que j’entende tes mots pour annoncer, pour ordonner ma mise à nu...Permets que je sente ta bouche à mon cou, tes mains à me délacer, mon buste à se soulever, réjoui dans la profonde inspiration que la délivrance du corsage m’autorise... Permets que je frissonne, pourvu que devant le miroir, tu fasses passer mon bustier par-dessus mes épaules, pourvu que tu manges mon cou de derrière moi, plus à ton aise... Permets que je jubile d’accueillir la chaleur de ton corps contre mon dos nu dans le froid février, pourvu que mon ventre soit comme dans un bain, par le rayonnement de la cheminée juste au-devant de moi... Permets que je tremble, pourvu que ton pouce et ton index fassent sauter les agrafes de mon soutien-gorge, que ton majeur et ton annulaire s’aplatissent sur l’intérieur de mon genou, et, remontant tout doucement le long de ma cuisse, qu’ils fassent délicieusement remonter ma jupe... Permets que je serre mes jambes, dans le reste de pudeur auquel tu tiens tant encore, pourvu que ma jupe vienne à tomber au sol pour y rejoindre le reste de ma toilette... Permets que je m’agrippe après ton cou, pourvu que soudainement, tu me soulèves des tommettes, dans l’idée de me porter en ton lit... Permets que je soupire d’aise en te voyant aller regarnir l’âtre d’une bûche d’importance, d’un effort me soufflant à l’esprit combien tu vas compter prendre le temps de m’aimer, par ce soir, où plus rien n’existe au-dehors de ta chambre...
Laisse un peu maintenant, que j’apprécie la vision de ce clair-obscur, entre la tenue sombre de ton corps vêtu, à contre-flamme, et mon teint de nue porcelaine, dans la lumière du feu, étendue sur le bordeaux du boutis brodé de cuivre qui drape ta couche... Oh ! oui ! Laisse un peu que je savoure le saisissement de ma peau par la crème glacée, que tu t’en viens laisser fondre, sur mes lèvres, au plus mou de ton baiser, sur ma gorge, au plus perlé de son rafraîchissement, sur mes seins, au plus ferme de leur pointement, sur mon ventre, au plus sensuel de ta langue...

Ô mon homme ! Ce que tu décideras qu’il advienne de ma féminité ce soir-là, l’Amour vienne à mon aide et le leur voile ! Qu’il taise aux yeux du monde cette brûlante tendresse dans laquelle ta bouche de velours dégustera mon amande coulante... Qu’il tarisse mon encre, et cèle aux inconnus l’issue de ce dessert d’érotisme, consommé dans le plaisir de tes mots, de tes gestes, que tu voueras tout ensemble au culte de la volupté.Alors, lorsque l’aube viendra, si elle vient, dissipant le repos de la nuit dont elle héritera la beauté, je t’éveillerai doucement, lentement, rendant grâce à la vie qu’il m’est donné de traverser à ton côté, dans la reconnaissance d’être pour jamais, Douceur de mes jours,
Ta mortelle Amoureuse.
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