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Rouge

Chapitre unique

Divers
Rouge

Cette histoire est basée sur des éléments réels et elle est en partie vécue, bien que très romancée par votre humble serviteur. J’hésitais à la faire paraître, mais une belle et noble âme a su me convaincre de la partager avec vous. Bien que je ne saurais la remercier à la hauteur de ses encouragements, elle sait avoir toute ma reconnaissance.
Merci à toi.
Il ne me reste qu’à vous souhaiter une bonne lecture, bienvenue dans les méandres et les circonvolutions de mon imagination enfiévrée.

J’arrive à la petite guinguette qui se trouve à dix minutes de chez moi, sur les bords de Loire. Il fait beau, la terrasse est presque bondée. Nous sommes en juin, mais malgré la saison et un beau printemps qui augurait d’un été prometteur, les températures se sont rafraîchies depuis une quinzaine de jours. L’été n’est pas franchement au rendez-vous. C’est la première fois depuis début juin que j’ai envie d’aller m’encanailler en terrasse. Même si je préférerais qu’il fasse un peu plus chaud, le soleil est là et c’est déjà bien, alors autant en profiter. De plus, mon tirage de rune quotidien m’annonce que cette journée sera spéciale.
Perthro. La rune de la destinée.
Pas une destinée immuable, gravée dans le marbre, non, plutôt une direction à suivre, une indication du chemin à parcourir, qui me laisse toute la latitude pour choisir celui qui m’y mènera. Elle murmure que je suis sur la bonne voie pour me libérer des obstacles qui entravent ma route et que des choses secrètes sont encore à découvrir. Un changement dans ma vie, peut-être une rencontre, ou une prise de conscience importante, est sur le point d’advenir.
Ce n’est pas en restant chez moi que je risque d’avoir une soudaine illumination transcendantale, ou de faire une rencontre quelconque, de toute manière. Me voici donc en ce lieu au charme un peu désuet, une petite guinguette à l’allure de cabane forestière, faite de bois de récupération de toutes provenances, de bric et de broc, qui lui donnent un charme rustique et une allure originale. La tendance musicale du jour, les années quatre-vingt.
Celles qui m’ont vu faire mes premiers pas, entendu prononcer mes premiers mots. Celles pendant lesquelles j’ai dû déménager cinq fois en neuf ans, avant que mes parents ne décident de faire construire et que nous ne nous installions à la campagne, dans ce qui était à l’époque, un petit village mal desservi du Maine-et-Loire.
Lui comme moi avons beaucoup changé depuis.
Le visage de la serveuse ne me dit rien, elle semble nouvelle, mais comme je viens peu, sans doute n’ai-je pas encore eu l’occasion de la croiser tout simplement. C’est une ravissante brune avec les cheveux attachés en chignon. Sa peau est d’une jolie teinte caramel et ses yeux noisette luisent d’un éclat doré. Son chandail rouge cerise à large col laisse entrevoir ses épaules. Sur celle de droite, j’aperçois un tatouage élaboré, d’inspiration celtique, il me semble. Mais je n’ai pas le temps de l’étudier en détail, le regard de la jolie brune capte le mien.
Elle a l’air amusé, ses yeux pétillent, elle a bien conscience que ce n’est pas sur la carte des boissons, pourtant placardée juste derrière elle, que je m’attardai avec un intérêt non dissimulé. Elle me demande ce que je veux boire. Je lui commande un bissap, en diabolo. Une nouveauté à la carte, une boisson à base d’hibiscus et de menthe. Elle me dit que c’est un bon choix, que c’est une boisson très plaisante. Elle sort un gobelet et s’apprête à verser le liquide couleur rubis, lorsque je pense à lui préciser que je préfère boire dans un gobelet de cinquante centilitres plutôt qu’en vingt-cinq. Elle se retourne partiellement et me rétorque en souriant, faussement agacée et taquine, qu’il était bien temps que je le dise. Elle finit de me servir et me précise que la consigne est comprise dans le prix de la conso et que je pourrais la récupérer en ramenant mon gobelet au comptoir.
Ce que je n’ignore pas, mais elle ne peut pas le savoir puisque c’est la première fois que nous nous croisons.

— Ça te fait trois cinquante, avec la consigne donc.
Oui, ici pas de chichi, on se tutoie direct. Cela m’a surpris la première fois, mais on s’y fait vite, et personnellement, le vouvoiement n’a jamais été ma tasse de thé.
— Ce n’est pas trop cher pour entretenir mon diabète.
Elle fronce légèrement les sourcils. Visiblement, la jolie brune se demande si c’est du lard ou du cochon. Bien que j’ai voulu dire cela sur le ton de l’humour, il semble qu’une fois encore, j’ai fait un bide. Il faut vraiment que j’arrête avec cet humour pince-sans-rire. Sérieux ! Cela n’amuse personne et même moi, je me trouve lourd parfois, c’est pour dire. Mais elle ne s’offusque pas de mon humour particulier.
— Peut-être que je devrais plutôt te servir un verre d’eau, il ne faudrait pas faire monter ton taux d’insuline de façon inquiétante.
Le ton est amusé, une nouvelle fois taquin et chaleureux. Si elle savait, qu’à cet instant précis, avec cette voix douce et suave, son regard pétillant, son sourire craquant, la vue sur son décolleté et sur son tatoo sexy, que ce n’est pas mon taux d’insuline qui est en train de monter en flèche.
Cette fille est désarmante, envoûtante... excitante, il faut bien l’avouer.
Et le reste de mon anatomie ne peut rester de marbre dans une telle situation. Heureusement que le comptoir cache la bosse qui commence à se former au niveau de mon entrejambe. Je lui fais un grand sourire pour toute réponse et me saisit de mon bissap. Elle répond à mon mutisme par un sourire de connivence, en penchant délicieusement la tête de côté. Cela a pour effet de révéler un peu plus le motif complexe de son tatoo. Je m’installe à une table qui vient tout juste de se libérer. Il ne faut pas trop tarder ici, lorsqu’une table est inoccupée, car elle ne le reste jamais très longtemps.
Surtout à cette heure-ci.
Je prends de vitesse un petit groupe de trentenaires qui attendait de commander derrière moi, et lorgnait sur la table en question. Premier arrivé, premier servi, désolé les gars. De plus, cela me permet d’être parfaitement dans l’axe de la belle brune, si l’envie me prend de mater un peu. Ou du moins, si j’arrive à lever le nez de mon calepin, une fois que je me serais mis à griffonner. J’ai sorti le nécessaire pour noircir les pages, en fonction de mon inspiration.
Dans ces moments d’introspection, je perds la notion du temps. Je suis dans ma bulle et l’univers autour de moi perd toute réalité. Plus rien n’existe lorsque j’écris. Il m’arrive tout de même de relever un peu le nez pour prendre une gorgée de mon bissap, mais c’est un geste involontaire, mécanique, dont je n’ai pas vraiment conscience, perdu dans les méandres de mon esprit fuyant et de mon imagination fertile. Je sens malgré tout que cette nouvelle boisson est très rafraîchissante, peu sucrée malgré la présence de la limonade. C’est une découverte sympathique d’un point de vue gustatif. Et cette couleur rubis, éclatante, profonde, charnelle... Elle en est presque érotique et sensuelle. Elle m’évoque les lèvres d’une femme. Involontairement, cela me fait penser à ce passage d’une chanson de Michel Sardou.
—♫♪♫« Rouge, comme le feu des Tsiganes quand les violons s’affolent
Rouge, comme un phare de signal quand un avion s’envole
Rouge comme les lèvres d’une femme quand l’amour la rend folle
Rouge comme le front du menteur qui trahit sur parole » ♪♫♪♫
Ça y est, je me suis déconcentré. Je sentais que l’inspiration s’étiolait de toute manière. Je bute sur la description de l’une des héroïnes de mon prochain récit. Ce n’est jamais facile de créer des personnages de toute pièce, de les décrire de façon précise et réaliste, sans en faire des parodies. L’auteur, ou l’autrice bien entendu, en est souvent réduit à s’inspirer de proches ou de parfaits inconnus, en fonction de la profondeur qu’il ou elle veut leur donner. Il n’y a pas de création sans souffrance, je crois bien que c’est Bernard Werber qui a écrit cela quelque part.
Cela est assez vrai ma foi.
J’ai beau me creuser les méninges en mode forage pétrolier, me faire bouillir la cafetière, faire et refaire mentalement le tour de mes proches, de mes simples connaissances, observer les personnes attablées autour de moi à cet instant, rien n’y fait. Je ne trouve personne qui corresponde à la vision, assez floue, il est vrai, de mon personnage, tel que je l’imagine. Je tourne mon regard vers le comptoir, il n’y a aucun client attendant d’être servi, la vue est parfaitement dégagée.
Elle est train de finir de nettoyer le tablier du comptoir, elle tourne la tête vers moi au moment précis où mon regard se porte sur elle, ma renversante brune tatouée au regard malicieux.
Un nouveau sourire désarmant, puis l’un de ses collègues réclame son attention et notre instant de complicité silencieuse s’évanouit aussitôt, presque douloureusement. Pour moi en tout cas.
Mais c’est une souffrance éphémère, car à ce moment-là, je me remets instantanément à noircir de nouveau les pages de mon calepin, de façon frénétique, presque sauvage désormais. Je suis envoûté, ensorcelé, possédé. Le temps n’existe plus. Une nouvelle fois, mon esprit est ailleurs, vivant les aventures de mes personnages à leur côté, tel un chroniqueur invisible.
Et elle est enfin là.
Elle a pris les traits aguicheurs et espiègles de mon enivrante serveuse au sourire ravageur. Elle est toute de rouge vêtue. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle correspond parfaitement à l’idée que je me faisais de ce personnage qui me donnait tant de fil à retordre.
Dans mon esprit enfiévré, elle est une magicienne de grand renom, luttant contre de redoutables forces occultes et contre la part la plus sombre d’elle-même. Car, que serait une véritable héroïne ou un véritable héros sans son côté obscur, sans cette part d’ombre qui vit en chacun de nous et que peu savent tenir d’une main de fer. Un personnage qui ne serait que lumière et perfection n’aurait aucune saveur à mon sens. Mais il ne faut pas non plus que les protagonistes soient tous des écorchés vifs, cela leur ôte également toute crédibilité.
Ma thaumaturge est aussi renversante de beauté et de charme que son alter ego dans la réalité, bien que je sois conscient que toute beauté est relative, et qu’elle dépend des goûts de tout un chacun ou chacune... Du moins puis-je dire qu’elle est tout autant à mon goût que la ravissante serveuse de la guinguette.
Je l’imagine puissante, mais fragile, séductrice, mais timide, autoritaire, mais douce, chaste, mais polissonne. Elle a tout autant d’ennemis que d’amants ou d’amantes, elle est aussi mesurée et réservée en public que voluptueuse et concupiscente en privé. Elle a les plus raffinées et les plus belles manières en société, mais peut jurer comme un charretier et émettre les jurons les plus colorés et les plus graveleux que l’on puisse entendre. Une vraie badass comme on dit.
Perdu dans mon fantasme et mes élucubrations de plus en plus scabreuses concernant ma thaumaturge et ses aventures débridées, je n’entends pas tout de suite que l’on s’adresse à moi.
— Hum hum hum.
Le petit raclement de gorge poli me sort enfin de ma rêverie. Je lève lentement les yeux de mon calepin pour la première fois depuis au moins une heure. J’ai comme l’impression d’être en deux endroits au même moment et c’est assez... perturbant, cette sensation d’ubiquité.
Elle est là, assise en face de moi, l’air amusé et espiègle. Ma ravissante serveuse, mon envoûtante Armide.
— Tu écris quoi ? Je t’ai vu plonger soudainement le nez dans tes feuilles tout à l’heure, comme tu me dévisageais à ce moment-là, j’en conclus que j’ai dû... t’inspirer ?
Que répondre ?
Mon esprit est encore engourdi du passage brutal du rêve à la réalité, envahi de visions où ma vaillante et fière héroïne conjure de répugnants démons pour lutter contre une féroce chimère ; flatte l’orgueil d’un puissant et irascible roi lors d’une délicate mission diplomatique ; ou s’offre sans vergogne à une troupe de féroces mercenaires avec lesquels elle a combattu dans une bataille pourtant perdue d’avance, respectant ainsi sa promesse d’être leur pendant toute une nuit, si d’aventure ils s’en sortaient vivants.
Je ne sais plus qui se trouve en face de moi. La craquante et troublante serveuse au regard mutin, ou mon héroïque et lubrique magicienne. Elles se confondent encore un instant dans mon esprit perturbé, avant que la réalité ne reprenne totalement ses droits et que mes visions oniriques ne s’évanouissent, emportant avec elles le souvenir de ma sensuelle et incroyable enchanteresse.
Je n’ai toujours pas répondu.
Derrière la ravissante serveuse, le soleil entame sa descente finale, colorant le ciel d’un rouge carmin aussi vif que la robe rubis de mon bissap, que je ne n’ai pas fini d’ailleurs, aussi éclatant que le rouge sang des vêtements de ma magicienne hédoniste, aussi profond que le rouge cerise du chandail de la troublante jeune femme qui me fait face.
—♫« Rouge, comme un soleil couchant de méditerranée... »♪♫
Ce n’est certes pas un coucher de soleil sur la Grande Bleue, mais il correspond parfaitement à ce moment de la chanson. Il teinte d’un camaïeu de nuances notre environnement immédiat, pour lui donner des allures de feu de Saint Jean gigantesque. La jolie brune tend la main pour attraper la dernière feuille que j’ai griffonnée, celle comportant le passage le plus scabreux et le plus scandaleux des aventures du personnage qu’elle m’a inspiré.
Je l’imagine rougir, en parcourant ces quelques lignes sulfureuses où elle se reconnaîtra sûrement dans la description de l’héroïne principale, notamment celle du tatouage d’inspiration celtique, situé précisément au même endroit que le sien.
Elle se saisit de la feuille. Je ne fais absolument aucun geste pour l’en empêcher, mon regard toujours rivé sur le sien. Elle rompt le contact visuel et commence à parcourir des yeux les mots interdits couchés sur le papier... ça y est, elle rougit...
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